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doses; à moins qu'ils ne puissent surveiller eux-mêmes l'administration du médicament et rester quelque temps auprès du malade afin de rassurer les parents si quelques symptômes de narcotisme venaient à se montrer.

(Journal de médecine de Lyon.)

Nous n'avons encore eu qu'une seule fois l'occasion d'employer l'hydrochlorate de morphine d'après les indications fournies par M. Ebrard, et nous devons déclarer que nous nous en sommes parfaitement bien trouvé. Il s'agissait d'une demoiselle qui depuis plus de huit jours souffrait d'une névralgie dentaire, laquelle revenait tous les jours vers 5 heures du soir et la privait du sommeil pendant toute la nuit. Lorsque nous fumes appelé, divers moyens, entre autres la créosote, avaient été essayés, mais sans aucun succès. La deuxième molaire inférieure était profondément cariée; la douleur semblait partir de là, mais s'irradiant à toute la mâchoire inférieure, à la supérieure et aux tempes, la malade finissait par ne plus reconnaitre son point de départ. Le sulfate de quinine était indiqué; toutefois comme il était trop tard pour l'administrer fructueusement, nous prescrivimes 3 frictions, faites chacune à deux heures de distance, avec 116 de grain d'hydrochlorate de morphine. Elles diminuèrent seulement un peu l'intensité des douleurs. Le lendemain les mêmes frictions furent reprises au moment où la douleur se fit sentir; cette fois, dès la seconde friction, la douleur disparut et la malade passa une nuit excellente. Huit jours plus tard, la névralgic parut vouloir reprendre; trois frictions suffirent pour la faire disparaître; il y a maintenant plus de 15 jours que la malade n'a plus éprouvé la moindre douleur; la dent cariée a même perdu sa sensibilité.

Dr D.......É.

Les

Nouveau mode de traitement des fractures de la clavicule; par M. le docteur PELISSIÈRE, de Clermont-Ferrand. chirurgiens de toutes les époques se sont exercés pour inventer un appareil susceptible de guérir sans difformité les diverses fractures de la clavicule, et personne jusqu'ici, que je sache, n'est parvenu à le trouver, si ce n'est avec d'assez nombreuses complications et sans avoir pu atteindre le but. Je possède deux observations prises dans ma pratique, de nature à éveiller l'attention et à porter, je crois, quelques lumières sur ce point de pathologie chirurgicale. L'année dernière, au mois de septembre et cette année-ci à pareille époque, je fus appelé à donner mes soins à deux

individus qui s'étaient fracturé la clavicule en se laissant tomber à terre d'un noyer dont ils gaulaient les noix. Dans l'un de ces cas l'os était fracturé à sa partie moyenne; dans l'autre, à la jonction du tiers externe avec les deux tiers internes. Dans les divers mouvements que j'imprimai au membre malade, je le dirigeai en arrière, et je m'aperçus que cette manœuvre faisait exécuter aux fragments un mouvement de bascule très-propre à les placer dans leurs rapports les plus convenables, et par une pression même assez forte il me parut difficile de les désunir de leurs rapports réciproques. Je conçus dès lors que si je pouvais maintenir le membre dans cette position favorable, je parviendrais probablement à amener la guérison sans difformité. Je fléchis l'avant-bras sur le dos, et j'assujettis le membre dans cette situation à l'aide de quelques tours de bande autour du tronc et en sautoir sur l'épaule saine. Ce fut une bande à double chef dont je me servis à cet effet. Les choses restèrent en cet état pendant 20 jours consécutifs, au bout desquels je débarrassai chaque malade de l'appareil, et il n'y avait pas de trace de difformité, sauf une légère nodosité calleuse qui ne fut pas longue à se dissiper. Il faut observer que ni l'un ni l'autre de ces malades n'a accusé de gêne d'avoir eu le bras fléchi en arrière pendant tout le temps de la cure.

Ma méthode a l'avantage : 1o de rendre inutile le coussinet axillaire destiné à faire basculer et à éloigner le bras du tronc; coussinet fort gênant pour le malade par la pression douloureuse qu'il occasionne sur les vaisseaux et les nerfs principaux du bras.

2o D'établir sur une seule et même ligne directe les axes de la clavicule et de l'humérus, et non en ligne brisée comme dans l'appareil ordinaire, considération anatomique essentielle qui a été sentie et appréciée par tous les chirurgiens, puisqu'ils en ont fait la base et l'indication principale à remplir dans le traitement de cette fracture, mais qui a toujours été complétement éludée par la ligne brisée à angle ouvert que figure la jonction des axes de l'humérus et de la clavicule, malgré l'action du coussinet axillaire pour éloigner le bras et la forte application de ce dernier contre le tronc.

3o D'épargner au malade la gêne extrême de respiration que causent les nombreux tours de bande fortement serrés de l'appareil pour maintenir solidement en place le bras fléchi au-devant de la poitrine; ou bien la ceinture à lanières qui n'est que le même appareil perfectionné.

La méthode que je propose, et qu'on

pourrait, avec assez juste raison, appeler méthode dorsale, est exempte de tous les graves inconvénients que je viens de signaler, et possède en outre l'avantage de réunir simplicité et solidité la plus grande; je suis même étonné que l'idée d'un moyen aussi simple et au prime abord aussi naturel ne se soit pas offerte plus tôt ou dès le principe à l'esprit des observateurs; tant il est vrai que les choses les plus simples sont souvent les plus longues à trouver!

(Journal de médecine et de chirurgie pratiques, août 1845.)

Note sur un moyen nouveau et certain de reconnaître le sac herniaire en pratiquant le débridement des hernies inguinales et cruOn sait que rales; par M. Ph. BOYER. dans la hernie étranglée il y a deux ordres de parties à considérer en dehors de l'anse intestinale: les unes venant de l'abdomen et constituant le sac, c'est-à-dire le péritoine et le tissu graisseux extérieur au péritoine; les autres formant les parois sus-aponévrotiques de l'abdomen et de la partie supérieure de la cuisse.

Les auteurs n'indiquent aucun moyen sûr pour reconnaître si l'on est arrivé au sac herniaire quand on procède au débridement des hernics étranglées. Et cependant c'est là un des points les plus difficiles de cette opération. Il arrive en effet que le tissu cellulaire sous-cutané, se composant d'un grand nombre de feuillets plus ou moins lisses, présente un aspect brillant qui arrête parfois le chirurgien, et lui fait croire à la présence du sac dont il est encore fort éloigné. Or, si après avoir incisé quelques-uns de ces feuillets il voit qu'il n'est pas arrivé dans le sac, il continue l'opération, et si ce sac ne contient pas de liquide, il court le risque d'y pénétrer sans s'en apercevoir et de léser l'intestin.

M. Philippe Boyer traitant cette importante question devant ses élèves, a rapporté que son père, en opérant une hernie étranglée, était non-seulement entré dans le sac, mais qu'il avait encore incisé, sans s'en douter, la membrane séreuse de l'intestin, et n'avait reconnu son erreur qu'à la vue des fibres transversales de la tunique musculeuse de ce viscère. Cette circonstance n'empêcha pas ce grand chirurgien de réduire la hernie et de guérir sa malade; mais on pourrait être moins heureux, et commettre en parcil cas une méprise funeste. M. Philippe Boyer attache donc une grande importance à la possession d'un moyen très-propre à prévenir de pareilles erreurs, et dont plus de vingt fois déjà il a pu constater la valeur à l'hôpital SaintLouis.

Ce moyen est tiré de la différence de direction qu'affectent les vaisseaux du sac et ceux des parties extérieures de l'abdomen.

Les vaisseaux des parties venant de l'abdomen sont parallèles à l'axe du sac, ou sinueux, ou entre-croisés. Les vaisseaux des parties cutanées et sous-cutanées du pli de l'aine, fournis par les vaisseaux honteux externes, ont une direction transversale, et de plus, ils sont très-volumineux relativement à ceux du péritoine ou de son tissu cellulaire graisseux.

Lors donc, qu'après avoir incisé la peau, on ne rencontre que des vaisseaux transversaux et d'un certain calibre, on peut être sûr que l'on n'est pas arrivé au sac. Dès qu'au contraire on cesse d'apercevoir ces vaisseaux, il convient de prendre les plus grandes précautions, car, à moins de circonstances tout à fait exceptionnelles, on se trouve en présence du sac.

Voici un fait récent qui vient confirmer la justesse des remarques dues à M. Philippe Boyer.

Le 21 août 1845, un homme de peine, affecté d'une hernie inguinale étranglée, fut admis à l'Hôtel-Dieu, et placé au no 32 de la salle Saint-Côme. La hernie était ancienne, et l'étranglement datait de vingtquatre heures. Un médecin de la ville avait déjà vu le malade; après de vaines tentatives de taxis, cc chirurgien avait fait appliquer sur la tumeur des sangsues et des compresses imbibées d'eau glacée, prescrit des bains, etc.; mais tous ces moyens avaient échoué. Les phénomènes de l'étranglement se manifestaient de la façon la plus énergique. Les douleurs étaient intolérables, les hoquets et les vomissements incessants. M. Boyer qui vit le malade à son entrée, reconnut de suite l'inutilité de nouvelles tentatives de taxis, et procéda immédiatement à l'opération.

Après avoir incisé la peau et quelques lamelles de tissu cellulaire sous-cutané, il arriva à une surface lisse et un peu humide, devant laquelle il n'hésita point, et dont il divisa hardiment les premiers feuillets. Procédant ensuite avec précaution, il parvint à une membrane assez isolée des autres. Il l'incisa, et en fit sortir une cuillerée de liquide; c'était le sac. Ici, comme toujours, M. Boyer prit pour principal guide la disposition vasculaire dont il vient d'être question. Or, cette disposition était celle indiquée plus haut. Ainsi les vaisseaux des enveloppes du sac étaient dirigés de dehors en dedans et très-volumineux; tandis que les vaisseaux, développés sur le sac dans le tissu cellulaire du fascia-propria, étaient sensiblement verticaux, ou tout au moins

croisaient sous un angle aigu très-ouvert les vaisseaux superficiels, sur lesquels ils tranchaient encore par leur petit calibre.

M. Boyer trouva dans le sac une anse du petit intestin, étranglée au niveau de l'anneau inguinal externe, et pouvant avoir quinze centimètres de diamètre. Le débridement dut porter sur cet anneau et sur une bride transversale, située près de l'anneau inguinal interne. On réduisit l'anse herniée, mais cette anse était enflammée, ce qui fit porter un pronostic très-fâcheux sur l'issue définitive de la maladie. M. Boyer dit en effet avoir remarqué que les malades guérissent rarement lorsque l'inflammation a précédé l'opération; tandis que celle-ci est constamment heureuse lorsqu'aucun phénomène de péritonite ne l'a précédé. Ici cette assertion fut confirmée, car l'opéré succomba le surlendemain avec tous les symptômes d'une phlegmasie aiguë du péritoine.

Mais le fait capital sur lequel nous avons voulu fixer l'attention de nos lecteurs, est le moyen de reconnaitre le sac herniaire pendant l'opération; et à ce sujet, il nous reste à parler d'une difficulté qui peut momentanément embarrasser le praticien.

Cette difficulté s'est présentée à M. Boyer le jour même qu'il opérait le malade dont il vient d'être question. C'était chez une femme de la salle Saint-Roch, âgée de 60 ans et douée d'un embonpoint extrême. M. Boyer ayant divisé les parties externes, arriva tout à coup à un ordre de vaisseaux différents des vaisseaux superficiels. Ces vaisseaux étaient sinueux; mais comme il existait dans leurs intervalles de nombreux pelotons de graisse, le chirurgien crut être arrivé à l'épiploon et avoir ouvert le sac par inadvertance. Il n'y avait du reste aucun danger à inciser l'épiploon pour trouver l'anse intestinale située au-dessous. M. Boyer incisa donc avec précaution; mais, au lieu de rencontrer l'intestin, il tomba sur le sac lui-même; la graisse qui en avait imposé ici, appartenant ainsi que les vaisseaux sinueux, au tissu sus-péritonéal et non à l'épiploon.

(Journal de médecine et de chirurgie pratiques, octobre 1845.)

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bles sans le secours de l'art, ou pour tout à fait naturels et tout aussi faciles que les accouchements par le sommet. Il y a de l'exagération dans ces deux manières de voir. Si la première est fausse pour l'immense majorité des cas, la seconde n'est point admissible non plus sans quelques exceptions. Ces cas exceptionnels sont ceux dans lesquels le menton tourné en arrière directement ou obliquement, n'est point, par le mouvement normal de rotation, ramené en avant. Ce défaut de rotation qui, dans les positions occipito-postérieures du sommet, est tout au plus une cause de retard et de difficulté, entraîne ici une impossibilité à peu près absolue. On peut admettre, avec le docteur Hoffmann, les trois propositions suivantes :

1° Quand l'enfant est à terme, fort et volumineux, ou même d'un volume ordinaire, l'accouchement est absolument impossible dans les positions mento-iliaques postérieures de la face qui restent telles;

2o Quand l'enfant est petit et le bassin large, l'accouchement n'est pas impossible et se termine comme dans une présentation du front;

3o Si l'enfant n'est pas à terme, ou s'il est anencéphale, la petitesse de la partie fœtale n'exige aucun mécanisme, et la face peut se dégager la première sans que le menton soit ramené en avant.

On comprend qu'une diminution même légère dans les dimensions du bassin, assez petite pour permettre encore l'expulsion spontanée du fœtus par le sommet, devienne un obstacle insurmontable dans une position mento-iliaque postérieure droite ou gauche non réduite. L'observation suivante en offre un exemple, en même temps qu'elle montre les conséquences fâcheuses que peuvent entrainer le cas en lui-même, un diagnostic incomplet et erroné, et l'administration intempestive du seigle ergoté.

F. O., âgée de 29 ans, petite, mais forte et bien conformée, toujours bien réglée, d'une excellente santé habituelle, accouchée pour la première fois à 22 ans, après dixhuit heures de travail, d'un enfant qui n'avait vécu que vingt-quatre heures, devint enceinte pour la seconde fois au mois de janvier 1842. Sa grossesse n'offrit rien de particulier. Les premières douleurs se manifestèrent le 21 octobre, et la nuit suivante l'orifice commença à se dilater. Le 22, on constate une obliquité antérieure très-prononcée; l'orifice souple était élevé et un peu dirigé en arrière; les membranes peu tendues laissaient reconnaître au-dessus du pubis une partie volumineuse, mobile, qui ne pouvait être que la tête. Aucun vice du bassin ne fut découvert. Il est vrai que la

bonne conformation extérieure de la femme et la circonstance d'un premier accouchement qui n'avait point exigé l'intervention de l'art semblaient rendre superflue une exploration très-minutieuse. Dans la journée, les douleurs devinrent plus fortes et plus fréquentes, mais en même temps un pcu spasmodiques. Aussi la dilatation ne fit-elle pas de grands progrès et la tête resta-t-elle encore haute. Lorsque le 25 à cinq heures du matin, on rompit les membranes, elle vint s'appliquer sur l'orifice, mais sans pour cela descendre dans l'excavation. Deux accoucheurs, qui assistaient la femme, n'étaient point d'accord sur la position. Tous deux croyaient reconnaître le sommet, mais l'un d'eux seulement se prononçait pour une première position.

Les douleurs ayant diminué d'intensité vers le milieu du jour, on crut devoir prescrire du seigle ergoté. Les contractions devinrent plus fortes et surtout plus fré quentes sans rien changer pour cela à l'état des choses. La tumeur déjà formée sur la partie fœtale augmentait, mais la tête ne descendait pas. La patiente éprouva bientôt de l'agitation qui alla rapidement croissant et devint excessive. L'état général ne tarda pas à se ressentir de ce long et infructueux travail. La fréquence du pouts, la rougeur de la face, la sécheresse des parties génitales, la sensibilité de ces parties ainsi que celle de l'utérus témoignaient de la gravité des circonstances et indiquaient assez le traitement convenable. Ce ne fut pourtant point celui qui fut mis en usage. Le seigle ergoté uni au nitre fut administré. Les contractions augmentèrent d'intensité, mais cessèrent tout à coup presque complétement vers minuit. Il s'était fait une rupture de l'utérus, que les membres du fœtus avaient traversé. La partie fœtale n'avait point disparu; elle était même plus déclive, et cette circonstance permit alors de constater positivement une présentation de la face en position mento-iliaque droite postérieure. La pauvre patiente succomba à cinq heures, non sans avoir pris encore du seigle ergoté qui resta sans effet, mais qui n'en aurait, sans doute, produit d'autre, s'il eût agi, que de faire passer le fœtus en totalité dans la cavité péritonéale.

Les pulsations fœtales persistaient après la mort de la mère. Mais, par suite d'une inconcevable et impardonnable négligence, l'opération césarienne ne fut faite que deux heures plus tard, et l'enfant avait cessé de vivre. Sa tête offrait les diamètres suivants occipito mentonnier 5 pouces 6 lignes; occipito-frontal 5 pouces; bi-pariétal 3 pouces 9 lignes. Le front et la moitié droite de la face étaient fortement tuméfiés;

il y avait, au niveau de la fontanelle anteroinférieure une dépression d'un demi-pouce environ, pouvant loger la première phalange du pouce.

Beaucoup de sang s'était écoulé de la cavité abdominale au moment de l'opération. On en trouva une grande quantité encore à l'autopsie. L'utérus, outre l'incision par laquelle le fœtus avait été extrait, présentait une rupture considérable en arrière à droite. Les parois utérines trèsépaisses dans leur moitié supérieure étaient au contraire très-minces dans l'inférieure. C'est dans cette partie amincie qu'existait la rupture qui s'étendait, dans une longueur de 6 pouces, jusqu'à l'orifice utérin, sans pourtant l'intéresser. Le bassin était un peu rétréci dans son ensemble, le diamètre sacro-pubien n'avait guère plus de trois pouces, ce qui ne tenait pas seulement à l'étroitesse générale du canal, mais encore à la présence, derrière la symphyse des pubis, d'une exostose du volume d'une petite noisette.

(Neue Zeitschrift für Geburtskunde, XVII, 3. H. 1845.)

De l'emploi de la ciguë contre le tænia; par le docteur MANLUCCI. C'est un cas d'empoisonnement qui a fait connaître au docteur Manlucci la propriété tænifuge de la ciguë. Antonio Cisto, gardeur de vaches, âgé de 28 ans, avait des douleurs aux environs de l'ombilic et éprouvait de fréquentes convulsions. Ces accidents furent d'abord traités comme étant de nature nerveuse. Lorsque le docteur Manlucei cut vu le malade, il reconnut une affection vermineuse aux caractères suivants : face pâle, bouffie, yeux enfoncés; défaillances fréquentes, cardialgies, vomissements, crampes, démangeaisons aux narines, flatuosités, ballonnement du ventre pendant la nuit. Les anthelmintiques ordinaires furent cependant sans effet, et ce fut tout au plus si l'on put soulager passagèrement le malade au moyen de la valériane prise à l'intérieur, et de demi-bains de laitue et de ciguë. Un jour, le malade envoya sa fille chercher des feuilles de valériane dans un bois. Celle-ci se trompa et rapporta des feuilles de ciguë que son père mangea bouillies avec du pain. Cisto ne tarda pas à éprouver des mouvements convulsifs violents, des coliques déchirantes; son corps se couvrit de sueur, ses yeux devinrent rutilants; il survint des vomissements, des selles nombreuses; la voix s'éteignit: en un mot, cet homme présenta tous les symptômes d'un cholérique. Du vinaigre et du café qu'on fit avaler au malade calmèrent un peu ces accidents, et quelques heures après il évacua un ver

long d'une centaine de palmes et un certain nombre de fragments. Ce ver fut reconnu pour appartenir à l'espèce désignée sous le nom de tania armata humana. La guérison fut rapide, et depuis elle ne s'est pas démentie.

Éclairé par ce fait, le docteur Manlucci eut recours plus tard à la ciguë chez un enfant qui avait été traité inutilement par divers moyens pour un ver solitaire. Trois grains de ciguë associés à la valériane et administrés tous les jours causèrent des douleurs intestinales. On lui donna un peu d'huile de ricin, et il évacua un tænia de dix palmes avec plusieurs fragments, parmi lesquels on reconnut la tête.

De Pasthénie utérine considérée comme cause de stérilité; par M. OLIVIER. L'observation suivante, à laquelle nous conserverons sa rédaction textuelle, fait entendre ce que l'auteur appelle asthénie utérine, en même temps qu'elle en indique, par un exemple bien constaté de réussite, le traitement le plus efficace.

Une jeune personne de 18 ans avait passé son enfance et son adolescence au sein des conditions débilitantes de tout genre que subit la classe ouvrière dans les quartiers populeux et malsains de Paris. Sa Constitution était devenue lymphatique. Épousée à cette époque par un jeune homme riche, sa santé se raffermit; cependant elle n'était pas encore devenue enceinte au bout de deux ans de mariage. Questionné à ce sujet par son mari, le docteur Olivier répondit que cette infécondité tenait à la constitution de sa femme, qu'il fallait changer son mode habituel de vie, raviver chez elle les fonctions de l'économie, stimuler l'utérus; et il proposa dans ce double but un traitement tout à la fois hygiénique et pharmaceutique, général et direct, dont les conséquences devaient se faire sentir sur toute l'organisation et sur l'utérus en particulier.

Le traitement hygiénique consista dans les moyens qui suivent: fréquentation du monde, des bals, des spectacles, recherche de tout ce qui peut émouvoir les sens, équitation, promenades en voiture, bains parfumés el excitants.

La nourriture fut tirée du règne animal et rendue le plus aphrodisiaque que possible; elle se composa d'aliments analeptiques les plus riches, les plus propres à développer une bonne hématose viandes rôties, gibier, poissous, chocolat à la vanille, vins d'Espagne et du Midi, café, liqueurs fines.

Le traitement thérapeutique ou direct, celui dont l'action devait se porter sur l'utérus même, réveiller sa vitalité, rétablir ses fonctions, se composa d'abord de tous les

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Au bout de quinze mois, un changement notable s'était manifesté dans la constitution de cette jeune femme; elle était devenue vive, enjouée; elle recherchait avec empressement les plaisirs du monde, pour lesquels elle s'était toujours montrée très-indifférente; son teint s'était animé, les règles coulaient plus abondantes.

Six mois se passèrent encore lorsque à la suite d'un voyage en Italic, elle devint mère. Deux couches très-heureuses curent lieu; mais, à la suite d'une troisième, une péritonite survint qui détermina la mort.

(Journal de médecine de Lyon.)

De la structure des dents, de l'action pernicieuse exercée par le mercure sur ces organes, et des dangers de l'emploi des pâtes mercurielles pour le plombage des caries dentaires ; par le docteur A. F. TALMA. Tel est le titre d'un mémoire que M. le docteur Talma a lu à l'Académie royale de médecine de Belgique. Après des considérations anatomiques et pathologiques relatives à l'organisation et à la vitalité des dents, l'auteur aborde la seconde partie de son travail. Cette partic nous a paru si intéressante pour la pratique, que nous avons eru bien faire d'en extraire les points les plus saillants.

<< En supposant les dents inertes, dit M. Talma, il est manifeste que les métaux ne sauraient exercer d'influence sur elles, et que tout corps obturateur appliqué aux cavités morbides qui les creusent trop souvent, jouirait d'une efficacité égale, ou du moins proportionnée surtout à la densité et à la solidité de son adhésion aux surfaces qui les reçoivent. Or, il n'en est pas ainsi; indépendamment de leurs qualités plastiques, les corps obturateurs peuvent avoir des propriétés spéciales qui les rendent plus ou moins dangereux pour les organes avec lesquels on les met en contact.

» La carie dentaire est, de même que la carie des autres parties du squelette, un ulcère plus ou moins large, profond, et dont les progrès sont en rapport avec l'intensité de l'irritation locale, la vitalité et le degré

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