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gique que me paraît devoir l'être un produit de cette nature, qui résulte de la plante déjà traitée par l'éther, comme celui-ci, ou du même végétal épuisé seulement par l'alcool faible.

Expériences n° 6. Extrait alcoolique de digitale pourprée.-4 grammes d'extrait alcoolique de digitale fatiguent visiblement un lapin adulte. Quelques vomituritions surviennent un quart d'heure après l'ingurgitation; un peu plus tard, on remarque chez l'animal une espèce d'état convulsif, de l'affaiblissement, mais pas autre chose. Une heure après l'ingestion des 4 grammes, on en administre une semblable dose; peu de temps après, des efforts de vomissement ont lieu; l'agitation est extrême et comme convulsive; cette agitation cesse après une heure environ de durée, pour faire place à une espèce de prostration momentanée, puis l'état convulsif se réveille et un vomissement a lieu; un autre lui succède un peu plus tard. Le malaise paraît extrême; cependant le mouvement antipéristaltique parait céder et l'animal retombe dans l'abattement, ou plutôt dans une espèce de coma somnolentum, qui ne cesse qu'au moment où de nouveaux efforts de vomissement se déclarent, sans que le vomissement ait lieu. Une troisième dose de 4 grammes est introduite dans l'estomac du lapin, quatre heures après la première. Alors on observe de nouvelles convulsions et de nouveaux symptômes qui dénotent un plus grand malaise. Les vomissements suivent de près l'introduction du poison; ils sont plus fréquents, mais ils sont peu abondants; à ces efforts d'expulsion succèdent encore des signes d'une prostration générale, un nouvel état comateux, enfin une sorte de stupéfaction qui dénote que le cerveau est fortement congestionné. Cet état dure quelques heures: il s'aggrave même sensiblement vers le soir, et dénote évidemment que l'animal ne doit pas tarder à succomber. En effet, dix heures après l'ingestion de la première dose, il succombe sans donner aucun signe d'agitation.

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Pendant que tout ceci se réalisait, autre lapin était soumis aux mêmes influences, mais avec de semblables doses d'extrait alcoolique des pharmacies, provenant de la même provision de digitale. Décrire ce qui se passa serait offrir, à peu près, la répétition de tout ce qui vient d'être décrit ; aussi éviterons-nous cette seconde description. Le peu de différence que j'ai remarqué dans les phénomènes se trouve dans deux ou trois vomissements de plus, et dans la moindre durée des phénomènes auxquels la mort mit fin neuf heures après la première administration du poison.

Il est probable que si nous avions pu empêcher les vomissements, la violence du poison n'aurait pas permis à ces animaux de vivre aussi longtemps.

J'oubliais de dire que les urines ont été fréquentes, abondantes et un peu lactescentes pendant la durée des épreuves. Ce fait, assez peu important, mérite cependant d'être rapporté.

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Expériences n° 7. Extrait alcoolique de jusquiame noire. Un lapin n'ayant éprouvé, de 8 grammes d'extrait alcoolique de jusquiame, que des accidents à peu près analogues à ceux que 6 grammes d'extrait de belladone avaient produits sur le lapin qui fait le sujet de la troisième expérience qui figure au no 4 de cette série, on lui en administra 16 quelques jours plus tard. Alors on eut lieu de croire que la mort suivrait de près cette administration, car le quadrupède fut immédiatement haletant, cruellement tourmenté, très-agité, atteint de vomituritions qui lui firent rejeter une faible quantité de la matière ingérée, et qui me firent craindre des vomissements, tant les mouvements spasmodiques de l'estomac étaient fréquents et fortement prononcés. Cependant, bien que les désordres causés allassent croissant d'une manière manifeste pendant la première heure, il ne survint aucun vomissement. On remarqua seulement que la respiration paraissait de plus en plus courte, de plus en plus accélérée; que le naseau était continuellement en mouvement, remarque que j'avais faite dans tous les cas où le poison avait exercé une forte influence. On remarqua de plus, que l'animal portait constamment sa tête haute en signe d'une respiration difficile, qu'il agitat de temps en temps ses deux pattes de devant et les portait parfois vers le museau avec vivacité; que le regard était fixe et morne, les yeux ternes, etc. Les mêmes symptômes se soutinrent à peu près dans le même état durant toute la journée; cependant sur le soir ils semblèrent s'amender un peu, bien qu'il existât une sorte de torpeur caractérisée par la rareté des mouvements de locomotion.

Le lendemain, aucun changement en mieux n'est survenu; l'animal est plus abattu, il semble ne pouvoir résister à l'influence toxique de l'extrait. Vers le déclin du jour, on essaie de lui faire prendre quelque nourriture, mais c'est en vain.

Le troisième jour, toute chance de guérison est à jamais détruite : l'animal est plongé dans un assoupissement profond dont on a de la peine à le tirer; sa respiration est pourtant beaucoup moins accélérée; la sécrétion urinaire, suspendue jusqu'alors, sc rétablit un peu et les urines n'ont

rien d'anormal, du moins en apparence. La journée s'écoule sans qu'on puisse faire d'autres remarques: on s'aperçoit seulement que l'abattement est devenu plus grand vers le soir, et que le terme fatal approche; aussi le lendemain ne trouve-t-on plus qu'un cadavre froid et roide.

Prenant alors 16 grammes d'extrait alcoolique de jusquiame préparé avec la même plante, d'après le procédé ordinaire, je soumis un autre lapin à l'épreuve de ce produit.

Décrire ce que j'observai dans ce cas serait complétement inutile, les remarques précédentes pouvant s'appliquer parfaite ment ici, avec cette différence que la mort survint dans le courant du troisième jour, sur le soir, et que je vis les membres de l'animal se convulser dans ses derniers moments, sans que rien de bien remarquable eut annoncé jusque-là une mort prochaine; car, d'après les observations de l'expérience précédente, je pouvais supposer que la vie se prolongerait au moins jusqu'au lendemain.

Voilà encore deux faits à peu près identiques qui viennent déposer en faveur des extraits alcooliques qui nous occupent, bien que la mort, qui peut dépendre de l'idiosyncrasie de l'animal, ait été moins tardive de quelques heures dans le dernier cas.

Ces faits accomplis, j'aurais pu diriger mes essais sur d'autres extraits alcooliques provenant de poudres végétales traitées par l'éther, notamment sur l'extrait de stramoine et celui de nicotiane; mais je confesse qu'il me tardait d'en finir avec ces rudes épreuves qui ont été si funestes à plusieurs animaux, en même temps qu'elles ont coûté à ma sensibilité plus d'une émotion pénible dont je ne crains pas de faire l'aveu. Il n'est pas donné à tous les hommes de se livrer impunément à de telles recherches; et s'il est permis de taxer de faiblesse le sentiment de pitié dont je n'ai pu me défendre en présence de ces malheureuses victimes, que j'ai cru devoir immoler dans l'intérêt de la science, j'avoue que mon courage a fléchi plus d'une fois dans le cours de mes expériences, et que plus d'une fois aussi j'ai dù le retremper pour consommer le sacrifice. Ainsi, si j'ai pu me décider à vaincre mes répugnances tant que j'ai senti la nécessité de les combattre, je n'aurais pu me livrer à d'autres essais de cette nature, alors qu'il m'était permis de les considérer compléte ment inutiles. Les faits que j'ai rapportés sont d'ailleurs plus que suffisants, à mon avis, pour détruire toute espèce de doute sur la nullité des éthérolés que nous avons étudiés. Ils sont tels, qu'ils portent avec eux plus d'un enseignement utile; car, s'ils nous mettent à même de résoudre la question posée, ils peuvent aussi, ce me semble, venir

en aide à la science toxicologique en lai fournissant de nouvelles lumières.

En effet, il ressort de tout ceci, indépendamment de ce que j'avais à cœur de prouver, que nous serions dans une bien grande erreur si nous pensions que nos organes ne sont pas plus impressionnables que ceux des animaux en général. N'est-il pas bien évident, au contraire, que l'homme, par sa nature propre et toute exceptionnelle, par sa grande susceptibilité nerveuse, par ce consensus universel qui forme le caractère spécifique de toute organisation humaine, et qui joue un rôle si important dans toutes les actions vitales propres au système nerveux; n'est-il pas de la dernière évidence, dis-je, que l'homme doit être plus fortement impressionné par certains agents toxiques que les animaux qui, après lui, occupent les premiers rangs parmi les êtres organisés? S'il en était autrement, comment expliquerions-nous, par exemple, cette influence si puissante, à doses fractionnées, des solanées, de la ciguë, de la digitale, sur nos organes, lorsque des quantités considérables de ces mêmes plantes n'ont pas toujours déterminé la mort chez les animaux que j'ai rendus victimes de mes essais? D'ailleurs cette grande vérité physiologique pourrait-elle être douteuse pour nous, en présence de ces faits si remarquables exposés avec tant de précision par l'honorable M. Orfila, dans son Traité de médecine légale, à l'endroit des sels de morphine? Ces sels, si énergiques pour nous à la dose de quelques centigrammes, n'ont été mortels pour des chiens vigoureux et de forte taille qu'à des doses extrêmement élevées. « Ainsi, dit M. Orfila, si les chiens sont forts et adultes, ils peuvent supporter de fortes doses d'acétate de morphine sans périr; s'ils sont jeunes et de moyenne stature, il suffit, pour les tuer dans l'espace de quatre à six heures, de leur faire prendre 40 ou 60 grains de poison. Or, je le demande, quel est l'homme, quelque vigoureux qu'on puisse le supposer, qui pourrait résister à l'action toxique d'un tel agent, même en le supposant sous l'influence d'une quantité beaucoup moindre de ce poison redoutable? A coup sûr, il n'en est aucun, car je ne sache pas que la nature humaine puisse braver ainsi la puissance de l'opium ou de ses dérivés, à moins qu'une longue habitude n'ait accoutumé insensiblement les organes à l'action du poison.

Ainsi, s'il est un grand nombre de substances vénéneuses qui exercent sur l'homme et sur certains animaux une action à peu près semblable, il en est aussi beaucoup. surtout parmi celles qui exercent plus spécialement leur influence sur les centres

nerveux, qui agissent plus violemment sur l'homme que sur les animaux ; et les plantes dont nous venons d'étudier les produits doivent appartenir à ces dernières.

On ne peut arguer d'ailleurs de la mauvaise nature de mes extraits, attendu le soin tout particulier que je mets toujours dans le choix des plantes que je destine à la préparation de tels produits. L'habitat, l'exposition, l'époque la plus favorable de la saison, la récolte au moment de la floraison, toutes les conditions enfin propres à une parfaite élaboration des principes actifs, sont autant de considérations que je ne manque pas de mettre à profit, autant qu'il m'est permis de le faire, et auxquelles se joignent nécessairement celles qui se rapportent à la confection de ces produits. Je suis trop pénétré de toute l'importance, de toute la valeur de ces conditions pour avoir jamais à me reprocher de les avoir négli gés; et une expérience journalière me prouve suffisamment, du reste, que tous mes extraits répondent parfaitement aux précautions que je prends pour les avoir tels qu'ils doivent être. J'insiste là-dessus, non pour satisfaire à un vain sentiment d'amour-propre, toujours déplacé en pareil cas, mais bien pour donner de la valeur aux faits que je viens de consigner dans ce mémoire, ainsi qu'aux considérations qu'ils ont dû faire naître.

Je dois faire remarquer ici, en passant, que quelque impressionnables que soient nos organes, nous nous montrons généralement beaucoup trop timides sur la posologie de ces médicaments héroïques. Il n'est pas douteux que la prudence ne doive rendre les praticiens très-réservés sur l'emploi de ces agents, surtout dans nos climats tempérés; mais il ne faut pas pousser cette réserve au point de rendre nuls les effets qu'ils doivent produire; et c'est, je crois, ce que l'on fait assez généralement de nos jours. Pourquoi? Parce que la matière médicale n'est pas étudiée assez à fond. Si nous manquons souvent le but, ne devons-nous pas parfois en trouver la cause dans cette timidité, poussée à l'excès, qui me semble caractériser certaines prescriptions médicales de notre époque? Rappelons-nous que si Storck et ses imitateurs ont vu les extraits d'aconit et de ciguë, par exemple, réussir à merveille sous leur habile direction, c'est qu'ils n'ont pas craint d'en pousser graduellement les doses jusqu'à 1 gramme et plus du premier, et jusqu'à 16 grammes du dernier. Or, je le demande, quel est le médecin aujourd'hui qui serait assez hardi pour adopter une telle posologie? Aucun. Laissons les homœopathes se ridiculariser à leur aise avec leurs infiniment petits; mais, pour avoir raison du peu de cas que nous faisons

de leur doctrine, ne tombons pas nousmêmes dans le ridicule d'une thérapeutique timorée, car ce serait là le moyen de nous suicider avec nos propres armes, tout en rendant un mauvais service à l'humanité. Je crois donc qu'en tenant compte des influences de nos climats tempérés sur le développement des principes actifs des végétaux qui nous occupent, nous devrions, sans nous jeter dans aucun excès dangereux, nous montrer plus hardis que nous ne

sommes.

Je m'aperçois que je me suis un peu trop écarté de mon sujet, mais j'ose espérer que l'on me pardonnera cette digression en faveur du motif; et c'est avec cet espoir que je passe à la préparation des éthérolés.

TROISIÈME PARTIE.

Préparation des éthérolés.

S'il est de la dernière évidence que les éthérolés qui doivent nous intéresser le plus sont de très-mauvais médicaments, qui ne peuvent agir sur nos organes que par l'éther lui-même, nous devons, ou les faire disparaître à jamais de nos pharmacies, ou les préparer de manière à les rendre dignes de toute notre confiance.

Or quels seraient les moyens à mettre en œuvre pour atteindre ce but? Serait-ce en remplaçant l'éther par la liqueur d'Hoffmann? Cette substitution semblerait présenter des avantages réels, en réfléchissant à la double nature de menstrue éthéro-alcoolique; cependant il est vrai de dire que, passé quelques rares exceptions qui ne sauraient faire règle, ce liquide ne m'a rien offert d'avantageux pour les résultats. Seraiton plus heureux en usant d'un mélange à parties égales d'éther et d'hydralcool à 21° degrés? Pas davantage. Ces deux mélanges présentent même des inconvénients graves qu'il est important de signaler. Ainsi, si l'on fait agir, par déplacement, les deux menstrues à la fois sur la digitale, de la ciguë, de l'aconit, de la belladone, de la jusquiame ou toute autre plante riche en chlorophylle, il arrive qu'à mesure que la pénétration des liquides s'effectue, la dissociation a lieu en raison de la grande affinité de l'éther pour la chlorophylle, et de l'alcool aqueux pour la matière extractive. Le résultat final prouve même que ces deux agents se nuisent mutuellement; car, en poussant l'opération jusqu'à ses dernières limites, c'est-à-dire en faisant agir de l'alcool faible ou de l'eau sur la poudre végétale pour en achever l'épuisement, on obtient d'une part moins d'éthérolé, moins de résidu ou extrait éthérique, d'une quantité déterminée de teinture éthérée, et de l'autre, moins d'extrait alcoolique.

On peut facilement se rendre compte du départ qui s'opère entre les deux liquides par la loi des affinités ; et l'on s'explique de même le déficit énorme que l'on trouve dans l'éthérolé obtenu, lorsqu'on tient compte aussi de la loi des pesanteurs spécifiques. Qu'arrive-t-il, en effet, lorsque les deux menstrues se séparent dans la colonne végétale? L'alcool faible, plus pesant que l'éther, tend plus fortement que ce dernier à gagner la partie inférieure de l'allonge du vase, chasse au-dessus de lui, du moins jusqu'à un certain point, une partie de cet éther, et en laisse passer avec lui une autre partie. Ceteffet, devenu sensible lorsque le menstrue éthéro-alcoolique a pu se saturer d'une quantité de matière soluble assez forte pour donner lieu à une séparation, l'est beaucoup plus à mesure que l'on vient à chasser par l'eau le liquide qui doit constituer l'éthérolé. On remarque plus particulièrement alors qu'une partie de l'éther, par un mouvement ascensionnel plus prononcé, gagne la partie supérieure du vase qui contient la poudre, et s'accumule suffisamment pour raréfier l'air contenu dans la capacité vide de ce vase: ce qui a lieu, du reste, depuis le commencement de l'opération, de telle sorte qu'en approchant une bougie allumée de l'orifice du col, on produit une inflammation qui peut durer longtemps, et que l'on peut renouveler par intervalles, à mesure que le déplacement par l'eau a lieu. Si ce déplacement est fait avec de l'alcool faible, en remplacement de l'eau, le même phénomène se présente, mais d'une manière moins sensible. Il résulte de cette raréfaction, que l'éther se trouve plus disposé à prendre la direction de bas en haut, ce qui, au surplus, a lieu dans tous les cas d'une manière plus ou moins sensible; aussi il faut bien se persuader qu'il y a toujours une perte assez considérable de menstrue, quelque précaution que l'on prenne.

La macération seule affranchit de ces inconvénients, mais elle ne permet pas d'obtenir de meilleurs produits, que l'éther soit employé seul ou combiné avec un liquide alcoolique. Le résidu éthérique est toujours en moindre quantité, lorsque cette association existe, et il n'est pas plus abondant, lorsqu'elle n'existe pas, que celui que fournit l'éthérolé obtenu par déplacement. Son emploi ne présenterait donc un avantage réel qu'autant que le mélange des liquides serait jugé convenable, mais il est évident qu'il faut y renoncer pour chercher quelque chose de mieux, si ce n'est pour tous les cas, au moins pour ceux qui font plus particulièrement le sujet de ce travail.

Après avoir essuyé tous les mécomptes résultant des nombreux essais tentés jusque

là avec une persévérance et un soin extrêmes, j'ai dû avoir recours à d'autres moyens. De ces moyens mis en œuvre, aucun ne m'a réussi comme le suivant, que je considère comme le seul capable de fournir de bons produits, et que j'adopte sans hésiter, nonseulement pour obéir à cette considération capitale, mais encore pour d'autres motifs qu'il sera facile d'apprécier, lorsque j'en aurai fait ressortir tous les avantages. L'idée en est si simple, qu'il me semble qu'elle n'aurait dû échapper à personne. En voici l'exposé dans tous ses détails, que j'applique au hasard à la préparation de l'éthérolé d'aconit.

Teinture éthérée d'aconit.

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Pr.: Aconit napel en poudre fine. 125 gram. Éther sulfuriquu à 36o. 250 id. Alcool à 21° Cartier. . . .250 id. Introduisez la poudre dans le vase supérieur de l'appareil Donovan, au bas duquel vous aurez placé une mèche ou tampon de coton cardé; recouvrez cette poudre, tassée avec soin, d'une rondelle de laine ou, mieux encore, d'une forte couche de verre pilé, et pratiquez des affusions d'éther, par parties successives, jusqu'à l'emploi total de ce fluide volatil, plus un excès d'environ 15 ou 20 grammes pour compenser la perte; faites succéder les affusions alcooliques aux affusions éthériques; mais employez ici un grand excès de ce liquide alcoolique, pour prévenir tout mélange entre les parties que vous avez à recueillir et l'eau, puis continuez à déplacer avec ce dernier véhicule, jusqu'à ce que vous ayez pu compléter 500 grammes de teinture éthéro-alcoolique, homogène dans toutes ses parties, et que vous recueillerez dans un vase, par le robinet inférieur de l'appareil. Il sera même trèsconvenable de recueillir ce produit de temps à autre, si l'on veut rendre la perte moins sensible.

Là se trouvent réunies toutes les conditions propres à constituer des éthérolés doués de propriétés vraiment énergiques, tous les principes médicamenteux des végétaux soumis à ce genre de traitement étant en dissolution dans ces produits, les seuls qui méritent la confiance que doit nous inspirer tout médicament appelé à jouer un rôle important dans la thérapeutique. C'est faire comprendre que les teintures éthérées de belladone, de ciguë, de digitale, de jusquiame, de nicotiane et autres de même nature doivent être soumises à ce seul procédé. Quant aux autres, il importe beaucoup moins qu'elles reçoivent la double influence de l'éther et de l'alcool, non-seulement parce qu'elles sont moins importantes par ellesmêmes, mais aussi parce qu'on ne peut nier

l'action plus ou moins forte, plus ou moins sensible de l'éther sur les principes actifs de l'assa fœtida, du baume de Tolu, du castoréum, des cantharides, de l'arnica, du safran, de la pyrèthre, de l'ambre gris, du musc, etc.

Estimant néanmoins qu'il serait assez convenable de soumettre au double traitement tous les agents qui peuvent s'y prêter avec avantage, comme ceux que je viens de dénommer dans cette seconde série, l'alcool exerçant également sur eux une action dissolvante qui peut doubler leur énergie; je suis tout à fait disposé à n'adopter qu'un seul et même mode pour tous les éthérolés, moins ceux qui se font par simple solution de toute la matière à traiter et qui ne se prêtent nullement au déplacement. Je suis, du reste, d'autant plus porté à généraliser ce mode, que je reconnais la complète inutilité de la macération pour le sujet qui nous occupe l'éther agit avec assez d'énergie sur les substances qu'il a la propriété de dissoudre, pour que tout contact prolongé soit jugé superflu. J'ai d'ailleurs la complète certitude que la macération n'est utile que dans un très-petit nombre de cas; j'oserai même dire que j'en ai rarement reconnu l'utilité. Traitez, en effet, par macération, toutes ou presque toutes les substances que le Codex recommande de traiter ainsi, vous n'en obtiendrez pas plus de matière dissoute; vous en obtiendrez même moins, dans certains cas, que si vous leur aviez appliqué la lixiviation. Le seul avantage que je lui reconnaisse, c'est de donner plus de fixité aux principes dissous, mais seulement pour les œnolés et autres produits de cette nature, nommément pour le laudanum liquide de Sydenham, que j'ai renoncé à préparer par déplacement, depuis que j'ai vu ce produit déposer plus abondamment, par suite de l'emploi de ce moyen, que celui qui résulte de la macération. Lorsqu'il s'agit d'alcoolés ou d'éthérolés, la question change complétement, pourvu toutefois que l'on fasse un usage bien raisonné du déplacement; car il est évident que cette méthode peut devenir trèsvicieuse entre les mains d'un routinier ou d'un homme négligent. Ce serait là, certes, le sujet d'une longue dissertation, mais je ne dois pas oublier que je n'ai pas à m'occuper ici de ce sujet important. Je me propose, au surplus, de traiter à fond cette question dans un travail tout à fait spécial, avec l'intention de mieux faire apprécier qu'on n'a paru le faire jusqu'à présent, le déplacement et ses quelques auxiliaires, qu'on n'a pas encore suffisamment étudiés.

L'appareil de Donovan, dont on trouve la description dans les pharmacopées mo

dernes, est celui qu'il faut préférer à tous les autres, lorsqu'il s'agit de la préparation des éthérolés. Il est beaucoup plus convenable que l'appareil Robiquet modifié, dont on se sert assez généralement à Lyon depuis quelques années, et qui consiste en une carafe, dans laquelle vient s'engager une espèce d'allonge usée à l'émeri, à sa douille, et bouchée exactement à sa partie supérieure avec un bouchon en cristal.

Donovan avait compris que l'air interposé dans la poudre ne pouvait être chassé de haut en bas par le liquide, sans augmenter la masse de ce fluide gazeux contenue dans le récipient, et partant sans former un obstacle à la chute du liquide; de là ce tube de communication qui, en maintenant l'équilibre entre les deux vases, prévient jusqu'à un certain point tout inconvénient de ce genre inconvénient d'autant plus grand d'ailleurs, qu'avec l'air accumulé il se forme une certaine quantité de vapeur éthérique qui tend aussi à refouler cet air de bas en haut, et à empêcher aussi la filtration du liquide. Aussi, il arrive un moment, avec l'appareil Robiquet, où la filtration n'est plus possible, si toutes les issues se trouvent exactement fermées, et ne peut continuer qu'autant qu'on permet l'introduction de l'air dans les deux vases, en interposant une bande de carte entre les parties usées et l'émeri; or on prévient ce besoin indispensable par le tube de communication, et l'on évite aussi par là la perte d'une grande quantité d'éther, bien que, dans tous les cas, il faille se résoudre à en essayer une assez considérable, attendu qu'il y a toujours refoulement ou ascension d'une partie de ce fluide.

Les considérations qui précèdent me forcent à dire que Robiquet avait tort de considérer comme une chose avantageuse ce refoulement de bas en haut, produit parla vapeur d'éther, d'autant plus qu'il est d'autres moyens d'éviter l'infiltration trop rapide du liquide en fermant le robinet pratiqué vers la douille ou, à défaut, en ralentissant les affusions destinées à l'épuisement de la matière. Mais, je le répète encore, cet épuisement est si facile, avec un menstrue tel que l'éther ou l'alcool, que cette précaution peut être jugée tout à fait inutile, quelque rapide que l'on suppose le passage du liquide à travers la poudre à épuiser, pourvu toutefois que cette poudre soit fine et convenablement disposée dans l'appareil.

Je vois avec regret que les pharmacologistes ne sont pas d'accord sur la quantité d'éther sulfurique à employer pour la confection des éthérolés. Ainsi que j'ai déjà eu occasion de le dire, les quatre parties sur une adoptées par le Codex pour la plupart

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