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Cette conduite lui a fait perdre entièrement la confance du public & cette confidération attachée à sa charge, dont il a fait fi fouvent un fi heureux usage dans des tems anciens pour étouffer des troubles.

Le Peuple accoutumé à confidérer dans le Confeil un protecteur du Pays & un gardien tutélaire de fes Droits & Priviléges, ne l'a plus regardé que comme un corps fervilement attaché & dévoué aux volontés arbitraires du Gouvernement.

Telle eft, Monfeigneur, notre véritable pofition d'aujourd'hui, & c'eft dans cette conjoncture qu'on nous propofe de flétrir par une oftentation publique un imprimé envoyé à ceux du Chef-College du Pays Aloft (a). Il eft des momens, où pour des Officiers de Juftice, le filence eft non-feulement un crime mais où un palliatif quelconque de la vérité ne l'eft pas moins (b). Ces momens-là font venus. Il ne s'agit plus de diffimuler, mais de parler fanchement &c. fans détour..

Nous difons donc en premier lieu, que le Confeil ayant perdu toute fon influence fur l'efprit du Peuple, un acte quelconque de fa part, quoique revêtu de tout l'éclat & appareil d'une exécution criminelle, n'en impofera pas à la multitude. Nous croyons au contraire, d'après les notions que nous avons de la difpofition actuelle des efprits, que ce fpectacle ne ferviroit qu'à les irriter & aigrir d'avantage. Il prêtera à des difcours malins, & en piquant la curiofité publique il augmentera la circulation de

tituts-Fifcaux, arrieres Fifcaux affez au gré du Substitute Fifcal P.... il auroit voulu qu'on en créat encore quelques douzaines de plus pour l'avancement des nouveaux fyftêmes.

(a) Le Manifefte du Peuple Brabançon.

(6) Heureux les Officiers de Juftice qui penfent auffi fortement. Si tous les Officiers de Juftice l'avoient fait, & que le Gouvernement eût été de nature à mettre à profit cette importante vérité, il ne fe trouveroit pas où il eft.

Pimprimé, & des gens en prendront occafion de dire & d'accréditer (a), que cette piece doit être d'une importance extrême, puifque le Gouvernement met tant d'intérêt à fon anéantiffement. Enfin, pour tout dire, le mal eft parvenu à un point fi haut, qu'il faut d'autres remedes pour le guérir. La fermentation des efprits eft montée à un degré extrême. La Flandre entiere eft dans la confternation; mais elle eft encore dans l'obéiffance. Pour la maintenir dans cet état, & prévenir une contagion horrible qui nous menace, il faut de toute néceffité (car les momens font précieux) faire revivre inceffamment le train ordinaire des choses; ouvrir la voie de la Juftice, rendre à leurs foyers des fujets enlevés arbitrairement, faire retirer l'appareil militaire qui prive de leur liberté plufieurs perfonnes de tout rang, faire ceffer la loi martiale, le Gouvernement militaire & cette police armée qui porte l'effroi dans toutes les ames, rendre inviolable le fecret des Lettres, ne pas donner fuite à la déclaration des armes, modérer l'inquifition terrible contre la librairie, mitiger les peines & actions Fifcales. Ce n'eft pas par de vaines oftentations, par des traitemens durs, par l'infpiration de la crainte qu'on parviendra à calmer les efprits (b): Tous ces

(4) Jamais productions littéraires n'ont fait plus grande fortune que celles à qui l'exécuteur des hautes-œuvres, a donné de la vogue en voulant les flétrir. C'eft la connoiffance de l'hiftoire, des hommes & de leurs inclinations naturelles, qui a dicté cette vérité au judicieux Auteur de ce Mémoire.

(b) Cela eft fi vrai, que depuis l'infurrection générale des Provinces, rien n'a tant fervi à échauffer les efprits & le courage de tous les Belges, que les menaces inhumaines du général d'Arberg à Gand, de Reinsmaul à Of tende, de Apponcourt à Mons, de B. Hayden à Anvers, de Baillet de la Tour à Louvain, de d'Alton à Bruxelles, & par tout, de mettre tout à feu & à fang. Le mal s'eft aigri depuis, le défefpoir & la rage ont mis les armes à la main à tous les habitans de nos Provinces : & qui les leur fera maintenant pofer?

moyens

moyens ne font propres qu'à aigrir le mal en pouf fant les hommes à la rage & au défespoir.

Mais fi les remedes indiqués font de nature à nous procurer de la tranquillité pour le préfent, ils ne fuffifent cependant pas pour ramener l'amour envers le Souverain le refpect pour les Loix & la confidération pour le Gouvernement & les Magiftrats: il faut pour cet effet remonter & extirper le mal dans fa fource. Cette fource eft très-connue, & par conféquent le mal très-curable. S. M. a déclaré plus d'une fois qu'il n'y a point de facrifice que fon cœur paternel ne foit prêt de faire pour le bonheur de fes Tujets. Eh bien! ce facrifice (a), fi nous pouvons l'appeller ainfi, eft très-fimple, très-naturel. On n'a qu'à remettre l'ancien état des chofes on n'a qu'à adopter un fyftême de Gouvernement, qui dans tous fes points & relations, foit de nature à raffurer po fitivement les fujets fur leur propriété, liberté & fil reté, ufages, droits & priviléges.

S. M., lors de fa vifite du Pays, a été témoin oculaire de l'état floriffant de nos Provinces: elle a joui des tranfports d'un amour extrême, & qui tenoit de "Penthoufiafme pour fa Perfonne facrée. Il eft impoffible de peindre les témoignages d'amour, de refpect, de dévouement que tout le monde donnoit à fon Souverain; tous les cœurs étoient à lui, tous les tréfors, ouverts à fon fervice; au moindre mot, tous les bras euffent été armés en fa faveur. Cependant cette vifite fi défirée, dont on fe flattoit tant, & qui donnoit au Pays de fi hautes espérances, eft l’infortunée époque d'où ont commencé & font partis

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pas

(a) Quel peut être la nature de ce facrifice? Ou JOSEPH II a voulu ou n'a pas voulu ruiner à plaifir ces belles Provinces: s'il l'a voulu ce n'eft un facrifice que d'abandonner une entreprise injufte qu'on n'a pû Confommer. S'il ne l'a pas voulu; c'eft une juftice, c'est une dette indifpenfable de rendre ce qu'on a injuftement ravi.

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graduellement tous ces Edits & changemens dans nos Conftitutions, qui portent aujourd'hui la défolation dans ces Provinces. On a pris pour prétexte une amélioration de bien. » Mais y a-t-il un terme dans » la nature du bien? Eh! ambitionner toujours le » meilleur, n'eft-ce pas courir après la chimere (a)? » Quand on eft bien & heureux, pourquoi changer »notre condition au rifque de la détériorer? » C'eft ainfi que raifonnoit le Peuple, & il n'appercevoit dans tous ces grands plans de réforme, que des projets pour envahir fes Droits & renverfer fes Priviléges. Le Peuple Belgique, comme on fait, eft trèsattaché à l'exercice de la Religion de fes peres, -à fes anciens Ufages, Droits & Priviléges il en eft fi jaloux & fi méfiant, que la moindre atteinte qu'on y porte le met en alarmes. Il voit la puiffance légiflative, exécutrice & le pouvoir militaire réunis dans, la feule main de fon Souverain ; & il tremble à la moindre apparence qu'il croit entrevoir qu'on en veut à fes Droits facrés de propriété, liberté & fûreté, parce qu'il n'a à oppofer à cette puiffance formida ble, que les foibles armes des remontrances & le lien facré de l'inauguration, arme fans doute bien redoutable par la force de la Religion, mais foible, lorfque le pouvoir y met des interprétations arbitraires.

(a) Les premieres regles du bon fens & les plus minces principes de la même politique prouvent jufqu'à l'évidence cette imaxime, qui eft auffi générale qu'inftructive pour toutes les conditions & pofitions de la vie humaine. Vous êtes bien & heureux vous avez donc un certain : vous abandonnez le bien pour chercher le mieux. Vous prenez donc l'incertain, & c'est une folie. Le chien de la fable qui lâche le morceau de viande qu'il tenoit en gueule pour en happer une autre, qu'il voyoit dans l'eau, & qu'il croyoit meilleur, perd le bien qu'il a, & n'attrape pas le le meilleur qu'il cherche. Nous étions bien fous Marie-Therefe de très-gloricufe mémoire : JOSEPH II voulut nous rendre mieux, nous fommes tous malheureux.

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C'eft ce lien facré que nous invoquons, Monfeigneur, encore aujourd'hui. Nous vous conjurons au nom d'un Peuple généreux, fidele & confterné d'employer toute l'influence qui eft en votre pouvoir pour ramener le calme dans le Pays, faire ceffer la terreur univerfelle, & détourner l'orage horrible qui menace nos têtes, en rendant au Peuple fes Droits, fa Conftitution, la Religion de fes Peres, & fes Priviléges. Il faut un long efpace tems, il faut des faits bien multipliés pour éteindre l'amour & le refpect dûs au Souverain; un inftant fuffit pour les raminer. Le grief de la Nation redreffé, voilà le moment : c'est ce moment heureux que nous ofons efpérer fous les aufpices de votre excellence: c'eft alors que tous les cœurs feront rendus à S. M., que l'amour renaîtra pour fa Perfonne facrée, qu'on bénira fon nom, & qu'on fera des vœux ardens & finceres pour la confervation de fes précieux jours & la profpérité de fon augufte regne.

Nous avons l'honneur d'être, &c.

LETTRE envoyée aux Efpions de Sa Majefté l'Empereur & Roi, tant du Plat-Pays que des Villes, par les Fifcaux de Flandre, fidélement collationnée avec fon Original.

GAND, le 8 Janvier 1787.

MONSIEUR,

Comme dans les circonftances de la fermentation qu'excitent parmi le Clergé des efprits fanatiques & factieux, imbus des principes Ultramontains, qui viennent d'être abfolument profcrits dans l'enfeignement de la Théologie de Louvain, il importe e de veiller de près aux fermons, aux difcours & aux démarches des Eccléfiaftiques, & particuliérement des Curés des Villes & de la Campagne, nous vous

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