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vation se sont prononcées sur ce point. Ce qui pourrait rendre peut-être contestable l'action des contre-stimulants, ce serait la considération que des saignées répétées et même coup sur coup, ont presque constamment marché de pair avec les fortes doses d'émétique, et qu'ainsi il était extrêmement difficile de faire la part de chacun dans les guérisons obtenues. Pour nous. qui manions toujours avec infiniment de prudence des moyens nouveaux de thérapie, quand il s'agit de la vie de nos semblables, et qui, en conformité de ce principe, n'avons employé le tartre antimonié de potasse qu'à la dose de 2 à 4 grains, et après des émissions sanguines préalablement instituées, nous conservons la conviction intime que ce puissant agent de curation a puissamment contribué à produire et à accélérer des guérisons. Quoique les doses employées par nous fussent très-modérées, nous ne parvinmes cependant pas à obtenir immédiatement la tolérance; parfois des vomissements eurent lieu et presque toujours des selles abondantes. Ces phénomènes évacuatifs se sont-ils montrés aussi fréquemment, lorsque les praticiens élevaient fortement les doses du médicament? Nous le pensons ainsi, et nous avons beaucoup de peine à croire que la tolérance soit en raison directe de la quantité du remède employé pour abattre le stimulus, à moins qu'elle ne soit assez forte pour paralyser l'influence nerveuse des premières voies, comme nous le voyons dans l'empoisonnement par une dose considérable d'arsenic, mais alors n'a-t-on pas à redouter une vraie intoxication? Il y a dans les systèmes médicaux de ces bizarres anomalies qui tendraient à jeter un reflet de démence sur les fauteurs de ces doctrines excentriques, surtout quand on les place en regard les unes des autres: ainsi, l'école de Hahnemann ne veut que des doses fractionnées à l'infini; celle de Rasori, au contraire, conseille des doses énormes et effrayantes; et avec tout cela chacun prône sa méthode comme infaillible, chacun vante ses succès. Arrêtons-nous pour l'honneur de l'art médical, et bénissons cette bonne et sage nature qui pare à bien des fautes et redresse bien des erreurs. En terminant ce paragraphe, disons du rasorisme : Il a rendu des services à la science et à l'humanité, mais ses hautes doses ont besoin de continuer encore d'être soumises quelque temps au creuset de l'expérience.

5o La transfusion du sang, comme jadis le galvanisme, faillit faire croire, il y a quelques années, que la mort avait rencontré en elle un adversaire redoutable, et que, nouvelle fontaine de Jouvence, elle était appelée à échanger la faiblesse et la décrépitude contre la force, la jeunesse et la beauté. Cette découverte, prétendument merveilleuse et renouvelée du 17° siècle, voulut ressusciter sous l'égide de quelques médecins appartenant à la France et à l'Angleterre; mais qu'en est-il résulté des insuccès, des revers, des catastrophes, le découragement, et, comme suite nécessaire, l'abandon complet de ce moyen thérapeutique.

6° L'iode, découvert en 1813, fut chaleureusement recommandé par Coindet de Genève, Lugol et autres praticiens. Vanté d'abord pour combattre surtout les maladies strumeuses et le goître, on étendit son usage ensuite à diverses lésions vénériennes. On doit reconnaître que plusieurs hypertrophies de la glande thyroïde ont disparu entièrement ou au moins en grande partie à la suite de son emploi ; mais que plus d'une fois également il s'ensuivit des tremblements nerveux, des troubles circulatoires et de rapides et considérables émaciations qui compromirent sérieusement la santé et même la vie des individus. Sous l'empire de ce médicament héroïque, quelques scrofuleux virent aussi leur position s'amender; d'autres, au contraire, n'en obtinrent que des effets négatifs pour leur maladie, mais fréquemment nuisibles à leur économie; l'engouement dès-lors commença à se calmer, et l'on finit par restreindre l'usage de l'iode à certains cas déterminés. Quoi qu'il en soit, ce puissant remède a conservé en grande partie sa réputation acquise; c'est ainsi qu'aujourd'hui encore des chirurgiens nous assurent que sa teinture suffisamment étendue d'eau, constitue la matière la plus convenable à

employer pour les injections dans la cure radicale des hydrocèles ; que M. Ricord et un nombre illimité de praticiens de tous les pays regardent l'hydriodate de potasse comme un des moyens de thérapie les plus actifs et les plus appropriés, quand il s'agit d'attaquer les accidents tertiaires de la syphilis. L'iode a donc aussi son bon, comme son mauvais côté. D'où peuvent provenir ces résultats si variables et si chanceux? Il nous semble à nous que la même explication est applicable à tous les agents de thérapie en général : c'est tantôt un diagnostic erroné du praticien, tantôt une idiosyncrasie spéciale des malades, tantôt une trop faible, tantôt, au contraire, une trop forte dose, tantôt, enfin, une foule d'autres particularités quelquefois insaisissables, qui amènent ces résultats si divers qui nous étonnent et nous découragent. La pratique médicale aussi n'a-t-elle pas son grain de bonheur?

7° Inspirations de chlore et chlorures. Une terrible affection qui, au rapport des statisticiens, détruit environ la cinquième partie de la population européenne, nous voulons dire la phthisie pulmonaire, a de tout temps fixé sérieusement l'attention des hommes de l'art. C'était pour arriver à arrêter la marche de ce véritable fléau qu'ont été préconisées naguère les inspirations de chlore. Il est probable que les guérisons qu'on nous a vantées étaient ou prématurées ou mensongères, attendu que cet agent de médication est tombé depuis dans une désuétude complète. Quant aux chlorures de chaux ou d'oxyde de sodium, ils n'ont pas éprouvé le même sort; on leur attribue encore aujourd'hui la propriété de détruire des gaz délétères; mais leur accorde-t-on également la puissance d'annihiler les miasmes ou principes morbifères qui engendrent tant de maladies? Nous en avons été témoin, à l'époque du choléra asiatique; toutes les habitations regorgeaient de ces agents de désinfection, et nous sommes forcé de déclarer qu'à nos yeux ils n'ont jamais empêché ni l'invasion, ni l'extension de ce cruel ennemi du genre humain. Ces moyens prétendument de préservation auraient-ils plus d'action pour écarter la variole, la scarlatine, la rougeole, la coqueluche, etc.? Nous ne le pensons pas; et nous ajouterons que l'usage peu méthodique ou intempestif des chlorures a souvent tourmenté vainement les malades. Disons donc aussi des chlorures : ils sont utiles dans quelques circonstances, nuisibles dans d'autres, et enfin bien souvent inefficaces.

8° Sous-nitrate de bismuth (magistère de bismuth).- Lorsque cessa l'engouement pour un traitement exclusivement antiphlogistique appliqué à toutes les affections chroniques du ventricule, des praticiens eurent recours au sous-nitrate de bismuth pour combattre les cardialgies, les dyspepsies, etc. Nous l'avons fréquemment employé nous-même sans bons ni mauvais résultats, au moins appréciables. Nous l'avons abandonné sans regret ; il en fut de même pour la majorité des hommes de l'art, et l'on n'en parle presque plus. Disons en passant que l'engouement mentionné plus haut a été fortement ébranlé par l'ouvrage du docteur Barras sur les gastralgies et les entéralgies.

9. Sulfate d'alumine et de potasse. On l'employait anciennement en médecine comme astringent dans les hémorrhagies et les inflammations dites passives, dans les diarrhées chroniques, les écoulements atoniques, etc. On porte aujourd'hui son usage beaucoup plus loin; on ne craint pas d'y recourir dans les phlegmasies même aigues et dans les ulcérations aphtheuses de la bouche et du pharynx; et l'on prétend l'avoir fait maintes fois avec beaucoup de succès. Nous aussi, nous y avons quelque confiance; car jamais il ne fut nuisible entre nos mains. Par un raisonnement analogique extrêmement sensé, d'après nous, on a voulu étendre l'emploi du sulfate d'alumine au traitement des affections typhoïdes, par le motif que celles-ci s'accompagnent souvent d'ulcérations intestinales, comparables jusqu'à un certain point, et physiquement parlant aux ulcérations aphtheuses. Des hommes de l'art préconisent, avec beaucoup de chaleur, ce médicament dans

les maladies typhoïdes. Le docteur Winter, au rapport de notre honorable collègue, M. Gluge, a guéri par son emploi 65 typhisés sur 66. Nous ne saurions assez recommander aux praticiens l'étude thérapeutique de ce remède, car il y a, selon nous, beaucoup d'espoir à fonder sur lui.

10o Le nitrate d'argent (pierre infernale) était employé déjà par Boerhaave comme purgatif drastique dans l'hydropisie, comme vermifuge par d'autres praticiens. Depuis quelques années on s'en est servi dans divers buts de thérapie: ainsi, on le regarde comme un des agents les plus propres à combattre l'ophthalmie avec granulations, la pharingo-laryngite dans le croup, les engorgements et les brides de la membrane muqueuse de l'urèthre; on a même prétendu qu'il était un puissant antidysentérique, antiépileptique, antichoréïque, antiasthmatique, etc. Dans quelques-unes des affections précitées, ce médicament a été fort utile; dans d'autres, il a été sans résultat; dans quelques circonstances enfin il n'a point été étranger à la production d'effets nuisibles.

11o Le seigle ergoté. Son usage en médecine est d'une date assez récente. Utilisé d'abord par quelques matrones et hardis charlatans, dans un but qui n'a pas toujours été bien louable, il n'attira que plus tard l'attention des hommes de l'art. Admettant son action sur la contraction des fibres de l'utérus, ces derniers en firent usage dans l'accouchement contre l'inertie de ce viscère; par la même raison ils l'appliquèrent aux métrorrhagies puerpérales; plus tard enfin des médecins italiens, d'autres ensuite parmi lesquels figure le professeur Trousseau, l'employèrent dans les ménorrhagies non puerpérales, et avec beaucoup de succès, prétendent-ils. Son efficacité parait évidente dans les deux premières circonstances; elle n'est pas invraisemblable non plus dans la troisième ; c'est au temps, à l'expérience et à l'observation qu'il convient de prononcer sur l'utilité et les applications thérapeutiques du seigle ergoté.

12o Le nitrate de potasse à haute dose.-Vers 1823 à 1824 les journaux de médecine nous signalèrent, comme fort avantageux dans le traitement de l'ascite, ce médicament donné à la dose considérable de une à deux onces dans les 24 heures. Les observations tendant à établir ce point de thérapie ne firent pas défaut. Mais bientôt à l'engouement et à l'enthousiasme du moment succéda l'apathie, suivie elle-même de l'abandon complet de ce mode de curation. Déjà les doses du nitrate de potasse étaient rentrées depuis longtemps dans leurs limites ordinaires, lorsque le docteur Aran et quelques autres praticiens recommandèrent derechef l'emploi à haute dose de cet agent pour combattre l'arthrite aiguë; ils relatèrent une foule de faits, tous plus ou moins pertinents en faveur de leur opinion. On sait que, déjà dans le 17e siècle, la même médication avait été suivie et conseillée par Broeklesby et William Wytt. Plusieurs Sociétés médicales de notre pays ont reçu des travaux conçus dans l'esprit de ceux de M. Aran, et les discussions savantes qui eurent lieu à leur occasion, semblèrent établir qu'il y avait quelque chose de vrai dans les idées de cet homme de l'art. Le procès n'est pas encore jugé; c'est pourquoi nous convions instamment tous les médecins à apporter leur contingent d'efforts et de faits, à l'effet d'aider à la décision de cette importante question. 13o Le sulfate de quinine à haute dose vient d'être activement recommandé dans le traitement du rhumatisme aigu. A son occasion, de rudes débats eurent lieu en France. Les partisans de cette méthode vantaient leurs brillants et nombreux succès; leurs antagonistes, au contraire, les déniaient au moins en grande partie, et articulaient contre les premiers plusieurs faits d'empoisonnement. Des Sociétés médicales de notre pays, sentinelles avancées de la science, s'occupèrent également du sulfate de quinine à l'occasion de travaux présentés sur la matière; de longues et savantes discussions surgirent relativement aux vertus thérapeutiques de ce médicament; les uns le déclarèrent stimulant, les autres contre-stimu

lant, les autres nervin, les autres enfin tout simplement comme un agent propre à combattre des états pathologiques sans vouloir, jusqu'à plus ample informé, lui assigner une qualification spéciale. Il fut admis, presque universellement, que le sel du quinquina pouvait guérir certaines nuances de rhumatisme, même aigu, mais avec les circonstances de périodicité ou d'un état constitutionnel économique ou atmosphérique particulier. Le professeur Guislain, notre savant collègue, proclama l'utilité du remède dans l'arthrite aiguë, hors la circonstance même de périodicité. De tout ce qui précède, on peut conclure que l'étude du sulfate de quinine n'est point épuisée; que l'on redoute beaucoup moins qu'anciennement ses prétendues qualités excitantes; mais que, quant à ses doses exagérées, on n'est nullement disposé à les accepter sans réserve. On n'est pas fixé non plus sur l'emploi de ce médicament dans certaines maladies qui s'accompaguent de périodicité, et dans lesquelles le génie phlegmasique joue un rôle, telles que les affections méningiques, les pleurésies chroniques, les phthisies pulmonaires, etc. Des praticiens regardent le sulfate de quinine comme constamment nuisible dans ces dernières circonstances; d'autres, au contraire, comme utile parfois à titre de moyen palliatif. Bornons-nous, pour le moment, à appeler l'attention des médecins sur ce point litigieux de thérapie, et attendons la lumière du temps et de l'expérience.

14° L'hydrosudopathie. Dans plusieurs endroits des écrits d'Hippocrate, nous trouvons signalés une foule de cas où le froid est regardé comme nuisible; c'est ainsi qu'il nous dit (Aph. 17, sect. V) que : « Le froid produit des convulsions, le télanos, des taches livides, des frissons febriles; (Aph. 18, sect. V) que le froid est ennemi des os, des dents, des nerfs, du cerveau, de la moelle épinière; (Aph. 24, sect. V) que les corps froids, la neige, la glace sont ennemis de la poitrine; qu'ils y provoquent la toux, les hémorrhagies, les fluxions » ; dans d'autres occurrences, au contraire, le père de la médecine préconise le froid : « les douleurs et les tumeurs non ulcérées des articulations, nous dit-il (Aph. 25, sect. V), les affections goutteuses et convulsives diminuent, s'apaisent et tombent par une abondante affusion d'eau froide. Un engourdissement assoupit en effet la douleur. »

Galien nous dit (Aph. 21, sect. V) : qu'il a vu guérir plusieurs fièvres ardentes par une ample boisson d'eau froide. Asclépiade prenait plaisir à être appelé le donneur d'eau fraîche. Aretée de Cappadoce (De la guérison des maladies aiguës, livre 1, chap. 1) employait les douches d'eau froide sur la tête des phrénétiques. Antoine Musa, qui faisait boire beaucoup d'eau froide, fut comblé d'honneurs et de présents pour avoir guéri Auguste par le bain froid. L'usage de ces sortes de bains se répandit dès lors beaucoup dans Rome, et Horace lui-même en fit usage d'après les recommandations de Musa. C'est dans les mêmes vues, sans doute, qu'on conseillait anciennement les bains de terre. L'usage de l'eau froide est donc, comme tant d'autres, un vieux moyen renouvelé; mais avouons qu'avant Priesnitz, jamais on ne le vit aussi répandu. Les sectateurs, comme on sait, n'ont pas manqué à l'agriculteur bavarois, apôtre de cet énergique moyen de médication; des établissements d'hydrosudopathie se sont érigés presque partout; la Belgique tout particulièrement en compte un bon nombre. Qu'est-il résulté jusqu'aujourd'hui de toutes ces maisons de bains, de tous ces écrits, de tous ces prospectus, etc., annonces pompeuses et ronflantes? Beaucoup de guérisons étonnantes, selon les uns, beaucoup d'insuccès et même de revers suivant les autres. Le froid, comme nous l'avons déjà mentionné, a été recommandé par des médecins de tous les temps, dans des infirmités et des circonstances données; de l'usage ce puissant agent de thérapeutique est passé aujourd'hui à un véritable abus; avantageux dans des mains prudentes et habiles, il devient souvent meurtrier quand un aveugle et impudent charlatanisme en fait une panacée universelle, et l'emploie toujours sans dis

cernement, ni réserve; parce que, dans l'administration des remèdes en général, il faut insister surtout, comme le conseille Hippocrate, sur le choix de l'occasion. Nous osons prédire à l'hydrothérapie le sort de presque toutes les opinions humaines : elle ne sera que passagère,

15o L'huile de foie de morue constitue un médicament que le vulgaire utilisa avant qu'il n'eût reçu la sanction des hommes de l'art; et, quoique ceux-ci diffèrent théoriquement d'opinion sur la manière d'agir de ce remède, ils s'entendent cependant généralement assez bien sur les applications qu'ils ont à en faire.

A part quelques praticiens qui se sont opiniàtrés à lui refuser des propriétés curatives, ou même à le présenter comme un moyen dangereux, tel que le docteur Hoebeke, l'hystérotomiste, on le considère comme fort utile dans les diverses nuances de l'affection scrofuleuse, surtout quand elle s'est attachée au système osseux, dans le rhumatisme chronique, dans le premier degré de la phthisie pulmonaire principalement tuberculeuse; quelques chauds partisans de cette huile allèrent plus loin, et soutinrent que par elle ils avaient eu le bonheur de guérir de vastes cavernes du poumon, et d'arrêter ainsi la marche d'une maladie que la mort n'aurait infailliblement pu tarder à venir remplacer. Ce grand procès se jugera comme tous ceux de la même catégorie; l'huile de foie de morue sera reconnue comme un agent thérapeutique digne d'attention, propre à combattre des états pathologiques; mais aussi, par contre, il sera déclaré nul et sans effet dans plusieurs circonstances, et à l'engouement et au fanatisme succéderont la raison et une juste et logique appréciation de sa puissance thérapeutique. Déjà l'on commence à se fixer, d'une manière éclectique, sur l'usage qu'on doit en faire ; MM. Dumont et Mareska de Gand, Gouzée d'Anvers, et beaucoup d'autres praticiens admettent, dans l'huile de foie de morue, une vertu curative prononcée contre la scrofule osseuse, contre la phthisie tuberculeuse commençante, contre un état anémocachectique de l'économie; mais là se bornent toutes leurs prétentions, ainsi que les nôtres; l'expérience et l'observation nous ont conduits à ces conclusions. Finissons ce paragraphe en disant que ce médicament est appelé, selon nous, à rendre des services entre les mains des praticiens instruits. Faisons des vœux pour que la chimie et la pharmacie aidant, nous puissions arriver au moyen de rendre son administration moins désagréable, tout en conservant intactes ses propriétés curatives. 16o La revaccination. — L'immortelle découverte de Jenner vit, passé quelques années, sa réputation gravement compromise, par le motif que la variole avait attaqué derechef un grand nombre d'individus antérieurement vaccinés. L'expérience ne tarda pas à prouver que l'affection varioleuse n'avait atteint en général une seconde fois que des personnes soumises à la vaccine depuis au moins dix ans; ce qui conduisit à cette conclusion aussi simple que naturelle : que chez plusieurs sujets la vertu préservatrice de la vaccine n'est que temporaire, et que la prudence exige que l'on répète l'opération vaccinale après un laps de temps d'environ 8 à 10 années. Cette manière de voir et d'agir fut partagée par la majeure partie des praticiens de notre pays et des autres contrées de l'Europe, si nous en exceptons la France, la grande nation, qui en ceci, comme en chemins de fer, ne remplit qu'un rôle d'imitatrice lente et peu passionnée. Nous devons reconnaitre pour sa justification qu'elle n'a reçu que peu d'encouragements de son premier corps médical qui fut loin, comme on le sait, de se déclarer partisan de la revaccination. Nous ne concevons pas nous autres hommes positifs, hommes sans préjugés, et qui acceptons avec reconnaissance le bien de quelque source qu'il émane, nous ne concevons pas, disons-nous, pourquoi on repousserait une opération si simple qui peut prévenir tant de maux, et qui, dans tous les cas, n'aurait qu'un seul désavantage : l'inutilité; mais elle aurait toujours pour elle cet ancien axiome: quod abundat, non viciat.

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