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Ici M. Bouisson combat les résultats d'expérieuces tentées par MM. Bouchardat et Sandras, lesquels tendraient à faire admet tre que la plupart des substances azotées passent directement dans le système sanguin sans concourir à la formation du chyle. Le médecin de Montpellier pense, au contraire, que les matières neutres alimentaires servent directement à la chylification et sont absorbées, au moins en grande partie, dans l intestin grèle.

L'albumine et la fibrine du chyle ont une origine simple et naturelle dans les aliments tirés du règne végétal. Aujourd'hui, dit l'auteur, que la chimie a constaté que les aliments végétaux les plus répandus renferment des principes identiques aux substances animales azotées, on voit que ces substances sont introduites dans l'organisme des animaux herbivores ou carnivores avec tous les éléments qui leur sont propres, et que les conditions de la formation de l'albumine et de la fibrine du chyle sont établies dans la nature même des aliments. Les matières non azotées sont principalement destinées à réparer le carbone qui est incessamment brûlé dans l'acte de la respiration; mais elles servent si peu à la formation du chyle que ce liquide n'en présente généralement aucune trace, et que le fluide que l'on extrait du canal thoracique après leur emploi offre tous les caractères de la lymphe ordinaire, et non ceux du chyle.

Origine des matières grasses. La présence des matières grasses dans le chyle à l'état de division moléculaire est un des caractères qui distinguent le mieux ce liquide de la lymphe. Quant au mode de formation de la graisse, on sait combien il a soulevé de discussions dans ces derniers temps. M. Bouisson croit que les deux opinions opposées peuvent se concilier. Ainsi, la présence des matières grasses dans la plupart des substances qui font la base de l'alimentation végétale, et surtout la relation marquée que MM. Dumas, Boussingault et Payen ont reconnue entre la quantité de matière grasse contenue dans les aliments consommés par les animaux soumis aux expériences et celle que l'on retrouve dans le lait qu'ils fournissent ou qui se dépose dans leurs tissus, ces deux faits paraissent à M. Bouisson de nature à faire présumer que l'organisme s'assimile sans peine les corps gras, et qu'il ne fait que les extraire des aliments sans leur donner directement naissance. Ces matières grasses ne sont pas toutefois absorbées sans modification par l'appareil chylifère ; cette modification paraît consister dans une oxydation de plus en plus prononcée à mesure qu'on s'élève des animaux herbivores aux carnivores.

Mais si les corps gras existent tout formés

dans les aliments, il ne s'ensuit pas que, sous l'influence de la vie et des actions organiques, la graisse ne puisse également se produire, alors même que les aliments n'en contiennent pas. Il est difficile, dit M. Bonisson, de refuser à l'organisation animale un pouvoir que les végétaux possèdent d'une manière si générale. Les considérations par lesquelles M. Liebig a appuyé l'opinion qus les corps gras se forment directement dans les animaux viennent de recevoir un appui nouveau dans les résultats obtenus par M. Milne-Edwards, qui a confirmé les expériences d'Hubert d'après lesquelles des abeilles nourries exclusivement avec du miel ont pu fournir de la cire. En dehors même de ces expériences, ajoute M. Bouisson, la physiologie fournit des arguments sans réplique sur le pouvoir engraissant des fécules, sur l'extrême facilité que les sujets disposés à l'obésité présentent à convertir en graisse des aliments peu abondants et où cette dernière ne se retrouve pas. Ces considérations impliquent certitude, quand on admet avec les chimistes que certains aliments, le sucre en particu lier, peuvent, à l'aide d'une fermentation spéciale, donner naissance à une matière huileuse, et intervenir ainsi directement dans la formation des graisses.

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De l'absorption du chyle. Diverses expériences rapportées par l'auteur lui font admettre que l'absorption du chyle a lieu sur tous les points de la surface digestive, sans en excepter l'estomac, du moins chez le cheval et le chien.

Mais quel est le rôle respectif des lymphatiques et des veines dans l'absorption des matériaux du chyle? M. Bouisson donne l'exposé des résultats contradictoires auxquels sont arrivés les physiologistes qui so sont occupés de ce point de recherches. Il lui a semblé que l'opposition dans les faits n'était qu'apparente, et qu'en réalité ccs derniers étaient réductibles en une vérité commune. Ainsi, dit-il, la présence des matières colorantes ou salines dans le chyle ne prouve pas que les vaisseaux lactés les aient absorbées directement, mais qu'elles y sont parvenues par une voie quelconque; car la lymphe se mêlant avec le chyle à la partie inférieure et dans divers points du canal thoracique, le sérum de cette lymphe, chargé, comme celui du sang, des matières absorbées dans l'intestin par les radicules de la veine porte, peut, en définitive, transmettre au chyle les qualités qui dépendent de leur présence. Les résultats des essais entrepris par M. Bouisson pour acquérir une conviction sur ce point lui ont paru décisifs. Exp..1. Deux lapins, soumis à une abstinence, furent alimentés avec du son dans lequel une assez forte proportion, de

garance avait été incorporée. L'aliment coloré fut laissé à leur disposition pendant trois heures. Ils furent ensuite tués pendant qu'ils étaient en pleine digestion. Les lymphatiques du mésentère, les ganglions de la même région et le canal thoracique étaient remplis de chyle opalin où l'on n'apercevait aucune trace de la coloration particulière de la garance, tandis que le sérum du sang présentait cette coloration. Exp. 2. Deux autres lapins furent soumis au même régime, mais ne furent sacrifiés qu'après une alimentation plus prolongée. Le chyle n'était point coloré; mais le sérum du sang l'était, et la teinte rouge de la garance s'observait en outre dans l'urine.

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Exp. 3. Deux lapins furent alimentés pendant dix jours avec du son mélangé avec de la garance en poudre ; ils furent ensuite soumis à deux jours d'abstinence complète, afin que le chyle ne se formât pas et que de la lymphe seule pût être recueillic dans le canal thoracique. Les animaux furent alors sacrifiés. La coloration rouge de la garance imprégnait la plupart des fluides, et elle était particulièrement sensible dans la lymphe obtenue du canal thoracique. Exp. 4. Deux lapins furent soumis au régime de la garance jusqu'à saturation et nourris ainsi, l'un pendant dix jours, l'autre pendant quinze. Après ce laps de temps, ils furent tués pendant la digestion. Chez tous les deux, le chyle du canal thoracique présentait la couleur rouge de la garance d'une manière moins prononcée, il est vrai, que la lymphe obtenue dans l'expérience précédente, mais assez caractérisée pour qu'on ne pût la méconnaître. Presque tous les liquides de l'organisme étaient empreints de la même coloration, ainsi que le tissu osseux.

La conséquence de ces faits, c'est que la couleur rouge-garance du chyle doit être attribuée à son mélange avec la lymphe qui arrive au canal thoracique saturée de matière colorante.

On est également porté à conclure, d'après les expériences physiologiques faites jusqu'à ce jour, que les lymphatiques de l'intestin absorbent principalement les substances assimilables destinées à devenir la matière du sang, telles que les matières azotées neutres réduites en albumine, les substances grasses, l'eau, quelques sels, tandis que le système veineux absorbe au contraire les substances non assimilables et qui sont destinées à être expulsées de l'économie.

M. Bouisson ne croit pas cependant que cette déduction doive être acceptée comme une vérité absolue et sans exception. Il attribue la plupart des ajournements de la certitude scientifique à la tendance que l'on a eue, à presque toutes les époques, à regar

der comme constants les faits que l'on observe le plus fréquemment. Ainsi les fonctions des deux ordres de vaisseaux en question ont, au fond, assez d'analogie pour qu'ils puissent se suppléer temporairement dans les cas d'obstacle à l'absorption par l'un ou l'autre système, comme dans les cas d'altération des ganglions mésentériques, ou bien dans celui d'une tumeur du foie, etc. Mais comme ces actions supplétives sont toujours imparfaites, si l'obstacle qui les provoque se prolonge, la santé et la vie ellemême peuvent être menacées.

Progression du chyle. Le trajet du chyle n'est soumis à aucun moteur dont l'action particulière soit puissante; mais il est sollicité dans une direction constante par plusieurs causes dont les influences réunies déterminent sa progression d'ailleurs assez lente. Nous ne pouvons suivre M. Bouisson dans l'étude détaillée qu'il fait de chacun de ces moteurs. Nous nous bornerons à les désigner. Le premier moteur du cours du chyle, c'est l'absorption elle-même de ses éléments à la surface intestinale. L'imbibition, l'endosmose, présentées par quelques physiologistes comme la cause de l'absorption du chyle, ne sont, aux yeux vitalistes de M. Bouisson, que des moyens employés par une force particulière et mystérieuse. Une fois introduit dans la cavité des lymphatiques, le chyle est poussé par la contraction de ces derniers, ou par celle du canal thoracique lorsqu'il est arrivé jusqu'à ce tronc. Les contractions de l'intestin ne sont pas sans action sur le cours du chyle, non plus que les pressions extérieures sur les vaisseaux lymphatiques, telles que celles qui ont lieu pendant la contraction des muscies de l'abdomen et du diaphragme, et l'acte même de l'inspiration.

Le calcul de la quantité de chyle admis dans les vaisseaux du mésentère a généralement été établi d'après des bases si hypothétiques que l'on ne possède pas encore de résultats certains à cet égard. Haller obtenait, à l'aide de ses expériences, 4, 6 ou 8 onces de chyle par jour. M. Magendie assure qu'en incisant dans la région du cou le canal thoracique d'un chien de moyenne taille, qui a mangé à discrétion des aliments de nature animale, on obtient d'abord au moins une demi-once de chyle en cinq minutes, et que l'écoulement de ce liquide devient ensuite bien plus lent.

Quant à la vitesse de la progression du chyle, diverses expériences tendent à démontrer qu'elle est assez faible; mais on ne possède aucun calcul fondé à cet égard; car on ne saurait admettre comme tel celui d'où Cruikshank concluait que le chyle parcourt, chez le chien, quatre pouces en une seconde, ce qui ferait vingt pieds en une minute.

Physiologie intime du chyle. Le chyle n'est pas identique dans les vaisseaux qu'il parcourt. Les ganglions mésentériques établissent un changement presque brusque entre les qualités de ce liquide. Avant ces organes, il y avait prédominance de graisse, existence de globulins, incoagulabilité; après eux, diminution de la graisse, coagulabilité, existence de globules. Il est donc rationnel de penser que c'est dans le tissu des ganglions mésentériques que le chyle se modifie.

lei M. Bouisson se livre à un examen anatomique de ces mêmes ganglions. Ce sont des plexus vasculaires très-serrés dans les quels le chyle stationne quelque temps. Ils sont pénétrés de vaisseaux sanguins artériels et veineux qui, selon Weber et Burdach, cèdent des matériaux au chyle. La présence d'un liquide sécrété est assez généralement reconnue comme évidente, et M. Magendie, qui l'a rencontré chez des suppliciés, lui a donné le nom de fluide propre aux glandes mésentériques. Il pénètre par endosmose dans les voies du chyle et favorise la diminution de sa matière grasse en augmentant son alcalinité. D'un autre côté, les recherches de Schulze ont démontré que la matière grasse que l'on trouve en proportion si notable dans le sang de la veine porte provient directement du chyle qui s'est introduit dans le système veineux, à son passage dans les ganglions mésentériques. De là vient la diminution de la teinte opaline du chyle. Sa matière grasse, entraînée par le sang qui circule dans la veine porte, pénètre avec ce dernier vaisseau dans le foie d'où elle est éliminée sous forme d'acide choléique et de cholestérine. Mais il n'est pas démontré que la veine porte fournisse des éléments au chyle.

Le chyle, examiné au delà des ganglions, subit encore quelques modifications par son mélange avec la lymphe qui lui apporte des globules particuliers qu'elle tient en suspension et de la fibrine à l'état de dissolution. Ainsi modifié, dit M. Bouisson, le chyle, sur le point d'être déversé dans le sang, participe déjà à plusieurs de ses propriétés et représente du sang en puissance. Les usages du chyle consistent évidemment dans la régénération de ce dernier fluide diminué par les sécrétions. Aussi l'oblitération naturelle ou artificielle du canal thoracique est elle suivie de la mort par inauition, à moins que, par une anomalie dont on a vu quel ques exemples, il y ait duplicité de ce canal ou des voies de communication supplémentaires entre son extrémité inférieure et le système veineux.

Le chyle, quoique très-semblable au sang, ne lui est cependant pas immédiatement assimilé, et lorsqu'il a été déversé en grande

quantité dans le torrent sanguin, ses traces peuvent être reconnues au delà du point de son déversement. On en peut, dans quelques circonstances, reconnaître les éléments jusque dans le sang artériel.

La longueur de cette analyse nous oblige de passer par-dessus l'article que l'auteur a consacré à la physiologie comparée du chyle. Ce sujet nous entrainerait dans trop de détails.

Du chyle dans l'état pathologique. On ne possède pas encore de matériaux suffisants pour tracer une histoire pathologique régulière du chyle, mais le peu de notions que l'on a, autorise néanmoins à croire que l'étude attentive des altérations du chyle dissipera beaucoup d'obscurités relatives à la pathologie des affections humorales. M. Bouisson résume ainsi qu'il suit les données principales sur le chyle considéré à l'état pathologique..

A. La formation de ce fluide est influencée dans plusieurs maladies générales où il existe une diminution des forces de l'organisme.

La chylification imparfaite donne naissance à un produit qui est imparfait à son tour, et qui, régénérant le sang d'une manière vicieuse, contribue au maintien de l'affection morbide.

1o D'après Lind, le chyle des scorbutiques est visqueux et se putréfie aisément; leur sang est plus alcalin qu'à l'état normal. Les ganglions mésentériques, chez eux, sont généralement lésés, rouges, ramollis à leur centre, et ils doivent compléter l'altération des qualités du chyle déjà commencée sous l'influence de l'action digestive.

2o La maladie scrofuleuse se développe aussi dans des conditions et avec des caractères qui portent à admettre une détérioration du chyle. On sait la part que prennent dans l'étiologie de cette maladie les aliments de mauvaise qualité, la lésion que suhissent fréquemment les glandes mésentériques, la prédominance de la partie albumineuse du sang et l'infériorité de la fibrine, enfin la langueur générale de l'action digestive. Baillou a avancé que le chyle, chez les scrofuleux, éprouvait une sorte de réduction aqueuse. Le docteur Klencke dit avoir plusieurs fois constaté la présence de corpuscules de chyle sans noyau ou corpuscules adipeux, ainsi que l'absence des globules lymphatiques, sur des individus cachectiques dont il avait pu faire l'autopsie très-peu de temps après leur mort. Le même expérimentateur a en outre constaté l'existence d'une altération matérielle du chyle chez les animaux atteints de maladies cachectiques analogues aux scrofules.

B. Les matériaux du chyle mélangés avec le sang éprouvent, dans quelques affections

des organes respiratoires ou autres, un retard dans leur assimilation définitive; dans certains cas, ils sont même directement éliminés. C'est surtout en ce qui concerne la partie grasse du chyle que se manifeste l'affaiblissement des actes organiques qui tendent à l'assimiler complétement au sang. Elle reste longtemps visible dans ce dernier fluide, en attendant qu'elle échappe aux tissus amaigris par l'effet de sa combustion dans le poumon. Mais c'est un point sur lequel l'observation mériterait d'être de nouveau fixée.

Il est encore d'autres conditions de l'économie mal déterminées dans leur nature, et dans lesquelles la matière grasse apportée par le chyle s'échappe par les sécrétions sans être utilisée pour l'acte nutritif. Ainsi, les urines chyleuses, indiquées par un grand nombre d'auteurs, ont été de nouveau signalées de nos jours. Haller paraît avoir éprouvé cette affection, d'après une consul tation que lui adressa de Haën.

C. Le chyle reçoit une influence pathologique dans plusieurs maladies du tube digestif et de ses annexes. Sa formation parait suspendue dans les diverses espèces de diarrhée poussée à un certain degré, et spécialement dans la lienterie. Les anciens croyaient que le chyle était directement rejeté dans la maladie qu'ils appelaient flux cæliaque, laquelle parait n'être qu'une forme de la diarrhée muqueuse ou séreuse, et qui coïncide peut-être avec une sécrétion biliaire, la chylification est manifestement troublée. Les flux bilieux abondants déterminent un mouvement péristaltique qui s'oppose à la formation du chyle. Il en est de même de la rétention de la bile ou de la suspension de sa sécrétion. Dans l'ictère, la matière grasse, au lieu de passer dans le chyle, se retrouve souvent dans les matières fécales.

D. Lorsque le passage du chyle est obstrué, soit par l'engorgement des ganglions mésentériques, soit par l'oblitération du scanal thoracique, ou par la présence de - tumeurs exerçant une compression sur les voies qu'il parcourt, divers phénomènes morbides sont la conséquence de l'interruption de son cours.

Le carreau a pour résultat l'amaigrissement, bien qu'on ait démontré que certains ganglions tuméfiés pouveient encore être traversés par de la matière à injection. D'après Morgagni, l'atrophie de ces mêmes ganglions est encore une cause d'amaigrisse

ment.

L'obliteration du canal thoracique, - lorsqu'il n'existe pas de voie supplémentaire pour le cours du chyle, la compression de ce canal, sont également suivies de l'amaigrissement. La mort peut en être la suite; elle

est ordinairement précédée d'une tumeur formée par le chyle accumulé au-dessous de l'oblitération, et qui peut être suivie de rupture.

Une observation du docteur Marshall Hugues, semblerait établir la réalité des épanchements chyleux, déjà signalée par Lieutaud, Sandifort et Morgagni, mais chez ces derniers sans l'analyse chimique nécessaire pour bien constater un fait si extraordinaire.

E. Le chyle peut être altéré par son mélange avec divers produits. Sommering et plusieurs anatomo-pathologistes modernes ont trouvé du pus dans les lymphatiques de l'intestin. M. Cruveilhier et l'auteur de ce mémoire y ont trouvé de la matière tuber. culeuse.

F. Les altérations spéciales du chyle dont on ne peut déterminer les relations avec celles des organes qui servent à sa formation et à son transport, ni avec les affections générales de l'organisme, sont encore en très-petit nombre. M. Bouisson se borne à mentionner les suivantes.

M. Magendie a signalé le développement de vibrions dans le chyle. Cet état, se demande l'auteur, précéderait-il l'apparition des entozoaires microscopiques que des recherches plus récentes ont fait découvrir dans le sang?

Le docteur Klencke attribue au chyle un mode particulier de viciation dans lequel les matières salines sont plus abondantes qu'à l'ordinaire et se déposent spontanément en prenant un aspect cristallin. M. Bouisson assimile à cet état un produit d'altération plus anciennement et plus fréquemment observé dans les voies du chyle: c'est la formation de concrétions plus ou moins volumineuses et libres en divers points du trajet que parcourt ce liquide. On n'a jamais fait l'analyse chimique de ces concrétions.

M. Bouisson signale enfin l'existence d'un phénomène pathologique rare auquel le chyle avait donné lieu, et qu'il a pu examiner dans le Musée d'anatomie pathologique de Strasbourg. On remarque, parmi les pièces relatives aux lésions du système absorbant, un canal thoracique dont le réservoir trèsdilaté contient de la substance fibrineuse déposée par le chyle. Cette concrétion présente le volume d'une noisette; elle est assez consistante, d'une couleur blanche, d'un aspect comparable à celui d'un caillot sanguin organisé; elle adhère par une petite surface à la tunique interne du réservoir de Pecquet.

(Journ. des con. méd. chir.,janv. 1845).

Observations sur l'emploi thérapeulique de l'alcali volatil fluor (ammoniaque liquide) contre la coqueluche; par le doc

teur LEVRAT-PERROTON, médecin titulaire de l'hospice de l'Antiquaille de Lyon. OBS. 1. Un enfant de 18 mois, encore allaité, est atteint d'une coqueluche si violente qu'après chaque quinte viennent des convulsions effrayantes. Le 15 février 1859, les convulsions sont tellement fortes qu'on désespère un moment des jours du petit malade. Les sina pismes et les frictions éthérées ne produisent aucun soulagement. Témoin de cette scène qui dura plus d'une heure, M. Levrat-Perroton conseilla, sans trop se faire d'illusion, quatre sangsues à chaque bras sur la face antérieure de l'articulation huméro-cubitale et de faire prendre par cuillerée, d'heure en heure, aussitôt que le malade pourrait avaler, la potion sui

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M. Levrat comptait si peu sur le succès de cette formule qu'il s'attendait à ce qu'on lui annoncerait le lendemain la mort du petit malade; car il avait presque toujours vu se terminer fatalement la coqueluche lorsque les quintes de toux se compliquent de symptômes cérébraux. Il fut donc fort étonné lorsqu'on vint lui annoncer que l'enfant avait fort bien passé la nuit. Il le trouva, en effet, à sa visite du 16 au matin, beaucoup mieux que les jours précédents. Les quintes de toux, devenues moins fréquentes et plus courtes, ne sont point suivies de convulsions. L'état de cet enfant s'est amélioré de jour en jour, sous l'emploi soutenu de la potion alcaline, et le 10 mars il était en pleine convalescence. A cette date, la toux devenue rare n'était plus que celle d'un simple catarrhe bronchique qu'on abandonna au régime et aux forces médicatrices de la nature.

L'observation suivante est venue corroborer les heureux effets de cette modification. OBS. 11. Adèle Las, âgée de 6 ans, valétudinaire depuis plusieurs mois, à la suite d'un engorgement des glandes mésentériques, est prise, dans le courant de l'automne de 1842, d'une coqueluche dont les quintes augmentent rapidement d'intensité et sont suivies de congestion cérébrale avec convulsion et perte de connaissance. Les parents, sans prendre d'avis de médecin, emploient des boissons pectorales et promènent des vésicatoires volants sur les membres inférieurs, le tout sans succès. M. Levrat est appelé à voir la petite malade dans une crise plus forte que celles qu'elle avait eues précédemment. Il la trouve sans connaissance, les yeux tournés en haut, la figure vultueuse;

contracture des membres; pouls fréquent et peu développé. M. Levrat combat le raptus cérébral par des sinapismes sur les membres abdominaux et l'application d'une grosse sangsue au pli de chaque bras. Les symptômes cérébraux s'apaisèrent, et, aussitôt que la malade put avaler, il conseilla de faire passer par cuillerée de temps en temps la potion formulée plus haut. Les heureux effets de cette potion se firent peu attendre, et, après quelques jours de son usage, les quintes étaient devenues rares et courtes et sans complication fâcheuse. Enfin, la potion alcaline fut continuée par cuillerées à des intervalles de plus en plus longs à mesure que la malade allait mieux et on y put renoncer tout à fait au bout de quinze jours environ. La petite malade a été envoyée à la campagne et mise à l'usage du lait de chèvre. Tout fait espérer qu'elle se rétablira parfaitement de son état valétudinaire.

M. Levrat-Perroton rapporté deux autres observations d'un heureux effet de la potion précédente, après que les autres moyens thérapeutiques avaient échoué ou n'avaient eu raison que de la complication inflammatoire. L'auteur ajoute qu'il pourrait produire un plus grand nombre de cas d'un heureux emploi de l'ammoniaque liquide dans la coqueluche. D'après ses deux dernières observations, comme d'après les deux premières, cet agent n'aurait pas pour effet seulement de diminuer le danger de la còqueluche ; il en procurerait la guérison complète et encore en peu de temps.

(Revue médicale, juin 1844.)

Moyen simple et facile de pratiquer le cathétérisme. Dans la séance du 13 janvier dernier, M. Maisonneuve a lu, à l'Académie des sciences, un mémoire destiné à faire connaître une manière nouvelle et facile d'opérer le cathétérisme. La modification proposée par M. Maisonneuve consiste à introduire d'abord, dans l'urèthre, une bougie en gomme élastique no 1 ou 2 (très-fine), à faire glisser ensuite sur cette bougie une sonde ouverte à ses deux bouts et proportionnée au calibre du canal. Cette introduction de la sonde est rendue facile au moyen d'un fil de soie ou de métal que l'on fixe à l'extrémité externe de la bougie après l'avoir préalablement passé dans le canal de la sonde. Il suffit alors de pousser doucement la sonde sur la bougie conductrice, en tendant le fil, pour la faire pénétrer facilement et sans douleur jusque dans la vessie. M. Maisonneuve a eu un succès complet dans tous les cas où il a expérimenté ce moyen, et cependant plusieurs de ces cas étaient d'une gravité extrême et avaient vu échouer tous les autres modes de cathétérisme. Les conclusions posées par l'auteur

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