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ÉRITHIE.

Ces aimables leçons ont trop l'art de me plaire. Mais quel est donc ce dieu dont on veut me parler?

OVIDE.

De ses plus doux secrets discret dépositaire,
A vous seul en ces lieux je dois les révéler.

SCÈNE IV.

ÉRITHIE, OVIDE.

OVIDE.

C'est un aimable mystère

Qui de ses biens charmants assaisonne le prix :

Plus on les a sentis,

Et mieux on sait les taire.

ÉRITHIE.

J'ignore encor quels sont des biens si doux;
Mais je brûle de m'en instruire.

OVIDE.

Vous l'ignorez? n'en accusez que vous; Déja dans mes regards vous auriez dû le lire.

ÉRITHIE.

Vos regards!... Dans ses yeux quel poison séducteur ! Dieux ! quel trouble confus s'élève dans mon cœur!

OVIDE.

Trouble charmant, que mon ame partage,

Vous êtes le premier hommage

Que l'aimable Érithie ait offert à l'Amour.

ÉRITHIE.

L'Amour est donc ce dieu si redoutable!

OVIDE.

L'Amour est ce dieu favorable

Que mon cœur enflammé vous annonce en ce jour; Profitons des bienfaits que sa main nous prépare: Unis par ses liens...

ÉRITHIE.

Hélas! on nous sépare!

Du temple de Diane on me commet le soin ;
Tout le peuple d'Ithome en veut être témoin,
Et je dois dès ce jour...

OVIDE.

Non, charmante Érithie,

Les peuples mêmes de Scythie

Sont soumis au vainqueur dont nous suivons les lois : Il faut les attendrir, il faut unir nos voix.

Est-il des cœurs que notre amour ne touche,

S'il s'explique à-la-fois

Par vos larmes et par ma bouche?

Mais on approche... On vient... Amour, si pour ta gloire
Dans un exil affreux il faut passer mes jours,
De mon encens du moins conserve la mémoire,
A mes tendres accents accorde ton secours.

SCÈNE V.

OVIDE, ÉRITHIE, TROUPE DE SARMATES.

CHOEUR.

Célébrons la gloire éclatante

De la déesse des forêts:

Sans soins, sans peine, et sans attente,
Nous subsistons par ses bienfaits.
Célébrons la beauté charmante

Qui va la servir désormais :

Que sa main long-temps lui présente

Les offrandes de ses sujets.

(On danse.)

LE CHEF DES SARMATES.

Venez, belle Érithie...

OVIDE.

Ah! daignez m'écouter!

De deux tendres amants différez le supplice:

Ou, si vous achevez ce cruel sacrifice,

Voyez les pleurs que vous m'allez coûter.

CHOEUR.

Non, elle est promise à Diane :
Nos engagements sont des lois :

Qui pourroit être assez profane

Pour priver les dieux de leurs droits?

OVIDE et ÉRITHIE.

Du plus puissant des dieux nos cœurs sont le partage,

Notre amour est son ouvrage :
Est-il des droits plus sacrés?
Par une injuste violence

Les dieux ne sont point honorés.
Ah! si votre indifférence
Méprise nos douleurs,

A ce dieu qui nous assemble
Nous jurons de mourir ensemble

Pour ne plus séparer nos cœurs.

CHOEUR.

Quel sentiment secret vient attendrir nos ames
Pour ces amants infortunés?

Par l'amour l'un à l'autre ils étoient destinés;
Que l'Amour couronne leurs flammes !

OVIDE.

Vous comblez mon bonheur, peuple trop généreux.
Quel prix de ce bienfait sera la récompense?
Puissiez-vous par mes soins, par ma reconnoissance,
Apprendre à devenir heureux!
L'amour vous appelle,

Écoutez sa voix;

Que tout soit fidéle

A ses douces lois.

Des biens dont l'usage
Fait le vrai bonheur,
Le plus doux partage
Est un tendre cœur.

FIN DE LA SECONDE ENTRÉE.

TROISIÈME ENTRÉE.

Le théâtre représente le péristyle du temple de Junon à Samos.

SCÈNE I.

POLYCRATE, ANACREON.

ANACREON.

Les beautés de Samos aux pieds de la déesse
Par votre ordre aujourd'hui vont présenter leurs vœux:
Mais, seigneur, si j'en crois le soupçon qui me presse,
Sous ce zéle mystérieux

Un soin plus doux vous intéresse.

POLYCRATE.

On ne peut sur la tendresse

Tromper les yeux d'Anacréon.

Oui, le plus doux penchant m'entraîne ;
Mais j'ignore à-la-fois le séjour et le nom
De l'objet qui m'enchaîne.

ANACREON.

Je conçois le détour:

Parmi tant de beautés vous espérez connoître
Celle dont les attraits ont fixé votre amour;

Mais cet amour enfin...

POLYCRATE.

Un instant le fit naître :

Ce fut dans ces superbes jeux

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