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nous portions les quatre doigts réunis sur une ligne, sur la partie du col située derrière le pubis, et le pouce sur le point opposé et repoussant le col en haut, tandis que l'utérus, par ses contractions, portait la tête en sens contraire, nous eûmes bientôt la conviction que nos efforts ne seraient point infructueux : en effet, après plus d'une heure de cette manœuvre, la tête put vaincre tout à fait la résistance du col, et la douleur suivante nous apporta un gros garçon bien constitué. Les suites de cet accouchement furent très-heureuses, les phénomènes puerpéraux se succédèrent d'une manière normale et l'événement justifia complétement la manière dont nous nous étions comporté.

Voici les réflexions qui nous furent suggérées en présence de ce fait : Les exemples d'obstacles à la parturition par la résistance que peut offrir le col à l'expulsion du fœtus, ne sont pas bien communs ; il s'en est présenté assez cependant pour appeler sur ce point de l'art tocologique, l'attention des praticiens. Les moyens proposés pour y obvier sont : les préparations de belladone, les bains de vapeur, les embrocations huileuses et l'incision du col. On conçoit l'existence de circonstances telles que la plante narcotique puisse être utile, c'est dans la contracture du col, dans le rétrécissement actif de cette partie, mais il y a souvent alors un état de pléthore auquel on obvie plus directement par la saignée; quant aux bains de vapeur et aux autres applications émollientes, on ne doit les considérer que comme des adjuvants auxquels on ne peut s'en rapporter exclusivement. Mais dans l'état de résistance passive que présente quelquefois le col, ce qui n'a lieu que par suite de modification de texture, la dilatation où l'incision sont seules capables de vaincre l'obstacle. Certainement il est arrivé plus d'une fois qu'un accouchement s'est terminé sans exiger de secours, lorsque l'état du col en mettait en doute la possibilité; mais est-il bien sage de s'en rapporter exclusivement à la nature, lorsqu'on prévoit un obstacle possible mais encore incertain ? Dans le fait que nous rapportons, par exemple, peut-être l'accouchement se serait-il effectué par lui-même, mais la déchirure de l'utérus, l'un des accidents les plus redoutables que l'on ait à craindre quand les efforts à vaincre pour la sortie du fœtus dépassent certaines limites, n'exige-t-elle pas que l'on mette tout en œuvre pour venir en aide à un travail qui demande des efforts plus qu'ordinaires pour se terminer? Les indications pour l'emploi de la dilatation et de l'incision sont bien simples, la connaissance des faits nous les donne, la prudence établit leurs limites.

Dès que l'on s'aperçoit que le col présente un obstacle à la dilatation, par modification de texture, on doit d'abord chercher à le vaincre au moyen des doigts, et si leurs efforts ne sont pas suffisants, on aura recours à l'instrument que nous décrirons bientôt. Ces efforts doivent être gradués, progressifs et prolongés assez longtemps; ce n'est que lorsqu'on sera convaincu qu'ils restent sans effets, qu'on se disposera à pratiquer l'incision multiple; une plaie simple, malgré les inconvénients qu'elle présente dans de telles circonstances, est certes moins à redouter qu'une déchirure qui s'opérerait toujours dans le point le plus faible, tandis que par quatre ou six incisions, on obtiendra le relâchement des points qui présentent le plus de résistance; ainsi, quand les tentatives de dilatation seront infructueuses, on ne les portera pas au point de déterminer la déchirure du col, on pratiquera de préférence son incision multiple.

Un instrument bien simple, calqué sur le spéculum bivalve, rendrait la dilatation progressive facile, car les doigts se fatiguent aisément et leurs efforts ne peuvent s'exercer que dans certaines limites. Il se composerait de quatre valves longues de douze pouces, larges d'un demi-pouce à chaque extrémité et d'un pouce au centre, concaves de manière à former, réunies par leur centre au moyen de pivots, une circonférence de deux pouces à l'extrémité, les valves étant rapprochées, et de quatre pouces au centre. L'instrument fermé aurait donc un tiers de pouce de

diamètre; introduit dans l'ouverture du col, la moitié externe servirait de levier; il suffirait d'en rapprocher les valves au moyen de la main ou de vis de rappel, pour obtenir une dilatation progressive du col aussi étendue qu'il serait nécessaire.

Paralysie des extenseurs de la main et des supinateurs de l'avant-bras gauche, par suite de compression prolongée. Guérison après six semaines de durée par la teinture de cantharides; par le même.

Un ouvrier ébéniste ayant été passer une journée de fête à Gand, en compagnie de quelques amis, s'était mis en route pour revenir à Bruxelles, dans un état d'ivresse; monté dans un waggon, il dormit tout le temps du trajet, la tête appuyée sur l'avant-bras qui reposait sur le bord de la voiture. Lorsqu'il s'éveilla, il s'aperçut d'un engourdissement général dans l'avant-bras, mais n'y fit pas d'abord attention, et c'est en se rendant le lendemain à son ouvrage, qu'il remarqua que sa main restait impuissante à opérer certains mouvements. Il suivit pendant quatre semaines le traitement de deux médecins qu'il consulta successivement, car c'était un de ces hommes doué d'une grande inconstance et croyant que l'homme de l'art tient à sa disposition un moyen certain pour chaque maladie. Lorsqu'il vint réclamer nos soins, nous prîmes connaissance de tous les moyens qui avaient été mis en usage contre son infirmité : les antiphlogistiques, des liniments, des bains aromatiques avaient été essayés sans succès; le membre était déjà sensiblement atrophié, l'extension de la main sur l'avant-bras et les mouvements de supination étaient complétement impossibles, la flexion s'exerçait faiblement. Nous prescrivimes en dix jours, douze petits vésicatoires volants, trois tous les deux jours, et des doses légères de strychnine pour appliquer sur la surface dépouillée d'épiderme, et deux fois par jour des bains tièdes aromatiques, mais sans succès; nous nous proposions de passer alors à l'emploi de l'électricité, mais notre malade était indécis, son assiduité se ralentissait, et nous fûmes obligé de recourir à l'influence d'une mère et d'une jeune épouse, que le tableau des désagréments qui sont réservés à l'homme ayant un membre infirme émurent fortement, pour obtenir que le malade se soumît, pendant quelque temps encore, aux ressources de l'art médical. L'appareil électrique n'étant pas disposé, nous prescrivimes en attendant, des frictions réitérées trois fois par jour, au moyen d'un linge de flanelle imprégné d'huile d'olive, contenant six gouttes environ de teinture de cantharides par frictions. Nous fûmes agréablement surpris de voir arriver, le second jour, notre malade, nous annonçant que le mouvement était reparu; effectivement, tous les mouvements existaient, mais avec peu de force dans le membre. Il continua pendant quelque temps l'usage des mêmes moyens, à des doses progressivement décroissantes, et son bras se rétablit complétement, sans exiger l'emploi d'aucun autre agent thérapeutique.

Ce fait prouve que la ressource qu'ont les ouvriers de pouvoir obtenir des avis dans divers dispensaires, est quelquefois nuisible, car il est des cas où l'on doit mettre successivement en pratique une série d'agents thérapeutiques pour parvenir à un résultat, et celui-là seul qui a commencé un traitement rationnel, est à même de le parfaire; il prouve aussi que le médicament, outre son action générale sur l'économie, possède une action stimulante énergique sur les cordons nerveux de la partie avec laquelle il est mis en contact.

Note pour servir à l'histoire des corps étrangers introduits dans l'estomac, par déglutition; par le docteur CH. VAN SWYGENHOVEN.

́Ces jours derniers, on me fit mander pour un enfant de 13 mois, qui venait d'avaler une pièce de deux centimes (un cents.)

Les parents m'apprirent que la pièce de monnaie avait été avalée depuis à peu près treize heures.

L'enfant n'accusait aucune douleur par la pression à la région épigastrique, il n'avait eu ni hoquet, ni nausées, ni vomissements. Toutes les fonctions s'exécutaient comme auparavant. Le pouls, le faciès, la peau, toute l'habitude du corps, en un mot, n'offraient rien de particulier.

Depuis le séjour du corps étranger dans l'estomac, l'enfant avait eu une selle. Cette selle était normale, le cents n'y fut point retrouvé.

Que faire dans cette circonstance?

Le temps écoulé depuis l'ingestion de la pièce de monnaie, permettait-il encore d'avoir recours aux vomitifs? Je ne le crus pas. D'ailleurs, il était probable que si le corps étranger séjournait encore dans l'estomac, il devait au moins y occasionner quelque douleur, ne serait-ce qu'en tentant de franchir le pylore, trèsétroit à cet âge, surtout pour l'étendue et la forme de la pièce de monnaie dont il s'agissait. Comment d'ailleurs s'assurer de la présence du cents dans l'estomac, chez un sujet incapable de donner la moindre notion sur ce qu'il ressent?

Il me paraissait plus rationnel de croire que le corps étranger avait déjà dû gagner les intestins. Or, dans cette occurrence, je prescrivis à mon jeune patient l'électuaire de tamarin de Fuller avec quelques grains de poudre de mechoacana niger.

A peine l'enfant eut-il avalé, à la distance d'une heure, deux cuillerées de ce purgatif, qu'une légère diarrhée se manifesta. On découvrit la pièce de monnaie dans la première selle.

Le métal n'avait presque pas été attaqué.

A son passage à l'anus, le cents [n'avait pas produit de douleur; du moins l'enfant n'en avait-il accusé aucune.

Nota. Je n'attache pas plus d'importance à cette observation qu'elle ne mérite. L'histoire des corps étrangers introduits d'une manière ou d'autre dans l'estomac, étant encore incomplète, d'un autre côté l'opportunité des vomitifs ou des purgatifs n'étant pas bien établie dans l'espèce, j'ai cru qu'il ne serait pas inutile de consigner le fait dont il s'agit dans les annales de la science.

Puisse-t-on me pardonner le peu d'intérêt qu'offre cette note, en faveur des motifs qui m'ont engagé à la publier!

Sur le traitement des fractures compliquées par l'application du bandage amidonné. Courte appréciation de la discussion sur ce sujet, à l'Académie royale de médecine de Belgique.

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Une question importante et du plus haut intérêt pour la pratique chirurgicale, est pendante devant l'Académie royale de médecine de Belgique : elle est relative au traitement des fractures par l'appareil amovo-inamovible.

M. le docteur Seutin, à qui la science est redevable de cette méthode de traitement, désirant fixer l'opinion des praticiens sur la prééminence qu'elle a sur les

autres méthodes, a posé lui-même la question en ces termes, dans la séance du 25 février 1844:

"Dans l'état actuel de la science, l'opinion des praticiens n'est pas encore définitivement arrêtée sur l'utilité de l'application de la méthode amovo-inamovible dans tous les cas de fracture, et plus spécialement sur l'opportunité de son emploi immédiat dans les fractures compliquées, comme moyen efficace pour prévenir les accidents consécutifs.

>> Plusieurs cas remarquables de fractures comminutives étant traités en ce moment, à l'hôpital Saint-Pierre, j'ai l'honneur de proposer à l'Académie de nommer une Commission à l'effet d'aller constater les grands avantages qu'a procurés la méthode appliquée à chacun de ces cas.

⚫ Je demande qu'il soit présenté à l'Académie un rapport sur ces faits, la question me paraissant du plus haut intérêt. »

L'Académie nomma une Commission, composée de MM. Lebeau, Graux, Tallois, Langlet et Phillips, rapporteur.

Le rapport de cette Commission a été lu dans la séance du 27 avril 1845. 1) a donné lieu à une discussion animée qui n'est encore qu'à sa première période, et qui sera continuée dans une prochaine séance. C'est ce rapport et cette discussion qui feront l'objet de notre examen; mais avant d'entrer en matière, nous avons besoin de prévenir nos lecteurs que nous écrivons sous l'influence d'une conviction profonde et en vue de nous rendre utile à nos confrères, en les éclairant sur les avantages d'une méthode qui n'est pas assez généralement appréciée.

Le devoir de la presse médicale n'est pas seulement de faire connaître toutes les découvertes qui enrichissent la thérapeutique; sa mission est aussi de tâcher, par une juste et sage appréciation, de reconnaître le degré d'utilité qu'on peut en retirer dans la pratique. C'est mu par cette idée, que nous allons présenter nos observations, avec bonne foi et sans nous écarter de cette courtoisie que nous voudrions toujours voir régner dans les débats scientifiques.

En se rapportant au texte de la proposition de M. Seutin, il est de toute évidence qu'il demandait à l'Académie un rapport sur plusieurs cas de fractures comminutives traités dans son service à l'hôpital Saint-Pierre, afin de constater les avantages de l'application immédiate du bandage amidonné dans ces sortes de fractures. C'est là l'interprétation que nous-même nous avions donnée à la proposition avant que nous n'eussions encore pris connaissance du rapport, et c'est la seule qu'on puisse lui donner quand on le lit attentivement, Telle n'a pas été l'opinion de la Commission de l'Académie qui, s'en rapportant au premier paragraphe de la proposition, qui n'est que le considérant de ce qui suit, a compris qu'il s'agissait d'envisager la question dans tous les cas de fracture. Nous ne dirons rien de la correspondance et des explications qui eurent lieu à ce sujet entre MM. les Commissaires et M. Seutin, nous n'avons pas à nous en occuper ici; pour nous, le texte seul de la proposition

est tout.

L'auteur de la proposition n'a pu avoir la pensée de la généraliser, car il savait bien, lui, que dans les fractures simples l'opportunité de l'application immédiate de l'appareil amovo-inamovible n'est plus guère contestée que par des praticiens qui s'obstinent, malgré l'évidence des faits, à suivre la méthode des pansements renouvelés.

La Commission est allée plus loin; pour faire cesser toute espèce de doute, elle a voulu procéder par comparaison, et dans ce but, elle a fait plusieurs visites aux hôpitaux de St.-Pierre et de St.-Jean où des méthodes différentes sont employées; l'intention était bonne; mais n'était-ce pas déjà sortir des limites de la proposi tion? Elle a fait plus: elle a cherché à faire une enquête de la pratique de M. Seutin, puisqu'elle l'a « prié de lui montrer soit des fractures en traitement, soit des frac

tures consolidées du col de fémur, de la clavicule, transversale de la rotule », dans le but d'établir un parallèle entre la méthode inamovible et la méthode des pansements renouvelés.

M. Seutin s'est refusé d'obtempérer à cette demande, et il a eu raison, car, sans nul doute, la mission de la Commission ne pouvait s'étendre jusque-là. Et encore, si M. Seutin y avait consenti, pour arriver au résultat que l'on se promettait, pour établir un parallèle exact, n'aurait-il pas fallu produire un nombre égal de cas tout à fait identiques (ce qui est impossible) traités par l'ancienne méthode?

Quand un praticien, membre d'une Académie, vient dire à ses collègues : « Voici des cas remarquables que je traite avec succès par telle méthode, constatez et jugez,» évidemment la tâche de la Commission choisie dans le sein de la Compagnie est limitée; elle se borne à l'examen pur et simple de ces cas. Et quand ce même membre a déjà publié une foule de faits analogues et qu'il affirme avoir obtenu les plus brillants succès par l'emploi de sa méthode, faut-il lui demander alors de produire « un grand nombre de faits authentiques?» Mais agir de la sorte, n'est-ce pas suspecter sa bonne foi? c'est là une marche que nous ne pouvons approuver, parce qu'elle est peu encourageante pour les praticiens qui auraient des communications importantes à faire à l'Académie. Certes, s'il fallait pousser le scepticisme à ce point, nous devrions mettre en doute tout ce qui a été écrit en médecine depuis Hippocrate jusqu'à nos jours, car nos devanciers se sont bornés à rapporter les faits tels qu'ils les avaient observés sans chercher à leur donner un caractère quelconque d'authenticité.

La Commission, nous nous plaisons à le croire, a voulu rassurer les praticiens, former leur conviction, en mettant sous leurs yeux des documents irrécusables. Il est à regretter qu'avec les éléments qui étaient mis à sa disposition, elle n'ait pu parvenir à ce résultat : engager M. Seutin à donner le plus de publicité possible aux faits de sa clinique, dans le but de compléter le travail commencé par la Commission, ainsi qu'il est dit dans la conclusion finale du rapport, c'est laisser la question au point où elle était, c'est l'envelopper dans le doute. Ce que la Commission n'a pu faire, l'Académie pourra peut-être le réaliser avec le concours de ceux de ses membres qui ont employé le bandage amidonné, soit dans leur pratique privée, soit dans les hôpitaux dont plusieurs ont la direction du service chirurgical. La question a une assez haute portée pour mériter les honneurs d'une discussion grave, solennelle où chacun apporterait le tribut de son expérience. Après ce débat, l'Académie serait à même de juger la grande question actuellement soulevée devant elle, et en cela elle rendrait un service éminent à la science et à l'humanité. Ce sont les vœux que nous formons, et nous avons la certitude que ces sentiments sont aussi ceux de tous nos confrères.

Poursuivons notre examen : Nous avons en quelque sorte assisté à la découverte du principe proclamé par M. Seutin et qui fait la base de sa méthode amovoinamovible que, le premier, nous fimes connaître au monde médical, en 1835, en insérant le premier mémoire de ce confrère dans le Bulletin médical belge, dont nous avions alors la direction. Nous avons suivi les diverses modifications qu'il a successivement apportées à son bandage amidonné dans le but de le perfectionner, et nous devons dire, pour être juste, que M. Seutin, dans ses différents écrits, a lutté victorieusement contre les adversaires de sa méthode, en réfutant les objections et les réclamations qu'on lui a opposées avec plus ou moins de justice. Les objections énumérées dans le rapport, et que la Commission eût désiré pouvoir détruire par des faits nombreux observés par elle, ont depuis longtemps été combattues par les faits et par le raisonnement. Pour quiconque a suivi avec impartialité et sans prévention, ce long et vif débat, il ne reste plus aucun doute sur l'utilité de l'application immédiate de l'appareil amidonné dans le traitement des

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