Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

Ne m'eussent fait fléchir, sois-en bien convaincu...
Mais tu rêves, Dupont; à quoi donc penses-tu?

DUPONT.

Ah! Durand, si du moins j'avais un cœur de femme
Qui sût par quelque amour consoler ma grande âme!
Mais, non; j'étale en vain mes grâces dans Paris.
Il en est de ma peau comme de tes écrits;

Je l'offre à tout venant, et personne n'y touche.

Sur mon grabat désert, en grondant je me couche,
Et j'attends; rien ne vient. — C'est de quoi se noyer !

DURAND.

Ne fais-tu rien le soir pour te désennuyer?

DUPONT.

Je joue aux dominos quelquefois chez Procope.

DURAND.

Ma foi, c'est un beau jeu. L'esprit s'y développe;
Et ce n'est pas un homme à faire un quiproquo,
Celui qui juste à point sait faire domino.

Entrons dans un café. C'est aujourd'hui dimanche.

DUPONT.

Si tu veux me tenir quinze sous sans revanche,
J'y consens.

DURAND.

Un instant! Commençons par jouer

La consommation d'abord pour essayer.

Je vais boire à tes frais, pour sùr, un petit verre.

DUPONT.

Les liqueurs me font mal. Je n'aime que la bière.
Qu'as-tu sur toi?

DURAND.

Trois sous.

[blocks in formation]

AU ROI,

APRÈS L'ATTENTAT DE MEUNIER.

Prince, les assassins consacrent ta puissance.
Ils forcent Dieu lui-même à nous montrer sa main.
Par droit d'élection tu régnais sur la France;
La balle et le poignard te font un droit divin.

De ceux dont le hasard couronna la naissance, Nous en savons plusieurs qui sont sacrés en vain. Toi, tu l'es par le peuple et par la Providence; Souris au parricide, et poursuis ton chemin.

Mais sois prudent, Philippe, et songe à la patrie.
Ta pensée est son bien, ton corps son bouclier.
Sur toi, comme sur elle, il est temps de veiller.

Ferme un immense abîme, et conserve ta vie. Défendons-nous ensemble, et laissons-nous le temps De vieillir, toi pour nous, et nous pour tes enfants.

SUR LA NAISSANCE

DU COMTE DE PARIS.

De tant de jours de deuil, de crainte et d'espérance,
De tant d'efforts perdus, de tant de maux soufferts,
En es-tu lasse enfin, pauvre terre de France,
Et de tes vieux enfants l'éternelle inconstance
Laissera-t-elle un jour le calme à l'univers?

Comprends-tu les destins et sais-tu ton histoire?
Depuis un demi-siècle as-tu compté tes pas?
Est-ce assez de grandeur, de misère et de gloire,
El, sinon par pitié pour la propre mémoire,
Par fatigue du moins t'arrêteras-tu pas ?

Ne te souvient-il plus de ces temps d'épouvante,
Où de quatre-vingt-neuf résonna le tocsin?
N'était-ce pas hier, et la source sanglante
Où Paris baptisa sa liberté naissante,
La sens-tu pas encor qui coule de ton sein?

A-t-il rassasié ta fierté vagabonde,

A-t-il pour les combats assouvi ton penchant,
Cet homme audacieux qui traversa le monde,

« VorigeDoorgaan »