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sueurs, dans ces maladies, qui ne se composent pas d'une si grande dépravation des humeurs; ainsi chez les cachectiques, au début du scorbut et dans d'autres affections semblables, la matière de la perspiration et les sueurs semblent moins nuisibles que dans les précédentes, mais néanmoins elles sont encore septiques, comme le démontrent une odeur désagréable et une fétidité assez grande de la bouche.

Pourrons-nous croire maintenant que l'air, qui enveloppe complétement les malades, qui baigne sans cesse leurs corps, pénètre dans leur intérieur par les voies respiratoires, puisse recevoir toutes ces vapeurs, méphitiques, continuellement exhalées des surfaces externe et interne du corps malade, sans en être vicié, sans contracter une qualité malfaisante et pernicieuse aux autres malades, moins dangereusement affectés, mais qui plongés dans cet air gâté, le respirent avec les corpuscules infects dont il est pénétré? On n'en doutera pas, je crois.

Comme la fonction de la perspiration est continue, que les sueurs sont alternativement faibles ou copieuses, suivant le genre de maladies et la constitution particulière des malades, il en résulte une cause constante de la corruption de l'air, et de la plus pernicieuse influence (1).

(La suite au prochain No.)

(1) Vous est-il parfois arrivé, ami lecteur, de vous arracher aux douceurs du sommeil, dans le dessein de visiter, dès l'aube du jour, un hôpital de malades? Là, dans une salle commune, vous les avez vus couchés sur plusieurs rangs de lits, symétriquement coordonnés; mais impossible alors que vous n'ayez été suffoqué de la sensation d'un air chaud, tiède, fade, douceâtre, fétide et dont l'impression excite le dégoût jusqu'à la nausée.

Les médecins expérimentés prétendent que cette nauséabonde odeur varie suivant la nature de la maladie; il en est même qui se flattent de démêler le caractère de la maladie au simple jugement de l'odorat. Or, cette infection est la conséquence des émanations des corps des malades. En général, les corpuscules fétides dont l'air est alors contaminé ne sont pas assez nombreux que pour devenir sensibles à l'œil.

Cependant Tenon cite un exemple à l'ancien Hôtel-Dieu de Paris, où l'atmosphère méphitique était palpable :

«Dans ces entassements de malades et de mourants, de fiévreux et de variolés cou>> chant cinq ou six dans le même lit, dans des salles de six pieds d'élévation, sortait D une vapeur chaude, humide, des lits entr'ouverts et en la traversant on la voyait se >> fendre et reculer de l'un et de l'autre côté. »

Les particules qui s'échappent des corps des animaux et des végétaux en putréfaction s'appellent miasmes.

Les animaux et les végétaux quoique sains, mais entassés dans un même lieu peuvent aussi engendrer des miasmes d'une influence malfaisante. En un mot, toutes les substances susceptibles de se dissoudre dans l'atmosphère ou d'y être tenues en suspension en altèrent la pureté et deviennent nuisibles. Ces miasmes, agents actifs d'infection, pénètrent dans les corps par les voies de la respiration, par les pores de la peau; ils s'accrochent aux murs, aux appareils à pansement, aux vêtements, surtout de laine ou de coton, aux meubles, aux literies, etc., il est même probable que les aliments, imbibés de l'humidité de l'air en deviennent aussi des moyens de transmission sur les parois muqueuses absorbantes de l'estomac.

Les miasmes attachés aux surfaces du corps y croupissent, subissent de nouvelles décompositions, se fondent de nouveau dans l'atmosphère et reprennent encore une fois le cachet vénéneux de leur origine.

MÉMOIRE SUR LES FISSURES CONGÉNITALES DU VOILE DU PALAIS ET DE LA VOUTE PALATINE; par M. le docteur S. TIRIFAHY, membre titulaire de la Société. (Suite. Voir notre cahier d'août, page 131.)

CHAPITRE II. Anatomie normale de la voûte palatine et du voile du palais.

La voûte palatine est cette portion du plafond de la bouche circonscrite en avant et sur les côtés par les gencives et le rebord alvéolaire et, en arrière, par le voile du palais avec lequel elle se continue sans ligne de démarcation apparente. Elle a une forme ovalaire. Son diamètre transversal augmente d'étendue, à mesure qu'il se rapproche du voile du palais. Toutefois, c'est un peu en avant de cet organe, entre les deux dernières dents molaires que la voûte palatine offre sa plus grande largeur. Là, elle varie entre 3 et 3 1/2 centimètres. Sa longueur est d'environ 5 1/2 centimètres. Elle offre deux courbures, l'une transversale, l'autre antéro-postérieure, dues surtout à la saillie des alvéoles et ayant une profondeur variable suivant les individus.

La voûte palatine se compose d'une charpente osseuse et de parties molles. La charpente osseuse est constituée par la réunion des apophyses palatines du maxillaire supérieur et des portions horizontales des palatins. Ces quatre fragments d'os forment, par leur rapprochement, deux sutures, l'une antéro-postérieure, l'autre transversale, s'entrecroisant à angle droit. A l'extrémité antérieure de la première se trouve l'orifice inférieur du canal palatin antérieur. Ce canal est traversé par le nerf sphéno-palatin interne qui, après s'y être adossé à son congénère, forme le ganglion d'Hip. Cloquet. Dans ce canal se voit encore l'anastomose du rameau antérieur de l'artère palatine supérieure avec la branche interne de l'artère sphéno-palatine. Sur les côtés de la ligne médiane de la voûte buccale, on aperçoit des rugosités auxquelles prennent de solides attaches les parties molles qui les recouvrent. Tout à fait en dehors, le long du rebord alvéolaire, on remarque des sillons qui logent les nerfs palatins antérieurs. Tout près du bord postérieur et sur la face buccale des os palatins, on rencontre une crête transversale, qui donne insertion, non pas aux péristaphylins externes, comme certains anatomistes l'ont écrit, mais à l'aponévrose palatine. Le bord postérieur de la voûte palatine, constitué par le bord postérieur des palatins offre, sur la ligne médiane, une pointe osseuse, appelée épine nasale postérieure. De chaque côté de cet organe, le bord est concave et se termine en dehors par l'apophyse pyramidale du palatin, percée de plusieurs trous et canaux livrant passage aux nerfs palatins, à l'artère palatine supérieure et aux veines de même nom qui l'accompagnent.

La couche qui revêt les os est de nature fibreuse. Elle adhère si intimement à la muqueuse et au périoste qu'il est impossible à l'instrument tranchant d'isoler ces plans membraneux et d'en faire une dissection nette et distincte. C'est surtout dans l'épaisseur de la tunique fibreuse que les glandes buccales, en nombre considérable, prennent leur origine.

La muqueuse pâle, surtout en avant, présente un raphé médian plus ou moins saillant, qui se termine en avant, derrière les deux incisives moyennes, par un tubercule correspondant à l'orifice inférieur du canal palatin antérieur. Sur les côtés, elle offre des saillies transversales qui deviennent de moins en moins apparentes, à mesure qu'elles se rapprochent davantage du voile du palais. Elle est percée d'un grand nombre de trous qui sont les orifices de glandes d'autant plus nombreuses qu'on les observe plus en arrière.

Les artères de la voûte palatine viennent de la maxillaire interne et de la faciale; ce sont des raineaux de la palatine supérieure et de la palatine inférieure. Les veines portent les mêmes noms que les artères. Les nerfs dépendent de la cinquième paire; ce sont les nerfs palatins et sphéno-palatins émergeant du ganglion de Meckel.

Le voile du palais qui continue en arrière la voûte palatine est une espèce de valvule musculo-membraneuse qui sépare incomplétement la cavité buccale de la cavité pharyngo-nasale. On peut lui décrire une face antérieure, inférieure ou buccale, une face postérieure, supérieure ou nasale, un bord antérieur ou supérieur, adhérent, et un bord postérieur ou inférieur, libre.

La face antérieure continue les deux courbures que nous avons signalées sur la voûte palatine. Elles sont variables, d'après le degré de tension du voile du palais. On trouve également sur la ligne médiane de cette face antérieure le raphé que nous avons décrit sur la voûte et dont il est la continuation.

La face postérieure a une double convexité en rapport avec la double concavité de la face antérieure. Elle est le prolongement du plancher des fosses nasales.

Le bord supérieur est épais et adhère au bord postérieur de la voûte palatine.

Le bord inférieur est mince et libre. Il présente sur la ligne médiane un prolongement d'une étendue variable; c'est la luette. De chaque côté de cet organe partent deux replis, dont l'un appelé pilier antérieur, se porte de haut en bas, d'arrière en avant et de dedans en dehors et vient se fixer sur les côtés de la langue; l'autre, appelé pilier postérieur, se dirige en bas, en dehors et en arrière et va se perdre dans l'épaisseur du pharynx. Le pilier postérieur est plus large que l'antérieur et le déborde en dedans. Les deux piliers rapprochés en haut, s'écartent en bas et circonscrivent une espace angulaire où siége l'amygdale.

Le voile du palais est constitué par une membrane muqueuse, une fibreuse, des glandes, une aponévrose, des muscles, des vaisseaux et des nerfs.

La membrane muqueuse tapisse les faces antérieure et postérieure du voile du palais. Sur sa face buccale se voit le raphé médian, qui continue celui de la muqueuse de la voûte palatine. La muqueuse du voile est généralement plus rosée que cette dernière; elle est moins intimement unie à la tunique fibreuse sous-jacente. Une infinité d'orifices glanduleux la traversent. Au bord postérieur du voile, elle s'adosse à elle-même dans une certaine étendue. Le feuillet supe

rieur constitue la muqueuse palato-nasale qui, marchant d'arrière en avant, change de caractère à mesure qu'elle s'avance vers les fosses nasales où elle se continue avec la membrane de Schneider.

La tunique fibreuse, située immédiatement sous la muqueuse, l'accompagne dans tout son trajet et lui adhère assez intimement. C'est en-dessous d'elle et dans son épaisseur que l'on rencontre une quantité innombrable de glandes mucipares dont le produit lubrifie la surface du voile du palais. La tunique fibreuse se continue, d'une part, avec celle de la voûte palatine et, d'autre part, avec celle des fosses nasales. Les organes qu'il nous reste à décrire sont donc enveloppés dans une gaine muco-fibreuse et glanduleuse complète.

L'aponévrose s'insère en avant à la crête osseuse que nous avons mentionnée à la partie postérieure de la face buccale des palatins. Sur la ligne médiane, elle offre une bandelette fibreuse, épaisse, qui s'étend de l'épine nasale postérieure au sommet de la luette et qui partage le voile du palais en deux portions symétriques. Sur les côtés elle donne attache aux muscles péristaphylins externes. Le voile du palais renferme cinq muscles de chaque côté, ce sont le péristaphylin externe, le péristaphylin interne, le palato-staphylin ou azygos, le glosso-staphylin et le pharyngo-staphylin.

Le péristaphylin externe s'insère dans la fossette scaphoïdienne de l'apophyse ptérygoïde et au cartilage de la trompe d'Eustache. De là il descend verticalement le long de la face externe de l'aileron interne de cette apophyse, se réfléchit sur le crochet qui termine cet aileron, et sur lequel il glisse à l'aide d'une petite synoviale. En cet endroit il dégénère en un tendon qui s'épanouit bientôt pour se porter horizontalement en dedans et en avant et se terminer à l'aponévrose que nous avons décrite.

Dans sa portion verticale ce muscle est en rapport en dehors avec le ptérygoïdien interne et en dedans avec la face externe de l'aileron interne de l'apophyse ptérygoïde. Dans sa portion horizontale, il se trouve au-dessus de la couche fibro-muqueuse buccale, en avant du péristaphylin interne.

Le péristaphylin interne s'insère à la base du crâne, au sommet de la face inférieure du rocher, près de la trompe d'Eustache. De ce point, où il est trèsépais, il se porte en bas et un peu en dedans. Arrivé au bord externe du voile du palais, il s'arrondit, s'amincit et se dirige horizontalement en dedans pour' s'épanouir en éventail et s'insérer, en partie, à l'aponévrose palatine. Les fibres moyennes et postérieures qui échappent à cette insertion, s'entrecroisent avec les fibres du muscle du côté opposé du glosso- et du pharyngo-staphylin.

Dans sa portion descendante, ce muscle est en rapport avec le péristaphylin externe, en arrière et en dedans duquel il se trouve supérieurement, et avec le constricteur supérieur du pharynx. Il est recouvert en dedans par la muqueuse. Devenu horizontal, il est situé sous le palato-staphylin et la couche fibro-muqueuse de la face palatine supérieure et au-dessus de l'extrémité supérieure du pharyngo-staphylin et de la couche fibro-muqueuse de la face palatine infé

rieure.

Le palato-staphylin ou azygos, petite bandelette charnue cylindrique, s'insère en avant à l'épine nasale postérieure, ou plutôt à une bande fibreuse qui y fait suite et se dirige ensuite vers le sommet de la luette où il n'a aucun point d'attache fixe.

Il est en rapport en haut avec la membrane fibro-muqueuse de la face supérieure du voile du palais. En bas il recouvre le péristaphylin interne, le pharyngo et le glosso-staphylin. En dedans il longe son congénère dont il est quelquefois difficile de le séparer.

Le glosso-staphylin, muscle très-grêle dans son milieu, élargi à ses extrémités, s'insère sur les côtés de la base de la langue en se confondant avec le stylo-glosse. De là il se porte en-dedans, en haut et en arrière en décrivant un arc de cercle à concavité antérieure et interne et vient se terminer sur la partie postérieure du voile du palais en s'entrecroisant avec son congénère et les muscles pharyngo-staphylin et péristaphylin interne.

A son origine, ce muscle est en rapport avec le lingual et le stylo-glosse. Plus haut il est tapissé par la muqueuse. Dans le voile il est compris entre la muqueuse en avant, le péristaphylin interne et le pharyngo-staphylin en arrière.

Le pharyngo-staphylin, très-mince dans son corps, est large à ses extrémités, surtout inférieurement. Il s'insère en bas, dans l'épaisseur du pharynx et au bord postérieur du cartilage thyroïde. De là ses fibres se portent en haut, en dedans et en avant et vont se terminer au bord postérieur du voile du palais et auprès de la ligne médiane, sur presque toute la longueur du diamètre antéro-postérieur de ce voile, en s'entrecroisant avec celles du côté opposé, du glosso staphylin et du péristaphylin interne.

Ce muscle est recouvert en haut par le palato-staphylin et le péristaphylin interne et en bas par la muqueuse palatine. En quittant le voile du palais il n'est en rapport qu'avec la muqueuse. Dans sa portion pharyngienne, il est compris entre la muqueuse en dedans et les constricteurs moyen et inférieur en dehors.

Tous les muscles du voile du palais sont abducteurs, sauf un seul, le palatostaphylin, dont l'action est simplement élévatrice de la luette. Des muscles adducteurs étaient d'ailleurs inutiles, et leur action aurait été impossible, à cause de la continuité du voile du palais sur la ligne médiane. Mais outre leur effet abducteur commun, ces muscles agissent encore d'une manière particulière, propre à chacun d'eux. Le péristaphylin externe élève, tend et porte en arrière le voile palatin; le péristaphylin interne l'élève et le tend en portant en avant le bord postérieur; lorsque ces muscles prennent leur point d'appui sur le voile du palais, ils dilatent la trompe d'Eustache. Le glosso-staphylin abaisse et tend en dehors et en avant le voile du palais; le pharyngo-staphylin l'abaisse et le tend en dehors et en arrière. Ces muscles sont, en outre, constricteurs de l'isthme du gosier. Lorsqu'ils prennent leur point fixe sur le voile du palais, ils élèvent, le premier, les bords de la base de la langue, et le second, la paroi postérieure du pharynx.

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