Images de page
PDF
ePub

Chimie médicale et pharmaceutique.

Des causes d'insalubrité de l'air; sur les moyens employés pour les prévenir ou les combattre, par M. BOUCHARDAT. (Suite et fin. Voir le N° de janvier 1845.) Je ne m'arrêterai point à décrire l'état de la population des paroisses plus voisines des marais et de Viareggio, qui n'était alors qu'un rassemblement d'un petit nombre de cabanes de pêcheurs situées auprès d'une ancienne tour, que l'esprit peu philantropique du siècle faisait servir de prison aux condamnés aux galères. Les effets de la cativa aria sont trop connus pour que nous nous arrêtions à les décrire ici. On les voyait se reproduire annuellement dans ces lieux avec toutes leurs horreurs. Les indigènes, peu nombreux et constamment attaqués par des maladies de foie ou de rate, présentaient, pendant toute l'année, le spectacle affligeant d'une population d'enfants languissants et d'hommes en convalescence, au milieu de laquelle la vieillesse était inconnue. Arrivés à la fin de l'été, ils étaient atteints par les maladies les plus dangereuses. Ceux qui en étaient quittes pour quelques mois de fièvres intermittentes, qui ne cédaient qu'au quinquina et au retour de l'hiver, devaient s'estimer bien heureux. En vain le plus grand nombre d'entre eux, en demeurant sur les collines ou dans l'intérieur des terres, et ne descendant dans la plaine que pour les travaux indispensables à la culture, cherchaientils à échapper aux influences encore plus mortelles de la nuit, la fièvre et la mort ne les attendaient pas moins dans leurs misé rables demeures. Les choses en étaient au point que la culture des oliviers dont sont couvertes ces riches collines, était livrée presque entièrement à des mains étrangères, appelées pendant l'hiver à féconder une terre dont la fertilité était elle-même un malheur, puisqu'elle servait d'appåt à de nouvelles victimes. Et si les indigènes cuxmêmes ne pouvaient échapper à ces terribles fléaux, malheur au passager, au voyageur imprudent qui se seraient oubliés pendant une nuit entière d'août ou de septembre dans ces contrées infectées : la mort était la suite inévitable de leur imprudence.

Tel était l'état du pays avant l'année 1741, époque ou l'assainissement partiel de l'air

fut tenté. On n'a point chargé les couleurs ; les registres publics en font foi; la mémoire en est encore récente; les dernières traces cn sont à peine effacées; on n'a rien dit qui ne soit une vérité reconnue, incontestable. Ce fut en 1714 que l'ingénieur de Bologne, Gemignano, proposa d'essayer la séparation des eaux de la mer. En 1750, le célèbre Eustache Manfredi renouvela la même proposition. En 1756, Bernandino Zendrini, mathématicien de la république de Venise, appelé à Lucques par son gouvernement, insista sur la nécessité de la construction d'une écluse près de l'embouchure de la Burlamacea, dont les portes mobiles seraient fermées comme des soupapes par les eaux de la mer élevées par le flux ou les tempêtes, et seraient ouvertes pour l'écoulement des caux du marais, dès que, leur niveau étant devenu supérieur à celui de la mer, les forces des eaux intérieures auraient le dessus.

La république, désirant adoucir tant de maux, ordonna, en 1740, la construction de cet ouvrage, qui fut achevé en 1741. Le succès le plus complet et le plus inespéré couronna cette entreprise, dont l'utilité avait pu, jusqu'alors, paraître douteuse. Dès l'année qui suivit cette construction, on ne vit point paraitre ni à Viareggio, ni à Massa-Ciuccoli, ni à Quiesa, ni dans les autres parties plus éloignées des bassins de Montrone et de Perotto, ces terribles maladies qui, tous les ans, venaient les dé

soler.

Les habitants, dont l'état n'était pas encore irremédiable, rendus à la force et à la santé, purent enfin espérer une vie plus supportable et moins précaire pour eux et pour leur postérité, à laquelle la fertilité et l'étendue des terres promettaient une existence aisée et tranquille. Depuis lors la population s'est rapidement accrue et se trouve encore, en ce moment, progressive. Viareg gio est devenu un bourg très-considérable, et tout soupçon d'insalubrité en a disparu, au point que les premières familles de Lucques y ont, depuis longtemps, bâti des palais qu'elles viennent habiter pendant les mois d'été. Mais si quelques doutes pouvaient rester encore dans les esprits les plus difficiles sur la cause de ce changement inespéré,

deux événements malheureux ne tarderaient pas à les lever. Dans les étés de 1768 et 1769, Viareggio et les paroisses voisines des lacs de Massaciuccoli furent de nouveau ravagées par les maladies. Il résulte des registres de la paroisse, que Viareggio cut dans ces deux années, 170 morts sur une population de 1,550 âmes; ce qui fait près de 4 sur 14 par anuée, tandis qu'il n'en eut que 32 dans l'année suivante, c'est-à-dire, à peu près 4 sur 40. La cause de cette épidémie avait été reconnue et détruite ; on avait réparé les portes de l'écluse qui, étant endommagées, avaient permis, dans les années 1768 et 1769, le passage à l'eau de la mer.

Un oubli pareil se renouvela dans les années 1784 et 1785; le service des portes de l'écluse avait été interrompu ; le nombre des morts s'éleva, en 1784, à 92 sur 4,898 habitants, c'est-à-dire, 1 sur 20 environ. En 1785, il fut de 105 personnes sur 1,854, c'est-à-dire, de sur 18 environ. On lit dans les rapports présentés au gouvernement que, dans l'année 1784, Viareggio renfermait 4,200 malades sur le nombre déjà indiqué de 4,898 habitants. On fit cesser cette épidémie comme celle de 1769, en réparant les dégâts que les portes de l'écluse avaient soufferts.

Ces observations sont complétement décisives, elles prouvent que pendant les chaleurs de l'été, le mélange des eaux douces et des caux salées dans des marais, donne naissance à des principes délétères. Nous allons rechercher quelle en est la nature.

Nous arrivous maintenant aux recherches de M. F. Daniell. Son attention se porta d'abord sur l'analyse de dix échantillons différents d'eau des embouchures de plusieurs rivières sur la côte occidentale de l'Afrique. Les lords de l'amirauté lui demandèrent cette analyse pour découvrir la cause de la destruction rapide du doublage en cuivre des navires employés dans ces stations, qui était plus altéré pendant un voyage de neuf mois sur les côtes d'Afrique, que par quatre ans de navigation dans d'autres parages. (11 paraît que MM. les lords se préoccupé rent davantage du doublage de leurs vaisseaux que de la santé des équipages que le mal aria décime dans ces contrées inhospitalières.) M. F. Daniel reconnut, dans toutes ces caux, l'existence du gaz sulfhydrique (hydrogène sulfuré), et il admet, comme plusieurs chimistes l'avaient prouvé avant lui, et entre autres Vauquelin, M. O. Henri et M. Fontan, que l'origine de ce gaz délétère qui se trouve ainsi sur les côtes d'Afrique, dans une étendue de plus de 16 degrés de latitude, doit être attribuée à l'action d'immenses quantités de matières animales sur les sulfates de l'eau de mer. « Mais maintenant, dit M. Daniell, on peut se de

mander si l'existence de ce gaz délétère dans l'atmosphère, conséquence de sa dissolution dans l'eau, ne doit pas accompagner ces miasmes qui ont été si funestes à tous les explorateurs de l'Afrique. Je fus surpris d'abord que personne n'eut observé l'odeur nauséabonde que devait dégager l'eau chargée de ce gaz à la température élevée des régions équinoxiales; lisant alors le récit d'unc expédition dans l'intérieur de l'Afrique, en remontant le Niger, entreprise par MM. Mac Grégor Laird et Oldfield, je trouvai les observations suivantes :

Les principales causes de mortalité sont, je crois, le passage d'un Océan sans bornes, à une rivière étroite et tortueuse, l'absence des brises de mer, et le dégagement de miasmes putrides qui s'élevaient de marécages environnants. Il faut en avoir senti l'horrible fétidité pour concevoir l'accablement physique et moral et les sensations de malaise et de dégoût auxquelles on finit souvent par succomber.

Ces observations étaient faites dans les mêmes lieux d'où provenaient les eaux que j'ai examinées.

On sait que 1/1,500 d'ydrogène sulfuré, mêlé à l'atmosphère, agit comme un poison sur de petits animaux, et les sensations décrites par M. Laird sont précisément celles qu'ont éprouvées les personnes soumises à l'influence du gaz délétère en petites quantités. On ne peut guère considérer comme improbable qu'un corps qui peut agir comme un poison violent, mélé en proportions assez peu considérables à l'atmosphère, n'aggrave encore des accidents qui pourraient, d'ailleurs, avoir une autre origine. Il est digne de remarque qu'au moment d'entrer dans la rivière, on reconnut la cause d'une vapeur malsaine dont on avait longtemps souffert. La suite que M. Daniell a donnée à ces recherches prouve que les plus funestes accidents dus au mal aria sont liés avec la production d'hydrogène sulfuré.

M. Darwin, dans son intéressant journal de voyage de l'Adventure et du Beagle, parle souvent de localités semblables sur la côte du Pérou. I mentionne l'efflorescence des sulfates de soude et de magnésie à la surface du sol, et l'odeur fétide de la vase des lacs salés.

Les fièvres de l'Inde ne peuvent-elles pas avoir la même origine? Le sol contient en abondance des nitrates de potasse et de soude, mais aussi des sulfates de soude et de magnésie. Ces sels étant lavés par les pluies périodiques qui entraînent aussi les feuilles flétries, rien n'empêche la réaction réciproque de se produire.

Peut-être aussi les fièvres périodiques, qui affligent les villes de New-York et de Charlestown, sont-elles en rapport avec le`mé

lange de matières animales et végétales aux eaux de mer. Un officier supérieur de marine a informé M. Daniell que, pendant la guerre avec l'Amérique, on avait remarqué, dans le doublage des vaisseaux, des altérations aussi rapides que sur la côte d'Afrique. Ne serait-il pas alors également probable que l'eau à l'embouchure des vastes rivières du continent américain soit aussi chargée d'hydrogène sulfuré, est-il impossible que quelques parties des côtes d'Angleterre, celle d'Essex, par exemple, ne doivent leur insalubrité à de semblables décompositions? La vase de la Tamise peut s'y prêter assuré ment, et il existe une opinion reçue que le doublage des vaisseaux se perd plus rapidement dans la Medway qu'à Woolwich ou en d'autres endroits de la Tamise.

M. D. Gardner a étendu à d'autres localités les expériences de Daniell, il n'a plus expérimenté sur de l'eau conservée, mais il a opéré sur les lieux mêmes, et il admet aussi comme conclusion générale que du gaz hydrogène sulfuré se développe toujours dans les localités marécageuses insalubres. Le réactif que M. Gardner emploie est l'argent métallique qui est doué d'une telle sensibilité au contact du soufre, qu'il peut en révéler une partie en solution dans trois millions de parties d'eau. La principale condition du succès, pour ces expériences, c'est que la plaque d'argent que l'on expose à l'air ou à l'eau, où l'on veut constater la présence ou l'absence du soufre, soit parfaitement décapée et ne présente pas la plus légère tache. Comme moyen de constater la quantité d'hydrogène sulfuré dans les eaux minérales, l'argent est bien certainement le meilleur réactif, car toute l'augmentation de poids que prend l'argent peut représenter une égale quantité de soufre pur.

Les expériences de M. Gardner furent faites avec des pièces de monnaie de diffé rentes grandeurs qui avaient été parfaite ment purifiées, puis percées d'une ouverture, afin de pouvoir les suspendre au moyen d'un fil, et trente furent ainsi placées dans différents cours d'eau d'où l'on soupçonnait que se dégagaient des miasmes marécageux et dans un cercle dont le diamètre avait à peine sept milles. Au bout de vingt-quatre heures, deux de ces monnaies étaient déjà tachées, quelques-unes ne le furent qu'au bout d'un mois, et celles surtout qui étaient suspendues dans l'air. Le résultat général de ces expériences fut que les eaux stagnantes des marais contenaient une bien plus grande quantité de gaz bydrogène sulfuré que les rivières. Ainsi, il fallut cinq semaines pour qu'une pièce de monnaie suspendue dans le Buffalo offrit une légère tache sulfureuse, tandis qu'une pièce suspendue dans l'air, à dix-huit pouces au-dessus du sol d'uu marais

rempli d'eau stagnante, était tachée au bout de huit jours.

Je vais actuellement donner un extrait du mémoire de M. P. Savi.

Il est généralement connu que plusieurs parties de l'Italie méridionale sont affligées du fléau désigné dans le pays sous les noms de cattiv' aria ou mal aria (mauvais air), le langage ordinaire paraissant attribuer les effets morbides à la constitution de l'atmosphère dans ces localités. L'examen des causes d'insalubrité de diverses régions du sol toscan a déjà préoccupé plusieurs savants, et M. Savi a cherché de son côté à éclairer unc question aussi importante.

M. Savi commence par rechercher les causes d'insalubrité des vallées basses des environs de Voltera où l'absence de marais ne permet pas l'hypothèse la plus commune sur l'origine de l'insalubrité. Ce pays présente en effet un terrain formé par des dépôts marins très-étendus d'époque tertiaire, lesquels sont composés en grande partic deg marnes argileuses grises; ces terrains sonlevés sur plusieurs points par des roches ignées, altérés sur d'autres points par des émanations souterraines, renferment souvent dans leur sein des masses séléniteuses imprégnées de soufre et souvent de sel marin. Les roches ignées constituent la cime des monts, ses flanes sont formés de ces marnes soulevécs, altérées et imprégnées de gypse et de sel marin; les vallées sont aussi formées de ces mêmes marnes.

Or, au fond de ces vallées, non-seulement près des cours d'eau, mais aussi sur le flanc des collines et même à une certaine élévation règne le mal aria, au point de frapper annuellement une grande partie des habitants non-seulement de fièvres intermittentes opiniâtres mais quelquefois aussi de fièvres pernicieuses.

M. Savi est conduit à repousser les hypo thèses qui attribuent l'insalubrité aux changements brusques de température, à l'humidité, etc., attendu que d'autres localités placées dans des circonstances très-défavórables à cet égard ne subissent pas les influences morbides.

Il s'arrête à une autre opinion existant déjà en Toscane, qui, bizarre au premier abord, lui parait n'être pourtant pas privée de quelque fondement. On dit que ces terrains, après avoir été desséchés par les chaleurs de l'été, recevant l'action des eaux pluviales, éprouvent une espèce de fermentation, que la terre bout (ribolle) comme on dit communément, et qu'en conséquence de cette ébullition, il se dégage des miasmes délétères, source des maladies et particuliè rement des fièvres intermittentes. Ce qu'il y a de certain, c'est que les maladies ne commeneent ou du moins né’deviennent com

munes qu'après les pluies ou les inondations; plus il y a d'alternatives de chaleur et de pluic dans une année, plus les ravages des fièvres se font sentir; c'est là un fait acquis à l'expérience, qu'aucun habitant des maremmes ne voudrait nier; il est cité, d'ailleurs, par plusieurs auteurs, notamment par le célèbre Brocchi.

Il est également avéré que ces circonstances favorables au développement des fièvres, s'appliquent non-seulement aux terrains marécageux, mais aussi à certains ter rains dépourvus de marais, tels que ceux du pays de Voltera,

Au lieu de dire, comme cela arrive souvent, que les influences morbides sont dues au mélange des eaux pluviales et des eaux stagnantes, il serait donc plus rationnel de dire qu'elles sont dues à l'action des eaux sur certains terrains desséchés.

M. Savi examine ensuite le fond des marais malsains; il commence par faire remarquer que tous les marais ne paraissent pas capables de développer des miasmes nuisibles de là la distinction nécessaire entre les marais malsains et les marais indifférents. Il est connu maintenant que ces derniers sont ceux qui ne contiennent presque pas de sels en dissolution, et dont le fond ne contient pas de produits minéraux marins. Tel est le marais Bientina; on pourrait dire aussi celui de Maciuccoli. Les marais malsains sont ceux qui tiennent en solution une proportion notable de sels, et on peut les diviser en trois catégories, suivant que ces sels proviennent, 1o d'eaux minérales (lac de Rimigliano); 2o des eaux de la mer; 3o du terrain même anciennement occupé par les eaux de la mer (marais de Castiglion della Pescaja, de scarlino, etc.). Dans les maremmes toscanes, les marais malsains appartiennent surtout à ces deux dernières catégories; ce sont, pour la plupart, d'anciens petits golfes d'abord changés en basfonds par les atterrissements des fleuves, puis plus ou moins séparés de la mer par des barrages de sables amoncelés par les vents et les flots.

D'autres, et ce sont ceux du troisième genre, bien que privés de toute communication avec la mer, ont un fond formé de boues marines. L'origine marine de ce fond est suffisamment prouvée par les coquilles, notamment par le cardium edule et les feuilles d'algues que l'on trouve en creusant. L'été, ces marais se dessèchent, et des efflorescences salines apparaissent à la surface.

Depuis longtemps, dit M. Savi, on attribue l'insalubrité de l'air au gaz hydrogène sulfuré et carboné; cette observation a été combattue, relativement à l'hydrogène sulfaré, par plusieurs savants, qui observérent que les émauations des solfatares et des

lagoni, du siennois et du volterrano, qui ne déterminent pas les maladies des maremmes chez ceux qui respirent l'air de ces localités. La même observation s'applique à l'air des lagunes de Venise. Ces faits incontestables prouvent que l'hydrogène sulfuré n'est pas toujours capable de produire les fièvres. Mais, comme dans toutes les localités des maremmes où règne un air malsain, on voit le gaz hydrogène sulfuré ou carboné, surtout le premier, prendre naissance, on est naturellement tenté de regarder leur formation comme étant au moins liée avec la cause de l'insalubrité.

Conclusions. Moyens à employer pour prévenir ou combattre les émanations marécageuses. Des documents divers que j'ai réunis, on peut déduire les conséquences suivantes :

1° L'insalubrité de l'air des localités ma¬ récageuses est déterminée par la réaction des matières organiques sur les sulfates.

20 Toutes les fois que les eaux de la mer se mélangent aux eaux douces, les conditions d'existence étant changées pour plusieurs des animaux qui habitent les unes ou les autres, ils périssent, et leurs débris forment une masse énorme de substances organiques.

3o Si la température est élevée, si les caux sont stagnantes, il s'établit une réaction qui détermine la formation des produits délétères, parmi lesquels on a reconnu le gaz hydrogène sulfuré.

4 Cette réaction peut s'établir non-seulement par le mélange des eaux de mer avee les eaux douces, mais encore toutes les fois que les terrains contiendront des sulfates, des matières organiques en abondance et de l'eau, que la température sera élevée. — Ces effets sont surtout remarquables pendant les chaleurs de l'été, quand ces terrains marécageux se dessèchent; c'est alors que cette fermentation, dont les produits sont si délétères, arrive à son apogée.

bo Rien ne prouve jusqu'ici que c'est exclusivement au gaz sulfhydrique qu'il faut attribuer les effets du mal aria ; mais ce qui est bien établi, et ce qui est d'une grande importance, c'est que la réaction qui donne naissance aux miasmes dont, pour un moment, nous admettons la concomittance, est aussi celle qui produit le gaz hydrogène sulfuré. Empêchez ce gaz de se produire, toute fermentation délétère cessera.

6o Les moyens à employer pour éloigner ce fléau, qui décime notre armée africaine, sont clairement indiqués :

a. Avant d'établir un poste dans une tocalité, il faut y faire exécuter des travaux d'art suffisants pour prévenir le mélange des eaux douces et des eaux salées.

b. Il faut éviter le séjour pendant les

[blocks in formation]

Analyse de la poussière qui s'échappe d'une chaudière en fonte, dans laquelle on opère la réduction à l'état métallique des cendres de plomb (oxyde plombeux impur), au moyen de la sciure de bois et à une température suffisamment élevée; faile ensuite d'une enquête ordonnée par le gouvernement; par F. NOLLET.-A. La matière a été recueillie en frottant avec un linge propre les vitres d'une serre située à peu de distance du laboratoire du sieur Meuwis à Koekelberg; ce linge, de blanc qu'il était, acquit une couleur gris ardoise et devint un peu onctueux au toucher,

B. Ce linge fut tassé dans un flacon, qu'il remplissait jusqu'au col, le goulot reçut un bouchon traversé par deux tubes dont un en S servit à répandre sur le linge de l'acide azotique pur à 40o, le second recourbé en deux branches parallèles, allait plonger dans une éprouvette remplie d'eau de chaux. C. L'acide, en traversant le linge produisit une vive effervescence et l'acide carbonique dégagé, vint neutraliser l'eau alcaline, la troubla et y détermina la formation d'un carbonate calcique, qui fut bientôt déposé au fond du vase. Lorsque l'acide azotique, en tombant, ne produisit plus de dégage ment de gaz, le linge fut retiré du flacon et comprimé pour en extraire la dissolution, et apres l'avoir lavé à trois reprises, je le traitai par une solution étendue de carbonate ammoniacal, que je décomposai ensuite par l'acide azotique, qui me donna un précipité blanc d'acide stannique,

D. La dissolution nitrique (azotique) élait trouble et de couleur gris sale, je la filtrai au papier non collé, il resta sur le filtre du charbon très-divisé, de l'acide stannique et un peu d'oxydes terreux de silicium et d'aluminium, substances que je reconnus en traitant le filtre par le carbonate d'ammoniaque pour dissoudre l'acide stannique (c), et après avoir calciné le papier, je trouvai les oxydes terreux faciles à reconnaitre par leurs propriétés physiques et chimiques.

E. La dissolution azotique filtréc, était claire et d'une teinte légèrement jaunâtre, j'en versai une première portion dans un

verre conique, j'y fis tomber quelques gouttes d'acide sulfurique, le liquide devint aussitôt laiteux et il s'y forma un beau précipité blanc de sulfate de plomb.

F. Une seconde portion de dissolution fut soumise à un courant de gaz acide sulfhydrique, elle se troubla, prit une teinte, brune et le dépôt gris-brun qui s'y forma, me donna une première preuve qu'un autre sulfure que celui de plomb, s'y était formé, car le sulfure de plomb seul eût donné un précipité noir.

G. Une troisième portion, après avoir été neutralisée de son excès d'acide azotique, fut exposée à l'action d'un courant d'induction (magnéto-électrique), et il s'attacha au fil négatif une matière métallique, ayant l'aspect cristallin, mais non formée de lamelles bleuâtres et brillantes qui se seraicut développées, si le plomb seul s'était réduit (c, d, h).

H. La quatrième portion qui comprenait environ les deux tiers de la dissolution, fut d'abord décomposée par du carbonate d'ammoniaque dissout, jusqu'à ce qu'unc dernière addition de ce sel ne produisit plus de trouble dans la dissolution, il se forma un précipité floconneux, abondant et d'un blanc un peu brun, Ce précipité lavé, fut traité par l'acide sulfurique, qui forma un sulfate plombique insoluble (e) et un sulfate zincique que je trouvai dans le liquide filtré; car, en le décomposant par le carbonate ammoniacal, il se forma dans le liquide un précipité blanc de carbonate zincique.

De ce qui précède il résulte que la poussière qui s'échappe pendant la désoxidation des cendres de plomb, se compose principalement des oxydes de plomb et de zinc, d'un peu d'oxide d'étain, de quelques traces d'oxyde de fer qui colorent certains précipités (h) de sous-carbonate potassique et de charbon très-divisé; les oxydes terreux (d) proviennent des poussières étrangères à l'opération; peu à peu l'humidité et la lu mière favorisent la combinaison de l'acide carbonique de l'air aux oxydes métalliques,

Nouvelles recherches sur les alcalis organiques; par M. GERHARDT, ➡ Ce savant, dans une lettre à M. Dumas, fait connaître ce qu'il a observé lors de ses recherches sur les alcalis organiques.

Ces recherches ont principalement porté sur la brucine et sur l'importante réaction que l'on obtient en traitant cet alcaloïde par l'acide nitrique. On sait, en effet, qu'il se produit alors une coloration rouge foncé, et que cette réaction est d'une telle sensibilité, qu'on l'a recommandée pour les recherches de médecine légale. M. Gerhardt a vu qu'en même temps que la coloration se produisait, il y avait dégagement d'un gaz odorant gi

« PrécédentContinuer »