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LE GRAND-PRÊTRE.
Conservez à son peuple un prince généreux :
Que, de votre pouvoir digne dépositaire,
Il soit heureux comme les dieux,
Puisqu'il remplit leur ministère,
Et qu'il est bienfaisant comme eux !

CHOEUR.

Ancien du monde, etc.

LE GRAND-PRÊTRE.

C'en est assez. Que l'on fasse silence.
De nos rites sacrés déployons la puissance.
Que vos sublimes sons, vos pas mystérieux,
De l'avenir, soustrait aux mortels curieux,
Dans mon cœur inspiré portent la connoissance.
Mais la fureur divine agite mes esprits;
Mes sens sont étonnés, mes regards éblouis;
La nature succombe aux efforts réunis

De ces ébranlements terribles...

Non, des transports nouveaux affermissent mes sens; Mes yeux avec effort percent la nuit des

temps...

Écoutez du Destin les décrets inflexibles...

Cacique infortuné,

Tes exploits sont flétris, ton règne est terminé :
Ce jour en d'autres mains fait passer ta puissance :
Tes peuples, asservis sous un joug odieux,

Vont perdre pour jamais les plus chers dons des cieux,
Leur liberté, leur innocence.

Fiers enfants du soleil, vous triomphez de nous;

Vos arts sur nos vertus vous donnent la victoire :

Mais, quand nous tombons sous vos coups,
Craignez de payer cher nos maux et votre gloire.

Des nuages confus naissent de toutes parts...
Les siècles sont voilés à mes foibles regards.

LE CACIQUE.

De vos arts mensongers cessez les vains prestiges.

(Les prêtres se retirent, après quoi l'on entend le chœur suivant derrière le théâtre.)

CHOEUR, derrière le théâtre.

O ciel! ô ciel! quels prodiges nouveaux !
Et quels monstres ailés paroissent sur les eaux!

DIGIZÉ.

Dieux ! quels sont ces nouveaux prodiges?
CHOEUR, derrière le théâtre.

O ciel! ô ciel ! etc.

LE CACIQUE.

L'effroi trouble les yeux de ce peuple timide;
Allons apaiser ses transports.

DIGIZÉ.

Seigneur, où courez-vous? quel vain espoir vous guide?
Contre l'arrêt des dieux que servent vos efforts?
Mais il ne m'entend plus, il fuit. Destin sévère !
Ah! ne puis-je du moins, dans ma douleur amère,
Sauver un de ses jours au prix de mille morts?

FIN DU PREMIER ACTE.

ACTE SECOND.

Le théâtre représente un rivage entrecoupé d'arbres et de rochers. On voit, dans l'enfoncement, débarquer la flotte espagnole, au son des trompettes et des timbales.

SCÈNE I.

COLOMB, ALVAR, TROUPE D'ESPAGNOLS
ET D'ESPAGNOLES.

CHOEUR.

Triomphons, triomphons sur la terre et sur l'onde! Donnons des lois à l'univers :

Notre audace en ce jour découvre un nouveau monde;
Il est fait pour porter nos fers.

COLOMB, tenant d'une main une épée nue, et de l'autre
l'étendard de Castille.

Climats dont à nos yeux s'enrichit la nature,
Inconnus aux humains, trop négligés des cieux,
Perdez la liberté :

(Il plante l'étendard en terre.)

Mais portez sans murmure

Un joug encor plus précieux.

Chers compagnons, jadis l'Argonaute timide
Éternisa son nom dans les champs de Colchos:
Aux rives de Gadès l'impétueux Alcide

Borna sa course et ses travaux :

Un art audacieux, en nous servant de guide,

De l'immense Océan nous a soumis les flots.
Mais qui célébrera notre troupe intrépide
A l'égal de tous ces héros?

Célébrez ce grand jour d'éternelle mémoire;
Entrez, par les plaisirs, au chemin de la gloire ;
Que vos yeux enchanteurs brillent de toutes parts;
De ce peuple sauvage étonnez les regards.

CHOEUR.

Célébrons ce grand jour d'éternelle mémoire ; Que nos yeux enchanteurs brilient de toutes parts. (On danse.)

ALVAR.

Fière Castille, étends par-tout tes lois,

Sur toute la nature exerce ton empire;
Pour combler tes brillants exploits

Un monde entier n'a pu suffire.

Maîtres des éléments, héros dans les combats,
Répandons en ces lieux la terreur, le ravage;
Le ciel en fit notre partage

Quand il rendit l'abord de ces climats

Accessible à notre courage.

Fière Castille, etc.

(Danses guerrières.)

UNE CASTILLANE.

Volez, conquérants redoutables,
Allez remplir de grands destins :
Avec des armes plus aimables,
Nos triomphes sont plus certains.
Qu'ici d'une gloire immortelle

Chacun se couronne à son tour.

Guerriers, vous y portez l'empire d'Isabelle,
Nous y portons l'empire de l'Amour.

Volez, conquérants, etc.

(Danses.)

ALVAR et LA CASTILLANE.

Jeunes beautés, guerriers terribles,
Unissez-vous, soumettez l'univers.

Si quelqu'un se dérobe à des coups invincibles,
Par de beaux yeux qu'il soit chargé de fers.

COLOMB.

C'est assez exprimer notre alégresse extrême,
Nous devons nos moments à de plus doux transports.
Allons aux habitants qui vivent sur ces bords
De leur nouveau destin porter l'arrêt suprême.
Alvar, de nos vaisseaux ne vous éloignez pas;
Dans ces détours cachés dispersez vos soldats :
La gloire d'un guerrier est assez satisfaite
S'il peut favoriser une heureuse retraite.
Allez, si nous avons à livrer des combats,
Il sera bientôt temps d'illustrer votre bras.

CHOEUR.

Triomphons, triomphons sur la terre et sur l'onde; Portons nos lois au bout de l'univers :

Notre audace en ce jour découvre un nouveau monde; Nous sommes faits pour lui donner des fers.

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