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typhus puisse acquérir un volume tel qu'il oblitère en grande partie la trachée, sans qu'une dyspnée habituelle ait averti la famille et le médecin : et s'il n'y a jamais eu de dyspnée, comment comprendre que le gonflement d'un organe si peu vasculaire, puisse, en quelques instants, devenir cause de la mort, ou tout au moins d'accidents horriblement graves?

Si maintenant on suppose que la glande en s'hypertrophiant ou en s'altérant a pu embrasser et comprimer le nerf récurrent laryngé, comme cela s'est vu à la suite de l'engorgement tuberculeux des ganglions lymphatiques du col et de la racine des bronches, comment croire qu'il n'en sera résulté aucune modification dans la voix, dans la respiration, et que la maladie va se révéler par une attaque subite d'orthopnée?

Je laisse à mes confrères le soin de juger entre moi et ceux dont j'attaque ici les opinions. J'en ai assez dit, je le crois du moins, pour bien poser les termes de la question.

Un peu plus tard, j'essayerai de montrer quelles relations existent entre les convulsions et ce que les Anglais ont appelé laryngismus stridulus, et ce que l'on a désigné sous le nom d'asthme aigu de Millar. Mais je dois déclarer, pour qu'on ne donne pas à ce que je dis ici une fausse interprétation, que les convulsions ne jouent pas dans l'histoire de ces deux maladies, le rôle important et exclusif qu'elles avaient dans l'asthme thymique.

(Journal de médecine, août 1845.)

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De l'emploi de la graisse purifiée comme febrifuge; par le docteur G. BRUNETTA. L'idée d'employer la graisse comme fébrifuge, n'appartient pas à M. Brunetta. Déjà, le docteur Cristofori, lors de la quatrième réunion du Congrès scientifique italien, tenu à Padoue, avait lu un mémoire intitulé: Sur la fièvre intermittente et sur un nouveau moyen de la guérir. Le moyen proposé par M. Cristofori, consistait tout simplement à faire oindre, toutes les trois heures, toute la superficie du corps, avec de la graisse purifiée. La graisse étant peu coûteuse, ce moyen pourrait devenir très-avantageux à la classe pauvre si, réellement, il possédait la propriété qui lui était assignée par M. Cristofori. C'est donc pour constater cette propriété fébrifuge, que la graisse a été expérimentée par M. Brunetta. Ce médecin rapporte douze observations de fièvres intermittentes quotidiennes et tierces, qu'il a combattues par des onctions de graisse purifiée, pendant les jours d'apyrexie; dans ces douze cas, le moyen préconisé par le docteur Cristofori a eu les plus heureux résultats et a amené une prompte guérison;

il faut remarquer cependant que le docteur Brunetta, avant de recourir aux onctions de graisse, commençait toujours par administrer un purgatif. Ce mode de traitement pouvant rendre de grands services quand on a à traiter des gens pauvres ou des enfants qui ne veulent pas ou ne savent pas prendre le quinquina, le docteur Brunetta engage ses confrères à user du moyen qui lui a si bien réussi, ainsi qu'au docteur Cristofori.

(Memoriale della medecina contemporanea.)

Note sur le traitement des végétations vénériennes; par M. VIDAL (de Cassis). — II n'est pas de praticien un peu occupé des affections vénériennes, qui n'ait éprouvé les difficultés et l'ennui du traitement des végétations. Elles sont quelquefois d'une opiniâtreté extraordinaire; elles récidivent même quand on les extirpe ou qu'on les brûle. D'ailleurs les malades refusent souvent l'opération, soit qu'on leur propose l'excision (ce qui se fait généralement), la cautérisation ou même la ligature; car ce sont là des moyens en général très-douloureux. J'ai donc essayé un moyen qui d'abord ne cause aucune douleur, qui est d'une facile application et qui peut cependant détruire les végétations. J'ai choisi une poudre composée d'abord de moitié d'alun calciné, moitié sabine, puis j'augmente la proportion d'alun : il entre pour deux tiers dans la composition de la poudre. Depuis quatre mois les malades, soit de mon service de l'hôpital du Midi, soit de ma clientèle particulière, atteints de végétations, sont soumis à ce topique. Si le gland est naturellement recouvert par le prépuce, en ramenant ce dernier sur lui, la poudre se trouve maintenue sur les végétations. Dans le cas contraire, un pansement simple fait le même office. D'ailleurs, la sécrétion de ces parties suffit pour fixer la poudre; mais bientôt elle est arrêtée, car cette poudre est extraordinairement absorbante. Une quinzaine de malades de mes salles ont été soumis à ce traitement, et parmi eux un seul est encore à l'hôpital. Chez tous, ces végétations se dessèchent d'abord, puis se flétrissent, perdent leur cohésion, de telle façon qu'on peut, en quelque sorte, les émietter sans produire aucune douleur. Deux fois par jour on renouvelle le pansement avec cette poudre qui est plus efficace après une lotion avec parties égales d'eau et de vin aromatique. Je ne voudrais pas exagérer l'importance de ce moyen, ni le considérer comme applicable à tous les cas sans exception. Je constate seulement que c'est un procédé facile, non douloureux, et qu'à ce titre il peut, dans un grand nombre de

cas, suppléer avantageusement les opérations auxquelles on a ordinairement recours. Il peut, quand il n'est pas complétement curatif, c'est-à-dire, quand il ne produit pas la chute de toutes les végétations, ren

dre l'extirpation plus facile en diminuant le nombre de ces corps, car quand les végétations sont nombreuses, il en est toujours une grande partie qui tombent par ce moyen. (Annales de la Chirurgie, etc.)

Chimie médicale et pharmaceutique.

Recherches chimiques sur la cascarille; par A. DUVAL, de Lisieux, ex-pharmacien interne des hôpitaux. La plupart des substances de quelque importance, qui composent le domaine de la matière médicale, ont été soumises à l'examen des chimistes et leur nature est aujourd'hui plus ou moins bien connue; cependant, parmi celles qui ne le sont pas ou qui ne le sont qu'imparfaitement, il en est une qui m'a paru digne d'un pareil examen, soit en raison de la vogue dont elle a joui à de certaines époques, soit à cause des services qu'elle pourrait rendre encore à la thérapeutique, je veux parler de la cascarille.

On trouvera, j'ose l'espérer, la justification de ma proposition tant dans le court historique dont je ferai précéder l'analyse que j'ai faite de cette substance, que dans l'analyse elle-même.

C'est à Vincent Garcias-Salat, savant espagnol, qu'est due la gloire, dit M. Alibert, d'avoir le premier parlé de cette écorce dont il étudia les effets dans la fièvre tierce, comme le prouve une dissertation qui a pour titre : Unica quæstiuncula in qua examinatur pulvis de quarango vulgò cascarilla in curatione tertianæ, in-4", Valentiæ, 1692.

Le professeur allemand Jean-André Stisser fournit des renseignements plus étendus sur cette écorce, il la présenta comme propre à être fumée avec le tabac (1) dont elle corrige l'odeur vireuse et narcotique (Acta laboratorii chimici, specimen 2, Helmstadii, 1693). En 1693, J. L. Apinus, fameux médecin et professeur à Altorf, confirma la réputation naissante de ce remède, par l'heureux emploi qu'il en fit dans le traitement des fièvres qui désolèrent la ville de Herspruck et ses environs.

(1) Quelques auteurs modernes, au contraire, ont écrit que la cascarille mêlée au tabac à fumer peut enivrer. Mais cette assertion est combattue dans le Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques. « Nous ne parlerions pas de l'usage où sont quelques fumeurs de parfumer le tabac avec la cascarille, si nous ne listons dans un ouvrage récent que cette substance ainsi employée produit des

Néanmoins les premiers documents que l'on trouve à ce sujet dans les ouvrages français, ne datent que de 1719. Ils sont enregistrés dans l'histoire de l'Académie des sciences.

En 1758, Bohmer (Philippe-Adolphe), prit cette écorce pour sujet d'une thèse qui a pour titre De cortice cascarillæ ejusque insignibus in medicina viribus. Dissert. inaug. præs. Fræd. Hoffmann, in-4o, Hala. Le cascarillier, dont il donne une figure, y est désigné sous le nom de Ricinoïdes Elæagnifolia, Tournefort.

Attribuée d'abord par Linné au clutia eleuteria (croton eleuteria 888), fig. Hort. Cliff. 486. Grand arbrisseau de la monociemonadelphie, qui croît aux iles Luçayes et dans les Antilles.

Linné a cru ensuite qu'elle était produite par le croton cascarilla (fig. fl. Sciences méd.) petit arbrisseau des mêmes îles et surtout de Saint-Domingue (croton cascarilla, foliis lanceolatis, acutis integerrimis, petiolalis, subtus tomentosis, caule arboreo) Linn., class. 21.-Juss., class, 15, ord. 1, Euphorbes.

C'est ce qui explique, dit M. Fée, pourquoi les Matières médicales attribuent la cascarille du commerce, tantôt à l'un ou à l'autre de ces deux arbrisseaux, tantôt à tous les deux.

Mais M. Guibourt va plus loin. Aujourd'hui, dit-il, non-sculement on balance entre ces deux espèces, mais en raison des écorces assez différentes que l'on trouve dans le commerce, on est forcé de se demander si quelque autre espèce ne les produirait pas. Tels peuvent être les Croton lineare, humile, balsamiferum, thuriferum, coriacum, populifolium, etc.

Quoi qu'il en soit, il est bien certain que

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le croton cascarilla fournit de la cascarille au commerce. M. Poiteau a observé ce végétal à Saint-Domingue. C'est une des plantes qui vivent en société, dit M. Turpin, comme dans le règne animal les fourmis et les abeilles. Elle se plait dans les lieux secs, arides et battus par les vents. Là, elle forme à elle seule des forêts de plusieurs lieues d'étendue, dans les environs du Port de Paix et sur le bord de la mer, entre Monte Christ et le cap Lagrange.

Une odeur agréable s'exhale de toutes les parties du cascarillier. On prépare avec les feuilles une boisson qui flatte le goût, l'odorat et dont les habitants de Saint-Domingue font usage sous le nom de thé du Port de Paix. (L'arbrisseau porte lui-même à SaintDomingue le nom de Sauge du Port de Paix.)

Mais au point de vue de la matière médicale, l'écorce est réellement pour nous la seule partie intéressante. Cette écorce nommée cascarille, du mot espagnol cascara, écorce, dont le diminutif est cascarilla, a été désignée en outre sous les noms de chacril ou chacrille, de quinquina aromatique, d'écorce eleuthérienne, du nom d'Eulethera, l'une des nombreuses iles Luçayes.

M. Guibourt en décrit trois sortes, savoir la cascarille officinale ou vraie, la cascarille blanchâtre et la cascarille rougeâtre ou térébinthacée; mais cette dernière n'est pas répandue dans le commerce de la drogueric.

M. Guibourt nous dit que la cascarille blanchâtre est toujours pourvue de son épiderme. C'est en effet ce qui existe le plus ordinairement. Cependant, jai vu souvent dans le commerce des écorces qui étaient privées de leur épiderme, et j'ai observé que dans cet état, elles présentent des fissures transversales, tandis que la cascarille vraie, ainsi dénudée, n'offre au contraire que des stries longitudinales. Ce caractère m'a paru constant.

Au reste, la description de la cascarille telle qu'elle nous est donnée par M. Guibourt, est la plus exacte et la plus complète que je connaisse.

Propriétés médicales. On lit dans les Mémoires de l'Académie des sciences, 1719: << Feu M. Fagon a dit à M. Boulduc, que dans le temps où le quinquina était rare en France, il avait employé avec succès le chacril dans les fièvres intermittentes. Ce fébrifuge a cet avantage, qu'il agit à plus petite dose et n'a pas besoin d'être si longtemps continué. »

«Stahl, médecin du roi de Prusse, a étendu son usage aux pleurésies. Il est fort utile dans le cas où il faut aider ou augmenter la transpiration. »>

« Mais ce que Boulduc a vu de plus avantageux au chacril, c'est le grand secours dont il a été dans les dysenterics de 1719, soit qu'elles aient été accompagnées de fièvre ou non. L'ipécacuanha s'y est presque déshonoré et le chacril y a acquis beaucoup de gloire. »

Parmi les médecins qui l'ont recommandée le plus vivement, on trouve les noms célèbres de Fagon, Stahl, Jean Inneker, Michel Alberty, André Ottomar Gœlicke, J. L. Apinus, etc.

Parmi ceux au contraire qui ont jugé cette écorce moins favorablement et qui ont mis en doute ou nié ses vertus fébrifuges, on doit citer Bergius, Cullen, Schwilgué.

Mais, suivant M. Alibert, Cullen, qui voulut combattre les idées exagérées des médecins allemands, a jugé ce remède avec trop d'injustice et de dédain. D'après cet habile praticien, le meilleur mode d'administrer la cascarille est de la mêler au quinquina dont elle aide l'efficacité, et il ajoute que M. Pinel a opéré très-heureusement un semblable mélange à l'hôpital de la Salpétrière.

Voici, au résumé, les vertus de cette écorce suivant M. Orfila: on l'emploie avec succès comme fébrifuge dans les mêmes cas où le quinquina est indiqué; on en fait usage dans les diarrhées et les dysenteries chroniques, dans les hémorrhagies passives, dans la fièvre hectique; on l'administre aussi comme vermifuge.

Partie chimique. — Boulduc nous dit que la cascarille fournit par l'esprit-de-vin plus d'extrait résineux qu'aucun autre végétal connu. Une once lui en donna cinq gros d'un goût amer, piquant, aromatique et d'une couleur de pourpre. On ne connait point de végétaux, dit-il, qui donnent tant d'extrait. Le marc desséché pesait trois gros et n'était plus que la partie terreuse et fixe du chacril.

Bahmer (thèse inaugurale déjà citée) dit avoir retiré par la distillation d'une livre d'écorce une eau distillée odorante que surnageait une huile volatile éthérée d'une odeur pénétrante et de couleur verdâtre. En outre, il a obtenu 3 onces de résine, plus une grande quantité d'extrait, et il est resté 7 onces de résidu terreux.

En résumé, il indique dans la cascarille :
Une huile volatile éthérée ;

Une résine à laquelle il rapporte princi-
palement les vertus de cette écorce;
Une matière gommeuse;
De la terre fixe;

Un sel alcalin.

Il dit aussi que la poudre de cascarille soumise à la distillation sèche lui a donné du phlegme acide que surnageaient deux

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Il est facile de voir que chacune de ces analyses, en rapport avec l'état de la science aux époques où elles ont été faites, ne peuvent paraitre satisfaisantes aujourd'hui.

Aussi, plusieurs thérapeutistes célèbres ont-ils exprimé le vœu que l'examen chimique de cette écorce fût mis au niveau des connaissances actuelles.

Il faut dire cependant que deux chimistes très-capables et d'un nom très-connu ont, à notre époque, porté leur attention sur la cascarille. On lit en effet dans la 5e édition du Traité de thérapeutique d'Alibert :

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« Divers chimistes se sont occupés de l'étude de la cascarille, mais aucun n'est parvenu à donner une idée exacte de la nature de cette écorce. MM. Caventou et Félix Cadet ont entrepris un nouveau travail à ce sujet, et, après un grand nombre d'expériences, sont parvenus à pouvoir dire qu'il n'y a rien d'analogue entre la composition du quinquina et cette substance tant vantée pour la guérison des fièvres intermittentes; que ce dernier contient surtout une forte dose d'un principe qu'au premier abord on pourrait prendre pour une résine, mais qui en diffère à beaucoup d'égards ainsi, cette prétendue résine est bien soluble dans l'alcool et très-peu dans l'éther, mais elle se dissout aussi dans l'eau. Cette dissolution a une amertume aromatique très-forte et presque nauséeuse : rapprochée, elle ne cristallise pas. Cette prétendue résine que l'on pourrait appeler cascarillin, est neutre au tournesol elle paraît jouir d'une sorte de propriété électro-positive par rapport aux bases salifiables. Ainsi mise à bouillir dans l'eau avec la magnésie caustique, la chaux, la potasse, etc., elle s'y dissout en grande quantité à la faveur de ses bases; mais si l'on ajoute un acide dans ces combinaisons liquides, à l'instant même la base est saturée et le cascarillin éliminé se précipite sous

(1) Cette matière colorante est insoluble dans l'éther, mais elle est soluble dans l'alcool auquel elle communique une belle cou

la forme de flocons grisâtres et abondants. L'acide nitrique jouit de la propriété de rougir faiblement le cascarillin et de le dissoudre. Il reste à déterminer par des expériences chimiques les propriétés de ce produit. Les propriétés qu'a la cascarille de parfumer l'air lorsqu'on la consume avec du tabac, ainsi que le font les fumeurs, paraît résider dans l'huile volatile de l'écorce et aussi dans l'acide benzoïque odorant que l'on trouve dans la matière grasse enlevée au moyen de l'éther. »

MM. Caventou et Cadet, tout en ajoutant par cette analyse quelques notions à celles qui existaient déjà sur la partie chimique de cette écorce, n'en ont toutefois point obtenu le principe actif à l'état de pureté. Ces savants me paraissent du reste ne s'être occupés de l'examen de la cascarille que dans le but de savoir si elle contenait ou non un alcali végétal. Il n'est pas douteux (leur habileté étant bien connue) qu'ils n'eussent parfaitement isolé le principe actif de cette écorce, s'ils s'en fussent occupés plus sérieusement.

Analyse.Voici l'énumération des principes que j'ai rencontrés dans la cascarille officinale:

4° Albumine;

2o Tanin d'une nature particulière; 5o Matière amère cristallisable (cascarilline);

4e Matière colorante rouge (1);

50 Matière grasse d'une odeur nauséuse ; 6o Cire;

70 Matière gommeuse;

80 Huile volatile d'une odeur agréable, d'une densité de 9,958;

9o Résine; 40° Amidon;

11o Acide pectique;

12° Chlorure de potassium;
43° Sel à base de chaux ;
44° Ligneux.

Mais de ces divers principes, celui qui m'a paru offrir le plus d'intérêt, c'est la matière amère. Voici le procédé que j'ai suivi pour l'extraire: Je commence par faire choix d'une cascarille douée d'une saveur amère bien prononcée. La cascarille en poudre demi-fine est introduite dans un appareil à déplacement et traitée par l'eau. On verse dans les liqueurs réunies une solution d'acétate de plomb. On filtre et on se débarrasse du plomb en excès par l'hydrogène sulfuré. On filtre de nouveau, on fait évaporer jusqu'aux 2/3 environ, on ajoute alors un peu de noir animal et on

leur pourpre; elle se dissout aussi très-hien. dans l'eau à la faveur des alcalis.

filtre encore. On continue l'évaporation en ayant soin de le faire à la température la plus basse possible. Il arrive un point où il se forme une pellicule. Quand elle a acquis une certaine consistance et avant que le liquide ne soit arrivé à l'état sirupeux, on laisse refroidir et on la recueille avec soin. Quelquefois cependant cette matière n'offre point l'aspect cristallin que je viens d'indiquer, c'est alors une matière d'apparence résineuse dont la majeure partie vient s'attacher aux parois du vase évaporatoire. Cette matière se durcit par le refroidissement.

Pour purifier l'une ou l'autre de ces matières on les pulvérise; on introduit la poudre dans un tube et on verse par-dessus de l'alcool à 50° Cartier froid un peu plus qu'il n'en faut pour mouiller la poudre. Après un contact suffisant on fait écouler ce liquide alcoolique qui est très-coloré. On enlève par ce moyen la majeure partie de la matière colorante et de la matière grasse dont la cascarilline se trouvait souillée. La poudre qui reste se trouve sensiblement décolorée. On la fait dissoudre alors dans l'alcool à 36° Cartier bouillant; on ajoute un peu de noir animal, puis on filtre et on abandonne à l'évaporation spontanée. On fait sécher le résidu sur du papier non collé. Puis pour achever de le purifier, on le triture, on le soumet à un nouveau lavage avec de l'alcool froid, on le fait dissoudre ensuite dans de l'alcool bouillant, on filtre et abandonnant cette solution alcoolique à l'évaporation spontanée, on obtient la matière amère à l'état de pureté.

Propriétés. Ainsi obtenue elle est blanche, cristallisée; les cristaux examinés au microscope se présentent ordinairement sous la forme d'aiguilles prismatiques, quelquefois aussi en plaques hexagonales. Elle est inodore, sa saveur est amère, mais cette saveur ne se manifeste pas tout de suite, ce qui tient à son peu de solubilité dans l'eau.

Chauffée dans un petit tube fermé par un bout, elle fond et donne un liquide d'aspect sirupeux jaune-caramel. Son point de fusion est inférieur à celui de la salicine.

Ainsi fondue, si on la laisse refroidir elle conserve sa transparence et devient cassante comme de la résine; si au contraire on continue de la soumettre à l'action de la chaleur, elle se décompose en répandant une fumée qui fait virer au rouge le papier de tournesol.

Triturée avec un peu de potasse et chauffée dans un tube de manière à la décomposer, elle ne ramène pas au bleu le papier de tournesol rougi.

Chauffée sur une lame de platine elle brûle sans laisser aucun résidu.

La cascarille est très-peu soluble dans l'eau, elle communique pourtant à ce liquide une amertume très-forte. Cette solution est neutre au tournesol; elle n'est précipitée ni par l'acétate de plomb neutre ou basique, ni par le tanin, ni par les alcalis. Elle est soluble dans l'alcool.

L'éther la dissout aussi.

Mais l'action qu'exercent sur elle les acides minéraux concentrés, me semble devoir fixer l'attention.

Ainsi l'acide sulfurique concentré l'attaque à froid, la dissout et se colore instantanément en rouge très-foncé tirant au pourpre. L'addition d'une certaine quantité d'eau y forme un précipité.

La liqueur paraît alors d'un vert d'herbe plus ou moins foncé suivant la quantité d'eau ajoutée : mais à mesure que le précipité se rassemble la liqueur se décolore. Le précipité seul conserve la couleur verte. L'ammoniaque même en excès ne redissout point ce précipité, mais elle en change la couleur qu'elle fait passer au jaune d'ocre.

L'acide nitrique concentré la dissout également. La dissolution qui est jaune est précipitée par l'ammoniaque dont un excès ne redissout point le précipité.

L'acide chlorhydrique la dissout aussi en prenant une nuance violacée que l'addition d'une très-petite quantité d'eau fait passer au bleu. Mais par l'addition d'une plus grande quantité d'eau, cette couleur cède à son tour la place au vert.

Nous avons vu que la cascarilline n'est point azotée, elle ne réagit point sur le papier de tournesol, elle ne se combine ni aux bases ni aux acides. Elle doit donc se classer parmi les substances neutres non azotées, à côté de la salicine, de la colombine, etc.

L'intensité de la saveur amère de la cascarilline, l'analogie de propriétés autrefois reconnues entre la cascarilline et le quinquina, permettent d'espérer que l'art de guérir pourra tirer parti de la substance que j'ai isolée. Heureux s'il peut en être ainsi d'avoir enrichi la science d'un produit qui ne soit point un simple objet de curiosité.

(J. de pharm. et de chim., août 1845.)

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