qu'on eut l'occasion d'observer différentes variétés de la luxation de la hanche. M. Seutin fit cesser toute traction, fléchit la jambe sur la cuisse, celle-ci sur le bassin et pendant qu'un aide agissait de bas en haut sur la partie postérieure et supérieure de la cuisse, il fit éprouver quelques mouvements de rotation à la cuisse qui se remit aussitôt.

§ VIII. HERNIES ÉTRANGLÉES.-A St.-Pierre, le taxis modéré continu et plus ou moins forcé est la règle; l'opération sanglante y constitue l'exception.

Après une réduction obtenue par le taxis, M. Seutin nous a dit qu'il venait de réduire sa vingt-et-unième.

§ 1X. OPHTHALMIES.

Deux cas d'ophthalmies purulentes ont été traités avec un plein succès, par la cautérisation au nitrate d'argent en crayon, conjointement avec les antiphlogistiques et les révulsifs énergiques.

SX. RÉTRÉCISSEMENTS URÉTHRAUX.-M. Seutin pratiqua l'opération de la boutonnière avec un plein succès.

Après le maintien de la sonde à demeure, on obtint une guérison si complète, qu'on ne remarqua point la moindre diminution dans le calibre du jet d'urine.

S XI. AFFECTIONS CANCÉREUSES.-M. Seutin n'y touche plus en quelque sorte, à moins d'un cancer superficiel de la peau.

Du moment qu'il aperçoit la moindre trace de diathèse, il les regarde comme des noli me tangere, et préfère les envoyer aux guérisseurs.

SXII. AMPUTATIONS.-La manière de faire de M. Seutin conduit à une médecine éminemment conservatrice. C'est ainsi qu'il ne fait presque plus d'amputation. Pour notre compte, au moins pendant ce semestre, nous ne l'avons vu enlever qu'un doigt, désorganisé par un panari.

Il tient dans ses salles des hommes atteints de podarthrocace envoyés par leur commune pour être amputés, et par sa méthode, il les met dans des positions telles qu'on a l'occasion d'épuiser sur eux tout ce que la thérapeutique interne aidée de l'hygiène renferme de plus efficace. Les malades ont beau demander l'amputation, il tâche de leur conserver leurs membres malgré eux. On aura bientôt oublié a St.-Pierre ce que c'est que le baume d'acier.

ANNEXES.

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Afin de démontrer tous les avantages de l'appareil amovo-inamovible, et pour mettre le lecteur à même de juger entre cette importante méthode et celle des pansements renouvelés, nous avons cru utile de joindre à ce travail les documents ci-après, qui émanent de la clinique chirurgicale de M. Seutin.

No 1. Lettre adressée à Messieurs les membres du Conseil général d'administration des hospices de Bruxelles.

MESSIEURS,

J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint le tableau détaillé du nombre des journées économisées au moyen du bandage amidonné, sur les blessés traités à l'hôpital St.-Pierre, pendant l'année 1840.

Ces blessés se divisent en trois catégories :

1o Ceux qui, ayant séjourné dans les salles, en sont sortis avant guérison, et se sont ensuite représentés à la consultation jusqu'à rétablissement.

2o Ceux qui ne se sont plus représentés; nous n'en tenons aucun compte. 3o Ceux qui ont été traités uniquement à la salle des consultations gratuites. Cinq cent trente-six malades ont été reçus dans la salle de chirurgie; sur ce nombre, sept cent quatre-vingt et une journées ont pu être économisées. Onze cent soixante et dix-huit malades ont été inscrits à la consultation gratuite; une économie de deux mille deux cent et trois journées a pu être faite sur ce nombre. En somme, Messieurs, économie de deux mille neuf cent quatre-vingt-quatre journées qui, estimées à quatre-vingt centimes, minimum du coût d'un blessé, rapportent un total de deux mille trois cent quatre-vingt-sept francs et vingt centimes (1)!

Ce tableau a été relevé scrupuleusement par notre élève interne, M. Simonart, d'après les registres tenus par nos internes.

Dans la pluralité des cas, sans la sécurité que donne notre méthode, les blessés qui figurent à ce tableau, eussent dû être maintenus ou reçus à l'hôpital.

Le chiffre de ces journées, à lui seul, Messieurs, répond suffisamment aux allégations qui auront pu vous être faites sur les dépenses que semble entraîner la section du linge, d'après notre méthode. Cette section, du reste, est loin d'être toujours indispensable; nous n'y avons guère recours que dans les cas de fracture; le même bandage a d'ailleurs plusieurs fois servi successivement à différents blessés. Lorsque, d'autre part, nous prévoyons que la section deviendra nécessaire, nous employons d'habitude du linge vieux, usé, presque hors de service. La cure achevée, les débris du bandage peuvent encore être utilisés à la formation de bandes, de bandelettes séparées, de charpie, et de compresses à saignées, et de linge fenêtré, etc.

Pour les blessés de la consultation et les blessés sortants, nous avons du linge vieux, taché, hors de service dans les salles ; souvent même des lambeaux rapiécés de méchants mouchoirs, de vieilles toiles de matelas et paillasses, y sont appropriés.

Il est constant d'ailleurs, Messieurs, que, dans notre méthode, le blessé n'étant

(1) Aujourd'hui le minimum est de un franc et vingt-cinq centimes, ce qui donnerait un total de trois mille sept cent et trente francs.

pas assujetti à nn repos continu au lit, n'use guère les literies comme il n'en arrive que trop souvent dans la méthode ancienne, ainsi que j'eus l'occasion d'en faire encore la triste remarque, lors de mon dernier voyage à Paris, dans le service d'une célébrité chirurgicale, où un fracturé de cuisse avait littéralement usé drapfanon, drap de lit et matelas ; que, d'autre part, les dispendieux sommiers en crin, les nombreux remplissages, les attelles variées, les topiques pharmaceutiques deviennent le plus souvent superflus; que le patient est soustrait, dans l'immense majorité des cas, aux affections nosocomiales, aux gangrènes par décubitus, aux pneumonies hypostatiques, etc., etc., qui viennent entraver, retarder la marche des blessures chez les personnes depuis longtemps alitées.

Enfin, Messieurs, l'expérience a mis hors de doute aujourd'hui, qu'une compression bien ménagée, le repos des parties malades, que permet si avantageusement le bandage amidonné, activent puissamment et souvent plus que toute autre médication, la cure des lésions chirurgicales.

Ces réflexions dénuées de toute exagération, vous en diront assez, je pense, Messieurs, pour éloigner de vous l'idée que l'emploi du bandage amidonné puisse nuire à la sage économie que vous aurez su répandre sur cet établissement de charité; elles vous convaincront, au contraire, qu'il est un moyen puissant de réaliser vos vues philanthropiques.

Une autre espèce de bandage, le bandage en papier de M. Laugier, de Paris, a semblé promettre dans ces derniers temps une grande économie. A plusieurs reprises, nous en avons fait l'essai dans notre service. Nous avons pu constater que cette importation chirurgicale, utile d'ailleurs, ne répondait qu'imparfaitement à l'attente. Le bandage Laugier, en effet, ne peut guère servir qu'une seule fois ; ses débris ne peuvent être appropriés à un autre usage; son application réclame beaucoup de temps (dont l'économie est très-précieuse dans des services étendus), et ne peut être généralisé à tous les cas de fracture. Il est loin de fournir cette sécurité, cette flexibilité que revêt notre méthode.

Agréez, etc.

Bruxelles, le 1er janvier 1841.

Était signé : Docteur SEUTIN, chirurgien en chef de l'hôpital St.-Pierre.
Certifié semblable: Le directeur de l'hôpital,

MALUIN.

RELEVÉ DES JOURNÉES ÉPARGNÉES AU SERVIC

PENDANT L'ANNÉE 1840 P