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gène, ainsi qu'une partie du soufre, et mettre l'essence d'ail en liberté.

Ces prévisions se sont entièrement réalisées; quand on jette quelques fragments de potassium dans de l'essence de moutarde préalablement desséchée sur du chlorure de calcium et rectifiée de nouveau, elle est immédiatement attaquée; on peut chauffer légèrement dans une cornue pour favoriser la réaction; cependant il faut se garder d'élever trop la température, car la matière pourrait prendre feu, comme cela est arrivé plusieurs fois.

Si l'on opère avec précaution, la matière ne se colore pas beaucoup; il se développe un gaz, un sel blanc se dépose dans l'huile, et il distille de l'essence d'ail.

C'est une jolie expérience de cours; la différence d'odeur entre les deux essences est si frappante, l'odeur de l'ail se déclare aussitôt d'une manière si franche, qu'elle seule pourrait suffire pour démontrer que la transformation s'effectue ainsi qu'il est dit plus haut.

M. Gerhardt a vérifié ces faits par l'analyse chimique.

(Bulletin de pharmacie. Août 1845.)

Identité de l'essence d'estragon et de l'essence d'anis; par le même. Voici le résumé du Mémoire de M. Gerhardt sur ce sujet : 1o l'essence d'estragon n'est qu'une modification physique de l'essence d'anis ou de fenouil et possède, comme elle, la composition C1o H110=2 volumes, ainsi que les mêmes réactions chimiques. 2o En combinant ces essences avec l'acide sulfurique ou avec certains chlorures, et en les séparant de nouveau, on les convertit en de nouvelles modifications isomères, dont l'une est liquide et les deux autres solides. 3o La modification liquide est à ces essences ce que le térébène est à l'essence de térébenthine et à l'essence de citron; même composition, même densité, même point d'ébullition, mais plus grande stabilité. 4o Cette modification liquide s'accouple avec l'acide sulfurique en produisant les sulfanéthates, sels unibasiques. (Ibid.)

Détermination de la causticité des sels de soude du commerce. (Extrait d'une lettre adressée à M. FRÉMY par M. C. BARRESWIL.) Ayant eu l'occasion de faire l'essai alcalimétrique de quelques échantillons de soude du commerce, nous avons eu l'occasion, M. S. Riess et moi, d'employer, pour déterminer l'alcali caustique, un procédé nouveau d'une grande exactitude qui, bien que moins rapide que le procédé ordinaire, est d'une exécution assez facile pour qu'on puisse le recommander aux manufacturiers,

et qui, dans quelques cas, sera certainement employé avec avantage, pour les recherches analytiques des laboratoires.

Ce procédé repose sur deux réactions chimiques toutes deux bien connues : savoir :

1° Si l'on verse dans une dissolution de carbonate de soude un excès de chlorure de baryum, la liqueur filtrée n'est pas troublée par l'acide carbonique;

2o Si dans une solution de chlorure de baryum bien neutre on verse une quantité minime d'alcali, la liqueur filtrée est troublée par l'acide carbonique.

Le procédé d'analyse consiste à doser la baryte éliminée du chlorure de baryum, par l'alcali caustique renfermé dans le sel de soude. Pour faire l'essai on pèse 10 grammes de la soude à essayer qu'on fait dissoudre dans l'eau; à la dissolution on ajoute 25 grammes de chlorure de baryum, c'està-dire un excès, bien neutre, et également dissous; on filtre, et dans la liqueur filtrée, le filtre lavé, on fait passer un courant d'acide carbonique, on porte le liquide à l'ébullition, on recueille, lave et sèche le précipité. A un équivalent de carbonate de baryte correspond un équivalent de soude caustique. Ce procédé que nous avons souvent employé, nous a permis de reconnaitre moins de un pour cent de causticité dans un sel de soude, et de nous assurer que certains échantillons auxquels on avait reconnu un à deux pour cent de causticité, ne tenaient pas la moindre quantité d'alcali libre. Ces échantillons représentaient des soudes trèsriches et d'une pureté remarquable; soumis à l'essai alcalimétrique par la méthode de M. Gay-Lussac, ils avaient saturé 58 divisions et demie de la burette, ce qui supposait qu'elles devaient contenir 99 pour cent de carbonate de soude pur et sec. Surpris de rencontrer dans un produit commercial fait sur une aussi grande échelle, une pureté si remarquable, nous avons vérifié à l'aide du carbonate de soude chimiquement pur, notre liqueur alcalimétrique, faite d'ailleurs avec le plus grand soin, il a fallu exactement 59 divisions et demie de la burette pour 5 gr. 185 du sel de soude. Pour plus amples renseignements nous avons traité par le nitrate d'argent et par le chlorure de baryum la soude préalablement dissoute saturée par l'acide nitrique, nous avons eu des précipités à peine sensibles, une seule cristallisation a fait disparaître les dernières traces d'impureté.

(J. de pharm. et de chim. Août 1845.)

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qu'il n'est pas rare de trouver dans le commerce le vinaigre ordinaire de table falsifié par des acides minéraux énergiques, notamment par de l'acide sulfurique, et que ce n'est que par un procédé un peu minutieux qu'on a pu, jusqu'à ce jour, démontrer avec certitude une falsification de cette nature; en effet, les réactifs ordinaires, tels que le nitrate et l'acétate de baryte, ne pouvaient ici rendre aucun service, puisque presque tous les vinaigres contiennent de petites quantités de sulfates faciles à reconnaitre par l'addition des réactifs qui viennent d'être indiqués. Or, le procédé connu de M. le professeur Runge, qui consiste à démontrer à l'aide d'une dissolution de sucre la présence de l'acide sulfurique libre dans le vinaigre, remplit parfaitement bien son but dans les mains d'un chimiste instruit et suffisamment exercé aux expériences; mais il n'en est pas moins un peu long et peu sûr pour l'industriel et pour les personnes étrangères à la chimie. Je pense donc que le procédé suivant, aussi simple que conduisant facilement et sûrement au but, sera accueilli avec quelque intérêt. J'ai fait l'observation que tous les vinaigres, sans exception, vinaigres de vin, d'eau-de-vie, de cidre ou de bière peu importe, sont, malgré la petite quantité de sulfates qu'ils peuvent contenir, complétement indifférents à l'action d'une dissolution concentrée de chlorure de calcium. Si par conséquent on ajoute à un vinaigre quelconque non falsifié un petit nombre de gouttes d'une dissolution concentrée de chlorure de calcium, on ne voit pas le moindre trouble, encore bien moins la formation d'un précipité, parce que la quantité totale des sulfates qui se trouvent dans le vinaigre ordinaire est si faible, qu'elle ne décompose une dissolution saturée de chlorure de calcium ni à la chaleur de l'ébullition, ni à une température moyenne. Mais il n'en est plus du tout de même dans le cas de la présence de l'acide sulfurique libre dans le vinaigre. En effet, si à deux drachmes environ de vinaigre, avec lequel on a mélangé à dessein la millième partie à peine d'acide sulfurique libre, on ajoute un fragment de chlorure de calcium cristallisé de la grosseur d'une noisette, et qu'on chauffe alors le vinaigre jusqu'à l'ébullition, on voit, aussitôt qu'il est complétement refroidi, se former un trouble considérable et peu de temps après un précipité abandonnant de sulfate de chaux; ce fait ne se produit jamais, ainsi que je l'ai dit, lorsqu'on s'est servi pour cette épreuve du vinaigre ordinaire, non falsifié par de l'acide sulfurique. Si la proportion de l'acide sulfurique dans le vinaigre est plus grande que 1/1000 (on sait qu'il en est

toujours ainsi, lorsque le vinaigre a été falsifié à dessein par des fabricants ou des débitants avides), on voit ce précipité, ou pour le moins un trouble se produire dans le vinaigre, même avant son complet refroidissement. Dans le cas où un vinaigre contiendrait de l'acide tartrique libre ou du tartrate acide de potasse, ou aurait été mélangé à dessein avec ces substances, le même traitement par le chlorure de calcium ne fournirait aucune réaction semblable; on sait, en effet, que ni l'acide tartrique libre, ni le tartrate acide de potasse ne peuvent décomposer le chlorure de calcium, même à la chaleur de l'ébullition; ainsi la réaction indiquée plus haut pour reconnaître l'acide sulfurique libre, ne serait, même avec la présence de l'acide tartrique ou du tartrate acide de potasse dans le vinaigre, ni moins manifeste, ni moins sûre.

(Ibid.)

Sur la composition et les propriétés de la matière colorante de la bile; par le professeur SCHERER. (Extrait.) C'est de l'urine d'un ictérique que ce chimiste a retiré la matière colorante de la bile. Pour l'obtenir, on filtre l'urine récente dans le but de séparer le mucus et le dépôt d'acide urique, qui peut déjà s'y être formé, et on la mélange ensuite avec du chlorure de barium; on lave avec de l'eau le précipité vert clair obtenu, on le jette sur un filtre et on le décompose en le faisant digérer à une douce chaleur avec de l'alcool et de l'acide chlorhydrique; on fait évaporer la dissolution alcoolique obtenue, on lave le produit de l'évaporation avec de l'eau sur le filtre, on le redissout dans un mélange d'alcool et d'éther et on fait évaporer de nouveau.

La matière colorante, lavée avec de l'eau distillée pour lui enlever tout l'acide chlorhydrique, est sous forme d'une très-belle poudre fine, vert foncé, presque insoluble dans l'eau, très-soluble dans l'esprit-de-vin et dans l'alcool, un peu moins soluble dans l'éther pur. Si on n'ajoute à l'eau qu'une faible quantité d'alcali caustique ou carbonaté, elle s'y dissout en abondance et communique à la liqueur une couleur variant du brun au jaune; elle est également plus soluble dans une eau, qui contient des sels alcalins, que dans de l'eau distillée pure. Misc pendant longtemps en digestion avec un excès d'acide chlorhydrique, elle change peu à peu sa couleur verte en une d'un brun noir; il en est de même lorsqu'on l'expose pendant longtemps à une douce chaleur avec des alcalis. Elle perd dans les deux cas de sa grande solubilité dans l'alcool et devient au contraire un peu plus soluble dans l'eau; elle perd en même temps la

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Il en résulte que la matière colorante contenue dans les calculs biliaires noirs, très-friables et pauvres en cholestérine, se rapproche beaucoup dans sa composition de celle qui se forme dans un traitement prolongé de la matière colorante ordinaire de la bile par des acides ou des alealis au contact de l'air. Peut-être à côté de cette matière colorante, soumise à l'analyse et formant la majeure partie des calculs biliaires, en existe-t-il encore une autre, vraisemblablement plus riche en carbone et en hydrogène, se rapprochant davantage de la matière colorante normale; mais la trop faible quantité de substance que l'auteur avait à sa disposition, ne lui a pas permis de résoudre cette question.

(Annalen der Chemie und Pharmacie, vol. LIII, cah. 5, p.5 77.)

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sucre, a donné à M. Capezzuoli l'idée d'en faire uue application utile à la pathologie.

Ce n'est pas comme l'ont fait les deux premiers expérimentateurs, à la solution albumino-potassique d'oxyde de cuivre que ce dernier a recours pour déceler l'existence du sucre dans l'urine des diabétiques fraichement recueillie et placée dans un vase cylindrique ou conique et étroit, mais seulement à quelques grains d'oxyde de cuivre hydraté, et à une solution de potasse caustique, ajoutée en suffisante quantité pour donner au liquide une réaction sensiblement alcaline.

L'opération se fait à la température ordinaire; on agite le mélange, puis on l'abandonne au repos. L'urine est d'abord troublée par la précipitation des phosphates qu'elle tient en dissolution, et par l'oxyde de cuivre qui s'y trouve en suspension; mais il se précipite peu à peu un dépôt volumineux, et le liquide devient limpide : ce liquide est jaune-pâle, et prend, avec le temps, une couleur jaune-orange, puis rouge-jaune. Le précipité formé offre d'abord une teinte de bleu céleste, puis, au bout de quelques heures, on voit se former à sa surface un cercle jaune-serin qni s'étend par degrés, et finit ordinairement par envahir toute la masse; ensuite, une couleur rouge plus ou moins foncée, et disposée en forme de zone, vient se substituer à la couleur jaune, soit en partie, soit en totalité. Ce phénomène, qui se produit dans l'espace de vingt-quatre heures, est le résultat de la réaction du sucre sur l'oxyde de cuivre. En effet, cet oxyde perd peu à peu l'oxygène qu'il contient, jusqu'à ce que le métal soit entièrement revivifié. Le sucre absorbe l'oxygène et se transforme surtout en acide formique, qui se combine avec la potasse.

La réaction est vive lorsqu'elle s'opère sur le sucre de raisin, comme il arrive avec l'urine des diabétiques; car on sait que c'est cette espèce de sucre qui s'y trouve contenue. La zone jaune et la zone rouge qui lui succède sont réellement des signes caractéristiques de la présence du suere dans l'urine des diabétiques, car on ne les obtient jamais avec l'urine des individus sains ou affectés de maladies autres que le diabète. On pourrait craindre que la présence du sucre de lait, dans certaines urines, ne donnât lieu à la production de phénomènes semblables à ceux qui viennent d'être décrits, parce que, comme on le sait, ce sucre se rapproche beaucoup du sucre de raisin; mais cet effet n'est produit que dans les cas où le sucre de lait se trouve contenu en proportion considérable dans l'urine, et encore ne se manifeste-t-il

qu'avec une bien plus grande lenteur. Il en est de même à l'égard des urines qui renferment des huiles essentielles de térébenthine, de copahu, etc.

Pour plus de certitude, l'auteur a fait une contre-épreuve, en opérant de la même manière sur de l'urine fournie par des sujets sains, et préalablement additionnée de miel ou de sucre de raisin; il a constamment encore obtenu la zone rouge sur le précipité, et cela presque toujours après avoir vu paraître la couleur jaune serin.

La rapidité avec laquelle la réaction s'opère, et la vivacité plus ou moins grande des teintes produites, dépendent, soit de la décomposition plus ou moins complexe de l'urine, soit de l'excès de la potasse et du sucre. Aussi, lorsque le phénomène ne se manifeste pas dans l'espace de vingt-quatre heures, suffit-il, pour déterminer son apparition, d'ajouter une petite quantité de potasse.

Ce moyen de reconnaître l'existence du sucre dans l'urine des diabétiques est d'un emploi non moins facile que sûr dans ses résultats.

(Journ. de chimie méd. Septembre 1845.)

Recherches sur la constitution chimique des semences du lactuca sativa hortensis, L., et moyen d'en préparer un extrait susceptible de remplacer la thridace; par M. GIOVANNI RIGHINI. L'auteur, à la page 255 de son Commentaire de préparations, analyses et observations chimiques et pharmaceutiques, a traité du suc de la laitue des jardins, et des préparations qu'on en retire, c'est-à-dire du lactucarium et de la thridace; mais, dans ses considérations expérimentales sur cette substance, il ne lui est pas venu à l'idée de soumettre également les semences de la même plante à l'action des agents chimiques. Cette lacune l'a engagé à continuer ses études sur ce point, et il pense être, par suite, arrivé à des résultats qui ne seront pas sans utilité pour la thérapeutique.

Pour ce qui regarde les principes immédiats qui constituent les semences de la lactuca sativa, il n'a rien à ajouter à ce qu'il a déjà écrit, parce que, sous le rapport de la composition, elles ne paraissent pas différer du suc exprimé des feuilles et des tiges de ce végétal. Toutefois, il y a constaté l'existence d'une huile grasse, saponifiable, et d'une odeur sui generis. Il a fait ses expériences sur les semences de la laitue des jardins, avec l'intermède de l'eau, et voici ce qu'il rapporte des produits qu'il a obtenus, et des propriétés chimiques qui les distinguent.

Cinq cents grammes de semences de laitue cultivée ont été contusées, puis mises en

macération dans deux kilogrammes et demi d'eau distillée. Après vingt-quatre heures de contact, on soumit le tout à la distillation, et on en retira sept cent cinquante grammes d'un hydrolat doué d'une odeur herbacée très-prononcée, et qui paraît propre aux plantes chicoracées ce liquide ne se troublait pas par l'addition d'un soluté d'azotate argentique.

Le résidu de la distillation fut passé au travers d'une toile, et soumis à la presse ; il donna un liquide brun clair, qui fut filtré puis évaporé au bain-marie, jusqu'à consistance de sirop. Il se rassembla, à la surface du liquide, une huile fixe, de couleur légèrement verte, d'une saveur analogue à celle du bouillon assaisonné de beurre, et insoluble dans l'alcool. Cette huile, ayant été regardée comme dépourvue d'action médicamenteuse, fut séparée du liquide qu'elle surnageait; après quoi l'évaporation fut continuée de la même manière, et en agitant sans cesse jusqu'à consistance extractiforme. L'extrait ainsi obtenu présente l'aspect de la gélatine qui résulte de l'évaporation convenablement ménagée de bou bouillon de viande de bœuf; il y a une odeur d'osmazôme assez caractéristique pour qu'il soit permis de croire qu'il en contient; par la pression entre les doigts, il laisse écouler une substance huileuse qui, restant combinée avec les autres matériaux de l'extrait, ne rancit pas avec le temps. Mis en contact avec les organes du goût, il présente une saveur amère, mais qui n'a rien de désagréable; il ne fait pas éprouver la moindre sensation d'une matière saline. Dissous dans l'eau distillée, et essayé par l'azotate d'argent, par les sels barytiques solubles et par les acides, il ne présente aucune trace de substance saline. Cet extrait, traité par l'alcool à 36 degrés (Baumé) cède facilement à ce menstrue sa partie amère, dont on peut retirer, par un traitement approprié, la thridace pure qui constitue alors un médicament précieux pour le praticien, en raison de l'absence complète des sels qui en diminuent ordinairement la valeur thérapeutique. Donnée intérieurement dans cet état, elle procure du sommeil, elle calme les douleurs, la toux et l'éréthisme nerveux, avec moins de certitude, il est vrai, que l'opium, mais aussi avec moins d'irritation que ce dernier.

(Ibid.)

Note sur la préparation du fer réduit par l'hydrogène; par M. A. THIBIERGE, fils. Parmi les médicaments que les pharmaciens hésitent à préparer eux-mêmes, il faut citer le fer réduit par l'hydrogène. Les praticiens, en effet, sont arrêtés par la crainte de s'ex

poser à des dangers assez graves sans espoir de réussir dans leur manipulation.

Depuis plusieurs années je prépare ces produits dans ma pharmacie, et, comme le procédé dont je me sers est peu coûteux, d'une exécution facile, et ne présente aucun danger d'explosion, j'ai pensé qu'en le publiant je pourrais être agréable à quelques pharmaciens.

Voici quel est mon appareil : j'ai deux canons de fusil, dont l'un est placé dans un fourneau à tubes, tandis que l'autre repose sur un support métallique; les canons de fer sont remplis convenablement de safran de Mars (1). Le gaz hydrogène pur vient les traverser après être passé successivement dans un premier flacon laveur contenant de l'eau, dans un second renfermant une dissolution de potasse caustique, dans un troisième à moitié rempli d'un soluté d'azotate d'argent, et dans un quatrième vide dans lequel il se dépouille de son excès d'humidité. Le bouchon de ce dernier flacon est percé de trois trous: l'un d'eux livre passage au tube qui amène le gaz, les deux autres reçoivent deux robinets, qui sont liés chacun avec l'un des canons de fer par un tube recourbé; à l'extrémité de chaque canon existe un petit tube de verre, ces tubes en verre sont maintenus dans les canons en fer à l'aide d'un peu de terre à poêlier, et pour que cette dernière, en se détachant, ne salisse point le produit, une petite boule d'amiante la sépare du safran de Mars. L'appareil étant disposé comme je viens de le dire, la manipulation est simple: le robinet qui communique avec le canon placé sur le fourneau est ouvert, l'autre est fermé; on excite, à l'aide de l'acide sulfurique étendu, le dégagement d'hydrogène; le gaz, après avoir traversé les flacons de lavage, balaye tout l'air contenu dans le canon. Au bout de cinq minutes de dégagement, on peut, sans danger, chauffer le canon de fer, et progressivement le porter au rouge sombre en entretenant toujours le courant de gaz. Lorsque, l'hydrogène continuant à passer, on ne voit plus sensiblement de vapeurs d'eau dans le petit tube de verre qui termine le canon, l'opération est à sa fin; on retire quelques charbons et l'on ouvre le robinet du second canon. Au bout de cinq minutes, on met ce dernier à la place du premier, qui a été détourné; puis placé sur un support pour refroidir dans un courant d'hydrogène. Quand il est froid, on le vide après avoir fermé son robinet, et on le remplit de safran de Mars. On opère sur

(1) J'emploie le safran de Mars préférablement à l'hydrate de peroxyde et aux oxydes naturels, parce qu'il se réduit plus facilement

le second canon comme sur le premier, et ainsi de suite.

J'ai trouvé avantageux d'employer, au lieu de tubes de verre, des tubes de plomb pour joindre des différentes pièces de l'appareil, en ayant soin, cependant, de faire usage de tubes en verre pour plonger dans le soluté d'azotate d'argent et pour les parties qui s'adaptent aux canons de fer.

Pent-être serait-il bon de dessécher complétement le gaz à l'aide d'une matière hygrométrique, jusqu'à présent je ne l'ai point fait pour ne pas compliquer davantage l'appareil.

En suivant exactement la marche que je viens de tracer, mon appareil fonctionne bien et peut fournir à peu de frais et sans dangers un produit d'une grande pureté.

(Journal de pharmacie et de chimie, août 1845.)

Note sur le même sujet, par MM. E. SouBEIRAN et DUBLANC. Le fer réduit par l'hydrogène, dont l'emploi a été proposé par M. Quevenne, est adopté dans la pratique médicale. On le prépare aujourd'hui assez en grand pour le service des hôpitaux de Paris. Il semble au premier abord que rien ne doit être plus simple que d'opérer la réduction de l'oxyde de fer par un courant de gaz hydrogène; mais quand on en vient à la pratique, on rencontre de grandes difficultés. Chacun sait que personne encore n'a pu arriver à des résultats aussi satisfaisants que ceux obtenus par notre confrère Quevenne, qui a appliqué à l'étude de cette opération cette intelligence patiente et éclairée que nous lui connaissons. Malheureusement, il ne nous a pas fait part de ses observations, et force a été à ceux qui ont voulu préparer le fer réduit, de faire par eux-mêmes une foule de tâtonnements qui n'ont pas toujours été heureux. L'appareil ingénieux, de M. Thibierghe, que nous faisons connaître plus haut, sera mis à profit par les personnes qui voudront préparer de petites doses de fer réduit, mais il ne suffirait pas à une fabrication un peu étendue.

Le fer réduit destiné aux besoins de la médecine doit se présenter sous la forme d'une poudre très-divisée. - La condition essentielle de succès dans l'opération qui doit le produire réside toute entière dans la température: si l'on ne chauffe pas assez, la réduction ne s'opère pas; si l'on chauffe trop, le fer se réduit, mais il s'agglutine en lames ductiles, et l'opération est encore

que ces derniers, et donne un produit plus divisé.

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