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suivies de l'expectoration de mucosités transparentes, épaisses, s'échappant en cordons d'une longueur de plus d'un pied; pendant l'accès, la figure se colorait en bleu, mais dès qu'il était terminé, cette couleur disparaissait promptement, signe à nos yeux que l'hématose s'opérait très-bien encore et que la maladie ne siégeait que dans les tubes bronchiques les plus volumineux. Ayant été souvent témoin, dans ces sortes d'affections, des progrès du mal malgré les émissions sanguines, et nous proposant de n'y recourir qu'en cas d'absolue nécessité, nous prîmes la résolution d'employer le tartre émétique, qui fut prescrit à la dose d'un grain et demi dans six onces d'eau et une once d'oxymel simple, à prendre par cuillerées à soupe dans la journée. Comme la digestion s'opérait bien, que la désécation avait lieu régulièrement, que les urines étaient assez abondantes, l'alimentation au bouillon de bœuf fut permise, avec la recommandation de le faire prendre après que le médicament aurait produit son effet et de laisser au moins une heure d'intervalle entre le repas et l'administration d'une cuillerée de la potion. Le lendemain, les matières expectorées que l'on avait eu soin de conserver, présentaient une masse glaireuse dans laquelle se trouvaient bon nombre de débris un peu opaques, légèrement organisés, variant en grandeur d'une demi-ligne à une ligne et demie; les premières doses de la potion avaient seules donné lieu au vomissement d'une matière verdâtre porracée; après chaque vomissement, le bruit bronchique paraissait sensiblement diminué, peu après il augmentait derechef et la gêne de la respiration, une quinte nouvelle avaient lieu. Nous recommandâmes pour les jours suivants de donner la cuillerée de médicament lorsque l'on s'apercevrait que la respiration serait gênée de nouveau; l'enfant eut les pieds recouverts de cataplasmes de farine de lin fréquemment renouvelés pendant la journée et on y ajoutait un peu de farine de moutarde pour passer la nuit; la même médication fut suivie de point en point les jours suivants et le même régime fut mis en usage. Cette jeune fille était habituée à voir toutes ses petites volontés s'accomplir et, malgré nos recommandations, on ne put se dispenser de lui laisser manger chaque jour au moins une demi-douzaine de pommes crues; du reste, comme elle n'y mettait pas de règle, les débris en étaient le plus souvent rejetés par le vomissement qui se montra dans la suite comme au premier jour. Par l'emploi des moyens précités, les quintes de toux devinrent moins fréquentes, les mucosités et les débris membraneux moins abondants, la respiration était moins gênée et pendant le cinquième jour, il ne se manifesta plus de toux qu'à deux reprises. A notre visite ce jour-là, nous la trouvâmes assise sur le seuil en pierre de la porte, occupée à faire son petit ménage. Malgré nos instances près des parents pour exercer plus de surveillance à l'égard de leur enfant, nous n'obtenions rien, c'étaient de ces personnes qui croient qu'il suffit pour guérir de la présence du médecin et des médicaments qu'il prescrit. Le pouls donnait alors 85 pulsations, la langue était nette et fraîche et pour le sixième jour toute médication fut suspendue, hors l'application nocturne des cataplasmes sinapisés. Mais le lendemain nous eûmes à regretter de n'avoir pas insisté plus longuement sur la médication suivie jusqu'alors, l'affection avait repris son intensité et tous les caractères qu'elle présentait au jour de notre première visite; nous eûmes recours de nouveau aux moyens mis en usage précédemment, en augmentant d'un demi-grain la dose d'émétique; une amélioration marquée s'en suivit derechef, mais les quintes restaient fréquentes et l'expectoration du mucus mélangée de débris membraneux; c'est pourquoi quatre jours plus tard le kermès minéral fut substitué à l'émétique, dans le but d'obtenir plus d'efficacité par ce nouvel agent, mais l'expectoration fut moins abondante et sans débris membraneux; nous reprimes donc le lendemain notre premier médicament et il fut donné encore durant neuf jours consécutifs, provoquant chaque jour les mêmes effets, suivis d'une amélioration progressive,

de sorte qu'au bout de 20 jours de traitement et de 25 jours de maladie, la guérison fut complète; plus de toux, plus de gêne de la respiration, état normal complet de l'estomac et du ventre, et cette jeune fille, quelques jours plus tard, ne présentait qu'un peu de maigreur pour traces d'une affection aussi longue pour son âge et aussi rebelle.

Nul doute sur le caractère de la maladie, c'était bien une affection trachéo-bronchique avec formation de fausses membranes, dans laquelle le larynx et les bronches capillaires furent épargnés; on sait toutes les anomalies que présentent ces maladies, toutes les formes qu'elles revêtent. Quant à sa longue durée, est-ce le résultat d'une diathèse, ou bien les habitudes déréglées de la petite malade y ontelles contribué? L'amélioration qui se manifesta après les cinq premiers jours de traitement semble donner quelque poids à la dernière supposition. Il nous a paru intéressant de donner communication de ce fait moins pour la maladie en ellemême dont les exemples ne sont pas bien rares, que pour les résultats duftraitement, l'efficacité évidente du tartre d'antimoine et de potasse, et l'innocuité de l'administration prolongée de ce sel actif dans un âge aussi tendre.

Observation de cilite traumatique, compliquée de staphylome leucomateux de la cornée, et suivie de guérison; par le docteur VALLEZ, maître-oculiste à Bruxelles.

Le 15 octobre 1844, le sieur D... père, me fit demander pour donner mes soins à son fils Ch..., enfant de huit ans et demi, qui, trois jours auparavant, avait reçu un coup d'ongle dans l'œil gauche, en jouant avec ses camarades.

Ch... est d'un tempérament lymphatique, il n'a jamais eu mal aux yeux antérieurement et a toujours, jusqu'au 12 octobre, joui d'une excellente santé ; cependant, quelques ganglions lymphatiques du cou se sont quelquefois engorgés pour se terminer par la résolution.

Après l'accident que je viens de signaler, il n'est résulté aucune douleur dans le globe oculaire, seulement le malade éprouvait une sensation désagréable comme celle qui résulte de la présence de corps étrangers entre les paupières ; celles-ci étaient fermées, rougeâtres, sans gonflement notable. Il y avait écoulement de larmes sur la joue correspondante, photophobie quand on écartait les voiles mobiles de cet œil, lequel, alors, se retournait en haut et en dehors, sous la voûte orbitaire. Pas de granulations palpébrales.

La cornée, baignée de larmes, était translucide et l'on ne pouvait découvrir qu'avec grand'peine la cause du mal.

Mais vers l'insertion oculaire du muscle droit externe, précisément sur la région anatomique du ligament ciliaire, je m'aperçus de l'existence d'une strie blanchâtre, d'une ligne de longueur, et concave du côté de la cornée, en suivant sa circonférence.

La conjonctive bulbaire était sillonnée de quelques gros vaisseaux d'un rouge foncé. Du côté de la blessure, on distinguait une injection partielle de la sclérotique ; c'étaient de petits vaisseaux capillaires, droits, sans anastomoses entre eux et d'un rouge violet.

L'iris ne présentait rien d'anormal.

Dans l'obscurité, le malade pouvait ouvrir les paupières à demi, et la vision n'était troublée que par l'abondance des larmes,

Prescription. Application de 8 sangsues à la tempe gauche.-Frictions d'onguent napolitain sur le front, de 3 en 3 heures. - La teinture de jalap et le sirop de rhu

barbe, à dose purgative.—Un bain de pieds alcalin. - Soustraire l'œil à la lumière. -La diète.

Le lendemain, à ma seconde visite, c'est-à-dire, le quatrième jour après l'accident, la cilite traumatique s'était déclarée partiellement, quoique les sangsues appliquées la veille eussent produit leur effet, que Ch... cût eu plusieurs selles liquides, et que le reste du traitement eût été ponctuellement suivi.

Grande difficulté de supporter la lumière, écoulement de larmes chaudes. L'obscurité ne soulageait plus le malade, il ressentait une douleur sourde dans l'œil, à l'endroit où le coup avait été donné. La trace de celui-ci avait complétement disparu; mais on y voyait une partie du corps ciliaire, de la longueur de quatre lignes, faisant saillie au dehors, en soulevant les tissus externes qui le recouvrent, et sensible au toucher. La couleur en était d'un gris cendré, tirant sur le jaune, sans avoir aucun des caractères du cercle arthritique, qui est toujours bleuâtre, avec coexistence d'une affection rhumatismale ou veineuse.

La cornée était dépolie sous l'endroit atteint, et cette défloration formait un V dont la partie supérieure était conforme à l'étendue du cercle nerveux tuméfié et à l'injection scléroticale partielle, plus développée que la veille.

L'iris n'offrait pas de changement dans sa couleur; la pupille était ronde et paresseuse ; la conjonctive oculaire totalement congestionnée, laissant entrevoir quelques gros vaisseaux en relief appartenant à l'injection catarrho-lymphatique. Prescription. Un nouveau purgatif dans la journée.- Continuation des frictions mercurielles sur le front et à la tempe gauche, de 4 en 4 heures.-Emplâtre de Janin à demeure, derrière l'oreille gauche. Un bain de pieds alcalin, soir et matin. Régime maigre.— Instiller trois fois par jour entre les paupières, quelques gouttes du collyre suivant :

2 Eau distillée de fleurs de pavots rouges, une demi-once;

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Le 18, le patient avait bien dormi; la photophobie persistait au même degré; l'écartement des paupières faisait voir un obscurcissement triangulaire, muqueux, terne comme un verre dépoli, dont un des angles masquait le centre de la pupille; celle-ci était petite, ronde et presque immobile.

Le ligament nerveux tuméfié occupait le tiers de la circonférence cornéale ; grandissant des deux côtés à la fois, il se distinguait autant par sa couleur plus prononcée, que par son inflammation.

La vascularisation de la tunique fibreuse suivait la marche pathologique du corps ciliaire. Même injection conjonctivale, douleur sourde et tensive dans l'œil malade et qui s'irradiait confusément dans le sourcil correspondant et dans l'orbite. Sensation de grande chaleur sous l'emplâtre appliqué.

Le trouble de la vision était déjà manifeste.

Prescription. Continuation des frictions mercurielles avec addition d'extrait narcotique. Le collyre doit être continué. — Usage de la pommade stibiée à la nuque, jusqu'à éruption pustulaire. Prendre intérieurement, dans la journée, trois

paquets de la composition suivante :

2 Calomel à la vapeur (préparé),

Éthiops antimonial,

Poudre de ciguë,

Sucre blanc pulvérisé,

M. F. 21 paq. égaux.

un scrupule; 8 grains;

6 grains;

2 gros.

Le 19, les paupières continuaient à rester fermées et étaient légèrement rou

geâtres; leur séparation laissait échapper un flot de larmes limpides. Aucune sécrétion des glandes de Meïbomius. L'œil n'avait plus la même tendance à fuir pendant qu'on l'examinait. Cependant la photophobie persistait; la cornée se déformait en ressortant, et était totalement parsemée de points ressemblant à du sable porphyrisé et semé à sa surface; elle présentait ça et là des endroits plus nuageux. Pas d'injection visible dans son tissu un peu ramolli.

La cilite traumatique se montrait dans plus de la moitié supérieure du pourtour cornéen. L'injection de la sclérotique occupait presque toute sa circonférence antérieure.

Quelques petits vaisseaux recouvraient de distance en distance le ligament hypertrophié ; les autres s'arrêtaient près de ce dernier. Leur coloration était d'un rouge vin de Bordeaux.

Quant à la vascularisation de la conjonctive oculaire, elle conservait la forme décrite. L'iris présentait une légère altération de couleur comme un mélange de sa teinte naturelle avec un peu de bleu. La pupille était rapetissée, irrégulière; la vision très-trouble; douleur lancinante dans l'œil, éruption de pustules à la nuque, pas de fièvre. Le malade avait eu deux selles molles dans la journée. Prescription. Une application de 7 sangues à la tempe gauche.

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Prendre par jour 4 des paquets prescrits la veille. Maintenir les frictions mercurielles narcotisées. S'abstenir de l'emploi du collyre. Ne pas négliger les bains de pieds.Même régime. Une compresse flottante devant l'œil.

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Le 21, pas de changement appréciable; même traitement, sauf l'application de sangsues.

Le 22, les paupières étaient maintenues séparées; on voyait la cornée généralement staphylomateuse; vers son centre il existait cinq onyx, situés entre les lames profondes de cette membrane: ils étaient de la grosseur d'un grain de millet, jaunâtres et irrégulièrement placés.

Au dehors de ces onyx, le reste de la tunique cornéale était opaque, blanchâtre et flasque. L'anneau ciliaire se dessinait complétement en dehors du staphylôme, et conservait toujours sa teinte primitive avec de légères nuances de couleur de miel d'un blanc jaunâtre.

La vascularisation de la sclérotique entourait l'anneau.

La réplétion sanguine des vaisseaux conjonctivaux était moins prononcée. Deux des vaisseaux majeurs persistaient dans leur grosseur au bas de l'œil. L'iris se trouvait cachée à l'observateur. La douleur lancinante s'était transformée en douleur sourde, obtuse.

La faculté visuelle était entièrement abolie.

Prescription. Prendre le matin et le soir une demi-once de sulfate de soude dans du bouillon aux herbes. Boire dans la journée quelques tasses d'une décoction faite avec des racines de polygala senega et de gentiane, de chaque un gros pour deux livres d'eau. - Les frictions mercurielles doivent être continuées. — Réappliquer un emplâtre de Janin en remplacement du premier. Entretenir la suppuration des pustules à la nuque. Onctionner trois fois dans les 24 heures, les bords des paupières de l'œil gauche avec une parcelle de la grosseur d'une tête d'épingle, chaque fois de la pommade suivante :

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Le 24. L'enfant avait eu plusieurs selles liquides les jours précédents ; il éprouvait quelquefois des coliques passagères; il ne présentait aucun symptôme de

stomatite mercurielle; il semblait réfractaire à tout traitement dirigé contre son affection oculaire. Les onyx étaient rapprochés par leur volume. La cornée mena

çait de se rompre.

Ingérer

Prescription. Une nouvelle application de 7 sangsues à l'apophyse mastoïde du côté malade. La tisane prescrite précédemment sera continuée. toutes les 5 heures un de ces paquets.

2 Calomel anglais,

gr. xxiv;

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Le 26, l'état inflammatoire de l'œil avait visiblement diminué. Un des onyx avait également disparu; mais on découvrait un autre cercle de couleur blanchâtre craie, argentine, plus petit que l'anneau ciliaire, situé sur le rebord de la membrane cornéale, sans séparation distincte, et parcourue ça et là par quelques petits vaisseaux extrêmement fins qui ne dépassaient pas ses limites. Ce cercle était produit par le soulèvement du feuillet conjonctival qui recouvre la cornée; sous ce feuillet se trouvait une matière blanchâtre épaissie.

Prescription. Même traitement que celui sus-mentionné, à l'exception des sangsues.

Le 28, il ne restait plus que trois onyx. La cornée s'éclaircissait par parcelles, mais était toujours bombée. Les deux anneaux étaient très-visibles et conservaient leur teinte respective. L'enfant entr'ouvrait un peu les paupières dans l'obscurité. La vision revenait, mais confuse; l'épiphora était diminué; tous ces phénomènes augmentaient pendant l'inspection de l'organe.

Prescription: ut supra.

Le 29, la résorption des onyx se faisait à merveille; la cornée avait beaucoup gagné en transparence là où elle avait commencé à s'obscurcir; l'opacité n'était considérable que dans la partie inférieure de cette membrane, qui devenait de moins en moins protubérante.

Le corps ciliaire était moins saillant, la vision se trouvait encore dans le même état. Prescription: ut supra.

Le 31, la partie inférieure de la cornée s'éclaircissait, on ne voyait plus au centre de cette tunique qu'un nuage assez épais et grisâtre qui recouvrait toute l'étendue de la pupille. Celle-ci conservait une certaine irrégularité et une mobilité au-dessous de la normale.

L'iris ne paraissait plus décolorée, mais elle semblait être un peu bombée du côté de la chambre antérieure.

Au milieu du nuage, on distinguait un point opaque jaunâtre, probablement dû à la concrétion purulente d'un onyx.

Le ligament ciliaire reprenait ses formes ordinaires par en haut et en dehors, précisément là où il avait commencé à s'altérer.

L'autre anneau existait toujours; les pustules du cou se desséchaient; mais l'emplâtre de Janin suppurait très-bien.

Prescription. Refaire la tisane avec les racines de polygala, et de grande consoude officinale, parties égales. — Ajouter à l'onguent mercuriel narcotisé, une quantité suffisante de teinture d'iode pour faire une pommade molle; dont une friction soir et matin seulement. Prendre trois fois par jour 12 gouttes de la solution suivante, dans une cuillerée d'eau sucrée :

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