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atteints de croup, malgré l'emploi des méthodes de traitement des plus vantées se comporta de la manière suivante chez un quatrième enfant fort, de 7 ans, croup bien établi.-15 sangsues, vésicatoire à la nuque, sinapismes aux pieds, potion vomitive, bois sons et lavements émollients; pas d'amélioration. Le lendemain, vomitifs plus forts; le mal empirait; titillation de la luette avec la barbe d'une plume; plumes chargées de poudre d'iris, introduites dans les narines, puis de tabac. Il en résulta plusieurs éternuements qui entraînèrent, par les narines et par la bouche, une grande quantité de mucosités mêlées de stries sanguines et de légères traces d'une matière plus opaque, grisâtre; il s'ensuivit une amélioration sensible; la titillation de la luette, le lendemain, produisit l'expuition de quelques nouvelles mucosités et la respiration reprit son rhythme normal.

(Ann. de la Société de méd. d'Anvers,

1845, p. 77.)

Spermatorrhée abondante, impuissance; guérison par l'essence de térébenthine unie au baume de copahu. Un campagnard de trente-six ans, par suite de l'habitude de la masturbation, était tombé dans un état complet d'impuissance; le membre viril était atrophié, l'érection devenue impossible et l'émission des urines était chaque fois suivie de l'écoulement d'une certaine quantité de matière muqueuse, dont l'odeur caractéristique fit croire au docteur Lecluyse que c'était une véritable émission de sperme par affaiblissement du système génital. Prescription: Pr. essent. terebent. et balsam. copaïv. de chaque 3j; mel. alb. 3iv, à prendre toutes les deux heures une cuillerée. Régime substantiel et abstinence complète d'attouchement aux parties génitales; après 15 jours, amélioration sensible, l'écoulement se tarit. Erections après 55 jours.

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(Ibid., ib., p. 84.)

Emploi de l'iode contre les pailles de fer fixées dans l'épaisseur de la cornée, par le docteur E. REINIGER, de Grossenhayn. Un ouvrier coutelier avait reçu, en travailJant, une paille d'acier qui s'était fixée profondément dans l'épaisseur de la cornée transparente. On avait essayé vainement de la retirer avec la pincette et l'aiguille, et le chirurgien qui avait été appelé avait dû y renoncer. Huit jours après, l'œil était trèsrouge; la paille d'acier était visible sans l'intermède de la loupe; elle avait conservé son brillant. Le malade se plaignait de ressentir des picotements et de la chaleur, et la vision n'était plus aussi distincte. Ce fut alors que M. Reiniger fut consulté. Ce médecin com

mença par approcher de l'œil malade une armature aimantée très-forte, mais il n'en obtint aucun résultat avantageux. Il fallait donc recourir à la voie chimique pour enlever la paille d'acier qui était de la dimension d'une pointe d'aiguille. M. Reiniger n'osa recourir aux lotions avec l'acide chlorhydrique très-étendu, recommandé dans ce but par MM. Krimer et Andrew, parce que le malade n'aurait pas facilement pu continuer pendant des heures entières des applications d'eau froide sur l'œil malade. M. Reiniger se décida alors à prescrire le collyre suivant: Pr. Iode, 5 centigrammes; iodure de potassium, 50 centigram.; hydrolat de roses, 100 grammes. Dès la première application de ce collyre, la paille d'acier s'oxyda et son brillant disparut. Bientôt la rougeur de l'œil diminua, la chaleur et la douleur cédèrent, et, en continuant l'usage du collyre, la paille d'acier diminua au point de ne pouvoir plus être distinguée qu'à l'aide d'une loupe. Le malade recouvra complétement la faculté visuelle.

(Gazette des hôpitaux. 1er mai 1845.)

Feuilles de belladone contre l'hémoptysie; par le docteur SCHWOEDER. En faisant jeter environ 4 grammes de feuilles de belladone sèches et incisées finement sur des charbons ardents, et en faisant aspirer aux hémoptoïques la vapeur que produit cette opération, l'hémoptysie s'arrête immédiatement. Le docteur Schwoeder eut recours à ce moyen, parce qu'il l'avait vu employer avec succès par un homme du monde. Il s'en est servi dans sept cas d'hémoptysie, avee le plus grand avantage et sans que l'inspiration des vapeurs ait eu la moindre incommodité pour les malades; rarement il s'est montré une légère tendance à la toux. L'inspiration de la vapeur dégagée d'une décoction saturée de belladone, n'a été d'aucune utilité; il en a été de même de l'emploi interne de l'extrait de belladone. Depuis longtemps déjà on avait recommandé contre la toux spasmodique et contre l'asthme, de fumer des feuilles de belladone mêlées au tabac; et M. le docteur Schoenlein, de Berlin, conseilla de son côté l'emploi de ces feuilles contre l'hématémèse pour diminuer la grande irritabilité de l'estomac. Cette dernière qualité du médicament doit montrer son action d'autant plus promptement que, dans l'inspiration des vapeurs, ces dernières se trouvent en contact avec la muqueuse pulmonaire qui, comme on le sait, offre une très-grande étendue et est très - riche en nerfs.

De la nécessité de provoquer l'accouchement prématuré dans quelques cas de ma

ladies très-graves survenant pendant les deux derniers mois de la grossesse; par le docteur FERRARIS, de Milan. - Dans un mémoire qu'il a lu au congrès scientifique tenu à Milan au mois de septembre 1844, l'auteur établit que l'accouchement prématuré artificiel a produit d'heureux résultats, nonseulement dans des cas de difformité du bassin, mais encore dans ceux où la cavité pelvienne étant dans des conditions normales, il est survenu des hémorrhagies graves ou d'autres affections également menaçantes, telles que l'apoplexie, l'éclampsie, l'hydropisie et la pneumonie. Dans ces circonstances, la nature se trouvant souvent impuis sante à expulser le produit de la conception, ou bien ne pouvant le faire qu'aux dépens de la vie de la mère, M. Ferraris propose de recourir à la ponction des membranes avec la sonde à dard de Levret. Il fait remarquer que l'éponge préparée et le tamponnement, moyens qui sont suffisants lorsque rien ne presse, comme dans les cas de déformation du bassin, ne conviennent plus alors qu'on se trouve en présence de maladies aussi graves que celles qui viennent d'être citées, parce que leur action est trop lente et qu'on s'exposerait, en les employant, à ne sauver ni la mère, ni l'enfant. L'auteur avoue enfin que la méthode qu'il propose ne sauvera qu'un très-petit nombre d'enfants; mais comme les cas auxquels il conseille de l'appliquer compromettent également l'existence de la mère et celle de l'enfant, il pense qu'il convient de la mettre en usage.

Ces idées ont été vivement appuyées par le docteur Turchetti, qui assistait aussi au congrès de Milan. Le docteur Turchetti a saisi cette occasion pour rapporter deux observations dans lesquelles il a dû provoquer l'accouchement prématuré pour sauver la mère et l'enfant. Dans la première, il s'agit d'une femme de 22 ans, qui, dans le cours du septième mois de sa grossesse, fut prise d'œdème des extrémités inférieures, bientôt suivie d'ascite, d'hydrothorax, puis de congestion cérébrale, et enfin d'éclampsie. M. Turchetti vit dans ces accidents une indication pressante de recourir à l'accouche ment prématuré ; il prescrivit donc une forte dose d'ergot de seigle, qui resta sans résultat; il n'obtint pas plus de succès de l'extrait de belladone porté sur le col et l'orifice uté rins. L'éponge préparée fut enfin employée et détermina la matrice à se contracter. Toutefois l'accouchement dut être terminé par le forceps, qui n'amena qu'un enfant mort déjà depuis deux jours. Dans le second cas, il eut encore affaire avec l'ascite, l'hydrothorax, l'éclampsie et une hémorrhagie utérine considérable, dépendant de l'implantation du placenta sur l'orifice de l'utérus.

L'ergot de seigle fut employé, et cette fois avec le plus grand succès, car la mère et l'enfant furent sauvés.

(Annali univers. di med. Janv. 1845.)

Emploi de la ballota lanata dans l'hydropisie; par le docteur METZ, de Darmstadt. M. Metz attribue à la ballota lanata une spécificité aussi marquée contre l'ascite que l'est celle du quinquina contre les pyrexies périodiques, celle du mercure contre le virus syphilitique et celle de l'huile de foie de morue et d'iode contre les scrofules. On emploie cette plante sous forme de décocté (30 grammes pour 750 grammes d'eau réduits à 500 grammes); on en fait prendre toutes les deux heures, d'une demitasse à une tasse, et on augmente par degrés les doses, si le malade supporte facilement le médicament; dans ce dernier cas on prépare le décocté avec 60 à 90 grammes pour 1000 à 1500 grammes d'eau que l'on fait réduire à 500 grammes environ.

D'après les observations faites par M. Metz dans sa pratique, l'action de la ballota lanata est augmentée par l'administration simultanée de la scille. Si, après quelques jours de l'usage de la ballota lanata, il ne vient pas se manifester l'effet attendu, il donne toutes les huit heures, 5 à 10 centigrammes de poudre de scille, et à l'aide de cette médication, il a toujours pu se dispenser de recourir à la paracentèse.

(Gazette des hôpitaux, 19 avril 1845.)

Appréciation de l'homœopathie par les médecins italiens. Dans la séance du 26 septembre 1844, de la section de médecine du Congrès scientifique italien, tenu à Milan, le docteur Canziani communiqua une lettre du docteur Dansi, de Codogno, adressée à la présidence générale, par laquelle il annonçait qu'un particulier de Milan, proposait un prix de mille francs à donner à l'auteur du meilleur mémoire Sur les avantages et les inconvénients de l'homœopathie, prix qui serait décerné par le prochain congrès de Naples. Le mémoire, pour être jugé digne de la couronne, devrait offrir les conditions suivantes : 1 Donner une idée nette, claire et complète de l'homœopathie ; 20 présenter un tableau historique raison në de l'homœopathie; 3o Énumérer ses avantages et ses inconvénients; 4o Essayer de concilier les principes homœopathiques avec les principes les plus incontestables de la physique, de la chimie et de la physiologie.

Les mémoires envoyés au concours seraient soumis à l'examen et au jugement d'une commission expresse, composée, pour un tiers, de médecins homœopathes, pour un autre tiers, de médecins partisans de toute autre

opinion quelconque, et pour le reste, de nonmédecins.

A peine le secrétaire était-il parvenu, non sans beaucoup de difficulté, à terminer la lecture de cette lettre, que le tumulte sans cesse croissant de l'assemblée témoigna manifestement de l'indignation avec laquelle elle avait entendu cette proposition. Parmi le grand nombre de ceux qui se levèrent tout à coup pour la combattre, le docteur Frédéric Castiglioni, de Milan, prit la parole. Il fit remarquer combien une telle proposition était déshonorante et indigne du corps médical italien, et il proposa en conséquence de la rejeter de la manière la plus énergique et la plus absolue. Le vice-président y consentit, et, interprète du vœu général de l'assemblée, il suggéra d'en voter la répulsion par un lever de mains. Et ce fut vraiment un spectacle instantané et fort imposant de voir, en un clin d'œil, mille bras se dresser pour repousser cette proposition insensée. C'est ainsi que la dernière réunion scientifique de Milan présenta un exemple lumineux et unique, jusqu'à présent, dans les fastes des congrès, de la concorde fraternelle qui règne entre les médecins, quand ils élevèrent tous ensemble les bras pour rejeter la proposition imprudente et ridicule d'un prix qui, tout en portant atteinte à la dignité de la médecine rationnelle italienne, laissait entrevoir la bassesse de vues de celui qui le proposait, lequel devait bien penser que la médecine de ce siècle, dans quelque état qu'elle se trouve, toujours marchant en avant, guidée et éclairée par la lumière pure de l'expérience et de l'observation, n'aurait pas pu, et ne pourrait jamais, transiger avec l'imposture, avec le mystère et avec la fable la plus effrontée de ces derniers temps. (Annali universali di medicina, Fascicolo di novembre 1844.

Rupture de l'utérus pendant l'accouchement, suivie de guérison; par M. le docteur ORDINAIRE, médecin à Mâcon.

A la fin de novembre 1844, je fus appelé dans la commune de Replonges (Ain), pour opérer la délivrance d'une femme nommée Jacquand, aux douleurs de l'enfantement depuis deux jours. J'avais, trois ans auparavant, pratiqué sur la même femme la version de son troisième enfant, qui présentait un bras. Le cas était le même, et la sage-femme, qui avait fait de vaines tentatives pour opérer la version, reconnaissant son impuissance, s'était enfin décidée à me faire avertir. Lorsque j'arrivai, les douleurs, qui avaient été très-vives et très-fréquentes pendant quarante-huit heures, avaient cessé. Depuis cet instant, unc métrorrhagie assez abondante existait, et la prostration était

extrême : « Je me sens mourir, disait la pauvre patiente, hâtez-vous de me délivrer! »

» Je veux tenter la version : le bras tuméfié, et qui remplissait le vagin, fuit sous ma main et rentre facilement. Continuant mon investigation, je sens un corps mou que je prends d'abord pour un des bords de l'arrière-faix; puis je palpe un corps allongé, cédant à la moindre traction, que je crois être le cordon ombilical. Je veux introduire la main dans la matrice, l'enfant disparaît dans la cavité abdominale. Il y avait rupture de l'utérus, rupture occasionnée par les tentatives de la sage-femme. Ce que j'avais pris pour le cordon n'était autre chose qu'une anse de l'intestin grêle; ce que je croyais être l'arrière-faix était l'un des bords de la solution de continuité de la matrice.

» Je laisse à mes confrères à juger de ma position qui devenait de plus en plus critique. Il fallait nécessairement délivrer cette malheureuse femme: mais la mort ne pouvait-elle pas survenir pendant la délivrance?

» Je parviens à saisir les pieds de l'enfant qu'il me fallut aller chercher dans la région épigastrique, et j'opère les tractions voulues; mais qu'arrive-t-il? plusieurs anses de l'intestin grêle s'engagent dans le vagin avec le fœtus, et il me faut les repousser d'une main, tandis que j'agis de l'autre sur le corps. Enfin, l'accouchement est terminé au milieu d'une mare de sang et d'angoisses que je ne chercherai pas à dépeindre.

» Je fais rentrer les intestins; j'extrais le placenta afin de favoriser le resserrement de l'utérus et d'arrêter l'hémorrhagie, et je préviens le mari et les parents de la fàcheuse position de l'accouchée. Je leur annonce même qu'elle ne passera probablement pas la nuit. Je prescris des fomentations incessantes sur le ventre, de fréquentes cuillerées de consommé pour soutenir les forces épuisées de la malade, et je pars, pensant apprendre sa mort le lendemain.

» Quel ne fut pas mon étonnement lorsque le lendemain le mari vint me dire que sa femme n'allait pas mal, que le ventre seulement était tendu et qu'elle éprouvait de fortes coliques. Je fais insister sur les émollients, je prescris une potion calmante et j'engage à continuer le bouillon qu'elle prenait avec plaisir. Trois jours après, l'accouchée éprouve un pressant besoin d'aller à selle et ne peut y parvenir. J'ordonne des demi-lavements qui ne peuvent être reçus. Une fièvre violente se déclare, et je crois de nouveau à une mort prochaine. Le sixième jour, une diarrhée se déclare sous l'influence de légers laxatifs, le ventre devient plus souple, et les accidents inflammatoires semblent se fixer à la bouche et au pharynx. Les émollients calment ces accidents: un

écoulement purulent avec odeur fétide s'établit par le vagin, les extrémités inférieures s'engorgent et une véritable leucophlegmasie se montre. Le vingt-cinquième jour, tous les symptômes fâcheux disparaissent, un abcès se forme près de la malléole interne du pied gauche, et la convalescence ne tarde pas à se montrer.

» Deux mois après, la malade avait repris ses occupations habituelles. Seulement les règles n'ont pas reparu.

» Cette observation ne démontre-t-elle pas combien sont grandes les ressources de la nature, et que le cas le plus grave ne doit jamais laisser le médecin sans espérance?

» Les ruptures de la matrice, dans les cas de version, sont plus fréquentes qu'on ne le suppose, surtout lorsque la femme est aux douleurs depuis plusieurs jours. On ne saurait donc agir avec trop de prudence. Il faut attendre pour manœuvrer que les contractions utérines aient cessé, et si ces douleurs sont incessantes, ne pas balancer à avoir recours à une forte saignée générale. La perte du sang rend l'accouchement plus facile et les accidents consécutifs moins dangereux. C'est à la grande quantité de sang perdue par la femme Jacquand que j'attribue sa guérison miraculeuse. »

Réflexions. L'intéressante communication de notre correspondant ne nous met pas à même de préciser les causes de la rup ture de l'utérus. Ce médecin s'est borné à accuser l'ignorance de la sage-femme dont les manœuvres mal dirigées auraient déterminé cet accident; cela n'est point impossible, et sans doute notre confrère a puisé ses convictions dans l'examen des faits: cependant il est probable que l'utérus était chez cette femme dans les conditions qui en favorisent la rupture, c'est-à-dire que ses parois étaient amincies dans quelques points et rendues par conséquent moins résistantes soit par la gangrène, soit seulement par l'inflammation, soit enfin par une distension exagérée de ses fibres. Or, si l'on songe à la fréquence de ces déchirures sous la seule influence des contractions utérines, il est bien difficile d'établir la part que l'on doit attribuer dans cet accident aux manœuvres de l'homme de l'art.

Quelle que soit la cause de cette rupture, qu'on doive l'attribuer aux seules contractions utérines, ou qu'elle soit le résultat d'imprudentes manoeuvres, l'observation communiquée par M. Ordinaire n'en offre pas moins un grand intérêt, en ce sens que, jointes à quelques autres acquises par la science, elle prouve que cet accident, quelque grave qu'il soit, n'entraine pas nécessairement la mort de la mère. Nous disons que des faits bien observés ont

constaté dans ces cas la puissance médiatrice de la nature. On a vu même quelquefois les femmes guérir après le passage du fœtus dans l'abdomen. Nous avons appris de M. le professeur P. Dubois, qu'un fait ayant avec celui de M. Ordinaire la plus grande analogie, avait été recueilli par lui à la Maternité. Une femme, déjà mère de huit enfants, était en travail depuis la veille, lorsque tout à coup les douleurs qui étaient très-violentes changèrent de nature, et il survint des accidents qui firent soupçonner une rupture de l'utérus. M. Dubois appelé par la sagefemme, introduisit la main dans la matrice pour faire la version et reconnut que cet organe était largement déchiré. Les intestins pénétraient par cette ouverture, et il lui eût été facile de les amener à l'extérieur, s'il n'eût craint de causer à cette malheureuse une douleur inutile. L'accouchement et la délivrance terminés, cette femme fut reportée sur son lit. Le repos, la diète, les antiphlogistiques s'opposèrent heureusement aux conséquences fâcheuses qu'on devait redouter de cette lésion et une guérison complète eut lieu,

Ces deux cas sont les plus remarquables que nous connaissions, bien que, nous le répétons, dans un assez bon nombre d'observations publiées, on ait constaté la guérison de ces ruptures.

(J. de méd. et de chir. prat. Mars 1845.)

Cas curieux de luxation de la mâchoire inférieure. M. Robert, chirurgien de l'hôpital Beaujon, a communiqué à la Société de chirurgie une observation de luxation de la mâchoire inférieure en haut. Ce fait étant sans précédent connu dans les annales de la science, la reproduction des détails qui s'y rattachent paraîtra peut-être digne de quelque intérêt.

Un voiturier, âgé de 30 ans, conduisait une de ces longues charrettes connues sous le nom de haquet, assis, comme d'usage, sur le brancard droit. Il s'y endormit et tomba sur le pavé, le côté gauche de la tête portant contre le sol. Avant qu'il eût eu le temps de se relever, la roue droite l'atteignit et passa d'arrière en avant sur le côté droit de la face, et plus spécialement sur le corps de la mâchoire inférieure. On le releva et on le transporta à Beaujon, où il fut admis pendant la visite de M. Robert.

La face et la tempe du côté gauche étaient fortement tuméfiées; les téguments de la joue droite, contus, excories, présentaient une petite plaie irrégulière, à deux travers de doigt au-devant de l'angle de la mâchoire inférieure. Le menton fortement dévié à gauche, et la bouche ouverte, donnaient à la physionomie un aspect étrange.

En palpant la tempe gauche, M. Robert sentit de suite, au-dessous de la racine de l'arcade zygomatique, une tumeur osseuse, qu'à sa forme il reconnut être le condyle de la mâchoire et dont l'extrémité externe se dessinait sous la peau. Il lui fut impossible de déterminer exactement la position de l'apophyse coronoïde, qui lui parut cependant être restée sous l'arcade zygomatique, comme à l'état normal.

A ces symptômes, il était impossible de mettre en doute l'existence d'une luxation du condyle gauche de la mâchoire inférieure dans la fosse temporale, au-dessus de la racine de l'arcade zygomatique. Mais un tel déplacement n'était possible que dans le cas de fracture simultanée de l'os maxillaire. M. Robert explora avec soin l'arcade dentaire et constata bientôt au côté droit du corps de la mâchoire inférieure, au-devant de la branche de l'os, une fracture à peu près verticale, accompagnée d'un déplacement latéral assez marqué, par suite duquel le fragment gauche, porté en dedans, faisait saillie dans la cavité buccale. En se reportant aux circonstances de la chute, il devint dès lors facile d'expliquer le mécanisme de cette luxation extraordinaire.

Le fait ayant été bien constaté, et par M. Robert et par M. Laugier, il fut procédé à la réduction de la manière suivante : Le malade étant assis par terre, M. Robert se plaça devant lui, et introduisit dans la bouche le pouce de la main droite garni de linge, qu'il appuya fortement de haut en bas sur l'arcade dentaire gauche, tandis que les quatre derniers doigts embrassaient l'angle de la mâchoire. M. Robert essaya d'abord d'attirer directement en bas le corps de l'os, mais il éprouva une résistance invincible, due à ce que le bord interne du condyle était retenu à la manière d'un crochet par le bord supérieur de l'arcade zygomatique. Il porta alors le pouce plus profondément, et appuya contre la face interne de la branche de l'os, les autres doigts embrassant toujours l'angle et la face externe du corps, et il poussa directement en dehors cette branche, transformée ainsi en un levier du premier genre, dont le pouce formait le point d'appui. Après quelques efforts, il sentit le condyle se déplacer et se dégager de dessus l'arcade zygomatique; il lui suffit alors de l'attirer légèrement en bas pour le faire rentrer dans la cavité glénoïde.

Pour prévenir un nouveau déplacement et maintenir la fracture du corps de l'os, M. Robert plaça une fronde au-devant et au-dessous du menton, et il appliqua le bandage ordinaire des fractures de la mâchoire. Un traitement énergique fut mis en usage pour prévenir l'inflammation; il ne survint

aucun accident, si ce n'est un abcès dans l'épaisseur de la joue droite, vis-à-vis de la fracture. Le quarantième jour l'appareil fut enlevé; la fracture était consolidée; le malade commençait à ouvrir la bouche, n'éprouvait qu'un peu de gêne et de douleur dans l'articulation. Il sortit le cinquantecinquième jour dans un état parfait de guérison. (Ibid.)

et

Observatiou remarquable d'urticaria tuberosa. Parmi plusieurs faits intéressants que contient le Journal de médecine de Lyon, nous croyons devoir citer l'observation suivante du docteur Nepple, comme présentant un bel exemple d'une affection rare de la peau.

Une dame était affectée depuis plus de douze ans d'accidents utérins, caractérisés par des pertes en blanc, une menstruation irrégulière, des douleurs sourdes et intermittentes à l'hypogastre, une atonie générale, etc., lorsque, en 1810, des ecchymoses et de l'enflure se manifestèrent vers la région malléolaire. Dans le mois de janvier 1842, la maladie envahit les cuisses avec les formes du purpura urtica, et avec le type intermittent. Les macules sont d'abord d'un rouge vif et disparaissent, ne laissant aucun furfur ni exsudation quelconque, ne revenant sur les parties que six ou huit jours après la dernière jetée. Quelquefois il se forme sur la face dorsale du pied un seul bouton ortié plus ou moins large. Les pieds et les genoux sont tuméfiés.

Depuis l'apparition de tous ces phénomènes, la santé générale s'est évidemment améliorée.

Dans le mois de juin, l'éruption s'aggrave et se caractérise. Chaque jour, de midi à quatre heures, les jambes et les cuisses se couvrent de deux espèces de boutons, les uns véritablement urticaires, les autres moins proéminents, mais beaucoup plus sensibles à la pression. Lorsque sur l'un de ces nodus profonds se superpose une urticaire superficielle, il en résulte une tubérosité du volume d'une petite noix, excessivement douloureuse, qui s'injecte fortement. Par ces jetées successives, la peau se trouve constamment maculée. Chaque accès de l'éruption se termine par l'apparition, le matin, d'une sueur critique sur les jambes et sur les pieds.

Cependant les accidents éruptifs se suspendent et l'état morbide général se produit avec plus de force.

Au mois d'août et à l'heure ordinaire de l'éruption, névralgie occupant le côté externe de la cuisse et crise nerveuse qui se termine par des pleurs involontaires et des urines limpides. Le lendemain la même chose

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