Images de page
PDF
ePub
[ocr errors]

puis, les résultats auxquels tendaient mes efforts, n'étaient-ils pas préférables aux vôtres, uniquement mercantiles, si je ne me trompe, puisque vous proposez, pour partager les mille francs entre les pharmaciens de la localité, qui s'étonneront à juste titre du rôle que vous leur faites jouer dans cette circonstance, « de supprimer l'officine des» servie par les sœurs de charité et de pourvoir l'hospice des médicaments chez » les pharmaciens de la localité à tour de » rôle ! » Ces moyens ne s'accordent guère, en effet, avec une pensée uniquement charitable, ni avec une économie administrative, ni, enfin, avec les exigences promptes et souvent même impérieuses d'un hospice déjà considérable et d'un bureau de consultations gratuites, où les médecins donnent des conseils à plus de 80 personnes par jour. Mais, grâce au vote du Conseil provincial, et je me félicite d'y avoir contribué (malgré votre extrême douleur), la pharmacie de l'hospice sera régulièrement, promptement et légalement desservie par un pharmacien diplômé, sans nuire à qui que ce soit, et au grand avantage de la science et de l'humanité souffrante.

Quant à l'autorisation qu'ont les pharmaciens de délivrer des médicaments aux vétérinaires, je n'ai pas voulu la contester d'une manière absolue. Tout ce que la loi ne défend pas est permis! A ce titre vous avez grandement raison. Il n'existe en vérité aucune disposition légale prohibitive de la vente par des pharmaciens de médicaments destinés aux animaux. Mais aussi vous m'avouerez qu'aucune loi n'oblige les médecins vétérinaires à se pourvoir de médicaments chez les pharmaciens, qu'aucune loi ne règle les rapports entre les médecins vétérinaires et les pharmaciens, comme, par exemple, entre ces derniers et les docteurs en médecine, les chirurgiens, etc., tandis que, au contraire, l'instruction arrêtée pour les vétérinaires, par le ministre de l'instruction publique, de l'industrie nationale et des colonies, en date du 12 mai 1818, et l'article 12 de l'arrêté du 26 juillet 1841, sanctionnent le droit des médecins vétérinaires de vendre des médicaments à leurs clients. Or, le projet de loi présenté par le Gouvernement, était également favorable aux vétérinaires sous ce rapport... Leur enlever ce droit était donc, selon moi, faire acte d'injustice en faveur des pharmaciens nullement autorisés dans le sens cidessus, à vendre des médicaments destinés

(1) Le règlement du 31 mai 1818, art. 35, donne ces attributions à la Commission médicale locale, et non exclusivement à son président, comme il semblerait résulter de la con

aux animaux. C'est là mon opinion, M. L., et cette opinion a prévalu au Conseil provincial du Brabant. Je puis avoir tort, et je reviendrai volontiers de mon erreur, lorsque des raisons plausibles justifieront une opinion contraire.

Maintenant trêve aux intérêts matériels; j'aborde la question d'honneur.

ང་

On m'accuse d'avoir jeté un « blâme aux » pharmaciens et de les avoir calomniés! » Mon collègue L... appelle cela des erreurs, dites sans intention, et il le sait, mon collègue!...... Libre à lui, mais... comprenez-vous?

Il me coûte de devoir me défendre contre une inculpation aussi absurde. Mais mon collègue m'oblige, après bientôt vingt années d'une carrière médicale honorable, à faire publiquement ma profession de foi.

Quoi! j'aurais exprimé cette calomnie au Conseil provincial et aucun des honorables conseillers, même parmi la minorité soutenant vos droits, n'aurait élevé la voix pour protester en faveur de votre probité outragée! Ces honorables conseillers ne se seraient souciés que du bénéfice en présence de l'honneur mis en question, selon vous, de la profession. Et c'est vous, M. L..., qui vous êtes chargé de cette malencontreuse interprétation, c'est vous qui êtes mon dénonciateur! Vous, mon collègue à la Commission médicale, où j'ai l'honneur de présider, qui vingt fois avez été témoin (peu de jours même avant la publication de vos quelques mots et la naissance de votre extrême douleur), de l'impartialité avec laquelle je veillais tout à la fois à l'exercice des différentes branches de l'art de guérir et au maintien de l'honneur et de la dignité du corps médical (4)... Ah! Monsieur L...!

Décidément le « brevet d'improbité » dont je vous aurais gratifiés, » ne réside que dans votre imagination. Avec un peu moins de légèreté, M. L..., avec un désir moins ardent de vous ériger en défenseur de la probité, nullement mise en doute, de vos confrères, vous vous seriez assuré, par l'ensemble de la discussion sur le projet de loi du Gouvernement, que mes paroles étaient réellement dirigées, non contre les pharmaciens en général, mais bien contre cette classe d'hommes (et on en trouve dans toutes les professions) (2), dont l'interêt personnel est l'unique mobile, et qui, pour un écu, foulent aux pieds toutes considérations d'honneur.

Encore une fois, votre brevet d'improbité ne réside que dans votre imagination. Vous

struction de cette phrase. (Note de la Réd.) (2) Onder alle koorn is kaf. (M. Pypers.) (Note de l'auteur de la Lettre.)

vous êtes créé des fantômes pour avoir le plaisir de les combattre... et de pleurer.

J'aurais bien des choses à dire encore, bien des observations à présenter à mon collègue M. L..., à l'appui de ma défense, entre autres au sujet de sa proposition d'une enquête sur les degrés comparatifs de la probité des pharmaciens et des médecins vétérinaires !! Mais je dépasserais les limites que je me suis imposées. Je croirai avoir suffisamment atteint mon but, si je suis parvenu à prouver à MM. les pharmaciens que je repousse de toutes mes forces, interprétations abusives que l'on a données aux paroles prononcées par moi, au Conseid provincial du Brabant, dans la discussion sur le projet de loi relatif à l'exercice de la médecine vétérinaire. L'honneur des pharmaciens m'est trop précieux pour que, en quelque lieu que ce soit, j'aie jamais pu songer à porter atteinte à leur dignité et à la considération dont ils jouissent.

Docteur VICTOR UYTTERHoeven.

RÉPONSE DE M. LEROY.

les

La place importante qu'occupe déjà dans nos colonnes la réclamation deM. Uytterhoeven, ne nous permet point de nous livrer à une longue réfutation; nous laisserons donc sans réponse tout ce qu'il y a pour nous de personnel dans cette affaire, pour ne nous occuper que des points principaux.

Nous commençons par repousser l'intention que nous prête M. Uytterhoeven de l'avoir voulu livrer à l'indignation de nos confrères. La modération que nous avons mise dans la rédaction de notre article, inséré dans le cahier du mois d'août dernier donne la preuve du contraire.

Avant d'entrer en discussion, nous éprouvons le besoin de nous expliquer relativement à un passage qui se trouve en tête de notre article et où nous disons : « Que les paroles prononcées au conseil provincial par M. Uytterhoeven l'ont été sans intention, et que, de plus, nous le savons. »>

En nous exprimant ainsi, nous avons voulu dire que ces paroles avaient été dites d'abondance dans la discussion, et rien de plus.

M. Uytterhoeven nous dit que lors de la discussion pour la majoration du subside de l'hospice des enfants valétudinaires, il a plaidé pour nos confrères et qu'il a défendu leurs prérogatives légales; et pour prouver cette allégation, il cite ses paroles qu'il a extraites du travail des sténographes du conseil provincial. Nous ferons remarquer que ce n'est point dans les archives des sténographes que les publicistes puisent

les discussions des chambres législatives et des conseils provinciaux; mais qu'ils les recueillent de leur tribune et de la bouche même des députés ou des conseillers, et le public, à son tour, en prend connaissance dans les journaux politiques et autres. Or, c'est par les premiers d'abord, et ensuite par la Gazette médicale belge du 27 juillet 1845, que nous avons eu connaissance de ce qui s'était dit au Conseil provincial du Brabant, et c'est d'après ces documents, qui n'ont pas été désavoués, que nous nous sommes mis en devoir d'écrire notre article.

Nous remercions bien volontiers M. Uytterhoeven d'avoir soutenu les prérogatives légales de nos honorables confrères; mais il ne nous dit pas d'une manière bien positive ce que fera le pharmacien de l'hospice des enfants valétudinaires, comme nous l'avons demandé dans notre article. - Le pharmacien délivrera-t-il des médicaments au public payant? A cette question l'on nous répond que la pharmacie sera légalement desservie par un pharmacien diplômé, sans nuire à qui que ce soit. Nous prenons acte de cette déclaration, car elle est importante pour nous.

M. Uytterhoeven semble insinuer que le but de notre proposition, qui est de pourvoir l'hospice de médicaments chez les pharmaciens de la localité est purement mercantile. Non il est ce que veulent et voudront toujours les administrations sages et éclairées des hospices et bureaux de bienfaisance de presque tout le pays, dans l'intérêt d'une économie bien entendue.

Par le projet de M. Uytterhoeven (si toutefois le pharmacien ne délivre pas de médicaments au public payant, nous dirons que l'érection d'une pharmacie dans l'hospice des enfants valétudinaires, coûtera trois fois plus à l'administration de cet établissement qu'en suivant la mesure que nous avons proposée : nous allons le prouver par des chiffres. D'abord, il faut rétribuer un pharmacien mille francs. Ce pharmacien doit avoir un logement convenable, la nourriture, le blanchissage, le feu, la lumière, etc., car il ne peut être traité à l'égal d'un domestique. Nous mettrons encore pour cet article mille francs. Il lui faudra un domestique pour l'aider dans les gros ouvrages, à raison de 15 francs par mois, la nourriture et le logement, etc., six cents francs.

Nous supposons que la pharmacie, vu l'importance qu'on lui donne, demande une dépense annuelle, pour achat de médicaments, de mille francs.

Maintenant, il faut une mise de fonds, pour l'érection de la pharmacie, l'achat des ustensiles nécessaires pour le service; enfin

l'achat du mobilier nécessaire au pharmacien. Tout ceci ne se fera pas avec moins de deux mille francs, somme produisant un revenu annuel de cent francs à 5%; toutes ces petites sommes, font un total de trois mille sept cents francs.

Par le moyen que nous proposons, en faisant un tarif qui accorde une remise de 25 % sur les médicaments préparés, ce qui est fort honnête, croyons-nous, quand on travaille pour les pauvres, il n'en coûterait à l'hospice des enfants valétudinaires, en prenant pour base la somme de mille francs, que nous supposons nécessaire pour le service de cette pharmacie, il n'en coûterait, disons-nous, que douze cent cinquante francs par année.

Maintenant, voyons la différence : D'après le projet de M. Uyt

terhoeven,

D'après celui que nous pro

posons, Différence,

3,700 francs.

1,250 francs.

2,450

Ce qui produirait à l'hospice une économie de deux mille quatre cent cinquante francs, économie importante pour un hospice qui est aidé de subsides du gouvernement, de la province, de la capitale, etc.

Il y a d'autres considérations, que nous ne ferons point valoir ici, et qui toutes sont contraires à l'érection d'une officine dans cet établissement.

Mais, nous répondra à cela M. Uytterhoeven, les moyens que vous proposez ne s'accordent guère avec les exigences promptes et souvent impérieuses d'un hospice déjà considérable et d'un bureau de consultations gratuites où les médecins donnent des conseils à plus de quatre-vingt personnes par jour. A cet égard, nous en appelons aux médecins qui ont fréquenté les hôpitaux; ils diront tous, qu'à quelques rares exceptions près, le service de la pharmacie dans ces établissements se fait très-souvent avec une lenteur impardonnable, ce qui ne pourrait avoir lieu en se fournissant des médicaments chez les pharmaciens ordinai

res. Habitués à se trouver en contact avec

un public plus ou moins exigeant, ils sont, malgré eux, vifs, habiles et très-prompts à terminer leur besogne.

Maintenant, d'après toutes les observations que nous venons de faire, et dont la plus importante est appuyée sur des chiffres, doit-on tant se féliciter d'avoir contribué à l'érection de la pharmacie de l'hospice des enfants valétudinaires, établie à Ixelles? nous en laissons nos lecteurs juges.

« Maintenant, trêve aux intérêts maté»riels (dit M. Uytterhoeven), j'aborde la » question d'honneur; on m'accuse d'a» voir jeté un blâme aux pharmaciens, » de les avoir calomniés... Mon collègue, » M. L., appelle cela des erreurs dites sans » intention, il le sait, mon collègue, libre à lui, mais, comprenez-vous ?..... »

[ocr errors]

M. Uytterhoeven a compris notre article autrement que nos lecteurs; libre à lui, mais libre aussi à nous de déclarer que nous n'avons point accusé, mais que nous nous sommes seulement permis de relever les paroles telles qu'elles ont été rapportées par la Gazette médicale belge, dans son numéro du 27 juillet dernier. Si la Gazette les a arrangées de manière à les présenter sous un jour favorable aux médecins vétérinaires, tout en accablant les pharmaciens en général, elle avait un but en agissant ainsi, mais alors c'était à M. Uytterhoeven à les rétablir dans leur véritable sens.

[ocr errors]
[ocr errors]

Quant au reproche qu'on nous adresse de ne pas nous ètre, au préalable, assuré << par l'ensemble de la discussion sur le projet du gouvernement, que les paroles » n'étaient nullement dirigées, contre les pharmaciens en général, mais bien contre » cette classe d'hommes (et on en trouve » dans toutes les professions), dont l'intérêt personnel est l'unique mobile et qui pour » un écu foulent aux pieds toute considéra» tion, »> nous répondrons qu'il ne nous est pas venu à l'idée d'aller fouiller les archives des sténographes du Conseil provincial pour y chercher l'ensemble de la discussion, parce que nous avons cru fermement à la bonne

>>

foi de la Gazette médicale belge.

F. G. LEROY, pharmacien.

[blocks in formation]

DE MÉDECINE.

(NOVEMBRE 1845.).

I.-MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.

Rapport fait au Conseil central de salubrité publique de Bruxelles sur la maladie des pommes de terre ; par MM. DIEUDONNÉ, rapporteur; NOLLET, LEROY, BIVER et SCHELLER, commissaires (1).

Messieurs,

Il y a environ six semaines, un bruit alarmant se répandit tout à coup; d'abord faible, émanant d'une seule localité, on y fit peu d'attention; mais, bientôt, grandissant et arrivant de presque tous les points du pays à la fois, ce bruit captiva l'attention publique et occupa tous les esprits. C'est que ce bruit, en effet, se rapportait à l'une de nos substances alimentaires les plus précieuses, les plus indispensables, à la pomme de terre, qui constitue la base principale de la nourriture, nous ne dirons pas des indigents, mais de la classe laborieuse. Les pommes de terre, écrivait-on de toutes parts, sont souffrantes et atteintes d'une maladie qui menace de nous frustrer dans notre espoir, et de réduire à rien une récolte qui s'annonçait devoir être des plus belles et des plus abondantes. » Votre sollicitude s'est émue de ces nouvelles affligeantes; vous avez voulu connaître jusqu'où allait le mal, et savoir enfin si réellement il y avait à craindre quelque grande calamité publique; c'est dans ce noble but que vous nous avez chargés de la mission de visiter la campagne, de constater si la maladie signalée attaquait les tubercules, d'apprécier l'étendue du mal et quels pourraient en être les résultats, de déterminer l'influence que les tubercules plus ou moins malades pourraient exercer sur la santé des consommateurs, et d'indiquer, si nous considérions la récolte comme perdue, quelles seraient les mesures à prendre pour prévenir autant que possible les malheurs qu'entraîne toujours après elle la disette d'un aliment de première nécessité.

Ce devoir important, nous venons le remplir aujourd'hui ; et dominés par l'impression douloureuse qui est résultée pour nous de l'accomplissement de notre mission, nous venons vous faire tout d'abord, messieurs, cet aveu désespérant : Non, les récits consignés dans les divers journaux politiques ne sont point empreints d'exagération.

Nous traitons, messieurs, une matière grave, une matière difficile, car elle est neuve dans les annales de l'agriculture, car elle a pour objet un de ces phénomènes

(1) L'importance de ce travail par rapport à l'hygiène, son opportunité dans le moment actuel, ont engagé le Comité de publication à user de l'autorisation qui lui était offerte par les auteurs, de le reproduire en entier dans ce Journal. Nous les eu remercions bien sincèrement au nom de la Société ainsi que pour nos abonnés, qui, nous en avons la certitude penseront avec nous, qu'il n'est pas déplacé parmi nos travaux. (Note de la Rédaction.)

de la nature qui ne se manifestent que très-exceptionnellement, qui font toujours époque dans l'âge des générations, et dans l'appréciation desquels on rencontre d'autant plus de difficulté que l'erreur se trouve tout à côté de la vérité. C'est vous dire assez que nous avons dû donner un large cadre à notre travail, et qu'il ne nous était pas permis de négliger l'examen des nombreuses et si diverses opinions qui ont été émises sur les causes et la nature de la maladie qui a atteint les plantations de pommes de terre. Veuillez donc nous accorder toute votre attention. Historique.

[ocr errors]

Époque de la manifestation de la maladie, sa marche, ses symptômes et ses effets. — C'est en vain que nous avons consulté un grand nombre d'ouvrages spéciaux pour rencontrer la relation ou la description de la maladie qui répand aujourd'hui la désolation dans nos campagnes ; les traités d'agronomie, comme les recueils périodiques consacrés à l'agriculture, comme les ouvrages d'histoire naturelle en général, ne mentionnent rien qui ait quelque analogie avec le phénomène qui nous occupe. Dans nos excursions à la campagne, nous avons interrogé un bon nombre d'agriculteurs, et pas un ne se rappelle avoir jamais vu quelque chose de semblable; des cultivateurs, ayant atteint l'âge de 70 à 80 ans, nous ont affirmé que jamais, dans le cours de leur longue carrière, ils n'avaient vu la pomme de terre étre frappée d'un semblable fléau, et que jamais même ils n'avaient entendu leurs ancêtres parler de l'une ou l'autre maladie capable de détruire toute une plantation. Tout concourt donc à nous faire considérer la maladie comme se présentant pour la première fois depuis l'introduction de la pomme de terre en Europe (1).

Il est assez difficile de préciser l'époque à laquelle la maladie a commencé à se manifester; toutefois, il paraît à peu près hors de doute que son invasion date des 10 ou 15 derniers jours du mois de juillet. Ce n'est que vers la fin de ce mois, en effet, que les journaux ont, pour la première fois, appelé l'attention de leurs lecteurs sur une maladie qui atteignait les pommes de terre dans quelques localités et particulièrement dans les environs de Courtrai, d'où l'on écrivait le 26 juillet : « La récolte des pommes de terre promettait d'être des plus abondantes, mais en moins de deux jours tout est changé. Par un phénomène qu'aucun de nos cultivateurs ne peut expliquer, et qui de mémoire d'homme n'a jamais été observé, les feuillages tombent et ôtent toute force à ces tubercules. » Deux ou trois jours plus tard de nouvelles correspondances vinrent nous apprendre qu'on avait constaté dans les environs de Grammont et dans plusieurs localités de la Hollande, le même phénomène qu'à Courtrai. Dès ce moment on conçut de vives inquiétudes, dès ce moment l'esprit public se préoccupa vivement au sujet du précieux tubercule, et bientôt, les investigations s'étant multipliées, on acquit la certitude que le mal, loin de se borner à quelques localités, s'était répandu sur presque toute la surface du pays. Si cette dernière circonstance rend tout à fait inutile une longue énumération des localités envahies par le fléau, nous devons cependant consigner ici que le mal a été signalé partout à peu près à la même époque et que, s'il y a quelques exceptions à cet égard, cela ne provient que de ce que plusieurs cultivateurs ne l'ont positivement reconnu qu'alors qu'il existait déjà depuis quelque temps et qu'il avait déjà fait de notables ravages. Cette assertion peut paraître un peu étrange, et cependant elle est l'expression de la vérité. Dans nos excursions, nous avons eu plusieurs fois l'occasion de remarquer jusqu'à quel point va, nous ne dirons pas l'insouciance, mais la quiétude des agriculteurs à l'égard des choses qui

(1) Nous avons lu dans l'Observateur du 11 août, un article intitulé: La récolte de l'année 1845, dans lequel se trouvent ces lignes : « Il parait que le fléau qui sévit aujourd'hui sur les pommes de terre, avait déjà été observé, il y a plus d'un siècle, dans ce pays, où il occasionna des dégats analogues, » Nous ne savons à quelle source l'auteur a puisé cette information, que nous considérerons, jusqu'à preuve du contraire, comme un simple on dit.

« PrécédentContinuer »