LE GRAND-PRÊTRE. CHOEUR. Ancien du monde, etc. LE GRAND-PRÊTRE. C'en est assez. Que l'on fasse silence. De ces ébranlements terribles... Non, des transports nouveaux affermissent mes sens; Mes yeux avec effort percent la nuit des temps... Écoutez du Destin les décrets inflexibles... Cacique infortuné, Tes exploits sont flétris, ton règne est terminé : Vont perdre pour jamais les plus chers dons des cieux, Fiers enfants du soleil, vous triomphez de nous; Vos arts sur nos vertus vous donnent la victoire : Mais, quand nous tombons sous vos coups, Des nuages confus naissent de toutes parts... LE CACIQUE. De vos arts mensongers cessez les vains prestiges. (Les prêtres se retirent, après quoi l'on entend le chœur suivant derrière le théâtre.) CHOEUR, derrière le théâtre. O ciel! ô ciel! quels prodiges nouveaux ! DIGIZÉ. Dieux ! quels sont ces nouveaux prodiges? O ciel! ô ciel ! etc. LE CACIQUE. L'effroi trouble les yeux de ce peuple timide; DIGIZÉ. Seigneur, où courez-vous? quel vain espoir vous guide? FIN DU PREMIER ACTE. ACTE SECOND. Le théâtre représente un rivage entrecoupé d'arbres et de rochers. On voit, dans l'enfoncement, débarquer la flotte espagnole, au son des trompettes et des timbales. SCÈNE I. COLOMB, ALVAR, TROUPE D'ESPAGNOLS CHOEUR. Triomphons, triomphons sur la terre et sur l'onde! Donnons des lois à l'univers : Notre audace en ce jour découvre un nouveau monde; COLOMB, tenant d'une main une épée nue, et de l'autre Climats dont à nos yeux s'enrichit la nature, (Il plante l'étendard en terre.) Mais portez sans murmure Un joug encor plus précieux. Chers compagnons, jadis l'Argonaute timide Borna sa course et ses travaux : Un art audacieux, en nous servant de guide, De l'immense Océan nous a soumis les flots. Célébrez ce grand jour d'éternelle mémoire; CHOEUR. Célébrons ce grand jour d'éternelle mémoire ; Que nos yeux enchanteurs brilient de toutes parts. (On danse.) ALVAR. Fière Castille, étends par-tout tes lois, Sur toute la nature exerce ton empire; Un monde entier n'a pu suffire. Maîtres des éléments, héros dans les combats, Quand il rendit l'abord de ces climats Accessible à notre courage. Fière Castille, etc. (Danses guerrières.) UNE CASTILLANE. Volez, conquérants redoutables, Chacun se couronne à son tour. Guerriers, vous y portez l'empire d'Isabelle, Volez, conquérants, etc. (Danses.) ALVAR et LA CASTILLANE. Jeunes beautés, guerriers terribles, Si quelqu'un se dérobe à des coups invincibles, COLOMB. C'est assez exprimer notre alégresse extrême, CHOEUR. Triomphons, triomphons sur la terre et sur l'onde; Portons nos lois au bout de l'univers : Notre audace en ce jour découvre un nouveau monde; Nous sommes faits pour lui donner des fers. |