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exact de tout ce qui a été publié en France et à l'étranger sur le sujet dont il est traité. On trouve réuni, souvent en un très-petit nombre de pages, tout ce qui a été dit et imprimé dans un grand nombre d'ouvrages, dans des journaux et dans des monographies spéciales écrits en diverses langues, et qu'il n'est pas donné au praticien de parcourir lorsqu'il cherche un moyen qui s'applique à un cas grave et embarrassant. Sous ce rapport, M. Fabre aura rendu un grand service à la science et à l'art de guérir en particulier. Non-seulement, il résume l'histoire de la science, de manière à offrir au praticien tout ce qu'il a intérêt de connaitre, mais il fait parler chaque auteur dans son propre langage, ce qui offre le mé rite d'éviter de fausses interprétations, inconvénient qui n'arrive que trop souvent dans les livres où on se borne à analyser brièvement les opinions des autres. Un autre mérite que nous ne devons pas passer

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sous silence, c'est que les articles les plus importants sont de véritables monographies sur la matière. En poursuivant les autres séries d'après les mêmes principes, les collaborateurs de la Bibliothèque du médecinpraticien auront doté la littérature médicale française d'un ouvrage qui renfermera en 12 volumes, l'exposé complet des différentes branches des sciences médicales. Tous ces avantages ont été justement appréciés en France, et c'est ce qui a valu à l'ouvrage la distinction flatteuse qu'il a obtenue du premier corps enseignant.

Nous connaissons la probité de M. Fabre, nous savons qu'il ne sacrifiera jamais l'intérêt de la science à des spéculations mercantiles; aussi avons-nous foi en ses promesses, et c'est, convaincu que nous sommes qu'il continuera son œuvre avec les mêmes soins ct sur le même plan qu'il l'a commencée, que nous la recommandons à nos confrères J. R. MARINUS. belges.

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signant le rapport en leur qualité de commissaires, se sont réservé la faculté de proposer des modifications aux conclusions.

M. le président donne la parole à M. DIEUDONNÉ, qui s'exprime ainsi :

Messieurs, nous venons appuyer le rapport de votre commission et combattre les opinions que M. Gripekoven a émises dans son travail; mais, au préalable, nous devons vous dire comment nous sommes arrivé à nous occuper de ce travail. Il y a 8 jours, nous profitâmes d'une longue lecture qui se faisait à l'Académie de Médecine, pour prendre connaissance du Mémoire sur l'ergot qui devait bientôt devenir l'objet de vos délibérations, et que notre honorable Président, aux côtés duquel nous avions l'honneur d'être assis, avait précisément sur lui. Un coup d'œil rapide jeté sur ce travail, nous y fit découvrir des erreurs si graves que nous manifestâmes immédiatement à M. le Président notre intention de prendre bonne part à la discussion qui devait s'ouvrir devant vous. Cela dit, nous pouvons entrer en matière.

Notre collègue a vu, circonstance sur laquelle il insiste surtout, notre collègue a vu des insectes se développer au milieu d'un certain nombre d'ergots de seigle, et de là lui est venue l'idée que ces insectes pourraient bien ne pas être étrangers à la production des ergots.

Il n'est pas impossible que M. Gripekoven ait vu des insectes se former dans l'ergot de seigle, voire même la tinea granella qu'il désigne plus particulièrement; mais là n'est pas la question, et l'opinion de l'honorable collègue ne nous aurait nullement paru être erronée, si elle ne se fût rapportée qu'à la constatation de ce fait d'histoire naturelle, à savoir que des papillons peuvent se développer au milieu d'un certain nombre d'ergots de seigle; mais conclure de ce fait si simple, si naturel, si connu même, dironsnous, que l'ergot ne doit son développement qu'à la présence d'un de ces insectes, c'est là assurément une chose tellement erronée qu'on ne peut que louer le Bulletin d'avoir commis l'omission signalée par M. Gripekoven. Aussi eussions-nous désiré retrouver la même omission dans le Bulletin de la séance du 3 février dernier mais l'auteur ayant reproduit alors une opinion conforme à celle qu'il nous avait fait connaître en 4844, ayant attaché une certaine importance à cette opinion qu'il a cherché à établir sur des expériences qui ne sont rien moins que plausibles, ayant même donné son opinion comme une découverte qui devait mettre fin à toutes les discussions soulevées au sein des Sociétés savantes, sur la nature et le mode de développement de

l'ergot, force a bien été au Bulletin d'enregistrer cette fois les idées de notre collègue.

M. Gripekoven regrette que la commission n'ait pas fait d'expérience pour infirmer ou confirmer l'opinion nouvelle qui consiste à regarder l'ergot comme LE DÉPOSITAIRE DES OEUFS D'UNE TEIGNE, probablement de la teigne des grains. Nous concevons ces regrets, Messieurs, parce que notre collègue se trompe de bonne foi, parce que sa conviction est profonde, parce qu'il tient à ses idées; mais nous qui ne nous laissons pas emporter par l'enthousiasme paternel, nous dirons plus tard en quoi son opinion est nouvelle, comme nous déclarons actuellement qu'au lieu d'avoir des regrets de ce que la commission n'a pas institué les expériences demandées par M. Gripekoven, nous nous serions opposé de toutes nos forces à la décision qu'aurait pu prendre la Compagnie de faire faire de semblables expériences; car cette décision aurait été compromettante pour elle, par la raison qu'il suffit de quelques notions bien faibles en fait d'histoire naturelle pour prouver que le dépôt des œufs d'une teigne ne peut pas produire l'ergot du seigle.

Mais, nous dira-t-on, les expériences de notre collègue sont là; ces expériences ont été couronnées d'un plein succès, elles confirment entièrement sa manière de voir; le collègue a vu de ses yeux les larves de la tinea granella et ce papillon lui-même sortir du milieu des ergots, il a bien observė; il expose à vos regards, à votre investigation des papillons, des chrysalides, des larves, les fourreaux mêmes dans lesquels ces larves ont vécu, les ergots qu'elles ont attaqués et dont elles se sont nourries! C'est vrai, Messieurs, aussi nous admettons tout cela; nous croyons que les expériences, que papillons, chrysalides, larves, etc., nous croyons que tout cela est réel; mais nous ne pouvons admettre avec l'auteur qu'il résulte de ces expériences : « que l'ergot n'est qu'une graine dénaturée par la présence d'insectes qui se développent à ses dépens; que c'est la tinea granella, la teigne des grains, petit insecte de la famille des coléoptères, qui, à la fin du printemps, l'époque de sa transformation, dépose ses œufs au milieu de la substance destinée à nourrir les chenilles qui en sortiront plus tard. »

Ce n'est sans doute que par suite d'un lapsus calami que nous voyons ici la teigne figurer comme un petit insecte de la famille des coléoptères; M. Gripekoven sait aussi bien que nous tous que la tinea granella appartient à l'ordre des lépidoptères, famille des nocturnes, tribu des tinéites.

Nous disions donc que nous ne pouvions

admettre les conséquences que l'auteur a tirées du résultat de ses expériences et de son observation.

En effet, comment ces expériences ont-
elles été faites? que prouvent-elles? elles prou-
vent tout bonnement un fait connu depuis
une éternité, que des œufs peuvent être dé-
posés sur des grains, sur des ergots, comme
sur une multitude d'autres substances; que
ces œufs peuvent éclore, donner le jour à
des larves qui se nourriront de ces grains,
de ces ergots, etc., en attendant qu'elles su-
bissent les diverses métamorphoses par les-
quelles elles doivent passer pour arriver à
l'état d'insecte parfait; elles ne prouvent
que cela, ces expériences, parce qu'elles
n'ont pas été faites avec les précautions
convenables et dans les conditions voulues
pour prouver autre chose. Nous le répétons,
M. Gripekoven a vu, bien vu; mais il a ob-
servé trop tard et le commencement du
mystère lui est resté inconnu. Quoi, Mes-
sieurs, parce que dans les ergots déjà for-
més, parce que dans des ergots ayant ac-
quis leur complet développement et déjà
séparés du végétal sur lequel ils ont vécu
parasitement, parce que au milieu de sem-
blables ergots on aura trouvé, à une époque
plus ou moins reculée de leur formation,
des larves d'insectes se nourrissant de ces
corps, s'ensuit-il que ces derniers doivent
être considérés comme une graine dénaturée
par la présence d'œufs ou de larves d'in-
sectes? Mais c'est là évidemment, Messieurs,
une pétition de principe, c'est alléguer
comme vraie, comme ayant lieu, la chose
qu'il s'agit de démontrer. Aussi les expé-
riences de M. Gripekoven n'ont aucune
portée, il ne s'agissait pas de voir ici com-
ment un œuf éclot, comment vit une larve,
comment elle se construit une retraite,
pourvoit à ses besoins et effectue ses trans-
formations; il s'agissait de remonter plus
loin, de prendre le grain de seigle au mo-
ment de sa formation, de l'observer dans
l'épi, de voir si la tinea granella l'attaque
là sur place, c'est-à-dire, si elle

dépose
alors ses œufs et si l'ergot se manifeste à la
suite de ce dépôt de cette manière l'expé-
rience aurait été plus complète. Ce que nous
disons ici, n'est que pour faire comprendre
à la Compagnie que notre collègue n'a réel-
lement rien vu qu'après coup, et alors seu-
lement que la partie la plus mystérieuse de
la génèse s'était depuis longtemps accomplie.
Mais cette manière de procéder, plus rigou-
reuse, plus scientifique, est tout à fait inu-
un peu de
tile dans le cas actuel, car
réflexion et quelques connaissances, super-
ficielles même, en histoire naturelle, suffisent
pour se convaincre que l'opinion émise par
M. Gripekoven n'est pas soutenable et

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qu'elle porte avec elle le cachet le plus évi-
dent d'erreur, ainsi que nous allons tâcher
de le prouver.

L'ergot n'est pas un grain dénaturé par
le dépôt des œufs de la tinea granella, ni
par les larves provenant de ces œufs :

1° parce que la tinea granella n'attaque en général que les grains réunis comme approvisionnement dans les greniers et non pas les grains encore sur pied;

2o parce que, pour prendre les choses ab ovo, comme c'est ici le cas de le faire, le grain de seigle est déjà formé et l'ergot déjà existant au moment où commencent seulement à se montrer les tinea granella, c'està-dire dans le courant de juin; or, si précoces que soient les teignes dans leurs amours, on ne peut cependant pas supposer qu'elles s'y soient livrées avant leur naissance et il ne faudrait rien moins que cela, cependant, pour qu'on puisse leur attribuer quelque part dans la formation de l'ergot;

3o parce que si cela était, il arriverait à tous les pharmaciens, à tous ceux qui conservent l'ergot de seigle, ce qui est arrivé à M. Gripekoven, c'est-à-dire que très-souvent ils verraient leur provision être attaquée par des larves et trouveraient dans leurs bocaux des chrysalides et des papillons, ce qui jusqu'à ce jour n'a été observé que rarement et pour de bonnes raisons;

4o parce que si cela était, on trouverait sur les épis de seigle, portant des ergots, les filaments soyeux et les fourreaux de même nature dans lesquels se retirent les larves; c'est là un fait qui devrait être constant, se remarquer sur tous les épis à ergots, et qu'on n'a pas non plus observé;

5o parce que si cela était, on ne rencontrerait pas, ainsi que cela a lieu souvent, des grains parfaitement sains à côté de grains ergotés, par la raison que les larves, pouvant abandonner leurs fourreaux, s'adresseraient aussi bien et même de préférence aux grains sains qu'aux ergots, en vertu de cet instinct qui les pousse vers la substance qui leur convient le mieux pour se nourrir et qu'ils s'approprient le plus facilement ;

60 parce que si cela était, les ergots seraient surtout très-abondants alors que la chaleur et le beau temps auraient favorisé la multiplication des teignes; or, c'est lorsque les circonstances sont généralement défavorables à cette multiplication, c'est-àdire dans les étés humides et pluvieux qu'on rencontre le plus d'ergots;

7o enfin, ce n'est pas un grain dénaturé, parce que, en supposant avec M. Gripekoven, que la teigne dépose réellement ses œufs sur les grains de seigle encore dans l'épi, et que de ce dépôt résultent des larves qui entament ces grains, il n'y aurait pas encore

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là de quoi expliquer la formation de l'ergot et tout se bornerait à la destruction plus ou moins complète des grains entamés par les larves. Cela est tellement vrai, Messieurs, que ce que nous n'admettons ici que trèsgratuitement avec M. Gripekoven, pour la tinea granella, s'observe réellement pour un autre papillon de la tribu des tinéites, pour une teigne dont on a fait le genre acophora, et qui dépose ses œufs sur les grains avant leur maturité. Ici la larve, en sortant de l'œuf, attaque le grain de blé, s'y introduit, dévore la substance farineuse et ne laisse souvent que l'épiderme du grain, en sorte que celui-ci paraît encore entier à la première vue. Ici donc les choses se passent absolument comme notre collègue prétend à tort qu'elles se passent pour la teigne des grains, et cependant, il n'y a pas de développement d'ergots.

Comme vous le voyez, Messieurs, nous supposons toujours que les œufs sont seulement déposés sur la graine, car il n'y a que les insectes pourvus de tarières, comme les ichneumons, les crnips, ou de becs longs et durs, comme les curculio, les rhynchonus, les attelabus, les rhynchites, qui puissent déposer leurs œufs dans l'intérieur de la substance ou du corps dont la larve doit se nourrir plus tard; les lépidoptères étant privés d'organes analogues, il faut bien admettre le simple dépôt à la surface de la graine. Cependant nous lisons dans le travail de M. Gripeko ven: « Dès qu'une graine a recu ces œufs (de la tinea granella), elle continue à s'accroître, elle s'étend et s'allonge; mais elle conserve sa forme primitive, de manière que l'ergot de seigle ne ressemble en rien à celui du froment, si ce n'est par la couleur. Ce passage pourrait nous faire supposer que l'auteur croit au dépôt de l'œuf dans la substance même de la graine, car s'il ne faisait allusion qu'au dépôt pur et simple de l'œuf à la surface de la graine, nous ne comprendrions plus rien aux phénomènes qu'il prétend se passer dans cette graine immédiatement après qu'elle ▲ REÇU LES OEUFS de la tinea granella. Tout ceci n'est, du reste, qu'une explication gratuite, qu'une explication qui ne découle d'aucune observation directe et précise, qu'une explication, en un mot, que notre collègue a tirée de son imagination pour faire cadrer les faits avec son opinion.

Pour corroborer son explication, l'auteur cite le développement de galles sur la feuille du chêne, quand elle a été piquée par un cynips. Ce rapprochement n'est pas heureux, car non-seulement il n'y a pas d'identité entre les deux faits mis en présence, mais ceux-ci n'offrent même pas la moindre

analogie: en effet, les cynips ont une tarière, les teignes n'en ont pas; les cynips peuvent donc piquer, et piquent en effet les diverses substances végétales pour y déposer leurs œufs, tandis que les teignes ne peuvent rien faire de semblable et se contentent de déposer leurs œufs à la surface des corps. Notons encore, en passant, que parmi le grand nombre d'insectes qui ont l'habitude de piquer les différentes parties des végé taux, il n'y a que les cynips dont la piqûre puisse produire ces excroissances singulières connues sous le nom de galles. Vous voyez donc bien, Messieurs, qu'ici notre collègue est encore loin de la vérité.

M. Gripekoven nous dit qu'il sera facile à tout le monde de répéter son expérience. Nous le croyons volontiers, car voici à quoi elle se réduit: « On choisit pour cela les plus gros des ergots recueillis dans le froment ou le seigle récents; on les place dans un bocal légèrement couvert de papier, de manière qu'aucun insecte ailé ne puisse s'y introduire, sans cependant que la circulation de l'air soit interceptée. » Mais ne voit-on pas que, procéder de la sorte, c'est tourner toujours dans le même cercle vicieux, et se condamner à revenir toujours aux mêmes erreurs? Comme nous l'avons déjà dit, c'est de plus loin qu'il faut reprendre l'expérience.

Examinons maintenant quelques assertions de notre collègue. Son opinion serait confirmée, prétend-il, par la quantité de la substance azotée animale que l'analyse a trouvée dans la composition de l'ergot. » — Quoique nous nous empressions de décliner ici notre compétence pour laisser aux chimistes le soin de traiter ce point, nous croyons cependant devoir faire observer que l'analyse a démontré, dans la plupart des champignons, l'existence d'une quantité trèsnotable de matière animale, fait que M. Gripekoven ne peut pas ignorer, mais qu'il semble avoir perdu de vue.

L'auteur cite ensuite deux passages de l'ouvrage de M. Fée, passages dans lesquels il croit encore trouver une confirmation de son opinion. Mais il faut une élasticité d'esprit étonnante pour découvrir quelque ressemblance entre les mouvements dont sont doués les corpuscules monadaires et les sporoïdes, dont parle M. Fée, et le mouvement des chenilles de M. Gripekoven. Dans le premier cas, ce sont des infiniment petits, des mouvements inappréciables pour nos yeux, des phénomènes microscopiques, en un mot; et dans le second, il ne s'agit de rien moins que de chenilles ou de larves ayant plusieurs lignes de longueur et exécutant des mouvements très-visibles à l'œil nu. Non, dirons-nous donc, ce mouvement n'est pas le mouvement des chenilles, ce n'est

autre chose que le phénomène microscopique découvert par Robert Brown, phénomène qui n'est pas exclusif au règne organique, mais qui s'observe même pour des substances minérales finement pulvérisées et nageant au milieu d'un liquide.

Un peu plus loin, nous apprenons que M. Fée a aussi rencontré des insectes dans les ergots de seigle. — Oui, Messieurs, mais dans quelles circonstances, s'il vous plaît? alors que les ergots étaient en voie de décomposition, et cela résulte très-clairement du passage de l'ouvrage de M. Fée, rapporté par notre collègue et mal interprété par lui. Voici ce passage: L'ergot est une production morbide, et elle doit ainsi déplacer ses éléments plus facilement que beaucoup d'autres (ce qui veut dire qu'elle se décompose facilement). D'abord faiblement odorante, elle devient bientôt de plus en plus fétide; dans cet état elle est très-promptement attaquée par des insectes et elle dégage les gaz fétides. Eh bien! que conclure de là? ceci : que l'ergot de seigle, comme toutes les autres substances en voie de décomposition, est promptement attaqué par des insectes,... et rien de plus.

Est-il vrai maintenant que l'opinion de M. Gripekoven, ainsi qu'il nous l'assure, ne repose que sur des faits incontestables? Nous qui avons tout contesté dans son travail, nous avons peine à le croire, et nous passons outre pour lui dire actuellement, comme nous nous y sommes engagé, en quoi son opinion est réellement nouvelle. Il y a 150 ans, Messieurs, on considérait l'ergot comme une espèce de galle due à la piqûre d'un insecte; aussi notre collègue ne revendique-t-il pas cette idée comme sienne; mais cette idée, il la reprend pour grossir encore l'erreur commise à une époque déjà bien éloignée de nous, en attribuant à un petit papillon un rôle tout à fait impossible et en opposition avec les connaissances acquises en histoire naturelle. Voilà ce qu'il y a de neuf, d'original, de vraiment original dans le travail de M. Gripekoven; voilà la nouveauté qui nous déplaît et que nous combattons, parce que nous n'aimons pas à voir rétrograder la science d'un siècle et demi.

Encore un mot, Messieurs, sur la fin du mémoire de notre collègue. Cette fin n'est qu'un reproche offensant pour la Société, et plus particulièrement pour votre comité de publication. Comme membre de ce Comité, nous acceptons volontiers notre part de responsabilité dans le grief allégué par M. Gripekoven, car pour justifier la Société et le Comité, nous nous en tiendrons à cette déclaration; à savoir que les deux notes relatives à l'iodure de plomb et à l'iodure de cuivre n'ont pas été publiées parce qu'elles

n'ont pas paru susceptibles de l'être. Nous regrettons d'avoir à faire une semblable déclaration, mais elle est provoquée par une accusation qu'il ne nous était pas permis de laisser passer inaperçue.

M. GRIPEKOVEN reconnaît le lapsus calami, qui place la tinea granella dans les coléoptères. Telle n'a pas été son opinion, sinon il n'aurait pas parlé de chenilles et de papillons, lesquels n'existent pas entre les coléoptères. En ce qui concerne d'autres observations faites par M. Dieudonné, il promet des citations pour prouver que la tinea granella dépose réellement ses œufs à la fin du printemps; de plus, que des insectes peuvent provoquer, dans la partie où ils déposent des œufs, des maladies.

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M. Gripekoven persiste surtout à déclarer qu'il a vu les insectes se développer dans l'ergot, et il soutient formellement que ses observations lui ont appris : « que l'ergot, placé dans des circonstances favorables, c'est-à-dire, non fortement séché et non hermétiquement fermé, lui a produit toujours la tinea granella; qu'il n'en a pas » été de même avec du seigle sain, qui, placé dans des mêmes conditions, n'en a > produit jamais, si la chenille n'y a pas été introduite. »>

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Il lui est indifférent, si les œufs ont été déposés dans la graine ou sur la graine. Il lui suffit qu'ils y existent, et que l'identité de l'insecte qu'ils ont produit, n'ait pas été niée par la commission chargée du rapport.

L'auteur du mémoire signale, dit-il, des faits et non un fait isolé. Il fait un appel aux naturalistes, de répéter ses expériences; c'est pourquoi il persiste dans son opinion.

M. DIEUDONNÉ ne prétend pas nier que M. Gripekoven ait vu des teignes se développer dans l'ergot du seigle, mais il soutient que cela ne prouve rien, et que les expériences de M. Gripekoven, fussent-elles répétées cent mille fois de la manière qu'elles ont été faites, conduiraient toujours à l'erreur la plus grossière. Les faits mis en avant, sont, dit-il, des faits incomplets et surtout mal observés ; il explique comment les ergots recueillis par l'auteur du mémoire ont pu fournir des teignes et signale toutes les précautions qui auraient dù être prises pour éviter les sources d'erreur. M. Gripekoven n'a pris aucune de ces précautions; il recueille des ergots dans un sac de blé, il les conserve, il en voit plus tard sortir des teignes, et il conclut de là que ces ergots doivent leur formation à la présence d'œufs de teigne. Mais c'est là la chose la plus extraordinaire qui se soit jamais entendue!

M. DUGNIOLLE. Messieurs, en signant le rapport sur le travail de M. Gripekoven,

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