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regard languissant, pétéchies nombreuses au ventre, à la poitrine et à la partie interne des bras; selles involontaires, matières stercorales d'une fétidité extrême et tellement abondantes qu'elles ont traversé le lit, rale sibilant dans toute la poitrine, toux fréquente, expectoration presque nulle. (Boissons, cataplasmes ut supra, demi-lavements amylacés, chlorurés, laudanisés, qui sont rejetés aussitôt, 4 gouttes de chlorure d'oxyde de sodium, ajoutées à chaque verre de tisane, 3 des suppositoires indiqués précédemment, 6 pilules de cire et d'alun, et toutes les deux heures plein une cuiller à soupe de la potion suivante :

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grammes.
15 centigrammes.
31 grammes.

Le 13, pendant la nuit, délire plus fort, selles liquides, involontaires, presque continuelles, urines rendues involontairement aussi, dents et lèvres fortement eneroùtés de fuligo, langue sèche, fendillée, non fuligineuse, forte surdité, respiration suspirieuse à 40 inspirations. toux sans expectoration, lochies nulles, ventre météorisé, souple, indolent, pouls à 108, regard sinistre, pupilles légèrement dilatées. Chaque fois que cette malade boit, des borborygmes bruyants se font entendre à l'instant même. (Mêmes prescriptions.) Le 14, pouls à 112, respiration à 48, langue moins sèche, diminution du délire', même surdité, plusieurs excoriations aux fesses, ventre météorisé, pas d'écoulement lochial, mamelles molles et flasques. (Placer fréquemment la malade, tantôt sur un côté et tantôt sur l'autre, lotionner les fesses et la région sacrée qui commence à rougir, avec une décoction d'écorce de chêne chlorurée; 2 demi-lavements albumineux et chlorurés, 2 suppositoires et 10 pilules.) Le 15, surdité plus forte, dents très-encroûtées, langue sèche, ventre moins tendu et insensible au toucher, nuit meilleure, évacuations intestinales toujours involontaires, mais beaucoup moins fréquentes; la malade a demandé le pot pour uriner, pas de lait dans les seins, pouls à 116, respiration suspirieuse à 44 inspirations, face et regard d'un meilleur aspect. (Mêmes prescriptions.) Le 16, urine brune, sédimenteuse, nuit assez bonne, peu de délire, pas de diarrhée, mais assoupissement invincible, surdité plus forte encore, dents et lèvres toujours très fuligineuses, langue extrêmement sèche, respiration suspi-' rieuse à 40, pouls développé à 112, rondement pendant ma visite, indifférence complète, ventre souple, peu tendu. (2 larges vésicatoires camphrés aux mollets,' mêmes tisanes, bottes de cataplasmes sinapisés. ) Le 17, beaucoup d'agitation · des membres, parole toujours nasale, peu de délire, toux sans expectoration, respi ration et pouls dans le même état qu'hier, langue sèche, fendillée, légèrement fuligineuse, abdomen indolent, météorisé, borborygmes et gargouillement cœcal; assoupissement tellement fort que ma présence ne l'interrompt point; pas de selle.' (10 centigrammes de calomel, de deux en deux heures, jusqu'à effet purgatif modéré, mêmes autres moyens, irriter les vésicatoires avec de la pommade au garou.) La nuit, 44 inspirations,¡124 pulsations assez fortes, facies meilleur, langue humide, entièrement nettoyée, quelques aphthes dans le fond de la cavité baccale, surdité des plus fortes, moins d'assoupissement et peu de délire. (Gargarisme boraté,' insufflations alumineuses). Le 18, dents et lèvres toujours couvertes de fuligo, langue brunâtre mais humide, même état de la bouche, quant aux aphthes,' 3 selles après la sixième prise de calomel, 44 inspirations, pouls à 120, large mais facile à déprimer, assoupissement peu marqué, face et yeux meilleurs, la malade me sourit, elle est extrêmement sourde, apparition d'un peu de sang à la vulve, et commencement d'expectoration. Le 19, le sang lochial continue de tacher la chemise, il est peu abondant, les dents et les lèvres sont fuligineuses, la langue se sèche et s'encroûte de nouveau, la respiration est à 40, la joue droite est plus colorée que là gauche et un peu tuméfiée : la malade est restée assez longtemps sur

le côté droit, la stupeur est forte, le pouls redoublé à 108, le ventre est météorisé, mais indolent, deux selles involontaires ont lieu pendant la nuit, il y a peu de toux et de délire, mais l'assoupissement est presque continuel. (Animer fortement les vésicatoires, sinapiser davantage les cataplasmes dont on enveloppe les jambes.) Le 20, même état, les plaies des fesses sont très-douloureuses: elles s'étendent à la région sacrée. (Panser ces plaies avec des plumasseaux de charpie recouverts de pommade au tannate de plomb et faire en sorte que le décubitus soit le moins prolongé possible sur ces parties, mêmes autres prescriptions.) Le 21, nuit bonne, amaigrissement remarquable, depuis deux jours surtout, respiration à 36, pouls à 116, quelques soubresauts des tendons, des poignets, délire faible, abdomen météorisé, indolent, 2 selles liquides involontaires, dents et gencives toujours très-fuligineuses, langue croûteuse mais humide, aphthes en bonne marche, assoupissement moins fort, face assez colorée, mais d'une expression beaucoup meilleure. Le 22, le pouls est à 104, respiration à 32, langue humide, en partie décroûtée. Le 23, facies bon, surdité diminuée, langue belle, humide, dents et lèvres comme hier, pouls et respiration aussi, un peu de délire pendant la nuit. (Cesser les cataplasmes des pieds pendant le jour, les remettre le soir et les sinapiser davantage.) Le 25, vers minuit, agitation des membres, délire qui a duré près de deux heures, avec rougeur vive de la face, ce matin la langue et la bouche sont dans un état satisfaisant, la face est pâle, d'un bon aspect, la respiration à 82, le pouls à 96, l'abdomen est souple, affaissé. Le 26, depuis trois jours, la malade, dont les journées sont bonnes, rougit sur les 9 à 10 heures du soir, offre du délire vers minuit et continue de délirer (jusqu'au jour, je constate une légère tuméfaction de la rate. (2 pilules de sulfate de quinine de 10 centigrammes chacune, pour demain au matin, à prendre à une demi-heure d'intervalle, supprimer le chlorure qu'on ajoutait aux boissons.) Le 27, même état pendant la nuit, position très-bonne dans la journée, une selle naturelle. Le 29, plus d'accès nocturnes, respiration non suspirieuse à 32, pouls à 76, désir d'aliments. (Bouillon de maigre de bœuf.) Le 31, hallucinations, extrême faiblesse des facultés intellectuelles. Cette jeune personne est comme un enfant, elle rit d'un rien et cause fréquemment avec des êtres imaginaires, qu'elle est surprise qu'on ne voit pas comme elle; la parole reste nasale et traînante. Le 4 janvier, parfaite convalescence; mais on est obligé de recourir aux remèdes pour vaincre une constipation qui persiste depuis plusieurs jours. Le 9 janvier, A. P. se trouve moins bien, elle se sent brûlante, se plaint de céphalalgie et les dents présentent un léger encroûtage fuligineux, la soif se fait sentir de nouveau. Le 10, l'encroûtage des dents est plus fort et tend à s'étendre aux lèvres, la nuit, 5 ou 6 vomissements de matières blanchâtres et céphalalgie plus forte, la malade s'aperçoit que les seins sont beaucoup plus volumineux et plus durs, le pouls est à 112, la langue se sèche, pas de selle depuis 4 jours. (Boissons adoucissantes miellées.) Le 12 la malade est beaucoup mieux}, le pouls est à 92, les mamelles sont bossuées et très-volumineuses, ce qui contraste singulièrement avec la maigreur squelettique de cette femme, un peu de lait peut être extrait par la pression du mamelon Le 15, le pouls est à 80, les seins s'amollissent et en quelques jours ces organes rentrent dans l'état de flaccidité, dans laquelle ils étaient avant la sécrétion laiteuse qui vient d'avoir lieu. Le retour à la santé continua de s'opérer, mais il ne s'effectua que très-lentement.

(La fin à un prochain cahier.)

Observation d'éclampsie, communiquée à la Société, par M. le docteur MARTIN, membre titulaire.

Thérèse N., âgée de 24 ans, tempérament; lymphatique-sanguin, stature moyenne, constitution forte, réglée à 17 ans, ne se souvient d'avoir été malade qu'une seule fois, il y a à peu près trois ans. A la suite d'une suppression de règles, causée par l'impression que lui fit la nouvelle de la perte d'une somme d'argent qu'elle avait placée, elle fut prise de congestion cérébrale avec perte de connais sance; on dût lui faire de nombreuses saignées, et elle ne fut bien rétablie qu'après un espace de quelques mois. Depuis lors elle n'a plus rien éprouvé; elle est actuel. lement enceinte de huit mois et sa grossesse n'a rien offert de remarquable. Depuis quelques jours seulement, les personnes qui la voient habituellement ont remarqué en elle quelques changements notables, son intelligence ne paraît pas bien lucide, elle répond mal aux questions qu'on lui fait, sa besogne n'est plus faite avec soin, elle se plaint de bouffées de chaleurs à la face et de fréquentes douleurs de tête, ces deux phénomènes semblent s'aggraver chaque jour, depuis surtout qu'elle ne reçoit plus de nouvelles du père de son enfant.

Enfin, dans la matinée du 11 avril 1842, Thérèse N. a tout à coup perdu connaissance; c'est alors que je fus appelé. Je la trouvai appuyée sur une table, la face fortement congestionnée, le regard fixe, les yeux hagards, vifs et comme poussés au dehors de leur orbite, elle ne répond à aucune question; complétement immobile, elle demeure dans la position qu'on lui fait prendre; si on soulève le bras il demeure soulevé, etc. Une abondante saignée immédiatement pratiquée fait disparaître ces symptômes cataleptiques, mais la perte de connaissance continue et la malade est transportée dans son lit où elle ne tarde pas à tomber dans un assoupissement profond. (Prescription: Eau glacée sur le front, cataplasmes sinapisés aux extrémités, eau froide pour boisson.)

Le mieux n'a pas continué; vers midi je trouve la malade dans les derniers symptômes d'un accès d'éclampsie bien caractérisé, la respiration est bruyante, irrégulière, la bouche expulse une écume abondante, une forte congestion céré brale accompagne ces symptômes, le pouls est dur, développé; une seconde saignée aussi forte que la précédente est pratiquée; aucun nouvel accès ne survient, mais la malade, pendant toute l'après-dinée, reste plongée dans un sommeil lourd dont on peut la tirer en la secouant un peu; vers le soir elle commence à reconnaître les personnes qui l'entourent. (Prescription: potion calmante, glace sur le front, eau froide pour boisson. )

Le lendemain et le jour suivant, la malade est bien, elle peut même sortir et se promener, cependant elle éprouve encore de temps en temps des douleurs de tête.

Le 18 avril, ces douleurs étant devenues plus fortes, la malade perd de nouveau connaissance et tombe bientôt dans le coma. (Prescription : saignée de dix onces, douze sangsues aux apophyses mastoïdes, cataplasmes sinapisés aux extrémités. ) Ce coma est remplacé par un assoupissement profond, aucun phénomène de convulsion ne se fait remarquer.

♦ Dans la nuit, les convulsions ont reparu avec intensité et ont continué sans interruption; à mon arrivée, la malade en est à son sixième accès. En présence d'un cas devenu aussi grave, il n'y avait pas à hésiter, l'accouchement forcé était le seul moyen de sauver la patiente, et, sans attendre l'arrivée d'un confrère qu'on avait été chercher en toute hâte, je me mis en mesure d'opérer. Après m'être assuré que

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la vessie et le rectum étaient vides, je pratiquai plus facilement que je ne l'espérais, la dilatation du col de l'utérus à l'aide de la pommade de belladone que j'avais eu soin de faire préparer d'avance. La version fut faite avec facilité et, après les soins nécessaires donnés à l'enfant frappé de forte congestion cérébrale, je pratiquai la délivrance et les accès continuant toujours, je dus introduire une troisième fois la main dans l'utérus pour m'assurer qu'il était complétement vide. Les lavements de valériane, de musc, de camphre furent alors administrés sans succès, j'aļļais mettre en usage les perturbateurs les plus actifs, lorsque le docteur J.-F. Max arriva. Il fut frappé de l'état de la malade, dont la face plombée, les yeux contournés et enfoncés dans l'orbite, laissaient échapper une serosité sanguinolente; le nez effilé et froid, la bouche remplie d'écume et de sang, les traits contractés et grimaçants, le pouls presque insensible, les membres contournés et tous les muscles du corps mis tour à tour en mouvement d'une manière saccadée, la faisaient plutôt ressembler à un cadavre galvanisé qu'à un être animé. Notre pronostic fut des plus graves; nous nous attendions à chaque instant à voir la malheureuse expirer sous nos yeux. En désespoir de cause, nous résolûmes d'avoir recours aux révulsifs les plus énergiques; nous fimes envelopper la plante des pieds dans des sinapismes bouillants; nous en prescrivimes un troisième moins chaud entre les deux épaules tout en faisant continuer l'emploi de la glace sur le front. Quelques instants après leur application, la malade fut saisie de quelques mouvements de retrait aux membres inférieurs, mouvements qui semblaient indiquer quelque chose de pénible, de douloureux vers cette région; dès lors, les accès parurent avoir moins d'intensité, laissèrent entre eux un espace de plus en plus long et enfin cessèrent pour ne plus se renouveler, et la malade tomba, comme après les autres attaques, dans un assoupissement comateux. Le nombre des accès, comptés avec soin, avait été de quarante-trois, dont six avant l'accouchement et trente-sept pendant et après.

Le coma continua tout le jour et fit place à un sommeil profond et de plus en plus naturel; enfin, le lendemain, la malade commençait à reconnaître quelques personnes et l'intelligence était à peu près revenue le surlendemain. Elle ignorait complétement ce qui s'était passé, ne voulait pas croire que l'enfant qui était à ses côtés fût le sien, disant qu'elle n'était pas accouchée. Les suites des couches marchèrent très-bien et la malade fut bientôt rétablie ; sauf les plaies de la plante des pieds dont les eschares un peu lentes à tomber, retardèrent de quelque temps la guérison complète.

J'eus occasion de revoir cette femme et de l'accoucher de nouveau; le travail fut des plus naturels. Mais la cause de ses chagrins avait cessé, elle était dans une position meilleure.

Conclusion. On peut conclure de l'observation qui précède, qu'il doit exister une prédisposition à l'éclampsie; que les contrariétés et les chagrins en sont une cause fréquente, comme j'ai eu occasion de l'observer dernièrement encore sur une femme enceinte de cinq mois et à sa quatrième grossesse; que les émissions sanguines sont un moyen puissant pour combattre la congestion cérébrale qui existe presque toujours dans cette maladie, mais qu'elles n'agissent quelquefois que comme palliatif; que l'accouchement forcé, quoique le plus sûr moyen de sauver la malade, ne réussit pas toujours; que les accès fréquents et prolongés, même après l'accouchement, ne sont pas toujours mortels, comme l'avancent la plupart des auteurs, et que, dans ce cas, une révulsion puissante peut être couronnée de succès.

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