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17o La fougère mâle et le grenadier sauvage se disputent aujourd'hui la palme pour la destruction du tænia. Le grenadier sauvage, vieux médicament rajeuni, parait cependant avoir le pas aujourd'hui sur sa rivale qui lui serait au moins inférieure en action', prétend-on, dans le traitement du tænia armé. Pour nous, nous avons obtenu tant et de si beaux succès de l'administration de la racine de la fougère que nous avons cru devoir nous abstenir presque constamment de l'usage de la racine de grenadier. Déjà par nos écrits nous nous sommes antérieurement efforcé de conserver à l'arcane de madame Nouffer sa réputation si vieille et si justement méritée; et nous sommes bien loin de regretter les quelques écus que ce précieux médicament a coûté à un roi de France. Nous avons la consolation de savoir que notre attachement n'est pas isolé et 'que nous avons des adhérents nombreux.

18 La lithotritie et la compression. Notre incompétence en thérapeutique chirurgicale nous impose l'obligation de nous borner à dire que ces deux grands moyens de médication ont remué, depuis quelque temps, l'Europe chirurgicale; qu'ils méritent à juste titre de fixer l'attention des praticiens, et qu'ils sont appelés à rendre de brillants services à l'humanité; mais que, sans rencontrer précisément des détracteurs, ils ont eu déjà et auront encore à subir de rudes attaques de la part des hommes qui, toujours en garde contre l'engouement et l'admiration passionnée, ont découvert des points faibles à ces deux agents de thérapie. 19o La destruction du cancer par l'ablation ou les caustiques. — Le cancer est-il une maladie primitivement locale, n'est-il pas au contraire une affection diathésique, ou plutôt un symptôme d'une infection générale de l'économie? Peut-on guérir le malade en détruisant le mal localement; ou bien sa destruction locale n'accélère-t-elle pas la catastrophe? telles sont les questions que présente l'étude du cancer. Les uns regardent cette maladie comme incurable et prononcent le fameux noli me tangere; d'autres, dirigés par des idées opposées, pensent que, dans certains cas impossibles ou au moins difficiles à signaler a priori, le cancer peut être attaqué localement et détruit au grand avantage du patient qui ne tarde pas à recouvrer la santé. Les partisans de cette dernière opinion emploient, comme ultima ratio, l'instrument tranchant, ou le cautère actuel ou potentiel. On cite des guérisons obtenues à l'aide de ces moyens; notre honorable collègue, M. le docteur Seutin, nous en a mentionné plusieurs ; un chirurgien de la capitale a recours à toutes les voies de publicité possibles pour annoncer les nombreux succès obtenus par lui à l'aide des caustiques. Toutes ces cures sont-elles bien authentiques, et surtout ont-elles été durables ? Ce sont des points sur lesquels il conviendrait de se mettre d'accord dans l'intérêt de la science et de l'humanité. Pour nous, qui penchons pour une affection générale ou diathésique, nous croyons qu'il serait convenable de s'attacher à découvrir des moyens propres à détruire la cause productrice, sauf à recourir aux grands moyens locaux, au risque même d'accélerer la fin du malade, quand une médication générale appropriée est restée sans résultat; parce qu'à nos yeux, une chance, quelque minime qu'elle soit, est toujours une ressource qu'il ne faut pas dédaigner; et qu'au pis aller une mort prompte n'est pas plus à redouter qu'une longue et douloureuse agonie.

20° La cochenille. — Une pénible maladie qui s'attaque cruellement surtout au jeune âge, qui fait fréquemment des victimes, qui parcourt imperturbablement ses périodes et sa marche, quels que soient les remèdes qu'on lui oppose, la coqueluche enfin, a suggeré au docteur Cajetan Wachtl, de Vienne, l'idée de la combattre par la cochenille. Notre estimable confrère, M. le docteur Dieudonné, s'appuyant sur neuf faits qui lui étaient propres, et sur quelques autres appartenant à ses collègues, MM. les docteurs Marinus et Biver, a signalé à notre Société ce médi

cament comme fort avantageux dans le traitement de la coqueluche. MM. les docteurs Joly et Van Swygenhoven, armés également d'un certain nombre d'observations, soutinrent chaleureusement au contraire, dans le sein de notre savante compagnie, des idées opposées à celles de leur collaborateur, M. le docteur Dieudonné. Nous-même, fondé sur quelques faits, nous nous rangeons volontiers parmi ceux qui estiment que la cochenille est un remède sans action dans le traitement de la coqueluche, tout en faisant nos réserves pour le cas où l'expérience et l'observation cliniques viendraient établir que nous nous sommes trompé.

21° Le colchique. Cette substance a été conseillée et employée contre l'arthrite goutteuse et surtout rhumatismale. On lui a attribué plusieurs succès dus, suivant quelques médecins, à son action dérivative sur les intestins; suivant d'autres, à une action spécifique. Sans l'avoir jamais mise en usage, nous avons quelque confiance dans les assertions avancées relativement à ses avantages thérapeutiques. C'est à ce même médicament, prétend-on en ce moment, que les pilules de Lartigue doivent leurs propriétés curatives. On nous a dit du bien de ce remède, de tant de côtés à la fois, que nous pensons qu'il mérite d'attirer l'attention sérieuse des praticiens; car nous savons que plus d'un arcane a été avantageusement apprécié avant d'avoir élu domicile dans le domaine de la science.

220 Thérapeutique morale. Ce genre de médication, compagnon presque inséparable de tout traitement physique et pharmaceutique, est appliqué plus particulièrement aux maladies nerveuses et mentales. Après Pinel, le docteur Leuret est entré largement dans cette voie; aux saignées, aux sangsues, aux sétons, aux vésicatoires, à une diète sévère, etc., dans le traitement des affections mentales, il a fait succéder les récréations, la musique, le travail manuel, une nourriture substantielle, etc., etc., et il nous assure, ce que nous croyons volontiers, l'avoir fait avec des avantages marqués. L'utilité de ce moyen de curation a été, du reste, reconnue dans presque tous les temps; nous lisons dans l'histoire de Saül, que toute les fois que le souffle du Seigneur le rendait maniaque, David prenait sa harpe, qu'il en jouait, que Saül était soulagé et que le souffle malin s'en allait. Déjà Asclepiade employait la symphonie dans le traitement des fous, des phrénétiques et de ceux dont l'esprit était dérangé. Les hommes consacrés au culte des divinités païennes n'obtenaient, le plus souvent, leurs guérisons qu'à l'aide des moyens moraux, si nous en exceptons quelques-uns qui, grâce à leur perspicacité, joignaient un traitement médical à une thérapeutique morale. Nous lisons dans Aubry (1) un exemple frappant de la puissance de cette dernière, qui, nous le pensons, trouvera peu d'imitateurs : Une femme, à la suite d'un accès de fièvre périodique, se trouvait dans un état d'affaissement que les vésicatoires ne pouvaient combattre; l'auteur fit appeler un prêtre; la vue de celui-ci ranima les forces de la patiente épouvantée, et elle ne tarda pas à guérir. Nous avons lu aussi quelque part qu'un bon à vue, de 500 francs, avait opéré une guérison prompte et radicale. La vue du sol français a ranimé la vie de malheureux soldats, frappés de dyssenterie, qu'on ramenait d'Égypte et qui avaient déjà un pied dans la tombe. Il est donc établi, à la dernière évidence, que l'on a su en tout temps utiliser le traitement moral à côté du traitement médical et thérapeutique. « Il est impossible au médecin, dit le » même Aubry, de méconnaître la puissante influence de la thérapeutique morale. » Elle a son côté moral comme son côté matériel; elle doit s'introduire dans le » cœur humain pour y apprécier les désirs, les passions, les besoins, les sollici» tudes, les attachements, les espérances, pour y agir sur les sensations et les » idées. » (La fin au prochain cahier.)

(1) Les oracles de Cos, ouvrage de médecine clinique, Paris, 1781.

Observation de diplopie mono et binoculaire; par le docteur VALLEZ, maîtreoculiste, à Bruxelles.

Mile Marie D..., lingère, domiciliée à Bruxelles, rue du Miroir, âgée de 24 ans, bien constituée, régulièrement menstruée, douée d'un tempérament lymphaticosanguin, avec prédominance du système sanguin, et n'ayant jamais eu mal aux yeux, vint me consulter le 1er février dernier, pour une déviation accidentelle de l'œil gauche, produisant une double vision lorsqu'elle fixait des objets à une certaine distance, circonstance qui inquiétait le moins la malade, préoccupée surtout du changement que sa physionomie avait subi.

Le 23 janvier, par conséquent neuf jours avant qu'elle ne vint chez moi, elle fut prise d'un rhume de cerveau; et, éprouvant un sentiment de froid, elle se plaça à côté d'un poêle, puis, pour se distraire, elle se mit à lire de 4 à 9 heures du soir, sans interruption. La plus grande partie de sa lecture fut faite à la clarté d'une chandelle placée à sa gauche.

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Le lendemain en se levant, elle ressentit un malaise, un embarras dans les mouvements de l'œil gauche; sa vue se fatiguait promptement, elle éprouvait une chaleur assez prononcée dans tout l'appareil oculaire.

Le lendemain, les mêmes symptômes persistaient; l'œil gauche commençait à se converger en dedans de l'orbite, la malade voyait double par intermittence tous les corps placés à une assez longue portée.

Depuis lors, l'œil s'était dévié de plus en plus vers la racine du nez, et la diplopie suivit les progrès toujours croissants de l'affection pathologique de l'organe visuel, jusqu'au lor février, époque où, ainsi que je viens de le dire, elle vint réclamer mes soins.

Je procédai à l'examen de sa situation présente, et constatai les circonstances suivantes :

Adduction très-prononcée de l'œil gauche; Marie D... louchait et voyait les objets doubles quand elle avait les deux yeux ouverts. Il en était de même quand elle voulait porter ses regards sur un objet placé dans le sens de la déviation, et à la distance ordinaire.

Elle voyait ces mêmes objets dans leur état naturel, lorsqu'ils étaient plus rapprochés, et mis du côté non dévié, suivant la direction d'une ligne courbe. Quand l'œil gauche était seul ouvert, elle voyait aussi ces corps doublés, soit que ceux-ci fussent rapprochés ou éloignés, plus ou moins volumineux, et dans n'im porte quelle direction.

Tous les objets vus en double, conservaient leur couleur, leur dimension, et leur situation réelles toujours vus suivant l'axe de la vision, soit que l'œil gauche fonctionnat seul pendant l'occlusion de son semblable, soit qu'ils fonctionnassent simultanément.

Ces corps ainsi doublés, étaient placés latéralement sur une ligne horizontale, sans que leur écartement fût plus prononcé dans les différentes distances qui les éloignaient de l'appareil optique. Pas d'images illusoires.

N'oublions point de faire remarquer de nouveau que cette DIPLOPIE MONO ET BINOCULAIRE était indépendante de la volonté de la malade.

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Un examen attentif de l'œil gauche, ne laissait rien apercevoir du côté des voiles palpébraux, rien dans la cavité ordinaire, aucune rougeur ni gonflement; l'œil dévié ne reprenait pas sa direction normale pendant la fermeture de l'autre, il n'offrait aucune anomalie quant à sa structure; la cornée était bien translucide,

suffisamment bombée en avant; la conjonctive bulbaire et la sclérotique normale; l'iris bleuatre; la pupille ronde et très-mobile, ne différant en rien de celle de son congénère; le fond de l'œil paraissait parfaitement sain.

Outre la légère photophobie existante, il y avait impossibilité à l'œil gauche de se tourner en dehors, tandis que tous les autres mouvements de rotation de cet organe étaient faciles et naturels.

N'oublions pas de dire que l'emploi de lunettes ne modifiait en rien cet état.

Le ler février 1845. Prescript. 2 Eau de menthe poivrée,

Zij.

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Pratiquer trois ou quatre fois par jour, sur le front et la tempe gauche, une friction avec une quantité équivalente au contenu d'un dé à coudre chaque fois. Bains de pieds avec addition de la grosseur d'un œuf de poule, de potasse de commerce, par bain. S'abstenir d'exercer l'œil gauche, et avoir bien soin de bander modéré. ment cet œil pour lui donner du repos.

Le 3, il y avait éruption miliaire sur les parties frictionnées : la diplopie avait disparu pour faire place à un trouble de la vision; la pupille était ronde et plus dilatée que celle de l'œil droit: l'œil strabique avait repris quelque rectitude, sans cependant dépasser la ligne droite. Continuation des mêmes moyens.

Le 5, la diplopie n'avait pas reparu, ou plutôt ne se manifestait plus pendant la vision, soit de l'œil dévié seul, ou des deux ouverts cumulativement; mais le trouble de la vision coexistait avec les deux yeux ouverts, tandis que quand la malade fixait des corps assez éloignés de l'œil gauche, elle voyait distinctement; l'abduction de cet organe était encore incomplète. Ajouter au traitement en usage, l'application d'un emplâtre de Janin, derrière l'oreille gauche; se purger avec une once de sulfate de soude, mêlé à du bouillon aux herbes; aux heures du travail, ombrager l'œil à l'aide d'une compresse flottante d'un tissu noirâtre ; s'abstenir de la lecture et d'une trop vive lumière.

Le 9, la physionomie de la malade avait repris ses caractères primitifs; sa vue était bonne ; plus de diplopie; l'œil gauche exécutait tous ses mouvements de rotation, seul comme avec son semblable. Mêmes traitement et précautions.

Le 11, Marie D... se croyait radicalement guérie; elle se livrait avec ardeur à ses occupations et travaillait particulièrement à des objets blancs, qui fatiguèrent ses yeux, et qui, dans cette kopiopie, firent reparaître la diplopie sans déviation appréciable de l'organe visuel.

Cette recrudescence que j'étais loin de prévoir, me fit substituer à l'ancien un nouvel emplâtre de Janin, ordonner les mêmes frictions et le repos de l'œil altéré. Vingt-quatre heures suffirent pour récupérer le bénéfice de ma première médication. Seulement, pendant les cinq ou six jours qui suivirent, la vision fut légèrement troublée quand la malade mettait en usage les deux yeux à la fois, et trèsbonne quand elle regardait d'un seul œil; mais cette inégalité dépendait d'une différence nuisible dans la dilatation des deux pupilles.

Le 16, plus de trace de déviation, plus de diplopie : les deux yeux étaient parfaitement analogues et sains.

Il nous reste maintenant à tirer de ce fait les conséquences qui nous semblent en découler. Jusqu'ici, les auteurs qui s'étaient occupés de ce sujet, avaient admis différentes catégories de diplopie; mais comme dans l'état actuel de la science, il est avéré que cette anomalie de la vision ne constitue pas une maladie proprement dite, et qu'elle résulte toujours d'une autre affection, nous croyons qu'aux deux

variétés admises aujourd'hui, on peut en ajouter une troisième, en s'appuyant sur l'observation qui précède.

PREMIÈRE VARIÉTÉ. — Diplopie binoculaire : Elle consiste dans le défaut de parallélisme des axes visuels ; le malade voit un objet double quand il regarde des deux yeux, tandis qu'il le voit simple quand l'un d'eux est fermé.

SECONDE VARIÉTÉ. · · Diplopie mono-oculaire : Elle dépend d'une altération ou modification dans les parties réfringentes de l'œil, ensuite de laquelle le malade voit l'objet double, en regardant avec un seul œil, et simple quand les deux yeux sont ouverts.

TROISIÈME VARIÉTÉ.-Diplopie mono et binoculaire ou mixte : Ici le malade voit l'objet double, qu'il regarde avec les deux yeux, ou avec un seul (celui qui est dévié). Cette dernière variété de diplopie dépend probablement de la paralysie partielle de la rétine et de l'un ou de l'autre des muscles de l'œil. Dans le cas précité, c'était le muscle droit externe qui était paralysé. Cette variété de diplopie doit être distinguée de celle provenant d'un strabisme; dans ce dernier cas, la diplopie disparaît quand l'un des yeux, n'importe lequel, est fermé; de plus l'organe visuel reprend subitement la direction droite, et alors tous les mouvements de circumduction sont faciles; tandis que, dans la diplopie mono et binoculaire, les mouvements de l'œil sont paralysés conformément au musele altéré.

Nos connaissances anatomiques nous apprennent que les ramifications nerveuses des 3o, 4o et 6o paires, ainsi que la troisième branche de la 5e paire, qui s'anastomose avec toutes les autres, en se rendant dans le ganglion optique, vont, après s'être distribuées dans les muscles de l'œil, se perdre dans les membranes internes de cet organe.

D'après ce qui vient d'être dit, on conçoit que les causes de la diplopie sont excessivement nombreuses et variées, et que, en conservant toujours leur type symptomatique, elles peuvent siéger, soit dans l'œil lui-même, soit dans ses annexes, soit enfin dans son voisinage ou dans plusieurs de ses parties à la fois; le traitement doit donc être basé sur la connaissance étiologique.

Si l'observateur est quelquefois dans l'impossibilité physique de reconnaître la cause réelle de chacune de ces différentes anomalies de la vision, en présence de leurs effets, il n'est nullement hypothétique d'admettre que cette cause échappe à son investigation, et qu'elle existe sous une forme latente, jusqu'à son développement appréciable.

Les opinions controversées qui ont été émises par les auteurs, sur l'origine de la diplopie, sur son mode de développement, sa marche, sa durée, ses terminaisons, ainsi que les traitements employés, viennent, selon nous, corroborer la manière de voir que nous exprimons en cet article.

Nous avons cru être utile aux progrès de la science ophthalmologique, en rendant compte d'un cas dont nous n'avons trouvé aucune trace dans nos auteurs, et qui, pour cette raison, pourrait bien n'avoir pas encore été observé.

Quelques observations sur des tumeurs sous-cutanées renfermant des vers vésiculaires (cysticerques ou acéphalocystes); par le docteur Ant. RAIKEM, pгofesseur à l'Université de Liége, membre correspondant de la Société.

Persuadé que la science est encore peu avancée relativement aux causes, aux symptômes, aux altérations pathologiques et à la thérapeutique des tumeurs souscutanées formées par des cysticerques ou des acéphalocystes, malgré les recherches et les travaux importants dont ces helminthes parasites ont été l'objet de la part

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