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DIXIÈME PROPOSITION. Une première parturition est plus dangereuse pour la mère et l'enfant que les parturitions suivantes; elle est aussi pour l'un et pour l'autre plus souvent fatale.

L'accouche

ONZIÈME PROPOSITION. ment est généralement plus long quand l'enfant est du sexe masculin.

Or, cette plus longue durée est précisément la cause du danger que court l'enfant; car elle a pour conséquence une longue compression de l'encéphale, plus volumineux, suivant Tiedmann, chez les garçons que chez les filles, et d'ailleurs si volumineux proportionnellement au reste du corps à la naissance et dans les premières années qui la suivent. Et quant aux mères, on conçoit que la longueur du travail a pour elles des conséquences non moins fâcheuses, nonseulement à cause des accidents de toute sorte qui peuvent en résulter, mais encore en raison des opérations diverses auxquelles l'impuissance de la nature oblige de recourir.

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S'il peut résulter d'un très-léger excès dans le volume de la tête, de si fâcheuses conséquences, on comprend de quelle importance il est que cette partie, lorsqu'elle se présente, s'engage dans la direction de ses plus petits diamètres; jusqu'à quel point une légère déviation, lorsqu'elle persiste, peut être fâcheuse; comment la simple réplétion du rectum et de la vessie peut ajouter aux difficultés par le rétrécissement qu'elle produit dans les voies génitales; et quels avantages enfin on se procure par l'emploi des moyens propres à prévenir la congestion et la tumefaction des parties molles qui tapissent le bassin, et à faciliter la dilatation des organes maternels,

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Simpson se livre, en terminant, à quelques conjectures sur l'ifluence du sexe de l'enfant considéré, d'une manière générale dans ses rapports avec la mortalité de la Grande-Bretagne; et prenant pour base les résultats fournis par la Maternité de Dublin et qui ont servi de fondement aux propositions précédentes, il établi que si 5,000 femmes meurent annuellement en travail ou des suites de la parturition, il y en a plus de 500 pour lesquelles cette fatale issue n'a

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d'autre cause que l'excès de volume propre au sexe masculin; que cet excès de volume est également l'unique cause qui fait périr tous les ans le cinquième des enfants qui meurent en venant au monde, c'est-à-dire près de 1,500; enfin qu'on peut porter à 5,000 par an le nombre de ceux qui succombent dans le cours de leur première année, aux conséquences d'une parturition dont la longueur et les difficultés tenaient à la même cause.— - Somme totale, 7,000 individus par an!!

(Journal de Chirurgie, no de novembre 1844.)

Moyens pour combattre les douleurs dues à la présence des calculs rénaux et vésicaux; par M. le docteur Torт, de Ribnitz. Suivant M. Tott, il n'existe pas de meilleur moyen pour apaiser les douleurs occasionnées par les concrétions calculeuses des reins ou de la vessie, que l'émulsion suivante, dont la formule est due à M. le docteur John aîné :

id.

Pr. Huile d'amandes douces, 30 gram.
Sirop de pavot blanc, 50 id.
Poudre de gomme arabique, 8
Jaune d'œuf cru,
Eau de chaux,
Alcoolé d'opium,

13 id: 100 id. 4 id.

M. et F. S. A. une potion émulsive parfaitement homogène, à prendre par cuillerées à bouche toutes les deux heures. Dans quelques cas, M. Tott fait aussi un grand cas de la préparation ci-dessous : Pr. Lycopode,

12 gram. Sirop de guimauve, 4 id. M. S. A. A prendre par cuillerées à café de temps en temps.

M. Tott a pu, de même, procurer un notable soulagement par l'administration de lavements préparés avec l'assa fœtida et l'opium.

Quant aux moyens vantés comme lithontriptiques, le même praticien les a tous mis en usage successivement sans en obtenir le moindre résultat avantageux; l'eau minérale naturelle de Wildung a seule fait évacuer une grande quantité de graviers, après quoi les malades sont restés longtemps sans éprouver de nouvelles douleurs.

Quelques personnes aussi sont parvenues à se soulager des douleurs que leur faisaient éprouver les calculs urinaires en faisant usage de l'huile dite de Harlem, arcane composé de soufre dépuré et d'huile volatile de genièvre.

(Hufeland's Journal.)

Chimie médicale.

Des causes d'insalubrité de l'air; sur les moyens employés pour les prévenir eu les combattre; par M. BOUCHARDAT.

Cet article, qui est extrait du bulletin de pharmacie du journal des connaissances médicales, a été préparé pour la deuxième édition du volume de chimie faisant partie du cours des sciences physiques de l'auteur; nous avons pensé qu'il serait agréable à nos lecteurs de trouver réunis et discutés les documents les plus précis sur une question d'un aussi grand intérêt que celui des causes d'insalubrité de l'air.

Les causes d'insalubrité de l'air peu vent se rapporter à deux chefs principaux: 1° l'air sera altéré parce que des hommes ou des animaux seront réunis en grand nombre dans un espace clos et limité, ou bien par suite de combustion de charbon ou d'autres corps dans un espace également confiné; 2o l'air sera altéré par suite de miasmes ou de gaz délétères, comme cela arrive dans les pays marécageux et dans les salles d'hôpitaux.

De l'air confiné. — Le premier chimiste qui se soit occupé avec succès de la question de l'air confiné, c'est Lavoisier. Il signale des différences de composition dans l'air, lorsque celui-ci est contenu dans des enceintes fermées où un grand nombre d'individus ont séjourné pendant un temps assez long.

Lavoisier cite deux expériences dans une salle d'hôpital et deux autres dans une salle de spectacle; les proportions d'acide carbonique qu'il a reconnues dans ces diverses circonstances sont comprises entre 1 1/2 et 5 p. %. Il signale le premier l'acide carbonique non-sculement comme un gaz irrespirable, mais irritant et même délétère à dose peu élevée.

Lavoisier n'hésite pas à attribuer à l'acide carbonique le malaise que l'on éprouve souvent dans les salles d'assemblées nombreuses, malaise que l'on attribue généralement à la chaleur; il établit par des expériences faites sur des animaux plongés dans des atmosphères limitées, que les effets observés doivent étre attribués à l'action plus ou moins proLogée de l'acide carbonique à dose insuffi

sante pour asphyxier, et non à l'affaiblissement de la proportion d'oxygène, si toutefois on ne dépasse pas certaines limites.

M. Leblanc s'est occupé dans ces derniers temps avec beaucoup de soin de la question de l'air confiné; je vais donner ici les considérations générales et les conclusions pratiques qui découlent de ses expériences.

« 1° Plusieurs causes peuvent contribuer à rendre insalubre une atmosphère limitéc, mais il faut reconnaître comme un fait d'expérience, que la proportion d'acide carbonique, dans les lieux habités et fermés, presque toujours appréciable, croît avec le degré d'insalubrité, et peut en fournir, pour ainsi dire, la mesure. Plus la dose d'acide carbonique s'élève, plus la nécessité du renouvellement de l'air doit être considérée comme prochaine. Lorsque cette proportion atteint 1 p. % par les effets de la respiration, le séjour des hommes dans une pareille atmosphère ne saurait se prolonger sans exciter bientôt une sensation de malaise prononcée; la ventilation devient indispensable, si l'on veut que la respiration retrouve ses conditions normales; toutes choses étant égales d'ailleurs, il ne semble pas douteux que la seule présence de l'acide carbonique à cette dose, dans des lieux fermés, puisse exercer une influence sensible sur l'organisme, surtout si cette action se prolonge pendant quelque temps.

La pureté de l'air dans une enceinte ventilée peut ne pas dépendre uniquement de la quantité qui afflue dans un temps donné; le mode d'accès et de sortie de l'air, par conséquent sa distribution, doit avoir une influence sur son état chimique; le système de ventilation conçu sur les bases les plus larges et qui opérerait la purification la plus complète, est celui où l'air expiré serait entraîné par un mouvement ascensionnel qui lui interdirait tout retour vers la zone de respiration. Tel parait être le principe qui a guidé les constructeurs anglais dans les dispositions propres à assurer une ventilation efficace à la chambre des communes de la Grande-Bretagne; les orifices d'accès et de sortie ont été bien plus multipliés qu'ils ne le sont dans nos salles ventilées.

Comme on cherche, en général, à prendre

à la température la moins élevée possible l'air destiné à la ventilation, on aurait intéret, sous ce point de vue, à l'aller chercher dans des caveaux situés au-dessous du niveau du sol.

La dose de cinq millièmes d'acide carbonique accumulée dans une enceinte par l'effet de la respiration, est une limite qu'il ne faut pas laisser franchir. Pendant l'été, la température étant de 20 degrés centigrades dans une salle, il n'est pas rare que l'assistance rende la ventilation de 16 à 18 mètres cubes insuffisante.

Lorsqu'il s'agit d'enceintes habitées et dépourvues d'appareils de ventilation ou de cheminées, l'expérience prouve qu'il ne faut pas compter sur un renouvellement très-efficace de l'air à la faveur des jointures des portes et des fenêtres; le plus souvent ces effets n'arrivent pas à réduire l'altération à la moitié de ce qu'elle serait dans une capacité rigoureusement fermée, toutes choses égales d'ailleurs. Lorsque l'enceinte fermée ne devra pas être ventilée, il conviendra donc d'en déterminer la capacité comme il suit. Un dortoir renfermant cinquante habitants, et restant fermé pendant huit heures, devrait avoir 6 × 8 × 502,400 mètres cubes, soit environ 50 mètres par individu pour la nuit, et au bout de ce temps la ventilation deviendrait nécessaire. Plusieurs salles d'hôpitaux offrent une capacité qui est loin d'être en rapport avec leur population. Dans un dortoir mansardé, à la Salpétrière, la ration d'air n'est que de 1 mètre cube 5 c. par individu et par heure; on pourrait citer un dortoir dans une prison où ce chiffre s'abaisse à 0 mètre, 7 c. Telles sont aussi les circonstances où se trouve placé l'amphithéâtre de la Sorbonne.

En présence des résultats énoncés, la nécessité de l'établissement d'appareils de ventilation paraîtra démontrée, dans un intérêt de salubrité, toutes les fois que les circonstances s'opposeront à des constructions publiques plus vastes destinées à contenir une population nombreuse. Au point de vue de l'hygiène des hôpitaux, le renouvellement continu de l'air, vicié par des causes si nombreuses, n'offrirait-il pas des avantages marqués sur la ventilation périodique déterminée par l'ouverture forcée des fenêtres, quelle que soit la rigueur de la température

extérieure?

Les conditions de séjour des ouvriers dans un grand nombre d'ateliers et de fabriques fourniraient aussi bien des sujets de remarques pénibles. Ne faut-il pas former des vœux pour que la sollicitude de l'administration, appelée sur ce point, arrive à rendre obligatoires des mesures d'assainissement, faciles le plus souvent à réaliser, et qu'elle puissc exercer une surveillance

active sur l'exécution de ces mesures? Que de tristes exemples de dégénérescence physique et morale ne pourrait-on pas citer, dont la cause principale tient aux conditions funestes du milieu où l'homme est assujetti à vivre dans ces circonstances.

Les analyses d'atmosphères artificielles tendent à établir que la dose d'acide carbonique pur qu'un homme pourrait supporter sans succomber immédiatement est assez considérable, à en juger par les effets observés chez les animaux. La vie d'un chien peut se prolonger quelques instants dans une atmosphère contenant 30 p. % d'acide carbonique et 70 p. % d'air ordinaire, le gaz renfermant par conséquent 10 p. % d'oxygène.

La résistance à l'asphyxie, sous l'influence de cette cause, est d'autant moindre que la température propre de l'animal est plus élevée.

Dans une atmosphère contenant 5 à 6 p. % d'acide carbonique pur par les effets de la respiration ou de la combustion, la flamme d'une bougie s'éteint; la vie peut continuer, mais la respiration est pénible, et les animaux à sang chaud sont déjà en proie à un malaise profond.

On a eu plusieurs fois occasion de reconnaitre dans les mines, que des ouvriers ont pu vivre dans une atmosphère où la combustion ne pouvait se soutenir; mais le danger grave de séjourner dans un semblable lieu est attesté par trop d'accidents pour qu'il soit nécessaire d'insister sur ce point.

On sera donc fondé à regarder comme nuisible une atmosphère où l'acide carbonique figurerait dans les mêmes proportions que dans l'air expiré par nos poumons; l'expérience apprend même qu'au-dessous de cette limite, la respiration n'a plus lieu d'une manière normale : on peut s'en rendre compte en remarquant que la proportion d'acide carbonique augmente de plus en plus à mesure que l'air inspiré est transporté dans le torrent de la circulation, en sorte que, dans les moments qui précèdent son expulsion, nos organes peuvent se trouver soumis au contact d'un gaz notablement plus chargé d'acide carbonique que l'air aspiré dans les circonstances ordinaires. L'expérience et le raisonnement s'accordent donc pour prouver que nos organes peuvent être influencés par une proportion d'acide carbonique inférieure à un centième.

Les expériences de ventilation faites sous la direction de M. Péclet et indépendantes de toute idée théorique préconçue, assignent le nombre de 6 m. c. à 10 m. c. pour ration d'air à fournir à un homme par heure, si l'on veut maintenir sa respiration dans les conditions accoutumées. C'est là le résultat de nombreux tâtonnements, les assistants

de l'enceinte ventilée étant établis juges du manque ou de l'excès d'air sous l'influence de dosages variables.

L'analyse nous apprend qu'avec un système de ventilation basé sur une ration d'air de 10 à 20 m. c. par heure, et par homme, l'air écoulé de l'enceinte peut encore présenter des proportions d'acide carbonique comprises entre 2 et 4 millièmes. Tel est le cas de la chambre des députés.

Aucune expérience décisive n'existait encore relativement au degré d'altération de T'air rendu asphyxiable par la combustion du charbon. M. Leblanc a vu qu'une atmosphère amenée ainsi à 3 ou 4 p. 0% d'acide carbonique, devenait subitement mortelle pour un chien de forte taille, tandis que, pour produire le même effet, il n'eût pas fallu moins de 30 ou 40 p. o. d'acide carbonique pur. M. Leblanc a fait voir que l'effet étant indépendant de la température, la mort précède l'extinction de la bougie. Un kilogramme de braise, et à plus forte raison de charbon, en combustion libre, peut rendre asphyxiable l'air d'une pièce fermée, de 25 mètres carrés de capacité. Ces résultats ajoutent une nouvelle force aux considérations déjà présentées depuis longtemps par plusieurs savants sur les dangers de certains modes de chauffage, ainsi qu'aux observations de M. Gay-Lussac sur un nouveau procédé de chauffage importé d'Angleterre, et dont les effets étaient de verser dans l'enceinte échauffée les produits de la combustion du charbon. Non-seulement l'atmosphère peut devenir irrespirable par la formation de l'acide carbonique et la disparition de l'oxygène, ce qui pourrait faire croire à l'innocuité de faibles proportions brulées; mais de plus l'air peut acquérir rapidement des propriétés délétères au plus haut degré. MM. Leblanc et Dumas ont dé montré que l'énergic toxique d'une atmosphère asphyxiable sous ces influences, doit être attribuée particulièrement à la présence de l'oxyde de carbonc signalée par l'analyse, puisque, répandu seul dans l'air, à la dose de 1 p. %, il constitue une atmosphère presque immédiatement mortelle pour les animaux à sang chaud; les proportions d'acide carbonique et le défaut d'oxygène observés ne produiraient pas à beaucoup près des effets aussi violents. Il faut donc se båter de signaler les dangers qui peuvent résulter de la présence accidentelle de l'oxyde de carbone dans l'air, dangers sur lesquels on n'était pas encore suffisamment éclairé, surtout sous l'influence d'aussi faibles doses. On concevra très-bien qu'avec une quantité de carbone réel, brûlé dans un appartement, on pourra observer des effets très-variables, suivant le degré de combustibilité du charbon employé et suivant les propor

tions relatives d'air et de combustible en contact dans un temps donné.

Moyens de purifier l'air confiné. — Le savant qui s'est occupé avec le plus de succès de la question des moyens de purifier l'air confiné, est sans contredit M. Darcet. Il a appliqué d'ingénieux moyens de ventilation à l'assainissement des salles de réunion, des ateliers de dorcurs, des salles de l'hôpital Saint-Louis, des ateliers de la Monnaie, des magnaneries, des latrines publiques. Le but des moyens employés par M. Darcet, c'est d'établir un bon système de ventilation; pour obtenir cet effet il suffit d'échauffer l'air vicié en le forçant à passer dans un conduit chauffé, ou directement par une lampe ou par le voisinage de quelque cheminée servant à d'autres usages. L'air acquérant plus de légèreté à mesure que sa température s'élève, s'échappe par le conduit qui débouche à l'extérieur de l'appartement, et détermine ainsi un afflux d'air froid du dehors par toutes les autres ouvertures qui existent dans la chambre, comme les portes, les joints des fenêtres, etc. Cette disposition est ce qu'on nomme un système d'appel. Les ouvertures d'aspiration doivent être égales en surface à la section du conduit d'appel, si la vitesse de l'air est partout la même. Les cheminées, les poêles, sont, d'après cela, des fourneaux d'appel très-puissants, et déterminent dans nos appartements un renouvellement continuel de l'air, lorsque leur construction est bien entendue. M. Péclet s'est aussi occupé avec beaucoup de succès des procédés de ventilation.

De l'air alléré par des miasmes ou des gaz délétères. L'air altéré par des miasmes ou par des gaz délétères peuvent déterminer un grand nombre de maladies, souvent mortelles. Il serait donc fort important pour nous de bien connaître ces altérations; malheureusement l'état de la science, sous ce rapport, est loin d'être complétement satisfaisant. Cependant plusieurs questions, celles surtout qui se rapportent aux gaz délétères, ont reçu d'heureuses solutions.

Miasmes. Plusieurs maladies et particulièrement des fièvres éruptives, telles que la variole, la scarlatine, la rougeole, peuvent être transmises par l'intermédiaire de l'air; on a donné le nom de miasmes à ces particules délétères qui peuvent être transportées au loin par l'air. Ce fluide renferme souvent des matières diverses que notre odorat y révèle et que l'analyse chimique n'y démontre pas facilement. Voici les expériences qui établissent l'existence de matières animales dans l'air dans des conditions données. MM. Thénard et Dupuyrten ont démontré qu'en agitant de l'eau distillée dans un amphithéâtre de dissection, on obtenait

une eau qui abandonne des flocons de matière animale et finit par se putréfier.

On ne saurait se refuser à admettre l'existence de matières animales dans l'air non renouvelé, où séjournent un grand nombre d'individus ; elle se trahit souvent par une odeur repoussante. M. Péclet et M. Dumas affirment que l'air expulsé par des cheminées d'appel, destinées à opérer la ventilation des salles d'assemblées nombreuses, exhale souvent une odeur tellement infecte, qu'on ne saurait la supporter impunément, même pendant un temps assez court.

Mascati a fait voir qu'en suspendant des globes de verre remplis de glace dans l'air des rizières de la Toscane ou dans celui des salles des hôpitaux, il venait s'y condenser une eau qui renfermait une matière animale susceptible de la faire putréfier. Cette observation, qui réussira toujours dans une salle d'hôpital remplie de malades, ne démontre cependant pas la présence de miasmes nuisibles; car une agglomération d'individus sains conduirait au même résultat ; cependant des maladies simples et faciles à guérir, lorsqu'on les observe en ville, devo nant souvent mortelles et contagieuses dans les hôpitaux par le seul fait du rassemblement des individus, devraient engager à faire des recherches pour les assainin. MM. Boussingault et Rivero ont observé que de l'acide sulfurique concentré et bien pur, noireissait dans l'espace de douze heures, en l'exposant à l'air à Maracay et à Valencia; ces savants furent portés à attribuer cet cffet à la présence de nombreux insectes qui se trouvaient dans l'atmosphère.

GAZ DÉLÉTÈRES (mal aria, cattiva aria). Le sujet que nous allons traiter ici est d'une très-grande importance, ear il s'agit de passer en revue les causes qui rendent si redoutables le séjour dans certaines contrées marécageuses, particulièrement dans plusicurs parties du littoral de la France méri dionale, de l'Italie et de l'Afrique occidentale. Nous devons montrer aussi que les causes étant bien déterminées, les moyens de prévenir les fièvres graves de ces localités marécagenses seront naturellement indiqués. Je vais successivement analyser les mémoires de MM. Gaetano Giorgini, F. Daniel et Savi, qui ont étudié avec succès la question qui nous occupe.

Vitruve, dans son Architecture, liv. I, conseille de ne point bâtir une ville dans Je voisinage d'un marais, toutes les fois que son niveau n'étant pas plus élevé que la mer, les eaux salées introduites pendant la tempête ou la marée n'ont plus d'écoulement dès qu'elles ont cessé. Sylvius, Donat, Boerhaave et plusieurs autres ont aussi plus ou moins clairement fait entendre que c'est principalement des marais dans les

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quels se fait le mélange des eaux de In mer avec les eaux douces, et où ce mélange séjourne plus ou moins longtemps exposé au soleil d'été, que s'exlralent les miasmes les plus délétères : témoins les marais salants du midi de la France; les marécages qui avoisinent les côtes de la Médi– terranée, dans le royaume de Naples, dans l'État de l'Église et en Toscane, dont les environs, abhorrés et dépeuplés, font un contraste frappant avec la vie, la fertilité et la population d'autres provinces de l'intérieur, situées auprès de marais non moins étendus. De l'observation des localités a donc dù jaillir de bonne heure cette vérité, d'abord entrevue, ensuite annoncée sans preuve directe, que le mélange et le séjour plus ou moins prolongé, pendant l'été, des eaux de la mer dans les marais d'eau douce, est, dans le climat d'Italie, la cause principale des maladies si terribles et si connues sous le nom de malattie di cattiva aria.

Cette vérité a été annoncée sans aucune preuve ; et, en effet, de l'insalubrité de l'air des marais où le mélange avait lieu, on n'était pas en droit de conclure qu'il était cause de cette insalubrité. Pour établir avec certitude que, de ces deux faits, le dernier était la conséquence du premier, il fallait empĉcher et renouveler successivement le mélange, et s'assurer ainsi que la séparation des eaux douces et salécs était suivie de l'assainissement de l'air, dont les qualités méphitiques ct pestilentielles reparaissaient dès que cette séparation venait de cesser. C'est ce qui a été fait avec un succès complet, et c'est cette expérience intéressante qu'on va raconter en détail.

Au sud des Apennins liguriens git une plage marécageuse, bordée à l'ouest par la Méditerranée, sur une longueur de près de douze milles d'Italie; au sud, par le Serchio; à l'est, par les derniers contreforts des Apennins, et au nord, par le Frigido, torrent qui naît presque au pied des Apennins, dans l'État de Carrare, de Massa, et se jette dans la mer, après un cours de trois à quatre milles d'Italie. La largeur de cette plaine, depuis la mer jusqu'au pied des montagnes et des collines qui la bordent du côté de l'est, est de deux à quatre milles. Elle est traversée, de l'est à l'ouest, par quelques torrents qui naissent à peu de distance dans les montagnes, et se déchargent dans les marais ou directement dans la mer.

Ceux-ci sont, y compris le Serchio et le Frigido, le Fiume de Camajore et le Fiume de Pietra-Santa ou Fiumetto ; ils n'ont point de communication avec les marais, qu'ils partagent en trois bassins séparés. Celle plaine marécageuse peut, avec toute probabilité, être regardée comme formée par les sables charriés par l'Arno et le Serchio,

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