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SCÈNE VI

HÉSIODE, ÉGLÉ.

HÉSIODE.

Belle Églé... Mais, ô ciel! quels charmes inconnus!...
Vous êtes immortelle, et j'ai pu m'y méprendre!
Vos célestes appas n'ont-ils pas dû m'apprendre
Qu'il n'est permis qu'aux dieux de soupirer pour vous?
Hélas! à chaque instant, sans pouvoir m'en défendre,
Mon trop coupable cœur accroît votre courroux.

ÉGLÉ.

Ta crainte offense ma gloire.

Tu mérites le prix qu'ont promis mes serments;

Je le dois à ta victoire,

Et le donne à tes sentiments.

HÉSIODE.

Quoi! vous seriez ?... O ciel! est-il possible? Muse, vos dons divins ont prévenu mes vœux : Dois-je espérer encor que votre ame sensible Daigne aimer un berger et partager mes feux?

ÉGLÉ.

La vertu des mortels fait leur rang chez les dieux.
Une ame pure, un cœur tendre et sincère,
Sont les biens les plus précieux;

Et quand on sait aimer le mieux,

On est le plus digne de plaire.

(aux bergers.)

Calmez votre dépit jaloux,

Bergers, rassemblez-vous:

Venez former les plus riantes fêtes.

Je me plais dans vos bois, je chéris vos musettes; Reconnoissez Euterpe, et célébrez ses feux.

SCÈNE VII.

ÉGLÉ, HÉSIODE, LES BERGERS, DORIS.

CHOEUR.

Muse charmante, muse aimable, Qui daignez parmi nous fixer vos tendres vœux, Soyez-nous toujours favorable, Présidez toujours à nos jeux.

(On danse.)

DORIS.

Dieux qui gouvernez la terre,

Tout répond à votre voix.
Dieux qui lancez le tonnerre,
Tout obéit à vos lois.

De votre gloire éclatante,
De votre grandeur brillante,
Nos cœurs ne sont point jaloux :

D'autres biens sont faits

Unis d'un amour sincère,

Un berger, une bergère,

pour nous.

Sont-ils moins heureux que vous ?

FIN DE LA PREMIÈRE ENTRÉE.

SECONDE ENTRÉE.

Le théâtre représente les jardins d'Ovide à Thômes ; et dans le fond, des montagnes affreuses parsemées de précipices et couvertes de neiges.

SCÈNE I.

OVIDE.

Cruel amour, funeste flamme,
Faut-il encor t'abandonner mon ame?
Cruel amour, funeste flamme,
Le sort d'Ovide est-il d'aimer toujours?
Dans ces climats glacés, au fond de la Scythie,
Contre tes feux n'est-il point de secours?

J'y brûle, hélas ! pour la jeune Érithie:

Pour moi, sans elle, il n'est plus de beaux jours.

Cruel amour, etc.

Achève du moins ton ouvrage,

Soumets Érithie à son tour.

Ici tout languit sans amour,

Et de son cœur encore elle ignore l'usage!
Ces fleurs dans mes jardins l'attirent chaque jour,
Et je vais
par des jeux... C'est elle, è doux présage!
Je m'éloigne à regret: mais bientôt sur mes pas
Tout va lui parler le langage

Du dieu charmant qu'elle ne connoît pas.

SCÈNE II.

ÉRITHIE.

C'en est donc fait ! et dans quelques moments
Diane à ses autels recevra mes serments!
Jardins chéris, riants bocages,
Hélas! à mes jeux innocents
Vous n'offrirez plus vos ombrages!
Oiseaux, vos séduisants ramages
Ne charmeront donc plus mes sens!
Vain éclat, grandeur importune,
Heureux qui dans l'obscurité
N'a point soumis à la fortune
Son bonheur et sa liberté !

Mais quels concerts se font entendre?
Quel spectacle enchanteur ici vient me surprendre?

SCÈNE III.

La statue de l'Amour s'élève au fond du théâtre, et toute la suite d'Ovide vient former des danses et des chants autour d'Érithie.

CHOEUR.

Dieu charmant, dieu des tendres cœurs,

Régne à jamais, lance tes flammes;
Eh! quel bien flatteroit nos ames

S'il n'étoit de tendres ardeurs?

Chantons, ne cessons point de célébrer ses charmes,

Qu'il occupe tous nos moments;

Ce dieu ne se sert de ses armes
Que pour faire d'heureux amants.
Les soins, les pleurs, et les soupirs,
Sont les tributs de son empire;

Mais tous les biens qu'il en retire,

Il nous les rend par

les plaisirs.

ÉRITHIE.

(On danse.)

Quels doux concerts, quelle fête agréable ! Que je trouve charmant ce langage nouveau! Quel est donc ce dieu favorable?

(Elle considère la statue.)

Hélas! c'est un enfant, mais quel enfant aimable!
Pourquoi cet arc et ce bandeau,

Ce carquois, ces traits, ce flambeau?

UN HOMME DE LA FÊTE.

Ce foible enfant est le maître du monde ;
La nature s'anime à sa flamme féconde,
Et l'univers sans lui périroit avec nous.
Reconnoissez, belle Érithie,

Un dieu fait pour régner sur vous;
Il veut de votre aimable vie
Vous rendre les instants plus doux.
Étendez les droits légitimes
Du plus puissant des immortels;
Tous les cœurs seront ses victimes
Quand vous servirez ses autels.

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