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est pour le cœur. Il ne peut appartenir qu'au médecin seul de donner l'impulsion à la culture du sentiment religieux chez des aliénés; c'est lui qui doit indiquer les cas où elle peut être favorable, et qui doit déterminer les limites dans lesquelles en doit être circonscrit l'exercice.

Les malades, habitués dès leur plus tendre enfance à assister aux services religieux, aiment à être présents aux offices dans une église ; il semble qu'ils se rapprochent ainsi du monde. Ils y deviennent calmes, satisfaits, ils réfléchissent, ils sentent leur propre dignité, comprennent le devoir qu'ils remplissent et se préparent la voie vers la guérison.

Les préparatifs pour assister aux offices, les dimanches et les jours de fête, font dissiper et éviter l'ennui que ces jours amènent.

On a longtemps considéré ce moyen moralisateur comme une utopie; aujourd'hui ce préjugé est vaincu et on apprécie à sa juste valeur les avantages de cet agent modificateur, qui peut être à la fois excellent comme sédatif, ou correctif, ou tonique ou stimulant.

Pour soustraire les aliénés aux objets, aux projets, aux idées qui alimentent sans cesse leur délire, on a institué, créé partout des moyens très-variés de distraction : lectures, musique, promenades, gymnastique, occupations manuelles, qui tous ont pour but de détourner l'attention des malades, de modifier leurs idées morbides, d'amener une diversion morale.

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Comme il est de la plus haute importance d'exciter, de réveiller, d'exercer dès l'enfance les facultés essentielles de l'àme; on ne doit pas négliger chez les jeunes aliénés surtout la religion et l'instruction. Dans cette vue, on a attaché ou institué une école à quelques asiles néerlandais; l'instruction y est bien organisée. Les idiots, les imbéciles avec défaut de développement du corps et de l'esprit y subissent des modifications surprenantes sous l'influence de la méthode psychique. Une éducation pédagogique sévère développe les forces physiques et intellectuelles. On voit des sujets, qui étaient plongés dans la nuit la plus profonde, être rendus au jour et devenir des êtres intéressants et utiles à la société.

L'exemple de l'institution des jeunes idiots à La Haye mérite d'être suivi (1). Les beaux résultats qui y sont obtenus sont dignes d'une description particulière. Je me

(1) A l'hospice Guislain et à la maison des femmes aliénées à Gand, on a, depuis plusieurs années (1855), attaché des écoles pour les jeunes idiots des deux sexes. Ces institutions sont par

suis imposé cette tâche et je la remplis, sous forme d'appendice, à la fin de ce travail.

Dans plusieurs asiles, on a organisé des séances musicales et littéraires; on tâche, autant que faire se peut, de suivre la vie sociale du dehors pour adoucir les peines et les regrets de l'isolement.

L'action moralisante amène parfois des guérisons dans des cas que l'on croyait désespérés. Preuve que l'incurabilité des malades ne doit pas être prononcée trop tôt. C'est ainsi que dans la manie périodique, où le siège organique est tout-à-fait environné d'obscurité, on obtient des guérisons sans autre secours que les moyens moraux et hygiéniques. (La suite au prochain No.) (Annales de la Société de médecine d'Anvers, février et mars 1863 )

Bons effets des narcotiques à haute dose dans le traitement de la boulimie. - Des divers moyens mis en usage contre la dyspepsie boulimique, les narcotiques sont certainement ceux qui offrent le plus de chances de succès, et souvent, si celuici fait défaut, cela tient à la timidité avec laquelle on manie le médicament. Voici deux observations de M. le docteur Potton, qui mettent en relief la vérité et l'importance de cette remarque.

La première est relative à une jeune personne de 18 ans, d'un tempérament lymphatique nerveux, qui, à la suite de contrariétés vives, fut prise de dérangements nombreux dans sa santé, aménorrhée et dysmenorrhée, crises hystériformes, gastralgie, et enfin de dyspepsie boulimique extraordinaire. Les besoins de manger revenaient avec une vivacité extrême toutes les deux heures, accompagnés de douleurs aiguës dans l'estomac et de lipothymie : la malade se trouvait ainsi forcée de faire douze repas copieux dans les vingt-quatre heures. Bonnes digestions; selles très-abondantes, non diarrhéiques, au nombre de cinq ou six par jour; urines normales; embonpoint devenu excessif, au point qu'en cinq mois le poids s'était accru de 32 kilogrammes; répugnance pour la marche, qui, du reste, entravait la digestion. Cet état durait depuis treize mois, quand M. Potton commença à donner des soins à la malade D'accord avec MM. les docteurs de Polinière et Brachet, il eut recours aux narcotiques. La morphine, administrée à doses croissantes de 1/16

faitement organisées et fonctionnent pour le plus grand bien-être des jeunes infortunés qui y séjournent.

de grain jusqu'à 0,50 centigrammes dans les vingt-quatre heures, triompha de cette affection, contre laquelle avaient échoué les antispasmodiques soit seuls, soit associés à l'extrait d'opium, l'extrait de belladone, l'hydrothérapie. L'embonpoint excessif disparut avec le retour à la santé. Les facultés intellectuelles sont toujours restées intactes.

Dans la deuxième observation, il s'agit d'un jeune homme de 22 ans, dont l'enfance avait été maladive, et qui avait une grande susceptibilité du tube digestif. A 17 ans, il y eut chez lui tous les symptômes de l'hystérie, et enfin il se manifesta une dyspepsie boulimique, semblable en tous points à celle du cas précédent et même plus intense peut-être. Pendant huit mois, un grand nombre de médications avaient échoué; l'opium lui-même avait été essayé sans succès. Néanmoins, M. Potton crut qu'on devait insister sur cette dernière médication, avis qui fut partagé par MM. Andral, Gendrin et Trousseau. La morphine étant mal supportée, on eut recours à l'extrait d'opium, qui fut administré pendant six mois et demi, à doses croissantes de 25 centigrammes jusqu'à 2 gr. 50 par vingt-quatre heures, et mêlé soit aux aliments, soit aux boissons. Le succès fut complet; le retour à la santé ne laissait plus rien à désirer; néanmoins notre honorable confrère crut prudent de continuer l'administration du narcotique pendant deux mois encore, à doses décroissantes.

En terminant cette intéressante communication, M. Potton a insisté, et avec raison, croyons-nous, sur la nécessité d'administrer avec persistance dans ces sortes de cas, soit l'extrait d'opium, soit la morphine, et de les porter progressivement à des doses très-considérables, tout en en surveillant avec soin les effets.

(Soc. imp. de méd. de Lyon et Bulletin génér. de thérap., 15 mai 1863.)

De la nature et du traitement de la diphtherie; par le docteur RANKING. Le traitement conseillé contre la diphthérie varie tellement suivant les pays, que l'on serait tenté de croire que la nature de cette affection n'est pas la même dans tous les lieux où elle se manifeste. Quoi qu'il en soit, voici le traitement adopté par M. Ranking Il proscrit les sangsues, les vomitifs, le calomel et les vésicatoires; conseille le perchlorure de fer ou le chlorate de potasse, le premier, à la dose de 10 à 15 gouttes dans de l'eau, toutes les trois

ou quatre heures; le second, à la dose de 4 à 8 grains (20 à 40 centigr.) dans une infusion amère avec 2 à 5 gouttes d'acide chlorhydrique étendu, de trois heures en trois heures. Il donne à ses malades de la quinine, du vin et une nourriture fortifiante. Si l'enfant ne veut rien prendre, il a recours à des lavements de bouillon avec addition d'eau-de-vie et de quinine. La cautérisation locale paraît à M. Ranking plus nuisible qu'utile (d'autres, au contraire, regardent ce moyen comme héroïque). Il préfère toucher les parties malades avec la liqueur de perchlorure de fer ou prescrire un gargarisme préparé avec cette même liqueur (2 gros sur 8 onces, ou environ 8 gram. sur 250 gram.). On peut aussi employer un gargarisme au chlorate de potasse (1 gros sur 6 onces, ou environ 4 gram. sur 200 gram.).

Dans les cas légers, l'auteur se borne à des gargarismes, à des fomentations chaudes, au repos et à une légère alimentation; seulement il conseille au médecin d'exercer la plus grande surveillance.

(Journ. f. Kinderkrankh. et Gazette médicale de Paris, No 18.)

Des affections nerveuses consécutives

à la diphtherie. M. Hedlam Greenhow, médecin à l'hôpital de Middlesex, rappelle que la dernière épidémie d'angines diphthéritiques a été suivie de phénomènes nerveux particuliers, consistant surtout dans la diminution, l'augmentation ou la perversion de la sensibilité, et en même temps dans la paralysie plus ou moins complète de certains groupes musculaires, qui sont, par ordre de fréquence, ceux de l'isthme du gosier, du pharynx, de la langue et des lèvres, des extrémités, du tronc et du cou. Ces phénomènes ne se montrèrent pas dans tous les cas de diphthérie; ils survinrent principalement dans les plus graves, et la paralysie et l'anesthésie furent quelquefois plus complètes du côté du pharynx le plus affecté par la maladie.

Une courte période de convalescence, de quelques jours au plus, a toujours séparé la disparition de l'angine et l'apparition des phénomènes nerveux, qui n'atteignent pas tout d'abord leur maximum d'intensité. Les muscles de l'isthme et du pharynx sont toujours les premiers paralysés, et souvent les seuls. Le voile du palais perd son action, la parole devient imparfaite, et les liquides refluent dans les fosses nasales; l'anesthésie coexiste avec la paralysie.

Vient ensuite l'affaiblissement de la vue,

dù probablement à la paralysie du muscle ciliaire et à la perte temporaire du pouvoir d'accommodation de l'œil; il est précédé de la dilatation de la pupille et de la lenteur des mouvements de l'iris.

Dans la langue et les lèvres, ce sont des fourmillements, des sensations de brûlure, de l'engourdissement, la diminution du sens du goût et des mouvements; dans les membres, paralysie et anesthésie accompagnées de frisson, fourmillements, sensation de constriction. Ces phénomènes, qui peuvent débuter à la fois dans les membres supérieurs et inférieurs, ou seulement dans les supérieurs, commencent par les doigts et les orteils pour s'étendre ensuite en se rapprochant du tronc. Enfin, quelquefois ces accidents affectent plus ou moins la forme hémiplégique.

Dans quelques cas, exceptionnels heureusement, M. Greenhow a vu la mort survenir, trois fois par cessation de l'action du cœur, une fois à la suite de vomissements incoercibles. Comme traitement, il recommande un bon régime, des stimulants, des toniques, spécialement le fer, le quinquina et les acides minéraux; en cas de paralysie complétement établie, la noix vomique et la strychnine.

M. Acton signale comme premiers symptômes une odeur fétide des narines, l'impossibilité d'écrire régulièrement, et des chutes soudaines pendant la marche. Un de ses enfants, pendant un an, à la suite d'une angine diphthéritique, ne put prononcer ni le mot « ah!» ni la lettre w.

D'après M. Weber, le premier symptôme nerveux est le ralentissement du pouls qui survient pendant l'existence des fausses membranes, ou immédiatement après leur disparition; le pouls peut descendre à 36. Il pose, sans la résoudre, cette question: « La paralysie diphthéritique doit-elle être regardée comme une partie nécessaire de la maladie, ou comme symptôme secondaire.

Enfin, M. Sanderson pense que la paralysie diphthéritique est due moins à la perte de l'action musculaire qu'à la perte du pouvoir de coordination.

(Royal med. and chirurg. society of London et Gazette méd. de Lyon, No 10.)

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pareil cas, vaut mieux qu'une intempestive activité; et nous proscrivons, comme tous les praticiens, ces médications perturbatrices qui, dans la circonstance, n'auraient que des dangers et pas une excuse. Mais cependant nous ne pouvons croire que tout le rôle du médecin, auprès d'un varioleux, doive toujours consister à tenir son malade au lit!

M. Martin s'inscrit contre cette temporisation érigée en système. I recommande d'administrer, dans la première période, le nitrate de potasse, l'ipécacuanha et l'acétate d'ammoniaque, comme diaphorétiques et sédatifs.

Mais le meilleur conseil qu'il donne, cependant, est de tenir les mains et la face couvertes pendant toute la durée de l'éruption. Pourquoi, en effet, ces parties sontelles toujours envahies par une quantité de pustules plus considérables? Parce que la transpiration, entravée par leur exposition à l'air, ne peut pas s'y faire aussi librement qu'ailleurs. En conséquence, il faut que les mains soient toujours sous la couverture. Et, quant au visage, du coton cardé ou un masque, qui ne laisse libres que les orifices respiratoires, doit y être maintenu pendant toute la durée de la maladie.

(The Lancet et Gazette médicale de Lyon, No 10.)

Emploi de la créosote contre la gangrène des poumons. Un exemple bien remarquable, rapporté par le Journal de Venise, tend à montrer que la créosote peut être utile dans la gangrène pulmonaire. Chez une épileptique atteinte de pneumonie du lobe inférieur droit, qui passa rapidement à l'état gangréneux, ce médicament ayant été administré à la dose de 1, puis de 2 grammes dans une potion gommeuse, les crachats perdirent définitivement, après trois ou quatre jours, leur odeur caractéristique, et le souffle amphorique correspondant à la partie affectée cessa ensuite et fit place à une sonorité exagérée. La créosote fut ainsi continuée longtemps et avec un tel avantage, que la malade quitta le lit. Mais un mois après cette convalescence, aggravée de fréquents accès d'épilepsie, des signes de tuberculisation éclatent, et la malade meurt. Entre autres lésions révelées par l'autopsie et outre des cavernes au sommet des poumons, une grande cavité fut trouvée dans le lobe extérieur droit, fermée exactement d'une pseudo-membrane assez résistante, irrégulièrement elliptique, de 8 à 9 centimètres de diamètre et contenant un liquide

gangréneux ayant l'odeur de celui expulsé pendant la vie. Ainsi confirmé, ce fait est de nature à faire admettre la créosote dans la thérapeutique encore si pauvre de la gangrene pulmonaire, ou du moins à en provoquer l'expérimentation.

(L'Union médicale, No 71.)

aux longs A ce titre la

Traitement de la sciatique par les cautères à pois médicamenteux. Tout le monde sait combien la sciatique se montre quelquefois rebelle à tous les moyens dirigés contre elle, sans en excepter les injections sous-cutanées de sulfate d'atropine, qui avaient fait concevoir récemment de si belles espérances. Cette résistance et cette ténacité de la névralgie, dans certains cas, pouvaient seuls faire légitimer et faire admettre dans la pratique les cautérisations transcurrentes avec l'acide sulfurique proposées et employées par feu le docteur Legroux, moyen qui, il faut bien le dire, ne laisse pas que d'être un peu cruel. Mais aux grands ou ce qui est à peu près la même chose maux les grands remèdes. ressource suivante, employée par M. Trousseau dans sa pratique hospitalière, mérite peut-être de fixer l'attention. Elle se rapproche un peu de celle de Legroux, si ce n'est, pourtant, que la violence du moyen est en quelque sorte plus localisée. Elle consiste à faire d'une même plaie un ex utoire et un lieu d'absorption pour des substances stupéfiantes. Une plaie de 4 centimètres environ de longueur est pratiquée avec le bistouri dans le point le plus douloureux, à la partie moyenne du pli fessier pour la sciatique. Cette plaie devra être assez profonde et assez égale partout pour que des pois puissent y être facilement maintenus; aussi sera-t-il bon de faire l'ineision de dedans en dehors avec un pli à la peau. Le premier jour, M. Trousseau bourre cette plaie de charpie afin de la préparer à la présence de corps étrangers; ily introduit ensuite des pois (trois au début, sauf à en réduire le nombre, selon le degré d'amélioration) faits avec extrait de belladonne, extrait d'opium et poudre de gaïac, de chacun 2 grammes, en les associant à une suffisante quantité de gomme adragante, pour 20 pois de la dimension ordinaire de ceux à cautère. Ces pois doivent être, de plus, séchés à l'étuve pour acquérir une dureté convenable. Leur présence dans la plaie ne détermine, à ce qu'il parait, qu'une cuisson très-supportable et qui cesse au bout d'une ou de deux heures. Ils sont entièrement ramol

lis, en cinq ou six heures, et forment une bouillic noire qui baigne tous les points de la plaie. Sous l'influence de ce moyen, une amélioration très-rapide s'est produite chez deux malades, dont voici l'histoire trèsabrégée :

Le premier, homme de 38 ans, avait cu, il y a neuf ans, une sciatique, gauche, alternant pendant une dizaine de jours avec une céphalalgie. Le sulfate de quinine n'avait eu d'action que sur celle-ci : la sciatique persista un mois. Aujourd'hui nouvelle attaque de sciatique, pour laquelle il entre à l'Hôtel-Dieu le 47 avril. Tous les deux jours une injection sous-cutanée de sulfate d'atropine, sans aucune amélioration. M. Trousseau eut alors recours au traitement ci-dessus; deux jours après, diminution notable des douleurs et guérison tellement rapide, que le malade a quitté l'hôpital quinze jours après.

Le second malade a ressenti, il y a six mois, les premières douleurs sciatiques à la cuisse et à la fesse gauches; le 4 mai, la névralgie était très-intense. Quatre injections sous-cutanées furent faites sans résultat. L'essence de térébenthine n'eut pas plus de succès. Mais les douleurs sont allées en décroissant à partir du moment où a été pratiquée l'incision fessière, et la marche a été possible quatre jours après. Aujourd'hui la guérison est complète.

Gazette des Hôpitaux et Bulletin général de thérapeutique, 30 juin 1865.)

Nouvelle manière d'administrer le mercure dans le traitement de la syphilis. Cette méthode, recommandée il y a quelque temps par le docteur O'Connor, consiste, aussi longtemps que tous les symptômes syphilitiques n'ont pas disparu, à introduire tous les soirs dans le rectum du malade un suppositoire préparé avec l'onguent mercuriel et à le laisser séjourner durant toute la nuit dans l'intestin. Cette manière de faire a sur tous les autres modes du traitement mercuriel les avantages de faire absorber le mercure plus facilement, de rendre inutiles les sales et fatigantes frictions et surtout de prévenir les irritations si désagréables de l'estomac et du tube intestinal, que l'administration des préparations mercurielles par la bouche entraîne presque infailliblement après elle. Dr D.....

(Geneesk. Courant der Nederl., No 18.)

Sur une modification physiologique qui se produit dans le nerf lingual par

suite de l'abolition temporaire de la motricité dans le nerf hypoglosse du même côté. MM. Philippeaux et Vulpian ont montré déjà par des expériences variées que les nerfs dont les relations avec le centre nerveux ont été détruites, se régénèrent après s'être altérées profondément dans toute leur partie périphérique, et recouvrent les propriétés physiologiques qu'ils avaient perdues. Le nerf hypoglosse a été un des nerfs que ces sagaces expérimentateurs ont surtout mis en expérience, en tirant du crâne, par avulsion, sa portion centrale avec ses racines, et en excisant toute cette portion, de façon à empêcher complétement le rétablissement des connexions de ce nerf avec le centre nerveux.

Leurs expériences ont démontré de plus que, lorsque le nerf hypoglosse est privé de ses connexions avec le centre nerveux, il se fait dans les extrémités périphériques du nerf lingual du même côté une modification qui établit entre ces extrémités et les fibres musculaires de la langue une relation physiologique qui n'existe point dans l'état normal. En résumé, pour ne parler que de la conséquence immédiate de ces expériences, elles démontrent qu'en anéantissant pendant un certain temps les propriétés physiologiques du nerf hypoglosse, nerf moteur de la langue, le nerf lingual, nerf sensitif de cet organe, acquiert la propriété motrice qu'il n'avait point auparavant. Ce sont des expériences qu'il faut nécessairement étendre à d'autres nerfs avant d'en généraliser le résultat; mais tel qu'il est, ce résultat nous paraît mériter l'attention des physiologistes. (Compte-rendu de l'Acad. des sciences et Bull. gen. de thérap., 15 juin 1865.)

Rapports de poids des nouveau-nés dans les dix premiers jours de leur naissance; conclusions à en tirer relativement au mode d'alimentation. — Chargé par le professeur Martin de soumettre à de nouvelles recherches les résultats d'Ed. Siebold, le docteur Winckel a cru devoir peser tous les enfants, non, comme lui, tous les deux jours, mais chaque jour, et noter toutes les particularités qui se rattachaient à la mère et à l'enfant. Dans le compte rendu de ses recherches, présenté à la Société gynécologique de Berlin, nous voyons que 100 enfants, dont 7 non à terme, et 95 à terme, ces derniers nourris, 78 par leur mère, et 15 avec du lait de vache, perdirent tous indifféremment le même poids, soit environ 12 à 14 loth

(mesure qui équivaut à un peu plus de 15 grammes), dans les deux à trois premiers jours qui suivirent la naissance; que, par conséquent, à cette époque, il n'y a qu'une différence insignifiante dans la perte de poids subie par les enfants, à terme ou non, nourris avec du lait de femme ou du lait de vache. Mais les conditions changent après le troisième jour. Tandis, en effet, que chez les 78 enfants nourris par leur mère, le docteur Winckel trouva de suite, après la cessation de la perte, une augmentation de poids rapidement croissante; chez les 15 nourris avec du lait de vache, au contraire, cette augmentation n'eut pas lieu, en sorte que tous ces 15 enfants étaient encore sensiblement plus légers le dixième jour que lors de la naissance, et aucun ne montrait une tendance à augmenter. Depuis la présentation de ce compte-rendu, neuf autres observations d'enfants nourris avec du lait de vache sont venues confirmer ce résultat.

Certes, la plupart des médecins - et nous disons la plupart parce qu'il en est quelques-uns qui se montrent parfois trop faciles sur cette question les médecins, disons-nous, savent parfaitement que l'allaitement artificiel est loin de valoir l'allaitement maternel ou par une nourrice, et les résultats qui précèdent n'ajouteront rien à leurs convictions à cet égard. Mais exprimées ainsi par des chiffres, avec une rigueur en quelque sorte mathématique, ces données sont de nature à frapper davantage l'attention et à accroître la conviction, s'il en était besoin. Voilà pourquoi nous avons inséré cette note.

(Monatsschr. f. Geburtsk, and Frauenkr. Bull. gen. de thérap., 15 juin 1865.)

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Des amputations par la méthode à deux lambeaux rectangulaires inégaux, ou méthode de Teale; par le docteur A. VAN BIERVLIET, de Bruges. Cette méthode a été proposée, en 1858, par un chirurgien anglais, M. Teale; d'après lui, elle expose moins aux accidents consécutifs et elle donne un meilleur moignon que la méthode circulaire ou les méthodes à lambeau ordinaires. Avant de procéder à l'amputation, il faut mesurer exactement l'épaisseur du membre à l'endroit où l'on se propose de le couper. En supposant que sa circonférence en cet endroit soit de scize pouces, le plus grand lambeau devra avoir une largeur et une longueur égales à la moitié de la circonférence, soit huit pouces. On trace sur le membre deux

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