Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

Et le pire, dans ce malheur,
Fut le désespoir de la mère.
Le médecin aussitôt consulté,
Et le corps partout visité,

Comme on n'y vit point de blessure,
Chacun parlait à sa façon

De cette sinistre aventure.
La populaire opinion

Fut que l'amour de sa maitresse
Avail jeté Jérôme en cette adversité,
Et qu'il était mort de tristesse,
Comme c'était la vérité.

Le corps fut donc à l'église porté,
Et là s'en vint la malheureuse mère,
Au milieu des amis en deuil,
Exhaler sa douleur amère.
Tandis qu'on menait le cercueil,
Le tisserand, qui, dans le fond de l'âme,
Ne laissait pas d'être inquiet :

« Il est bon, dit-il à sa femme,

[blocks in formation]
[ocr errors]

Qui mourut hier à la maison.

» J'ai quelque peur qu'on ne médise

>> Sur cet inattendu trépas,

» Et ce serait un mauvais pas,

>> Tout innocents que nous en sommes. » Je me tiendrai parmi les hommes, » Et prierai Dieu, tout en les écoutant. >> De ton côté, prends soin d'en faire autant » A l'endroit qu'occupent les femmes. »Tu retiendras ce que ces bonnes âmes » Diront de nous, et nous ferons » Selon ce que nous entendrons. » La pitié trop tard à Silvie

Était venue, et ce discours lui plut.
Celui dont un baiser eût conservé la vie,
Le voulant voir encore, elle s'en fut.
Il est étrange, il est presque incroyable,
Combien c'est chose inexplicable
Que la puissance de l'amour.
Ce cœur, si chaste et si sévère,
Qui semblait fermé sans retour
Quand la fortune était prospère,
Tout à coup s'ouvrit au malheur.
A peine dans l'église entrée,
De compassion et d'horreur
Silvia se sentit pénétrée;

L'ancien amour s'éveilla tout entier.
Le front baissé, de son manteau voilée,
Traversant la triste assemblée,
Jusqu'à la bière il lui fallut aller;
Et là, sous le drap mortuaire
Sitôt qu'elle vit son ami,

Défaillante et poussant un eri,

Comme une sœur embrasse un frère,
Sur le cercueil elle tomba;

Et comme la douleur avait tué Jérôme,
De sa douleur ainsi mourut Silvia.
Cette fois ce fut au jeune homme
A céder la moitié du lit:

L'un près de l'autre on les ensevelit.
Ainsi ces deux amants séparés sur la terre
Furent unis, et la mort fit
Ce que l'amour n'avait pu faire.

CHANSON.

A Saint-Blaise, à la Zuecca,
Vous étiez, vous étiez bien aise
A Saint-Blaise.

A Saint-Blaise, à la Zuecca,

Nous étions bien là.

Mais de vous en souvenir

Prendrez-vous la peine?
Mais de vous en souvenir
Et d'y revenir,

A Saint-Blaise, à la Zuecca,

Dans les prés fleuris cueillir la verveine, A Saint-Blaise, à la Zuecca,

Vivre et mourir là!

1835.

CHANSON DE BARBERINE '.

Beau chevalier qui partez pour la guerre,
Qu'allez-vous faire

Si loin d'ici?

Voyez-vous pas que la nuit est profonde,
Et que le monde

N'est que souci?

Vous qui croyez qu'une amour délaissée
De la pensée

S'enfuit ainsi,

Hélas! hélas! chercheurs de renommée,

Votre fumée

S'envole aussi.

Beau chevalier qui partez pour la guerre,
Qu'allez-vous faire

Si loin de nous ?

J'en vais pleurer, moi qui me laissais dire

Que mon sourire

Était si doux.

1836.

Voir, dans le recueil des comédies de l'auteur, la pièce intitulée LA QUENOUILLE DE BARBERINE.

CHANSON DE FORTUNIO 1.

1

Si vous croyez que je vais dire
Qui j'ose aimer,

Je ne saurais, pour un empire,
Vous la nommer.

Nous allons chanter à la ronde,
Si vous voulez,

Que je l'adore et qu'elle est blonde
Comme les blés.

[blocks in formation]

Voir, dans le recueil des comédies de l'auteur, la pièce intitulée LE CRANDELIER.

« VorigeDoorgaan »