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régner épidémiquement dans neuf communes de l'arrondissement de Lunéville, je viens traiter un des points les plus obscurs de son étiologie.

L'étiologie constitue, sans contredit, l'une des parties principales de l'histoire d'une maladie quelconque et en particulier de la fièvre typhoïde. Cette vérité, que j'ai développée ailleurs (voir mon Traité de Pathologie interne du système respiraloire, tome ler, page 115), a été appréciée de tout temps: de là vient que les Sydenham, les Huxam, les Stool, lés Pringle, les Ræderer et les Wagler, se sont occupés de l'étiologie de cette affection. Mais, il faut l'avouer, si, depuis quelque temps les observateurs ont étudié avec une patience et un soin tout particulier, le diagnostic des maladies et toutes les altérations pathologiques saisissables, qui représentent les diverses périodes de celle-ci, c'est au détriment de l'étiologie. Ce que je dis d'une maladie quelconque s'applique surtout et en particulier à la fièvre typhoïde, sur les causes de laquelle règne encore, dit M. Louis (tome II, page 457), la plus profonde obscurité.

Si l'on consulte les derniers ouvrages publiés sur cette affection (voir ceux de Chomel, 2e édition; de Louis, 2e édition; de Forget; de Piorry), l'on verra qu'il est impossible d'attribuer à cette fièvre ces mille et une causes que l'on donne ordinairement à chaque maladie.

Bien que repoussée par MM. Andral, Bouillaud, Broussais, Louis, Petit, Rochoux, Serres, etc., la contagion de la fièvre typhoïde, reconnue par Huxam (ch. VIII), aujourd'hui, est irrévocablement démontrée et admise (voir Forget, Entérite folliculeuse, page 465; Piorry, Pathologie iatrique, introduction, page XXIII). Ce fait est dû spécialement aux travaux de M. Bretonneau (Archives générales de médecine, tome XXI, 1829), de M. Gendron (l. c., 1829, no de juin et juillet), de M. Leuret, et aux miens que j'ai adressés à l'Académie de médecine de Paris, et que j'ai publiés en partie dans la Gazette médicale de Paris, en 1838, pages 397 et 710 (voir Forget et Piorry, I. c.).

Mon but, en composant ce travail basé sur treize cents faits environ, n'est pas de prouver de nouveau cette contagion; mais de démontrer dans quelles circonstances elle a lieu, et pourquoi elle n'existe point dans telles autres. Il me sera facile, d'après mon expérience et les nombreuses observations que j'ai recueillies, de faire voir que cette fièvre est bien plus souvent contagieuse que ne le pensent MM. Chomel et Genest (l. c.), Gautier de Claubry (Mémoires de l'Académie de médecine, 1838, t. VIII), et de préciser avec justesse les circonstances, assez rares et non encore déterminées (disent ces auteurs), suivant lesquelles cette fièvre se communique. Pourquoi à Paris la contagion ne subsiste-t-elle pas? Par quels motifs cette contagion règne-t-elle dans certaines localités? Ce mémoire doit répondre à ces questions ; il donnera les raisons en vertu desquelles la contagion n'a pas lieu et ne doit point régner dans les hôpitaux, et démontrera la vérité de cette phrase de M. Andral (Clinique médicale, tome Ier, page 485): Nous ne nions point les faits cités par les auteurs (Bretonneau, Gendron, Leuret, Putegnat, etc.); mais ce que nous avançons avec assurance, c'est que jamais à Paris, soit dans les hôpitaux, soit hors des hôpitaux, nous n'avons reconnu à cette maladie le moindre caractère contagieux. » Quelles sont les principales circonstances qui favorisent la contagion de la fièvre typhoïde dans certaines familles de Lunéville et dans plusieurs communes de l'arrondissement de cette ville?

Pour résoudre ce problème complexe et d'une si haute portée tant hygiénique que thérapeutique, j'ai besoin de m'appuyer sur de nombreuses considérations que je vais d'abord faire connaître en répondant aux questions suivantes :

A. Sous quelle forme la fièvre typhoïde semble-t-elle surtout contagieuse?
B. A quelle époque de la maladie la contagion est-elle le plus à craindre ?
C. Quelles sont les personnes les plus exposées à la contagion ?

D. Quelles sont les conditions topographiques les plus propres à engendrer cette fièvre et à la propager par la contagion ?

4. Je ne sais sous quelle forme la fièvre typhoïde se présente le plus souvent à Paris; mais j'ai pu et dû remarquer que, à Lunéville et dans les villages où j'ai été appelé pour la traiter, j'ai rencontré, rarement la variété ataxique ; quelquefois la variété inflammatoire, adynamique; et, très-fréquemment, la forme muqueuse. Cela posé, l'on ne sera pas étonné de m'entendre dire : la fièvre typhoïde, forme muqueuse, est celle qui se transmet le plus souvent. Cependant, je dois ajouter que, proportion gardée, la variété muqueuse est encore celle qui se communique le plus facilement.

Ici se présente la question suivante : Une variété quelconque produit-elle nécessairement la même variété ?

Non. J'ai vu la muqueuse engendrer l'ataxique, ou toute autre; l'ataxique, telle ou telle autre ; l'adynamique donner le typhus gangréneux, et celui-ci les variétés muqueuse et adynamique (voir mon mémoire dans la Gazette médicale de Paris, 1888, page 711). Ainsi, telle variété peut produire telle ou telle autre, suivant des circonstances qui me sont restées inconnues ; et, qui plus est : la forme transmise peut, suivant une cause cachée quelquefois et même souvent appréciable, être plus ou moins dangereuse que celle qui l'a donnée. La forme productrice n'est donc point essentiellement liée à la forme engendrée. Tel est un fait que j'ai observé et vérifié tant à Lunéville que dans les environs.

B. A quelle période cette fièvre est-elle surtout contagieuse?

Cette question est, à mes yeux, aussi importante que celle qui la précède immédiatement. Il ne suffit pas, en effet, de savoir que telle affection est contagieuse, mais à quelle période elle l'est surtout. L'on sait que certaine maladie est contagieuse depuis sa naissance jusqu'à sa disparition (variole, scarlatine); tandis que telle autre (la gale par exemple) ne jouit plus du pouvoir de se transmettre au bout de quelques jours qu'elle est soumise à un traitement rationnel, parce que l'acarus est tué bien que la vésicule persiste encore. Or, voici ce que j'ai cru remarquer au sujet de la fièvre typhoïde, interrogée sous ce point de vue.

Cette maladie, sous forme muqueuse, où ataxique, ou bilieuse, ou adynamique, etc., est contagieuse pendant ses trois périodes principales. J'ai vu des individus être atteints de cette affection, pour avoir soigné, et même visité une seule fois, un des leurs, convalescent, ou chez lequel tous les symptômes connus faisaient diagnostiquer soit l'état gaufré, soit l'ulcération d'une ou de plusieurs plaques de Peyer. Tel est un premier résultat auquel je suis parvenu. Je dis encore que c'est pendant la période des ulcérations, qui, comme on le sait, va jusque dans la convalescence, que j'ai vu la contagion être plus facile et plus fréquente. Mais est-ce là un motif suffisant pour déterminer à croire que c'est alors que la contagion est vraiment le plus à craindre? Je ne le pense pas, et voici les raisons sur lesquelles je m'appuie: Il est bien évident que, puisque cette fièvre est susceptible de se transmettre par la contagion, pendant ses trois périodes, elle doit nécessairement se propager plus souvent et plus facilement pendant celle qui est la plus longue. La période des ulcérations étant la plus longue des trois, il n'est donc pas étonnant que ce soit pendant son cours qu'ait surtout lieu la contagion. L'on pourrait encore trouver assez facilement des motifs qui prouveraient que c'est véritablement à cette époque que la contagion soit surtout à craindre. C'est pendant cette période d'ulcérations que les malades offrent des pétéchies, des sueurs, des fuliginosités; c'est alors qu'ils ont, ou qu'ils peuvent avoir des eschares ; c'est alors que les yeux sont chassieux, qu'il y a absorption du pus des ulcères ; que le lit et la chambre du patient sont fréquemment infectés, au point que celui-ci demande de l'air, à grands cris, c'est alors que son haleine a une odeur particulière, sui generis, que j'ai déjà

signalée dans la Gazette médicale de Paris (1. c.) ; c'est alors que le sang tiré de la veine (ce que, du reste, nie à tort M. Forget, 1. c., page 455) est tel qu'à sa vue seule, il est souvent possible de reconnaître que l'individu qui l'a fourni est frappé de fièvre typhoïde; c'est alors enfin, que tout le corps du malade est infecté au plus haut degré, que les intestins et le trépied vital reçoivent les plus cruelles atteintes. C. Quelles sont les personnes les plus exposées à la contagion?

Cette question est bien plus difficile à résoudre qu'on ne pourrait le croire de prime abord. Lefgrand intérêt attaché à sa solution, fait qu'elle mérite d'être étudiée avec un soin extrême. Pour y répondre, je dois rechercher quels sont les âges, tempéraments, constitutions, etc., qui prédisposent le plus à cette maladie, et qui semblent favoriser le plus sa propagation par contagion.

Age. C'est principalement chez les adultes que la fièvre est fréquente à Lunéville et dans les villages voisins. Les trois quarts des nombreux malades que j'ai soignés, avaient de 15 à 40 ans. J. Franck avait déjà donné ces chiffres dans son Traité de médecine pratique. Et cependant les observateurs modernes disent que la période de la vie où l'on trouve le plus de malades atteints de cette affection, est celle de 20 à 30 ans (Forget, I. c.).

Après les adultes et les hommes faits, les enfants sont, d'après mon observation, les plus exposés à la contagion, lorsque la fièvre règne épidémiquement, soit quand la localité où elle sévit, offre les circonstances que j'indiquerai bientôt. Je ferai remarquer ici que bien avant M. Constant, qui a publié ses recherches en 1839, dans le Journal des connaissances médico-chirurgicales, j'avais démontré (voir Gazette médicale de Paris, p. 397 et 712, en 1838) que la fièvre typhoïde attaque souvent les enfants.

Parmi les nombreux enfants que j'ai vus atteints de cette fièvre, tant à Lunéville, que, et surtout, dans les communes de Xermaménil, de Bauzemont, de Bénaménil, peu sont morts, et beaucoup se sont sauvés par les seuls efforts de la nature. Grand et utile renseignement que le médecin ne doit point perdre de vue, et qui confirme ces sentences du père de la médecine : Natura morborum medicatriz (Épid. sect. 6, 8e 1.); invenit natura sibi ipsi vias non excogitatione (1. c. lib. vi, sect. 5, N° 2). Ce fait a été de la dernière évidence, surtout dans le village de Bauzemont, qui n'a eu à déplorer la mort d'aucun des enfants que j'y ai vus, et dont le plus jeune n'avait que treize mois.

Je n'ai soigné que quatre vieillards atteints de l'affection typhoïde. Pourquoi seulement quatre vieillards sur un total de 1,300 malades environ? Serait-ce parce qu'ils sont peu nombreux ?

Chez les quatre vieillards, la fièvre présentait la variété dite adynamique. Cette forme serait-elle, dans ce cas, une conséquence de l'âge, comme le pensait Pinel? Je suis assez porté à le croire quand je réfléchis que, chez les individus courbés sous le poids des ans, bien des maladies (inflammation soit du poumon soit des voies urinaires) peuvent entraîner l'adynamie. Mais, pourrait-on me dire, ces vieillards, que vous avez soignés, n'avaient peut-être que cette dernière sorte d'adynamie, c'est-à-dire, l'adynamie produite par une maladie quelconque, et non pas la variété adynamique de la fièvre typhoïde. Il est bien vrai que, fort heureusement, je n'ai pu confirmer mon diagnostic par l'examen cadavérique, puisque ces vieillards se sont rétablis ; mais ces faits me paraissant curieux, je n'ai rien dû négliger pour me convaincre. Si j'avais pu douter un instant, la considération suivante aurait suffi pour achever de m'éclairer : Dans la famille de plusieurs de ces malades régnait la fièvre typhoïde : ainsi, le père Bailler(de la commune de Bénaménil), sa fille et les deux enfants de celle-ci avaient en même temps cette affection; ainsi, pendant que le vieillard Pérette (du même village) était gravement atteint de cette affection, ses deux gendres succombaient à la même maladie.

De ce que je viens de dire sur les âges, il découle cette conséquence : A Lunéville et dans les communes de son arrondissement, aucun âge n'est à l'abri de la fièvre typhoïde : ni l'enfance, ni la jeunesse, ni l'homme d'un âge mûr, ni le vieillard. Seulement, dans certaine période de la vie, elle est plus commune que dans les autres. La raison de ce fait ne pourra être comprise que quand j'aurai donné les autres causes qui favorisent la contagion.

Tempérament, constitution. D'après mes observations, tel tempérament n'est pas plutôt que tel autre une prédisposition à cette fièvre ; de plus, je n'ai pas remarqué que tel tempérament entraînât telle variété de préférence à telle autre. Ainsi, le tempérament bilieux ne suffit point pour que cette maladie affecte la femme bilieuse. A l'appui de ce que j'avance, je citerai seulement quelques observations. Mlle R., de Lunéville, cheveux bruns, tempérament sanguin; forme adynamique. Mlle B., de Lunéville, tempérament bilieux; forme muqueuse. M. A., de Bénaménil, tempérament nerveux; forme muqueuse. Mlle S., de Rehainviller, tempérament sanguin; variété inflammatoire. M. M., de Rinville, lymphatico-sanguin; forme ataxique.

Ainsi, il est de toute évidence que la fièvre typhoïde, soit à Lunéville, soit dans les villages environnants, qu'elle règne ou non épidémiquement, n'est point influencée dans ses variétés et dans sa propagation par ces différents groupes de caractères physiques, que l'on est généralement convenu d'appeler tempéraments. Une chose certaine pour moi, c'est que la fièvre typhoïde suit dans sa propagation, une marche opposée à celle qu'avaient adoptée le choléra et avant lui la grippe. Je vais m'expliquer :

Le choléra que j'ai étudié à Paris et dans plusieurs communes des Vosges et de la Meurthe; la grippe que j'ai vue à Paris, à Lunéville et dans bien des villages, m'ont offert ceci de particulier : Le choléra semblait attaquer, de préférence, les individus atteints d'une maladie gastro-intestinale, soit aiguë, soit chronique, ceux adonnés à la débauche et spécialement à l'ivrognerie; la grippe frappait, de prédilection, les poitrines faibles ou malades (voir mon Traité de pathologie interne du système respiratoire, t. 1, p. 320). La fièvre typhoïde, au contraire, règne plutôt chez les gens sobres, chez les individus robustes et chez ceux qui ne portent point une lésion intestinale. Donc la force, la sobriété, l'état de santé des intestins, favorisent le développement et la propagation de la fièvre typhoïde (MM. Andral, Bouillaud, suivant M. Montault, ont fait cette remarque, mais seulement sous le point de vue du développement); d'où il suit que M. Louis a eu tort de dire: que toutes les constitutions sont également sujettes à cette maladie.

L'on voit donc que le génie épidémique de la fièvre typhoïde, considéré sous un certain point de vue, est opposé à celui de la grippe et à celui du choléra-morbus. Ce n'est pas tout encore : la grippe était grave chez un individu faible, maladif et trèsnerveux; le choléra devenait excessivement dangereux chez un individu faible, maladif, usé par la boisson; la fièvre typhoïde, au contraire, tant à Lunéville que dans les environs, ne m'a point semblé devenir plus grave quand elle attaquait un individu épuisé par une cause quelconque, et, au contraire, m'a paru bien plus sérieuse chez l'homme fort, sobre et jouissant d'une belle santé.

Je résume cet article et dis : L'homme robuste est très-exposé à la contagion de la fièvre typhoide et en est toujours sérieusement frappé. Ceci prouve que ce n'est pas par motif de consolation que le professeur Fouquier « a tracé avec talent le tableau des avantages d'une faible constitution. » D'ailleurs Hippocrate avait déjà dit: Robustiores ubi in morbum incidunt, agrius restituuntur (de alimento). Voir Réveillé-Parise, Hygiène des hommes livrés aux travaux de l'esprit, chap. XVI, t. 1, page 316.)

Je dois dire ici que, lorsque j'ai observé cette fièvre chez des personnes atteintes

d'une ancienne maladie intestinale, elle affectait presque toujours la forme muqueuse, et que, d'après les nombreux faits que j'ai recueillis, la variole n'est point un préservatif de l'affection typhoïdienne, ainsi que l'ont avancé des médecins du Haut-Rhin.

Sexe. La fièvre typhoïde, dit-on, est plus fréquente parmi les hommes que parmi les femmes. Si cela est vrai à Paris, ce que j'ai de la peine à croire, attendu que ceux qui ont avancé cette remarque n'ont pas eu égard à la composition de la population de cette ville; si, dis-je, cela est vrai à Paris, ce n'est pas une raison pour qu'il en soit ainsi nécessairement dans toutes les localités. En effet, à Lunéville et dans les communes environnantes, je n'ai pas rencontré plus d'hommes que de femmes frappés de cette maladie. Si j'ai vu cette fièvre dans telle famille atteindre toutes les femmes et les enfants, et épargner les hommes (la famille Pierson du village de Bauzemont); en revanche, je l'ai pu voir attaquer de préférence les hommes et épargner les femmes, comme dans la famille Voinot de Bénaménil. Ainsi M. Forget a eu raison de dire quant au sexe il n'y a rien de positif.

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Le sexe, si j'en crois mes observations, n'influe pas non plus sur la gravité de la fièvre. Si, dans tel village, j'ai perdu beaucoup de femmes (à Bénaménil, par exemple), dans la commune de Bauzemont j'ai sauvé la vie à toutes. - Sans terminer ce qui a trait à ce sujet, je dois dire que dans certains villages (Bauzemont, Fraimbois) je n'ai perdu que des hommes ; que, dans d'autres (Einville, Xennaménil, Chenevières), j'ai vu les deux sexes payer un égal tribut à la mort.

Je n'ai point remarqué que tel sexe fût plus disposé à la contagion que tel autre, ni que l'un fût plus exposé à telle forme de préférence aux autres.

J'ai reconnu que la ménorrhagie est bien plus fréquenté dans les formes muqueuses et adynamiques que dans les autres. Les trois femmes enceintes que j'ai soignées pour cette fièvre (variété ataxo-adynamique) ont guéri, mais ont avorté. Je ne sais si la grossesse favorise la contagion.

Affections morales. Je n'en connais qu'une seule qui puisse favoriser la contagion de la fièvre typhoïde : c'est la peur. Maintes fois j'ai trouvé des faits à l'appui de cette opinion (Journal de médecine de Lyon, 1842). M. Forget a fait aussi la même remarque. Ce que je dis ici de la fièvre typhoïde a aussi été applicable au choléramorbus.

Voyons, si en admettant cette cause prédisposante de la contagion, je confirme ce que j'ai avancé ci-dessus, savoir que les hommes forts et robustes étaient plus disposés que les autres à contracter la fièvre typhoïde.

De deux hommes, dont l'un est sain et robuste, dont l'autre est débile et malingre: celui-là est plus accessible à la peur, car la force morale lui fait défaut; celui-ci, au contraire, habitué qu'il est à souffrir, se résigne assez facilement; il attend, il espère et la bénigne influence de cette disposition tarde rarement à se faire sentir. Fernel a dit: A capite fluit omne malum.

La force et la peur favorisent donc la propagation de la fièvre typhoïde par la contagion, surtout quand elles sont réunies dans un même individu.

Cela posé et prouvé, il est plus surprenant que cette maladie sévisse avec une grande rigueur contre les personnes non acclimatées. En effet, celles-ci sont ordinairement des jeunes gens (la jeunesse favorise la contagion), par conséquent fortes et en même temps manquant de force morale; car presque toutes regrettent plus ou moins le pays natal et redoutent de tomber malades loin du toit paternel. L'on sait d'ailleurs que Larrey, Johnson et J. Franck, admettent le découragement comme cause principale du typhus. Mais je m'arrête, car j'anticipe sur ce que j'ai à dire de l'acclimatement.

Saisons. Anni quidem tempestatum earumdemque vicissitudinum magna vis est ad condendum, fovendum, vel destruendum seminium quoddam morbosum epidemi

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