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Il y a en trois adjuvantes et trois efficientes, d'une part comme de l'autre. Mais il faut y en ajouter une, car le mauvais emplacement et la construction inintelligente des prisons engendre des effets encore plus pernicieux que ceux que l'on observe dans les hôpitaux.

Cependant, pour éviter les répétitions inutiles, nous passerons ici sous silence les causes qui sont communes aux hôpitaux et aux prisons, en nous bornant à sigualer les différences respectives.

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SIer. La perspiration des détenus sera l'objet de notre première sollicitude. - Il semblerait, au premier coup d'œil, que cette cause fût sans importance, puisque le plus grand nombre des détenus jouissent d'une excellente santé au moment de l'emprisonnement; mais il n'est pas permis de la passer sous silence, dans l'énumération des causes d'insalubrité, quand on se rappelle que les détenus qui ont précédé les nouveaux arrivés dans les cellules, en avaient altéré l'air par les vapeurs de la perspiration et que, comme le renouvellement de cet air vicié est presque impossible, ainsi que nous le démontrerons plus bas, la masse presque entière des matières perspirables y reste. croupissante et empoisonne les prisonniers nouvellement arrivés; cela, avec une énergie d'autant plus active que les prisons étant plus étroites et plus resserrées, il en résulte cette conséquence qu'une petite quantité de miasmes y sévit plus inhumainement qu'une plus grande quantité des mêmes miasmes dans un hôpital spacieux; ensuite comme les détenus croupissent pendant un temps déterminé dans ce milieu soustrait aux lois de l'hygiène, ils succombent sous le flux des impuretés amassées et deviennent malades; la perspiration propre de chacun, se vicie; et la même matière élaborée par le corps humain rentre bientôt à travers les pores dans la trame de son organisation par la voie des vaisseaux absorbants, avec les effets les plus pernicieux pour dernier résultat. SII. Les matières alvines et surtout l'urine constituent une seconde cause d'insalubrité.

Il est ordinaire, dans la plupart des prisons, de voir les chaises percées ou d'autres vases à l'usage des captifs se métamorphoser en foyers d'infection, par l'effet des vapeurs qui s'échappent des matières alvines et urineuses; et que le danger de l'infection aille toujours grandissant comme dans les hôpitaux, quand surtout les locaux sont peu spacieux.

§ III. Les ordures répandues sur le sol, comme les crachats, la salive, les crotins des rats, des souris ; les corps de ces animaux et ceux d'insectes de toute espèce, plus ou moins putréfiés, ne contribuent guère moins au développement de l'infection.

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SIer. Situation des prisons. Il est de notoriété que plusieurs prisons sont souterraines et que l'on n'y pénètre que par des escaliers. Une telle disposition des lieux entraîne deux très graves inconvénients.

1° Nous avons vu, quand nous agitâmes la question de l'emplacement des hôpitaux, que, quoiqu'ils fussent situés sur des terrains élevés, battus par les vents, le renouvellement de l'air était intercepté par les édifices environnants; or, si la ventilation est entravée par de semblables dispositions, que sera-t-elle dans des cachots, séparés de toute voie de communication avec l'air extérieur? car, ici, ni fenêtres ni conduits d'évent: une porte, au-dessus du niveau du sol, permet l'entrée de la très-minime quantité d'air qui y pénètre, sans bien notable; si donc cet air comme immobile est altéré, en outre, par les vapeurs que nous venons de signaler, sa composition en sera singulièrement dépravée et produira sur les prisonniers la réaction la plus pernicieuse.

2o Dans un souterrain l'air est très-humide; les expériences hygrométriques, confirmées par la chimie, témoignent que les lieux profondément creusés sous le sol sont entachés de ce grave défaut qui, du reste, saute aux yeux à la première inspection; car les murailles sont tellement imprégnées d'eau, que celle-ci en découle visiblement, et que l'air prenant aux parois et au sol du local cette eau dont ils ressuent, y acquiert un degré d'humidité excessif.

SII. La seconde cause adjuvante consiste dans le mode de construction des prisons. Nous avons vu que l'infection était extrême dans les hôpitaux trop peu spacieux; or, l'exiguité des locaux étant plus ordinaire dans les prisons, cette cause d'insalubrité y sera plus marquée. L'air confiné y perd son élasticité et par la respiration des prisonniers s'y dépouille de ce principe vital, sans lequel l'homme le plus robuste ne peut continuer à vivre.

Nous parlons ici de la construction et de l'emplacement des prisons qui sont dans les plus mauvaises conditions et qui réclament les réformes les plus promptes; plus elles s'écartent de ce vice de construction et d'emplacement, plus élevé est le terrain sur lequel on les a édifiées, plus y a-t-il de facilité de soustraire l'air impur et de le remplacer par un air frais, et plus aussi pourra-t-on leur reconnaître une condition d'insalubrité moindre que celle qui leur est maintenant attribuée. Cette assertion, pensons-nous, ne sera pas contredite.

S III. La troisième cause adjuvante est la négligence que l'on met à nettoyer les prisons. Si l'on rencontre dans les hôpitaux un pareil abus, à plus forte raison existe-t-il dans les prisons. Rarement, pour ne pas dire jamais, ces horribles cachots sont-ils débarrassés des ordures qui forment un foyer d'infection; rarement aussi les paillasses où gisent les malheureux prisonniers sont-elles changées; le plus souvent on les y laisse croupir longtemps avant que de renouveler leur triste couche.

SIV. La négligence à changer de vêtement est enfin la quatrième cause. Il n'est pas rare que les prisonniers, pendant la durée de leur captivité, n'obtiennent même pas une chemise, encore moins d'autres vêtements, quoique la chemise et la camisole soient imprégnées des molécules méphitiques de la transpiration; ces vêtements communiquent à l'air les effluves qu'ils exhalent et qui deviennent d'autant plus délétères, qu'une durée de service plus grande leur a donné un plus grand degré d'infection.

Telles sont brièvement exposées les causes d'insalubrité qui règnent dans les prisons; il s'agit maintenant d'aborder la seconde section de ce mémoire, où nous étudierons plus particulièrement la qualité nuisible de l'air.

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Il a été démontré, par un grand nombre d'expériences de physique, que l'air est si nécessaire à l'entretien de la vie que l'homme ne peut, sans la perdre, en être privé même pendant fort peu d'instants; il résulte aussi de semblables expérimentations, qu'un air, quel qu'il soit, n'est pas également vital; mais que certaines conditions sont requises à cette fin, à savoir : 1o la force élastique; 2o la qualité sèche; 5o la pureté.

S'il est privé complétement ou même en partie seulement de ces conditions, l'air devient une source abondante de maladies variées, ainsi que le prouvent les observations de tous les médecins de bonne foi.

Nous avons vu précédemment qu'il y a plusieurs causes qui enlèvent à l'air des hôpitaux et des prisons les qualités qui lui sont nécessaires et lui communiquent un caractère infectieux par le mélange de matières corrompues; il ne sera donc pas hors de propos de rechercher brièvement en quoi consiste particulièrement cette qualité nuisible. Mais, comme dans les considérations précédentes, nous avons fait remarquer que les causes d'infection ne sont pas les mêmes dans les hôpitaux et dans les prisons, il en doit résulter que la viciation de l'air qui en est la suite, doit être aussi d'une nature différente.

TITRE Ier. De la qualité nuisible de l'air dans les hôpitaux.

Nous devons ici rechercher selon quelle mesure l'air y contracte cette propriété malfaisante, c'est-à-dire : 1o quel changement il subit quand de pur et de salubre il devient nuisible; 2o quelles sont les particules dont le mélange lui communique cette altération.

Nous en étant déjà expliqué dans la première partie de ce mémoire, il ne nous sera pas difficile de résoudre la question, par les raisons que nous avons déduites dans la recherche des causes.

I. Les changements que l'air éprouve dans les hôpitaux sont :

1o La perte du principe vital. Nous avons vu dans § 6, Son 1, titre I, chap. I et S 8, chap. II, que par le trop grand nombre de malades réunis dans une même chambre ou par l'exiguité d'une chambre, le principe vital de l'air est promptement consumé ; car il est constaté qu'il se dépouille en grande partie de cette condition de salubrité essentielle.

2o Diminution de la force élastique de l'air. Nous avons remarqué dans l'étude des causes que plusieurs d'entre elles réduisent singulièrement cette qualité de l'air. Telles sont l'accumulation d'un trop grand nombre de malades dans une même salle ou le défaut d'espace de celle-ci. Dans ces circonstances, l'air allant et venant sans cesse dans les poumons des malades, se prive ainsi de sa force élastique; et cela avec encore plus de promptitude dans certains hôpitaux où la chaleur excessive qui y règne, raréfie l'air à

un trop haut degré, ainsi que nous l'avons constaté § 5, section 1re, titre I, chapitre I, d'où la conséquence que si ces causes agissent concurremment, l'air doit éprouver une grande diminution de sa force élastique.

II. Les molécules communiquées à l'air sont: 1° aqueuses; 2° ignées 5° oléo-putrides; 4° salino-alcalines.

1. Nous avons reconnu précédemment que la quantité de liquide fournie par la perspiration surpassait celle de toutes les autres excrétions réunies. Les particules aqueuses sont transmises à l'air, qui devient d'autant plus humide que les matières alvines, l'urine et les impuretés répandues sur le sol lui apportent aussi leur contingent.

2. Ignées. Les miasmes arrivent d'autant plus vite à l'air, que, comine nous l'avons dit dans l'étude des causes, par une fatale habitude de beaucoup d'hôpitaux, les chambres sont, au moyen de poêles, chauffées à l'excès.

3. Oléo-putrides. - Nous avons dit que par l'effet de la perspiration, lorsque les humeurs sont altérées, une grande quantité de matière grasse et corrompue s'échappe dans l'air et y manifeste sa présence par une odeur d'une fétidité souvent intolérable; or, la perspiration n'en est pas l'unique source; car il s'en dégage une grande quantité des matières alvines et des urines. Celles-ci abondent en particules grasses qui contractent une altération fort nuisible dans les dyssenteries, les fièvres putrides, malignes et autres d'une mauvaise nature.

Les molécules grasses éprouvent un changement pareil dans les affections chirurgicales: elles prennent un caractère gangréneux manifeste et dont les émanations se confondent aussi avec l'air.

4. Alcalino-salines. Nous avons fait la remarque que les sels devenus alcalins et volatils par l'effet de la décomposition putride, s'unissent aux particules aqueuses qui les tiennent en dissolution, s'évaporent dans l'atmosphère, où elles se confondent avec les produits des sécrétions viciées et celles des maladies chirurgicales.

La qualité nuisible de l'air dans les hôpitaux résulte donc des considérations que nous avons exposées; elle consiste dans l'extinction du principe vital de l'air, dans l'abaissement de sa force élastique, dans l'augmentation de l'humidité et l'accroissement de la chaleur, et dans le mélange avec des matières putrides et des particules oléo-salines. Cette qualité nuisible est donc complexe, et au lieu d'être homogène elle est soumise à des variations infinies selon que : 1o L'air est plus ou moins privé de son principe vital et de sa force élastique; 2o que la quantité et la qualité de la matière infectante augmentent ou diminuent, car cette quantité est en rapport avec les causes qui produisent la viciation. Mais ces causes n'engendrent pas toujours et en tous les temps une égale proportion de matière infectée; en sorte qu'il est évident, suivant le plus ou moins de cette matière créée par ces causes, qu'elle sera plus considérable s'il y a un plus grand nombre de sujets affectés de fièvres putrides. Beaucoup de malades produisent plus de sécrétions alvines et d'urine que s'il

n'y en avait que peu; en sorte, que l'air y reçoit une altérations plus profonde que dans le cas où cet encombrement de fiévreux n'existerait pas dans cette même infirmerie.

La qualité de l'air dépend non-seulement des causes qui le vicient, mais aussi de sa nature plus ou moins malfaisante; en sorte que l'infection sera moins mauvaise, non-seulement parce que les causes auront produit une moindre quantité de la matière infectante, mais aussi suivant le caractère plus ou moins offensif qu'elle présentera. De là, cette conséquence que si un trèspetit nombre de malades affectés d'indispositions légères n'ont transmis à l'air qu'une petite quantité de matière, d'un caractère peu toxique, il en résultera que l'infection ne sera que d'un faible degré. Mais le contraire aura lieu dans le cas où la nature en serait nuisible.

III. Nous avons mis en lumière la qualité nuisible de l'air des hôpitaux ; il s'agit maintenant de rechercher si elle est susceptible de produire les effets que nous y observons si souvent. J'incline pour l'affirmative.

1. En effet, lorsque l'air est dépouillé de son esprit vital, il perd l'admirable propriété de réconforter les malades, de rétablir leurs forces; en sorte qu'ils retombent dans un état de défaillance.

2. Quand il a perdu sa force élastique, les poumons ne se dilatent pas assez; en sorte que l'accès de l'air n'est pas complet; que l'hématose est imparfaite; la circulation sanguine, troublée, ralentie; d'où une certaine tendance à la décomposition des humeurs, qui, sous l'influence d'autres causes extérieures, se convertit facilement en une très-prompte et très-complète altération putride.

3. Quand l'air est humide, il relâche, amollit, débilite les malades et détermine d'autres suites encore plus ou moins fâcheuses. Il n'y a pas à s'en étonner; car cet air humide enveloppe les malades de toutes parts, à l'instar d'un bain de vapeurs, lesquelles s'insinuent à travers les pores et s'interposent entre les molécules solides des fibres constituantes. Celles-ci s'allongent, perdent leur force d'élasticité et de contractilité, s'amollissent, se débilitent en même temps que les vaisseaux, dont elles forment la trame, sont frappées d'inertie et n'agissent plus qu'avec une extrême faiblesse sur les humeurs qu'elles charrient, d'où il résulte que ces humeurs circulent avec plus de lenteur, restent en stagnation, commencent à s'altérer, s'atténuent et enfin tombent dans la corruption.

4. La chaleur favorise le développement de ces phénomènes; en dilatant les corps des malades, elle les prédispose à l'imprégnation des molécules humides ; personne n'ignore que la chaleur jointe à l'humidité accélère la décomposition des corps organisés.

5. La putréfaction des humeurs est bien plus prompte lorsque les molécules oléo-putrides pénètrent dans le corps, unies aux molécules aqueuses.

L'expérience enseigne en effet que si, aux corps putrescibles, on mêle une faible quantité d'une matière grasse, corrompue, la putréfaction en sera fort accélérée.

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