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surtout dans le système nerveux, sur l'organisation duquel il existe encore tant d'incertitude, que cette absence d'altération se remarque ; mais nous n'admettons pas de lésion dynamique sans lésion organique, pas de trouble fonctionnel sans trouble matériel, et toute physiologie qui n'est pas basée sur ce principe, nous paraît stérile, en tant qu'elle est sans application possible à la pratique. — Dans le fait que je vais rapporter, on verra les lésions anatomiques correspondre d'une manière remarquable aux symptômes nombreux et variés par lesquels il a été signalé.

Lorsque, le 26 juillet 1844, le nommé Lagauche, adjudant de batterie au ler régiment d'artillerie, entre à l'hôpital, il rapporte qu'il est depuis six ans en proie à une fièvre intermittente, contractée sur les bords de l'Escaut, dont il n'est jamais resté, depuis cette époque, trois mois sans éprouver des rechutes; il s'est joint à cela, depuis deux ans, des douleurs rhumatismales qui, après avoir parcouru diverses articulations, se sont fixées dans le cou et dans les épaules; il a séjourné à plusieurs reprises dans divers hôpitaux, et notamment dans ceux d'Ypres et d'Anvers, où il est rentré plus d'une fois. Envoyé de ce dernier hôpital en subsistance au détachement d'artillerie en garnison à Namur, pour s'y refaire par la respiration de l'air natal, il y est arrivé la veille, mais saisi pendant la nuit d'un violent accès de fièvre, il a désiré rentrer incontinent à l'hôpital. Nous remarquons un état manifeste de décrépitude; le malade, àgé de 35 ans, paraît en avoir plus de 60; peau flétrie, ridée, aride, jaunie; face bouffie, amaigrissement très-avancé, hydropisie ascite, œdème des extrémités inférieures, tête fortement inclinée sur l'épaule droite, tuméfaction et incurvation latérale de la région cervicale, engourdissement, fourmillement dans les extrémités thoraciques qui sont d'ailleurs affaiblies et ont éprouvé un commencement d'atrophie. Plusieurs moxas ont été appliqués à Anvers aux régions sus-claviculaires et sus-épineuses, et il existe encore deux plaies faites nouvellement à l'aide du feu, sur la tumeur cervicale. Les accès de fièvre se présentent actuellement sous forme double tierce; l'appétit est nul, les digestions laborieuses; le malade accuse, en outre, des douleurs sourdes et gravatives dans les deux hanches, particulièrement à gauche, les extrémités inférieures sont tellement faibles, qu'elles ne supportent pas le poids du corps; on remarque enfin mydriase à droite et une taie sur l'ouverture pupillaire gauche. — Deux indi cations parurent surtout urgentes, celles de couper la fièvre et d'enrayer la marche de la myélite. A cet effet, on administra le sel de quinine en solution et on utilisa les plaies déjà existantes pour les convertir en cautères; on fit d'ailleurs sur la colonne vertébrale des frictions térébenthinacées, et dès que l'appétit se fit un peu sentir, on passa à un régime analeptique, Les accès de fièvre furent incontinent coupés; l'ascite et l'œdème disparurent et au bout de quelques semaines, la tumeur cervicale se fondit, la colonne vertébrale se redressa et la tête reprit son attitude normale, mais cette amélioration fut, comme il était facile de le prévoir, de courte durée; lcs accès reparurent pour céder de nouveau au sel de quinine (circonstance qui se reproduisit pendant toute la durée du séjour du malade à l'hôpital). Les douleurs rachidiennes se fixèrent dans la région lombaire et résistèrent malgré l'application des plus énergiques révulsifs; la défécation était irrégulière; à des constipations opiniâtres succédaient des flux muqueux abondants; les évacuations présentaient des lambeaux pseudo-membraneux épais, quelquefois très-larges. Nous prescrivimes l'huile de foie de morue, dont, à Anvers déjà, on avait à plusieurs reprises, renouvelé l'administration; mais ici, comme là-bas, il fut impossible au malade d'en continuer l'usage. Il nous avoua avoir eu plusieurs maladies vénériennes, qu'il avait fait traiter secrètement; c'est ce qui suggéra la pensée de recourir à l'iodure de potassium, dont on continua l'emploi pendant plusieurs mois. Le malade passa l'hiver au milieu d'alternatives de mieux et de pire, tantôt

l'hydropisie péritonéale reparaissait, tantôt on la voyait se dissiper; les glandes inguinales et axillaires faisaient saillie sous la peau; le marasme était porté à son plus haut degré et ne pouvait plus faire de progrès; enfin se déclarèrent des symptômes de phthisie tuberculeuse et depuis ce moment, la maladie précipita sa marche vers sa fin, qui arriva le 14 mai, dix mois après l'admission du malade à l'hôpital. Il fut inscrit sur le registre nécrologique, que le malade avait succombé à une diathèse tuberculeuse, diagnostic que l'autopsie confirma pleinement.

Nécropsie. — A l'ouverture du cadavre, faite 36 heures après la mort, on trouva de la sérosité dans les trois cavités viscérales; la masse cérébrale est d'une mollesse remarquable; tout le prolongement rachidien présente sous son feuillet séreux une innombrable quantité de tubercules, les uns isolés les autres réunis en plaques, ils sont toutefois plus nombreux et plus gros à la surface antérieure qu'à la surface postérieure; la pulpe nerveuse nous paraît saine dans toute la région dorsale, dans la région cervicale elle est plus molle, mais dans la région lombaire, le ramollissement va jusqu'à une consistance pulpeuse semblable à celle de fromage mou. Les deux poumons, le foie, la rate, les épiploons et autres prolongements du péritoine sont criblés de ces mêmes productions accidentelles ; le foie et la rate sont atrophiés ; le premier a une couleur d'un gris fauve, il est granulé et par la section ne laisse échapper que quelques gouttes de sang; la vésicule de fiel contient un peu de bile ténue d'un vert d'herbe; le cœur est atrophié, il a à peine les deux tiers du volume normal, ses cavités sont rétrécies, sa substance est pâle et tellement molle qu'on la déchire sans aucun effort: les arceaux des 3o, 4o, 5o, 6o et 7o vertèbres cervicales sont tuméfiés et ramollis ; dans la région dorsale, le tissu osseux a sa consistance naturelle, seulement ses vaisseaux sont gorgés de sang, mais dans la région lombaire le ramollissement de ce tissu est tellement avancé qu'on rompt les vertèbres comme du bois vermoulu; les cartilages intervertébraux de cette dernière région ont une consistance de gelée, les tissus cellulo-ligamenteux de la région cervicale sont épaissis et condensés.

A l'occasion de ce fait, M. Fallot est entré dans quelques considérations sur les tubercules et sur leur étiologie. Il est convenu que, saisissant mal l'enchaînement qui existe entre l'inflammation et la naissance des tubercules, il avait longtemps partagé l'opinion professée par Broussais, qu'ils étaient un produit nécessaire de l'inflammation ou qu'ils avaient au moins cette modification organique pour cause la plus commune. Éclairé par une observation ultérieure, il a changé de manière de voir et tout en attribuant encore aux phlegmasies, le pouvoir de favoriser le développement des tubercules, il ne les considère plus comme pouvant, et encore moins comme devant les produire par elles-mêmes : elles ne les déterminent qu'en tant qu'elles vicient la nutrition; mais loin que cette faculté leur appartienne exclusivement ou spécialement, elle leur est commune avec tous les grands facteurs pathogénétiques. Tous sont aptes, en tant qu'ils altèrent la nutrition, à produire des tubercules, pourvu qu'ils s'exercent sur un sujet prédisposé. Sans prédisposition aux tubercules, il n'est pas d'agent morbide qui les fasse naître ; avec la prédisposition, tous jouissent, quoique à un degré inégal, de cette triste prérogative. Tout en réduisant le rôle de l'inflammation, comme cause des tubercules, à ses justes proportions, il continue à lui en reconnaître un trèsimportant dans leur dégénérescence. Tout travail phlegmasique éclatant autour d'un dépôt tuberculeux en précipite, suivant lui, le ramollissement. Il croit qu

la reconnaissance de ce fait est d'une haute utilité pratique, parce qu'elle conduit directement à soustraire les tuberculeux, ou ceux qui offrent les caractères organiques de la prédisposition, à l'action de toutes les influences que pourraient produire les inflammations et à combattre celles-ci jusqu'à extinction complète quand elles viennent à apparaître Il a rappelé les belles recherches de MM. Andral et

Gavarret, sur le sang et sur la différence de composition qui existe entre celui des phlegmasiques et celui des tuberculeux.

Il nous a dit qu'à l'exception du seul tissu du cœur, il n'y en a pas un seul dans l'économie où il n'ait rencontré des tubercules. Il en a trouvé souvent dans les os, non-seulement dans leur partie spongieuse, mais encore dans leur portion compacte', dans les os du crâne, la continuité du cubitus, vers la grande courbure des côtes. Il doit exister dans le cabinet anatomique de la faculté de Louvain, deux pièces qui y ont été déposées dans le temps au nom de la Société de médecine de cette ville, à qui M. Fallol les avait adressées il y a bien vingt ans, et par conséquent à une époque où l'histoire des tubercules était beaucoup moins connue qu'elle ne l'est aujourd'hui ; elles ont rapport à la tuberculisation des os : l'une d'elles est surtout des plus intéressantes et ne peut laisser aucun doute sur le dépôt primitif de la matière tuberculeuse dans le tissu osseux. Plusieurs vertèbres lombaires sont creusées d'excavations; l'orifice de celles qui communiquent au dehors est plus étroit que la cavité qui les constitue. Nous avons vu les dessins qui en ont été faits avant leur expédition. M. Fallot nous a montré aussi, comme se rattachant très-étroitement au fait en observation, un prolongement rachidien dont la membrane séreuse viscérale est semée d'innombrables tubercules. Il a été extrait du cadavre d'un typhisé, chez lequel on n'avait remarqué durant le cours de la maladie, aucune altération particulière de sensibilité ou de motilité dans les extrémités inférieures. Il n'y a du reste pas d'affection morbide dont l'influence sur le développement des tubercules soit moins contestable que la fièvre typhoïde, et rien n'est malheureusement plus commun que de voir après quelques mois succomber à la phthisie tuberculeuse des individus qu'on se flattait d'avoir guéris de cette fièvre.

Il faut répéter ici ce qui a été dit plus haut de l'inflammation comme cause des tubercules, savoir : que la fièvre typhoïde ne les peut produire par elle-même, qu'elle ne les engendre pas facilement et toujours, mais seulement chez des sujets prédisposés et en dénaturant la nutrition générale. Si vague que soit ce mot de prédisposition, aussi longtemps qu'on ne peut pas en déterminer la nature, force est cependant de l'accepter comme un fait, sur la réalité duquel l'étude des maladies ne permet pas d'élever le moindre doute. Ce sont ces prédispositions qui, seules, peuvent rendre compte des maladies diathésiques.

II. REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.

Médecine et Chirurgie.

Des indications de l'anémie ; par M. TROUSSEAU, professeur de thérapeutique à la Faculté de médecine de Paris.

Nimiùm ne fide colori.

Pour beaucoup de médecins, l'anémic, bien que reconnaissant des causes médiates assez diverses, est cependant toujours identique à elle-même. Elle est constituée par un appauvrissement du sang. Le fluide nourricier est moins riche en globules, la sérosité devient prédominante, la fibrine restant dans les proportions normales.

L'anémie est le phénomène capital : lui

seul, il fournit une indication, celle de la médication reconstituante. Rendre au sang les globules qui lui manquent, en d'autres termes, rendre au sang sa composition normale, tel est le but que se propose le médecin, et, pour atteindre ce but, il semble que la thérapeutique nous fournisse des moyens faciles.

Je veux, dans cette courte dissertation, essayer d'établir:

1° Que l'anémie est un état très-différent de lui-même dans un grand nombre de cas; 2° Que la médication reconstituante est souvent inutile, quelquefois nuisible.

L'anémie la plus simple dans sa cause, la plus commune, peut-être, est celle qui résulte d'une ou de plusieurs hémorrhagics.

Si l'hémorrhagie a été abondante, si elle ne s'est répétée que pendant quelques jours, elle laisse de la faiblesse, de la pâleur, quelques désordres nerveux passagers; puis, après un temps ordinairement assez court, le sang reprend sa composition normale, sans que la thérapeutique ait eu besoin d'intervenir. Mais, si les hémorrhagics se sont souvent et longtemps répétées, l'anémie prend une forme chronique. L'expérience démontre que la maladie a d'autant plus d'opiniâtreté qu'elle a déjà duré plus longtemps.

Si le praticien veut réfléchir un instant sur ce dernier fait, si simple, si vulgaire, il sera frappé de cette vérité, savoir que la composition du sang est, à peu de chose près, la même après six mois qu'après un mois de maladie.

Si l'anémie était toute la maladie, sa durée ne ferait rien au traitement, elle devrait, toujours céder aux mêmes moyens, et avec la même facilité. Or, il n'en est rien. Si elle a été le résultat de quelques hémorrhagies qui se sont succédé rapidement, quelle qu'ait été l'abondance de l'hémorrhagie, et, par conséquent, la perte des parties cruoriques du sang, la restauration est ordinairement rapide, elle a lieu sans le secours de la médecine.

Mais, si l'anémie est venue graduellement ou bien encore si, imparfaitement guérie, elle se reproduit après de nouvelles hémorrhagies, désormais elle ne guérit plus spontanément, et l'art devra intervenir.

Il faut bien admettre que, dans ce dernier cas, les organes privés pendant longtemps de l'élément de composition qui leur est nécessaire, prennent des conditions nouvelles, qui ne leur permettent plus de suffire, par leur propre énergie, à la restauration des fonctions.

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Or, la résistance à la restauration spontanée de la santé est le premier indice d'une grave perturbation; et, plus tard, si le mal a duré davantage la restauration sera même vainement demandée aux agents thérapeutiques dont l'influence est ordinairement si rapide dans le cas où l'anémie n'a pas encore profondément altéré la constitution.

L'anémie, considérée à ce point de vue, n'est donc pas une simple altération du sang, c'est un état fort'complexe, analogue à celui que nous connaissons sous le nom de chlorose; et, comme la chlorose, elle a de l'importance et de la gravité.

Dans le début de ma carrière médicale, je m'étais habitué à considérer la chlorose comme une des affections les plus simples

que

et les plus faciles à traiter; mais à mesure l'observation mûrissait mon expérience, je trouvais à la chlorose une gravité que je n'avais pas soupçonnée. Alors, en regardant d'un peu plus près, je voyais que la chlorose survenait chez les jeunes filles, plus souvent à cause de la suppression qu'à cause de l'exagération du flux menstruel; qu'elle se développait quelquefois avec une rapidité extraordinaire, sans perte de sang, sans trouble dans les sécrétions; qu'elle était précédée, mais surtout accompagnée de désordres nerveux, plus variés, plus bizarres que ceux que l'on observe dans le cours des autres maladies anémiques; qu'elle pouvait durer pendant une longue suite d'années, ne cédant, ni au régime le mieux entendu, ni à cette série de médications dirigées contre les accidents multiples de la maladie; qu'elle semblait se guérir, à l'aide des mar tiaux, avec une facilité bien décevante, puisque bientôt, sans cause connue, ou bien à l'occasion de la cause la plus futile en apparence, elle reparaissait, toujours plus grave, toujours plus tenace, toujours plus étrange dans ses formes; qu'elle laissait souvent après la guérison, des traces presque indélébiles, quand elle avait duré longtemps, à ce point que les malades ne pouvaient, dans le reste de leur vie, débarrasser des névralgies, des troubles gastriques, des flux qui s'étaient manifestés pendant la chlorosc, et comme épiphéno. mènes de la chlorose.

se

Je me voyais donc forcé de reconnaître que, si l'altération du sang est un des traits caractéristiques de la chlorose, cette altération n'est pas tout, puisque deux maladies dans lesquelles la composition du sang est la même, l'anémie aiguë, suite d'hémorrhagie, et la chlorose, différent tant par leurs symptômes et surtout par leur gravité.

Pourtant, en considérant l'anémie à forme chronique, et la chlorose, au point de vue thérapeutique, ces deux maladies réclament un traitement analogue. Les médicaments ferrugineux, les toniques névrosthéniques, les antispasmodiques divers, le régime analeptique procurent, dans quelques cas, une guérison radicale, presque toujours un amendement considérable dans les symptômes.

Si donc l'anémie n'avait que les deux formes dont nous avons parlé jusqu'ici, le thérapeutiste risquerait peu de s'égarer.

Mais, bien souvent, l'anémie se manifeste sous l'influence d'une lésion organique, ou, tout au moins, s'accompagne de lésions organiques graves, et, alors, la médication, dirigée contre l'anémie, devient inutile et quelquefois dangereuse. L'albuminurie est une des causes les plus actives de l'anémie :

à son début, et lorsqu'elle ne s'accompagne pas encore d'hydropisie, il est besoin d'une grande attention pour la reconnaître; et, plus tard, lors même que la bouffissure du visage, l'œdématic des extrémités inférieures devraient, à défaut des autres signes, mettre le médecin sur la voie du diagnostic, on croit encore à la chlorose; et les toniques, les martiaux, outre qu'ils ne rendent pas au sang sa composition normale, augmentent encore la disposition aux phlegmasies si communes dans ce cas, et rendent plus violente et plus continue la fièvre qui accompagne quelquefois l'albuminurie. Je sais que M. Rayer a cru devoir conseiller les ferrugineux dans cette maladie; mais, à coup sûr, il a été conduit à cette médication, plutôt par la considération de la composition du sang que par l'expérience clinique : quant à moi, j'ai bien rarement eu à me louer de l'emploi du fer chez les malades qui avaient les urines albumineuses.

Ici, remarquons-le bien, l'anémie n'est, comme dans la chlorose, qu'un phénomène de la maladie; elle n'en est pas le fond; mais elle dépend d'une lésion plus profonde, plus inamovible que celle de la chlorose; et cette lésion, qui mérite une si sérieuse attention pour le diagnostic, n'en mérite pas une moindre pour le traitement.

Ce n'est pas que l'anémie, qui accompagne des affections cancéreuses, plus graves, certes, que les maladies du rein, ne puisse avantageusement être traitée par les martiaux, mais ici, il faut faire une distinction. Le fer, les toniques ne peuvent rien à la cachexie cancéreuse, caractérisée par cette coloration jaune-paille indiquée partout, et par un appauvrissement du sang, identique, en apparence, à celui de la chlorose; mais il peut beaucoup à l'anémie qui, chez les cancéreux, succède à de grandes hémorrhagies; souvent, en effet, chez de pauvres femmes, atteintes de carcinomes utérins encore peu avancés, lesquels ont été accompagnés de fréquentes métrorrhagies, l'anémie hémorrhagique simule l'anémie cancéreuse diathésique, dont elle diffère à tant d'égards et elle peut disparaître presque totalement par l'usage des martiaux, au point de faire luire, aux yeux des malades, des espérances de guérison si promptement suivies d'un cruel mécompte, tandis que les martiaux ne peuvent rien contre la décoloration du sang qui s'observe chez les cancéreux, avant qu'il n'y ait eu d'hémorrhagies.

Mais si, dans la diathèse cancéreuse pure, le fer ne fait aucun bien, toujours est-il qu'il n'aggrave pas la situation du malade.

En est-il de même dans toutes les diathèses? En est-il de même, surtout, dans la diathèse tuberculeuse?

Suivant moi, le fer est funeste dans la diathèse tuberculeuse des phthisiques : il est funeste, quand les tubercules sont ramollis ; il l'est tout autant, peut-être, quand aucune lésion locale ne décèle encore la maladie qui va devenir si grave.

Mais le fer n'est donné, en général, que lorsque surviennent quelques signes de chlorose, et c'est ici que le médecin a besoin de toute son attention, de toute sa sagacité, pour ne pas faire un mal irréparable.

Nous avons vu que le cancer, que l'albuminurie produisaient une anémie spéciale; il en est peut-être de même des tubercules.

Les considérations suivantes vont montrer, en effet, qu'il y a entre l'anémie chlorotique et l'anémie tuberculeuse certaines différences essentielles.

Et, d'abord, non-sculement nous croyons ces deux affections dissemblables, nous inclinons de plus à les croire opposées ou antagonistes. La chlorose bien caractérisée nous paraît exclure assez généralement la phthisie tuberculeuse ou tout au moins retarder beaucoup l'explosion de cette redoutable maladie, et, par conséquent, l'anémic chlorotique exclure aussi l'autre anémie.

Voilà, entre ces deux cachexies, une différence de nature accusée par la répugnance des deux affections à exister simultanément à un haut degré.

La thérapeutique vient, de son côté, attester cette différence. Elle nous montre le fer modifiant très-heureusement l'anémie chlorotique, et très-fâcheusement l'anémie tuberculeuse dans la plupart des cas.

Il est sans doute peu de praticiens qui, chez des jeunes filles issues de parents poitrinaires, ou qui ont eu elles-mêmes, dans leur enfance, des accidents scrofuleux, n'aient vu, vers l'âge de la puberté, se manifester une anémie dont tous les symptômes paraissaient ceux de la chlorose. La maladie était rebelle, cédait difficilement aux prépa rations ferrugineuses, s'accompagnait quelquefois de diarrhée, de toux, avait, dans certains cas, été précédée d'hémoptysic. Quelquefois, elle ne se révélait par rien qui mit sur la voie d'une affection tuberculcuse. Je veux bien admettre que la malade était anémique; mais je me demande si cette anémie, au lieu d'ètre franchement chlorotique, n'était pas le symptôme d'une diathèse qui, avant de se manifester par des lésions locales graves, préludait par une altération du sang, et par des troubles fonctionnels peu inquiétants, qui, à l'âge de la puberté, ressemblent singulièrement à la chlorose et ne sont peut-être qu'une chlorose gênée dans son développement par la coexistence d'une autre diathèse.

Il est vrai de dire que l'auscultation, prati

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