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un vétérinaire qui lui fit prendre quelque breuvage soi-disant spécifique. La morsure non cautérisée se cicatrisa promptement sans aucun autre accident.

Depuis quelques jours cependant le pauvre garçon manifestait de l'agitation. La veille du jour où je le vis, il s'était plaint de démangeaison dans la cicatrice et on l'avait vu plusieurs fois la frotter. Il avait ensuite témoigné de l'horreur pour les liquides et n'avait plus pu ni boire ni manger. Lorsque je fus introduit auprès de lui, il était dans un violent paroxysme, et se débattait de côté et d'autre malgré les efforts de quatre personnes occupées à le retenir. Il était agité de spasmes violents; sa contenance était horrible à voir. Sa bouche écumait; une abondante salive visqueuse s'en écoulait. Les assistants comparaient ses cris aux hurlements d'un chien. I cherchait à mordre ceux qui le contenaient. L'attaque dura environ six minutes; pendant ce temps, le pouls avait une rapidité telle qu'on ne pouvait en compter les battements; dès que l'accès cessait, l'agitation et le spasme disparaissaient, il reprenait ses sens et la suite de ses idées. Il nous avertissait alors de nous tenir sur nos gardes pour n'être pas mordus par lui, ce qu'il eût été, disait-il, désolé de faire, mais ce dont il n'était pas sûr de pouvoir s'empêcher dans les moments où le mal empirait. De temps en temps, il se plaignait de soif, de douleur à l'estomac, d'un resserrement autour de la poitrine. Un domestique ayant versé derrière lui de l'eau dans un vase, ce bruit détermina un spasme. Dans l'intervalle des attaques, ses nerfs restaient excessivement sensibles. Le moindre bruit dans la chambre, les pas qu'il faisait, le mouvement de ses jointures, le plus léger courant d'air, une porte s'ouvrant, l'augmentation ou la diminution de la lumière, une ombre projetée sur le mur redoublaient ses angoisses. La vue d'un gobelet de verre amena un accès. Une douleur à l'épigastre alternait avec une autre douleur qu'il ressentait dans la partie mordue. La cicatrice était rouge, mais sans solution de continuité. On sépara ses mâchoires en introduisant un morceau de bois entre les molaires. Je lui fis avaler deux drachmes de laudanum et autant d'esprit de camphre; puis ensuite 5 décigrammes de calomel mélangé avec du miel. On fit dans les aisselles et aux cuisses une friction avec 3 drachmes d'onguent mercuriel pour chaque région. Au bout d'une heure, on renouvela la dose de camphre et le laudanum.

Une heure du matin. Les accès ont diminué d'intensité. On donne 4 grammes de laudanum et autant d'esprit de camphre; 12 sangsues à l'épigastre.

Deux heures. Il est plus tranquille, libre de douleurs. On lui demande s'il veut boire: & Oh non! s'écria-t-il; oh! ma poitrine est serrée!» La cicatrice du bras s'est ouverte; il en sort un peu de liquide.

Quatre heures. Il ne dort pas; il a des pressentiments de mort, ne souffre point. Il n'y a pas la moindre tendance au délire, quoiqu'il ait pris 500 gouttes de laudanum. Il n'a pas eu d'accès durant une heure.

Cinq heures. Il s'endort jusqu'à neuf heures. En s'éveillant, on lui présente de l'eau qu'il boit sans difficulté. On donne des pilules avec le mercure et l'aloès, et une mixture avec la magnésie calcinée, la manne, la teinture de jusquiame et le camphre.

Six heures du soir. La salivation a commencé. Il a dormi presque tout le jour et a transpiré. Il a pris un peu de gruau.

Le lendemain matin, la salivation était bien établie. On cessa le mercure; il y eat plusieurs selles brunâtres. A sept heures du soir, moins de soif, pouls à 95; il ne se plaint que de faiblesse, il a mangé un peu de pudding et boit sans répugnance.

Le lundi, il retourna chez lui convalescent, quoique le ptyalisme persistât.

M. Hooper a revu ce malade un an après sa guérison; il le traite à cette époque d'ane affection des voics digestives.

(The medical Times, juin 1845.

Gaz. méd. de Paris, 8 nov. 1845.)

Sur l'accouchement prématuré artificiel; par le docteur SCHALLENMULLER, à CRAILZHEIM. Une femme de 24 ans, rachitique de son enfance, de la taille de 4 pieds 8 pouces 1/2 avec un bassin de 2 pouces 3/4 à son diamètre antéro-postėrieur, est accouchée déjà deux fois par la perforation. Le 26 novembre 1845, M. Schallenmuller fit la ponction de l'œuf à peu près huit semaines avant le terme de la troisième grossesse sans qu'il s'en écoulât du liquide. Le 28, il répéta la ponction, et le 29 il s'écoula dans l'espace de deux heures une chopine et demie d'eau ; le 9 décembre on fit une troisième ponction et l'eau continua à couler jusqu'au 11 au soir où de véritables contractions commencèrent. Soixante et seize heures après, la femme accoucha facilement d'un garçon bien portant qui continua à vivre; la mère n'a paspul'allaiter faute de lait dont la sécrétion avait déjà été nulle après les deux premières couches.

M. Schallennuller rapporte de plus huit autres observations où l'accouchement prématuré artificiel a été pratiqué dans la trente-deuxième semaine pour cause d'étroitesse du bassin chez des femmes qui auparavant avaient été délivrées, avec des instruments, d'enfants morts.

Les huit opérations ont été pratiquées sans la moindre suite fâcheuse sur les quatre femmes, trois fois sur deux et une fois sur deux autres.

OBS. Une femme de 34 ans, délivrée cinq fois auparavant, à l'aide du forceps, d'enfants morts, accoucha cinq jours et demi après la ponction, d'une petite fille qui naquit la tête la première et continua à vivre. (M. le docteur Horlacher, à Ansbach.)

OBS. II. Une femme de 30 ans, accouchée deux fois par la perforation, mit au monde, vingt-quatre heures après la ponction de l'œuf, un petit garçon à la tête duquel il fallut appliquer le forceps. Sept semaines après la naissance, l'enfant succomba aux convulsions. (M. le docteur Horlacher, à Crailsheim.)

OBS. III. Une femme de 37 ans, délivrée cinq fois par la perforation, accoucha vingt-quatre jours après la ponction. Présentation par les pieds; petite fille morte pendant l'accouchement. (Le même.)

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OBS. IV. Trois ans après la même femme mit au monde, trois jours après la ponction, un petit garçon présentant les pieds et qui succomba pendant le travail. (Le même.)

OBS. V. Encore trois ans après, la même femme accoucha facilement, trois jours après la ponction, d'une fille venant la tête la première, et qui mourut bientôt après sa naissance. Elle n'avait que vingthuit semaines; la mère s'était trompée sur l'époque de la conception. (M. le docteur Séhallenmuller.) OBS. VI. Une femme de 28 ans, délivrée une fois par le forceps et deux fois par la perforation, accoucha, vingt heures après la ponction, d'une fille qui mourut pendant le travail. Présentation par les pieds. (M. le docteur Horlacher.)

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longueur, tomba sans rencontrer d'obstacle d'environ 60 pieds de hauteur et l'atteignit à la partie postérieure du col pendant qu'il se tenait un peu penché en avant. Le coup ne produisit ni meurtrissure apparente ni changement de couleur à la peau; mais le blessé resta immédiatement sans connaissance. Apporté dans cet état à l'hôpital, sa respiration était stertoreuse, tout le corps froid, le pouls petit et presque imperceptible.

Le lendemain (24), on le saigna, mais sans produire d'amélioration; il vomit plusieurs fois et eut le hoquet.

Le 25, il sortit de son insensibilité, mais y retomba au bout d'un instant.

Le 26, le vomissement s'arrêta, la connaissance revint. On remarqua qu'après le cathétérisme il sortait de la vessie une grande quantité de pus.

Vers la troisième semaine, il se forma, dans le dos, des abcès qui bientôt couvrirent cette région tout entière. Un autre abces se développa dans les muscles fessiers et fusa jusqu'au genou. Il s'en écoulait une suppuration abondante. Il n'y avait plus ici sensibilité ni myotilité à partir du niveau du haut de la poitrine. Le malade ne pouvait pas dire quand on le touchait ni quand on le piquait, à moins qu'on ne le remuåt assez pour faire mouvoir son cou, cas dans lequel la sensibilité était très-grande.

Trois semaines après l'accident, sa santé s'était améliorée; il avait du sommeil, de l'appétit; bref, la nature semblait s'accommoder de cet état. Au bout de huit à dix jours, il reparut de l'insomnie, le pouls redevint petit et faible; puis une semaine après, l'état redevint plus favorable. La nature semblait ainsi lutter contre la maladie, gagnant et perdant alternativement du terrain. Cependant, à la fin du mois de mai, il reprit des forces, les abcès se couvrirent de granulations de bonne nature. Mais lorsque Icur suppuration commença à cesser, il survint une expectoration purulente, et la santé générale parut de nouveau décliner.

Tel était son état, lorsque le 3 juin, M. A. Potter visita le malade. Après l'avoir examiné attentivement, il fut d'avis qu'il y avait compression de la moelle et qu'il serait possible d'en enlever la cause par une opération. Néanmoins, comme il n'avait jamais oui dire qu'une opération semblable eût été faite, ce ne fut qu'avec quelque réserve qu'il en donna le conseil. Le malade y ayant toutefois consenti, il la pratiqua le lendemain en présence de MM. les docteurs Hanchett, Hurd, T. C., deux étudiants et quelques amis du patient. Il commença par une incision conduite hardiment de la seconde vertèbre cervicale à la troisième dorsale, directement sur les apophyses épineuses.

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Ensuite, au milieu de beaucoup de difficultés causées par l'épanchement de la substance osseuse, il sépara les téguments des apophyses épineuses, les rejetant vers le corps des vertèbres, enleva les apophyses et fit enfin une incision dans la substance intervertébrale entre la troisième et la quatrième cervicales, de manière à pouvoir y introduire l'extrémité de son instrument. (Il faut ici remarquer qu'après avoir essayé infructueusement plusieurs instruments, il eut recours aux cisailles à os dont on se sert dans les amputations, et que ce fut celui-ci qui lui réussit le mieux.) Il procéda alors à enlever les apophyses épineuses et les portions des vertèbres pièce par pièce jusqu'à ce qu'il arriva sur la moelle; et, dès qu'il y eut de l'espace, il introduisit le manche d'un petit scalpel sous les vertèbres qui causaient la compression, de manière à ne pas léser la moelle pendant qu'il continuait à employer l'instrument. Il enleva de cette manière plusieurs parties des quatre cervicales inférieures et des deux dorsales supérieures. Les vertèbres étaient tellement ossifiées qu'il était difficile d'assigner avec précision le point où existait la compression. Il parut cependant qu'il n'y en avait que quatre qui fussent fracturées de façon à produire la compression, quoique les apophyses épineuses des deux vertèbres inférieures enlevées fussent plus ou moins fracturées. L'ossification s'était développée partout. L'opération dura environ quarante-cinq minutes.

Tous les médecins présents eurent l'occasion d'observer la moelle épinière, de voir et de sentir ses pulsations. Le malade recouvra la sensibilité presque immédiatement, et pour la première fois depuis le moment de l'accident. Il supporta bien l'opération, qui fut achevée sans qu'il fût besoin de lier aucune artère. Quatre ou cinq heures après, il pouvait aisément dire quel pied ou quel orteil on lui touchait. La sensibilité était parfaite, excepté dans le membre qui avait été le siége d'un abcès; là elle était au-dessous de l'état normal.

La plaie de l'opération ne détermina aucun inconvénient sérieux. Des granulations de bonne nature se formèrent et remplirent la cavité, et la cicatrice commença à se faire autour des bords. Cependant, l'expectoration et la difficulté de respirer allèrent en augmentant, et le malade mourut le 22 juin, 18 jours après l'opération, vraisemblablement par suite de la suppuration des poumons, mais sans que l'opération eût produit autre chose qu'une légère inflammation.

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Définition. Nous définissons l'amputation spontanée, la séparation intra-utérine d'une partie quelconque du fœtus, et plus spécialement d'un ou de plusieurs membres ou de l'extrémité céphalique, d'avec le reste du corps foetal, et cela par suite d'un travail accidentel et lent, insensible pour la mère.

Historique. Aussi étonnant et rare qu'obscur et diversement interprété, ce phé nomène a souvent été relégué parmi les fables, et aujourd'hui, comme au temps de Haller, bien des accoucheurs refusent d'y ajouter foi ou le considèrent comme un simple arrêt de développement. Il appartenait au célèbre Chaussier de fixer définitivement les esprits sur ce point. Ce fut en 1812, dans un discours prononcé à la Maternité de Paris, qu'il fit connaître trois faits authentiques d'amputations spontanées du fœtus. Béclard, cet autre observateur sévère et judicieux, fit insérer, en 1817, un quatrième fait dans le Bulletin de la Faculté (tome V). P. Dubois, de son côté, fit des recherches actives sur ce sujet et publia, dans le Répertoire des sciences médicales (tome XXI), une observation recueillie, en 1824, par Watkinson. Mais ce fut Montgommery, de Dublin, qui contribua le plus à jeter du jour sur l'existence et le mécanisme de cette singulière mutilation; il inséra, en 1830, dans l'Encyclopédie de mẻdecine, un mémoire curieux où il faisait connaître quatre faits inédits d'amputation spontanée (c'est à lui que nous devons cette dénomination). Plus tard, Schwabe, de Cellada, fit insérer un dixième fait dans le Journal de Siebold (tome XII); Zagorski, en 1854, dans les Mémoires de l'Académie de St.-Pétersbourg ; Veïel, dans Frorieps notizen (tome XII); Fitch, de Boston, dans American journ. of med. sc.; enfin, Monod et Taxi consignèrent successivement des faits bien avérés d'amputations spontanées.

Analyse des faits bien connus. - Des trois faits relatés par Chaussier, deux furent observés par lui; le troisième lui fut commu

(The New-York journal of medicine and niqué de Dijon. Dans les deux premiers the collateral sciences.), cas, il manquait une partie d'un des

avant-bras; la partie détachée ne fut sans doute pas trouvée, car il n'en parle pas; quant à la partie restante, elle présentait à son extrémité une cicatrice blanche et compacte, au milieu de laquelle on apercevait deux prolongements osseux saillants et recouverts d'une couche blanchâtre épidermoïde les os, les muscles et les artères offrirent les mêmes dispositions que sur un adulte à qui on a coupé l'avant-bras depuis quelque temps. Dans le troisième cas, le fœtus, né au huitième mois de la gestation, était privé de la plus grande partie de l'a vant-bras droit; la partie manquante fut retrouvée au milieu des secondines. La cicatrisation n'était pas complète au centre; les deux os y faisaient une saillie couverte de bourgeons charnus. » (Fabre, Dict. des dict. de méd.) Dans le fait de Béclard, l'amputation avait eu lieu sur la jambe, le pied correspondant, plus petit que l'autre, fut retrouvé. Watkinson reçut un enfant dont la jambe gauche semblait avoir été amputée à peu de distance au-dessus des malléoles; il trouva ensuite le pied dans le vagin et le retira ; ce pied était plus petit que l'autre, mais ne présentait d'ailleurs aucune trace de gangrene; il n'offrait même aucune altération de couleur et s'était parfaitement conservé dans l'eau de l'amnios. Les deux surfaces de jonction du pied et de la jambe étaient presque cicatrisées; l'une et l'autre offraient deux saillies formées par les deux extrémités des os. » — Il s'agissait, dans un premier fait de Montgommery, d'un fœtus de cinq mois présentant « des brides qui, après avoir étreint les deux mains qui étaient mal développées, gagnaient les jambes sur lesquelles elles exerçaient une constriction circulaire au-dessus des malléoles; il existait en ce point un sillon qui comprenait au moins les deux tiers de l'épaisseur des jambes. La peau qui les recouvrait était intacte et, à l'exception du développement incomplet des pieds, on n'y remarquait aucune altération. » — Dans un second fait, le fœtus mort-né, de huit mois, offrait encore au-dessus des malléoles un sillon, mais tellement profond, que la peau et les os étaient seuls restés intacts. Le pied gorgé de sang n'offrait aucune trace de gangrène. On ne découvrait point de lien constricteur.

Dans le troisième cas, et dans le quatrième observé par Adams, le cordon ombilical, chez des fœtus de trois mois, avait exercé une constriction si forte que la dépression s'étendait jusqu'aux os.-Le fait de Schwabe est en tout semblable à ces deux derniers.Le fœtus de Zagorski n'avait que cinq mois, pas de jambe droite, et le moignon de la cuisse correspondante, cicatrisé et légèrement saillant en cône, présentait un filament

délié qui allait, d'une part, étreindre avec force l'autre jambe au-dessus des malléoles. A ce filament était suspendu le membre détaché, représentant un petit corps ovalaire dont le pied semblait être celui d'un embryon de deux à trois mois. Chailly (Honoré), dans son Traité d'accouchement, Paris 1842, page 356, reproduit un dessin emprunté au Traité des signes de la grossesse, de Montgommery, où des altérations de l'espèce sont figurées. - Dans les observations de Veïel et de Fitch, le membre détaché avait été expulsé plusieurs jours avant le fœtus; le moignon était complétement cicatrisé chez l'un et incomplétement chez l'autre. Le col du fœtus, observé par Taxil, était si serré par trois circulaires du cordon ombilical, qu'il n'avait plus que deux à trois lignes d'épaisseur (Chailly, 1. c.). fait de Monod, les circulaires du cordon avaient laissé sur les membres du fœtus, des rainures très-profondes, et non-seulement sur les parties molles, mais encore sur les os eux-mêines.

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Dans le

N. B. L'amputation spontanée n'a pas encore été observée dans la grossesse gémellaire, ni chez des fœtus à terme.

Mécanisme des amputations spontanées.

Les tocologues sont partagés sur la manière d'expliquer ces sortes d'amputations. Les uns, avec Haller, les attribuent à un arrêt de développement; les autres, Chaussier et Richerand à leur tête, le rapportent à une gangrène partielle; des troisièmes regardent ces amputations comme dues à une constriction exercée par le cordon ombilical; des quatrièmes, avec Velpeau, Chailly, Cazeaux, etc., la rangent parmi les résultats de la brièveté du cordon. Enfin, et c'est aujourd'hui l'opinion la plus généralement accréditée, Montgommery, Gurlt, etc., en accusent l'action de brides accidentelles. On a supposé, en dernier lieu, que les sillons profonds que l'on remarque quelquefois sur les membres, pourraient bien être dus à la rétraction de quelques fibres du derme.

L'opinion de Haller n'a plus guère de partisans aujourd'hui ; la présence de la partie détachée, la mutilation, considérée dans ses diverses périodes, ne permettent plus d'y ajouter la moindre foi. Celle de Richerand ne mérite pas plus de crédit, puisque dans aucun fait on n'a découvert de traces de vraie gangrène. La portion détachée était toujours bien conservée. Le fait de brièveté du cordon n'a pas été mieux constaté et semble ne devoir d'ailleurs être, dans la plupart des cas, que l'effet de l'entortille

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L'hypothèse de la rétraction des fibres du derme n'est guère propre à rendre compte des empreintes profondes que l'on remarque à la surface de quelques fœtus;

son amincissement, du reste, serait peu favorable à la propriété rétractile.

Dans notre conviction, et elle est basée sur les faits complets que possède la science, les amputations spontanées sont toujours dues à une constriction, et cette constriction est opérée tantôt par des circulaires du cordon ombilical, tantôt par des brides accidentelles. Les faits de Montgommery (3 et 4o), de Schwabe, de Taxil et de Monod, mettent hors de tout doute l'action du cordon ombilical. Il est à remarquer qu'en pareil cas, l'embryon périt à un âge peu avancé, et cela sans doute par suite de la compression des vaisseaux ombilicaux. Les 1er et 2e faits de Montgommery, celui de Zagorski, prou vent à l'évidence l'action des brides accidentelles (1).

A notre sens aussi, ces deux ordres de causes (circulaires du cordon ombilical, brides accidentelles) agiront d'autant plus efficacement que les eaux seront plus abondantes, le fœtus moins développé, mais plus turbulent, plus actif, les mouvements de la mère plus brusques, plus violents. C'est vers l'âge de trois à cinq mois que cet accident se remarque surtout: alors aussi les os sont mous, les chairs molles et flasques; le fœtus, peu développé par rapport à l'étendue de la cavité utérine, jouit déjà de mouvements actifs, est susceptible de froisser par son choc la membrane amniotique, d'engager ses membres dans le cordon, les brides, etc.

On se demande comment le cordon ombilical si mou, ordinairement si flasque et si relâché, peut produire des effets aussi profonds sur les membres du fœtus, séparer les parties molles d'abord, les os ensuite et pourvoir encore, jusqu'à un certain point, à la nutrition fœtale? Cette action du cordon ne peut, selon nous, s'opérer qu'à la longue. C'est une espèce de compression atrophique, lente, mais incessante, qui produit nécessairement le défaut de développement, l'amincissement et enfin l'usure et la séparation des organes comprimés. On peut suivre ces diverses gradations dans les cas de Taxil, de Montgommery, Schwabe, etc. Le retard dans le développement des parties détachées ou près de l'être, relativement au développement régulier des autres parties, l'amincissement du derme, des muscles, des

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os eux-mêmes, les cas où l'on n'a plus rencontré qu'une couche mince de peau et d'os à séparer, démontrent parfaitement ce mode d'agir. — La cicatrisation suit ici de près la séparation complète, à cause du peu de surface suppurante que laisse derrière elle l'usure. Tel est, par exemple, le premier cas de Chaussier.

Que devient entre temps la circulation ombilicale? Schwabe présume qu'il y a tout au moins gêne, et ce qui le prouve, selon nous, c'est que, jusqu'à cette heure, on ne possède aucun fait de fœtus arrivé à terme au milieu de ces circonstances; que la plupart des embryons, au contraire, dépassent à peine le terme de trois à quatre mois, au bout duquel ils s'éteignent comme par épuisement; et enfin que, dans le fait de Schwabe et dans un autre observé par Henckel, où il y avait une circulaire du cordon autour du pied, on a trouvé une tumeur variqueuse considérable du côté placentaire du cordon. Si, dans certains cas, l'enfant arrive à une époque assez avancée, rien d'étonnant, puisqu'on a vu des nœuds même très-serrés du cordon, ou une compression assez vive de cet organe, permettre au fruit de recevoir les sucs nutritifs nécessaires.

Il est probable, du reste, que l'entortillement du cordon autour des membres se produit par un mécanisme analogue à celui qui y amène les nodosités. Peut-être aussi l'implantation du placenta au fond de l'utérus est-elle une cause prédisposante des amputations spontanées par le cordon, et cela par le fait de la suspension plus directe du fruit et de la plus grande facilité du repliment en anse du cordon. Quoi qu'il en soit, le poids du corps fœtal resserre les tours circulaires et maintient leur action compressive, que viennent redoubler les mouvements actifs du fœtus. Tout fait présumer que, dans les cas où l'on n'a pas rencontré de brides, c'est au cordon qu'il faut rapporter la mutilation. Tels sont les faits de Chaussier, ceux de Béclard, de Watkinson, le troisième de Montgommery, etc.

Examinons maintenant les modes de formation et d'action des brides accidentelles. Un voile épais couvre encore la génésie de ces productions anormales. Toutefois les faits que possède la science nous la font présumer. On peut rapporter à trois classes les

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