Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

FRAGMENTS

D'IPHIS,

TRAGÉDIE,

POUR L'ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE.

ORTULE, roi d'Élide.

PHILOXIS, prince de Mycènes. ANAXARETTE, fille du feu roi d'Élide. ÉLISE, princesse de la cour d'Ortule. IPHIS, officier de la maison d'Ortule. ORANE, suivante d'Élise.

UN CHEF DES GUERRIERS DE PHILOXIS.

CHOEUR DE GUERRIERS.

CHOEUR DE LA SUITE D'ANAXARETTE.

CHOEUR DE DIEUX ET DE DÉESSES.

CHOEUR DE SACRIFICATEURS ET DE PEUPLES. CHOEUR DE FURIES DANSANTES.

D'IPHIS'.

mm

Le théâtre représente un rivage, et, dans le fond, une mer
couverte de vaisseaux.

SCÈNE I.

ÉLISE, ORANE.

ORANE.

Princesse, enfin votre joie est parfaite ;
Rien ne troublera plus vos feux.
Philoxis de retour, Philoxis amoureux,
Vient d'obtenir du roi la main d'Anaxarette;
Elle consent sans peine à ce choix glorieux;
L'aspect d'un souverain puissant, victorieux,
Efface dans son cœur la plus vive tendresse :
Le trop constant Iphis n'est plus rien à ses yeux,
La seule grandeur l'intéresse.

ÉLISE.

En vain tout paroît conspirer

A favoriser ma flamme;

Je n'ose point encor, chère Orane, espérer

Qu'il devienne sensible aux tourments de mon ame:

Composés à Chambéry vers 1738. Voyez Confessions, liv. vII.

Je connois trop Iphis, je ne puis m'en flatter.

Son cœur est trop constant, son amour est trop tendre: Non, rien ne pourra l'arrêter;

Il saura même aimer sans pouvoir rien prétendre.

ORANE.

Eh quoi ! vous penseriez qu'il osât refuser
Un cœur qui borneroit les vœux de cent monarques!

ÉLISE.

Hélas! il n'a déja que trop su mépriser
De mes feux les plus tendres marques.

ORANE.

Pourroit-il oublier sa naissance, son rang,

Et l'éclat dont brille le

sang

Duquel les dieux vous ont fait naître?

ÉLISE.

Quels que soient les aïeux dont il a reçu l'être,
Iphis sait mériter un plus illustre sort,

Et, par un courageux effort,

Se frayer le chemin d'une cour plus brillante.
Ses aimables vertus, sa valeur éclatante,
Ont su lui captiver mon cœur.

Je me ferois honneur.

D'une semblable foiblesse,

Si, pour répondre à mon ardeur,
L'ingrat employoit sa tendresse :
Mais, peu touché de ma grandeur,
Et moins encor de mon amour extrême,
Il a beau savoir que je l'aime,

Je n'en suis pas mieux dans son cœur.

Il ose soupirer pour la fille d'Ortule:
Elle-même, jusqu'à ce jour,

A su partager son amour;

Et, malgré sa fierté, malgré tout son scrupule,
Je l'ai vu s'attendrir et l'aimer à son tour.
Seule de son secret je tiens la confidence,
Elle m'a fait l'aveu de leurs plus tendres feux.
Oh! qu'une telle confiance

Est dure à supporter pour mon cœur amoureux!

ORANE.

Quel que soit l'excès de sa flamme,

Elle brise aujourd'hui les nœuds les plus charmants. Si l'amour régnoit bien dans le fond de son ame, Oublieroit-elle ainsi les vœux et les serments? Laissez agir le temps, laissez agir vos charmes. Bientôt Iphis, irrité des mépris

De la beauté dont son cœur est épris,

Va vous rendre les armes.

AIR.

Pour finir vos peines

Amour va lancer ses traits.

Faites briller vos attraits,

Formez de douces chaînes.

Pour finir vos peines

Amour va lancer ses traits.

ÉLISE.

Orane, malgré moi la crainte m'intimide.

« VorigeDoorgaan »