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Par le refroidissement, une légère quantité d'une substance brune se décompose, on décante et on ajoute au liquide une quantité d'alcool à 95 ou 96 pour 100, suffisante pour précipiter tout le digitalate de baryte qui peut avoir échappé à la décomposition. On évapore sous la pompe pneumatique jusqu'à ce que d'abondants cristaux soient formés.

Dans toutes ces opérations, il est nécessaire d'éviter autant que possible le contact de l'air, car l'acide digitalique se transforme en une substance brune. Malgré l'évaporation sous la pompe, on ne peut empêcher la formation de cette substance colorée; aussi les cristaux se forment-ils au milieu d'un liquide de couleur foncée. Plus on aura pu éviter l'action de l'air, plus on obtiendra de produit pur.

Pour retirer les cristaux, on les sépare par le filtre et on les exprime dans du papier non collé.

L'acide ainsi obtenu est encore jaune; on le reprend par un peu d'alcool, on évapore sous la pompe pneumatique et on obtient des cristaux blancs.

Propriétés. L'acide digitalique est très-soluble dans l'eau et dans l'alcool, mais beaucoup moins dans l'éther.

Il cristallise très-bien en aiguilles surtout quand on l'obtient d'une solution alcoolique.

Il possède une légère odeur qui lui est propre; en le chauffant, cette odeur augmente; la vapeur qui se forme est suffocante; respirée en très-petite quantité, elle provoque la toux.

A une température plus élevée, l'acide fond, devient noir et brûle avec une flamme blanche. Il laisse un charbon facile à incinérer et qui ne donne point de résidu. Par l'action de la chaleur, il ne produit point d'ammoniaque.

L'acide pur est parfaitement blanc, mais l'action de la lumière, de l'air et de la chaleur étant très-grande, le transforme facilement en un produit brun noir, qui colore les solutions et dont on a beaucoup de peine à se débarrasser; c'est pourquoi les plus grandes précautions doivent être prises pendant la préparation. En effet l'acide pur dissous dans une petite quantité d'cau, peut être transformé, pendant l'évaporation au bain-marie, en une substance fortement colorée. Cette substance est elle-même acide, insoluble dans l'eau, peu soluble dans l'éther, se dissolvant très-bien dans l'alcool.

L'acide digitalique devient brun encore plus promptement sous l'influence des substances alcalines, aussi dans la préparation faut-il éviter l'emploi d'un excès de baryte. Il a une saveur acide qui n'est pas désagréable.

Il rougit immédiatement le papier de tournesol.

Il chasse l'acide carbonique de ses combinaisons et forme des digitalates. Il se combine aussi directement avec les oxydes basiques.

Les sels solubles deviennent facilement jaunes à l'air.

Les sels que j'ai obtenus, sont :

Digitalate de soude. En saturant exactement du carbonate de soude par l'acide digitalique et évaporant sous la pompe pneumatique.

Il est blanc et cristallise très-bien, mais à l'air il devient promptement jaune, ainsi que sa solution.

Il est très-soluble dans l'eau.

Digitalate de potasse, s'obtient comme celui de la soude; il est très-soluble, et cristallise difficilement.

Digitalate de magnésie, par l'acide et le carbonate demagnésie, soluble dans l'eau. Digitalate de baryte, par saturation de l'acide au moyen de baryte ou de carbonate de baryte, soluble dans l'eau. Insoluble dans l'éther et dans l'alcool, fort incolore. Mais à l'air et à la chaleur, il passe au brun.

Digitalate de chaux, s'obtient comme celui de baryte avec lequel il y a une grande analogie; étant insoluble dans l'éther et dans l'alcool, il peut servir à la préparation d'acide digitalique.

Digitalate d'oxyde de zinc, en traitant le carbonate d'oxyde de zinc par l'acide digitalique, on filtre et on évapore sous la pompe pneumatique.

Le sel formé est acide malgré un excès de carbonate. On obtient d'abord un sel transparent, ayant l'aspect d'une solution de gomme desséchée à moitié. Mais au bout de quelques jours, il se transforme en une foule de petits cristaux qui offrent l'apparence d'une très-jolie arborisation.

Ce sel jaunit à l'air moins facilement que les précédents.

Digitalate d'oxyde de plomb, sel blanc, pesant, insoluble.

Digitalate d'oxyde de cuivre, sel verdâtre, insoluble.

Digitalate d'oxyde d'argent, sel blanc, soluble dans l'acide azotique, insoluble dans l'eau.

Une solution de digitalate de soude donne avec le sulfate de protoxyde de fer un précipité floconneux abondant, et avec l'acétate de peroxyde de fer ne donne point de changement.

Ces réactions ne permettent pas de confondre l'acide digitalique avec l'acide gallique.

Probablement cet acide n'existe point combiné à la digitaline, car, après avoir

traité l'extrait aqueux par l'alcool, on obtient un abondant précipité brun, qui n'a plus d'amertume, ainsi que je l'ai indiqué, mais qui offre une réaction acide et dont on peut retirer en effet de l'acide digitalique. Les propriétés de l'acide digitalique, comme acide, me paraissent assez bien établies. On pourra peut-être objecter qu'il prend naissance sous l'influence des substances dont je me sers pour l'obtenir et en particulier par l'emploi de la baryte. Je répondrai par les observations sui

vantes :

1o Le suc de la digitale offre une réaction acide au moment même où on l'obtient. 2o Le produit du traitement des feuilles sèches par l'eau, par l'alcool ou par l'éther est également très-acide.

3o Si on prend la solution alcoolique ou la solution éthérée obtenue pendant la préparation et qu'on la sature par l'oxyde de plomb, le liquide reste amer et il se forme un précipité; si après l'avoir lavé à l'eau et à l'alcool, on le traite par l'acide sulfhydrique, dont on chasse ensuite l'excès, on obtient une solution très-acide, dont on peut retirer l'acide par cristallisation.

Ce procédé est peut-être meilleur que celui que j'ai décrit, lorsqu'on ne veut pas recueillir en même temps le principe amer; ici l'action de la base employée n'est pas assez énergique pour faire admettre la formation d'un produit secondaire.

40 Si même on redoute l'action basique de l'oxyde de plomb, on peut remplacer cet oxyde par du carbonate de plomb qui conduit exactement au même résultat.

5 Jusqu'au point de l'opération où on emploie la baryte, on a fait usage seulement d'eau, d'alcool et d'éther. Je me sers d'une base pour séparer l'acide digitalique de la digitaline, comme facilitant l'évaporation, on pourrait n'employer aucun réactif; en effet par l'évaporation seule, on obtient une masse cristalline; par expression dans du papier non collé et cristallisations répétées, on recueille l'acide pur avec les propriétés que je viens d'indiquer.

Principe acide volatil ou acide antirrhi

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nique.

Préparation. On distille les feuilles de digitale pourprée avec une grande quantité d'eau, tant que le produit est odorant et rougit le papier de tournesol.

Le liquide distillé doit être saturé par un léger excès de baryte caustique, puis évaporé à siccité au bain-marie. On obtient un produit ayant une odeur analogue à celle du benjoin.

La poudre obtenue est mêlée avec un égal volume d'acide oxalique puis distillée

au bain-marie dans une cornue de verre. On recueille un produit très-odorant; on ajoute de l'eau dans la cornue, on distille, et ainsi à plusieurs reprises, tant que le produit possède encore une odeur forte.

On rectifie ensuite au bain-marie sur du chlorure de calcium; on obtient pour premier produit une solution aqueuse saturée à la surface de laquelle nage de l'acide pur sous forme de gouttes huileuses. Observations. La quantité de produits obtenue est successivement faible, ce qu'on doit prévoir, puisque la digitale est fort peu odorante.

La plante fraiche donne un produit plus abondant que la plante sèche.

Au lieu d'acide oxalique, on peut employer de l'acide sulfurique dilué; cependant, par la concentration, ce dernier décompose facilement le mélange contenu dans la cornue.

Une base quelconque peut être employée au lieu de baryte.

Propriétés. L'acide antirrhinique est un principe volatil d'apparence huileuse, incolore, rougissant fortement le papier tournesol.

Il se dissout dans l'alcool.

En contact avec l'eau, il se transforme en pellicules blanches qui sont probablement un hydrate et qui finissent par se dissoudre.

Sa saveur est désagréable.

Son odeur est analogue à celle de la digitale fraîche pilée et qui pour la plante sèche se retrouve dans le premier produit de la distillation.

La solution concentrée, réopérée à plusieurs reprises, procure facilement le mal de tête et peut même donner des étourdis

ments.

L'acide antirrhinique offre beaucoup d'analogie avec l'acide valérianique, la préparation en est presque la même ; elle pourrait n'en différer en rien.

J'ai étudié cet acide d'une manière encore trop incomplète, pour lui assigner un nom qui rappelle l'une de ses propriétés caractéristiques, mais donnant le nom d'acide digitalique à un acide bien déterminé, je propose pour celui-ci le nom d'acide antirrhinique afin d'indiquer que je l'ai retrouvé dans plusieurs espèces du genre digitalis et même dans d'autres genres de la famille des antirrhinées.

(Journal de Pharmacie et de Chimie, avril 1845.)

Sur l'iodure de potassium : par C. F. SCHÖNBEIN. C'est un fait bien connu des chimistes que l'acide sulfurique fortement étendu ne décompose pas l'iodure de potas

sium à la température ordinaire; c'est-àdire qu'il ne sépare pas l'iode de ce sel, que par conséquent l'empois d'iodure de potassium n'est pas bleui par de l'acide sulfurique étendu. Ainsi que l'ont fait voir les recherches de M. Millon et les miennes propres, l'acide nitrique lui-même, lorsqu'il est tout à fait exempt d'acide nitreux et suffisamment étendu d'eau, ne décompose pas le sel indiqué; mais si ce dernier contient seulement des traces d'iodate de potasse, sa dissolution aqueuse bleuira l'empois d'amidon, si on y ajoute un peu d'acide sulfurique ou phosphorique étendu, ou de tout autre acide inorganique ou organique tant soit peu énergique. Il va sans dire que l'acide sulfureux forme une exception.

Ainsi, pour découvrir la plus petite quantité d'iodate de potasse dans l'iodure de potassium, on fait dissoudre le sel à essayer dans de l'eau, on le mélange avec un peu d'empois d'amidon et on y ajoute de l'acide sulfurique étendu. Si la coloration bleue a lieu, c'est une preuve de la présence de l'iodate de potasse.

Je n'ai pas trouvé, jusqu'à ce jour, d'iodate de potasse dans les iodures de potassium du commerce que j'ai essayés; mais j'ai obtenu des réactions bleues prononcées avec de l'iodure de potassium qui avait été préparé avec un grand soin, et que l'on avait par conséquent annoncé comme chimiquement pur.

Tout iodure de potassium obtenu par décomposition de l'iodure de fer ou de l'iodure de zinc avec du carbonate de potasse ne présente pas la coloration en question. Quant à l'iodure de potassium que l'on obtient par la décomposition de l'iodure de fer ou de zinc à l'aide de l'hydrate de potasse, il peut, suivant les circonstances, bleuir ou non l'empois. Lorsque l'hydrate de potasse employé, dissous dans de l'eau et légèrement sursaturé par de l'acide sulfurique, bleuit l'empois d'iodure de potassium, l'iodure de potassium, qu'il a servi à obtenir, colorera aussi l'empois par l'addition d'un acide : mais si l'hydrate de potasse ne possède pas la propriété indiquée, l'iodure de potassium qu'on en retire ne peut pas non plus bleuir l'empois d'amidon.

L'iodure de potassium préparé avec de l'iode et une dissolution de potasse caustique bleuit toujours sensiblement l'empois d'amidon, quelque prolongée et quelque forte qu'ait été la calcination à laquelle on l'a soumis pour décomposer l'iodate de potasse qui s'y forme.

Cette coloration bleue provient-elle toujours de l'iodate de potasse qui s'y trouve? je ne veux pas le décider, quelque tendance qu'on puisse avoir à admettre cette opinion.

Peut-être les faits suivants dont j'ai déjà fait mention dans mon opuscule Sur la production de l'ozone par la voie chimique, ontils du rapport avec le phénomène dont je viens de parler. Si on fait fondre à l'air libre dans une cuiller de platine de l'iodure de potassium, qui, en dissolution dans de l'eau aiguisée d'acide sulfurique, ne colore pas d'empois d'amidon, l'empois que l'on tient au-dessus du sel chauffé se colore en bleu pendant longtemps, et si après avoir entretenu ce dernier en fusion pendant une demi-heure environ, on le dissout dans de l'eau aiguisée d'acide sulfurique, l'empois ajouté à une parcille dissolution se colore sensiblement en bleu. Si on dissout dans de l'eau distillée de l'iodure de potassium qui ne présente pas la réaction bleue indiquée, qu'on imbibe de cette dissolution un morceau de toile propre, et qu'on le laisse pendant quelques jours exposé à l'air, le tissu paraît légèrement bruni en beaucoup d'endroits et notamment aux bords. Si on traite cette toile par de l'eau, on obtient une liqueur coloriée en jaune clair, qui colore sensiblement en bleu l'empois d'amidon. Si on chauffe la dissolution jaunâtre jusqu'à complète décoloration, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'elle ne renferme plus aucune trace d'iode libre et qu'on l'acidule avec une petite quantité d'acide sulfurique étendu, l'empois d'amidon que l'on y ajoutera deviendra bleu.

J'ai fait également, dans l'opuscule mentionné, la remarque que l'empois d'iodure de potassium exposé à l'action de l'air libre se colore assez promptement en bleu, mais que cette réaction n'a pas lieu dans un espace d'air clos. On a aussi souvent observé déjà que des cristaux incolores d'iodure de potassium sont devenus jaunes avec le temps, et que du papier mis en contact avec de l'iodure de potassium se colore en brun jaune.

Tous ces faits prouvent que l'iodure de potassium n'est pas une combinaison aussi stable qu'on l'admet ordinairement, et que l'air atmosphérique décompose plus ou moins promptement suivant les circonstances le sel en question. Mais les chimistes n'ont pas encore, que je sache, accordé à ces phénomènes de décomposition une attention particulière, quelque dignes qu'ils en paraissent.

Or, il est avant tout intéressant de savoir de quelle manière de l'iode se sépare de l'iodure de potassium dans les circonstances indiquées, et quelle est la nature de la substance qui cause la réaction bleue en question. Serait-ce de l'iodate de potasse? Les chimistes prétendent que ce sel se décompose par la chaleur, précisément comme le chlo

rate de potasse, c'est-à-dire, en iodure de potassium et en oxygène. Or, s'il en est réellement ainsi, comment se forme-t-il de l'iodate de potasse dans les mêmes circonstances que celles où s'opère la décomposition de ce sel? Comment, lorsqu'on chauffe au rouge l'iodure de potassium, ce sel s'oxydet-il partiellement pour former de l'iodate de potasse, si ce dernier perd son oxygène par la chaleur rouge? Et pourquoi l'iode se sépare-t-il par la chaleur de l'iodure pur? On peut aussi demander pourquoi on voit paraitre de l'iode libre, si on expose une dissolution de l'iodure de potassium à l'air libre à la température ordinaire. Le rapport de l'iode au potassium est le même dans l'iodate de potasse que dans l'iodure de potassium. Or, si l'on admet aussi que ce dernier sel peut, dans son contact avec l'air à la température ordinaire et à une température plus élevée, absorber de l'oxygène et se transformer partiellement en iodate de potasse, on ne voit pas bien pourquoi de l'iode doit être alors mis en liberté. Ainsi donc les phénomènes en question ne sont pas encore, à mon avis, si faciles à expliquer et pour pouvoir les comprendre il faut encore des recherches nouvelles et exactes.

Je ne puis pas m'empêcher de mentionner ici une observation que j'ai faite, et qui est également citée dans mon opuscule sur l'ozone. Si on fait fondre, même pendant peu de temps, de l'hydrate de potasse au contact de l'air atmosphérique, qu'on le fasse dissoudre dans de l'eau et qu'on le sursature légèrement par de l'acide sulfurique, il bleuira sensiblement l'empois d'iodure de potassium qu'on aura mis dans sa dissolution. Il se comportera en général précisément comme une dissolution de potasse qui a été traitée pendant longtemps par un atmosphère d'ozone, et a été également sursaturée par de l'acide sulfurique. Dans le cas présent la réaction bleue ne peut guère cependant provenir de l'iodate de potasse et doit avoir sa cause prochaine dans quelque autre combinaison qui se forme par la calcination de l'hydrate de potasse à l'air. Or, la fusion de l'iodure de potassium à l'air libre ne pourrait-elle pas donner lieu à la production de la même substance qui se forme par la calcination de l'hydrate de potasse? Et cette combinaison serait-elle du peroxyde de potassium? J'ai indiqué, dans mon opuscule sur l'ozone, les raisons qui m'empêchent de partager cette opinion.

Je ferai encore remarquer, en terminant, que l'empois mélangé d'iodate de potasse qui contient de l'iodure de potassium est, pour les acides libres, un réactif dont la sensibilité rivalise avec celle du papier de tournesol. La plus petite quantité d'acide

libre, qui se trouve dans de l'eau, le colore en bleu foncé. (Journal für praktische chemie, vol. XXXIV, cah. 1, p. 42.)

Je

Du Santonin; par M. le professeur PERETTI, de l'archigymnase de Rome. donne le nom de santonin, et non de santonine, à une substance cristallisée, découverte, presque en même temps, par MM. Kthler et Almi (1) dans l'Arthemisia contra santonica judaïca, appelée vulgairement semence sainte. Cette substance présente, d'après les auteurs cités, les caractères suivants : elle est neutre, cristallisée en prismes aplatis à 6 faces tronqués obliquement au sommet, sans couleur et sans saveur sensibles, si ce n'est qu'après une longue mastication on y remarque un peu d'amertume. Elle réfracte la lumière, qui lui communique en peu d'instants une couleur jaune. Elle n'éprouve dans l'obscurité aucune coloration; elle est peu soluble dans l'eau et dans l'alcool froids; soluble dans l'alcool chaud, dans l'éther et les huiles grasses et volatiles; ces solutions ont une saveur très-amère. Elle se fond à une température de 135 à 136o en un liquide incolore qui, par le refroidissement, se prend en une masse cristalline. A une température plus élevée, elle se transforme en vapeurs blanches, denses, qui, en prenant beaucoup de précautions, se condensent en aiguilles sans que la substance ait éprouvé d'altération : elle se dissout dans l'acide sulfurique concentré, et quand on ajoute de l'eau à cette dissolution, le santonin se précipite. L'acide acétique concentré le dissout parfaitement, et, par l'évaporation, le santonin se précipite sans altération de forme avec la plupart des oxydes métalliques forme des combinaisons qui sont jusqu'à un certain point solubles dans l'eau. Les solutions saturées ne supportent pas l'ébullition. Si les oxydes sont insolubles dans l'eau, ils se précipitent, et le santonin cristallise par le refroidissement.

Après avoir étudié les caractères qui appartiennent au santonin et les procédés pour l'obtenir, je me suis occupé à rechercher ses propriétés électro-chimiques et s'il était susceptible de saturer les oxydes métalliques ou s'il saturait lui-même les acides. Dans ce but, j'ai pris du santonin cristallisé trouvé dans le commerce, je l'ai fait bouillir dans une capsule de porcelaine avec de l'eau et de la potasse, et j'ai observé que la liqueur n'exerçait pas d'action sur le papier de curcuma; je filtrai, et, après le refroidissement, je remarquai qu'il s'en était séparé quelques petits cristaux. La liqueur conservait son

(1) Chimie de Berzelius.

état de neutralité, je l'introduisis dans un tube en U, dans lequel je fis plonger des fils de platine, et y faisant passer un courant d'air électrique, je la vis se troubler. En Essayant les liqueurs par les papiers réactifs, j'observai que le papier de curcuma rougissait au pôle négatif et le papier de tournesol au pôle positif, et je m'assurai par là que le santonin jouit d'une propriété électro-négative, et j'en conclus que ce corps jouissait des propriétés acides, comme l'avaient soupçonné Thomson et Liebig, qui le regardent comme ressemblant à beaucoup d'acides gras.

Ne trouvant pas satisfaisants les procédés publiés jusqu'ici sur le santonin, ni suffisamment nets les caractères indiqués pour ce corps, j'ai d'abord recherché à quel état il se trouvait dans la semence, s'il était combiné avec un oxyde ou dissous dans un acide. M. Kahler annonce avoir trouvé dans l'extrait éthéré de semence sainte un acide qui forme un sel cristallisable, mais je ne sais s'il entend que cet acide forme un sel cristallisable avec le santonin ou quelque oxyde métallique.

La décoction de semence sainte est acide, en versant peu à peu de la potasse pour saturer l'acide libre, j'eus un précipité jaune abondant qui fut séparé par la filtration: a liqueur évaporée en consistance de sirop donna par refroidissement un résidu visqueux dans lequel se trouvaient quelques cristaux irréguliers; ce résidu fut traité par l'alcool et le tout jeté sur un filtre; les cristaux furent dissous dans l'eau bouillante, et la liqueur filtrée de nouveau déposa bientôt des cristaux en prismes quadrilatères, diaphanes et très-réguliers; si dans l'eau mère on verse du nitrate d'argent ou du chlorure de calcium, on obtient un précipité blanc. Ce précipité, séché et introduit dans un tube de verre fermé à une extrémité et chauffé à la lampe à alcool, ne noircit pas, et il ne se produit aucune action sur les papiers réactifs; chauffé dans une capsule de platine à feu nu, il laisse un résidu alcalin sans charbon. Si on verse dans une dissolution de ce sel de l'acide oxalique, il se produit immédiatement de petits cristaux qui se précipitent au fond du liquide. Ce caractère et divers autres signalés antérieurement me firent présumer que l'acide libre que l'on retrouve dans la semence sainte est l'acide oxalique; mais considérant que l'oxalate neutre de potasse cristallise difficilement, j'abandonnai cette manière de voir. Je me réserve de revenir sur ce sujet et de chercher à me procurer une plus grande quantité du même sel; pour le moment, je me contenterai de dire qu'en traitant par l'alcool bouillant le précipité jaune obtenu en

versant de la potasse dans la décoction de semence sainte, faisant bouillir et décolorant par le charbon animal, j'ai obtenu du santonin que j'ai retiré également en décolorant l'alcool qui a servi à dissoudre l'extrait d'où s'est séparé le sel dont nous venons de parler. Ayant reconnu les caractères électrochimiques du santonin et sa propriété de saturer les bases, j'ai examiné les cristaux déposés par le refroidissement du produit de l'ébullition de semence sainte avec la potasse, que je considère comme une combinaison d'acide santonique et de potasse, et que je désignerai sous le nom de santoniate. Ces cristaux, n'ayant pas de formes régulières, étaient un mélange de prismes, de lamelles, etc., d'une saveur à peine sensible, peu soluble, dans l'alcool froid, solubles dans l'alcool bouillant, qui laissa déposer par le refroidissement de petits prismes aiguillés réunis en faisceaux.

Soumis à l'action de la chaleur, ces cristaux fondent en un fluide incolore qui par le refroidissement se prend en une masse eristalline.

Par l'augmentation de la température, le fluide prend une couleur rubis obscure, répand des vapeurs empyreumatiques, et ne laisse pas de résidu charbonneux, mais une substance blanche soluble dans l'eau qui rougit le curcuma, ramène au bleu le tournesol rougi par un acide et fait effervescence avec les acides, caractères du carbonate de potasse. Le sel dont nous nous occupons est donc du santoniate neutre de potasse, et celui qui se trouve dans le commerce, du bisantoniate.

Une décoction de semence sainte, outre qu'elle est acide, précipite en noir les sels ferreux bien saturée, elle a une couleur jaune foncée et conserve sa transparence jusqu'à son ébullition; mais, par le refroidissement, elle se trouble, et, abandonnée à elle-même, elle dépose une substance granuleuse d'un gris jaunâtre, d'une saveur amère et astringente qui, mouillée avec une dissolution de sel de fer, devient noire. Cette matière paraît être une combinaison d'acide tannique et de bisantoniate de potasse. Malgré que le liquide ait laissé déposer la substance susindiquée, elle continue à être trouble, et, gardée en repos, elle laissé déposer un nouveau précipité. Ce second précipité est presque blanc.

Ces deux précipités traités par l'alcool bouillant, on obtient par le refroidissement du bisantoniate de potasse cristallisé. Versé dans l'eau, le liquide la rend laiteuse, et, par un repos de quelques jours, on en obtient une nouvelle quantité de bisantoniate.

Les deux dissolutions alcooliques décolorées par le charbon animal et transformées

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