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car ni le chlore ni le brome ne peuvent engendrer de la potasse; de plus, à la température ordinaire, l'oxygène inactif ne possède pas davantage cette faculté envers l'iodure de potassium. C'est sur ce principe qu'est fondée la nouvelle méthode d'analyse qui fait l'objet de la deuxième partie du mémoire.

6o L'ozone est absorbé rapidement et en totalité par l'iodure de potassium neutre dissous. Parmi les produits formés, il se trouve de la potasse libre qui colore en bleu le tournesol rouge.

7° Sous l'influence de l'ozone et en présence de l'acide sulfurique titré, l'iodure de potassium se décompose nettement en iodure rendu libre et en potasse qui s'unit à l'acide, et en modifie le titre :

IK+ (N)+SO3Aq=KO, SO3Aq+I.

8° Lorsque l'acide et l'iodure sont suffisamment étendus d'eau, ils ne réagissent pas l'un sur l'autre, soit à froid, soit à chaud.

9o Pour constater la présence de l'ozone d'après ces données, on se sert de deux tubes faisant office d'éprouvettes, de 15 à 20 centimètres cubes de capacité, et reliés entre eux par un tube abducteur. Dans la première éprouvette, où doit d'abord se rendre le gaz à analyser, on verse environ 5 centimètres cubes d'eau pure colorée par quelques gouttes de tournesol rouge vineux stable, et dans la seconde éprouvette on place une semblable quantité d'eau colorée par le même tournesol, mais dans laquelle se trouve un centième de son poids d'iodure de potassium neutre. Quand le gaz soumis à l'essai contient de l'ozone, la teinte du liquide témoin du premier tube ne varie pas ou varie peu, tandis que la couleur de la liqueur iodurée passe au brun violacé, puis au vert bleu. Dans tous les cas, on doit vérifier si le gaz a bien l'odeur de l'ozone.

10o Le dosage de l'oxygène odorant comprend trois phases distinctes:

I. L'absorption de l'ozone par l'iodure de potassium en présence de l'acide titré en excès. Cette opération s'effectue dans un ou deux tubes de Will. Pour 10 centimètres cubes d'acide titré contenant Ogr,0061 SO,HO, équivalant à 0gr,001 d'ozone, on ajoute un centimètre cube d'une dissolution d'iodure contenant au maximum 0gr,020 IK.

II. L'élimination de l'iode. Après l'absorption de l'ozone, on verse le contenu des tubes de Will dans un petit ballon, et on le soumet à l'ébullition jusqu'à ce que la liqueur ne conserve plus qu'une teinte paille très-faible.

III. L'évaluation de la polasse produite. - Après le refroidissement du liquide, on en prend le titre alcalimétrique à l'aide de l'eau de chaux.

(Répertoire de pharmacie, juin 1865.)

Sur la mercurialine, par M. REICHARDT. Voici comment on prépare ce

nouvel alcaloïde volatil.

Les feuilles ou la graine de la mercuriale (Mercurialis annua) sont soumises à la distillation avec un excès de chaux vive; il se dégage un liquide à odeur fortement nauséabonde. On reçoit la vapeur dans de l'acide sulfurique affaibli et l'on évapore au bain-marie, ce qui donne lieu à un résidu de sulfate d'ammoniaque, de matière résineuse brune et d'un sel à base d'alcaloïde qui paraît avoir un certain rapport avec la nouvelle base organique à laquelle l'auteur impose le nom de mercurialine.

On extrait le résidu à froid avec de l'alcool absolu qui ne dissout guère que le nouveau sulfate. Après avoir chassé l'alcool, on distille le sulfate avec de la potasse caustique; le produit est ammoniacal, on le rectifie dans un courant d'hydrogène sur du chlorure de calcium fondu, et l'on obtient le nouvel alcaloïde à l'état de liquide huileux que l'on débarrasse de l'ammoniaque adhérente en le soumettant au vide de la machine pneumatique.

Cet alcaloïde est très-vénéneux; l'analyse n'en a pas été faite. Voici ses propriétés les plus caractéristiques: liquide huileux à odeur nauséabonde, à réaction alcaline et se transformant à l'air en une résine de consistance butyreuse. Le point d'ébullition est situé à 140 degrés. Absorbe l'acide carbonique et forme un carbonate trèssoluble dans l'alcool.

Le chlorure se dissout également dans ce liquide; le bichlorure de platine ne précipite qu'à la longue et en présence de l'alcool absolu. Le produit consiste en lamelles nacrées d'un chloroplatinate.

L'oxalate de mercurialine est très-soluble dans l'eau; l'alcool précipite les dissolutions concentrées de ce sel.

La mercurialine est très-avide d'eau; saturée de celle-ci, elle perd un peu de son odeur nauséabonde. (Ibid.)

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soutiennent qu'on peut obtenir autant de lactate qu'on a employé de sucre de lait, mais je n'ai jamais eu un résultat aussi favorable, lorsque je voulais obtenir une préparation exempte d'oxyde. Après ces considérants, l'auteur propose le procédé suivant qui résulte de ses nombreuses expériences:

On sépare autant que possible la caséine du lait aigre, car la coagulation empêche presque toujours la filtration de se faire régulièrement; dans tous les cas, il y reste aisément autant de caséine qu'il en faut pour renouveler la fermentation; on ajoute alors le fer et le sucre de lait et l'on fait digérer à 30 ou 40 degrés centigrades, attendu qu'à une température moins élevée, il se forme de l'oxydule de fer soluble dans l'acide acétique, qui se produit toujours en pareille circonstance, et qui occasionne une perte sensible dans la production du lactate; enfin, la réaction étant achevée sous l'influence de la digestion, on filtre et, après le refroidissement, la liqueur dépose des cristaux de lactate de fer. On ajoute ensuite à l'eau-mère qui contient encore une quantité notable de Fe203 +- L3 et de FeO, L+3HO, quelques onces de NaO,SO2 et de la limaille de fer, et l'on chauffe à la vapeur, mais seulement de manière que le NaO,SO3, et le NaO,SO puissent se dissoudre, on filtre et l'on obtient par la cristallisation le restant du lactate de fer.

On lave les cristaux à l'eau distillée jusqu'à ce qu'une solution de baryte n'y décèle plus la présence du sulfate et du sulfite de soude.

Fe 0,3L+NaO,SO2=2 Fe0, L+L.

On obtient ainsi avec 1 atome NaO,SO2, 2 atomes FeO,L+3HO et 1 atome L libre, mais qui s'allie encore au fer existant.

(Journ. de pharmacie d'Anvers et Répertoire de pharmacie, juin 1865.)

Recherches sur les matières colorantes des suppurations bleues (pyocyanine et pyoxanthose), par M. FORDOS. J'ai publié en 1860 un premier travail sur la matière colorante des suppurations bleues, que j'étais parvenu à isoler et à obtenir cristallisée, et que je proposais d'appeler pyocyanine. Ce travail avait été fait avec quelques milligrammes seulement de matière colorante. Immédiatement après cette communication à l'Académie, j'eus à l'hôpital de la Charité, dans le service de M. Velpeau, deux cas de suppuration bleue,

dont un très-remarquable par sa durée. Je reçus aussi de différents hôpitaux des linges colorés en bleu et en vert, et je pus continuer mes recherches. Je commencai par simplifier le procédé d'extraction décrit dans mon mémoire à l'Académie, tout en m'appuyant sur les mêmes réactions, et en employant les mêmes dissolvants. Je parvins à obtenir quelques centigrammes de pyocyanine, et à isoler en même temps une matière colorante jaune, que je désignai sous le nom de pyoxanthine dans une communication faite, en 1860, à la Société d'émulation pour les sciences pharmaceutiques.

Voici comment j'opère depuis cette époque pour isoler ces matières colorantes : j'enlève la matière colorante aux linges en les traitant avec de l'eau, et j'agite avec du chloroforme la dissolution colorée qui en résulte; le chloroforme entraîne avec lui, en se déposant, les matières colorantes et des matières grasses; je sépare le chloroforme à l'aide d'un entonnoir à robinet, et, après l'avoir filtré, je l'agite avec de l'eau contenant un peu d'acide sulfurique ou chlorhydrique; la pyocyanine abandonne le chloroforme et passe dans l'eau acidulée à l'état de combinaison rouge; le chloroforme retient la matière jaune et les matières grasses; je sépare la dissolution aqueuse rouge et je mets de côté le chloroforme, coloré en jaune, pour le traiter plus tard afin d'en retirer la matière colorante; je filtre la dissolution aqueuse rouge qui contient la pyocyanine combinée avec l'acide employé, et je la sature avec du carbonate de baryte; la liqueur devient bleue; je la filtre de nouveau et je l'agite avec du chloroforme; celui-ci entraîne la pyocyanine et se colore en bleu; je sépare la dissolution chloroformique, et je l'abandonne, après filtration, à l'évaporation spontanée dans une capsule de verre. J'obtiens ainsi la pyocyanine cristallisée ; mais elle est encore le plus souvent accompagnée d'un peu de matière colorante jaune, que l'on peut enlever par un traitement avec de l'éther pur; l'éther dissout rapidement la matière jaune et touche à peine à la pyocyanine, celle-ci étant trèspeu soluble dans l'éther.

La pyocyanine se présente sous la forme de cristaux bleus prismatiques groupės de diverses manières; on a assez souvent des groupes de prismes disposés en croix ou en rosaces on obtient aussi de longues aiguilles réunies en faisceaux, ou partant d'un point et se dirigeant de divers côtés.

Je renvoie pour les propriétés chimiques

de la pyocyanine à mon premier mémoire, inséré dans les Comptes-rendus de l'Académie, t. LI, p. 215.

La pyocyanine cristallisée, ou en dissolution dans le chloroforme, éprouve avec le temps une altération remarquable.

Les échantillons de pyocyanine cristallisée que je conserve depuis trois ans sont aujourd'hui plus ou moins altérés. Les cristaux ont pris, pour la plupart, une teinte verte ou vert jaunâtre, tout en ayant conservé leur forme. Si on les traite avec de l'éther pur, celui-ci se colore fortement en jaune, et la pyocyanine non altérée reparaît avec sa couleur bleue. La dissolution éthérée donne, par l'évaporation spontanée, un produit jaune, formé de cristaux microscopiques, que je désigne sous le nom de pyoxanthose.

La pyocyanine en dissolution dans le chloroforme subit la même transformation. La dissolution, qui est d'un beau bleu au moment où l'on vient de la préparer, prend avec le temps une teinte verdâtre; si alors on l'agite avec de l'eau aciduléc, la pyocyanine se sépare du chloroforme, et celui-ci reste coloré en jaune et fournit de la pyoxanthose par l'évaporation.

La pyocyanine est plus stable quand elle est combinée à un acide. Je conserve depuis trois ans des cristaux rouges de chlorhydrate de pyocyanine qui ne paraissent pas avoir subi d'altération.

La pyoxanthose accompagne la pyocyanine dans les suppurations bleues. Je l'ai désignée antérieurement sous le nom de pyoxanthine. Je préfère l'appeler pyoxanthose, parce qu'elle ne joue pas le rôle de base. Pour l'isoler, je distille avec de l'eau le chloroforme coloré et jaune que j'ai mis de côté dans la préparation de la pyocyanine. J'obtiens pour résidu de la distillation un liquide aqueux légèrement coloré en jaune, et accompagné de matières grasses que je sépare à l'aide du filtre; j'agite le liquide filtré avec du chloroforme; celui-ci s'empare de la matière colorante jaune; je le sépare de l'eau, je filtre, et par évaporation il me donne de la pyoxanthose; mais dans ce cas, la matière colorante est rarement cristallisée.

La pyoxanthose présente au microscope des cristaux aiguillés groupés de différentes manières; ils sont le plus souvent enchevêtrés les uns dans les autres, ou réunis en petites masses, jaunes au centre, et laissant rayonner des aiguilles dans toutes les directions.

La pyoxanthose est peu soluble dans l'eau; elle est soluble dans l'alcool, l'éther, le chloroforme, le sulfure de carbone et

la benzine; ces quatre derniers dissolvants enlèvent à l'eau la pyoxanthose, et pourraient être employés à l'isoler.

La pyoxanthose devient rouge au contact des acides chlorhydrique, sulfurique et nitrique. La potasse et l'ammoniaque la colorent en violet.

Les caractères chimiques de la pyoxanthose la distinguent nettement de la matière jaune de la bile.

La présence de la pyocyanine et de la pyoxanthose dans les produits des suppurations bleues explique suffisamment les colorations bleues et vertes que l'on observe sur les linges à pansement. L'apparition de la pyocyanine dans les produits des suppurations me paraît être d'un pronostic favorable, du moins quand la matière colorante y existe en quantité notable. Les cas de suppuration bleue que j'ai été à même d'observer ont été, en général, suivis de guérison, bien que plusieurs de ces cas fussent très-graves.

J'ai dit dans mon premier mémoire que la pyocyanine différait complétement des matières bleues trouvées dans l'urine, le sang, la bile. Mais c'est, je crois, à la présence de cette matière colorante qu'il faut attribuer la coloration bleue que produit quelquefois sur le linge la sérosité des vésicatoires.

Je crois aussi que quelques sueurs bleues doivent leur couleur à la présence de la pyocyanine. Je me propose de revenir plus tard sur ce sujet.

Je n'ai pas trouvé de pyocyanine en examinant des morceaux de cadavre colorés en vert.

(Comptes-rendus de l'Acad. des sciences et Répert. de pharm., juillet 1865.)

Sur la décomposition de l'eau par le soufre, par M. E. GRIPON. — Je fais passer dans un tube de grès chauffé au rouge un mélange de vapeur d'eau et de vapeur de soufre. L'air était préalablement chassé de l'appareil par un courant d'acide carbonique.

Dans de telles circonstances, on perçoit facilement l'odeur de l'acide sulfhydrique, mais la quantité de gaz qui se forme est très-minime. Si l'appareil est terminé par un tube de dégagement, on n'obtient aucun dégagement de gaz malgré la grande quantité d'eau et de soufre qui traversent l'appareil. Mais, et c'est, je crois, ce qui n'a pas encore été remarqué, et ce qui fait l'objet principal de cette note, on trouve dans les eaux de condensation de l'acide pentathionique. En saturant ces eaux par

le carbonate de baryte et filtrant, on a par évaporation dans le vide des cristaux de pentathionate de baryte. Ainsi l'eau est décomposée par le soufre, mais les deux gaz acides sulfureux et sulfhydrique qui se forment réagissent l'un sur l'autre, reproduisent de l'eau, du soufre et aussi de l'acide pentathionique, ce qui est conforme à une réaction bien connue.

(Répertoire de pharmacie, juillet 1863.)

Sur la croûte de pain et le gluten, par M. BARRAL. Après avoir montré que sous un même état de siccité la croûte de pain est plus azotée que la mie, j'ai ajouté que j'avais constaté que la croûte est aussi plus soluble dans l'eau. On a fait remarquer avec raison que M. Payen avait déjà reconnu cette plus grande solubilité, et qu'il avait trouvé qu'elle était due à la transformation, pendant la cuisson, de l'amidon en dextrine ou en amidon grillé (léiocome). Dans la partie historique de mon mémoire ce fait est d'ailleurs rappelé.

Mais un autre résultat important est établi par mes recherches. Si, en effet, on épuise par l'eau les mêmes poids de croûte sèche et de mie sèche, on trouve que la partie soluble de la croûte dose de 7 à 8 pour 100 d'azote, tandis que la partie soluble de la mie ne dose que de 2 à 5 pour 100. Aussi la plus grande solubilité de la croûte provient notamment de ce que le gluten de la croûte, exposé directement à la température de 200 à 220 degrés que présentent les fours de boulangerie, a subi une transformation remarquable. On peut dire que la partie soluble de la croûte est plus azotée que le jus de viande.

Une pareille conséquence méritait d'être confirmée par des expériences directes. Ayant introduit du gluten dans des tubes de verre suffisamment résistants et fermés à la lampe, j'ai soumis ces tubes à une température de 220 degrés, dans un bain d'huile. Dans cette expérience, on voit au bout de quelques instants le gluten se liquéfier. Cette liquéfaction, ainsi opérée sous l'influence de la vapeur d'eau et de La pression, donne lieu à un dégagement d'acide carbonique; car si l'on brise le tube où le gluten est devenu liquide, on constate une petite explosion, et, en recueillant le gaz, on trouve qu'il contient de l'acide carbonique, mais qu'il ne présente plus aucune trace d'oxygène. Le liquide brun obtenu est notablement alcalin et est doué d'une odeur particulière; après filtration, il précipite en jaune par les

acides, mais il ne donne rien avec les alcalis ni avec l'alcool. (Ibid.)

Hist. nat. médicale et pharm.

La fève de Calabar, ses caractères botaniques ; moyen de l'employer, principaux effets physiologiques. — La fève de Calabar, qui a été récemment étudiée en Angleterre, commence à fixer sérieusement l'attention des chirurgiens français, et particulièrement de ceux qui s'occupent des maladies des yeux. C'est pour ce motif que j'ai cru opportun de faire connaître les caractères botaniques de la plante qui fournit cette graine, et d'indiquer sommairement les résultats des expériences tentées à l'aide de cette sub

stance.

J'avais en vain cherché dans nos principaux traités de matière médicale et de botanique quelques renseignements sur la fève de Calabar: nulle part je ne l'avais trouvée mentionnée. Mais, grâce à l'obligeance de M. Giraldès, j'ai appris qu'il existait dans les Transactions de la Société royale d'Edimbourg, une description trèsétendue du végétal qui produit la fève de Calabar, et c'est à ce travail accompagné de deux belles planches et qui est dû au professeur Belfour, que j'emprunte les détails qui vont suivre.

La fève de Calabar appartient à la famille des légumineuses, au sous-ordre des papilionacées, et à la tribu des phaséolées. La plante qui la fournit est caractérisée particulièrement par la forme de son stigmate disposé en croissant et renflé, d'où le nom de physostigma (de pura, enfler; et origua, stigmate) qui lui a été donné. En raison de ses propriétés toxiques, l'espèce qui nous occupe a reçu la dénomination de Physostigma venenosum.

La tige du Physostigma venenosum présente un diamètre d'environ deux pouces dans sa partie la plus volumineuse; sa longueur atteint parfois cinquante pieds. Elle est cylindrique, de couleur gris brun, raboteuse à la surface; elle grimpe sur les arbres qui l'avoisinent, et s'entortille autour d'eux en tournant de droite à gauche. Le bois de la tige est très-poreux, et si on vient à le couper, il s'en écoule une quantité assez abondante d'un liquide limpide, mais àcre et légèrement astringent. L'écorce laisse exsuder une matière gommeuse rougeâtre, qui devient très-brune par la dessiccation.

Les feuilles sont alternantes, trifoliolées,

munies de pétioles et de stipules. Les pétioles sont longs de trois pouces environ, arrondis à la face inférieure, creusés d'une rainure à la face supérieure. L'inflorescence est axillaire; elle affecte la forme d'une grappe pendante et multiflore, dont l'axe primaire est noueux et dirigé en zigzag. Les nœuds sont arrondis, à surface irrégulière, et supportent chacun deux ou trois fleurs pédicellées.

La fleur mesure environ un pouce de longueur et un demi-pouce de largeur. Son calice est campanulé, à quatre divisions, la supérieure subdivisée elle-même et à segments ciliés; de sorte que ce calice est en réalité formé de cinq sépales unis et légèrement bi-labiés. La corolle est papiliona cée, d'une teinte purpurine, agréablement veinée de rose pâle. L'étendard est large et recouvre complétement les autres parties de la fleur dans la préfloraison; son sommet est bilobé, entièrement recourbé, sa base offre deux lobes arrondis et recourbés au point de se toucher pour ainsi dire. Les ailes sont plus colorées que les autres parties de la fleur, ovales oblongues, incurvées et rétrécies en crochet. La carène, beaucoup plus étendue que les ailes, égale en longueur l'étendard, au-dessous duquel elle est placée. Elle se prolonge en se rétrécissant en une sorte de rostre, terminé par un sommet obtus, et elle se recourbe en haut et en arrière, de manière à former les deux tiers ou les trois quarts d'un cercle. Les deux pétales qui la constituent sont ovales oblongs, munis de deux pointes triangulaires aiguës, qui partant de leur base se portent vers l'intérieur de la carène.

Les étamines sont au nombre de dix, diadelphes, neuf unies entre elles par leurs filaments, celle qui correspond à l'étendard libre. Anthères bilobées, s'ouvrant longitudinalement, disque à la base de l'ovaire. Ovaire stipité, dépourvu de poils, à surface rugueuse. Pistil long de plus d'un demi-pouce, style courbé, lisse, excepté au-dessous du stigmate où il est muni d'une rangée de poils; stigmate obtus recouvert par un sac ou capuchon, de forme remarquable, qui s'étend sur la partie supérieure de la convexité du style. Les ovules, au nombre de deux ou trois, attachés à la suture ventrale, présentent la forme de croissant; leur bord placentaire est convexe et muni d'un hile allongé.

Le fruit du Physostigma venenosum est une gousse, verte et légèrement falciforme quand elle est jeune, d'un brun foncé, et droite à la maturité; ses sutures sont un

peu proéminentes, et la ventrale est creusée d'une rainure. L'intérieur de cette gousse est tapissé par un tissu cellulaire lâche, semblable à la moelle, qui enveloppe les ovules et les sépare les uns des autres. Le fruit, quand il a atteint tout son développement, mesure environ 7 pouces de longueur; il est elliptique, oblong, stipité, déhiscent, à surface extérieure d'un brun foncé, rugueuse, présentant des fibres entrecroisées, les unes transversales, les autres longitudinales.

Les graines qui constituent précisément ce qu'on a appelé la fève de Calabar, et qui sont, par conséquent, la partie de la plante qu'il importe le plus au médecin dé connaitre, sont au nombre de deux ou trois dans chaque gousse. Leur longneur est de 1 pouce environ, leur largeur de 3/4 de pouce, et leur poids de 40 à 50 grains. Elles présentent un hile de couleur foncée, creusé en sillon, et qui parcourt tout leur bord placentaire et convexe. L'autre bord de la graine est presque droit; ses cotylédons sont pâles et hypogés.

On sait que, dans diverses parties de l'Afrique, on est dans l'habitude de soumettre à l'épreuve du poison les personnes soupçonnées d'avoir commis un crime. Or, dans le district du vieux Calabar, c'est la semence du Physostigma venenosum, vulgairement appelée éséré, qui est employée à cet usage, d'où le nom d'ordeal Calabar bean qui lui a été donné par les missionnaires anglais. Cette substance jouit de propriétés toxiques très-actives, et détermine promptement la mort, au dire de Christison, si elle n'est pas vomie très-peu de temps après avoir été prise à l'inté

rieur.

M. Hewan, qui a été chargé d'une mission médicale dans le Calabar, dit que, dans un cas dont il a été témoin, une femme, qui était accusée de sorcellerie et de mauvais traitements exercés sur son enfant, se sentant forte de son innocence, demanda qu'on fit sur elle l'épreuve du poison. Elle mangea vingt-quatre fèves et ne mourut pas. Encouragée par ce fait, une autre femme se soumit, le lendemain, à la même épreuve : elle mangea vingt-deux fèves et succomba. Ni l'une ni l'autre pourtant n'avait vomi. Cette différence d'effet tient sans doute au mode de traitement que les semences avaient subi, car les Fétiches qui administrent le poison peuvent en modifier la préparation selon qu'ils désirent la vie ou la mort de la personne incriminée. On a dit, en effet, que la semence du Physostigma venenosum perdait de sa puissance toxique quand elle

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