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de remède constant, absolu, spécifique. >> Cela dit, il mentionne les divers moyens employés par les praticiens. Il examine la médication strychnique instituée par M. Trousseau; la gymnastique et les bains sulfureux, préconisés par M. Blache; les ferrugineux vantés par Sandras; les saignées générales et locales employées par Sydenham, Bouteille et J. Frank; les bains froids seuls ou associés aux divers antispasmodiques, comme cela se pratique à l'hôpital des Enfants; les bains froids par immersion et les pilules de Méglin à la manière de Dupuytren; les bains à 14o ou 15° prolongés pendant une heure, mis en usage par Constant; les arsénicaux dont se sert Guersant; le traitement multiple et varié de Larrey; le chloroforme qui a fait l'objet d'une thèse de J.-E. Gery; l'émétique à haute dose, médication que M. Bonfils a développée dans une thèse où il est question: 1o de la méthode de Laennec qui administrait l'émétique, tous les jours, à doses stationnaires quand il y avait amélioration rapide 0,50 centigrammes et à doses progressivement croissantes 0,30 0,45 0,60 — 0,75 — 0,90 centigrammes quand la maladie s'amendait lentement, et toujours en facilitant la tolérance du médicament, de manière à éviter les vomissements et la diarrhée; 2o de la méthode de Breschet qui prescrivait 0,20— 0,50 0,40 centigrammes d'émétique dans une infusion de tilleul édulcorée à l'aide du sirop diacode, en même temps qu'il donnait de deux en deux heures des pilules composées de gomme-gutte, scammonée et calomel, ââ 0,15 centigrammes pour chacune; 3o de la méthode de Barbaud qui prescrit 1 gramme de scammonée et 4 gramme d'émétique; 4o de la méthode de M. Bouley, qui administre l'émétique à la dose de 0,50 centigrammes, 1 gramme, 1 gramme et 50 centigrammes, dans un julep à prendre en deux fois à une demie heure d'intervalle, et enfin, 5; de la méthode de Gillette et Bonfils qui administrent l'émétique à la dose de 0,20 à 0,90 centigrammes dans un julep gommeux simple ou édulcoré par du sirop diacode, une cuillerée à café toutes les heures ou à des intervalles plus rapprochés. Après ces détails, M. Quantin mentionne une foule d'autres médicaments employés avec plus ou moins de succès ou de revers par les hommes de l'art. De nombreuses observations sont rapportées à la suite des médications les plus importantes. L'auteur déduit de ces observations des consé quences rigoureuses et logiques. Il démontre, d'après les réussites et les insuccès

qui suivirent les divers modes de traitetement, que la thérapeutique de la chorée doit varier à l'infini, qu'elle doit être subordonnée à l'état général, au sexe, au tempérament, à la constitution, à l'âge du sujet, à la cause, à la forme de la maladie et à une foule d'autres particularités dont, ici comme ailleurs, le médecin doit tenir compte avant de rien entreprendre.

Si l'auteur paraît, au commencement de son livre, inférieur à ce que l'on est en droit d'attendre d'un écrivain, dans une monographie, on doit reconnaître qu'il a rédigé, avec talent, la partie qui concerne le traitement. Cette partie surtout a de l'importance et mérite d'attirer l'attention. A côté du précepte théorique se trouve toujours le fait pratique; à côté du médicament proposé, se rencontre le fait qui en montre l'inutilité ou le bienfait. Si M. Quantin s'étend longuement sur les médicaments dont l'efficacité est réelle et bien constatée, il passe sous silence les moyens ridicules dont leurs auteurs n'ont pas même cherché à examiner, encore moins cherché à expliquer l'emploi. Son livre est écrit dans un style simple, clair et correct. Il sera utile à ceux qui en feront une étude sérieuse. En conséquence de ce qui précède, j'ai l'honneur de vous proposer de voter des remerciments à M. Quantin et de déposer honorablement son traité de la chorée dans les archives de notre Société.

M. le président, ayant déclaré la discussion ouverte, accorde la parole à M. Bougard.

M. BOUGARD. J'ai quelques observations à faire relativement à la manière dont l'auteur a considéré la chorée. Il ne dit rien de la paralysie qui se présente quelquefois dans le cours de cette maladie. Dans la généralité des cas, je sais qu'il n'y a pas de paralysie, mais il est évident aussi que la chorée peut entraîner la paralysie et même une paralysie complète. Ce qui le prouve, c'est qu'on a admis une paralysie choréique. Pour ma part, j'en ai vu des cas manifestes. Dans cet état, les muscles de la malade ne sont plus soumis à l'action de sa volonté, et elle ne peut faire aucun mouvement. Il est vrai, que des mouvements désordonnés, des convulsions se produisent parfois, mais ces convulsions se présentent dans une foule de paralysies. Nous voyons les paralytiques les plus complets avoir quelquefois des convulsions.

Mon but, en présentant cette observation, a été de constater que l'auteur a passé sous silence, dans son ouvrage, la paralysie choréique, qui est l'une des faces les plus importantes de la chorée.

M. TIRIFAHY. De ce que la paralysie accompagne on suit quelquefois la chorée, il n'en résulte pas que la danse de Saint-Guy soit parfois de nature paralytique, ni qu'il y ait une danse de Saint-Guy paralytique. Les mots de chorée et de paralysie sont des mots qui doivent s'étonner de se trouver réunis. A la chorée se joint immédiatement l'idée de mouvements convulsifs ou désordonnés; à la paralysie se rapporte l'absence de tout mouvement. Que la paralysie succède à la chorée, vienne après elle dans le temps, nous le concevons sans peine. Un épuisement nerveux survenant chez un choréique qui a présenté des mouvements en excès peut amener la paralysie; une lésion des centres nerveux qui, dès le principe a produit la chorée, peut, en faisant des progrès, amener une paralysie ; la syphilis, l'intoxication mercurielle, peuvent provoquer une chorée d'abord, une paralysie ensuite. Il n'y a pas là de quoi dénommer une paralysie survenant dans ces circonstances, une chorée paralytique. Nous comprenons donc bien une chorée syphilitique, une chorée mercurielle, mais nous ne comprenons pas une chorée paralytique, pas plus qu'une syphilis paralytique. Ici, si nous voulions exprimer ces deux idées renfermées dans les deux mots et les qualifier l'une par l'autre, nous dirions une paralysie syphilitique et nous serions sûr d'être compris. Nous ne pensons pas qu'on puisse qualifier ni la choréc, ni la paralysie l'une par l'autre, attendu que l'une de ces affections (la chorée, mouvements convulsifs désordonnés) est la négation de l'autre (paralysie, absence de tout mouvement). Si M. Bougard a observé chez les mêmes individus des chorées d'abord et des paralysies ensuite, ces affections ne doivent-elles pas être rapportées à un état pathologique particulier des centres nerveux dont la chorée était la première manifestation et la paralysie la seconde, par suite des progrès du mal?

M. Bougard nous dit qu'on observe des mouvements convulsifs chez des paralytiques. Ces mouvements ne sont pas la conséquence naturelle de la paralysie. Dans l'apoplexie cérébrale, par exemple, où la présence d'un caillot sanguin et la destruction de la substance encéphalique déterminent la paralysie, s'il survient des convulsions, elles tiennent non pas à la présence du caillot, mais à l'inflammation que celuici cause dans les centres nerveux où il siége.

M. BOUGARD. Je n'entends pas du tout par paralysie choréique la paralysie qui provient de l'épuisement du système neryeux. C'est une paralysie qui se trouve

sous la dépendance de la chorée, qui cède aux moyens qu'on emploie pour guérir celle-ci ; qui suit exactement la marche de la chorée, c'est-à-dire qui s'améliore quand s'améliore la chorée. C'est une paralysie essentiellement nerveuse, comme nous avons la paralysie hystérique, et non pas une paralysic qui succède à l'épuisement.

Je crois que l'auteur aurait dù s'occuper de ce point; s'il ne s'occupe pas de la paralysie choréique, il y a donc une véritable lacune dans son ouvrage.

M. TIRIFAHY. L'auteur a donné les divisions des différentes espèces de chorées en les qualifiant, tandis que vous parlez d'une maladie nouvelle que vous désignez au moyen de l'adjectif qui dérive de la chorée. M. BOUGARD. N'est-ce pas un traité sur la chorée?

M. TIRIFAHY. Oui, mais non pas sur la paralysie.

M. HENRIETTE. Je demanderai à M. le rapporteur si M. Quantin signale dans son ouvrage les avantages que l'on retire des préparations arsénicales pour le traitement de la chorée?

M. TIRIFAHY. Il ne fait qu'effleurer les médicaments; il n'insiste que sur l'emploi de la strychnine et de l'émétique, en disant pen de chose des arsénicaux.

M. HENRIETTE. Pour réparer ce que je crois être une lacune dans l'ouvrage de M. Quantin, je crois devoir appeler votre attention toute particulière sur l'utilité des préparations arsenicales pour combattre la chorée. J'ai devers moi peut-être une douzaine de faits à l'appui de mon dire. Des enfants atteints de chorées vraiment désordonnées qui avaient résisté au traitement ordinaire, aux antispasmodiques connus, à la strychnine, aux pilules de Méglin, aux bains, me furent présentés en désespoir de cause. Comme l'arsenic n'avait pas été employé, je prescrivis la liqueur de Fowler à doses fractionnées. Chaque jour j'augmentais la dose de 1 ou 2 gouttes, j'arrivais ainsi à faire prendre chaque jour, par un enfant, jusqu'à 50 et 40 gouttes. Les faits recueillis à ce sujet sont des mieux constatés. Je puis vous certifier que tous les enfants, atteints de chorée, ont été guéris par les préparations arsénicales. La promptitude avec laquelle cette médication agit est vraiment surprenante. Au bout de huit ou neuf jours, on s'aperçoit déjà d'une diminution véritable dans la folie musculaire qui caractérise la chorée.

J'ai appelé votre attention sur ce point pour que vous voulussiez bien nous donner connaissance des guérisons de chorée

que vous auriez obtenues par l'emploi des préparations arsénicales. Nous appellerons ainsi l'attention des praticiens sur cette médication si utile, puisque la chorée qui résiste presque toujours aux autres remèdes, exerce une influence si grave au point de vue de la paralysie et des facultés intellectuelles.

M. CROCQ. Je ne puis que confirmer pleinement ce que vient de dire M. Henriette. Moi aussi j'ai observé des chorées guéries par des préparations arsénicales.

:

Je n'ai trouvé, dans les nombreux cas de chorée que j'ai eus à traiter, que trois médicaments efficaces, à savoir l'acide arsénieux, la strychnine et la belladone. Recourir aux antispasmodiques c'est perdre son temps; le succès, s'il survient, n'est qu'un effet du hasard. Les trois remèdes que je viens de citer, au contraire, sont à mes yeux d'une efficacité qui ne permet pas le moindre doute. Mais il est important de noter que l'on doit les administrer à doses suffisantes, de façon que celles-ci soient en quelque sorte adéquates à la maladie que l'on doit combattre. Si l'on recule épouvanté devant la qualification de poison attribuée à ces précieux agents thérapeutiques, si on ne les administre qu'à doses faibles et insuffisantes, on n'arrive à rien. Il faut les pousser aussi loin que posible, jusqu'à ce que l'on observe des phénomènes physiologiques ou thérapeutiques évidents.

J'ai tenu, Messieurs, à faire cette observation, par la raison que les praticiens qui ne tiendraient pas compte du principe que je viens de poser, échoueraient dans la plupart des cas, et nieraient alors l'efficacitée des agents thérapeutiques dont nous nous occupons.

M. DIEUDONNÉ. Pour répondre à l'appel qui vient d'être fait par M. Henriette pour que les membres qui ont eu l'occasion d'employer les préparations arsenicales dans le traitement de la chorée veuillent bien communiquer le résultat de leur expérience, je vous rappellerai seulement, Messieurs, qu'il y a au moins quinze ans, j'ai publié dans le Journal de la Société un article sur le traitement de cette affection par l'arsénite de potasse (1); depuis lors je n'ai cessé d'employer cette médica tion qui m'a réussi chaque fois que j'y ai eu recours. Il y a un peu plus de quatre ans, en rendant compte dans notre Journal d'un travail du docteur Rice sur le traitement de la chorée par l'arsenic, j'ai encore insisté sur l'utilité et l'efficacité de cette médication et déclaré que, selon moi, elle (1) Voir tome VII, p. 36 (1848).

était, entre toutes, celle qui guérissait le plus promptement et le plus sûrement la névrose choréique (2). Enfin, il y a trois ou quatre mois, nous avons encore reproduit dans notre Journal le travail de M. le docteur Gellé qui, en rapportant les faits constatés dans le service du regrettable docteur Gillette, est venu confirmer les effets avantageux des préparations arsénicales. Il est donc évident pour moi, comme, du reste, pour un grand nombre de médecins, que l'arsenic est le remède le plus efficace contre la chorée, aussi bien dans sa forme aiguë que dans sa forme chronique; et en effet, on est, pour ainsi dire, maître de la maladie au bout de dix à douze jours. Les faits que vient de nous citer M. Henriette sont donc une nouvelle confirmation des bons résultats constatés par d'autres observateurs.

M. ROSSIGNOL. Tout ceci prouve qu'il y a une grande lacune dans l'ouvrage.

M. HENRIETTE. Comme l'a fait observer, avec raison, M. Crocq, il faut toujours augmenter les doses jusqu'à ce que l'on s'aperçoive de faits physiologiques ou thérapeutiques certains. C'est ainsi que j'ai administré jusqu'à 40 gouttes de la liqueur de Fowler à des enfants de cinq à dix ans. Inutile de dire que l'on ne cesse pas brusquement l'emploi du médicament on diminue les doses dans les mêmes proportions qu'on les a augmentées. Je suis heureux de voir que notre façon de procéder a déjà pour elle l'expérience, puisque notre honorable président y a recours depuis une quinzaine d'années. Quant à moi j'emploie les préparations arsenicales depuis sept à huit ans, c'est-à-dire, lorsque j'ai acquis la conviction que les autres médicaments sont inefficaces.

J'ai l'habitude quand des enfants atteints de chorée me sont soumis à l'hôpital SaintPierre de les traiter d'abord, pour l'instruction des élèves, par les anti-spasmodiques. Ce n'est que, de guerre lasse, quand nous voyons que nous n'obtenons aucun résultat que nous recourons à l'arsenic.

M. CROCQ. J'ai également obtenu des succès avec l'extrait de belladone.

M. SACRÉ. Je suis à même de confirmer ce que M. Crocq vient de dire de l'efficacité de la belladone.

L'année dernière, j'ai donné mes soins à une jeune fille de douze ans, atteinte de chorée. Depuis quatre ans, elle avait suivi divers traitements médicaux et extra-médicaux. Je lui administrai des pilules d'extrait de belladone, en commençant par la dose de 2 centigrammes en vingt-quatre (2) ́oir tome XXVIII, p. 56 (1859).

heures, pour finir par celle de 9 centigrammes, dose qui n'a jamais été dépassée. Six semaines de ce traitement suffirent pour amener une guérison complète qui s'est maintenue jusqu'à ce jour.

M. MARTIN. Permettez-moi, Messieurs, de constater à mon tour, que le traitement de la chorée par les bains sulfureux m'a parfaitement réussi.

Personne ne demandant plus la parole, la discussion est close. M. Tirifahy ayant encore à rendre compte d'un autre travail de M. Quantin, le vote sur les conclusions du rapport est réservé.

M. TIRIFAHY donne ensuite lecture du rapport suivant :

Messieurs, M. le docteur Émile Quantin, de Paris, a fait parvenir, à la Société, une brochure traitant : 1o de la syphilis et de son extinction partielle, mais sûre; 2o de l'hygiène des hôpitaux; 3o d'un nouveau mode de patente pour les médecins; 4o de l'exercice illégal de l'art de guérir.

Cette brochure, écrite sous forme de lettres, est adressée par le médecin de Paris à un confrère de province. En voici la substance:

Are Lettre. C'est un devoir pour l'homme de l'art de signaler les avantages hygiéniques qu'il croit être d'une utilité incontestable. C'est ce qui a poussé l'auteur à traiter de la syphilis, de son extinction sûre, mais seulement partielle et locale. Quant à l'extinction totale et générale de cette maladie, il est de toute impossibilité de l'obtenir, à cause de la prostitution clandestine. Les mesures prises jusqu'aujourd'hui sont très-insuffisantes pour sauvegarder la santé et l'hygiène publiques. Les médecins des dispensaires ne peuvent constater qu'une chose, c'est qu'une prostituée est ou n'est pas saine au moment où ils la visitent, et même, vu le nombre considérable de femmes et les artifices dont elles savent user, les médecins n'ont pas toujours le temps de découvrir, malgré leurs connaissances, les maladies dont elles sont infectées.

2o Lettre. - Où et comment éteindre la syphilis? ? Dans les maisons de débauche, par une réglementation mieux entendue de la prostitution. Les filles munies d'une carte devront seules se présenter à la visite du dispensaire. Toutes les femmes qui vivent, réunies dans les maisons de tolérance, seront visitées à domicile. Dans chacune de ces maisons il sera établi un service médical et un service pharmaceutique. D'un âge mûr, d'une science reconnue et d'une moralité éprouvée, le médecin

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et le chirurgien demeureront dans un appartement séparé, mais à poste fixe, dans les maisons, et auront pour mission de visiter les femmes deux fois par semaine et tous les hommes qui se présenteront. Avec ce système, les femmes seront presque toujours en état de santé. Malades, elles seront vite guéries, puisque le mal sera vu à son origine et traité immédiatement. Les hommes ne viendront pas chercher des maladies pour les transporter au sein de la société ni de la famille. La morale publique ne sera plus offensée du spectacle scandaleux qu'offrent ces dames, chaque fois qu'elles se rendent par troupes aux dispensaires, en traversant la ville en plein jour. Une lanterne verte ou bleue placée audessus des portes des maisons de tolérance remplacera les matrones à tablier blanc qui sont les enseignes vivantes du vice et éloignera du trottoir les jeunes filles sans pudeur qui y raccrochent les passants. On trouvera facilement des médecins pour les maisons de prostitution; car, pourquoi se refuseraient-ils à prévenir un mal qu'ils ne demandent pas mieux que de traiter et de guérir, une fois qu'il est bien établi? 3e Lettre. La prostituée pour la maitresse de maison n'est plus une femme, c'est une chose qui doit rapporter les plus grands profits possibles. Exploitée tant qu'elle produit des bénéfices, elle est renvoyée sans pitié dès qu'on ne peut plus en tirer bon parti. Cependant elle a beaucoup de belles qualités et de bons sentiments. C'est souvent la misère et la lâcheté d'un séducteur qui l'ont plongée dans le vice. On remédiera à cette ignoble exploitation de la femme par la femme, on soustraira la prostituée à son métier honteux, en suivant le système de l'auteur, système en vertu duquel chaque maison sera sous la dépendance directe d'un agent général, officiellement nommé par l'administration. Ainsi, un agent centralisant tous les pouvoirs, chef; différents services, tels que médical, chirurgical, pharmaceutique, administratif, etc. Un nombreux domestique. Chaque maison sera, en raison de son importance, d'un grand produit, et elle se suffira non-seulement à elle-même, mais elle offrira après la rétribution proportionnelle et mensuelle de chaque service, un excédant dont une partie sera remise aux femmes qui l'auront si péniblement gagné et dont l'autre partie sera consacrée à fonder pour elles une caisse de secours qui leur permettra de ne plus tomber, pour y mourir de faim, contre les bornes des campagnes ou sous les portes cochères des villes.

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La dépense pour le personnel s'élèvera done à 3,000 francs par mois. Les frais de nourriture, etc., payés, le reliquat sera partagé à la fin de chaque mois entre les pensionnaires.

Be Lettre. Le directeur sera pris parmi les inspecteurs des bureaux des mœurs. Reconnu homme de capacité et de moralité, il devra être d'un certain âge. Le médecin et le chirurgien n'obtiendront la place que par le concours. La préférence sera accordée aux anciens élèves sortis de Lourcine, de Saint-Lazare ou du Midi. Ils seront âgés au moins de 40 ans. Ils feront deux visites par jour et ne pourront s'éloigner en méme temps de l'établissement. Le pharmacien sera choisi parmi les jeunes gens que le manque de fortune empêche de s'établir. Il s'occupera de la préparation des médicaments, de la statistique des mortalités et des maladies diverses, du cahier d'observations, des analyses, etc. Les commis d'économat d'une administration quelconque fourniront le receveuréconome. La maitresse et les sousmaitresses seront recrutées parmi les maitresses actuelles de maison. Elles devront avoir été filles publiques et avoir au moins 40 ans. Les sous-maîtresses deviendront maitresses par rang d'âge. Les 25 domestiques seront prises parmi les vieilles prostituées. Elles recevront, à la fin de chaque trimestre, la moitié de leurs gages. L'autre moitié leur constituera une masse qui leur sera remise à leur sortie de l'établissement.

6 Lettre. — Hygiène des hôpitaux. Dans la discussion qui s'est ouverte au sein de l'Académie de médecine, les divers orateurs ne se sont pas compris, parce que chacun a envisagé la question à un point de vue différent. L'on serait parvenu à s'entendre si l'on était parti de cette idée, que c'est l'encombrement qui produit les épidémies et augmente la mortalité. Guidé

par ce principe, l'auteur conseille de réduire de moitié le nombre des lits dans les salles des hôpitaux actuels; de construire de petits hôpitaux, composés de grandes salles renfermant peu de lits et entourés de vastes cours et d'immenses jardins; d'adopter, pour la ventilation, le système de M. Corbet, de Besançon, consistant à établir des fenêtres inférieures sous les lits, pour renouveler l'air, et des fenêtres supérieures pour donner la lumière; d'éloigner, au plus tôt, les objets de pansement, les bassins, les chaises percées, etc., et de gratter et blanchir à la chaux, les murs, deux fois chaque année.

7e Lettre. Nouveau mode de patente pour les médecins. Après s'être élevé contre l'impôt dont sont frappés abusivement les médecins, l'auteur propose de remplacer la patente actuelle par des timbres-ordonnances coûtant 2 1/2 centimes pièce. Ce serait un moyen de supprimer l'exercice illégal de l'art de guérir et de grossir considérablement les revenus de l'État, en gênant moins le médecin, qui payerait proportionnellement à son gain.

8c Lettre. De l'exercice illégal de l'art de guérir. Les charlatans exploitent ouvertement le public. Pour remédier à cette exploitation, il faudrait élever les peines applicables à ceux qui exercent illégalement l'art de guérir et ordonner aux pharmaciens de ne délivrer les médicaments que d'après les prescriptions des médecins revêtues du timbre-ordonnance.

Telle est l'analyse succincte de la brochure de M. Émile Quantin. Comme on peut en juger, l'auteur traite d'abord de la syphilis, non pas au point de vue scientifique, mais au point de vue administratif. Il déclare insuffisantes les mesures prises par l'autorité, pour sauvegarder l'hygiène et la santé publiques. Si l'on peut juger de ce qui se passe à Paris par ce qui se pratique à Bruxelles, où les règlements de police sanitaire sont, je pense, analogues à ceux de la capitale de la France, l'on doit, me paraît-il, se déclarer à peu près satisfait des garanties que l'on a, relativement à la santé des filles publiques, de celles, du moins, qui sont officiellement portées sur la liste de la prostitution. En effet, que se passe-t-il ici? Des visites sont prescrites et se font plus d'une fois par semaine. Des médecins, zélés et instruits, sont préposés à ces visites; les filles publiques, dès que leur état paraît suspect, sont envoyées à l'hôpital. Là elles sont soumises à un examen attentif. Le mal est recherché partout où il peut se trouver, de la manière la plus minutieuse, la plus scrupuleuse par

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