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ils s'empressèrent de donner leur démission, ce qu'ils firent connaître publiquement par la voie des journaux.

Depuis, la Société de médecine d'Anvers s'est occupée du même objet, et dans l'une de ses dernières séances, elle a déclaré : « qu'elle considère cés associations comme inutiles, dangereuses et ne répondant aucunement au but charitable pour lequel elles ont été instituées. »

Nous avons pris connaissance du règlement d'une association de l'espèce établie depuis peu à Anvers, sous le titre de Societeyt van voorzorg, et dont la Gazette médicale belge, dans son No 25 de cette année, a donné la traduction littérale; il nous a été facile de comprendre que ceux qui l'ont instituée, ont plutôt eu en vue leurs intérêts personnels, que de fonder une œuvre véritablement philanthropique. Nous n'avons pas d'expression assez forte pour flétrir ce genre de spéculation, et il est de notre devoir d'éclairer la religion de nos confrères sur le but et les moyens de pareilles associations. Le médecin occupe, dans la société, un rang trop honorable, sa mission, véritable sacerdoce, est trop sacrée pour qu'il prostitue son titre en se mêlant à de pareils tripotages. Certes, la profession médicale doit procurer à celui qui l'exerce, de quoi pourvoir à son existence et à celle de sa famille, mais c'est à des moyens honnêtes et dont il n'ait point à rougir, qu'il a recours. Sa carrière, nous le savons tous, est parsemée d'écueils; trop souvent il a à gémir de l'ingratitude de ses clients; trop souvent il a à lutter contre l'intrigue, la malveilfance et le charlatanisme; mais le médecin probe et consciencieux se résigne, combat corps à corps tous ces obstacles, sans jamais dévier du sentier de l'honneur. Pour accomplir notre tâche, nous avons dû prendre des informations sur une autre Société que vous a signalée M. Van Swygenhoven, La Fraternité, établie récemment à Bruxelles, et que notre collègue soupçonnait être organisée dans les mêmes vues que les Zieke-bussen hollandaises. Nous n'avons pas tardé d'apprendre qu'au lieu d'une, il existe à Bruxelles deux sociétés; la première sous le nom de La Fraternité, société générale et nationale de secours mutuels, entre tous les ouvriers du royaume, des deux sexes, y compris servantes et domestiques; la seconde sous le titre : La Fraternelle belge, société philanthropique et des secours mutuels pour les ouvriers de la Belgique. D'après les statuts de ces institutions, que nous joignons au présent rapport, toutes deux ont pour but de venir en aide à l'ouvrier-sociétaire sans travail, soit en lui procurant de l'occupation dans sa profession, soit par un secours en espèces, soit en lui procurant gratuitement les soins d'un médecin attaché à l'administration, et les médicaments nécessaires, et d'amener les ouvriers à ne plus chomer les jours non fériés. Cette pensée est belle et grande, sans doute, mais nous doutons qu'elle puisse se réaliser; il ne nous appartient pas, du reste, de chercher à apprécier cette question, nous laissons ce soin à ceux qui se préoccupent des moyens d'améliorer la position des prolétaires.

Pour jouir des avantages mentionnés ci-dessus, chaque sociétaire paie : à la Fraternité, I franc par mois et par anticipation, plus, I franc 25 centimes pour le droit d'inscription ; à la Fraternelle belge, I franc cinquante centimes par mois, aussi par anticipation.

Ces sociétés sont administrées chacune par un conseil d'administration, mais, notons-le bien, les membres qui les composent « ne contractent, à raison de leur gestion, aucune obligation personnelle ni solidaire, relativement aux engagements de la Société. Ils répondent de l'exécution de leur mandat. » Elles ont, l'une et l'autre, un directeur général qui est autorisé, pour faire face aux dépenses de loyer, d'éclairage, traitements des employés, etc., de prélever un décime par franc sur le montant des versements effectués par les ouvriers-sociétaires.

Nous n'en dirons pas davantage sur l'organisation de ces associations de prévoyance, dont le but nous paraît plus beau en perspective qu'en réalité; nous

laissons aux personnes plus compétentes le soin de les juger. Il nous suffira d'avoir montré, par un court aperçu, qu'elles ne rentrent pas tout à fait dans la catégorie des associations de prévoyance contre les maladies, dont il a été question au commencement de ce rapport. Cependant, nous devons à la vérité de dire que, sous le rapport du service sanitaire, nous croyons ces associations inutiles, attendu que, dans presque toutes les communes, il existe des médecins des pauvres, et dans les grandes villes comme Bruxelles, des dispensaires de charité où les ouvriers trouvent secours et assistance, y compris les médicaments qu'on leur délivre sans rétribution aucune. Il leur sera bien plus facile de se faire traiter dans ces bureaux de bienfaisance publique, que de devoir se soumettre à des formalités exigeant des démarches qui font perdre du temps, avant d'obtenir les soins des médecins d'une association dont ils feraient partie. Du reste, nous remarquons dans les statuts que nous avons sous les yeux, que la Société n'est point engagée envers l'ouvrier tombé malade par suite de débauches, rixe ou duel, par épidémie, aliénation mentale, ou maladies chroniques ou cutanées. » Il faudra bien alors (et ces cas seront très-fréquents, pour les maladies chroniques surtout) qu'il ait recours aux institutions philanthropiques.

Abandonnant à qui de droit la question de savoir si les deux sociétés dont nous venons de parler, sont utiles ou non sous d'autres rapports qu'il ne nous appartient pas d'examiner, nous croyons que l'homme de l'art qui comprend toute l'importance et la dignité de sa profession, ne peut s'associer à une pareille œuvre, pas plus qu'à toute autre qui aurait pour but une spéculation quelconque.

En terminant ce rapport, nous nous sommes demandé si la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, instituée dans le but de concourir aux progrès de la science, avait mission de s'occuper des sociétés de prévoyance en cas de maladie; nous avons pensé que, bien que ne rentrant pas dans le cercle de ses travaux, elles devaient fixer son attention, parce qu'il s'agit ici d'institutions qui peuvent porter atteinte à l'honneur et à la considération du corps médical; nous avons pensé que la Compagnie pouvait ici prendre l'initiative, ne fût-ce que pour éclairer nos confrères.

CONCLUSION: Après avoir entendu la lecture de ce rapport, la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles déclare : « qu'elle considère comme hautement blåmable, tout homme de l'art qui mettrait son titre à la disposition d'associations de prévoyance ayant pour objet une spéculation mercantile. »

Neuvième grossesse chez une jeune femme de 26 ans, menée à terme, après sept avortements successifs, par l'emploi des toniques et des saignées.-Observation communiquée par le docteur MUSSCHE, de Hal.

Madame V. B., âgée de 25 ans, présente le cachet d'une constitution lymphatique prononcée; ses cheveux sont cendrés, son teint est d'une couleur mate uniforme, ses chairs sont molles. Appelé à lui donner des soins en 1840, elle m'annonça que sa santé avait toujours été bonne avant son mariage et que la menstruation, quoique généralement peu abondante et pas trop vermeille, s'était toujours montrée à des époques régulières, sans retard, sans gêne et sans produire d'indisposition; elle se trouvait alors enceinte pour la huitième fois, et malgré ce qu'elle avait pu faire, malgré l'accomplissement sévère de tous les conseils qu'on lui avait donnés, hormis sa première grossesse, qui avait eu pour résultat l'arrivée d'un gros garçon, elle n'était po.nt parvenue à mener à terme les diverses gestations qui s'étaient suc

cédé en assez peu de temps; enceinte quatre mois après sa première couche, une perte se déclara à trois mois, le germe fut expulsé; le même accident se reproduisit en cinq années, sept fois de suite, à des époques plus ou moins éloignées de la conception, à trois mois, à cinq, à six et une seule fois à sept mois. A ma première visite, je la trouvai alitée; elle était enceinte de trois mois, et pour la huitième fois depuis quelques jours elle avait perdu complétement l'appétit, et se trouvait en proie à la tristesse; la veille elle avait éprouvé une courbature générale, elle avait ressenti quelques frissons et de petites douleurs hypogastriques revenant par intervalles; le pouls était chétif et fréquent, il y avait de temps à autre de fortes palpitations, avec battements dans la tête et céphalalgie; la face présentait depuis plusieurs jours un certain degré de bouffissure; elle perdait depuis quarante-huit heures une légère quantité de mucus coloré en jaune, symptôme qui avait ordinairement précédé chaque avortement et lui faisait croire que cette fois encore, pareil événement se préparait. Ayant confié ses craintes à un ami intime, ce fut d'après les instances de ce dernier qu'on m'avait fait appeler en toute hâte. Ces commémoratifs appelant suffisamment mon attention vers les organes utérins, je pratiquai le toucher pour m'assurer de l'état du col; je reconnus que l'orifice utérin était très-mou et dilaté dans l'étendue d'une pièce de deux francs; l'indicateur fut retiré couvert de mucosités roussâtres. Il était évident que le travail était avancé déjà et qu'il n'y avait plus qu'un bien faible espoir de conserver le fruit dans l'utérus; l'état général de la femme ne permettait pas l'usage des émissions sanguines, un souffle carotidien prononcé, outre les symptômes prérappelés annonçait qu'il y avait chez elle un état d'anémie, de chlorose qu'on pouvait regarder comme la cause première des pertes nombreuses qu'elle avait eu à supporter. Je prescrivis le repos le plus absolu et une potion calmante opiacée. Les douleurs se ralentirent, mais le travail n'en fit pas moins de progrès et à ma deuxième visite, je trouvai un corps mou engagé dans le col utérin et le volume de la matrice diminué; elle avait perdu un peu d'eau et assez bien de sang peu coloré, une syncope avait eu lieu peu avant mon arrivée. Je ne balançai pas à provoquer les contractions utérines par le moyen spécial en cas semblable; médecin de campagne et toujours muni, à ce titre, de seigle ergoté, je lui en administrai un gros en deux heures, et tout fut terminé ; l'état du germe confirma la pensée de la mère qu'elle était à son troisième mois de grossesse, et je pus me retirer ne conservant aucune crainte d'hémorrhagie (septième fausse couche).

Mon devoir n'était pas accompli, ma tâche n'était pas remplie : il fallait modifier l'état général de cette femme pour éviter le retour d'un accident qui n'aurait pas manqué de lui devenir funeste un jour; je devais la mettre à même de pouvoir jouir à l'avenir du plaisir d'être mère. Jeune encore, elle comprit l'importanee qu'il y avait d'obtenir une santé meilleure et elle se confia à mes soins de la manière la plus absolue. Je lui fis comprendre d'abord et à son mari la nécessité de mettre le plus long intervalle possible entre l'accident et une nouvelle grossesse, pour donner le temps à la constitution de se fortifier, aux organes de reprendre leur état normal, aux fonctions de rentrer dans leur équilibre; elle fut soumise à une médication tonique, diverses préparations martiales, l'alun, l'opium, la valériane, furent successivement mis en usage pendant longtemps; elle fut entourée de tous les soins hygiéniques convenables sous le rapport du lieu de séjour, des vêtements, du régime et de l'exercice.

Madame V. ne tarda pas à reprendre ses forces, son état général s'améliora beaucoup, la menstruation se montra deux mois après l'accident, plus forte, plus vermeille qu'elle n'avait été depuis longtemps. Quatre mois plus tard elle était enceinte, elle suivait toujours son régime, et sa médication à des doses légères; je pratiquai une petite saignée du bras quelques jours avant la première et la deuxième époques

menstruelles, et cette opération fut répétée deux autres fois avant le huitième mois. Elle accoucha à terme d'un enfant fort et bien portant du sexe masculin, et ses couches furent régulières et très-heureuses ; depuis lors, elle est parvenue à mener à terme trois autres grossesses successives et chaque fois elle donna le jour à des enfants bien constitués.

Il est bien évident, dans ces circonstances, que les avortements avaient pour cause première l'état chlorotique, disposition générale dans laquelle se trouvait la mère, et qu'ils s'effectuaient par l'intermédiaire d'une congestion utérine passive; aussi ne me suis-je pas contenté de rendre plus de plasticité au sang, plus de vigueur aux organes, plus de régularité aux fonctions, j'ai voulu éviter par la saignée une congestion utérine devenue facile par sa répétition, par l'habitude.

Cette médication qui m'a parfaitement réussi, serait toujours efficace, j'en suis convaincu, dans des cas analogues; et comme les moyens préventifs sont seuls capables d'éviter la fausse couche, qu'il est généralement impossible d'entraver, dès que le travail de l'avortement a préludé, c'est par ce motif, surtout, que je prie la Société d'agréer cette observation, afin qu'elle daigne appeler sur ce sujet, dans les campagnes, l'attention des accoucheurs par la voie de son excellent journal.

KEN.

II. REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.

Médecine et Chirurgie.

Cas d'excavation tuberculeuse du poumon gauche traitée par la perforation de cette cavité à travers les parois thoraciques; par HASTINGS et STORKS, suivi de remarques pratiques sur cette opération; par M. Hoc L'observation et les détails qu'on va lire ont été publiés par le London medical Gazette. La nouveauté et la hardiesse des idées émises par le chirurgien anglais méritent une mention toute particulière. Nous donnons le fait tel qu'il se trouve dans la Gazette médicale de Paris.

Observation.M. E. G., ecclésiastique, âgé de trente-huit ans, né de parents sains, n'a été malade que depuis les quatre dernières années. En 1841, il eut, à la suite d'un refroidissement, de la toux, de l'expectoration et une hémoptysie. Il resta depuis lors faible et languissant. En 1843, les mêmes accidents se reproduisirent; il eut ensuite au bout de quelque temps une fièvre typhoïde. A peine en était-il convalescent, que la toux et l'expectoration augmentèrent. Un traitement par le naphte, qui lui fut alors administré, améliora son état. Le 10 août 1844, il vint consulter M. Has tings. A cette époque, il avait une toux fatigante qui lui causait parfois de la douleur dans différents points de la poitrine. Son expectoration puriforme et striée de sang était de 2 onces à une demi-pinte par jour. L'expansion vésiculaire manquait à la

région claviculaire gauche, et la percussion y rendait un son mat; dans ce même lieu, bruit de souffle étendu avec du gargouillement çà et là, et une pectoriloquie trèsmarquée. Dans la région correspondante du côté droit, résonnance vocale presque bronchophonique, murmure respiratoire plus ou moins bronchique, son moins mat qu'à gauche et expansion naturelle. M. Hocken ayant aussi ausculté le malade, trouva que le troisième espace intercostal était, du côté gauche, le point où le gargouillement et la pectoriloquie étaient le plus prononcés. Dyspnée considérable. Pouls à 132, respiration à 32 par minute. On continua l'emploi du naphte, aidé d'un régime nutritif. Ce traitement continué jusqu'au commencement de novembre ne fut interrompu que durant cinq attaques de pleurésie pour lesquelles on appliqua des vésicatoires. A cette dernière époque, l'état général paraissait amélioré, le pouls étant à 108; mais la cavité du poumon gauche avait décidément augmenté d'étendue. M. Hastings résolut alors de faire à la caverne, à travers les parois pectorales, une incision, opération déjà proposée, en 1726, par Barry, de Dublin. Le malade, homme intelligent et instruit, se prêta volontiers à l'exécution de ce dessein.

Le 15 novembre 1844, M. Storks exécuta le plan arrêté en commun, de la manière

suivante. Le malade couché sur le dos, une incision verticale de 2 pouces de longueur fut faite à partir du milieu de la clavicule gauche et dans la direction du mamelon. Le troisième espace intercostal étant ainsi mis à découvert, un petit trocart à hydrocèle fut enfoncé. On remarqua avec satisfaction que de l'air sortait par sa canule. Alors on plongea un bistouri dans le centre de l'espace intercostal et on le porta obliquement en haut dans la caverne. Une sonde ayant été glissée le long de sa lame, il fut retiré; et le chirurgien ayant acquis de nouveau la conviction que l'ouverture communiquait avec la caverne, incisa avec un bistouri boutonné et dans l'étendue d'un pouce la paroi de celle-ci, qu'il trouva trèsdense et presque cartilagineuse. Une seconde incision fut faite parallèlement aux côtes pour agrandir l'ouverture. De l'air et du sang sortirent immédiatement; la sonde introduite pouvait se mouvoir librement. Le malade toussa à ce moment et rendit environ 2 ou 3 drachmes de sang qui était tombé dans la cavité. Après avoir essayé de placer un tube d'argent fabriqué exprès d'avance, mais qui ne répondit pas au but proposé, on le retira; le malade fut couché et sa plaie maintenue couverte d'un linge imbibé d'eau chaude.

Peu de temps après l'ouverture faite à la poitrine, le pouls qui, avant l'opération, était à 120, tomba à 100; la toux, la dyspnée et l'expectoration cessèrent. Le malade se trouvant un peu faible, on lui donna de l'eau avec de l'eau-de-vie. Le lendemain, il avait dormi six heures pendant la nuit; le pouls était à 68; le soir il s'éleva à 80.

Le 17, à cinq heures du soir, M. Storks plaça dans l'ouverture un morceau de sonde de gomme élastique, qui y fut fixé avec des bandelettes agglutinatives.

Les jours suivants, le pouls se maintint entre 72 et 80; la toux et la dyspnée avaient beaucoup diminué; l'expectoration persistait encore quoique un peu moindre.

Le 20, il fut saisi, probablement par suite d'une indigestion, de fièvre avec vomissements et céphalalgie. Pouls à 72. Un purgatif réitéré le délivra de cette indisposition pendant laquelle les symptômes du côté de la poitrine n'avaient pas empiré..

Le 22, le pouls était à 68, la respiration à 24; il n'y avait ni toux, ni dyspnée, ni expectoration.

Le 23, on recommença le traitement par le naphte.

Le 24, le malade a expectoré une cuillerée à bouche de mucosités spumeuses mêlées à peu de suppuration. Le même jour, à neuf heures du soir, après un sommeil prolongé la tête tenue très-bas, il fut saisi de toux et

d'oppression avec beaucoup de douleur autour de la plaie. M. Hocken, appelé en l'absence de M. Hastings, retira le tube, ce qui donna issue à une cuillerée à café environ de pus de bonne nature et soulagea considérablement le malade. Il expectora en même temps près d'une once de crachats spumeux.

Après avoir été très-bien pendant trois jours, le malade eut encore de la fièvre et une expectoration tenace. Ces symptômes qui s'accompagnèrent de faiblesse, d'inappétence et de dyspnée, diminuèrent le 17 et le 18.

A partir du 30 et surtout du 1er décembre, le sommeil, les forces et l'appétit commencèrent à revenir très-sensiblement; l'air sortait très-librement par le tube; l'émaciation, qui avait augmenté pendant la première quinzaine après l'opération, fit place à un état contraire, les chairs revenant avec une assez grande rapidité. Le malade avait conscience de la force et de la santé qu'il reprenait de jour en jour. Plusieurs fois, en retirant le tube, on le trouva adhérent, et on enleva avec lui des granulations qui tenaient à son extrémité, indice d'un commencement de travail d'oblitération de la cavité morbide par rapprochement de ses parois, L'état favorable suivit une marche non interrompue et progressive.

Le 15 décembre, le pouls était à 88, la respiration à 16, l'appétit excellent; le malade se promenait dans sa chambre. Depuis plusieurs jours, les crachats étaient muqueux ; il n'en rendait pas dans les vingtquatre heures plus d'une demi-drachme à une drachme, quantité certainement moindre que celle de l'expectoration de beaucoup de personnes en bonne santé. Il existait une dépression marquée à la région sous-claviculaire gauche.

Examiné le 17 décembre par M. Hocken, le malade fut trouvé dans l'état suivant. Dans la région sous-claviculaire gauche, la matité était aussi marquée et occupait la même place qu'avant l'opération. La respiration était encore caverneuse à la partic supérieure de ce côté de la poitrine; mais, au lieu d'être forte, bruyante et comme soufflant dans l'oreille, caractères qu'elle avait avant la thoracenthèse, on la trouva douce, tranquille, telle, en un mot, qu'elle aurait pu être prise, par un auscultateur peu attentif, pour la respiration naturelle, à moins que le malade ne fit unè inspiration profonde; et, par le fait, un médecin de haute réputation tomba dans cette erreur au moment où il appliqua l'oreille sur la poitrine. La voix, au lieu de passer directement dans l'oreille avec une résonnance claire, ne produisait plus de pectoriloquie, mais s'accompagnait seulement de forte ré

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