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A la gauche de l'échelle et en face de la densité, se trouvent les noms des huiles. Pour la facilité des vérifications, leur place est représentée par une couleur à peu près semblable à celle que prend chaque espèce sous l'influence de l'acide sulfurique concentré, réactif que M. Lefebvre a emprunté à M. Heyndereich pour caractériser chaque huile en particulier. Ce sont ces couleurs qui font mieux distinguer la place où s'arrête le niveau de l'huile sur l'instrument; de cette manière, on n'a pas besoin de retirer celui-ci pour connaître la densité exprimée en chiffre. L'instrument ayant été gradué pour la température de+15o, il y a toujours nécessité de consulter la température de l'huile au moment où l'on y plonge l'oléomètre, et de faire une correction au chiffre obtenu, lorsque la température est supérieure ou inférieure à+15°. D'après M. Lefebvre, la correction pour toutes les huiles est de 1o 1/2 centigr. pour un millième de densité en plus ou en moins, à partir de+15°, soit 5o centigrammes pour deux millièmes, 60 pour quatre millièmes, ete. Lors donc qu'une huile est à+18 centigr., l'oléomètre descend alors à deux millièmes au-dessous de la densité réelle, et il faut donc augmenter de 2 millièmes le chiffre trouvé. Si l'huile est à+12°, l'instrument s'arrête à 2 millièmes au-dessus de la véritable densité, et il faut dès lors diminuer ces 2 millièmes de la densité apparente.

A+ 50 pour les huiles de colza et de navette, à +8° pour l'huile d'olive, la vérification ne peut avoir lieu, à cause de leur concrétion. Il faut alors faire chauffer l'huile dans le tube d'essai, soit avec la main, soit avec de l'eau tiède, et avoir la précaution d'agiter l'huile avec une baguette, ou même avec le thermomètre.

Pour éviter tous les calculs relatifs aux corrections de température, M. Lefebvre a pris la peine de dresser des tableaux donnant les poids des huiles à l'hectolitre pour toutes les températures ordinaires, c'est-àdire celles qui sont comprises entre +50° et-6o centigrades. Ces tableaux font partie d'une notice explicative pour l'emploi de l'oléomètre, que l'auteur a jointe à cet ins

trument.

L'instrument de M. Lefebvre peut nonseulement permettre de distinguer des huiles entre elles, mais, jusqu'à un certain point, faire reconnaitre les mélanges des unes avec les autres.

Les huiles communes d'olive, destinées pour fabrique, sont falsifiées avec du sésame, du colza, des arachides, et des œillettes; mais c'est particulièrement avec le sésame que sont mélangées celles qui arrivent du Levant à Marseille.

Les huiles de colza sont l'objet de mélanges continuels; on y introduit souvent de l'huile de ravison, celle d'œillette, de cameline, de lin, et particulièrement l'huile de baleine.

Les huiles de chènevis, presque toujours à des prix plus élevés que les huiles de lin, sont ordinairement fraudées avec ces dernières. On a vu des huiles vendues pour chènevis, qui contenaient 8/10 d'huile de lin; la couleur verte du chènevis était donnée par le mélange des tourteaux ou par l'indigo.

Tels sont les mélanges sur lesquels on peut avoir à prononcer. Mais il est à remarquer que beaucoup de ces mélanges ne peuvent durer que très-peu de jours, lorsque les huiles sont laissées en repos. M. Lefebvre a reconnu qu'il se passe dans ces mélanges les mêmes phénomènes que dans les bains d'alliages; les huiles lourdes ne tardent pas à se déposer presque complétement. Ainsi, un mélange d'acide oléique avec toute autre huile de graines, ne tiendra pas deux jours, parce que l'huile pesante va prendre sa place au fond du vase, et celle qui est légère reste au-dessus.

L'huile d'œillette, mélangée à l'olive, tombera au fond du vase, en moins de huit jours de repos.

L'huile de baleine, mélangée aux huiles de colza, même aux colzas épurés, se dépose en huit jours. Ainsi, lorsqu'un épicier met un baril au détail, et y place un robinet, en supposant que le baril soit un mois à être débité, il aura vendu, dans les premiers quinze jours, toute l'huile de baleine, moins celle placée au-dessous du robinet, et, les quinze derniers jours, l'huile de colza à peu près pure.

Dans les piles d'huile, le repos est beaucoup plus remarquable. En supposant qu'une pile soit annoncée comme huile d'œillette pure, si cette huile a été mélangée d'huile de lin, cette dernière se séparera pour aller au fond; alors même qu'elle aurait été clarifiée, purifiée ou blanchie, sa densité, toujours plus forte, la fera infailliblement tomber.

Les huiles n'éprouvant aucune modification chimique par leur simple mélange, il est évident que les densités des mélanges récemment préparés sont proportionnelles aux quantités respectives des huiles mêlées. L'oléomètre pourra done indiquer, au moins dans le plus grand nombre des cas, les rapports de quantités entre deux huiles qui auront été mélangées. Si, par exemple, l'huile de colza a été additionnée de son volume d'huile de lin, comme il y a, entre ces deux huiles, vingt millièmes de différence pour la densité, l'oléomètre, plongé dans un pareil mélange, s'arrêtera à 9,30, qui est la densité

moyenne de l'huile d'œillette et de l'huile de lin. Si le mélange a été fait dans les rapports de 1/4 de lin et de 3/4 de colza, l'instrument indiquera 9,200. Enfin, si le mélange n'est que de 1/10 d'huile de lin, on aura deux millièmes en plus de la densité de l'huile de colza, soit 9,170.

Mais, pour tirer des indications précises de l'oléomètre dans ces cas de mélange, il est évident qu'il faut pouvoir, à l'avance, reconnaître quelle est l'huile qui a été ajoutée à l'huile de plus grande valeur. Or, c'est ici que M. Lefebvre fait intervenir l'action d'un agent chimique, l'acide sulfurique, qui, par les effets de coloration qu'il produit sur chaque espèce d'huile, permet de caractériser chacune d'elles, qu'elle soit pure ou mé langée.

L'idée de l'emploi de l'acide sulfurique, pour la distinction des huiles, est due à M. Heydenreich, pharmacien à Strasbourg, qui la fit connaître en 1841. Ce chimiste a reconnu le premier que, lorsqu'on ajoute une goutte d'acide sulfurique concentré à 10 ou 15 gouttes d'huile, déposées sur un verre blanc placé sur une feuille de papier blanc, on voit presque aussitôt apparaître une colo ration, qui varie suivant l'espèce d'huile employée.

Lorsque deux huiles sont mélangées, et qu'on les soumet à l'action du réactif, il se manifeste alors une coloration toute différente de celle qu'on obtient avec les huiles pures, et qui permet souvent de reconnaître la nature de l'huile employée par la fraude. Par l'acide sulfurique, l'huile de sésame devient d'un rouge vif,

L'huile de baleine devient d'un rouge brun foncé.

L'huile de chènevis prend une teinte d'émeraude bien prononcée.

L'huile d'olive devient jaune. L'huile de navette devient d'un gris sale. L'huile de colza offre une auréole bleu verdâtre.

L'huile d'œillette devient d'un jaune pâle avec un contour gris sale.

L'huile de coton devient jaune avec des stries brunes au centre,

L'huile de lin devient d'un rouge brun qui passe bientôt au brun noir.

Mais, il faut le dire, ces nuances ne sont pas toujours aussi tranchées que nous l'indiquons ici, et il y a certaines huiles qu'il serait bien difficile de distinguer de certaines autres au moyen de ces effets de coloration, les différences étant parfois à peine sensibles. Ainsi, par exemple, l'huile d'arachide, l'huile d'œillette, l'huile d'olive, l'huile de cameline, se sont comportées absolument de la même maniére dans nos essais avec l'acide sulfurique. L'acide oléique et l'huile de baleine

n'offrent pas non plus des différences bien prononcées.

D'ailleurs, la même huile ne donne pas toujours des résultats identiques avec l'acide sulfurique; le lieu de provenance, l'ancienneté de l'huile, le mode d'extraction, sont autant de causes qui modifient les effets du réactif. Aussi faut-il toujours, quand on essaie une huile, opérer comparativement avec d'autres échantillons de la même huile pure.

Au reste, l'emploi de l'acide sulfurique n'est que secondaire, et il n'est pas indispensable d'y recourir dans le plus grand nombre de cas.

Pour tous les cas, d'ailleurs, où cet acide est en défaut, on peut recourir à d'autres réactions chimiques pour suppléer à l'oléomètre, lorsque celui-ci ne peut suffire à indiquer la nature propre des huiles qui ont à peu près la même densité. Ainsi, on peut tirer d'excellents caractères de distinction:

Des diverses colorations que l'acide bypoazotique communique à certaines huiles, ainsi que M. Félix Boudet: l'a démontré en 1832;

De l'action de l'ammoniaque étudiée, en 1859, par M. Fauré, qui nous a appris les couleurs et les consistances variables que cet alcali donne aux huiles;

De l'action du chlore, qui, ainsi que M. Fauré l'a encore reconnu, est d'un emploi si commode et si précis pour distinguer les huiles animales des huiles végétales;

Des différentes couleurs que prennent la plupart des huiles par le contact d'une solution saturée à froid de bichromate de potasse dans l'acide sulfurique, ainsi que M. Penot l'a signalé en 1841;

Enfin, si on ajoute, à ces moyens d'expérimentations, l'emploi du papier de tournesol pour l'acide oléique, ainsi que l'odeur spéciale qu'exhalent les diverses espèces d'huiles, lorsqu'on les chauffe légèrement dans une petite capsule de porcelaine sur une lampe à esprit-de-vin, caractère indiqué par M. Heydenreich en 1841,

On voit que la science ne reste pas en défaut en présence des coupables manœuvres des fraudeurs, et qu'il est toujours possible, en faisant concourir simultanément plusieurs des moyens que nous venons de mentionner, de reconnaître tous les mélanges des huiles et de caractériser nettement chaque espèce d'huile en particulier.

(J. de pharm. et de chim. Fév. 1845.)

Toxicologie.

Note sur la présence du plomb et de l'arsenic dans! a crème de tartre; par M. RETSCHY, pharmacien à Ilten, près de

Hanovre.

M. Retschy voulant préparer de l'acétate de potasse, en saturant, par du vinaigre distillé, de la potasse provenant de la décomposition du tartre, et en brûlant du tartre dépuré suivant le procédé conseillé par M. le professeur Wackenroder, a découvert une grave sophistication du tartre dépuré; sophistication, qui, suivant lui, n'a pas encore été signalée.

A l'ouverture du creuset, la masse charbonneuse restante présentait cette couche de plomb qui se produit sur le charbon dans le point où l'on chauffe avec le chalumeau Par la lixiviation de cette masse, on obtient un résidu qui, non-seulement contenait du plomb, mais encore renfermait des traces évidentes d'arsenic.

La potasse blanche de premier choix en présentait elle-même aussi.

M. le docteur Bley voit, dans cette observation, la nécessité de soumettre à un examen préalable toutes les préparations chimiques et pharmaceutiques qu'on tire du commerce; il pense que dans le cas dont parle M. Retschy, l'arsenic provenait du mutage des tonneaux avec du soufre arsenifère, et le plomb, des chaudières de ce métal, que l'on fait servir à la purification de la crème de tartre. (Archiv. der Pharm.)

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Eau de fleurs d'oranger salie par un sel de plomb; par M. LEROY. Très-fréquemment les journaux de pharmacie signalent dans le commerce, l'existence d'eaux de fleurs d'oranger salies par des sels de plomb. Nous venons d'être témoin d'un accident causé par l'une d'elles. Mme la Ve B., de cette ville, place des Martyrs, recevant chez elle quelques personnes pour passer la soirée, leur présenta, entre autres boissons, de l'eau sucrée additionnée d'eau de fleurs d'oranger. Toutes celles qui en burent éprouvèrent pendant la nuit une indisposition plus ou moins marquée et chez l'une d'elles elle fut assez grave pour réclamer les secours de l'art; elle était atteinte de violentes coliques, de diarrhées, de vomissements, etc., enfin de tout le cortège d'une affection saturnine des plus prononcées.

D'abord on ne sut à quoi attribuer ces indispositions et c'est par un effet de pur hasard, que Mme la Ve B. s'imagina de nous faire remettre, à l'effet de l'examiner pour s'assurer de sa pureté, un joli flacon presqu'aux trois quarts plein d'eau de fleurs d'oranger. Il était soigneusement enveloppé de papier satiné, glacé et colorié, et portant pour étiquette: Eau de fleurs d'oranger triple, etc., à Grasse.

Après quelques essais préliminaires, nous ne tardâmes pas à y reconnaître une quantité considérable de sel de plomb.

On nous dispensera de rapporter ici les recherches auxquelles nons nous sommes livrés pour déceler dans cette eau la présence d'un sel de plomb; ces moyens ayant déjà été signalés en partie dans l'intéressant travail de M. Personne que nous avons publié dans le N° de janvier, ainsi que dans celui intitulé : Essai pharmaceutique des médicaments, dans le N° d'avril, à l'article Eau distillée de fleurs d'oranger.

En signalant cet accident, nous n'avons d'autre but que d'appeller l'attention de nos confrères sur les eaux distillées qui nous viennent du midi de la France, et les engager, lorsqu'ils sont dans la nécessité d'en faire usage par défaut de provision, à apporter les plus grands soins dans leurs examens, et à soumettre à la distillation toutes celles qu'ils trouveraient salies par des sels de plomb, de cuivre ou de zine.

Nous n'avons pu nous rendre compte de la présence d'un sel de plomb dans l'eau de fleurs d'oranger qui nous arrive dans des flacons de verre. Nous présumons que dans les localités du Midi où ces eaux se distillent en abondance, elles sont recueillies et conservées dans des stagnons étamés à bas titre, et qu'on n'en remplit des flacons qu'au fur et à mesure des besoins du commerce.

Le proto-médical de Turin, en 1844, lors de la visite des officines de Nice, ayant trouvé des sels de plomb dans ces eaux, fit citer les parfumeurs de Turin devant l'autorité locale; et là il leur fit connaître que si, en 1845 lors de sa visite, ces eaux contenaient des sels de plomb, leurs magasins seraient fermés pendant six mois, et que chacun serait en outre passible d'une amende de 50 à 600 francs.

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Dans une de vos dernières séances vous avez renvoyé à M. Guibourt et à moi une note de M. Gilbert, de Caen, laquelle a pour but de signaler l'introduction dans le commerce de la droguerie d'une graine de moutarde désignée sous le nom de moutarde rouge. L'importance de cette communication vous a été démontrée par la note succincte de M. Gilbert, qui vous a été lue dans la séance précitée.

Cette graine, importée de Calcutta au Havre, présente au premier aspect les caractères de la moutarde officinale, mais un examen attentif laisse bientôt reconnaître la

différence qui existé entre ces deux semences, dont les propriétés rubéfiantes sont d'ailleurs si dissemblables. La moutarde de Calcutta, expérimentée par M. Gilbert, n'a exercé sur la peau qu'une action à peu près nulle.

Privée de la propriété principale d'une bonne moutarde, cette semence devait appeler l'attention du pharmacien qui. le premier peut-être, a pu en constater la mauvaise qualité, et M. Gilbert aura donc rendu un très-grand service à la pharmacie en signalant au commerce l'importation de la moutarde de Calcutta, dont l'emploi, dans bien des cas, pourrait être essentiellement nuisible par le fait même de son innocuité. M. Gilbert, qui a eu en sa possession une assez grande quantité de cette graine, après avoir fait connaître quelques-uns de ses caractères physiques, dit que, réunie en une masse assez voluminense placée dans un baril, par exemple, elle exhale une odeur d'huile rance qui se développe encore d'une manière plus prononcée par la pulvérisation. Il nous a été facile de vérifier l'exactitude de ce fait en pulvérisant cette semence pour en obtenir l'huile fixe que l'on supposait être contenue en quantité bien plus considérable que dans la moutarde officinale. La moutarde de Calcutta en contient en effet un peu plus, mais la différence (2 pour 0/0) n'est pas assez notable pour en faire un caractère distinctif.

Nous avons pensé que l'introduction de la moutarde de l'Inde dans le commerce de la droguerie, pouvant avoir de fâcheuses conséquences, il serait à propos de compléter la note de M. Gilbert par une exacte description de cette fausse moutarde, et par là, faciliter aux pharmaciens de la reconnaître, si on tentait de la substituer aux moutardes de Flandre ou d'Alsace, les seules qui réunissent les propriétés que l'on recherche dans cette semence.

Nous rappellerons d'abord les caractères des semences de sinapis et de brassica répandues dans le commerce:

Moutarde noire, Sinapis nigra, semence presque ronde où elliptique arrondie, marquée d'un ombilic à l'une des extrémités de l'ellipse. Épisperme rouge translucide, très-chagriné à sa surface, amandes d'un jaune un peu verdâtre.

Les grains moins mûrs sont plus allongés et offrent des rides longitudinales. On y trouve souvent des grains blancs opaques, dont l'apparence est due à une matière comme crétacée, qui est exsudée de l'épisperme.

Moutarde sauvage ou Sauves, sinapis arvensis, semence tout à fait sphérique luisante et d'un brun noir à maturité ; moins mère, elle est rouge. Surface à peine

chagrinée ou presque unie à la loupe. Saveur de moutarde plus faible que dans l'espèce précédente. Cette semence est un peu plus grosse que la moutarde de Picardie ou celle de Flandre, mais plus petite que celle de Strasbourg.

Navette, Brassica napus oleifera, semense un peu plus grosse que la sauve, légèrement elliptique, souvent ridée, chagrinée à sa surface, mais moins que la moutarde noirc. Saveur un peu âcre et mordicante.

Colza, Brassica campestris, semence grosse sphérique noire, terne à sa surface, non chagrinée. Saveur de navet.

Toutes ces semences, examinées minutieusement, ne se trouvent mélangées que d'une très-petite quantité de petites semences de nos campagnes, telles que, une semence de polygonum,

Diverses graminées, Une ombellifère,

Plus quelques petits fragments de plâtre, de sable ou de terre argileuse brune.

Moutarde de l'Inde. Il est difficile de décider à quelle espèce de sinapis de l'Inde appartient cette semence, mais en la comparant aux courtes descriptions données par Roxburg dans sa Flora indica, nous sommes portés à penser qu'elle appartient au sinapis brassicata.

Elle est presque semblable de couleur, de grosseur et d'aspect à la navette.

A la loupe, elle présente un grand nombre de graines tout à fait sphériques, ce que ne fait pas la moutarde noire. Ces graines sont d'un brun grisâtre.

Elle en présente d'autres moins mùres, allongées, ridées longitudinalement, à épisperme rougeâtre et translucide; celles-ci ressemblent à ceux de la moutarde noire.

La surface de toutes ces graines est chagrinée, un peu plus que la navette, un peu moins que la moutarde noire. Elles ont une saveur de moutarde un peu plus prononcée que la navette, infiniment moins marquée que celle de la moutarde noire. Elles ont une odeur rance, l'amande est d'un jaune pur et pâle.

En étendant cette moutarde sur un pa pier blanc, nous en avons séparé par les triage une petite quantité de corps étrangers qui sont :

1

1o Des semences de lin tout à fait sembla bles à celles du lin vulgaire, Linum usitatissimum.

2o Des semences sphériques d'une mou tarde blanche plus petite que la nôtre.

3o D'autres semences oblongues et un peu aplaties devant appartenir à une autre espèce de moutarde.

4. Une semence de lentille dont l'épisperme est tout parsemé de taches noires.

So Quelques semences d'indigotier.

6o Des fragments d'une terre grise, friable, parsemée de points brillants micacés.

En résumé, nous pouvons dire que les caractères qui distinguent essentiellement la moutarde de Calcutta de celle dite officinale, sont, d'abord la forme tout à fait sphéroïdale d'une grande quantité des grains qui s'y rencontrent, et ensuite l'absence presque complète d'une surface chagrinée qui se reconnait si promptement dans les moutardes de Flandre et d'Alsace, examinées à la loupe. La facilité avec laquelle on peut reconnaitre ces deux semences si différentes dans leurs propriétés, doit plus que jamais engager les pharmaciens à préparer eux-mêmes leur farine de moutarde, car s'il est encore possisible de distinguer à l'odeur la moutarde de l'Inde, cela deviendra tout à fait impossible si, dans la pulvérisation, on la mélangeait avec celle qui, seule, doit entrer dans nos officines.

Nous terminerons, messieurs, en vous priant d'adresser à M. Gilbert des remerciments pour son intéressante communication, et, répondant au vœu qu'il a exprimé, nous vous demandons de lui accorder le titre de membre correspondant.

GUIBOURT et BLONDEAU.

(J. de pharm. et de chim. Fév. 1845.)

Pharmacie.

Essai pharmaceutique des médicaments. (Suite. Voir le N° d'avril.) Eau distillée de laurier-cerise, p. 574. En 1858, j'ai rempli quatre flacons, bouchés en verre, de 30 grammes chacun d'eau de laurier- cerise nouvellement distillée. Le contenu d'un de ces flacons a été traité immédiatement par une solution de nitrate d'argent, le précipité séché pesait 0,10 centigrammes. Environ un mois après, j'ai remis à un de mes collègues, s'occupant de ce sujet, un des flacons ci-dessus, et il s'est assuré que le précipité qu'y formait le ni trate d'argent pesait encore 10 centigrammes. Aujourd'hui je viens constater le même fait sur un des deux flacons qui me restait encore. Je crois donc pouvoir conclure que l'eau distillée de laurier-cerise, renfermée dans des flacons bien bouchés et entièrement pleins, ne perd aucunement l'acide cyanhydrique qu'elle contient. »

Observ. Cette remarque est importante au point de vue de la thérapeutique et de la médecine légale. Les expériences par lesquelles M. Huraut combat ce que nous avons avancé, d'après Christison, nous paraissent concluantes en tant que les flacons qui contiennent l'hydrolat de laurier - cerise sont maintenus pleins et bien bouchés, mais

elles ne décident point ce qui arriverait dans le cas de flacons en vidange ou mal bouchés. Cependant, jusqu'à ce que ce dernier point soit éclairci, les pharmaciens devront autant que possible conserver cette préparation dans des vases pleins et bien bouchés.

Nous devons faire ici une autre remarque. On est généralement porté à croire que le laurier-cerise qui donne l'hydrolat le plus laiteux est celui qui contient ou fournit le plus d'huile essentielle. Cela n'est pas toujours exact. J'ai préparé, cette année, à la fin d'août, de l'hydrolat de laurier-cerise; il n'était pas ou presque pas lactescent, et cependant j'ai trouvé au fond du récipient une proportion d'essence que je n'avais jamais obtenue.

Huile concrète de cacao, page 577. << Lorsque le beurre de cacao est pur il se dissout très-facilement dans l'éther froid sans en troubler la transparence; lorsqu'il est mélangé de suif de mouton dans la proportion de 1/10 et moins encore, l'éther froid ne le dissout point complétement, le soluté est trouble ainsi que vous le dites. Mais il n'en est pas de même avec toutes les graisses, et je pourrais nommer tel mélange de beurre de cacao et d'une substance grasse y entrant pour 1/4 de son poids, qui donne avec l'éther ordinaire un soluté parfaitement clair. Le meilleur moyen, selon moi, de découvrir les falsifications que l'on fait subir au beurre de cacao, serait la détermination exacte du point de fusion de ce corps »

Iodure de plomb, page 580. « L'iodure de plomb se fond par l'action de la chaleur en un liquide brun foncé, qui laisse dégager des vapeurs d'abord jaunes, puis violettes; mais il reste toujours un résidu jaunâtre qui renferme encore de l'iode. Quoique la quantité de ce produit soit assez faible, it est bon, je crois, d'en faire mention, parce qu'il pourrait bien arriver qu'on le prit pour une substance étrangère à l'iodure, à de la litharge, par exemple, à laquelle it ressemble. »

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Kino, page 581. « Si le vrai kino donné, avec le temps, un dépôt gélatineux dans sa dissolution alcoolique, ce caractère ne peut servir à le distinguer de celui qui aurait été mélangé avec du cachou; car la teintures alcoolique de ce produit se prend aussi avec le temps, en une masse gélatineuse trèsconsistante. Je possède dans ce moment un flacon de teinture de cachou ainsi trans

formée. »

Observ. Le fait de la gélatinisation du cachou que signale M. Huraut ne l'a pas été, que nous sachions, par personne encore. Cet effet dans la teinture de cachou ne viendrait-il pas de ce que le cachou em

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