Hélas! je sens couler mes pleurs. Si sans les partager tu voyois mes douleurs! SCÈNE II. IPHIS. Amour, que de tourments j'endure sous ta loi ! Un rival orgueilleux, couronné de lauriers, Lui présenter un doux hommage: En cet état ose-t-on refuser Un amant tout couvert de gloire? Hélas! je ne puis accuser Que sa grandeur et sá victoire. De funestes pressentiments Tour-à-tour dévorent mon ame; Mon trouble augmente à tous moments. Anaxarette... Dieux... trahirez-vous ma flamme? AIR. Quel prix de ma constante ardeur, J'ai cent fois refusé son cœur. SCÈNE III. LE ROI, PHILOXIS. LE ROI. Prince, je vous dois aujourd'huį Votre bras est le seul appui Qui vient de rassurer mon trône: Vous avez terrassé mes plus fiers ennemis. Tout parle de votre victoire. Des sujets révoltés vouloient ternir ma gloire, Jugez de la grandeur de ma reconnoissance Je dispose d'Anaxarette ; Ortule, en expirant, m'en laissa le pouvoir. ÉCRITS SUR LA MUSIQUE. 24 A former cet hymen aujourd'hui je m'apprête. PHILOXIS. Que ne vous dois-je point, seigneur! Que mes plaisirs sont doux, qu'ils sont remplis de charmes! Ah! l'heureux succès de mes armes Est bien payé par un si grand bonheur ! AIR. Tendre amour, aimable espérance, Je vois récompenser la plus parfaite ardeur, N'est rien auprès de mon bonheur. LE ROI. Je sens une joie extrême De pouvoir combler vos vœux. (Ensemble.) La paix succède aux plus vives alarmes, Goûtons, goûtons-en tous les charmes ; LE ROI. La gloire a couronné vos armes, Et l'hymen en ce jour couronne vos soupirs. (Ensemble.) La paix succéde, etc. LE ROI, Prince, je vais pour cet ouvrage PHILOXIS. Et moi, pour annoncer en ces lieux mon bonheur, Allons, sur mes vaisseaux triomphant et vainqueur, Des dépouilles de ma conquête Faire un hommage aux pieds d'Anaxarette. SCÈNE IV. ANAXARETTE. AIR. Je cherche en vain à dissiper mon trouble; Non, rien ne sauroit l'apaiser: J'ai beau m'y vouloir opposer, Malgré moi ma peine redouble. Enfin il est donc vrai, j'épouse Philoxis, Falloit-il, dieux puissants! qu'une si douce flamme, Dont j'attendois tout mon bonheur, N'ait pu passer jusqu'en mon ame Je cherche en vain, etc. Je sens encor tout mon amour, Quoi que pour l'étouffer l'ambition m'inspire, Mes yeux versent des pleurs, et que mon cœur soupire. Mais quoi! pourrois-je balancer? Pour deux objets puis-je m'intéresser? L'un est roi triomphant, l'autre amant sans naissance : Ah! sans rougir je ne puis y penser, Et j'en sens trop la différence Pour oser encore hésiter. Non, sachons mieux nous acquitter Et je ne serois plus digne de la porter Si je desirois autre chose. |