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n'entre pas en dissolution dans la liqueur alcaline.

La teinture de noix de galle précipite le gratiolin de sa dissolution aqueuse, si celleci est bien neutre, ou légèrement alcaline. Si elle est alcaline, la précipitation n'a pas lieu, car le tanate de gratiolin est soluble dans l'eau ammoniacale.

La liqueur éthérée, dont j'ai parlé plus haut, ayant été évaporée, a laissé pour résidu une substance blanche non cristallisée, légèrement amère, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool à 40o, et précipitable de cette dissolution par l'eau; soluble aussi dans l'éther. Cette substance se comporte au feu comme le gratiolin, dont elle diffère pourtant en ce que l'acide sulfurique concentré la dissout lentement, en acquérant une couleur jaune fauve, tirant légèrement sur le rouge: mais tout me porte à croire que la couleur développée dans ces circonstances serait jaune seulement, si la substance dont nous nous occupons n'était pas accompagnée d'une petite proportion de gratiolin, qui, ainsi que nous l'avons déjà vu, est légèrement soluble dans l'éther.

Dans un prochain mémoire, je reviendrai sur les propriétés chimiques et thérapeutiques du gratiolin, et je ferai connaître le résultat de mes recherches sur la constitution chimique de la gratiole.

(Journal de chimie médicale. Octobre 1845.)

Préparation de l'oxyde noir de fer. M. Philipps a publié, il y a quelque temps, (voir le cahier de mai, p. 337), pour préparer de l'hydrate de peroxyde de fer, un procédé qui consiste à mêler ensemble des dissolutions faites chacune d'un équivalent de carbonate de soude et de sulfate de protoxyde de fer, et à ajouter dans cette dissolution bouillante un équivalent de chlorate de potasse représenté par 124; depuis M. Philipps a publié un fait remarquable et utile, c'est que si dans la dissolution bouillante formée des carbonate et sulfate ci-dessus, au lieu d'un équivalent de chlorate de potasse ou 124. ajouté en une seule fois, on met un peu moins de chlorate, soit 123, par petites portions, on obtient alors un oxyde noir magnétique formé de protoxyde et de peroxyde analogue à celui obtenu par MM. Liebig et Wohler, et non plus de l'hydrate de peroxyde de fer. Cet oxyde présente nonseulement de l'intérêt par sa facile préparation, mais encore par les services qu'il peut rendre en médecine puisqu'il se dissout sans décomposition dans les acides et qu'il s'y conserve sans s'altérer.

(Journal de pharmacie et de chimie, octobre 1845.)

Iodure de quinine et de cinchonine. M. Thompson a préparé des iodures de quinine et de cinchonine qu'il pense pouvoir être utilement employés en médecine, parce qu'en raison de l'action tonique de la quinine, elle pourrait s'opposer au développement de l'iodisme, maladie mortelle que développe un usage trop prolongé de l'iode.

Les iodures de quinine et de cinchonine sont préparés en mélangeant ensemble soit un équivalent de quinine, soit un équivalent de cinchonine, avec un équivalent d'iode. On les triture parfaitement, puis on les fait bouillir dans de l'eau que l'on ajoute peu à peu, jusqu'à ce qu'il y ait 30 gr. d'eau pour 1 gr. d'iodure. Par le refroidissement il se sépare une matière résineuse, inodore, sans saveur, insoluble dans l'eau, mais soluble dans l'alcool. Cette dissolution alcoolique des iodures est légèrement colorée, elle possède une faible odeur d'iode et le goût amer des alcoloïdes. On peut facilement y constater la présence de l'iode et des alcoloïdes. (Ibid.)

Sur la composition de la résine de jalap obtenue directement de l'Ipomea Schiedeana. M. Kagser a obtenu la résine de l'Ipomwa Schiedeana en traitant la plante par de l'alcool à 80o. Cette résine s'est séparéc en deux espèces différentes sous l'influence d'un traitement éthéré, une qui était soluble dans ce véhicule, l'autre qui y était tout à fait insoluble.

La résine insoluble dans l'éther est incolore, soluble dans l'alcool, les acides acétique, chlorhydrique, nitrique, ainsi que dans une dissolution de potasse de soude et d'ammoniaque. On obtient des sels solubles de baryte et de chaux, en faisant bouillir la dissolution ammoniacale de cette résine avec des hydrates de chaux et de baryte.

La composition de cette résine à laquelle on donne le nom de Rhodeorétine, par la couleur cramoisie qu'elle prend par son mélange avec l'acide sulfurique, est C" H35 020.

La résine soluble dans l'éther est colorée. Elle n'est pas soluble dans les acides; elle ne l'est que dans les solutions alcalines et l'eau. Elle cristallisc, de sa dissolution aqueuse, en aiguilles prismatiques au bout de quelques mois. Elle possède un goût acre, l'odeur de la résine de jalap, et enfin elle rougit le papier de tournesol.

(Ibid.)

Sur la partie insoluble dans l'eau de l'opium; par M. MARTINS. Il est admis par la plupart des auteurs que l'eau enlève tous les principes actifs de l'opium; il n'en est pourtant pas ainsi. M. Martins, ayant

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les mannes renferment, il a évaporé à sec; le résidu, traité par l'alcool, lui a cédé la mannite qui s'est élevée pour la manne en larmes à 42,6 p. %, tandis que, dans la manne capacy, elle n'est que de 32 p. %

Sucre. L'auteur pense que c'est du sucre de raisin, il en a évalué la quantité renfermée dans les mannes par le volume d'acide carbonique qui s'est produit par la fermentation. Cette quantité de suere a varié depuis 9 jusqu'à 15 p. o%

M. Leuchtweiss a aussi constaté la présence d'une substance mucilagineuse, d'un peu de résine et d'un acide organique, le tout s'élevant de 40 à 42 p. "%.

Les mannes renferment de 41 à 15 p. d'eau, proportion assez considérable, comme on le voit. Enfin, en y joignant les cendres obtenues par la calcination et les matières insolubles, on obtient un total de 1,5 à 5 p. %.

Voici une table comparative des analyses des trois variétés de mannes:

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On voit par ce tableau que c'est la manna canellata qui est la plus pure et la plus riche en mannite, puis vient la manna canellata en morceaux, et enfin la manna calabrina.

De l'action des amandes amères, des feuilles de laurier-corise, des fleurs de pêcher et de leurs caux distillées, sur les huiles essentielles et les aromes en général; par M. MaHIER, pharmacien à Château-Gonthier. L'observation faite premièrement sur la disparition de l'odeur du muse dans le sirop d'orgeat, constatée par M. Soubeiran et reconnue ensuite, avec l'eau de lauriercerise, par M. Fauré, de Bordeaux, vient de m'amener à généraliser cette réaction sur les huiles essentielles et sur les autres substances fortement odorantes.

Sans avoir à ajouter aux connaissances de la science tant qu'à la cause, les expériences que je vais citer peuvent présenter de l'intérêt, ne fùt-ce que de donner le moyen prompt et facile de nettoyer et de rendre aptes à tout usage des bouteilles ou des vases quelconques que souvent on ne peut

faire servir qu'à la substance qui les a infectés.

Ayant voulu tout récemment m'éviter le réeurage, toujours imparfait et désagréable. d'un mortier de marbre qui m'avait servi à la préparation d'un lavement avec l'assa fœtida, au moyen du vinaigre et ensuite des cendres, je pensai à essayer le résidu de la pâte d'amandes pour l'orgeat que je venais de préparer; en ayant pris et frotté mon mortier, comme l'odeur persistait, j'ajoutai un peu d'eau; alors une forte odeur d'amandes amères se développa; je frottai de nouveau, lavai à grande eau, et l'odeur disparut complétement.

Ce premier essai m'engagea quelques jours après à appliquer ce moyen à des fioles et à des bouteilles qui venaient de contenir de l'eau-de-vie camphrée, de l'huile de spic, des essences de girofle, de menthe, de néroli, de lavande, de citrons, de térébenthine, des huiles de pétrole, de copahu, de foie de morue, de la créosote, et diverses teintures odorantes, balsamiques et résineuses.

Toutes ces bouteilles devinrent nettes. sans odeur et comme neuves.

Sculement il est indispensable de dégraisser préalablement celles qui sont grasses avec des cendres ou de la potasse, et de rincer avec de l'alcool celles qui ont contenu des teintures résineuses ou balsamiques avant d'employer la pâte d'amandes. Il sc conçoit que la pâte d'amandes amères pure, sans amandes douces, réussit encore mieux à égale quantité; mais celle du commerce ne réussit pas semblablement, tant à cause, souvent, de sa vétusté que de sa falsification avec du son, de la farine, etc.; mais on peut se procurer facilement des tourteaux d'amandes amères récentes, que l'on peut pulvériser pour cet usage.

Des feuilles de laurier-cerise et de pêcher pilécs, réduites en pulpe et introduites dans les bouteilles, agissent également. Une poignée de ces feuilles, dont on frotte les parois d'un mortier ou de tout autre vasc odorant, m'ont, avec un peu d'eau, réussi comme les amandes amères.

Les eaux distillées de laurier - cerise, d'amandes amères et de pêcher, surtout lorsqu'elles sont récentes, ont la même action avec les semblables précautions, mais leur moyen est plus dispendieux.

Il en doit être ainsi de toutes les semences, fleurs ou feuilles qui contiennent de l'acide hydrocyanique, même avec d'autres substances odorantes qui n'ont pas été expérimentées. Ainsi s'explique l'usage vulgaire de traiter des pots ou autres vases neufs avec des feuilles de laurier, soit en les plaçant dans un four, soit en les faisant bouillir avec de l'eau.

D'après ces essais, je crois pouvoir avancer que la pâte d'amandes amères, que les pulpes de fleurs de laurier ou de fleurs de pêcher, peuvent devenir applicables à la conservation du poisson et des viandes dans leur transport, et leur servir de condiment, et que leurs eaux distillées pourraient modifier l'odeur des amphithéâtres de dissection, des appartements fraîchement peints et des salles des hôpitaux. Je suis surtout convaincu de leur succès pour ôter l'odeur de fût à tous les vases, et même aux barriques, en ayant soin de laisser quelque temps réagir, et d'agiter souvent à cause de la porosité du bois.

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d'hui que l'acide prussique est administré comme médicament, il peut être utile de posséder un moyen de combattre, en cas d'accident, ses terribles effets: il résulte d'un grand nombre d'essais faits par M. J. Smith sur des chiens, que le mélange suivant est un excellent antidote. Il prend 7 parties de sulfate de protoxyde de fer dont il transforme 4 parties en persulfate. Au mélange de ces sulfates dissous, il ajoute, pour chaque partie de ceux-ci, 3 ou 4 parties de carbonate de soude. Ce médicament est mis dans un flacon où il se conserve parfaitement.

On comprend que les oxydes de fer sont dans de telles proportions qu'il suffit d'une simple substitution du cyanogène à leur oxygène pour qu'il se forme du bleu de Prusse. Mais, hâtons-nous de le dire, ce n'est que sous l'influence du sel alcalin que cette transformation a lieu. Il nous suffira de citer l'expérience suivante pour prouver que l'on combat les empoisonnements avec quelques avantages au moyen de cette préparation. Ayant donné 30 gouttes d'acide anhydre à un chien, puis au bout d'une minute ayant donné le contre-poison, le chien survécut le contre-poison a donc une grande puissance, puisqu'il a détruit l'effet d'une dose aussi forte d'acide prussique.

(Journal de pharmacie et de chimie, octobre 1845.)

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Aussitôt qu'elle eut pris la dose, elle se leva d'une chaise, courut une vingtaine de pas en faisant des efforts pour respirer, enfin elle tomba et resta immobile. Les membres se roidirent en même temps que la face se contracta, devint pourpre et enflée. Les paupières étaient ouvertes et l'œil fixe. Un médecin qui vit la malade dix minutes après qu'elle eut pris le poison, observa les faits suivants : le cœur battait encore, mais les pulsations étaient très-ralentics; celles du poignet avaient déjà disparu, la respiration très-difficile était accompagnée de gémissements; mais le fait le plus remarquable, c'est que la mort n'arriva que vingt (Journal de chimie médicale, octob. 1845.) minutes après l'introduction du poison.

Il reste encore à constater si l'action de l'acide hydrocyanique peut ou non modifier les propriétés médicales des substances odorantes c'est aux médecins à reconnaître s'ils ne doivent pas supprimer l'eau de laurier-cerise et le sirop d'orgeat dans les potions faites avec des eaux distillées ou des substances aromatiques.

Cette circonstance donne plus de valeur encore au service qu'a rendu M. Smith en

trouvant un antidote sûr pour l'acide prussique. (Ibid.)

Action exercée à froid, sur le zine, par l'huile d'olives. Des symptômes d'empoisonnement se manifestèrent, il y a quelque temps, à Béziers, chez plusieurs personnes d'une même famille. Le docteur Lary combattit avec succès les vomissements et les coliques qui s'étaient montrés. Ce médecin attribua cet accident à l'huile d'olives, dont on s'était servi pour apprêter divers aliments, et qui avait séjourné dans une bouteille de zinc.

On sait, d'après les expériences de Vauquelin et de Déyeux, que le zinc est facilement attaqué par l'eau, le vinaigre, les sucs de citron et d'oseille, le chlorhydrate d'am moniaque, le sel de cuisine et le beurre.

M. Audouard, pour connaître l'action que l'huile d'olives exerce à froid sur le zinc, a tenté diverses expériences, et de ces essais il est résulté que le zinc est réellement attaqué par cette substance. Il est donc imprudent, et même dangereux, de conserver de l'huile d'olives dans des vases de zinc. Cette huile, sans doute, ainsi que toute huile combustible mise en contact avec le zinc, se charge, même à froid, d'une quantité considérable de ce métal en formant avec lui des oléates et des margarates de zinc. Ceux-ci sont insolubles, il est vrai, mais ils peuvent être facilement décomposés et transformés en sels solubles par les acides contenus, soit dans l'estomac, soit dans les aliments pour la préparation desquels l'huile est employée.

(Ibid.)

Histoire naturelle médicale.

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Cabacinha. Les naturels du Brésil emploient comme purgatif un fruit auquel ils donnent le nom de Cabacinha; ce fruit qui provient d'une plante du genre Luffa, a beaucoup de ressemblance avec celui du concombre sauvage. On l'emploie dans le pays de la manière suivante: on divise un fruit en quatre parties, on en prend une, à laquelle on fait subir sept macérations consécutives; alors on en fait une décoction qui est ordinairement administrée en injections; ce n'est que dans des cas fort graves qu'on la fait prendre par la bouche.

Les effets thérapeutiques de ce fruit ont été essayés en Angleterre. Le docteur Scott Alison a vu qu'il agissait comme purgatif et vomitif à la dose minime de quelques milligrammes; son action purgative est si violente qu'il a pu vaincre les constipations les plus obstinées. Lorsqu'il a été administré par la bouche, il s'est montré purgatif, mais

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Sur une nouvelle variété d'opium; par M. MORSON. Tous les faits qui se rapportent à l'opium acquièrent une telle importance de nos jours qu'il est utile de donner la description d'une nouvelle espèce d'opium introduite, il y a quelque temps, sur le marché de Londres. Cet opium avait en apparence tous les caractères de celui connu, dans le commerce, sous le nom de Constantinople. Mais M. Morson, ayant examiné ce produit, a vu qu'il était trèspauvre en morphine, tandis qu'il renferfermait la proportion énorme d'un tiers d'une matière céreuse, élastique, formée de cire et d'une substance analogue au caoutchouc. Ces matières occupent un tel volume, lorsqu'elles sont hydratées, que les traitements alcooliques, faits à chaud, se prennent en masse gélatineuse par le refroidissement. Il est impossible d'obtenir une décoction aqueuse limpide de cet opium.

L'auteur pense, d'après un examen microscopique, que cet opium n'est pas préparé par les méthodes ordinaires, mais qu'il provient du suc obtenu des têtes de pavots soumises à une forte pression, ou du mélange de ce dernier avec le suc obtenu par incision. (Ibid.)

Pharmacie.

Observation sur la distillation et le per fectionnement des procédés distillatoires ; par C. CARRÉ, pharmacien à Bergerac. — I! n'est pas de manipulateur qui n'ait été souvent vivement contrarié et bien retardé dans son travail par le passage dans le serpentin d'une partie du décoctum contenu dans la cucurbite de l'alambic. Cet accident, qui arrive très-fréquemment surtout lorsqu'on distille des plantes vertes, est une entrave sérieuse pour la durée de l'opération; on est obligé de le recommencer plusicurs fois, et souvent, sans en connaître la cause, et quelques précautions que l'on prenne, les caux distillées obtenues sont

très-médiocres et se décomposent; il s'y forme des flocons muqueux qui dénotent leur altération.

Voici, je crois, quelle est cette cause: dans les vases distillatoires, il s'établit toujours une forte pression, qui s'exerce principalement sur le centre de la surface du décoctum. Cette force pousse le décoctum, le hisse en quelque sorte contre les parois internes des appareils; et ainsi une petite partie se trouve arriver de proche en proche, comme marchant, par la puissance de la capillarité, jusque dans le serpentin, ou au moins jusqu'au sommet du chapiteau; et là elle se mêle au produit distillé pour devenir, plus tard, une cause d'altération inévitable.

Je dis capillarité, parce que les fissures ou aspérités du métal sont comme des tubes dont la pression de la vapeur ferme le côté ouvert; et, par suite, plus les parois intérieures sont polies ou glissantes, moins cette capillarité a lieu; ainsi, en distillant de l'eau simple dans un alambic en métal, on trouve, avec les réactifs, qu'elle contient divers sels qui, sans doute, ont passé dans le serpentin, en suivant les parois des appareils; tandis que l'eau distillée dans le verre est toujours plus pure. Ne serait-ce pas à cause du poli des parois en verre? Avec le moyen que je viens proposer, on évite cette ascension, l'eau ne pouvant monter à cause du glissement qui s'établit sur les parois de l'appareil.

Dans les distillations en grand, l'effet que je signale a lieu très-souvent. La masse contenue dans la cucurbite, augmentant de volume, n'est plus séparée de la courbure inférieure du chapiteau que par quelques centimètres de parois laissées libres : ces parois sont humides et rugueuses; la pression incessante a peu de peine à lui faire franchir cet espace en suivant les parois, et elle va se mêler au produit de la condensation.

Ordinairement, pourvu que la distillation n'ait pas ostensiblement monté, on est tranquille sur l'opération. Combien d'eaux s'altèrent, se garnissent de filaments ou de flocons que l'on attribue à l'influence de la lumière! En effet, la lumière facilite leur apparition et leur développement, qui est une véritable végétation cryptogamique; si le germe ne venait d'un peu de mucilage du décoctum, la lumière serait sans action pour le développement; car elle n'a d'influence que sur les huiles volatiles contenues dans les eaux aromatiques.

Pendant une distillation poussée par un feu vif, les parois libres d'un alambic sontelles sèches ou humides? Ainsi que je l'ai déjà avancé, je crois à ce dernier état; en

effet, le décoctum les baigne; puis, le calorique dilatant la vapeur, cette vapeur produite, qui ne peut être condensée tout à la fois, excerce une pression sur toute la surface du décoctum, fait baisser le niveau primitif, surtout vers le centre; puis les bords, qui touchent les parois, sont ainsi poussés à un niveau supérieur; car j'admets toujours que la surface du décoctum devient concave en vases clos. Les parois métalliques étant meilleurs conducteurs que la masse du liquide, ce dernier est plutôt soulevé sur ses bords, le bouillonnement y étant plus prononcé que vers le centre.

Ainsi, lorsqu'on brûle un morceau de bois humide ou vert, on voit l'humidité ou la séve qui est poussée et fuit devant la combustion. De même un métal, imprégné d'un décoctum, étant chauffé par le bas, ce décoctum fuit, tant qu'il conserve de l'humidité, pour rouler sur lui-même; car, en fuyant, il en perd sans cesse, moins dans la distillation que si cet effet avait lieu à l'air libre; ici il s'opère dans un milieu chargé de vapeur, ce qui l'aide pour aller plus loin.

Pour éviter cette gravitation du décoctum sur les parois, et pour s'opposer aussi à l'ascension en masse ou partielle de ce décoctum, un moyen fort simple m'a constamment réussi. Il est à la portée de tous les manipulateurs; et tous les appareils, même les plus défectueux, peuvent servir. Avec son secours, l'opération marche trèsvite, et le produit distillé est toujours de qualité supérieure, se conserve sans altération, et il est d'un aromate toujours franc

et suave.

Ce moyen, c'est l'huile d'olives pure, ou l'huile d'amandes douces, ajoutée dans la cucurbite et mêlée aux plantes ou autres substances; 150 grammes d'huile ou autre corps gras sans odeur, sur 50 à 60 kilos de distillation, m'ont toujours suffi pour éviter tous les accidents que j'ai signalés; et je me suis bien trouvé de l'employer de la manière suivante : je verse l'huile dans la cucurbite, que je tourne et retourne dans tous les sens, afin que l'huile passe sur toutes les surfaces; je place alors un peu de paille dans le fond, et j'ajoute les plantes et l'eau; je pousse le feu, et ma distillation marche très-rapidement sans avarie.

J'ai toujours trouvé que, lorsque je frottais ainsi les parois de la cucurbite et le fond, je n'avais jamais le goût de feu, et que les plantes ne se brûlent pas aussi tôt. Que je n'oublie pas de dire que la quantité de corps gras doit être plus ou moins grande, suivant que le décoctum est plus ou moins épais; ainsi, dans une distillation où il y a peu de substance et beaucoup

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