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dans l'intérieur du golfe, qui s'étendait autrefois jusqu'aux pieds des montagnes de

l'est.

Les eaux de pluie et celles des sources peu abondantes qui s'écoulent dans les trois bas sins mentionnés, se déchargent lentement dans la mer par des canaux naturels ou artificiels qui percent le banc de sable qui borde la côte.

Le niveau des eaux stagnantes indiquées, à peine supérieur à celui de la mer pendant le reflux, lui est inférieur pendant le flux, quoique celui-ci soit très-peu considérable dans cette partie de la Méditerranée. Dans cet état de choses, avant la construction des ouvrages hydrauliques dont nous allons bientôt parler, les eaux de la mer, s'élevant par le flux ou par toute autre cause, s'introduisaient par ces éniissoires dans les bassins qu'elles inondaient jusqu'au pied des montagnes; toutes les fois surtout que la mer devenant orageuse, poussait avec violence ses vagues dans l'intérieur. Le mélange des eaux douces et salées qui en résultait, et qui était, en été, rarement et lentement renouvelée, se corrompait et répandait à l'entour l'infection la plus complète et la plus meurtrière. (La suite au prochain cahier.) (Journal des Connaissances médicales pratiques, juillet, 1844.)

Note sur la fabrication de l'acide acétique pur; par M. MELSENS (1). Dans une des dernières séances de l'Académie des sciences de Paris, M. Dumas a rendu compte d'un travail de M, Melsens, relatif à la préparation de l'acide acétique. Le procédé simple et ingénieux que nous allons décrire, est basé sur la décomposition du bi-acétate de potasse, et permettra désormais aux chimistes d'obtenir un acide acétique d'une pureté parfaite.

Le bi-acetate de potasse destiné à cette préparation diffère, pour la composition, de celui de Thompson qui, d'après le chimiste anglais, contiendrait six équivalents d'eau. -M. Melsens le prépare en sursaturant de l'acétate de potasse, par de l'acide acétique distillé, évaporant, et laissant cristalliser. L'aspect de ce sel ainsi obtenu, varie d'après la concentration, le degré d'acidité, et la température à laquelle il se dépose; il affecte le plus souvent la forme d'aiguilles prismatiques ou de lamelles d'un aspect nacré, et jouit de propriétés remarquables.

S'il a cristallisé lentement, il se dépose sous forme de longs prismes aplatis trèsflexibles et qui se clivent en tous sens.

His sont solubles dans l'alcool anhydre, plus à chaud qu'à froid; si on chauffe cette dissolu

(1) M. Melsens est un jeune chimiste belge natif de Louvain, attaché au laboratoire de

tion les vapeurs qui s'en dégagent sont acides.

Parfaitement desséché et chauffé à 120 degrés dans le vide, le bi-acétate de potasse ne perd que 2 ou 3 millièmes de son poids; à 148 degrés environ, il fond et se prend en masse par le refroidissement; vers 200 degrés, il entre en ébullition, et à mesure qu'il perd son acide acétique, la température s'élève jusqu'à 300 degrés. Arrivé à ce point, l'acétate neutre qui reste fond et se décompose.

D'après M. Melsens, la formule de ce sel peut être exactement représentée par H' H3 C O', ou bien C' O'X C'H' O' K K

L'acide acétique, qu'on retire de ce sel, est chimiquement pur, et en faisant subir à ce procédé quelques modifications qui rendent inutile la préparation du bi-acétate, M. Mclsens a pu lui donner plus d'impor tance et le rendre tout à fait industriel. La facilité de ce procédé, les quantités d'acide qu'il peut fournir, et, par suite, le prix peun élevé auquel le fabricant pourrait livrer l'a-', cide acétique, prix qui permettrait de l'employer comme dissolvant précieux pour sé parer les résines des cires et des matières grasses; tout, enfin, doit faire considérer ce procédé comme supérieur à tous ceux qu'onn a proposés jusqu'à ce jour. Voici, du reste, comment M. Melsens conseille d'opérer

Sur une quantité déterminée d'acétate neutre de potasse, on verse un excès d'acide acétique, qui ne soit pas, trop étendu, on'! chauffe et on distille. Une portion de l'acide › se fixe sur la potasse, tandis que l'autre, devenue plus aqueuse, passe à la distillation. Mais au fur et à mesure qu'on chauffe, l'acide qui distille s'enrichit de nouveau, et enfin on obtient de l'acide cristallisable pur. On doit éviter avec soin de dépasser la température de 300 degrés, car, à cette époque, l'acide qui distille prendrait une teinte légèrement rosée, et bientôt il s'y développerait une forte odeur d'acétone.

Purifié par une simple distillation, et soumis à l'analyse, 1 gr., 984 d'acide ainsi obtenu, ont donné à M. Melsens : 1 gr., 198 d'eau, d'où . . . . . H- 6,7. 2 gr., 880 d'acide carbonique, d'où C-39,6. Nombres qui correspondent sensiblement à la formule de l'acide monohydraté.

(Ibid, novembre 1844.)

Rapport sur un nouveau moyen saccharimétrique, propre à faire connaître promptement la quantité de sucre contenue dans la betterave ou dans tout autre produit sucré; par M. E. PÉLIGOT.- Un chimiste allemand, M. Frommhers, signala, ik

M. Dumas à Paris, qui donne beaucoup d'espérances.

y a quelques années, une propriété des sucres qui permettait de distinguer facilement le sucre de canne de la glucose. Il suffit pour cela d'ajouter à la dissolution sucrée, quelques gouttes de sulfate de cuivre, puis de la potasse; on chauffe jusqu'à l'ébullition. La glucose réduit le sel cuivreux et précipite l'oxyde de cuivre sous forme d'une poudre rouge, le sucre de canne reste, au contraire, sans action sur ce sel.

M. Barreswil vient de proposer un procédé saccharimétrique, basé sur cette réaction. Voici comment il opère : il prépare d'abord une dissolution titrée alcaline d'oxyde de cuivre; il suffit pour cela de mettre en contact du sulfate de cuivre, du tartrate de potasse et de la potasse caustique.

La dissolution ainsi obtenue et filtrée est d'un bleu intense; pour la titrer, on fait dissoudre une quantité déterminée de sucre candi qu'on porte à l'ébullition, on y ajoute quelques gouttes d'acide sulfurique et l'on voit combien il faut de cette liqueur pour décolorer exactement un volume déterminé de la liqueur bleue que nous venons de mentionner.

La liqueur d'épreuve étant soigneusement titrée, on en verse un volume déterminé dans une capsule de porcelaine et on y ajoute une dissolution concentrée de potasse caustique destinée à activer la précipitation ultéricure de l'oxyde de cuivre. Puis, au moyen d'une pipette graduée, on fait tomber goutte à goutte dans la dissolution chaude d'oxyde cuivrique, le liquide sucré et acide qu'on veut essayer. On voit immédiatement apparaitre un précipité jaune d'hydrate cuivreux qui bientôt passe au rouge et gagne le fond du vase. Tandis que la liqueur perdant peu à peu, sa couleur bleue pri, mitive devient enfin parfaitement incolore. L'opération est alors terminée, et le poids du sucre contenu dans la liqueur soumise à l'essai, se déduit facilement du nombre de divisions que comporte la burette dans laquelle se trouve la liqueur d'épreuve.

Un excès de sucre ajouté à cette liqueur, après la séparation complète de l'oxyde cuivreux, donne la coloration brune qu'on obtient quand on fait réagir les alcalis hydratés sur la glucose,

Quand le liquide sucré, dont on recherche la composition, contient tout à la fois du sucre cristallisable et de la glucose, l'addition de l'acide sulfurique devient alors inutile, la glucose possédant seule, comme on le sait, la propriété de réduire la solution cuivrique. On convertit ensuite en glucose tout le sucre cristallisable; il suffit pour cela de faire bouillir, avec l'acide sulfurique, la portion de liqueur sucrée qui n'a pas été soumise à la première épreuve. Un second essai de la liqueur ainsi modifiée, donne le poids total

de la glucose; et si de ce poids on déduit celui de la glucose fournie par le premier essai, la différence obtenue donne la quantité de sucre cristallisable.

M. Barreswil a reconnu que, lorsqu'une liqueur ne contient que du sucre cristalli sable, on peut dans l'espace d'un quart d'heure environ, en déterminer la proportion à 2 ou 3 pour 100 près.

Ainsi, comme on le voit par ce qui précède, le sucre cristallisable ne réduit l'oxyde de cuivre contenu dans un liquide alcalin, qu'autant qu'il a été traité par l'acide sulfurique, lequel, à la faveur d'une ébullition de quelques instants, se transforme entièrement en glucose, et la quantité de bi-oxyde qui est réduite est proportionnelle à celle du sucre employé.

Le procédé de M. Barreswil, si simple qu'il paraisse, n'est cependant pas à l'abri de toute objection. En effet, si la substance à essayer contient de la dextrine, du sucre de lait, etc., ces produits se comportent à peu près de la même manière que le sucre cristallisable et peuvent, par conséquent, être confondus avec lui; d'une autre part, il existe, sans aucun doute, des substances organiques qui réduisent la dissolution alcaline d'oxyde cuivrique comme fait la glucose elle-même; de sorte que ce procédé ne peut être employé avec sûreté qu'autant qu'on aura constaté, par des essais préalables, que d'autres substances organiques ne coexistent pas avec le sucre ou la glucose, ou bien qu'autant qu'elles ont été séparées de ces derniers corps par des méthodes convena, bles. (Ibid.)

Recherche et dosage du plomb contenu dans l'eau de fleur d'oranger; par M. J. PERSONNE. On sait depuis longtemps que l'eau de fleur d'oranger conservée au contact de l'air dans des vases capables de contenir du plomb, tels que les estagnons mal étamés destinés à cet usage, peut contenir des quantités plus ou moins grandes de ce métal, probablement en raison de son séjour plus ou moins prolongé dans ces vases.

Quand la proportion de plomb dissous dans cette eau est assez grande, ce qui n'est pas trop fréquent, comme on le verra par les chiffres que j'ai trouvés; dans ce cas, dis-je, rien n'est plus facile que d'en déterminer la présence d'une manière très-tranchée au moyen de réactifs connus; mais à mesure que la quantité de métal va en décroissant, certains de ces réactifs cessent d'agir, jusqu'à ce qu'enfin il n'y ait plus que l'hydrogène sulfuré, ou les sulfures alcalins qui colorent la liqueur en brunàtre.

De plus, comme personne, que je sache, ne s'est occupé jusqu'à ce jour de rechercher à quelle dose ce métal peut se rencontrer

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Dans un seul de ces échantillons, le plomb a été dosé à l'état de sulfate; je n'ai pu le faire pour les autres, tant à cause de la petite proportion de métal qu'ils renfermaient, qu'à cause de la trop petite quantité de matière que j'avais à ma disposition. Voici comment je suis parvenu à déterminer assez exactement la quantité de plomb contenue dans ces dernières.

Avec une dissolution titrée d'acétate neutre de plomb et avec de l'eau de fleur d'oranger tout à fait pure, j'ai préparé douze échantillons contenant depuis 0,10 jusqu'à 0,12 d'acétate de plomb; en retranchant par le calcul le poids de l'acide acétique, de l'eau et de l'oxygène contenus dans ce sel, il me restait celui du plomb métallique.

Une quantité égale de chacun des échantillons, 31 grammes par exemple, a été introduite dans des tubes de verre blanc et fermés par un bout de même grosseur, puis traitée par une égale quantité de dissolution d'hydrogène sulfuré, qui a donné à chacun une teinte plus ou moins foncée, en raison de la quantité de plomb qu'ils renfermaient, La différence qui existe entre toutes ces nuances est tellement tranchée, qu'il est impossible de les confondre entre elles. Il m'a suffi alors de traiter une même quantité de chacun des échantillons suspects, par la même quantité d'hydrogène sulfuré, et de comparer leur coloration avec celle de chacun des échantillons que j'avais préparés, en les plaçant l'un à côté de l'autre sur une feuille de papier blanc.

Voici les quantités de plomb que j'ai reconnues par ce moyen dans tous ces échantillons :

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employés, ce qui fait 0,1900 de plomb par litre.

Quant à la sensibilité et à la limite des réactifs, voici ce que j'ai observé : l'hydrogène sulfuré et le sulfhydrate de soude, sont les seuls qui décèlent la présence du plomb dans de l'eau de fleur d'oranger en contenant 0,0012 par litre..

L'iodure de potassium en dissolution concentrée fait naître, au bout de quelques minutes, quelques rares paillettes micacées d'iodure de plomb dans celle qui en contient 0,019: dans ce cas, ce caractère est encore très-sensible, et le devient de plus en plus à mesure que la quantité de plomb augmente, mais cette sensibilité s'arrête quand la quantité de plomb est de 0,0125,

Le chromate de potasse ne donne de réaction assez tranchée que quand la dose du plomb est de 0,050. Quand la proportion est moins grande, il y a bien un louche produit, mais ce louche se produit aussi presque toujours avec de l'eau de fleur d'oranger pure.

Le cyanure jaune produit immédiatement un précipité sensible à l'œil par l'agitation, dans l'eau contenant 0,080 de plomb par litre. Quand elle contient 0,050, le précipité n'apparait plus, la liqueur louchit seulement après quelques minutes. Enfin, il ne produit plus rien quand la quantité de plomb est de 0,038.

Le sulfate de soude, quoique de la plus grande sensibilité, ne donne de réaction assez sensible à l'œil qu'avec de l'eau contenant 0,032 de plomb par litre.

On voit, d'après ces résultats, que dans le cas qui nous occupe, les réactifs les plus sensibles sont l'hydrogène sulfuré et l'hydro-sulfate de soude. Quant à ce dernier quelques praticiens avaient tout à fait renoncé à en faire usage pour l'essai des eaux de fleur d'oranger; ils pensaient qu'un excès de ce réactif redissolvait le sulfure formé. En effet, quand, après avoir traité une cau par une petite quantité de ce réactif, on en ajoute un peu plus, la teinte diminue; mais cette diminution de couleur est uniquement due à ce qu'alors la même quantité de matière colorante est répartie dans une plus grande masse de liquide. Il suffit, pour démontrer ce fait, de traiter deux quantités égales d'une même cau plombifère par des volumes égaux de solution d'hydro-sulfate de soude et d'hydrogène sulfuré; on ob tient la même intensité de coloration pour les deux réactifs, ce qui ne devrait pas être dans le cas contraire. (Journal de chimie médicale, nov. 1844.)

Pharmacie.

GIER.

-

Note sur le lactucarium; par M. AUBERLorsque j'ai publié (1) un procédé propre à obtenir le lactucarium en grand par incision, je n'étais pas encore fixé sur les formes pharmaceutiques les plus convenables pour l'administration de ce médica ment je viens faire connaitre aujourd'hui les résultats d'une plus longue expérience.

On a essayé d'administrer le lactucarium en nature, à la dose de quelques décigrammes suspendus dans des potions. Je me hâte de dire que c'est la plus mauvaise manière d'employer ce médicament : la grande quantité de matières insolubles qu'il contient (cire, résine, etc.), l'odeur nauséabonde qu'il exhale, rendent les potions troubles, détestables; le malade le moins délicat ne peut avaler plus d'une cuillerée d'un pareil breuvage. Mieux vaut certainement administrer le lactucarium en pilules; mais si la matière insoluble n'a pas, dans ce mode d'administration, l'inconvénient de dégoûter aussi complétement le malade, elle en présente un autre que les propriétés du principe actif et la composition du lactucarium permettaient du reste de prévoir. Ce principe actif isolé est peu soluble, comme on sait; il l'est encore moins lorsqu'il se trouve emprisonné dans une grande quantité de cire et de résine: aussi devient-il nécessaire de le débarrasser des matières insolubles qui sont inertes, si encore elles ne sont pas nuisibles.

C'est par conséquent sous forme d'extrait que ce médicament doit être administré. Les premières expériences faites par M. Serre, un des membres de la commission chargée par l'Institut de faire un rapport sur le lac tucarium, ont confirmé les prévisions de la théorie: en effet, l'extrait alcoolique a toujours produit de meilleurs résultats que le lactucarium en nature. Quant à la préférence à donner à l'extrait alcoolique sur l'extrait aqueux, elle est facile à justifier. Il résulte de l'insolubilité du lactucarium dans l'eau à froid, de la ténacité avec laquelle il est retenu par la cire et par la résine, que le lactucarium ne peut être épuisé que par des décoctions longtemps prolongées et répétées à un grand nombre de reprises de là une énorme quantité de liqueurs à évaporer. La grande altérabilité de ce principe ne lui permet pas de résister à l'action de la chaleur, surtout en présence des sels que contient le lactucarium. Il en résulte que dans l'extrait aqueux, quoique doué d'une amertume trèsforte et qui ne permet pas de le confondre

(1) Voyez Journal de Méd. Irc année, p. 181.

avec la thridace, on ne retrouve pas tout le principe actif du lactucarium: il existe en revanche beaucoup de pectine, de l'acide ulmique, résultant de l'altération du caméléon végétal que j'ai signalé, de la mannite, de l'asparamide et tous les sels nitrate de potasse, chlorures, phosphates, etc.

J'ai déjà fait remarquer, dans mon premier mémoire, que l'eau n'était pas un véhicule convenable pour dissoudre le principe actif de la laituc. La difficulté qu'on éprouve pour l'arracher aux autres matières qui l'accompagnent et le retiennent avec opiniâtreté, même en réitérant et en prolongeant les décoctions, explique d'une manière complète l'absence de ce principe dans la thri dace et les propriétés inoffensives de cette préparation. En effet, quand on extrait le suc de la plante, le principe actif reste tout entier dans les mares, et la petite portion qui peut se trouver entraînée est altérée pendant l'évaporation. Je puis prouver l'exactitude de cette prévision par les résultats d'une expérience directe. J'ai préparé de la thridace avec le suc obtenu par expression de l'écorce des tiges de laitue; le marc exprimé fortement et séché a été mis en contact avec de l'alcool à 56o; la solution alcoolique évaporée a fourni un résidu d'une saveur très-forte qui ne pouvait être comparée à la saveur de la thridace précédemment obtenue.

Il résulte de cette observation, que si l'on voulait encore conserver un extrait de laitue dans les pharmacopées, cet extrait devrait être un extrait alcoolique préparé avec l'écorce des tiges: ce serait une substitution analogue à celle dont l'expérience clinique a permis à M. Andral de démontrer l'utilité pour ce qui regarde la préparation de l'extrait de pavots destiné à servir de base au sirop diacode.

Mais il est d'autant plus inutile de recourir encore aujourd'hui à des extraits de laitue, que la thridace préparée comme elle doit l'être avec l'écorce des tiges, coûte deux fois plus cher que le lactucarium, et que le prix de revient de l'extrait alcoolique préparé avec l'écorce sèche, serait encore plus élevé. Un pied de laitue me donne plus de suc laiteux par incisions, que de suc ordinaire par expression de l'écorce. C'est qu'une même tige peut être incisée à plusieurs reprises et que la plante vivante puise continuellement dans le sein de la terre et de l'atmosphère, les éléments qui lui permettent de réparer, le lendemain, les pertes de la veille.

Disons cependant, pour être juste, que le procédé indiqué pour la préparation de la

thridace, reposait sur une idée théorique ingénieuse : c'est en effet dans les vaisseaux placés sous l'épiderme que réside le suc laiteux. L'auteur du procédé ne se trouvant pas dans les conditions convenables pour songer à extraire le suc laiteux par incisions de la plante vivante, avait tiré le meilleur parti possible des tiges arrachées, alors qu'on ne connaissait pas encore la nature et les propriétés du principe actif. La meilleure preuve qu'on puisse donner, au reste, de l'absence de ce principe dans la thridace, c'est qu'il n'y a pas été trouvé par des chimistes qui connaissent tous les secrets de l'analyse végétale et qui n'auraient pas manqué d'isoler la matière active neutre de la laitue, si elle eût existé dans les produits qu'ils ont examinés.

Ce que je dis aujourd'hui pour la thridace, le docteur Bidault de Villiers le disait en 1820 pour les extraits de laitue, employés aussi à cette époque pour remplacer le lactucarium.

• N'est-il pas bien étonnant, d'après les divers observateurs que nous venons de citer, ⚫ que les auteurs qui leur ont succédé, en ⚫ cherchant un succédané à l'opium dans la ⚫ laitue, aient voulu le trouver dans l'extrait ⚫ de cette plante, qui nécessairement doit » être moins efficace que son suc laiteux, et > auquel sans doute, la coction et la clarifi⚫cation qu'on lui fait subir pour le réduire en extrait, peuvent ôter de son efficacité? › Il est probable que cette espèce d'extrait » n'est somnifère qu'en raison du suc lai> teux qu'il contient, et qui doit s'y trouver ⚫ en petite quantité, comparativement aux autres sucs propres ; il est même possible qu'en clarifiant ou en passant le produit ⚫ que l'on a obtenu par expression, on perde la partie laiteuse qui s'est coagulée; aussi ⚫ les modernes ont-ils été désappointés lorsqu'ils ont cru cet extrait propre à remplacer l'opium, et l'expérience a prouvé qu'il ne jouissait pas des mêmes vertus ⚫ que ce médicament auquel il n'est ni per mis ni possible de le substituer.

. Il n'en est pas de même du lactucarium, ▸ préparé suivant la manière que j'ai indiquée: l'autorité des anciens et l'expérience des modernes, s'accordent sur ses propriétés calmantes et somnifères. »

Dans le même mémoire, M. Bidault de Villiers indiquait un procédé à l'aide duquel il avait obtenu quelques grammes de lactucarium, procédé qui a été publié récem

ment com.ne nouveau.

Je reviens aux préparations auxquelles Du doit soumettre le lactucarium, pour le plier à l'usage médical. Les observations que J'ai développées prouvent donc que c'est à l'alcool qu'il faut s'adresser pour séparer les principes actifs du lactucarium, des matières

inertes qui l'accompagnent. Sous ce rapport, le degré de l'alcool est loin d'être indiffé rent: fort, il dissout la matière résineuse que l'on évite avec l'alcool faible; du reste, l'alcool faible dissout bien toute la matière amère. On épuise le lactucarium par deux traitements successifs avec l'alcool à 21°; on soumet les liqueurs à la distillation, et on achève l'évaporation au bain-marie, en agitant continuellement. Cet extrait est brun, très-amer et non déliquescent; tout le principe actif s'y trouve associé à une faible pro portion de matières étrangères. C'est cette préparation qui me paraît devoir être em ployée toutes les fois qu'on voudra faire prendre le lactucarium en pilules; associé à d'autres substances, il devra en être de l'extrait alcoolique de lactucarium, comme de l'extrait aqueux d'opium, qui est substitué dans toutes les formules à l'opium lui-même.

Ainsi, c'est avec l'extrait alcoolique que doit être préparé le sirop de lactucarium. Je propose pour cette préparation, la formule suivante :

Extrait alcoolique de lactucarium.
Sirop simple.

1 gr. .500

L'extrait alcoolique doit être dissout dans suffisante quantité d'eau bouillante ; la solu tion passée est ajoutée encore chaude au sirop bouillant, que l'on mêle ensuite rapidement. Le sirop transparent, tant qu'il reste chaud, se trouble par le refroidisse→ ment, de telle sorte que le principe actif y semble plutôt suspendu que dissous; cependant il ne dépose pas. Il en est donc de ce sirop comme du sirop de quinquina; qui présente et doit présenter cet aspect un peu louche. S'il est vrai que les médications agissent mieux lorsqu'on les donne en dissolution, ce principe doit s'appliquer plus rigoureusement aux matières qui résistent à l'action des dissolvants, comme le lactucarium. Malgré le défaut de transparence que présente le sirop, et sa saveur amère, les raisons que je viens d'exposer me font penser que c'est à cette préparation qu'on devra, selon moi, avoir le plus souvent recours, surtout lorsqu'il s'agira d'introduire le lactucarium dans des potions, dans des loochs; l'extrait employé en nature dans une potion ou un looch, resterait presque entièrement indissous : aussi le docteur François avait-il remarqué qu'administré de cette manière, l'action de ce médicament était presque nulle. Au reste, l'amertume du sirop est franche et n'a rien de désagréable: si l'on voyait dans cette saveur, un obstacle pour l'administration du lactucarium sous cette forme, il serait facile de la rendre moins sensible, en portant à un kilogramme la dose du sirop que j'ai fixée à 500 grammes dans la formule.

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