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N'est-ce pas éluder la question, que de répondre ainsi ? n'est-ce pas inviter l'auteur de la proposition à la résoudre lui-même? Une semblable conclusion, si l'Académie l'adoptait, serait plus propre à déprécier qu'à recommander une méthode à laquelle il faut bien, cependant, reconnaître une supériorité incontestable sur les autres, une méthode que nous devons admettre, non parce qu'elle est une découverte nationale, mais parce qu'elle est bonne et réunit en elle une foule d'avantages que n'ont pas les autres.

Avant de terminer, nous devons prendre acte des paroles de M. Graux, qui, dans la discussion, a déclaré à l'Académie, que la Commission n'ayant pu s'entendre avec M. Seutin pour examiner la question d'une manière générale, le rapport ne ressemblait en rien à ce qu'elle se proposait de faire. « Ce n'est point, à proprement parler, a-t-il dit, un rapport, c'est un mezzo-termine auquel nous avons dû avoir recours pour ne pas être dans la nécessité de déclarer à la Compagnie que nous n'avions trouvé aucun moyen de nous entendre avec M. Seutin..

Espérons que dans la discussion qui va suivre, une meilleure entente permettra d'examiner la question sous son véritable point de vue.

En attendant, et pour contribuer, autant qu'il est en nous, à la solution de la question, nous invitons nos confrères à nous faire parvenir les observations qu'ils ont été à même de recueillir dans leur pratique, pour ou contre la méthode inamovible. Nous nous empresserons de leur donner place dans ce journal, en nous réservant toutefois le droit de discuter les opinions qu'ils pourraient avancer. J. R. MARINUS.

Note relative à la monėsia; par le docteur FALLOT.

J'ai publié dans ce journal, il y a peu de mois (août 1844), l'histoire d'une guérison de chlorose, dans laquelle j'avais cru pouvoir revendiquer une large part pour l'extrait de monesia, en tant qu'immédiatement après son administration, on avait obtenu la disparition d'une leucorrhée qui avait résisté à celle d'une foule d'autres moyens. Je' renvoie à l'observation même pour les détails. Je crois de mon devoir de faire connaître aujourd'hui, qu'à peine la jeune personne qui en fait l'objet a-t-elle été rentrée chez-elle et a-t-elle eu repris sa vie habituelle, sa leucorrhée a reparu, et, peu de temps après, la cardialgie. On recourut inconti

nent et avec confiance à la monesia, mais sans aucun succès, quoiqu'on ait persévéré dans son emploi, qu'on y soit revenu à plusieurs reprises, après en avoir momentanément suspendu l'usage, et qu'on en ait varié plusieurs fois le mode d'administration. — C'est au quinquina et au fer qu'on doit ce qu'on a obtenu jusqu'à présent d'amélioration.

II. REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.

Médecine et Chirurgie.

Du galvanisme dans l'amaurose; par le docteur M. A. FINELLA, de Saluces. (Mémoire lu à la section de médecine du sixième Congrès scientifique italien, à Milan, dans la séance du 17 septembre 1844.) (Traduit de l'italien, par M. le docteur RAIKEM). La découverte de l'électricité et des lois qui la gouvernent exerça sur les sciences physiques et naturelles, une heureuse influence qui les fit marcher rapidement dans la voie du progrès. La chimie et les arts firent aussitôt la plus utile application de ce fluide; et la médecine, ne tardant pas à l'appeler à son secours, l'essaya dans les paralysies récentes et chroniques des muscles et des organes des sens, dans les épilepsies, dans la danse de S.-With, dans les tremblements des doreurs sur métaux, dans les asphyxies; dans les rhumatismes aigus et chroniques et dans la goutte; dans l'aménorrhée et la dysmenorrhée; dans les engorgements lymphatiques; dans les fièvres laiteuses et même dans les fièvres intermittentes. Comme l'empirisme, ou plutôt même l'enthousiasme avait alors guidé quelques expérimentateurs à préconiser le traitement électrique dans des maladies si nombreuses et si disparates; il n'est pas étonnant que, n'ayant pas toujours correspondu aux espérances conçues, le zèle pour l'employer vint à se refroidir, à mesure que diminuait chez eux la passion pour cette nouveauté, et qu'il finit par tomber dans l'oubli de manière qu'on peut bien dire que, pendant plus de six lustres, l'électricité n'était plus appliquée que dans les cabinets de physique et dans les laboratoires de chimie, tant la curiosité médicale, ainsi que la curiosité publique qu'elle avait d'abord excitée, s'étaient affaiblies. Cependant, les médecins, appuyés sur une physiologie plus saine et éclairés par une contemplation plus attentive des souffrances humaines, soumirent, dans ces derniers temps, ce fluide à de nouvelles investigations et à de nouveaux essais, et en ayant circonscrit l'application aux seuls cas pour lesquels une philosophie plus rationnelle y donnait son assentiment, la science en obtint des résultats beaucoup plus évidents et plus heureux. Il ne pouvait en être autrement, depuis que, ayant reconnu, sinon l'identité, du moins la grande analogie de ce fluide avec celui qui parcourt nos nerfs, dont il fut aussi reconnu comme le stimu

lant le plus prompt et le plus puissant, on l'emploie quand celui-ci se trouve en défaut. Aussi, est-ce avec un grand succès que l'électricité est aujourd'hui appliquée dans les diverses espèces de paralysie qui ne sont plus maintenues par l'éréthisme vasculaire, qui sont entièrement privées de toute espèce de tension phlogistique, parmi lesquelles on doit ranger l'amaurose dite nerveuse. - Et quoique la plupart des auteurs de clinique ophthalmique recommandent hautement l'électricité contre cette maladie, on rencontre dans les fastes de l'art un très-petit nombre d'exemples détaillés et sincères de guérisons obtenues par ce moyen. - Pour remplir en quelque sorte cette lacune, je vais exposer brièvement deux observations d'amaurose, dont l'une a été guérie et l'autre a été très-sensiblement améliorée par le galvanisme. Puissent ces deux faits, qui témoignent si manifestement de l'efficacité du galvanisme, engager les médecins à en tenter l'usage dans cette maladie qui, quand elle est devenue rebelle aux autres traitements, prive l'homme de l'un des plus grands biens qui lui sont départis ici-bas, celui de la vue!

M...o L..., âgé

1re Observation. d'environ 16 ans, détenu dans les prisons de Saluces, pendant les premiers jours d'avril 1844, fut atteint du typhus contagieux qui y régnait. La maladie offrit beaucoup de gravité. Dans la période nerveuse, la surdité la plus complète s'associa à un délire continu; il n'aurait fallu rien moins que le bruit du canon pour le faire ouir, de manière qu'on ne pouvait s'en faire entendre, en lui parlant même à très-haute voix. A mesure que cette période avançait et que la maladie progressait vers la résolution, la cophose diminua aussi graduellement pour cesser tout à fait vers la fin du quatrième septénaire. Ce fut alors que, ayant entièrement récupéré la plénitude de ses facultés mentales, M...o commença à se plaindre que tout était obscur; nuit profonde pour lui, et nous pensâmes alors que l'amaurose la plus complète allait succéder à la surdité. La pupille était très-dilatée et l'iris, des deux côtés, n'avait pas plus d'un millimètre de hauteur. Il n'existait ni de céphalalgie, ni d'autre incommodité; l'appétit était excellent, les digestions se faisaient très-bien, et au bout de quelques semaines la santé fut

parfaitement rétablie; mais il ne voyait ni peu, ni point: tout était pour lui et autour de lui, noir comme du charbon, et il me perçait le cœur en se plaignant continuellement qu'il n'y avait plus pour lui de lumière au monde. Néanmoins, je ne voulus alors recourir à aucun remède pharmaceutique pour la cure de cette amaurose; je voulais rester en expectative de ce qu'allait opérer la nature abandonnée à elle-même, parce que, de la même manière que la cophose s'était entièrement dissipée, celle-ci pouvait aussi se résoudre avec le temps. Mais cet espoir ne se réalisa pas. Touché finalement par les prières que m'adressait cet infortuné, je me déterminai à le soumettre à des expérimentations galvaniques à courant continu, en me servant de la pile de Wollaston, modifiée par Faraday.

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La première expérimentation eut lieu le 3 août 1841. J'appliquai les conducteurs, un à chaque œil, en les laissant, pendant environ dix minutes en contact avec la cornée, sauf quelques courtes interruptions à titre de repos. Durant ces applications, les premiers phénomènes qui se présentèrent furent un larmoiement abondant de l'œil droit et en très-petite quantité du gauche, avec injection et rougeur considérable de la conjonctive. Le patient apercevait de temps en temps des étincelles de l'œil droit, mais n'en apercevait aucune du gauche. Les expériences furent renouvelées les jours suivants. Dès le troisième jour, M...o commença à voir une légère apparence de lumière à travers la seule fenêtre de sa prison. Le jour suivant il en distingua même les barreaux en fer et reconnut un vase en poterie au pied de sa paillasse; et à la huitième application, il voyait, non-seulement d'une manière distincte les objets de la salle spacieuse où on le galvanisait, mais il put lire dans un livre qui lui fut présenté; et par la suite, l'efficacité de ce traitement fut tellement sensible et progressive, que le 25 du même mois (après la dix-huitième application) la vue de l'œil droit était complétement rétablie; M...o lisait très-bien et écrivait; et quoique la pupille fût devenue contractile, elle resta cependant encore un peu dilatée. Mais il ne voyait rien de l'œil gauche; il pouvait seulement distinguer, de ce côté, le jour de la nuit.

Je dois avertir que, à compter de la huitième séance d'expérimentation, voyant que l'œil gauche n'avait rien gagné, je me déterminai à soumettre seulement le droit à l'action galvanique, et à cette fin, je la circonscrivis autour de cet œil, en lui appliquant en même temps les deux pôles. Je ne m'occuperai pas à discuter si cela est conforme aux lois galvaniques, mais ce que

je puis assurer, c'est que le succès répondit à mon attente.

La faculté visuelle étant revenue à l'œil droit, comme je viens de le dire, je me mis ensuite à traiter le gauche.

-

Les 26, 27 et 29 du même mois d'août, je dirigeai le courant sur cet œil; il produisit une prompte injection des capillaires de la conjonctive, mais toujours la sécrétion d'une petite quantité de larmes. Après ces trois applications, M...o commençait à distinguer la lumière de la fenêtre, lorsque le lendemain, c'est-à-dire, le 50 août, ayant été déclaré innocent, il reçut la liberté, et par là fut coupé le fil de mes expériences, ce jeune homme étant resté d'ailleurs trèssatisfait d'avoir récupéré la vue de l'œil droit.

Dans ce temps-là les expériences de Krüssel, de Lerche, de Neumann, de Keidenreich, de Usiglio, de Demarchi et d'autres n'étaient ni connues, ni exécutées, et en conséquence on ignorait l'action particulière et un peu différente de l'un et de l'autre pôle sur l'œil. J'appliquais indistinctement l'un des deux pôles, tantôt à l'un, tantôt à l'autre ceil, je n'en tins pas compte. Ainsi, je ne sais si le pôle zinc a été plus appliqué au droit qu'au gauche; si c'est au pôle cuivre, peut-être plus souvent appliqué au gauche, qu'on doit rapporter l'insuccès de mes tentatives sur celui-ci : toutefois, il n'en est résulté ni tache, ni opacité quelconque dans cet œil. J'ai dit que sous l'action du courant galvanique, les larmes qui s'écoulaient des yeux étaient en beaucoup plus petite quantité du côté gauche que du côté droit. Ce degré d'insensibilité ou d'inactivité de l'appareil lacrymal de l'œil gauche, se serait-il, peut-être, trouvé en relation avec la paralysie du nerf optique? Le larmoiement donnerait-il peut-être la mesure de la sensibilité de la rétine? Et de la quantité des larmes, pourrait-on peut-être déduire le degré de paralysie du nerf optique ? Des observations ultérieures pourraient éclaircir ce point très-important du diagnostic et du pronostic de l'amaurose.

Depuis le 30 août je n'avais plus vu M...o, ni appris de ses nouvelles ; c'est-à-dire, que je ne savais si la guérison de l'œil droit s'était bien maintenue, et s'il avait récupéré la vue du gauche par l'œuvre de la nature ; quand, le 23 août 1844, de Turin où il a fixé son domicile, il vint à Saluces pour me témoigner sa reconnaissance. Je pus alors me convaincre, et lui-même me l'assurait, que sa vue de l'œil droit était parfaite, mais que le gauche était toujours resté amaurotique, et distinguait à peine la lumière du jour des ténèbres de la nuit. Et, après m'avoir fait la narration des traitements inutiles auxquels

il avait été soumis, pandant les deux dernières années, par de célèbres médecins et par un oculiste renommé de Turin, il me pria instamment d'entreprendre de nouveau le traitement galvanique sur l'œil amaurotique; j'y consentis bien volontiers et en fixai l'époque au mois d'octobre prochain.

2o Observation. -T...i G...i, âgé de 54 ans, se trouvait détenu dans la maison de détention du château de Saluces, quand, dans le courant de février 1840, à la suite d'une affection aiguë de poitrine, il resta, durant environ quinze jours, presque entièrement privé de la vue, qu'il parvint toutefois à récupérer par degrés de manière à pouvoir lire et écrire.

En juillet 1843, il eut de nouveau recours à l'infirmerie de l'établissement pour une lente rétinite aux deux yeux, accompagnée d'une diminution encore plus sensible de la vue. Les saignées, les purgatifs, les vésicatoires, les nervins administrés à l'intérieur et la strychnine employée extérieurement, contribuèrent à peine à rétablir un tant soit peu de faculté visuelle.

Le 25 février 1844, il réclama de nouveau mes soins, pour une grave angio-cardite. Alors que les signes d'une heureuse résolution se manifestaient, sous l'influence d'un traitement antiphlogistique énergique, se déclara une phlogose intense aux yeux, laquelle, en dépit des moyens curatifs les plus énergiques, donna lieu à des ulcères de la cornée et notamment à un ulcère trèsétendu de l'œil gauche, auxquels succéda une procidence de l'iris aux deux yeux. Ces ulcères, quoiqu'ils fussent touchés, pendant plusieurs jours, avec le nitrate d'argent, et que les sourcils fussent frictionnés avec de l'extrait de belladone uni à de l'onguent mercuriel, déterminèrent l'évacuation des humeurs de l'œil gauche, qui resta en outre atteint d'un staphylôme étendu à toute la cornée transparente.—Quant à l'œil droit, il s'y forma un leucôme limité et circonscrit au segment inférieur de la cornée, laissant presque tout à fait intacte et libre la pupille. De plus, cet œil était devenu amaurotique, de manière à ne plus rien voir, si ce n'est qu'il pouvait, en plein midi, discerner à une légère lueur, le lieu occupé par la fenêtre, des parois de l'infirmerie, comme celui qui voit normalement distingue avec les yeux fermés, une vive lumière des ténèbres.

Je voulus en entreprendre le traitement par le galvanisme, car, pour l'œil gauche, le staphylôme dont il était atteint et le rapetissement atrophique qu'il présentait audessous des paupières qui le recouvraient plus qu'à moitié, me le faisait regarder comme tout à fait perdu.

Le 13 mai 1844, j'appliquai pour la pre

mière fois le pôle zinc de la pile susmentionnée sur la cornée droite, et le pôle cuivre sur la langue, pendant environ dix minutes. J'eus soin, tous les jours, de tenir note de ces applications et des suivantes, ainsi que de leurs résultats. Depuis le 13 jusqu'au 27 mai, les galvanisations furent au nombre de neuf; elles eurent lieu les 14, 15, 18, 20, 21, 25 et 27. Dès le 22, on en constata déjà des effets sensibles; puisque T...i, nonseulement distinguait beaucoup mieux la lumière de la fenêtre, mais en voyait même les barreaux.

Depuis le 29 mai jusqu'au 21 juin, il fut semblablement soumis à neuf séances; avec cette différence que j'atténuais l'application des pôles, un jour le zinc à l'œil et le cuivre à la langue, et vice versâ, et cela dans le but d'explorer quels effets produisait, sur la cornée et la rétine, le pôle cuivre; et n'en ayant remarqué aucun effet sensible, dans les six séances du 23 au 30 juin, je soumis de nouveau cet œil au pôle zinc.

Je ne dois pas passer sous silence un phénomène, pour moi, aussi surprenant qu'inattendu. Dès les premières applications du pôle zinc sur l'œil droit, le gauche en ressentait aussi une influence marquée ; sous son action il devenait douloureux et le siége d'un sentiment de chaleur interne, et, de rapetissé et de demi-vide qu'il était, il devenait tous les jours plus gros; en sorte que, vers la fin du mois de juin, il avait acquis un volume égal à celui du droit. Ayant alors examiné plusieurs fois l'œil gauche, je vis que le staphylôme occupait les trois quarts de la cornée transparente et que le reste était couvert d'un épais leucôme. Je découvris aussi, dans la partie inférieure et un peu à gauche du staphylôme, une petite ouverture d'apparence fistuleuse d'où suintait un peu d'humeur très-limpide.

Dans cet état de choses, considérant que l'œil droit avait récupéré, jusqu'à un certain point, la faculté visuelle, puisque T...i non-seulement reconnaissait distinctement les objets dans l'infirmerie, mais encore commençait à lire des caractères d'impression, puis des caractères d'écriture, pourvu qu'ils ne fussent ni menus ni fins, je pris la résolution d'expérimenter aussi le galvanisme sur l'œil gauche que j'avais jusqu'alors cru perdu. En conséquence, je me déterminai, le 3 juillet, à y appliquer le pôle zinc, en formant le cercle avec le pôle cuivre placé sur le droit. Dans les séances précédentes, quand j'appliquais le zinc sur l'œil droit, tandis que je touchais la langue avec le cuivre, il survenait un peu de larmoiement et d'injection de la conjonctive; maintenant, les deux pôles étant appliqués aux yeux, ces phénomènes étaient beaucoup plus pro

noncés. Ainsi, les larmes s'en écoulaient comme d'une fontaine; les capillaires s'engorgeaient, et, en quelques minutes, les yeux, devenus très-rouges, paraissaient atteints de phlogose, ce que toutefois, à la suite de l'opération, de simples lotions d'eau fraîche faisaient disparaitre au bout d'un quart d'heure. Depuis le 3 juillet jusqu'au 19 août, je procédais à 26 de ces applications galvaniques doubles, et je terminais ordinairement chaque séance en appliquant le pôle zinc à l'œil droit et le pôle cuivre à la langue, afin d'exciter la rétine et de la maintenir sous l'influence de celui-là. Dans ces dernières expérimentations, ayant remarqué que le staphylome présentait plus d'épaisseur et qu'il laissait suinter, de quelques-uns de ses points, une humeur limpide, tandis que le staphylome, de blanc sale qu'il était, acquérait une teinte légèrement rosée, de crainte qu'il ne s'y développåt de l'inflammation, je m'abstins, dans les séances du 21 et du 23 août, d'y toucher, et me bornai à former le cercle entre l'œil droit et la langue. Cependant, cette rougeur s'étant dissipée au bout de deux jours, je repris de nouveau l'application du pôle zinc sur le même œil et celle du pôle cuivre sur le droit.

Mais T...i ayant récupéré sa liberté le 27 août 1844, je dus mettre fin à ce traitement, à l'aide duquel, bien qu'inachevé, s'il ne récupéra pas complétement la faculté visuelle, il peut toutefois un peu (alquanto) lire et écrire avec l'œil droit; et, ce qui me paraît digne de remarque, c'est que, vers la brune, il voit beaucoup mieux qu'en plein midi, et mieux aussi pendant les jours couverts que quand la lumière du soleil brille d'un vif éclat. Lorsqu'il regardait avec l'œil gauche du côté de la fenêtre, il percevait une lumière très-vive, comme si c'eût été un soleil, disait-il; et à travers quelques points moins transparents de la cornée du même œil, il en distinguait les barreaux, ce qui, à mon avis, semble signifier que la condition amaurotique de cet organe s'était aussi tout à coup améliorée et que la vue en aurait été rétablie, si le staphylôme ne s'y fût opposé.

Comme j'examinais, tous les jours les yeux avec attention pour voir les modifications qu'y produisait le galvanisme, j'observais que le lencôme de l'œil droit devenait petit à petit de moins en moins dense, jusqu'au point de se résoudre presque complétement, n'en étant resté qu'une légère trace semblable à une toile d'araignée. Dès les premières applications galvaniques sur l'œil gauche, je vis, en un point de la cornée qui correspondait à l'angle externe, dans une

(1) Voir notre journal, 2e année, p. 321 et suivantes: Usiglio (César), Observations sur

étendue de la largeur d'une petite lentille, le staphylôme se dissiper et la cornée reprendre sa couleur naturelle. Ce point lucide augmentait chaque jour davantage et offrait une forme semi-lunaire, circonscrivant plus exactement le staphylome lui-même, et c'est précisément en conséquence de la résolution de cette portion du staphylôme que T...i avait récupéré un peu de vue de cet œil. La petite ouverture d'où suintait une humeur limpide se ferma tout à fait; et en un endroit, situé à la partie inférieure du staphylôme, dans une étendue de trois millimètres de largeur, il s'était formé un petit enfoncement; il y resta une dépression d'un blanc grisâtre qui démontrait qu'il s'était opéré là un commencement de résolution. Cet enfoncement se montrait toujours plus sensible à la suite de chaque application galvanique; car, quel que fût l'endroit du staphylôme mis en contact avec le pôle zinc, on apercevait que le point touché s'affaissait, devenait moins humecté et se desséchait presque entièrement.

De ce que je viens d'exposer il me semble qu'on doit en déduire les conclusions suivantes, mises en pleine évidence par les expériences relatées :

1° L'utilité du galvanisme à courant continu, obtenu par la pile de Wollaston modifiée par Faraday;

2° Son action, beaucoup plus marquée quand le cercle est formé entre les deux yeux, et en outre très-efficace si elle est circonscrite à un seul œil;

5o Le pôle positif démontrer une action résolutive sur le leucôme, mais peu ou point sur le staphylôme; et, si chez T...i, une portion de ce dernier fut absorbée, cela dépendait de ce que cette portion n'était que leucomateuse;

4o Le pôle négatif, employé de la manière sus-indiquée, non-seulement n'a pas été un obstacle à la résolution du leucôme de l'œil droit, mais encore n'y occasionna point la moindre tache ou opacité de la cornée, ni aucune décomposition chimique de l'humeur aqueuse;

5° Finalement être moins que prouvé le sentiment de Krüssel, de Lerche, de Neumann, de Kiedenreich et de Demarchi, que le pôle zinc ait une puissance condensante et celui du pôle cuivre une vertu résolutive, pouvant aujourd'hui, appuyé sur les deux observations précédentes, outre son utilité dans l'amaurose, conclure sculement avec le docteur Usiglio (1): Le pôle positif ne point offusquer la cornée, ni opérer aucune décomposition de l'humeur aqueuse et toutes

le galvanisme appliqué au traitement de quelques maladies organiques des yeux.

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