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Introduire entre les paupières, à l'aide d'un pinceau, la pommade ci après :

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Le 2 novembre, la cornée avait récupéré beaucoup de sa diaphanéité et de sa forme naturelles; sa partie centrale seule restait nuageuse, et laissait encore apercevoir le point jaunâtre. L'iris avait repris sa place naturelle; la pupille était ronde. La vision s'améliorait. Le quart supérieur du cercle nerveux avait disparu aux yeux de l'observateur. L'injection scléroticale était affaiblie depuis la dernière application de sangsues, et suivait exactement la marche rétrograde du corps ciliaire. Quelques vaisseaux bleuâtres et isolés rampaient sur la conjonctive de l'œil.

Prescription. Nous faisons continuer tous les moyens indiqués dans notre dernière visite.

Le 5, le point jaune du centre de la cornée avait diminué de volume et de couleur. Le retour du ligament nerveux dans son état primitif était notoire. La sclérotique reprenait sa blancheur.

Prescription. Outre les mêmes agents thérapeutiques en usage, nous ordonnons un purgatif salin, et suspendons les frictions mercurielles composées, quoique aucun prodrôme de salivation mercuriel ne se soit déclaré.

Le 9, la cornée avait repris sa résistance et sa forme naturelle; son centre était encore voilé par une espèce de vapeur blanchâtre. La cilite traumatique avait disparu. Il y avait une légère diminution dans l'étendue et dans la coloration du cercle cornéal.

La photophobie était peu prononcée, la vision s'amendait; l'emplâtre appliqué se desséchait.

Usage

Prescription. Continuation de l'hydrochlorate de baryte à l'intérieur. du dernier collyre. Régime légèrement tonique. Prendre un bain de pieds

tous les soirs. S'abstenir de la compresse flottante.

Le 13, l'amélioration était peu prononcée. Cependant la taie s'effaçait par plaques irrégulières, il n'y avait plus d'injection à la surface du cercle cornéal, et celui-ci avait beaucoup diminué.

Prescription: ut supra.

Le 17, il y avait un peu de recrudescence par suite d'un refroidissement général; on voyait une légère injection catarrhale sur la conjonctive oculaire.

Prescription. Prendre un verre d'eau de Sedlitz chaque matin, pendant trois jours consécutifs.- Une infusion de fleurs de sureau pour boisson.- De ce collyre en instillation, soir et malin.

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Le 21, il avait disparition de l'injection catarrhale et du cercle cornéal.

Prescription: ut supra.

Le 25, l'état général du patient était bon; on remarquait encore une trace du point jaunâtre qui était comme entourée d'un nuage.

Prescription. Reprendre la solution du baryte, suspendue depuis le 17 du courant. Onctionner matin et soir, les bords des paupières avec la pommade suivante :

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Le 1er décembre, la maladie oculaire semblait demeurer stationnaire.

Le 10, comme la petite taie était la seule cause qui mît obstacle à la libre exécution de la vision, je dirigeai plus particulièrement sur elle les moyens locaux.

Prescription. 2 Sous-carbonate d'ammoniaque

Teinture d'opium safranée,

Miel blanc épuré,

M.

4 grains;
un scrupule;
2 gros.

Toucher la partie nébuleuse de la cornée trois fois par jour, à

l'aide d'un pinceau convenable.

Frictionner le front et la tempe avec :

2 Eau distillée de lavande,

Ether nitrique camphré,

M.

2 onces;

2 gros.

Le 20, le miroir visuel de l'œil gauche se nettoyait d'une manière visible, et la vision différait peu de celle de l'autre œil.

Prescription: ut supra.

Le 29, le jeune Ch... peut être considéré comme guéri: seulement l'œil attaqué conserve encore, à la lumière, un peu de sensibilité; malgré cela, la vision s'exécute parfaitement. Il ne reste aucune trace visible de cette ophthalmie traumatique. Remarques. - On a pu voir dans cette observation que la cause locale ne s'est pas bornée à l'altération du ligament ciliaire seul; qu'elle a, au contraire, propagé son action sur d'autres tissus de l'œil, et plus particulièrement sur la cornée, malgré le traitement antiphlogistique énergique mis en usage.

Il est à présumer que la membrane de l'humeur aqueuse n'est pas restée intacte dans cette maladie, quoiqu'on n'ait pu découvrir quelques-uns des symptômes qui la caractérisent.

C'est à dater de l'emploi d'un traitemeut interne bien soutenu cumulativement avec l'externe, et spécialement de l'usage de la racine de polygala senega en décoction et en poudre, que la diminution dans les phénomènes morbides, a commencé à s'effectuer.

Une fois que la résolution de cette ophthalmie s'est opérée, elle a absolument suivi la même ligne que son développement, jusqu'au moment où il n'est plus resté qu'un point opaque, enveloppé d'un nuage demi-transparent, placé vis-à-vis de la pupille, et dont l'application locale du sous-carbonate d'ammoniaque a fait justice.

A quoi faut-il attribuer ici la formation du staphylome sphérique de la cornée, et l'apparition d'un cercle cornéal passager?

Est-ce à l'anneau ciliaire tuméfié, à la kératite consécutive, ou à une sur-sécrétion de l'humeur aqueuse séparément, ou à toutes ces causes réunies.

Je laisse aux personnes plus expérimentées que moi, le soin de résoudre ces questions; mais je signalerai en passant, les accidents que peut entraîner après lui, un staphylome sphérique bien développé et sans adhérence de l'iris, qui, d'ordinaire, reste stationnaire pendant toute la vie du'malade, ou, dans d'autres circonstances, reste stationnaire provisoirement pour s'accroître de nouveau et acquérir parfois un volume assez considérable, au point que les paupières ne peuvent plus le mettre à l'abri des agents extérieurs susceptibles de l'irriter.

Il peut résulter de cet inconvénient, soit la rupture de la cornée, soit l'écoule

ment des humeurs de l'œil, ou bien encore son atrophie par la suppuration, par son ulcération ou par sa destruction.

A quoi faut-il encore rapporter l'existence de la photophobie, pendant toute la durée de cette affection?

Quant à ce phénomène, on connaît la divergence d'opinions qui existe à cet égard; depuis peu de temps surtout, on a désigné le cercle ciliaire enflammé comme étant la cause réelle de la photophobie, ce que je suis porté à croire d'après le fait que je viens de décrire.

Quoique cette phlogose oculaire fût locale et indépendante de toute autre affection générale, on ne pouvait rationnellement concevoir l'espérance de la guérir par un traitement local, faible et simple, sans le secours d'un traitement interne convenable.

C'était aussi l'avis de M. le docteur Deroubaix, qui avait eu occasion de voir le malade dans un moment critique.

Pour ne pas se méprendre sur la valeur ni sur les caractères pathognomoniques de chacun des cercles ou anneaux que l'on peut observer dans l'organe visuel, à son état normal, je vais tâcher de reproduire leurs signes différentiels, sans vouloir prétendre à la connaissance du mécanisme de leur formation.

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Cercle arthritique ou veineux. Anneau bleuâtre, large d'un tiers de ligne au plus, entourant le plus ordinairement la cornée, et séparant celle-ci de la zone vasculaire de la sclérotique qui existe simultanément, susceptible de résolution, avec coexistence d'une affection rhumatismale, veineuse, arthritique ou goutteuse, pouvant provenir d'après M. Sichel :

1° Soit de l'anastomose des trois points des vaisseaux de l'œil.

2o De la réunion des vaisseaux de la sclérotique avec les ciliaires.

3° De l'engorgement veineux du canal de Fontana.

4. Enfin de la compression ou de l'amaigrissement du bord antérieur de la sclé. rotique.

Cilite traumatique complète. lci il y a saillie visible et sensible au toucher, formée par la phlogose de l'anneau nerveux avec soulèvement des parties qui le recouvrent; ce cercle est d'un gris cendré, tirant sur le jaune miel impur, plus volumineux que le cercle arthritique, correspondant à sa position anatomique, large d'une ligne, pouvant exister sans autres complications générales, occasionnant parfois des douleurs sourdes et même lancinantes; il est accompagné de photophobie pendant toute sa durée.

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Cercle sénile. - Il est d'un blanc nacré lorsqu'il est complet; ce n'est pas un état pathologique ni réservé aux vieillards seulement, car on l'a déjà observé chez les enfants; il peut être congénital ou accidentel, et même héréditaire. La partie constituant l'anneau (gérontoxon), n'est ni épaissie, ni altérée, et cet anneau n'est complet que dans la vieillesse, et toujours séparé de la sclérotique par un petit intervalle constituant la circonférence cornéale restée transparente. Cet état, une fois développé, persiste.

La cause n'en est pas encore bien connue.

Cercle cornéal passager. il est d'un blanc de craie, luisant, large d'une demiligne, situé tout à fait sur la circonférence cornéale, sans séparation visible comme dans l'arc sénile.

Il est parcouru ça et là par quelques petits vaisseaux qui ne le dépassent pas, peut résulter d'une cause locale, est toujours précédé d'une inflammation dans son voisinage, disparaît avec celle-ci, et n'occasionne aucune douleur distinctive.

Il est probablement dû à une couche de lymphe blanchâtre, interposée entre la cornée et le feuillet conjonctival qui la recouvre, ou entre les premières lamelles externes du tissu cornéal.

Je terminerai par faire observer que, dans le cas précité, la sclérotique ne présentait pas de tumeurs bleuâtres, et qu'il n'existait pas de varicosités des vaisseaux de la choroïde.

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Note sur l'ergot de seigle; par M. GRIPEKOVEN, pharmacien, membre titulaire de la Société.

M. le docteur Debourge a présenté dans la séance du 4 décembre 1843, une note sur l'ergot du seigle dans laquelle il considérait l'ergot comme une maladie du grain. Le rapport sur ce travail donna naissance à une discussion qui m'engagea à présenter à mon tour, dans la séance du 8 janvier 1844, une note relative à ce sujet, note qui renfermait quelques expériences que j'avais faites à cet égard. Il en a été donné lecture dans la même séance, et une commission fut nommée pour en faire l'objet d'un rapport.

Quoique je disais dans cette note que j'avais vu dans l'ergot des papillons se former, appartenant au genre tinea, le Bulletin n'osa en faire mention, tant mon opinion fut trouvée probablement erronée.

Il est à regretter que la commission nommée n'ait pu faire quelques expériences pour contredire ou pour confirmer cette opinion nouvelle, qui regardait l'ergot comme le dépositaire des œufs d'une teigne, probablement de la teigne des grains. J'ai fait dès ce moment des expériences de mon côté, qui ont été couronnées d'un succès complet. Elles me confirment dans ma manière de voir, et j'ai cette fois-ci des pièces à l'appui de l'opinion par moi émise.

Il résulte de ces expériences, que l'ergot n'est qu'une graine dénaturée par la présence d'insectes qui se développent à ses dépens.

C'est la tinea granella, la teigne des grains, petit insecte de la famille des coléoptères, qui, à la fin du printemps, époque de sa transformation, dépose ses œufs au milieu de la substance destinée à nourrir les chenilles qui en sortiront plus tard.

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Il ne faut point s'étonner que l'insecte agisse ainsi par son instinct. Les personnes qui se sont occupées d'histoire naturelle, savent que les papillons, en général, lorsqu'ils se trouvent en état de liberté, ne déposent jamais leurs œufs que sur ou dans la substance qui sert d'aliment aux chenilles prochaines. Nous retrouvons le même instinct auprès de la chenille de notre insecte en question. Elle lie ensemble plusieurs grains avec des fils de soie; dans l'espace qu'elle laisse entre eux, elle se file un tuyau de soie blanche, d'où elle sort pour manger; la précaution qu'elle a eue de lier plusieurs grains ensemble, fait qu'elle n'a point à craindre la disette. Elle porte avec elle sa provision.

Dès qu'une graine a reçu ces œufs, elle continue à s'accroître; elle s'étend et s'allonge, mais elle conserve sa forme primitive, de manière que l'ergot du seigle ne ressemble en rien à celui du froment, si ce n'est par la couleur. Mais la nature de la substance de la graine est modifiée par la présence des corps étrangers, qui se développent à leur tour en même temps. Nous voyons la même chose sur le dos de la feuille de chêne, si elle a été piquée par le cynips quercifolia. De là résulte un changement dans la disposition des cellules, un changement de couleur. Dès que les circonstances le permettent, des chenilles sortent de l'ergot; parvenues à leur accroissement, elles se changent en chrysalides qui paraissent sous la forme d'insecte parfait, ordinairement à la fin du printemps.

Mais cette époque peut différer suivant le degré de l'humidité et de la tempé

rature.

Les insectes que j'ai l'honneur de présenter à la Société, sont sortis de l'ergot au mois de décembre. Je les ai vus sortir l'un après l'autre.

Depuis un mois, je n'en ai plus vu se développer; par contre, j'ai vu un de ces jours une chenille se promener sur les grains. Elle doit être passée à l'état de chrysalide, parce que je l'ai en vain cherchée pour la mettre dans de l'alcool. Elle ne pouvait cependant pas plus sortir que les insectes ailés.

Ce changement d'habitude dans l'ordre de la transformation est une anomalie très-remarquable.

La température du cabinet où j'ai fait ces expériences, est en général très-peu élevée. On y fait du feu cependant tous les jours; mais le plus souvent seulement le soir.

Il sera facile à tout le monde de répéter l'expérience. On choisit pour cela les plus gros des ergots recueillis dans le froment ou le seigle récents; on les place dans un bocal légèrement couvert de papier, de manière qu'aucun insecte ailé ne puisse s'y introduire, sans cependant que la circulation de l'air soit interceptée. La température doit être moyenne, pas si élevée que la vie animale puisse être détruite.

Après un intervalle plus ou moins long, on voit une poussière rejetée en dehors, qui augmente de plus en plus. On voit des ergots piqués, qui ne l'étaient pas auparavant, et réunis les uns aux autres par des soies très-fines, de sorte qu'il y en a souvent jusqu'à dix réunis.

Des chenilles se voient rarement, mais la réunion d'un grand nombre de grains est un signe certain de leur présence, et le moment approche où la formation des chrysalides commence.

Peu à peu on voit un bout d'une coque sortir, ou du milieu de la substance de l'ergot, ou du centre de plusieurs d'entre eux réunis.

Des papillons ne tardent pas alors à voltiger dans la partie supérieure du bocal, et à faire des efforts pour sortir.

J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société :

1. Un flacon avec des ergots réunis dans de l'alcool.

2o Le flacon avec les ergots dont les chenilles et les insectes ici présents, sont sortis.

3. Un ergot avec un bout de la coque de chrysalide, dont un insecte est sorti.

40 Sept chenilles de tinea granella.

5. Onze coques de chrysalides.

6o Douze ou treize papillons plus ou moins parfaits.

Les taches irrégulières qu'ils portent sur les ailes, les distinguent assez de toutes les autres teignes.

L'extrémité des ailes était relevée en forme de queue de coq pendant leur vie. Elles sont plus pendantes depuis leur mort.

La disposition des grains d'ailleurs ne laisse aucunement douter de l'espèce à laquelle nous avons affaire. Elle appartient uniquement à l'espèce tinea granella. Voyons maintenant jusqu'à quel point mon opinion reçoit de l'appui, par des travaux faits antérieurement, lorsqu'on suivait une fausse route.

1o Par la grande quantité de la substance azotée animale que l'analyse a trouvée dans la composition de l'ergot.

2o Par les mouvements que M. Fée, qui a écrit en dernier lieu sur l'ergot, y a observés, lesquels il a comparés à tort au mouvement de la matière de R. Brown. Voici ce qu'il dit, page 31, art. Nosocarya, vue sous le microscope :

« Les grains de fécule qui ont perdu leurs propriétés caractéristiques, sont ‣ accompagnés d'une immense quantité de corpuscules monadaires mobiles ; ce » mouvement est parfois si remarquable, que la masse granuleuse paraît comme

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