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toute la largeur de l'attelle externe; on obtient ainsi une valvule à charnière que l'on peut remettre en place, et sous laquelle on pratique toutes les médications locales possibles; s'il y a un exutoire, on place entre le bandage et le membre, des pièces d'ouate qui empêchent la suppuration d'y pénétrer; une fois les choses établies, le pansement se fait avec une extrême facilité, sans occasionner la moindre gêne au malade, sans lui porter le plus petit préjudice. Quand on a eu recours à la section complète pour établir la valvule, on fixe les deux parties inférieures et supérieures du bandage, par des bandes séparées, pour ne laisser libre que la portion appropriée au pansement, et quelques tours de bande suffisent pour fixer la valvule dans l'intervalle d'un pansement à l'autre.

IX. Section du bandage dans le but de favoriser son renouvellement partiel, l'inspection d'un point du membre souffrant, ou de permettre l'usage des bains. Quand on veut renouveler le bandage, on peut maintenir en place celle de ses parties qui n'est point défectueuse, c'est ainsi qu'à la jambe il peut souvent servir pendant tout le cours du traitement; on le divise à la partie antérieure et externe, à quelques lignes de l'attelle externe, de manière à ce que les bords de la division ne portent point sur le tibia, et si l'amaigrissement du membre y a laissé quelque vide, on le comble soit par des bandes d'ouate bien disposées, soit par une bande roulée sur laquelle on replace l'ancien bandage.

Quant au bandage de la cuisse, lorsqu'on a pratiqué la section comme nous l'avons indiqué, il suffit de le diviser encore du côté opposé, à l'abdomen, ou plus en arrière; le bandage de corps ainsi divisé en deux endroits, peut être enlevé complétement en soulevant légèrement le patient.

Ces diverses sections permettront de contre-garder contre les effets de la pression, les parties osseuses très-saillantes par l'amaigrissement, au moyen d'ouate que l'on renouvelle de temps en temps quand elle s'est affaissée, ou qu'elle s'est imprégnée de transpiration.

Le malade pourra de même faire usage de bains en quittant son bandage et prenant alors toutes les précautions que nous aurons soin d'indiquer, en parlant de ces moyens thérapeutiques.

SECT. 3. De la saignée générale. — Sabatier (1) est celui de tous les chirurgiens qui a posé la question des saignées générales de la manière la plus large; il est vrai de dire, qu'ayant traité spécialement la maladie de la hanche par cause traumatique, son sujet s'y prêtait merveilleusement. « Lorsqu'une chute sur la cuisse, dit-il, » dans sa troisième observation, sera suivie de douleurs vives dans l'articulation » du fémur et jusque dans la hanche, que le malade ne pourra mouvoir cette partie > qu'avec beaucoup de difficulté, qu'il surviendra de la fièvre et de la tuméfaction, il ■ faudra faire en sorte de dissiper l'inflammation et l'engorgement des parties ⚫ osseuses par un repos exact, une diète sévère, des topiques émollients et relâ» chants, et surtout par des saignées copieuses, faites à temps et pour ainsi dire » coup sur coup; le nombre dépendra de la violence des symptômes et des forces » du malade. Cependant, quoique cette dernière considération mérite beaucoup » d'égards, on ne doit pas craindre de trop affaiblir le malade dans ces sortes de cas, où il ne serait plus temps de remédier au mal s'il était une fois arrivé. » Il eut l'occasion de mettre ces préceptes en pratique sur le sujet de sa dixième observation, homme de plus de soixante ans; et il en usa largement, car huit saignées furent pratiquées en moins de quarante-huit heures, et elles lui donnèrent un aussi beau résultat qu'il était possible de l'espérer.

Le principe des saignées répétées ne rencontrera cependant pas des applications fréquentes; il ne peut être mis sagement en usage que lorsqu'une cause trauma(1) Sabatier; ouvrage cité, p. 526.

tique violente a seule produit la maladie chez un individu robuste et dont la constitution ne laissera aucun doute sur l'absence des causes prédisposantes cachectiques sous l'influence desquelles une action extérieure légère suffit pour déterminer la maladie. Du moment qu'on pourra saisir la présence d'une cause prédisposante, on devra être bien circonspect, car en affaiblissant trop on donnerait bien plus beau jeu à l'action de la cause humorale.

C'est aussi dans les cas de maladie par cause traumatique que J. L. Petit en a recommandé l'usage (1) et si l'on met en pratique les recommandations de Boisseau qui regarde la saignée indiquée dans les cas d'hydarthrose (2), ce sera particulièrement lorsqu'une violence aura précédé l'afflux de la synovie dans l'articulation coxo-fémorale.

La saignée générale peut être employée pour prévenir la maladie comme dans l'osservation de Sabatier; ou pour diminuer l'afflux local et la réaction comme Chavane y parvint pour un enfant de huit ans (3) chez lequel une pierre lancée contre le trochanter avait déterminé une inflammation de l'article; Duverney donne le même conseil en cas semblable (4).

On retirera de grands avantages encore de la saignée du bras dans les cas où une cause rhumatismale aura favorisé le début de la maladie; personne n'ignore sans doute les résultats obtenus dans l'arthrite par M. Bouillaud, par la répétition fréquente de la saignée; et selon Richerand (5) une saignée copieuse a été profitable dans certains cas où le gonflement rhumatismal s'annonçait avec tous les signes de l'inflammation et de la pléthore. Brodie l'a recommandée aussi dans la synovite (6). Dzondi la rejette en ces termes, après avoir fait l'éloge du tartrate antimonié de potasse à dose sudorifique (7). « Les saignées locales et générales, et tous les autres moyens qui tendent à affaiblir l'activité de la peau, ne sau» raient, à mon avis, trouver ici leur application. . Elle devra être alors proportionnée à la force du sujet, et à sa constitution; à l'intensité et à la persistance de la maladie. Il faudra également avoir égard à toute cachexie qui pourrait agir conjointement avec la cause rhumatismale.

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SECT. IV. · Des médicaments toniques, antiscorbutiques et altérants. — Nous n'avons point l'intention de passer en revue dans ce chapitre toutes les médications qui ont joui de quelque faveur sous le titre d'antiscrofuleuses et nous nous bornerons à signaler les moyens principaux auxquels on a reconnu certaines vertus dans la maladie de la hanche et que quelques-uns des auteurs dont nous avons déjà parlé tant de fois ont recommandé de mettre en usage. Nous aurons soin du reste de ne rien négliger pour rendre notre description aussi complète que possible, car à nos yeux le grand mérite en thérapeutique c'est celui de l'à propos; il est bon que le praticien ait un moyen pour chaque circonstance qui se présente et l'arsenal de la matière médicale ne manque point d'armes puissantes dans la main d'un homme doué de ce tact que le vulgaire lui-même sait quelquefois si bien apprécier.

Larrey (8) et beaucoup de chirurgiens ont recommandé d'une manière générale l'usage des toniques; nous avons indiqué le régime convenable dans beaucoup de

(1) J. L. Petit; Mémoires de l'Académie des sciences, I. c.
(2) Boisseau; Nosogr. organ., t. IV; p. 886, Paris, 1830.

(3) Chavane; Journal des Connaissances médicales, Paris, 1834.
(4) Duverney; Traité des maladies des os, t. II, p. 64, Paris, 1751.

(5) Richerand; Nosogr. chirurg., 1. c.

(6) Brodie; Malad, des articul.

(7) Dzondi; Allgmeine med. zeit,, I. c. (8) Larrey; ouvrage cité.

maladies de la hanche et que l'on nomme fortifiant, il nous reste à citer les principaux médicaments qu'on a mis en usage dans le même but. Ce sont surtout les ferrugineux qui nous fournissent parmi les minéraux la classe la plus nombreuse de préparations toniques; un bon précepte à suivre, c'est celui de Brodie (1), de varier autant que possible les préparations pour éviter le dégoût du malade et la fatigue de l'estomac; les préparations dont ce chirurgien usait de préférence sont le muriate de fer, le vin ferrugineux, le carbonate de fer et le sulfate. Baudelocque (2) a recommandé dans les scrofules l'usage du bromure de fer joint à la cigué et au muriate d'or; il semble avoir retiré d'excellents effets de leur emploi. Une question a été soulevée, celle de la préférence à donner à telle ou telle préparation martiale, et mériterait certainement qu'on s'occupât de sa solution, vu l'importance du médicament et la fréquence de son application; Geoffroy croyait que le fer ou ses oxydes l'emportaient en efficacité sur les sels ferrugineux, mais aujourd'hui bon nombre de praticiens pensent que le sulfate de fer peut les suppléer toutes.

Les préparations de fer ont besoin, pour être favorables, du concours de l'exercice et de l'insolation; c'est pourquoi sans doute peu d'auteurs en ont recommandé spécialement l'usage dans l'affection de la hanche vu l'immobilité à laquelle sont généralement astreints les malades atteints de lésions articulaires; mais grâce au bandage amidonné et à l'exercice qu'il rend possible, ou sera à même d'en faire un usage fréquent, surtout en l'associant à des substances aromatiques qui en facilitent la digestion, ce qu'il faut toujours faire dès qu'on s'aperçoit qu'ils donnent lieu à quelque dérangement des premières voies; nous nous sommes souvent bien trouvé de l'union de la myrrhe en partie double avec le sulfate de fer et le sous-carbonate de soude en pilules, en administrant en même temps un vin chargé des principes des feuilles d'absinthe, des fleurs de tanaisie et de camomille romaine. Nous croyons qu'on ne doit pas dans ces circonstances donner les préparations ferrugineuses à des doses très-élevées, il faut consulter à cet égard le degré de susceptibilité des organes et l'effet produit par les premières doses, d'autant plus qu'il sera nécessaire d'en faire usage pendant longtemps. Le fer n'est indiqué dans la maladie, que lorsqu'elle reconnaît pour cause une cachexie scrofuleuse ou scorbutique; dans toute autre circonstance il ne faudra le mettre en usage que quand les suites de l'affection auront donné naissance à une débilité prononcée. Beaucoup de médicaments tirés du règne végétal et connus sous les noms d'antiscrobutiques, toniques, dépuratifs, etc., ont été employés dans les maladies de la hanche; J. L. Petit (3), Richerand (4), Larrey (5), les ont fortement recommandés. Le premier faisait usage avec avantage et accordait une certaine prédilection à une décoction de saponaire et de houblon; nous avons eu souvent l'occasion de constater dans les affections scrofuleuses l'efficacité d'une potion composée de gentiane, d'absinthe, de salsepareille et d'hydriodate de potasse (6). Portal

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employait le sirop de Belet (1) et le sirop antiscorbutique par parties égales dans une légère décoction de houblon. Dehaën donnait les préparations de quinquina sous diverses formes (2); on a aussi conseillé les feuilles de noyer juglans regia en décoction contre les maladies scrofuleuses.

Dès qu'on aura reconnu l'origine du mal il conviendra d'employer de bonne heure les moyens végétaux dont l'efficacité a été reconnue et constatée; car dès que les voies digestives ont subi l'influence de la maladie, les excitants sont rarement tolérés par l'estomac et en accélérant l'arrivée de la diarrhée ils rapprochent quelquefois ainsi le terme fatal de la maladie. On fera de même usage contre les diverses cachexies auxquelles le mal sera rationnellement attribué, ou qui existeront lors de son arrivée, des moyens conseillés dans l'occurrence, ainsi la syphilis, la gale, le scorbut, les affections dartreuses, seront traitées par les médicaments qui jouissent des meilleures propriétés contre ces maladies.

Il est quelques substances médicamenteuses, que nous fournissent les règnes minéral et animal, qui méritent de fixer plus longuement notre attention, vu la vogue dont ils ont joui et l'emploi fréquent qu'on en fait encore tous les jours: ce sont les mercuriaux, l'hydriodate de potasse, le muriate de baryte et l'huile de poisson.

Nous procédons maintenant à l'examen de ces moyens thérapeutiques parce que leur usage précède ou accompagne ordinairement l'emploi des toniques proprement dits.

ART ler. Des mercuriaux. L'opinion des médecins a beaucoup varié par rapport à l'interprétation de la manière d'agir des mercuriaux, chaque école a émis son idée; les vitalistes les ont regardés comme produisant une excitation générale et une stimulation spéciale des vaisseaux absorbants, effet indiqué par l'amaigrissement et l'action résolvaute que l'on remarque à la suite de l'administration des préparations mercurielles; les physiologistes, comme possédant une action locale irritante sur les intestins et le calomel qui rentre à ce titre parmi les révulsifs intestinaux, est vanté par Brodie (3); les rasoristes, comme jouissant d'une vertu contro-stimulante : beaucoup de médecins leur accordent une action spéciale, non déterminée.

On a vanté beaucoup, tant en Allemagne qu'en Angleterre, l'usage du mercure dans les rhumatismes surtout aigus, en combinaison avec les diaphorétiques ; on comptait particulièrement alors sur son action débilitante; Fabrice de Hillen en a indiqué dans ces cas les avantages; Cullen, Helder, Fischer, Hildebrandt (4), Mueller, Schoenemann (5) etc., en ont etabli les succès; une guérison de rhumatisme articulaire remarquable, obtenue par les mercuriaux en 1836, a été publiée par le docteur Gaudon (6); Wedekind, qui en a retiré des avantages dans les affections rhumatismales, l'a préconisé également contre les tumeurs blanches; le docteur Forget (7) propose, lorsque les évacuations sanguines locales ont échoué contre

(1) Portal; ouvrage cité.

(2) Dehaën; Ratio medendi in noscomio practico. Leip.

(3) Brodie; Traité des maladies des articulations.

(4) Dissert. sistens dulcis mercurii laudes. Erlauge, 1793.

(5) Journal d'Hufeland.

(6) Journal des Connaissances médico-chirurgicales, 1836. Rhumat, art, traité par les

frictions mercurielles.

(7) Considérations pratiques sur le Traitement des tumeurs blanches. Bulletin de thérapeu tique, 1834.

les tumeurs blanches, de recourir à l'administration du calomel par la méthode O'Beirn (1) en se gardant bien de combattre le ptyalisme lorsqu'il est survenu (2). Les mercuriaux n'ont pas trouvé moins de partisans contre les affections scrofuleuses; leurs qualités sont alors, au dire de la plupart, d'agir comme fondants, résolutifs, d'activer les fonctions des vaisseaux absorbants.

Dans les maladies de la hanche, Rust (3) et Bell ont conseillé l'usage des frictions mercurielles, Ledran et Portal celui du calomel. Le docteur Borie de Versailles fit donner à un malade atteint d'affection de la hanche le lait d'une chèvre dont on avait rasé les hypocondres et à laquelle on faisait chaque jour une friction avec deux gros d'onguent mercuriel double (4); cette méthode qu'il recommande contre les maladies scrofuleuses (5) a été mise en usage sur des nourrices pour agir sur les enfants qu'elles allaitaient (6) et sur des vaches, d'après des expériences faites à l'institut vétérinaire de Vienne, où il parut que le lait provenant des vaches ainsi frictionnées était un remède efficace contre les douleurs vénériennes (7).

Lorsque la maladie de la hanche reconnaîtra la syphilis pour cause, ou bien quand on présumera l'existence du virus vénérien dans l'économie du malade, quelle que soit d'ailleurs l'époque de son introduction dans le corps, que la cause patente du mal soit occasionnelle avec ou sans prédisposition reconnue, il faudra faire subir un traitement antivénérien par le sublimé, méthode la plus universellement répandue pour obtenir la guérison radicale de l'affection, sauf à employer conjointement le traitement local ou tout autre traitement complémentaire qui serait jugé convenable.

Quand la maladie de la hanche sera survenue chez un sujet scrofuleux, dont les dispositions pourront être rapportées à son habitation, à son régime, à son genre de vie, si elle s'est déclarée d'une manière chronique, alors surtout on retirera beaucoup d'efficacité des mercuriaux tant à dose purgative que stimulante, en ayant recours en même temps à une médication tonique générale, à un régime fortifiant et aux révulsifs locaux.

Lorsque les scrofules seront le résultat d'une disposition héréditaire, les mercuriaux procureront moins d'avantages, car alors leurs effets ne pourront etre secondés par ceux que donnent de meilleures conditions hygiéniques comme dans le premier cas.

Les frictions mercurielles seraient d'un grand à propos sur le membre malade dans le cas d'affection reconnaissant pour origine une cause traumatique violente, après avoir employé les déplétions sanguines générales et locales que l'on croirait nécessaires pour combattre l'état aigu.

ART. 2. De l'hydriodate de potasse. L'iode auquel on a accordé beaucoup d'importance depuis quelques années, a été le point de mire d'un grand nombre d'expérimentateurs; l'une de ses préparations à laquelle on a reconnu beaucoup d'efficacité est l'iodure de potassium, plus connu des médecins sous le nom d'hydriodate de potasse, forme qu'il prend par sa solution dans l'eau. Ce sel peut

(1) Mémoire lu à la Société d'Irlande, 1834.

(2) Quatre à six pilules contenant 9 décigrammes de calomel et 3 d'opium, sont prises de 3 en 3 heures; aussitôt le ptyalisme établi, on en suspend l'emploi,

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