Images de page
PDF
ePub

bric de la longueur de 18 centimètres, roulé sur lui-même; le pus n'exhalait aucune odeur particulière; l'abcès se détergea, suivit la marche des abcès chauds, et la guérison s'obtint promptement.

L'inflammation du ventre chez cet enfant était-elle survenue à la suite du passage de l'entozoaire dans le péritoine, ou celui-ci a-t-il percé l'intestin ramolli par l'inflammation? C'est ce que nous ignorons. Toutefois, comme le pus n'exhalait aucune odeur, nous pensons que la perforation a dû être active, et que l'inflammation n'est survenue qu'à la suite du passage de l'entozoaire dans le péritoine.

Quelle est la QUALITÉ NUISIBLE QUE L'AIR CONTRACTE DANS LES HÔPITAUX ET LES PRISONS, ET QUELS SONT LES MEILLEURS MOYENS D'Y REMÉDIER? par NAHUYS, traduit du latin et commenté par ANDRÉ UYTTERHOEVEN, Officier de l'ordre de Léopold, chirurgien en chef honoraire des hôpitaux de Bruxelles, etc., etc. -(Suite. Voir notre cahier d'octobre, page 338.)

2o SECTION.

La seconde cause adjuvante est le mode de construction des hôpitaux. Si la situation des hôpitaux favorise beaucoup l'infection de l'air, leur mode de construction n'y a pas une moindre part (1).

Dans plusieurs hôpitaux, les chambres des malades sont trop petites, de sorte qu'il y reste à peine l'espace nécessaire au service sanitaire; le plafond trop peu élevé rétrécit encore l'espace, en sorte que si l'une ou l'autre de ces mauvaises dispositions, ou toutes les deux à la fois entraînent les mêmes inconvénients que ceux que nous avons signalés, à propos d'un trop grand nombre de malades dans une seule place; ou que le nombre des malades soit augmenté dans une large et longue salle, ou que le même nombre, tel qu'il devrait être logé dans une place spacieuse, est enfermé au contraire dans une chambre étroite, la chose revient au même, c'est-à-dire que dans l'un ou l'autre cas il y a, sous le rapport de l'espace, accumulation d'un trop grand nombre de malades, d'où résulteront tous les inconvénients que nous avons énumérés plus haut à propos de l'encombrement des malades dans une chambre, et d'autant plus activement que les plafonds étant trop bas empêchent l'ascension des vapeurs corrompues qui, plus légères que l'air, tendent ordinairement à s'élever, d'où il résulte que ces vapeurs, immédiatement retenues autour des lits des malades, doivent les affecter d'une manière très-fâcheuse.

Un second vice de construction des hôpitaux consiste en ce que les portes des latrines s'ouvrent dans les salles mêmes des malades.

(1) Un hôpital est un monument consacré à l'humanité où l'art de l'architecte doit être subordonné au règles de l'hygiène et aux vues du médecin. Il serait à désirer que les commissions administratives imitassent celle des hospices civils de Strasbourg qui a décidé la mise au concours du plan de reconstruction de l'hôpital général de cette ville. Il importe du reste que le luxe en soit complétement exclu.

Les hôpitaux magnifiques, dit Fodéré, ressemblent à ces pommes de l'Amérique dont les vives couleurs flattent si fort la vue et dont la pulpe est empoisonnée.

Il y a là une grande incommodité (1), car presque toujours les portes sont ouvertes; les convalescents y vont satisfaire à leurs nécessités; les infirmiers et les servantes vont puiser l'eau dans ce même lieu; et comme dans plusieurs établissements les fontaines d'eau pure y sont placées, les convalescents, les chirurgiens et d'autres encore, y pénètrent pour s'y laver les mains, à tel point que les portes en sont constamment béantes, donnant passage à une immense masse de vapeurs des plus fétides, en sorte que l'air vicié infecte encore de plus en plus l'air de l'infirmerie, comme nous l'avons vu à la seconde cause.

Le troisième vice de construction est que les mêmes salles de malades sont trop grandes. Dans plusieurs hôpitaux il n'y a que six ou sept divisions, savoir: 1° Pour les femmes enceintes; 2° pour les opérations; 5° pour les blessés ; 4° pour les hommes fiévreux; 5° pour les femmes fiévreuses; 6° pour les hommes. pauvres; 7° pour les femmes pauvres (2).

D'où il résulte que cent lits, et quelquefois plus, se trouvent dans une même salle, quoique cependant il soit possible que sous le point de vue de la capacité de la pièce, ce nombre ne soit peut-être pas trop considérable, car alors il en résulterait un double inconvénient, comme celui que nous avons signalé à la cause sixième. Mais le mal qu'il importerait de prévenir provient de ce qu'en donnant une si grande étendue aux infirmeries, on est forcé de loger, pêlemêle, dans une chambrée des malades de toute espèce et même les convalescents avec les patients le plus dangereusement atteints.

(1) C'est une des questions les plus importantes et les plus difficiles de l'hygiène des hôpitaux. Les systèmes compliqués se détraquent promptement. La mauvaise volonté des malades, la négligence des préposés au service présentent des obstacles réels à l'amélioration de cette partie du service sanitaire.

Nous avons vu divers systèmes de latrines: dans l'un il suffisait de s'asseoir sur la lunette pour que l'eau jaillit; dans l'autre le mouvement des ventaux de la porte mettait la fontaine en activité. Mais les hospices où cela fut mis à l'essai, y ont bientôt renoncé. Dans beaucoup d'hôpitaux les latrines sont construites suivant le mode oriental, c'est-à-dire sans siége.

Il en résulte que les matières fécales tombent sur les margelles de la fosse, où s'accumule bientôt un amas considérable d'immondices dont on ne peut se délivrer que par de constants et fréquents lavages.

Les fosses mobiles nous semblent en tous points préférables à tous autres systèmes ; (voir Notice sur l'hôpital Saint-Jean). Mais pour ce qui concerne la propreté du cabinet et de la cuvette, quelle qu'en puisse être la construction, une bonne police est ici indispensable, des préposés ad hoc doivent être chargés de cette tâche et l'accomplir avec la plus grande sévérité.

Les urinoirs tels que ceux adoptés aux stations du chemin de fer de la Belgique, sont d'une extrême propreté et peuvent servir de modèles.

(2) Nous ne connaissons en Belgique aucun établissement pour les enfants; ils sont dans les grandes villes confondus avec les adultes et les vieillards, au grand dommage de l'hygiène et de la morale.

Il est généralement avéré que c'est l'enfance qui présente la plus grande susceptibilité à l'influence des corpuscules qui vicient l'air; personne n'ignore combien l'admission de plusieurs enfants dans les mêmes infirmeries peut leur devenir fatale. Il est done d'une haute importance qu'il y ait dans les hôpitaux une division séparée pour les enfants.

C'est ce qui existe en grand et au complet pour les enfants de la marine anglaise » dans l'hôpital de Greenwich et à la caserne, occupée au Louvre par la Gendarmerie de » la garde.» (LARREY.)

On reconnaîtra facilement combien cet état de choses est pernicieux en considérant que les malades, légèrement affectés, et les convalescents doivent, dans de semblables conditions, respirer un air infect. On peut concevoir la crainte qu'ils ne contractent une maladie plus grave ou que les convalescents ne soient exposés à des rechutes dangereuses.

Une quatrième incommodité, qui découle de la construction des grands hôpitaux, sont les préaux placés entre les salles des malades, et clos de toutes parts, excepté du haut (1). Non point que ces cours soient nuisibles par ellesmêmes, au contraire; elles sont susceptibles d'une grande utilité, comme par exemple, en permettant aux salles des malades d'avoir des fenêtres de tous les côtés, d'être accessibles aux rayons du soleil, au renouvellement d'un air pur et frais; mais elles nuisent parce qu'elles sont murées de tous les côtés ; qu'il est impossible que l'air (surtout si les étages sont très-élevés) s'y renouvelle facilement; qu'il y reste en stagnation et qu'il y donne naissance aux graves incommodités que nous indiquions plus haut, à propos du mauvais emplacement des hôpitaux (2).

3C SECTION.

Enfin, la troisième cause adjuvante est le peu de soin que l'on met à purifier les hôpitaux d'une manière convenable.

Il en résulte un double inconvénient.

Nous avons vu, parmi les causes précédentes, que beaucoup d'ordures sont

(1) Ils servent de promenoirs aux malades. Il serait avantageux de les arranger à l'imitation du promenoir de l'hôpital militaire à Lyon.

«Là une plantation d'arbres récrée leur vue et leur donne de l'ombre; des bancs de > bois peints en vert et posés symétriquement sur des montants en pierre leur offrent » des moyens de repos. Toute la partie du périmètre qui longe les murs de clôture, >> surmontés de grilles, forme une plate-bande émaillée de fleurs et protégée par un >> treillis à hauteur d'appui.

» Cet arrangement d'horticulture, d'un aspect agréable, a l'avantage de s'opposer > par une barrière de fleurs aux communications immédiates des convalescents avec les » personnes du dehors, qui pourraient introduire des aliments.

(MONTFALCON et DEPOLINIÈRE.)

Nous citons ce passage dans l'espoir que l'exemple, par la seule raison qu'il a été pris à l'étranger, sera bien plus persuasif au sujet de l'ornement de nos hôpitaux avec des fleurs, que ne furent nos sollicitations les plus vives et nos démonstrations de salubrité les plus péremptoires.

C'est ainsi que l'hôpital Saint-Jean, sur le boulevard, par l'aspect sombre de sa façade toute nue, comme d'un tombeau abandonné, fait un bien pénible contraste avec le jardin qui lui est opposé; on dirait, à le voir, quelque abbaye où les frères se répètent : Il faut mourir! tandis qu'en ornant, de quelques arbustes, la cour qui sépare la grille du bâtiment, la tristesse en serait adoucie par l'éclat d'une végétation plus en harmonie avec le plaisir des promeneurs et les sentiments de charité qui animent notre population. (2) Au nombre des causes d'insalubrité, il faut ranger la cuisine: Ce département est du plus haut intérêt sous plus d'un rapport.

En Belgique, les cuisines des hôpitaux sont encore les mêmes qu'au moyen âge: Immense dépense de combustibles et préparation culinaire d'une simplicité toute primitive. Le sujet vaut sans doute la peine d'être étudié, sous le rapport hygiénique et économique.

A l'hôpital Saint-Barthélemy, à Londres, la cuisson des aliments se fait au moyen du gaz habilement établi dans les fourneaux. Ces appareils de cuisson présentent l'avantage d'être économiques, salubres pour les employés d'une extrême propreté, et fort convenables à la préparation des aliments.

répandues et restent attachées au plancher inférieur des hôpitaux; d'où résulte la nécessité de l'entretenir dans un état constant de propreté (1), d'enlever toutes les saletés qui y adhèrent et s'insinuent dans les interstices. Mais que font ordinairement ceux à qui cette charge incombe? Chaque jour, au moyen de balais, ils amassent les ordures qui ne sont pas adhérentes; mais les liquides, comme pus, urine, crachats, sang, salive, bouillons épanchés, etc., au lieu de les enlever, ils ne font qu'étendre ces impuretés par des frottements réitérés et favorisent ainsi leur pénétration dans le sol. Deux ou trois fois l'an, ils répandent sur le pavement une quantité d'eau qu'ils étendent de tous côtés à l'aide de balais, sans frotter de manière à détacher les immondices; puis, sur ce terrain humide, ils étalent de la paille de seigle ou d'orge qu'ils y laissent pendant deux ou trois jours pour absorber l'humidité; puis, de nouveau, ils la ramassent en tas, et la rejettent enfin hors de l'hôpital (2).

L'examen, même superficiel, de cette manière de nettoyer les hôpitaux fait reconnaître tout de suite qu'elle est insuffisante; car les ordures les plus adhérentes ne sont pas détachées, et on laisse la majeure partie de celles qui ont pénétré à travers les pores et les interstices du sol, d'où naissent les inconvénients signalés dans la quatrième section des causes efficientes; et cela d'autant plus sûrement que ce mode de lavage est rarement renouvelé plus de deux ou trois fois l'an (3).

(1) Le soin de veiller à la propreté de l'établissement appartient surtout aux infirmiers. Dès 1852, dans notre Notice sur l'hôpital Saint-Jean, nous avons appelé l'attention des administrateurs sur cette classe d'employés inférieurs, dont le salaire est loin d'ètre en rapport avec les services qu'ils doivent rendre. A Paris, les réclamations des médecins, à ce sujet, ont obtenu plus de succès.

« Déjà, en 1860, l'administration de l'assistance publique a amélioré notablement le >> sort des sous-employés, des infirmiers et des serviteurs de toutes les classes; les »salaires ont été augmentés; l'avancement hiérarchique a été institué pour ceux des serviteurs ayant les connaissances nécessaires, qui se rendraient dignes d'être élevés D au grade de sous-employé. Cette mesure, si favorable d'ailleurs à la bonne exécution » du service, a eu et aura pour résultat d'accroître de 60,000 francs, en 1861, le » montant des salaires de ces utiles agents et d'y ajouter, chaque année, par des aug» mentations périodiques, de nouvelles allocations qui placeront les serviteurs des hôpitaux et hospices dans une position à peu près égale à celle des serviteurs de la » ville, avec des droits à la pension et la perspective que n'ont pas ceux-ci d'un avan> cement assuré dans des postes meilleurs et plus relevés. »

D

(Gazette des hôpitaux de Paris, No 41, 1862.)

(2) Le lavage, à grandes eaux, du plancher des salles de malades est l'une des pratiques les plus pernicieuses de nos contrées, et tellement enracinée d'ailleurs dans les habitudes domestiques que malgré les réclamations les plus vives, répétées pendant de longues années, il nous a été impossible de la faire disparaître dans nos hôpitaux.

Faits avec modération et pendant les chaleurs de l'été, ces lavages sont utiles sous le rapport de la propreté; mais dans nos climats humides l'abus en est des plus nuisibles, et plus d'un blessé ou d'un opéré a succombé par cette cause.

Quelques médecins font cirer les planchers; mais de là, de fréquentes chutes. Le frottage et le briquetage sont préférables. Dans la marine française on ne lave plus l'intérieur du vaisseau; on se sert du racloir, de la brique et du balai, rarement du flobert mouillé.

(5) L'humidité est l'une des causes les plus malfaisantes qui sévissent dans les hôpitaux. Autant la profusion de l'eau serait salutaire dans les pays méridionaux, autant elle est pernicieuse dans nos climats ; et, cependant l'habitude ne se fait pas faute de prodi

Les matelas et les paillasses s'imprègnent des vapeurs exhalées par les malades et quelquefois de sueurs abondantes. Nous avons vu précédemment que ces matières constituent une des causes actives de l'infection et qu'il importe d'en délivrer au plus tôt les malades. Mais s'en préoccupe-t-on dans les hôpitaux ? Nullement. Il est rare que les lits soient aérés et que l'on renouvelle la paille: loin de là, au malade nouvellement admis pour une affection légère, on assigne une couchette, où gisait, il y a peu de temps, un mourant en proie à la fièvre putride; la seule chose dont on s'avise, c'est de lui accorder des draps de lit propres. Faut-il donc s'étonner que souvent les maladies légères se changent dans les hôpitaux en maladies graves et bientôt mortelles? En aucune manière, je pense.

Le malade, qui occupe le lit du mort, son prédécesseur, est étuvé dans un bain de vapeurs putrides, exhalées du corps du défunt, pendant la durée de l'affection et retenues dans les literies qui en sont imbibées; grave inconvénient qui ne peut exister sans qu'une grande partie des effluves pénètrent dans le corps de ce nouveau malade et n'y engendrent les désordres les plus graves. Il faut ajouter aussi que les vapeurs, dont le lit souillé est la source, empestent l'air et nuisent à tous les malades de la méme infirmerie (1).

TITRE II. Des causes qui rendent l'air nuisible dans les prisons.

Les causes qui vicient l'air des prisons doivent être divisées comme celles qui agissent dans les hôpitaux, en causes adjuvantes et en efficientes.

guer ici, avec excès, le même liquide, qu'ailleurs on n'accorde que d'une main avare. Il est d'usage, dans les Pays-Bas, de laver, recurer, à grandes eaux, les établissements publics et les maisons privées. Certes, la propreté en tire un grand profit; mais là où gisent des malades, les règlements devraient être sévères pour la répression d'un véritable abus.

L'érysipele qui complique si souvent les blessures graves et les opérations chirurgicales ne reconnaît guère d'autre cause; il sévit souvent sous forme d'épidémie dans les établissements de la charité publique, mais que les médecins y prennent garde; et s'ils ont quelque soin de leurs malades, ils acquerront la certitude que l'humidité a la plus grande part à la mortalité qui, sous forme d'érysipèle, sévit dans les divisions chirurgicales des hôpitaux.

Pendant de longues années, mon très-respectable père, et moi-même après lui, nous avons pronostiqué l'aggravation de l'état des malades qui nous étaient confiés, pour le dimanche ou le lundi suivant, par la seule raison, que d'après un usage dont l'origine se perd dans la nuit des temps, le recurage général à grandes eaux se fait le vendredi dans toutes les maisons de charité de nos bonnes communes flamandes : toujours, malheureusement, nos prévisions se sont trouvées justes.

(1) Les lits, sous le rapport de leur composition, sont aussi d'une grande importance comme causes d'insalubrité. Les matelas en plume doivent être proscrits ; le crin vaut mieux et, comme économie, le zostère et la fougère sont excellents. Dans les hôpitaux de Londres, les lits sont bas, sans rideaux, à châlits en fer. Ils n'ont qu'un seul matelas de laine sur un fond de toile tendue. Couvertures en laine, draps en toile blanche.

Nous avons exposć notre pensée sur les châlits en fer dans la Notice sur l'hôpital Saint-Jean. Quant aux rideaux, pour qu'ils n'interceptent pas la circulation de l'air, il suffit de les tenir serrés contre la muraille ou les quenouilles des lits. Ils sont utiles surtout pour protéger la pudeur des femmes et des adolescents des deux sexes; il importe de les changer souvent; la laine est de tous les tissus celui qui convient le moins à cause de l'avidité avec laquelle elle absorbe les miasmes; il vaut mieux les confectionner au moyen d'un tissu d'un apprêt imperméable.

« PrécédentContinuer »