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les, est promptement améliorée par la saignée du bras, tandis que la saignée locale reste à peu près sans action. Dans les flux puriformes chroniques du conduit auditif, on procure un bien plus grand soulagement en scarifiant la membrane du conduit auditif qu'en employant les ventouses, les sangsues et même la saignée.

› Les sangsues ont une véritable efficacité quand on les applique au-devant du tragus, et tout à fait au début de l'otite externe catarrhale ou a frigore.

» Les ventouses réussissent à merveille pour enlever la douleur dans les inflammations aiguës et même subaiguës de la caisse et des cellules mastoïdiennes, à la condition de les appliquer à la base de l'apophyse mastoïdienne, de les scarifier convenablement et d'en tirer plusieurs verres de sang.

Elles sont aussi d'une utilité incontestable pour calmer et même faire disparaître la douleur qui succède et survit aux vieilles phlegmasies labyrinthiques pour remplir cette indication, l'apophyse mastoïde est également le lieu de leur application. C'est aussi dans ce dernier cas que la saignée du bras et surtout celle de la jugulaire produit d'excellents effets. Le sang est toujours couenneux dans l'otite interne, surtout dans l'otite syphilitique.

» Mais je veux insister spécialement sur les scarifications de la membrane du conduit auditif.

› Ce moyen thérapeutique, que j'ai mis en usage le premier, est réellement excellent. Une expérience déjà longue m'a convaincu que ces scarifications sont utiles, non-seulement quand l'inflammation de la membrane du conduit est à son déclin, mais souvent même dans la période aiguë et surtout quand le gonflement de son tissu est considérable. Une ou deux incisions longitudinales et profondes, faites avec un petit tenotome scarificateur, donnent une quantité suffisante de sang pour le but qu'on se propose.

› Deux précautions indispensables pour mener à bonne fin cette petite opération doivent être indiquées ici. La première est de porter doucement jusqu'au fond du conduit auditif un petit bourdonnet de coton, avant de commencer l'opération, afin que le sang, en se répandant, ne forme point de caillot à la surface de la membrane du tympan; ces caillots sanguins seraient une cause nouvelle d'irritation pour un organe déjà souffrant et, de plus, ils seraient difficiles à déplacer sans augmenter l'irritation. La seconde, c'est d'absterger souvent et doucement, à l'aide d'un

petit fragment d'éponge porté à l'extrémité d'une petite pince, la surface des incisions, afin de faciliter l'écoulement du sang. Quelques pressions légères sur le tragus aideront encore à obtenir cet effet.

» 2o La ponction de la membrane du tympan, que j'ai recommandée dans les cas d'accumulation de pus, de mucus ou de sang dans la caisse, doit nécessairement trouver place ici. C'est une opération extrêmement utile et qui rend d'immenses services dans des cas bien déterminés. Une aiguille à cataracte suffit pour la pratiquer, et c'est à cet instrument que j'ai toujours donné la préférence.

» Le lieu d'élection est la partie antérieure et inférieure de la cloison, à environ 2 millimètres de sa circonférence. Quand l'instrument a pénétré dans la caisse de 5 millimètres au plus, on peut le retirer un peu, et tourner la lame sur son axe, ce qui permet au liquide de s'écouler; il est bien entendu que l'application du spéculum et l'emploi d'un éclairage convenable sont indispensables pour pratiquer cette opération. J'ai toujours vu un soulagement immédiat et même une guérison rapide en être la conséquence, et j'en ai rapporté des observations démonstratives.

» Aussitôt le résultat obtenu, il faut s'appliquer à immobiliser le tympan, en fermant l'entrée du conduit auditif à l'aide d'un tampon de coton et d'un bandage approprié; l'expérience ayant démontré que les plaies du tympan, sans perte de substance, se cicatrisent facilement, pourvu que la membrane soit soustraite pendant quelques jours à l'action des ondes sonores.

3o Les purgatifs ont une certaine efficacité dans le traitement des otites. Le calomel, la scammonée, le jalap chez les adultes; le soufre doré, la rhubarbe, le calomel chez les enfants, m'ont donné d'excellents résultats. Seulement il faut y recourir de bonne heure.

» 4° Les vomitifs sont essentiellement utiles dans le traitement des diverses affections de l'oreille, non-seulement quand il y a lieu de supposer qu'un état de surcharge des organes digestifs, une dyspepsie, un embarras gastrique, contribuent à entretenir l'irritation, mais encore comme un moyen de déprimer la circulation sanguine et lymphatique.

» Dans les cas chroniques, l'influence que ces médicaments exercent sur les vaisseaux absorbants est de la plus grande utilité; en déterminant l'absorption des produits morbides déposés au sein des tissus malades, ils concourent ainsi à rendre aux membranes leurs propriétés premières et

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1o Rougeur; 2o vascularisation; 3o tumefaction. Ils n'offrent ici rien de bien particulier dans leur étude.

Symptômes secondaires. — 1o Épanche ment de sang. On observe des ecchymoses dans le conduit auditif, dans la membrane des tympans. Ces ecchymoses, plus ou moins étendues, apparaissent comme une morsure de puce; quelquefois elles sont plus considérables et ont deux ou trois millimètres de diamètre. Dans certains cas l'épiderme semble soulevé, et, en le piquant légèrement avec une aiguille fine, on fait sourdre une gouttelette de sang qui témoigne de l'existence d'un épanchement sous-épidermique.

2o Suppuration, abcès. L'abcès formé sous l'épiderme s'ouvre dans le conduit auditif, mais lorsque l'abcès s'est développé dans l'épaisseur des feuillets membraneux qui composent la cloison tympanique, une perforation est inévitable et les conséquences en seront très-graves au point de vue de la conservation des fonctions de l'organe.

3o Adhérences. 40 Ulcerations. Les ulcèrations légères de la cloison tympanique et celles qui existent dans le conduit guérissent en général facilement; leur pronostic est moins favorable lorsqu'elles sont sous l'influence d'une diathèse. Si l'ulcération de la cloison est large, si elle présente l'étendue d'une lentille, on aura beau faire, lors même qu'aucune diathèse ne serait en cause, tout soin sera inutile ; cette ulcération ne pourra guérir.

5o Gangrène. On la voit survenir dans certaines affections suraiguës, notamment dans les fièvres graves, variole, scarlatine, fièvre typhoïde, rougeole. Dans le conduit auditif, la perte de substance se répare facilement, mais la destruction d'une portion plus ou moins grande du tympan peut être suivie de la chute des osselets, l'étrier scul restant en place, de l'écoulement du liquide de l'oreille interne. Tout se dessèche alors au contact de l'air; le nerf auditif perd ses propriétés et on a devant soi une surdité profonde et incurable.

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suite de gourmes; 3° otite blennorrhagique.
II. Otile scrofuleuse. Otile phlycté-
noïde (myringitis) et pustuleuse.
III. Otite rhumatismale.
IV. Otite goutteuse.
V. Otite syphilitique.

VI. Otite des fumeurs, des buveurs.
VII. Otite erysipélateuse.
VIII. Otite varioleuse.
IX. Otite morbilleuse.
X. Otile scarlatineuse.

B. OTITES INTERNES.

1o Inflammation catarrhale de l'oreille moyenne; 2o inflammation phlegmoneuse; 3o inflammation périostique.

C. OTITE LABYRINTHIQUE OU CÉRÉBRALE. Le traitement des olites repose sur des règles générales et particulières.

Règles générales. 1o Rechercher et combattre les causes de l'otite; 2° étudier l'état diathésique de la constitution et s'enquérir des maladies antérieures du malade; 3o garantir l'oreille contre de nouvelles causes d'irritation; 4o mettre l'organe au repos; 5o examiner l'oreille tous les jours, suivant les cas, et même plus souvent.

Règles particulières. Ces règles particulières se composent d'un grand nombre de moyens dont nous croyons la description assez importante pour la reproduire textuellement.

« 1o Émissions sanguines. La saignée du bras ou de la jugulaire, l'application de sangsues autour de l'oreille, des ventouses, la scarification de la membrane du conduit auditif, sont les quatre moyens de tirer du sang auxquels on a le plus souvent recours dans les otites.

» Ces quatre moyens, toutefois, ne peuvent se suppléer l'un l'autre, et souvent on s'expose à laisser l'organe de l'ouïe se détruire, en employant l'un ou l'autre indifféremment, sans être guidé par les principes sûrs de l'observation clinique.

» Par exemple, la saignée générale, en abaissant et déprimant les forces du malade, aggrave les otites scrofuleuses; quelques sangsues, au contraire, appliquées à point, produisent une grande amélioration, en faisant cesser la turgescence locale. L'otite interne, avec des symptômes fébri

les, est promptement améliorée par la saignée du bras, tandis que la saignée locale reste à peu près sans action. Dans les flux puriformes chroniques du conduit auditif, on procure un bien plus grand soulagement en scarifiant la membrane du conduit auditif qu'en employant les ventouses, les sangsues et même la saignée.

» Les sangsues ont une véritable efficacité quand on les applique au-devant du tragus, et tout à fait au début de l'otite externe catarrhale ou a frigore.

» Les ventouses réussissent à merveille pour enlever la douleur dans les inflammations aiguës et même subaiguës de la caisse et des cellules mastoïdiennes, à la condition de les appliquer à la base de l'apophyse mastoïdienne, de les scarifier convenablement et d'en tirer plusieurs verres de sang.

Elles sont aussi d'une utilité incontestable pour calmer et même faire disparaitre la douleur qui succède et survit aux vieilles phlegmasies labyrinthiques pour remplir cette indication, l'apophyse mastoïde est également le lieu de leur application. C'est aussi dans ce dernier cas que la saignée du bras et surtout celle de la jugulaire produit d'excellents effets. Le sang est toujours couenneux dans l'otite interne, surtout dans l'otite syphilitique.

» Mais je veux insister spécialement sur les scarifications de la membrane du conduit auditif.

» Ce moyen thérapeutique, que j'ai mis en usage le premier, est réellement excellent. Une expérience déjà longue m'a convaincu que ces scarifications sont utiles, non-seulement quand l'inflammation de la membrane du conduit est à son déclin, mais souvent même dans la période aiguë et surtout quand le gonflement de son tissu est considérable. Une ou deux incisions longitudinales et profondes, faites avec un petit tenotome scarificateur, donnent une quantité suffisante de sang pour le but qu'on se propose.

» Deux précautions indispensables pour mener à bonne fin cette petite opération doivent être indiquées ici. La première est de porter doucement jusqu'au fond du conduit auditif un petit bourdonnet de coton, avant de commencer l'opération, afin · que le sang, en se répandant, ne forme point de caillot à la surface de la membrane du tympan; ces caillots sanguins seraient une cause nouvelle d'irritation pour un organe déjà souffrant et, de plus, ils seraient difficiles à déplacer sans augmenter l'irritation. La seconde, c'est d'absterger souvent et doucement, à l'aide d'un

petit fragment d'éponge porté à l'extrémité d'une petite pince, la surface des incisions, afin de faciliter l'écoulement du sang. Quelques pressions légères sur le tragus aideront encore à obtenir cet effet.

» 2o La ponction de la membrane du tympan, que j'ai recommandée dans les cas d'accumulation de pus, de mucus ou de sang dans la caisse, doit nécessairement trouver place ici. C'est une opération extrêmement utile et qui rend d'immenses services dans des cas bien déterminés. Une aiguille à cataracte suffit pour la pratiquer, et c'est à cet instrument que j'ai toujours donné la préférence.

» Le lieu d'élection est la partie antérieure et inférieure de la cloison, à environ 2 millimètres de sa circonférence. Quand l'instrument a pénétré dans la caisse de 5 millimètres au plus, on peut le retirer un peu, et tourner la lame sur son axe, ce qui permet au liquide de s'écouler; il est bien entendu que l'application du spéculum et l'emploi d'un éclairage convenable sont indispensables pour pratiquer cette opération. J'ai toujours vu un soulagement immédiat et même une guérison rapide en être la conséquence, et j'en ai rapporté des observations démonstratives.

» Aussitôt le résultat obtenu, il faut s'appliquer à immobiliser le tympan, en fermant l'entrée du conduit auditif à l'aide d'un tampon de coton et d'un bandage approprié; l'expérience ayant démontré que les plaies du tympan, sans perte de substance, se cicatrisent facilement, pourvu que la membrane soit soustraite pendant quelques jours à l'action des ondes sonores.

5o Les purgatifs ont une certaine efficacité dans le traitement des otites. Le calomel, la scammonée, le jalap chez les adultes; le soufre doré, la rhubarbe, le calomel chez les enfants, m'ont donné d'excellents résultats. Seulement il faut y recourir de bonne heure.

» 4o Les vomitifs sont essentiellement utiles dans le traitement des diverses affections de l'oreille, non-seulement quand il y a lieu de supposer qu'un état de surcharge des organes digestifs, une dyspepsie, un embarras gastrique, contribuent à entretenir l'irritation, mais encore comme un moyen de déprimer la circulation sanguine et lymphatique.

>> Dans les cas chroniques, l'influence que ces médicaments exercent sur les vaisseaux absorbants est de la plus grande utilité; en déterminant l'absorption des produits morbides déposés au sein des tissus malades, ils concourent ainsi à rendre aux membranes leurs propriétés premières et

à la cloison surtout sa transparence et son élasticité

5o Les diaphorétiques trouveront leur emploi dans certaines conditions spéciales; par exemple, quand la suppression de la transpiration paraît avoir été la cause excitante de l'otite. En effet, l'oreille, remarquons-le bien, étant enveloppée par un prolongement des téguments, participe aux bons effets du renouvellement de la transpiration cutanée. Gardons-nous bien de croire, cependant, qu'ils suffisent à eux seuls pour guérir une otite, mais, à un moment donné, nous les employons comme de bons auxiliaires du traitement.

» 60 Mercure.-Dans les inflammations aiguës et fort douloureuses de l'oreille, le mercure est d'une efficacité vraiment admirable. L'otite interne, surtout l'otite labyrinthique, serait vraiment impossible à traiter sans le secours de ce précieux agent. Non-seulement ses effets spécifiques se manifestent dans les cas qui en réclament l'emploi, mais encore c'est en favorisant l'absorption des produits plastiques épanchés dans les cavités de l'oreille qu'il montre son incontestable utilité.

» Il faut, en général, l'employer à doses fractionnées, jusqu'à ce qu'il ait touché les gencives. On en suspend alors l'emploi, pour le reprendre un peu plus tard, si tout le bien possible n'en avait pas été obtenu.

>> Le plus souvent je l'associe ou à la scammonée, ou à l'opium : dans le premier cas, pour obtenir un effet purgatif décidé; dans le deuxième, pour calmer la douleur quelquefois si aiguë de l'otite, tout en déprimant fortement le mouvement circulatoire.

» 7o Les préparations arsenicales m'ont rendu de grands services dans les otites liées à un état herpétique de l'économie, dans les otites phlycténoïdes ou pustuleuses, nées sous l'influence de la diathèse strumeuse et entretenues par ce vice profond de la constitution. Les indications de cette médication seront appréciées au chapitre de l'inflammation phlycténoïde du tympan.

» 8o Toniques. - C'est dans cette dernière affection surtout que le quinquina et les autres toniques trouvent leur emploi. On peut aussi s'en servir, dans presque toutes les autres otites, à la période de dé clin, même à l'état chronique; ainsi que des ferrugineux, des acides minéraux, selon les cas et dans des conditions bien déterminées.

-

» 9o Opium. Sédatif par excellence de la douleur, ce médicament procure un

soulagement considérable pris à l'inté rieur, mais en petites doses et le plus souvent mélangé au calomel. Je proscris absolument l'emploi des opiacés en injections dans l'oreille, du laudanum, par exemple, comme dangereux et ayant même causé la mort, dans certains cas bien authentiques et parfaitement connus. C'est pourtant le remède des gens du peuple; mais il faut s'en abstenir sous peine d'accidents. Les frictions opiacées seules autour de l'oreille ne m'ont jamais donné que des résultats insignifiants; mais le mélange de l'extrait thébaique à l'onguent napolitain est d'un effet très-prompt et très-certain.

» 10° Les injections et fumigations émollientes avec l'eau de mauve, de graine de lin, la décoction d'orge, de son, trouvent leur emploi dans toutes les inflammations aiguës de l'oreille externe et de la membrane du tympan. Une injection tiède adoucit et détend les membranes enflammées de l'oreille, et comme le liquide s'évapore aux dépens de la chaleur surabondante des parties, elle agit à la fois comme adoucissant et comme calmant. La décoction de têtes de pavots est très-propre à remplir ce but. Il en est de même des cataplasmes sur l'oreille, qui calment bien la douleur, mais ne peuvent remplacer les injections, les fumigations, etc.

» 11° Astringents, Stimulants, Escharotiques. Par ces noms on désigne les substances, telles que baumes, huiles, pommades, onguents, injections et liqueurs diverses, que l'on introduit dans l'oreille, d'une part, pour opérer la constriction des tissus, avec lesquels on les met en contact; de l'autre, pour modifier la vitalité des parties. La même substance, à des degrés divers de concentration, peut agir comme astringent, stimulant ou comme escharotique.

» Il est bien entendu que ces substances seront proscrites durant la période aiguë des otites internes et externes. Mais, au déclin de la période aiguë, dans la période chronique, le tannin, l'alun, le sel ammoniac, le sulfate de cuivre, le sublimé, administrés en injections tièdes ou sous forme d'instillation, trouveront un très-utile emploi.

» La glycérine, comme excipient, est très-utile pour dissoudre le tannin, le sulfate de cuivre, l'acide benzoïque, le m■riate d'ammoniaque. Le sublimé doit être dissous dans l'eau distillée.

» Je proscris tout à fait le nitrate d'argent, comme fort douloureux et donnant lieu à de graves accidents. Le sulfate de zinc doit être rangé dans la même catégorie. » 12o Les révulsifs qui comprennent

les liniments rubéfiants, l'huile de croton, les vésicatoires, l'ammoniaque, les cautères, les moxas, le séton, sont d'une certaine utilité. Mais la manière banale dont on les prodigue chaque jour a fait tomber dans un excès contraire.

» 13o Enfin, le régime, les habitudes des malades doivent être pris en sérieuse considération; le repos, l'éloignement du bruit dans les affections aiguës, une diète modérée, un régime plus ou moins sec, tonique même dans les maladies chroniques des oreilles, l'air, l'exercice au soleil, la fréquentation du gymnase, les voyages, les bains de mer, les eaux minérales appropriées à la cure, et dont j'ai parlé assez amplement dans mon Traité pratique; tels sont, en résumé, les principaux moyens hygiéniques et diététiques. Un conseil très-important doit encore trouver place ici. Il importe que le malade se couche de bonne heure, car l'expérience de chaque jour vient confirmer ce conseil de Fallopius: Nihil est enim juvans aures nisi somnus ipse. D

Les chapitres VI à XII sont consacrés à l'étude des six premières espèces d'otites externes énumérées plus haut et de l'otite labyrinthique. Un aperçu de ces maladies, même sommaire, nous entraînerait trop loin. Bornons-nous à faire connaître quelques particularités.

Dans l'otite catarrhale externe, les malades se plaignent souvent d'une sensation de picotement, de gêne ou de tension analogue à celle que produirait la présence d'un corps étranger. L'auteur rapporte deux cas dans lesquels les médecins, trompés par le dire des malades, avaient pratiqué, pour extraire ce prétendu corps étranger, des manœuvres qui ont produit des désordres tels qu'une surdité incurable en a été la suite.

La cause de cette sensation de corps étranger est due au gonflement de la membrane du conduit auditif; par suite de ce gonflement, les parois opposées viennent à se toucher, et alors le malade croit sentir la présence d'un corps étranger dans l'oreille; et la preuve que cette explication est bien la vraie, c'est que, si l'on vient à faire cesser cette tuméfaction inflammatoire, à la faveur d'une ou deux scarifications longitudinales pratiquées à la surface de la membrane phlogosée, à l'instant la sensation disparaît, et le malade est convaincu qu'on lui a enlevé le corps étranger.

Par otite goutteuse, l'auteur entend cette otite particulière qui accompagne l'accès de goutte, le précède souvent et en est parfois la seule manifestation.

Les altérations qu'elle cause, engendrent la surdité par un mécanisme curieux à étudier, la soudure des ossclets et leur élimination. C'est là le fait le plus saillant de son histoire. Cette soudure des articulations s'opère au moyen de dépôts tophacés et calcaires qui encroûtent également le corps des osselets. L'auteur n'en a encore rencontré que trois cas, et dans chacun d'eux, c'est pendant qu'on pratiquait dans l'oreille malade les injections destinées à médicamenter le tympan, qu'eut lieu la chute du marteau et de l'enclume. L'étrier cst resté en place dans les trois cas. C'est ce qui explique pourquoi les malades entendaient encore assez bien, mais à courte portée.

En effet, c'est un fait d'observation et un fait très-commun de voir la membrane du tympan déchirée, même plus ou moins complétement détruite, et les malades conserver encore une ouïe passable, quand l'étrier demeurait à sa place, enclavé dans la fenêtre ovale. Dans ce cas, en effet, le liquide labyrinthique reste intact dans ses canaux, la platine de l'étrier fermant hermétiquement l'issue par laquelle il ne manquerait pas de s'écouler, laissant les extrémités nerveuses à nu et desséchées ; on comprend bien qu'une fois l'étrier tombé, la surdité serait inévitable et complète.

De l'otite des fumeurs, des priseurs, des buveurs.

« On rencontre assez souvent, chez les fumeurs et les buveurs, même chez ceux qui prisent ou chiquent le tabac, une otite particulière et dont la gravité se révèle dans un bref délai par une surdité rebelle et souvent irrémédiable.

» Cette otite, à vrai dire, s'annonce par des caractères insidieux et qui peuvent facilement tromper un observateur même attentif et expérimenté.

» Ainsi, dans cette otite on ne trouve ni un écoulement puriforme du conduit auditif, ni une accumulation de mucosités dans les trompes ou l'oreille moyenne, ni un épaississement des membranes de l'oreille et notamment de celle du tympan.

» Cette otite est liée à cet état morbide de la constitution que produit l'action longtemps prolongée des substances délétères, et en particulier du tabac et de l'alcool, surtout chez les jeunes gens et même chez les personnes plus avancées en âge. Une sorte d'engourdissement ou de torpeur dans l'oreille, avec un sentiment particulier de refroidissement dans le même organe, mais jamais de douleurs; une absence de cérumen dans le conduit audi

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