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tence de l'arsenic normal. Ceux qui, les premiers, l'ont admis, se sont rétractés, ou du moins rendus à l'opinion générale. M. le procureur du roi vient de citer le rapport de l'Institut en le lisant tout entier, il y verra que, par la méthode employée pour retirer l'arsenic des os, on n'avait pu l'obtenir, alors même qu'il y en avait eu. Celui qu'on avait cru en retirer n'en était donc pas. MM. les commissaires de l'Académie ont ajouté de l'arsenic à des os; ils les ont traités par le procédé naguère suivi pour extraire de l'arsenic normal des os, et ils n'ont pu le saisir les discussions relatives à l'arsenic normal sont done définitivement jugées. La solution donnée à la question est irrévocable, autant qu'en ce qui tient aux choses humaines on peut employer cette expression.

M. le président. Faites venir M. Danger.
Le témoin est introduit.

M. Danger dépose des mêmes faits que M. Flandin, il donne un résumé du rapport qu'ils ont présenté aux magistrats.

Invité par M. le président à s'expliquer sur la question d'indissolubilité de l'arsenic dans les terres, il s'exprime ainsi :

La terre végétale, et, en particulier, la terre des cimetières, contient toujours une certaine quantité de matière grasse, susceptible de résister longtemps à l'action désorganisatrice du temps.

Cette matière grasse se montre souvent rebelle aux agents chimiques, au point de ne se laisser carboniser qu'avec la plus grande difficulté par les moyens ordinaires. Mais en isolant tout d'abord cette matière grasse de la terre dans laquelle on la trouve disséminée, on rend beaucoup plus assuré le succès des opérations d'analyse.

Dans les terres soumises à notre examen, l'arsenic ne s'est rencontré que d'une manière à peine appréciable dans l'eau pure que l'on avait fait bouillir avec 250 grammes de terre. Mais l'eau, à laquelle nous avons ajouté de la potasse de manière à la maintenir légèrement alcaline pendant une ébullition prolongée, a si bien dissous l'arsenic contenu dans ces terres qu'il ne nous a pas été possible d'y constater ensuite la présence de ces corps, en les traitant par des acides; mais si l'état de solubilité de l'arsenic trouvé dans les terres du cimetière de Saint-Michel-en-Lherm parait suivre l'état de solubilité des matières grasses, on conçoit que le temps et les dégagements alcalins des sels ammoniacaux produits par la désorganisation spontanée des matières animales peuvent, à l'aide des eaux pluviales, produire des infiltrations plus ou moins chargées d'arsenic soluble dans les eaux, et imprégner de ce poison les restes d'un cadavre qui ne contenait pas d'arsenic.

Mais il n'est pas nécessaire d'admettre une combinaison soluble d'arsenic pour se faire une idée du transport possible de ce corps dans une bière en partie détruite.

Veuillez, messieurs les jurés, jeter un coup d'œil sur ce qui se passe chaque jour sous vos yeux.

Dans un champ fraîchement labouré, vous voyez les parties les plus fines de la terre confondues avec les plus grosses: mais bientôt les eaux pluviales vont disposer les choses dans un autre ordre, bientôt la surface de ce champ ne présentera plus qu'une couche de petites pierres ; les parties les plus fines de la terre auront été comme tamisées à travers les plus grosses. Ces parties fines ainsi entraînées vers les parties inférieures descendront de plus en plus profondément jusqu'à la rencontre d'un obstacle infranchissable, tel qu'une pierre, les parois d'une bière, les os d'un squelette; pendant longtemps ces fines poussières s'amoncèlent contre l'obstacle d'une manière notable.

L'arsenic des terres peut provenir de chaulages contenant de l'arsenie; il peut aussi provenir d'une dissémination dans la terre de petits fragments de pyrites arsenicales.

Un juré. Dans le cas où la terre renfermerait des pyrites arsenicales, comment concevoir leur solubilité?

M. Danger. L'expérience montre que les corps spongieux ou divisés ont la propriété de condenser le gaz et les vapeurs avec facilité. Cette condensation détermine souvent une combinaison; dans tous les cas elle prédispose; aussi, qu'arrive-t-il? C'est que cette pyrite arsenicale qui résiste parfaitement à l'air humide, lorsqu'elle est à l'état de masse, s'y transforme à l'état de sulfate de fer arsenifère sitôt que l'on a divisé cette masse en fragments de grosseur convenable.

M. le juré. Faut-il beaucoup de temps pour cette transformation? R. Quelques jours suffisent le plus souvent pour que l'action soit manifeste. Il est possible que l'arsenic vienne de pyrites sans qu'il reste pour cela de fragments pyriteux dans le terrain. Dans nos essais, la terre ne contenait pas de pyrites. Des lavages à l'eau faits avec soin ne nous ont laissé voir à la loupe aucune parcelle de matière pyriteuse. Dépouillées des matières organiques, ces terres, traitées par l'acide azotique, ne nous ont laissé dégager que de l'acide carbonique.

On sait que la femme Chabot, reconnue coupable de trois empoisonnements, a été condamnée, vu le bénéfice des circonstances atténuantes, aux travaux forcés à perpétuité. (Journ, de méd. et de chirur. prat., novembre 1844.)

Chimie médicale et pharmaceutique.

Mémoire sur l'extraction des sulfates de soude et de potasse des eaux de la mer; par M. BALARD. L'eau de la mer a été, de la part des chimistes, l'objet de recherches nombreuses; l'importance du rôle qu'elle joue dans la physique du globe, explique et justifie la direction de leurs travaux. Soit que l'on considère le liquide qui remplit le bassin des mers comme l'espèce d'eau mère de cette dissolution primitive au sein de laquelle se sont déposés nos continents, soit qu'on l'envisage comme recevant et accumulant à chaque instant ce que perd de soluble la surface du sol dont les eaux pluviales opèrent incessamment le lavage, l'étude des principes que renferme cette eau, devait exciter vivement l'intérêt des chimistes.

Considérant l'énorme quantité d'eau qui s'évapore annuellement à la surface des salines du Midi, persuadé qu'on pourrait, à l'aide de procédés économiques, retirer de cette eau et multiplier les quantités de soude et de potasse que Murray et Wollaston y indiquaient en proportions presque microscopiques, M. Balard dirigea ses recherches dans le but de découvrir un procédé qui permit d'en extraire des quantités assez grandes pour qu'elles pussent suffire à tous les besoins des arts.

« Quand on ne connait les salines que par la description de celles de l'Ouest, on se fait, dit M. Balard, une idée bien imparfaite de l'étendue et de l'importance de quelques-uns de ces établissements. Il en est dans le midi de la France où la surface employée à l'évaporation s'élève jusqu'à 200 hectares. La quantité d'eau qui s'évapore à peu de frais est très-considérable, et peut se déduire facilement de la salure de la mer, de la surface du terrain et de la quantité de sel récoltée dans un an. Une saline de 200 hectares de surface, produit annuellement 20 millions environ de kilogrammes de sel; et il peut s'évaporer sur la surface de cette saline jusqu'à 800,000 mètres cubes d'eau de mer 40 centimètres de hauteur.

»Privée par suite de cette évaporation du même sel marin qu'elle contenait, l'eau, en diminuant de plus en plus de volume, arrive

à l'état d'eau mère. C'est là que se concentrent les matériaux que l'eau de la mer renferme en moindre proportion; parmi ces matériaux, figure au premier rang le sulfate de magnésie, qui y existe, en effet, pour une quantité assez considérable. La dose de ce sulfate, en le supposant transformé en sulfate de soude, n'a jamais été, d'après mes. analyses, dit M. Balard, que le 1/7 environ de celle du sel marin contenu dans ces eaux, au lieu de n'en être plus que le 1/4 comme semblaient l'établir les travaux antérieurs. Cette quantité, quoique ainsi restreinte, serait encore considérable si l'on pouvait la transformer en totalité en sulfate de soude par des moyens simples, mais le sulfate soluble que renferme l'eau de la mer ne se concentre jamais en totalité dans ces eaux mères; les sels calcaires que contient la mer, se déposant à l'état de sulfate de chaux dans le cours de l'évaporation, réduisent en effet à un peu moins de 1/8 le sulfate qui se concentre dans les eaux. Cette quantité représente néanmoins, pour une saline de 200 hectares, 2,500,000 kilogrammes de sulfate de soude.

» La transformation du sulfate de magnésie en sulfate de soude, avec le concours du sel marin, paraissait à priori très-facile à réaliser, en utilisant les faits observés par Grenn et les renseignements précieux fournis à la science par le travail de Berthier sur la saline de Moutiers. Mais l'expérience ne donna pas les résultats qu'on était en droit d'en attendre. La réfrigération des caux mères des salines, donne en effet, quand elle a lieu à quelques degrés au-dessous de zéro, une certaine quantité de sulfate de soude: mais outre que cet abaissement considérable de température est rare, dans le midi de la France, ce sulfate ne se dépose des eaux mères qu'en proportion extrêmement faible. Il fallait par conséquent recourir à d'autres moyens qui permissent de se passer de ces basses températures.

Lorsque deux sels différent par leur acide et par leur base, et qu'une double décomposition entre eux est possible, la présence d'un sel peut favoriser la solubilité d'un autre; quand ils ont au contraire le

même acide et la même base, et que la double décomposition ne peut avoir lieu, la présence d'un sel dans une dissolution, diminue au contraire la solubilité d'un autre, sauf le cas où la formation d'un sel double donne naissance à un composé nouveau doué d'affinités spéciales. Ainsi, par exemple, l'hydrochlorate de magnésie nuit à la solubilité du sel, parce que c'est un hydrochlorate; à celle du sulfate de magnésie, parce que c'est un sel maguésien. Il favorise au contraire la solubilité du sulfate de soude, parce que, dans ce cas, la double décomposition s'effectue probablement. La solubilité du sulfate de soude se trouve au contraire diminuée par celle du sel marin en excès, ce sel étant comme lui à base de soude.

»

Or, puisque d'un côté l'hydrochlorate de magnésie nuit à la solubilité du sulfate de magnésie et du sel marin, entre lesquels la décomposition doit se produire et qu'il favorise au contraire la solubilité du sulfate de soude que l'on veut précipiter, il faut nécessairement l'éliminer. Puisque le sel marin nuit au contraire à la solubilité du sulfate de soude, et favorise dès lors la précipitation du produit que l'on veut isoler, il faut en ajouter.

» Extraire du sulfate de magnésie des eaux mères, éliminer le chlorure de magné sium, ajouter du sel marin en excès, voilà tout le secret.

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Ainsi préparée, cette solution complexe qui fournit déjà du sulfate de soude à 10 degrés au-dessous de zéro, en donne à 0 degré les 0,8 de ce qu'on pourrait obtenir par une décomposition complète des sels en présence. Ainsi quand, faite en été, et conservée jusqu'à l'hiver à l'abri de la pluie, elle est étendue sur les immenses cristallisoires du salin en couche d'un décimètre de hauteur, il suffit d'une nuit pour déposer, sur ces grandes surfaces, quelques centimètres d'épaisseur de sulfate de soude cristallisé. Quant à l'eau noire, on l'écoule rapidement, car, riche en hydrochlorate de magnésie, elle redissoudrait beaucoup de sulfate si la température venait à s'élever, et des ouvriers nombreux ramassent en tas, transportent et accumulent en masse considérable le sulfate de soude récolté sur le sol.

» Ce sel est hydraté, mais pur; il ne contient pas de sulfate de magnésie, et l'on conçoit que, par son mode de production, il est d'ailleurs tout à fait exempt et de cet excès d'acide, et de ces proportions de fer qui rendent souvent le sulfate des fabriques peu propre à certains usages.

Il ne faudrait pas croire cependant que le mode d'exploitation décrit plus haut, est nécessairement borné à l'utilisation des eaux mères du sel marin, et qu'il constitue une

simple annexe de cette fabrication. Dans les localités bien disposées, et où les niveaux et l'imperméabilité du terrain permettent d'évaporer l'eau de la mer aux moindres frais, l'évaporation de ces eaux peut être industriellement exécutée avec beaucoup de fruit, abstraction faite du sel marin lui-même. Dans les salines proprement dites, le sel marin est le principal, les eaux mères ne sont que l'accessoire; ici, les eaux mères deviennent le produit important, et le sel marin ne devient plus qu'une espèce de remblai qui, dissout par les caux, va, sans frais, cristalliser sur les lieux où l'on veut qu'il se dépose, et niveler, sans dépense, les terrains sur lesquels on veut opérer. On en revêt en couches épaisses les surfaces où doit se déposer le sulfate de soude pendant l'hiver. De cette manière, la dissolution qui les recouvre est toujours parfaitement saturée de sel marin, et le sulfate de soude récolté sur ce plancher d'un nouveau genre, se trouve ainsi débarrassé de toutes les matières terreuses qu'il pourrait contenir.

» La récolte réelle du sulfate de soude ainsi obtenue, n'a guère été que le quart seulement de celle qu'on aurait dù obtenir théoriquement. Cette différence est due à diverses causes qui diminuent chaque jour, et que les améliorations apportées pourront, un jour, atténuer complétement.

» La quantité de sulfate de soude récoltée aujourd'hui, peut, bien qu'elle ne soit pas à beauconp près ce qu'elle devrait être, suffire largement aux besoins de la France, car, pour fournir les 50 millions de kilogrammes que notre pays consomme, qu'il transformeou qu'il exporte annuellement, il suffirait d'employer à l'évaporation de l'eau de la mer, 20,000 hectares dont une portion reçoit déjà cet emploi dans les salines existantes, et, en faisant la part des améliorations probables que cette industrie doit recevoir, cette surface peut se réduire à 5 ou 6,000 hectares, dont les salines du Midi représentent déjà une moitié.

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L'emploi de l'acide chlorhydrique nécessitera d'ailleurs toujours la fabrication d'une certaine quantité de sulfate de soude par les anciens procédés. Et de plus, en faisant ainsi la part de la mer, on ferait servir les espaces où s'évaporent les eaux comme des ouvrages avancés propres à rendre plus faciles la désalaison et l'atterrissement du reste.

» On remarque aussi que les fièvres intermittentes, si fréquentes dans les localités propres à cette exploitation, sont infiniment plus rares au centre même des salines.

» Dans la fabrication du sulfate de soude naturel, il faut, comme on le voit, deux conditions indispensables qui, sur les bords

de la Méditerranée, paraissent opposées au premier aspect, de la chaleur en été, et du froid en hiver. Dans le Midi, le premier élément ne manque jamais; pour le second au contraire, il fallait chercher le moyen ou de l'augmenter ou de s'en passer tout à fait. L'augmenter est chose facile; il suffit, pour cela, d'utiliser le froid qui accompagne la solution du sulfate de magnésie et du sel marin, et d'opérer cette solution en hiver avec de l'eau refroidie; la température s'abaissant de 5 degrés au-dessous du point qu'elle avait atteint, peut arriver au terme où le dépôt de sulfate de soude est abondant. » D'un autre côté, le sulfate de soude peut, comme on le sait, se déshydrater à chaud, au sein d'une dissolution saturée. Dans cet état naissant, il s'unit avec d'autres sulfates, celui de chaux, par exemple, et, de là, toute la théorie du schlottage. Or, le mode d'action que le sulfate de soude auhydre exerce sur le sulfate de chaux, il l'exerce sur le sulfate de magnésie et une solution qui contient à la fois du sel marin, et ce sulfate donne, par l'action de la chaleur, un véritable schlott magnésien qui, se doublant par la dissolution à chaud et le refroidissement en sulfate de magnésie plus soluble, et en sulfate de soude hydraté qui cristallise, permet ainsi d'isoler ce dernier composé à l'état de pureté, et cela, sans le secours du froid, sans appareils, sans fours, sans condenseurs,sans vapeurs d'acide chlorhydrique, sans l'emploi de l'acide sulfurique et du soufre, dont la consommation va se trouver ainsi réduite de plus de moitié. Si l'on parvenait à extraire le soufre de ce composé comme on l'a déjà tenté, ce soufre suffirait pleinement au reste de la consommation, et l'eau de la mer viendrait, dans l'industrie, remplacer avec avantage les solfatares de l'Etna.

» Il me reste maintenant à prouver, dit M. Balard, que l'eau de la mer peut fournir, presque sans frais, la totalité de la potasse que consomment certains arts.

» Dans l'impossibilité d'extraire économiquement la potasse des combinaisons inorganiques naturelles, les hommes ont en quelque sorte confié ce soin aux végétaux. Mais les progrès de la culture rendent chaque jour moius abondants et plus précieux ces collecteurs de potasse, qui ne nous la rendent sous la forme de cendre que quand ils sont détruits. La Russie se préoccupe de la diminution de ses bois ; l'Amérique, de l'incendie de ses forêts, et l'on peut prévoir une époque où ces deux pays cesseront de fournir avec économie ces qualités de potasse auxquelles ils ont donné leurs noms. Mais si la potasse de la partie solide du globe commence à nous faire défaut, il n'en est pas de

même de celle de la mer, qui nous offre une mine inépuisable, et c'est cette mine qu'on essaie d'exploiter d'une manière indirecte par la combustion des plantes marines et par l'extraction de la soude de Vareck.

Il existe cependant une méthode bien plus simple, bien préférable, une méthode directe, l'évaporation. Les eaux mères d'où nous avons séparé plus haut le sulfate de magnésie pour le transformer en sulfate de soude, contiennent toute la potasse renfermée dans l'eau de la mer, et pour la Méditerranée, cette potasse peut être évaluée à 1/2000 environ. Les eaux évaporées sur le sol à l'aide des seuls rayons solaires, laissent cristalliser en abondance un mélange salin, d'où une simple dissolution peut extraire ce sel déjà connu des chimistes, sulfate double de potasse et de magnésic, à 6 atomes d'eau. La saline de 200 hectares sur laquelle ont été exécutés les essais, a fourni cette année même 200,000 kilogr. de ce sel or 200,000 kilogr. représentent 90,000 kilogr. de sulfate de potasse pur, et cette quantité, quoique considérable, n'est elle-même que la moitié de ce que l'analyse indique; l'autre moitié reste dans les eaux mères, et on pourrait l'en séparer par une évaporation exécutée au moyen du feu.

Maintenant, du sulfate de potasse extrait des eaux de la mer en grandes proportions, il est facile de passer au carbonate de potasse par les mêmes procédés qui servent à la fabrication de la soude factice, et ce procédé est déjà exploité en grand dans les Vosges; aussi il est bien évident que dans peu la fabrication de la potasse artificielle marchera parallèlement avec celle de soude, et remplacera dans l'obtention du verre, de l'alun, du salpêtre, un produit dont la disparition graduelle commençait à inquiéter plusieurs industries.

D'un autre côté, si le possesseur d'une mine de sulfate d'alumine impur peut se procurer du sulfate de potasse, et purifier son sulfate d'alumine en le transformant en alun, le possesseur d'une mine de potasse impure devra naturellement faire l'inverse, et de cette manière, les mêmes tables salantes où se sont déposés successivement du sel, du sulfate de magnésie, du sulfate de potasse, du sulfate de soude, pourront aussi se recouvrir d'alun.

» La potasse que la France consomme à l'état de sels divers, évaluée en sulfate de. potasse, dépasse à peine 5 millions de kilogrammes. Or, puisque 200 hectares peuvent en fournir 180,000, il faudrait, pour en obtenir 5 millions, consacrer à l'évaporation de l'eau de la mer 5 à 6,000 hectares au plus, et le jour où la France suffira à sa consommation de sulfate de soude par du

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La fabrication du sulfate de soude coûte à la France, en soufre et en salpètre, 2 millions de francs environ: elle ne les dépensera plus.

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» Elle reçoit annuellement plus de trois millions de potasse, elle ne les recevra plus. Il y a quelques années qu'un renchérissement artificiel et exagéré du prix des soufres menaça de devenir, en Europe, une calamité industrielle. Cette crise commerciale ne se reproduira plus.

» Enfin, la soude et la potasse provenant de l'eau de la mer entreront dans les transactions commerciales intérieures pour une somme de 8 à 10 millions de francs, qui rendront la prospérité à ces pays que la na ture semblait avoir déshérités, »>

(Journal des Conn. méd. prat.)

Note sur l'asparagine; par M. R. PIRIA. -M. Piria, par suite d'expériences sur le suc de la vesce étoilée, vient d'y constater la présence de l'asparagine à certaines époques de la végétation de cette plante.

Voici quelle a été la marche, quels ont été les résultats de ses recherches.

Dans une chambre fermée dont le sol était couvert de terre végétale, il a semé une quantité déterminée de graines; la germination s'opéra bientôt à l'abri de la lumière, et les plantes atteignirent la hauteur d'un demi-mètre environ. Le suc de ces plantes, soumis à l'évaporation, contenait une grande quantité d'albumine; convenablement rapproché et abandonné à lui-même, il laissa déposer une assez grande quantité de cristaux d'une couleur brune, qui, soumis à de nouvelles cristallisations et purifiés à l'aide du charbon animal, fournirent une matière blanche parfaitement cristallisée et affectant la forme de prismes volumineux.

L'aspect de ces cristaux, leurs caractères, le dégagement d'ammoniaque qui se manifestait quand on les soumettait à l'influence des alcalis; tout enfin, dans ce corps, rappelait à M. Piria son identité avec l'asparagine; l'analyse ne tarda pas à confirmer ses doutes.

Mais l'absence de la lumière est-elle une condition indispensable à la production de l'asparagine? Cette substance préexiste-t-elle dans les graines ou bien se produit-elle dans l'acte de la germination; quel rôle, enfin, est-elle appelée à jouer dans l'économie de la plante? Toutes ces questions, qui se présentèrent naturellement à l'esprit de M. Piria, exigeaient de nouvelles expériences com

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paratives, de nouvelles recherches plus approfondies. Hâtons-nous de dire que ces recherches ont été couronnées d'un plein succès. De nouvelles expériences faites successivement sur des graines de vesces et sur la plante, soumise ou non à l'influence de la lumière, avant, pendant et après la floraison, ont conduit M. Piria à conclure que les graines de vesces ne renferment pas d'asparagine, et que cette matière se développe dans l'acte de la germination, soit à la lumière, soit dans l'obscurité, pour disparaitre de nouveau à l'époque de la floraison de la plante.

M. Piria pense, en outre, que, puisque cette substance n'emprunte pas ses éléments à l'atmosphère, il doit exister dans les graines de la vesce une matière azotée qui se transforme en asparagine pendant la germination. Cette substance azotée pourrait bien, selon lui, n'être autre chose que de la caséine.

L'asparagine ainsi obtenue n'est pas d'une pureté parfaite; car si on abandonne quelques jours à l'air une dissolution aqueuse de substance, elle disparaît entièrement, et à sa place on trouve du succinate d'ammoniaque qui, transformé en succinate de plomb et décomposé par l'hydrogène sulfuré, a fourni à M. Piria une liqueur d'où il a pu extraire l'acide succinique pur et cristallisé.

Pour expliquer la transformation de l'asparagine en succinate d'ammoniaque il faut supposer, ou que l'acide succinique préexiste dans l'asparagine, et se forme par suite d'un dédoublement provoqué par la fermentation, ou bien, comme le pense M. Piria,, que l'asparagine cristallisée enlève aux matières en putréfaction deux équivalents d'hydrogène pour passer à l'état de succinate d'ammoniaque, C' H' O3 N2 H3 0.

(Ibid.)

Sur l'action du charbon. Parmi les corps qui possèdent le plus de propriétés chimiques, et dont l'usage est le plus répandu dans les arts, on doit placer le charbon. Ses propriétés physiques sont assez bien connues; mais ses propriétés chimiques ne le sont pas encore aussi bien, malgré les travaux importants des chimistes modernes : toutes ses propriétés ne nous sont donc pas dévoilées, et il reste encore beaucoup à faire: sur les réactions qu'il exerce sur les corps. organiques et inorganiques. M. Chevallier vient de signaler une propriété importante du charbon, c'est son action sur les solutions métalliques. Ce chimiste a remarqué qué le charbon en général, et selon les matières d'où il avait été extrait, était plus ou moins apte à s'emparer de divers oxydes constituant les sels à bases métalliques ; que cette décomposition avait lieu à froid dans cer

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