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supprimé aujourd'hui, et portant le titre de « acétate de plomb liquide. »

Cette préparation se rapprochait plus du « sous-acétate de plomb liquide » de la nouvelle Pharmacopée. Elle avait une densité de 1,252, (29o Baumé) et avait une teinte fauve pâle, due au mode de préparation. C'était en effet une solution, faite à chaud, de litharge dans quatre fois son poids de vinaigre de vin.

Le a sous-acétate de plomb liquide ou extrait de Saturne » de la nouvelle Pharmacopée doit donc être considéré comme un médicament nouveau, ne ressemblant pas au même médicament de l'ancienne Pharmacopee, et se rapprochant, au moins pour les propriétés médicales, sinon pour l'aspect, d'un autre médicament du Codex ancien l'acétate de plomb liquide. »

Vinaigre aromatique ou antiseptique. — Le vinaigre antiseptique de la nouvelle Pharmacopée ne ressemble en rien à celui de l'ancien Codex, comme on le verra par la comparaison des procédés que je reproduis ci-dessous.

ANCIENNE PHARMACOPÉE. PR. Racine de Calamus, Racine d'Angélique, Sommités de grande absinthe. 21/2 onces.

Feuilles de sauge.

Herbes de rue.
Macis.

Vinaigre de vin

} De chacune 6

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31/2 2

gros.

-

2 gros. 8 livres.

Faites macérer pendant quelques jours à une douce chaleur, dans un vase de verre couvert d'un cône de papier. Faites passer la liqueur à travers un linge et filtrez-lą par le papier. Ajoutez-y:

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pare au moyen de l'acide acétique dilué et reste blanc et limpide.

Vinaigre scillitique. La nouvelle Pharmacopée a abandonné l'ancienne formule belge, pour admettre la recette française. La différence radicale est la substitution de la scille sèche à la scille fraîche. Le médicament est tout autre.

L'action irritante et âcre de l'huile volatile n'existe plus, la dessiccation l'ayant enlevée; la scillitine reste comme principe actif. Il est difficile d'établir une comparaison entre la préparation ancienne et la nouvelle pour le degré d'activité. Je me contenterai donc de constater l'absence de propriétés âcres.

Cette formule a été empruntée au Codex français et n'en diffère pas notablement. Acide acétique aromatique. Cette préparation, calquée sur les formulaires anglais, s'en écarte cependant d'une manière remarquable par l'énorme proportion d'essences exigée, et la suppression totale du camphre. La préparation anglaise la plus usitée ne renferme que 150 pour mille d'huiles essentielles, y compris le camphre, tandis que la formule qui nous occupe en contient 280 millièmes.

Toute coloration rouge a été supprimée, et le produit est blanc et limpide.

- L'ancienne Acide acétique concentré. Pharmacopée exigeait pour l'acide acétique concentré une densité plus grande que la nouvelle. Au lieu de 1075 (10o B ) la nouvelle Pharmacopée exige 1065 (9o B.).

Chacun sait, du reste, que cette diminution de densité, loin de marquer une diminution de force, indique, au contraire, une plus grande richesse en acide acétique anhydre.

En effet, l'acide cristallisable pur a une densité de 1064, et plus on y ajoute d'ean, plus i pèse, jusqu'à concurrence d'un mélange de 20 pour 100 de ce liquide. C'est seulement à ce point qu'une nouvelle addition d'eau fait redescendre la densité de l'acide. En continuant l'opération, on retrouve ce même chiffre de 1064 pour un mélange de 71 pour 100 d'eau.

Cette densité de 1064, commune pour l'acide pur et pour un mélange de 45 p. 400 d'eau, est le maximum de densité de l'acide acétique concentré. Le degré indiqué par l'ancienne pharmacopée 1075, (10o B.), était donc impossible à obtenir.

Quant à distinguer l'acide pur à 1064 de l'acide dilué d'eau marquant aussi 1064, l'odeur y suffira amplement, et le médecin ne pourra s'y tromper dans aucun cas.

Acide acétique dilué. Au lieu d'une densité de 1,007 (1° B.) que demandait

l'ancien Codex pour l'acide acétique dilué, la nouvelle Pharmacopée exige 1012 (presque deux degrés Baumé). Du reste, ce degré est un peu arbitraire, puisqu'on y peut substituer un mélange d'eau avec un quinzième d'acide concentré ce qui suppose une densité de 1008 environ.

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Acide benzoïque médicinal. L'acid benzoïque médicinal, adopté par la nouvelle Pharmacopée, est l'acide benzoïque du Codex français. Ce produit, séparé directement du benjoin par simple sublimation, reste uni à la plus grande partie de l'essence de benjoin, qui l'accompagne et à laquelle il doit une odeur fortement aromatique et une couleur ordinairement teintée de jaune.

L'acide benzoïque de l'ancienne Pharmacopée se préparait d'une toute autre manière. On se servait de la cristallisation par voie humide répétée plusieurs fois. Le produit était un acide benzoïque plus pur, exempt d'essence, et par conséquent beaucoup moins odorant et d'une couleur blanche plus franche.

L'acide

Acide chlorhydrique dilué. chlorhydrique de la nouvelle Pharmacopée belge contient un tiers d'acide pur. C'est la force de l'acide dilué de la Pharmacopée de Londres adopté aussi en France. Mais ici doit trouver place une observation importante.

Sous l'empire de l'ancien Codex, l'acide chlorhydrique dilué n'existait pas dans le Codex officiel, l'acide rectifié était le seul reconnu. Par suite de ce fait, lorsque le médecin prescrivait l'acide chlorhydrique sans autre indication, il était sensé demander l'acide concentré, et c'est celui-là que le pharmacien délivrait. Aujourd'hui, conformément à une note officielle, c'est l'acide dilué qui doit être délivré dans ce cas. Ainsi en demandant de l'acide chlor

hydrique, sans préciser de quelle espèce, le médecin doit compter aujourd'hui sur un produit moins fort que sous l'ancien Codex, dans la proportion de 1 à 5.

(La suite au prochain No.)

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ce mélange que l'on met ensuite au bainmarie pour réduire à moitié de son volume; ainsi réduit, le liquide est mis à cristalliser au-dessus de l'acide sulfurique et les cristaux obtenus sont séchés et conservés pour l'usage. Dr D..... (Geneesk. Courant der Nederl., No 22.)

Sur la préparation du sirop de baume de Tolu, par J. LARONDE, pharmacien des hospices civils de Tournai. Dans le cahier de juillet de ce journal, que je viens de recevoir, il est question du sirop de baume de Tolu. Comme plusieurs pharmaciens ont émis leur avis sur la préparation de ce médicament, je prends la liberté de vous transmettre une formule qui m'a toujours réussi depuis 1851 et qui me donne un sirop des plus agréables : PR. Baume de Tolu pulvérisé Carbonate de magnésie Alcool à 850.

Eau distillée

Sucre blanc passé au tamis de soie.

30 grammes.

60

300

400

Triturez dans un mortier de porcelaine le Tolu et la magnésie, ajoutez-y l'alcool, et puis l'eau par petites parties; mettez le tout dans un flacon bien bouché, laissez-y le mélange pendant vingt-quatre heures, en le remuant de temps en temps, puis filtrez. Dans le liquide filtré, faites dissoudre à froid, le sucre, puis passez le sirop à l'étamine.

Vous obtenez ainsi un sirop limpide, d'un goût agréable, et réunissant toutes les qualités voulues (1).

Préparez de même le sirop de baume du Pérou, de benjoin, etc., etc.

Le copahu en sirop, sous le nom de sirop au baume du Brésil, par Ed. DU J'ai l'honMAY, pharmacien à Laval. neur de vous adresser la formule d'un sirop qui, dans un avenir prochain, remplacera sans doute les préparations liquides de copahu. Il n'a aucune saveur, se digère parfaitement, contient une forte proportion de copahu, et par cela même est doué d'une grande efficacité.

M. le docteur Trideau, qui a fait connaître à l'Académie le traitement du croup et de l'angine couenneuse par le copahu (2), doit à ma préparation de ne plus rencontrer les difficultés, parfois invincibles, qu'il a éprouvées à faire prendre aux

(1) L'auteur de cette note a joint à son envoi une fiole contenant du sirop préparé depuis le 26 juin dernier; ce sirop est en effet limpide, d'un aspect et d'un goût des plus agréables. (N. d. l. R.) (2) Voir notre cahier d'avril 1865.

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De quelques incapacités civiles et criminelles et de la responsabilité partielle; par A, BRIERRE DE BOISMONT. (Suite et fin. - V. cahier de juillet, p. 68.) C'est ici le lieu de nous expliquer nettement sur le rôle capital qu'on fait jouer à l'éducation, et sur les exemples tant de fois cités de Socrate et du duc de Bourgogne. Suivant les maîtres en pédagogie, l'éducation aurait pour résultat de discipliner les esprits, de triompher des penchants, et si ses efforts ne sont pas toujours couronnés de succès, c'est qu'elle rencontre des natures perverses qui rentrent dans le domaine de la loi.

Est-on bien dans le vrai en attribuant à l'éducation une aussi puissante influence et en proposant de pareils modèles? Quoi, l'instruction qui a pour but d'imprimer dans les esprits des faits de mémoire, obtient à peine ce résultat chez vingt élèves sur cent, de sorte que la plupart d'entre eux sortent des colléges sans savoir leur langue, hors d'état de traduire Horace, Homère, et l'on voudrait que l'éducation triomphât des penchants, des inclinations, des sentiments. L'expérience est là pour démontrer l'inanité de parcilles prétentions. Vivez dans le monde, soyez en contact avec

beaucoup de vos camarades, vous les retrouverez, à trente ans de distance, avec les mêmes prétentions, les mêmes travers, les mêmes goûts, les mêmes penchants qu'ils avaient sur les bancs. Sans doute, la raison, la religion, le respect de l'opinion publique, la crainte de la loi, préservent du mal l'immense majorité des hommes, mais les marquis de Tuffière, les Turcaret, les menteurs, les envieux, etc., et tant d'autres resteront ce que vous les avez connus.

Les habiles se couvriront du manteau de l'hypocrisie; leurs traits invisibles feront des blessures plus cruelles et plus incurables que celles des véritables assassins. Pour nous, il est possible que nous soyons dans l'erreur; il n'y a que les esprits droits et les véritables grands hommes qui puissent se corriger de leurs défauts et de leurs vices. Encore répéterons-nous avec Solon, ce n'est qu'en mourant qu'on peut dire J'ai été heureux et vertueux!

Ainsi, prenons un exemple entre mille :

Un de nos camarades, que nous n'avons jamais perdu de vue, ne pouvait réciter ses leçons d'histoire, sans défigurer les noms et changer les dates. Lui faisait-on une question fort simple, il répondait de la manière la plus saugrenue. Son raisonnement était nul, et, malgré ces imperfections, il ne doutait de rien. Que pouvaient obtenir l'instruction et l'éducation d'une aussi défectueuse organisation? Bien peu de chose. Son orthographe n'était pas même irréprochable. Grâce à une extrême déférence

pour les supérieurs, à une grande habileté de main, il put faire sa petite route comme des milliers d'autres; mais s'il n'avait pas eu près de lui un gardien énergique, il se serait abandonné à toutes les sottises possibles; fortune, considération, existence même auraient été perdues! Malgré les avis les plus sages, les remontrances les plus fortes, son outrecuidance n'a fait que progresser. Dans les réunions d'hommes graves, à qui sont famillières une foule de connaissances, il avance les propositions les plus fausses et les plus ridicules, tranche sur tout, même lorsque les sujets lui sont complétement inconnus. On hausse les épaules et il sort enchanté de lui-même. Pour éviter les crises nerveuses auxquelles avaient donné lieu quelques avertissements mérités, il a fallu se résoudre à le laisser parler, en ayant soin de lui épargner le plus possible les occasions. Aux prises avec une sotte passion, il se fùt abandonné à quelque tentative désespérée; il l'avait même essayé; l'ami dévoué qui ne le quittait pas, put détourner le malheur, mais il lui est resté la conviction que, sans son

intervention continuelle, il y aurait eu tout à redouter; et cependant, si cet homme se fût rendu coupable de quelque acte répréhensible, il se serait trouvé des voix autorisées, pour appeler sur lui les peines de la loi, sans tenir compte de l'infériorité native de son intelligence, et de l'impossibilité d'y faire entrer un raisonnement sensé. L'observation que l'on vient de lire est une preuve concluante de l'influence du caractère sur la conduite; dans celle que nous allons rapporter, on verra de quel poids pèsent dans la balance l'hérédité, l'exemple, tandis que, par un constraste saisissant, ces deux causes si puissantes, seront sans action sur l'un des individus de la même famille.

Un négociant d'une quarantaine d'années, possesseur d'une belle fortune gagnée par son travail, nous conduisit, il y a quelques années, son frère en proie depuis plusieurs années à une folie ébrieuse (dipsomanie). Les renseignements qu'il nous donna, furent les suivants : notre famille, originaire de province, se composait du père, de la mère et de quatre enfants. Dès mes plus jeunes années, je souffris toutes les privations de la misère. Souvent nous étions sans pain; le travail de nos parents était dissipé en boisson. Mes frères contractèrent de bonne heure le même vice. Le taudis que nous habitions était le théâtre des scènes les plus douloureuses. Un pareil genre de vie m'inspira un profond dégoût, et un jour, j'avais alors huit ans, je quittai le toit paternel et me rendis dans une ville voisine bien déterminé à gagner ma vie comme je pourrais. J'entrai dans une des premières maisons de commerce qui se trouva sur mon passage, et, m'adressant aux personnes de la maison, je les priai de vouloir bien m'occuper. Mon age, ma physionomie parurent les intéresser; on me demanda d'où je venais, ce que je savais faire, je dis la vérité et ajoutai qu'on m'emploirait comme l'on voudrait, que j'exécuterais ponctuellement les ordres je fus accepté. Quelques années après j'étais appointé et j'avais déjà quelques économies. Je fis venir un de mes frères auprès de moi; les autres étant malades, ne pouvaient rien faire ; on lui donna un emploi, et j'eus soin qu'il s'instruisit, comme je l'avais fait, car lorsque j'abandonnai mes parents, je ne savais ni lire, ni écrire. Pendant longtemps il se conduisit très-bien et montrait même de l'aptitude; mais peu à peu il devint peu communicatif, taciturne, il recherchait alors la solitude, et disparaissait sans qu'on sut où il était allé. I revenait ensuite, n'entrait dans

aucune explication, et reprenait ses travaux. Le mystère finit par se découvrir; nous eûmes la preuve qu'après des intervalles plus ou moins éloignés, il éprouvait un désir ardent de boire. Il combattait d'abord ce triste penchant, puis il succombait. Aucune considération ne l'arrêtait ; dettes, mensonges, moyens déloyaux, orgies ignobles, actes de violence, arrestations, furent les conséquences de cette funeste passion. Revenu à lui, il faisait les plus belles promesses, restait plusieurs mois tranquille, puis il recommençait ses excès. J'avais juré de lui fermer ma porte, et de ne plus m'en mêler, mais mon médecin, en me démontrant que cette conduite était le résultat de l'hérédité et de l'exemple, et qu'il fallait la considérer comme une maladie, m'a fait changer de résolution, et je me suis déterminé à vous le confier.

Le malade nous confirma tous ces détails et convint qu'il avait besoin d'être séquestré, ne se sentant pas la force de résister au mal, lorsqu'il en était repris. Il a fait plusieur séjours dans notre établissement, de plus en plus prolongés à mesure que les rechutes avaient lieu; une grande surveillance, la menace d'être laissé sans ressources, la crainte d'être mis en prison, ont amené de l'amélioration; mais il vit dans notre voisinage et sait qu'au premier écart, il serait replacé dans l'établissement. Livré à lui-même, il redeviendrait ce qu'il a été, pour descendre encore plus bas.

Nous venons de citer deux faits d'influences diverses, sans que l'éducation ait pu en triompher; nous allons dire quelques mots de l'action des maladies sur le moral, en rapportant également une troisième observation, recueillie par nous : « Un jeune homme, fils d'un de nos meilleurs amis, éprouve, dans son enfance, les atteintes d'une fièvre cérébrale, dont la gravité est telle, pendant un jour, que le médecin qui le soignait écrit au père qu'il tremble pour sa vie. Les symptômes se dissipent promptement et l'enfant entre en convalescence. Il grandit et se développe convenablement sous le rapport physique, mais on remarque qu'il est fort apathique et très-indifférent. Dans ses classes, il ne fait aucun progrès. Sa mémoire est faible; il ne peut apprendre ses leçons; son raisonnement est cependant juste. Ses maîtres prennent pour des actes de paresse ce qui n'était que la conséquence de la maladie et l'accablent de punitions. L'affection cérébrale lui avait laissé une impressionabilité telle, que ses larmes coulaient facilement; au lieu de sc

servir de cette corde sensible, véritable ancre de salut, on redouble de châtiments; son caractère acquiert une opiniâtreté invincible, aussi est-il noté comme un des plus mauvais élèves des divers pensionnats où il est successivement placé. Cette opiniâtreté, sans cesse combattue par une pédagogie ignorante, se change en un sentiment vindicatif qui devient un élément constitutif de son tempérament. Heureusement, ses autres sentiments sont bons, mais il ne pardonne jamais une blessure faite à son amour-propre, quelque faible qu'elle soit, et il lui serait impossible de remplir aucune occupation sérieuse par son défaut de mémoire. >>

Cette action des maladies sur le moral, à peine soupçonnée des personnes étrangères à la médecine, nous engage à consiguer encore plusieurs faits, empruntés à des hommes qui ont été conduits par leur profession à faire de ce sujet une étude spéciale.

Qui n'a pas eu sous les yeux, dit le docteur Rush (1), des exemples de personnes chez lesquelles des maladies ont développé des germes de bienveillance et d'honnêteté dont elle n'avaient jamais donné d'indices auparavant? Ces métamorphoses s'observent aussi dans les rêves; sous leur influence, on devient dévoué, passionné, affectueux, imaginatif et bavard. Les docteurs Bucknil et Tuke qui ont défendu cette opinion, la confirment par plusieurs observations. Un enfant avait présenté des symptômes d'hydrocéphalie dont il guérit ; il se manifesta ensuite une perversion morale, sans altération des facultés perceptives.

Un jeune homme fit une chute sur la tête; il avait alors douze ans et se montrait très-capable. Plusieurs mois après, il survint un affaiblissement de l'esprit auquel succéda graduellement le retour des facultés. A vingt ans, il fut pris de mélancolie, avec alternatives d'excitation et de dépression. On fut obligé de l'enfermer, parce que la folie morale avait remplacé cette dernière forme (2).

Le révérend père Denman raconte dans un de ses excellents mémoires Sur les rapports du physique et du moral, l'observation d'un gentleman avec lequel il était lié et qui avait été aussi blessé à la tête. Peu de temps après l'accident il manifesta un orgueil exalté, inclination qui, jusqu'alors,

(1) Benjamin Rush, Medical inquiries and observations upon the diseases of the mind, fifth edition; Philadelphia. 1835.

(2) J. Buckmill and D. Tuke, A Manual of psychological medecine, 2e édition, London, 1842.

avait été complétement étrangère à son caractère et qui continua jusqu'à la fin de sa vie (3). Ce fait et d'autres semblent favorables à l'opinion de ceux qui sont portés à admettre que le meilleur signe diagnostique, entre les penchants vicieux et la folie morale, est dans le mode de production.

Le docteur Wigan a publié (4) l'observation d'un jeune enfant auquel un instituteur brutal donna un coup de règle sur la tête. Il s'ensuivit un désordre général des facultés morales. Le docteur Clive ayant constaté une légère dépression à l'endroit frappé, pratiqua le trépan qui mit à découvert une portion d'os comprimant le cerveau. Le rétablissement fut rapide.

On peut donc, par suite du développement incomplet de l'organisme et en particulier du cerveau, de l'altération due à une maladie quelconque, présenter une infériorité morale qui, chez les individus où ces deux ordres de faits ne sont pas contrebalancés par de bons sentiments, d'heureuses aptitudes, affaiblit de beaucoup la part de responsabilité dans les actes répréhensibles.

Il n'est pas moins incontestable qu'on aurait beau soumettre à tous les enseignements ceux qui se trouvent dans ces conditions, on ne parviendrait jamais à leur donner ce qui leur fait défaut pour se conduire. Depuis quelques années on a discipliné les faibles d'esprit, les imbéciles et un certain nombre d'idiots, on a presque accompli des prodiges, mais on n'a pu remplacer chez ces déshérités l'initiative qui leur manquait.

On ne comprend pas, en effet, pourquoi les choses iraient ici autrement qu'elles ne se passent dans la vie.

Les parents transmettent à leurs enfants leurs traits, leur tempérament, leurs qualités, leurs défauts, leurs vertus, leurs vices, leurs maladies et leurs difformités. Ces transmissions héréditaires s'observent dans cinq ou six générations successives, malgré l'éducation, l'hygiène, la médecine, et l'on voudrait faire une exception pour les infériorités intellectuelles et morales.

Ainsi la famille des Condé, dit SaintSimon, présente chez presque tous les princes de ce nom, une chaude et naturelle intrépidité, une remarquable entente

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