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Journal de pharmacie des expériences de M. Dalpiaz, a bien voulu rappeler l'attention du lecteur sur mes expériences antérieures.

En général, on peut établir que l'action de l'acide nitrique sur un corps organique non azoté, produit de l'acide hydrocyanique, toutes les fois que la réaction a lieu dans des circonstances de température et de concentration convenables. Ces circonstances doivent varier suivant le plus ou moins de fixité ou de volatilité du corps à oxyder, et la facilité plus ou moins grande avec la quelle il s'oxyde. Toutes fois que la réaction indiquée produit de l'acide hydrocyanique, elle produit aussi de l'ammoniaque. Voici les faits que j'ai observés : 4° Lorsqu'on prépare l'éther nitreux par la méthode de M. Liebig, en faisant passer un courant d'acide nitreux (NO) dans de l'alcool faible, si on examine l'alcool qui a servi à cette préparation, on peut y constater sans difficulté, dans le plus grand nombre des cas, f'acide hydrocyanique et l'ammoniaque. On peut de même constater ces deux corps dans I'cau distillée sur laquelle on a conservé pendant quelques jours l'éther nitreux à la température de + 15 à 21 degrés.

20 Lorsqu'on décompose l'éther nitreux à une température élevée, on a aussi de l'acide hydrocyanique et de l'ammoniaque. M. Thénard a déjà signalé ce fait; 41,5 gr. d'éther lui ont fourni un peu d'acide hydrocyanique, et 0,40 d'ammoniaque. Voici la quelques observations qui prouvent que quantité de l'un ou de l'autre produit sont, dans des circonstances favorables, bien plus remarquables. Au rouge blanc, l'éther nitreux décomposé dans un tube de porcelaine rempli de fragments de ponce, m'a donné dans deux expériences; acide hydrocyanique, 5,11-5,40; ammoniaque, 2,151,72, 0/0 d'éther. Au rouge sombre et dans les mêmes circonstances quant au tube dans lequel je faisais la décomposition, je n'ai obtenu que: acide hydrocyanique 3,17-4,12; ammoniaque, 1,47-3,02, 0/0 d'éther. Si, au lieu de remplir le tube de porcelaine avec de la pierre ponce, ou le remplit de platine en éponge, on obtient moins d'acide hydrocyanique, et en même temps des proportions considérables d'ammoniaque. Dans deux expériences, 100 d'éther m'ont donné: acide hydrocyanique 4,00-3,62; ammoniaque, 8,53-6,12. Si, au lieu du platine ou éponge on emploie du charbon, on n'obtient presque plus d'acide hydrocyanique, mais beaucoup d'ammoniaque. 100 d'éther m'ont fourni: acide ydrocyanique, 0,41-1,11; ammoniaque 4,96-4,55.

3o En faisant passer un courant de

bioxyde d'azote chargé de vapeurs d'éther
sulfurique à travers un tube de porcelaine
chauffé au rouge blanc, on obtient encore de
l'acide hydrocyanique et de l'ammoniaque.

4o Le protoxyde d'azote se comporte de
même. L'expérience peut être dangereuse
à cause de la possibilité d'une détonation.

5o Le bioxyde d'azote chargé de vapeurs d'essence de térébenthine, décomposé de la même manière, donne de même de l'acide hydrocyanique et de l'ammoniaque.

6o Enfin, toutes les fois qu'en oxydant, soit du sucre, soit une résine, soit une huile grasse par l'acide nitrique, on obtient dans les produits de la distillation de l'acide hydrocyanique, on trouve aussi de l'ammoniaque dans le résidu de la cornue.

(Journal de Pharmacie et de Chimie, juin 1845.)

De l'existence de l'acide butyrique libre dans la tannée; par Jules CHAUTARD, élève en pharmacie. En comparant attentivement l'odeur des acides valérianique et butyrique avec l'odeur infecte qui s'exhale des tannerics, lors de la levée des fosses, je fus vivement frappé de leur grande ressemblance, et il me vint dans l'idée que pendant la fermentation qu'éprouvait le tan, en contact avec des matières animales, il pourrait bien se produire un acide analogue à ceux que je viens de citer. C'est dans le but d'examiner un des phénomènes de cette fermentation végéto-animale, que je me suis livré aux expériences suivantes :

Are expérience. Je remplis aux trois quarts la cucurbite d'un alambic de tannée, sortant tout récemment des fosses, je l'arrosai avec huit à dix litres d'eau et je distillai pour recueillir cinq litres de liquide environ. La liqueur que j'obtins ainsi était faiblement acide, mais cependant assez pour rougir bien sensiblement le tournesol. Je la saturai par du carbonate de soude et l'abandonnai au repos jusqu'au lendemain, afin de compléter la réaction de l'acide sur le sel, puis je l'évaporai à un feu doux dans une capsule de porcelaine jusqu'à ce qu'elle fût réduite en consistance sirupeuse. Alors, je distillai ce résidu dans une cornue tubulće, placée sur un bain de sable et armée, comme à

l'ordinaire, d'une allonge et d'un récipient. Je versai dessus une quantité d'acide sulfurique égale en poids au carbonate employé, et par la chaleur je ne tardai pas à obtenir un liquide incolore surnagé de quelques grosses gouttes d'une substance jaunâtre, analogue à une huile grasse, rougissant fortement le tournesol et douée d'une odeur de beurre rance très-prononcéc. Mais par ce moyen je n'avais obtenu que trèspeu de produit et je n'en avais pas assez

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pour examiner les propriétés de cet acide et le définir d'une manière bien précise. J'eus donc recours à un autre procédé pour en obtenir une plus grande quantité.

Dans les fabriques des tanneurs, lorsque la tannée est sortie des fosses, on jette dessus quelques seaux d'eau et la liqueur qui en découle est reprise pour être versée dans des cuves où on laisse séjourner les peaux; je supposai que l'acide en question, qui est soluble, devait être entraîné par ce lavage; ainsi, au lieu de me servir de tannée humide et arrosée d'eau comme dans la première expérience, j'ai pris 40 litres de cette eau de lixiviation et je l'ai distillée pour recueillir 35 litres. J'obtins de cette manière une liqueur excessivement acide, je la saturai par la chaux (1) et la fis évaporer dans une chaudière de cuivre presque jusqu'à siccité. Je traitai le résidu calcaire dans une cornue par un excès d'acide sulfurique étendu de 1/4 son poids d'eau, puis je redistillai le produit de cette distillation afin de le priver de la petite quantité d'acide sulfurique qui aurait pu être entraînée. De cette manière j'arrivai à avoir une liqueur parfaitement incolore, saturée d'acide et surnagée par une grande quantité de cette huile que j'ai déjà signalée. Je pus facilement séparer le liquide huileux du liquide aqueux, en saturant celui-ci avec du chlorure de calcium et versant le tout dans un entonnoir dont j'avais fermé l'extrémité. Puis enfin je distillai le liquide huileux dans une petite cornue, et j'obtins en dernière analyse, un acide qui m'offrit les caractères suivants :

C'est un corps huileux, parfaitement incolore, plus léger que l'eau dans laquelle il se dissout assez bien, d'une saveur fortement acide et produisant sur la langue une tache blanche; il répand une odeur de beurre rance assez prononcée, mais cette odeur est beaucoup plus forte lorsqu'il est étendu d'un peu d'eau que lorsqu'il est concentré, et il conserve cependant l'odeur caractéristique de la tannée. Lorsqu'on le fait bouillir dans une petite capsule et qu'on approche de sa vapeur une bougie allumée, il s'enflamme et brûle avec une flamme semblable à celle de l'alcool.

Il donne avec la potasse un sel excessivement soluble, cristallisable et déliquescent. Avec la chaux et la baryte il donne des sels également solubles.

Le sel de baryte se présente en cristaux aiguillés et réunis autour d'un centre commun sous forme de houppes ou de petits

(1) La raison pour laquelle je distillai cette eau avant que de la saturer par de la chaux, c'est qu'elle retient toujours en suspension une matière colorante, dont le filtre et le char

mamelons, d'un aspect nacré. Ces cristaux, projetés sur l'eau, s'agitent immédiatement d'un mouvement giratoire très-remarquable. Le sel de zinc cristallise en lames nacrées très-brillantes, douées aussi d'un mouvement giratoire au contact de l'eau.

L'azotate d'argent en dissolution concentrée, produit avec cet acide un précipité blanc, cailleboté, insoluble dans l'eau et dans l'acide azotique, mais soluble dans l'ammoniaque.

Avec l'acétate neutre de plomb il donne un précipité blanc, insoluble dans l'eau, tandis qu'avec l'acétate basique, il forme bien également un précipité, mais qui finit par se redissoudre, tandis que l'acide vient former au fond du vase une couche blanche et comme huileuse. Il précipite l'acétate de cuivre en bleu clair.

Pour compléter la série des caractères de cet acide, je cherchai à obtenir sa combinaison avec l'oxyde éthyle en le mettant en contact avec 1 partie d'alcool et 1/2 partie d'acide sulfurique, et traitant ce mélange par le procédé de M. Lerch. J'obtins ainsi un liquide incolore, d'une saveur fraîche, sucrée et un peu piquante, d'une odeur fortement éthérée mêlée d'une odeur agréa– ble de fruits, plus léger que l'eau qui en dissout à peu près le tiers de son volume.

D'après l'exposé de tous ces caractères, il est facile de conclure que l'acide extrait de la tannée n'est autre chose butyrique; et d'ailleurs comme les circonde l'acide que stances qui accompagnent sa production dans le cas qui nous occupe, sont absolument les mêmes que celles qui se rencontrent lors de la fermentation de certaines matières sucrées, de la fibrine, du son de pomme de terre, de la racine de guimauve, et qui ont été signalées dans les mémoires de MM. Pelouze et Gélis, Scharling, Wurtz et Larroque, je n'hésite pas à le regarder comme tout à fait identique avec cet acide. (Ibid.)

Recherches sur la tanaisie; par M. LEROY.

A M. CHEVALLIER, Professeur à l'École de Pharmacie.

Comme je répondais à votre dernière lettre, relative aux renseignements que vous m'aviez demandés sur l'influence qu'exerce sur la santé de l'ouvrier, l'industrie du tabac, j'étais occupé à faire quelques recherches chimiques sur les sommités fleuries du tanacetum vulgare; je m'empresse de vous les communiquer en attendant que je puisse vous en donner de nouvelles sur cette substance.

bon la privent difficilement; et qui, par la concentration s'épaissit et gêne beaucoup l'extraction de l'acide.

Jusqu'ici, que je sache, il n'y a que M. Peschier qui ait fait faire un pas à l'histoire chimique de ce végétal.

Quand on lit son travail, on remarque que ce savant exprime le regret de n'avoir pu isoler le principe amer du tanacetum, qui est tout à la fois soluble dans l'éther, l'alcool et l'eau.

Il y a quelque temps, il m'est venu à l'idée d'appliquer aux sommités du tanacetum vulgare, le moyen de recherches qui a eu un résultat si heureux entre les mains de MM. Quevenne et Homolle, pour la digitale. Je me dispenserai donc de vous donner la relation de l'opération.

Le principe que j'ai obtenu, mais en petite quantité, d'une première recherche, s'est présenté avec les caractères suivants : il est sous forme granuleuse mamelonnée, d'un blanc légèrement jaunâtre, inodore, doué d'une saveur très-amère, légèrement acre dans l'arrière-bouche; il est très-soluble dans l'éther, moins soluble dans l'alcool et peu soluble dans l'eau, à laquelle cependant la plus petite quantité communique une saveur amère très-prononcée, qui rappelle bien celle du tanacetum; il se dissout à froid dans l'acide sulfurique concentré, en lui communiquant une couleur rouge-hyacinthe. Cette solution étendue de 12 à 15 fois son volume d'eau, est d'une belle couleur rose qui se maintient pendant quelques minutes; des flocons, d'un gris blanchâtre, ne tardent pas à se former et à se déposer, et la liqueur se décolore. Exposé sur une lame d'argent à la flamme de la lampe à l'alcool, il se liquéfie immédiatement, et ne tarde pas à se colorer en brun, en répandant une odeur aromatique, qui se rapproche de celle du mélilot. En continuant l'exposition il laisse pour résidu un charbon peu volumineux.

Voilà tout ce que je puis vous donner pour le moment sur ce principe, auquel je crois pouvoir donner le nom de tanacetine.

Je vous prie de vouloir remarquer que l'acide tannique en excès n'enlève pas, en totalité, la saveur amère à la solution qui provient du lessivage de la poudre du tanacetum, ce qui me fait supposer que le principe que j'ai isolé y existe associé à un autre qui n'est pas précipitable par l'acide tannique.

La solution de laquelle j'avais précipité le principe amer, qui était incolore, limpide, ayant été abandonnée pendant quelques jours au contact de la lumière, n'a pas tardé à acquérir une couleur ambrée, ce qui me fait croire que, parmi les principes qui étaient restés en solution, il en est qui se sont modifiés sous l'influence de l'eau et la lumière.

(Journal de chimie médicale, juillet.)

Est-il possible de reconnaitre la cendre que laisse le bois brûlé, de celle qui serait le résultat de la combustion d'un enfant nouveau-né?

Telle est la question dont M. Orfila vient de s'occuper à la suite d'une demande que lui fit un professeur d'une école secondaire de médecine, auquel cette difficulté s'était présentée. Nous ne pouvons rapporter toutes les expériences faites par M. Orfila pour arriver à la solution de cette question, et nous devons nous borner à donner ici les conclusions auxquelles il est arrivé.

1° Lorsque la cendre d'un fœtus ne sera pas mélangé de fragments d'os qui permettent de la distinguer, au premier aspect, des autres cendres, on la reconnaîtra aux caractères suivants : si on la calcine avec la potasse dans un creuset de porcelaine, on obtient du cyanure de potassium, facile à constater par les réactifs ordinaires; en traitant la cendre par l'acide sulfurique, on dégage constamment de l'acide sulfhydrique. La dissolution acide qui en résulte après une réaction de 2 ou 3 jours, contient toujours du biphosphate de chaux.

2o La cendre des charbons de chêne et de sapin, calcinée de même avec la potasse, ne contient pas de cyanure de potassium, et ne dégage pas d'acide sulfhydrique; elle ne fournit pas de biphosphate de chaux par l'acide sulfhydrique.

3o La cendre des mottes à brûler et du sarment de vigne laisse seulement dégager quelques traces d'acide sulfhydrique.

4o La cendre du coak ne fournit point de cyanure de potassium, mais donne une proportion notable de biphosphate de chaux avec dégagement d'une quantité d'acide sulfhydrique.

50 La cendre de chêne ou de sapin, langée de cendre de coak et de débris de matières animales, se comporte, à peu de chose près, comme la cendre du fœtus, si ce n'est qu'elle fournit beaucoup moins de bleu de Prusse, d'acide sulfhydrique et de phosphate de chaux.

6o La cendre de tourbe ne fournit ni cyanure de potassium, ni phosphate de chaux, mais dégage beaucoup d'acide sulfhydrique, quand on la traite par l'acide sulfurique pur.

7° Il suit de là, que les experts devront être excessivement réservés avant de se prononcer sur la nature des cendres, toutes les fois qu'ils n'auront pas pu s'assurer que la combustion du fœtus a été opéré avec du bois de chêne ou de sapin, ou avec d'autres bois qui ne contiennent ni de l'azote, ni du soufre, parce qu'il existe d'autres matières combustibles qui, à la rigueur, auraient pu être employées, et qui se comportent, sinon avec tous, du moins avec quelques-uns des

agents indiqués, à peu près comme la cendre des fœtus.

(Ann. d'hygiène pub. et de méd. légale.)

Pharmacie.

Sur la préparation de la digitaline; par M. O. HENRY, avec quelques observations par M. QUEVENNE. Nous allons faire connaître à nos lecteurs les remarques que M. O. Henry a publiées dans le dernier numéro du Journal de pharmacie, nous les ferons suivre d'observations de M. Quevenne. M. O. Henry commence par rappeler que c'est lui qui a eu le premier la très heureuse idée d'employer le tanin pour obtenir quelques substances actives, procédé auquel M. Homolle a donné un véritable perfectionnement. Voici comment M. Henry s'exprime: « On prend 1 kilog. de feuilles de digitale séchée avec soin et réduite en poudre; on forme, avec cette poudre et l'alcool à 32°, une pâte, qu'il faut chauffer légèrement au bain-marie, jeter ensuite sur une toile serrée et exprimer fortement à la presse. On recommence avec le résidu de l'expression un nouveau traitement tout à fait semblable. Cela fait, on réunit les liqueurs alcooliques claires et on les soumet à la distillation.

« On perd ordinairement 1/5 ou 1/6 de l'alcool.

>> La distillation terminée, on obtient un extrait alcoolique qu'il faut traiter par un mélange d'eau distillée, 8 onces, et d'acide acétique, 2 gros, chauffer très-légèrement à 40 ou 50 degrés, ajouter un peu de bon noir animal, et filtrer la portion éclaircie au fond de laquelle il reste un précipité résiniforme de chlorophylle et de matières grasses ou résineuses.

» La liqueur claire obtenue et étendue de 10 ou 16 onces d'eau, et en partie neutralisée à l'aide de l'ammoniaque, on y mêle une certaine quantité d'infusion concentrée et récente de noix de galle jusqu'à cessation de précipité. (Il faut que les liquides rougissent légèrement le papier de tournesol.)

»>> On voit bientôt un abondant dépôt jaunâtrede tannate de digitaline se former et gagner, sous forme résineuse noirâtre ou brune, le fond du vase, on décante tout le liquide qui surnage, on détache le dépôt adhérent aux parois du vase, on le délaye même à l'aide d'un peu d'alcool après l'avoir lavé à l'eau pure. » Il faut alors triturer soigneusement dans un mortier avec le tiers de son poids de litharge réduite en poudre très-fine, chauffer doucement et faire agir sur ce mélange l'alcool à 32 degrés chaud, le double du volume de ce précipité. L'alcool devient d'une couleur jaune légèrement verdâtre, on peut y

mettre du noir animal, filtrer et laisser évaporer spontanément à l'étuve sur des assiettes ou distiller en partie doucement, quand on agit sur des quantités assez considérables. L'alcoolé laisse après l'évaporation un résidu que l'on traite à chaud par l'éther sulfurique à 2 ou 3 reprises. Ce que l'éther n'a pas dissous est la digitaline; on peut la réduire en poudre après l'avoir fait sécher à une douce chaleur, ou bien la dissoudre dans un peu d'alcool, et placer à l'étuve cette solution concentrée, soit sur des lames de verre, soit sur des feuilles de fer-blanc préalablement amalgamées. La digitaline se dessèche alors comme un vernis d'un jaune ambré, et se fendille en petites écailles qu'on conserve à l'abri de l'air ou que l'on pulvérise alors si on le désire; chauffée doucement et fondue, elle est d'un aspect résinoïde, se tire en fils nacrés à reflets jaunes, et est très-amère, soluble dans l'alcool et précipitée en flocons par l'eau; les acides la dissolvent en la modifiant, etc., etc., comme l'a dit M. Homolle. » Pour 1 kilog. de feuilles de digitale, j'ai obtenu au moins 9 à 10 grammes de ce principe actif.

» Je ne doute pas que le tanin ou les solutions récentes de noix de gale, d'écorce de chêne, etc., ne trouvent beaucoup d'autres applications, et ne conduisent à obtenir aisément soit l'aconitine, l'atropine, la lactucine, la salseparine, la scillitine, la colocynthine, la colchicine, la daturine, l'émétine blanche, etc.; je m'occupe, au reste, de ces recherches pratiques et j'en donnerai plus part les résultats, s'ils méritent d'être publiés. »

Note de M. Quevenne. Nous avons répété ce procédé et nous avons obtenu en effet, comme l'auteur, un produit très-abondant, mais qui, malheureusement, était loin d'être pur; c'était un mélange de digitaline et de diverses matières extractives, ou plutôt une sorte d'extrait sec, d'une couleur jaunâtre terne, différant par ses propriétés physiques et surtout par ses propriétés chimiques de la digitaline obtenue par M. Homolle et moi, et décrite dans le mémoire du premier.

Notre première pensée a été de croire que nous avions opéré moins habilement que l'auteur, dont le nom et les travaux ont une autorité méritée dans la science; mais nous voyons une phrase vers la fin de la note dont il s'agit, qui jette quelque doute dans notre esprit sur la pureté de la substance obtenue par M. Henry lui-même : c'est la recommandation de la conserver à l'abri de l'air. En général, les substances pures retirées des végétaux, qu'elles soient cristallisées comme la strychnine, la morphine, ou non cristallines, comme l'émétine, l'aconitine, la saponine, ne s'altèrent point d'une manière sensible au contact de l'air.

La digitaline préparée par nous ne fait point exception à cette loi.

Nous nous occupons de recherches ayant pour but d'arriver, s'il est possible, à connaître la nature de ces produits plus ou moins complexes que l'on peut extraire de la digitale en modifiant de diverses manières le procédé qui nous a permis, à M. Homolle et à moi, d'obtenir la digitaline, produits qui nous ont nous-mêmes séduits plus d'une fois au premier aspect par leur abondance,'mais pour faire place ensuite au désenchantement, quand un plus ample examen nous a eu démontré leur état d'impureté et l'infériorité de leur énergie. Nous tàcherons en outre d'indiquer quelques moyens à l'aide desquels, non-seulement le consommateur, mais le fabricant lui-même, puissent reconnaître s'ils ont affaire à une substance pure ou non. Il faut à la thérapeutique des agents toujours identiques, première condition de succès pour le praticien ; et nous ne pourrions que regretter de voir livrer prématurément au commerce, sous le nom de digitaline, des produits d'une infériorité marquée, qui, en trompant l'attente du médecin, auraient pour résultat infaillible de déprécier un médicament destiné, nous le croyons, à rendre des services à l'art de guérir.

(Bulletin de pharmacie, juillet 1845.)

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J'ai fait macérer pendant deux jours la valériane dans la quantité d'eau et d'acide ci-dessus, dans une grande capsule de porcelaine, ensuite j'ai distillé à la cornue jusqu'à ce que le liquide n'ait plus rougi la teinture de tournesol; j'ai laissé le produit de la distillation exposé pendant un mois au contact de l'air, puis je l'ai introduit dans un matras avec quinze grammes d'oxyde de zinc hydraté, récemment précipité et parfaitement pur, que j'ai fait déposer pendant huit à dix heures sur un bain de sable, à la chaleur de 80 degrés. J'ai eu soin de l'agiter de temps en temps, puis j'ai filtré à chaud et évaporé aux trois quarts. J'ai vidé le résidu sur des assiettes de porcelaine, je l'ai exposé à la chaleur de l'étuve, et le produit de cette opération a été 15 grammes de cristaux sous forme de paillettes nacrées, argentines et légères, à odeur forte et carac120 gram. téristique de valérianate de zinc. Pour m'assurer de la complète combinaison de ce sel, j'en ai fait chauffer une petite quantité dans un tube de verre; aussitôt il s'est charbonné et a produit instantanément des vapeurs blanches huileuses, à forte odeur empyreumatique, le résidu étant de l'oxyde de zinc.

Sur la solubilité du valérianate de zinc; par M. DELPON fils, pharmacien à Toulon. Comme tous mes confrères, j'ai remarqué la solubilité difficile, incomplète du valérianate de zinc, et je me suis décidé à faire disparaître le précipité qui se forme dans une solution aqueuse par l'addition de quelques gouttes d'acide valérianique.

:

Prenez Valérianate de zinc. 1 déc.
Eau distillée.

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En exécutant cette formule avec toute la précaution possible, on obtient un résidu, un précipité qui résiste à la porphyrisation la plus exacte, et qui se dissout à l'instant même, si, après avoir décanté les 120 grammes d'eau, on l'attaque directement par quelques gouttes d'acide valérianique.

Ce résultat prouvera qu'une partie du sel valérianique a été décomposée, et que l'addition de l'acide valérianique lui a rendu sa constitution chimique.

Il me parait probable que cette décompo sition partielle n'est pas le résultat du degré de chaleur applicable à cette opération; la cristallisation de ce sel est si facile, si prompte, ce degré de chaleur utile à l'évaporation doit être tellement ménagé, qu'on ne peut raisonnablement l'accuser de la dégradation que nous signalons, qui d'ailleurs devrait être constamment plus ou moins

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