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légère odeur de peinture récente; ensuite, j'ôtai ma redingote et mon chapeau, et je me mis à une besogne qui demandait une attention suivie. Pendant cette occupation, j'oubliai complétement que je m'étais ainsi exposé à un danger qui pouvait avoir des suites bien graves; des frissons vinrent m'annoncer qu'il était temps de fermer les fenêtres et de me couvrir, ce que je fis immédiatement.

Le lendemain, j'eus quelques éternuments, une légère céphalalgie frontale, l'œil gauche humecté de larmes; quelques petits vaisseaux appartenant à l'injection catarrhale, se dessinaient sur la conjonctive bulbaire, et occasionnaient une faible démangeaison; je ne m'aperçus d'aucune autre vascularisation, la pupille était normale, la vision nette.

Pendant la nuit qui suivit le troisième jour, une douleur vive, poignante, se déclara et sembla remplir toute la cavité orbitaire, mais elle était plus prononcée au-dessus du globe de l'œil, qu'au-dessous, sans que je pusse la rapporter à tel ou tel tissu contenu dans le cône orbitaire.

Le matin, cette douleur prit plus d'intensité, sans que la céphalalgie ni l'injection en fussent augmentées. Les mouvements de l'œil gauche étaient douloureux et difficiles, il y avait de la roideur dans son jeu; la lecture augmentait les souffrances; pas de photophobie, vision très-bonne. Jusque-là, je ne soupçonnai pas encore que j'étais affecté d'un rhumatisme musculaire.

Le soir, je pris un bain de pieds alcalin, et me fis deux fortes frictions sur le front et à la tempe gauche avec un gros d'onguent napolitain. Pendant toute la nuit, la douleur persista au même degré, elle suivait la direction des muscles, et semblait pénétrer dans le crâne; le sommeil fut interrompu, le toucher de l'œil et la pression entre celui-ci et la voûte osseuse, augimentaient la souffrance. Un spasme nerveux des deux paupières se déclara, mais plus prononcé à la supérieure. Le quatrième jour, au matin, en présence de la persistance du mal et de son accroissement, j'éprouvai d'autant plus de crainte que j'avais eu occasion de voir, en 1843, à Vienne, en Autriche, dans le service de M. Jæger, un cas de cette nature avoir de terribles suites.

Une jeune fille bien constituée, qui jamais n'avait été ophthalmique, entra à l'hôpital et donna pour tout renseignement commémoratif, que quatre jours auparavant, elle avait reçu un coup d'air sur l'œil droit, et qu'à dater de ce temps, elle ressentait une douleur vive dans tout le bulbe oculaire.

Il résulta de l'examen, que les paupières étaient tuméfiées et rouges, grande photophobie et épiphora, l'organe visuel plus volumineux, les milieux transparents intacts, pupille rétrécie et immobile, injection des vaisseaux conjonctivo-sclérotidiens; pouls fébrile et insomnie. Le professeur nous dit qu'il croyait avoir affaire à une ophthalmitis. Un traitement dirigé en conséquence, fut employé. Pour ne pas entrer dans des détails trop minutieux à ce sujet, j'abrégerai en disant qu'au lieu d'avoir affaire à une ophthalmite, on eut à déplorer, outre cette affection, le développement rapide d'un énorme fongus médullaire de la rétine.

L'autopsie fut, malheureusement pour la science, pratiquée le vingt-quatrième jour après l'invasion de cette affreuse maladie. La tumeur avait acquis le volume du poing.

Mais revenons à l'observation qui fait le sujet de cet article.

Traitement.

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Pendant le quatrième jour, je fis de nombreuses frictions avec de l'onguent mercuriel double uni à une forte dose d'extrait narcotique, et je pris deux bains de pieds. La nuit fut encore mauvaise.

Le cinquième jour, la douleur ne disparaissant que lentement, j'employai la solution d'extrait de belladone sur les paupières et le sourcil; quelques heures après son application, j'éprouvai des picottements dans l'œil, la vision était trouble de ce côté, la douleur persistait, mais avait un moindre degré d'intensité; ce

trouble et ces picottements dépendaient de la dilatation outrée de la pupille ; j'appliquai un bandeau assez épais sur l'œil attaqué, et je fus étonné du soulagement prompt qu'il me procura; mais un autre inconvénient me tourmentait : c'étaient des tremblottements spasmodiques dans l'épaisseur des rideaux de l'œil; ils simulaient parfois un vrai chatouillement et augmentaient par la clarté et la fatigue.

Le sixième jour, ce tremblottement m'incommodait plus que la douleur; je fis des onctions avec la liqueur anodine d'Hoffman, qui calmèrent pour quelques heures ces spasmes.

Le septième jour, les contractions involontaires des voiles membraneux de l'œil gauche persistaient ; une douleur sourde et profonde s'aggravait encore par le jeu des muscles. Le laudanum de Rousseau camphré en frictions loco dolenti fit disparaître ce blépharo-spasme, et la douleur en même temps.

Un mois s'était écoulé lorsque je fus pris d'un refroidissement sur le chemin de fer; tant que ce refroidissement a duré, j'ai éprouvé une douleur lancinante dans la cavité orbitaire gauche, qui coïncidait avec les mouvements des muscles de l'œil ; cette douleur disparaissait par la chaleur et le repos de cet organe, au point qu'elle s'effaçait presque complétement chaque fois que je me couchais sur ce côté, la tête enfoncée dans un oreillet de plumes; mais elle reparaissait, accompagnée de petits tressaillements spasmodiques des paupières, à la moindre sensation de froid, par la fatigue de la vision et par son palper. Au bout de quelques jours, lorsque le rhume fut passé, je me sentis complétement délivré.

Deux fois depuis, à de longs intervalles, j'ai été enrhumé par suite de refroidissement des pieds ; chaque fois, pendant toute la durée de mon catarrhe, la douleur rhumatismale des muscles de l'œil gauche s'est fait sentir comme dans le cas précédent, sans que jamais j'eusse eu une injection caractéristique d'une autre affection de l'œil, et sans avoir essuyé antérieurement d'autres symptômes de rhumatisme dans l'une ou l'autre partie du corps.

Réflexions. Si je'n'avais pas été moi-même l'objet de cette observation, j'aurais, je l'avoue, eu de la peine à croire à de pareilles douleurs rhumatiques dans des muscles aussi petits, et sans apparition d'aucun des symptômes prononcés propres à d'autres affections de l'œil.

Je ne doute nullement avoir été atteint d'un simple rhumatisme des muscles de l'œil, attendu la douleur spécifique que j'éprouvai dans toute leur longueur, douleur qui augmentait pendant leurs mouvements, leur fatigue, et par la pression douce du globe visuel ; attendu aussi qu'il n'existait aucune autre complication. La maladie, ayant été produite par un refroidissement subit, disparaissait par le repos de l'œil, par la chaleur du lit, et par l'application d'un bandeau monocle; elle reparaissait, au contraire, à chaque refroidissement subséquent, avec les mêmes caractères plus ou moins prononcés.

Les circonstances qui auraient pu reproduire l'affection dont je viens de parler, ne s'étant pas manifestées, je n'en ai plus depuis ressenti les effets. Je suis d'autant plus porté à croire à l'opinion que je viens d'émettre, qu'il est probable que le froid, agissant pathologiquement sur l'organe visuel, peut déterminer, depuis la plus simple affection de l'œil, jusqu'à celle qui entraîne même la mort; que le diagnostic est incertain, ainsi que le pronostic, dans beaucoup de cas résultant de cette cause; et qu'assez souvent on a à traiter des rhumatismes des muscles de l'œil, sans les reconnaître, en rapportant la douleur causée par les malades, soit aux amblyopies ou à d'autres tissus de l'œil et de l'orbite présumés affectés. De là, l'échec dans la thérapeutique, et la persistance de la maladie malgré le zèle et les connaissances du praticien.

Quoique la nature et l'anatomie pathologique du rhumatisme soient encore enveloppées d'un voile épais, quelques auteurs considèrent cette affection comme

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étant une inflammation morbide; d'autres l'attribuent à un vice rhumatismal particulier, ou disent que c'est une irritation spécifique des tissus séro-fibreux et musculaires, ayant des caractères différents de ceux de l'inflammation; d'autres enfin, prétendent que c'est une névrose des nerfs de la région attaquée.

Quoi qu'il en soit, et pour ne pas sortir du cadre que je me suis imposé, je passerai sous silence ces différentes manières d'interpréter le mot rhumatisme; aussi est-ce pour éviter un nouvel embarras que j'ai conservé celui de rhumatisme des muscles de l'œil, dans cette observation; car nous savons tous que le mot rhumatisme a plusieurs significations, suivant les muscles ou autres tissus atteints. C'est ainsi qu'on dit : torticolis, pleurodynie, lumbago, paraphrénésie, rhumatisme articulaire, etc., etc.

II. REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.

Médecine et Chirurgie.

Etudes médicales sur le chyle; par F. BOUISSON. professeur à la Faculté de médecine de Montpellier (4). — Il s'en faut de beaucoup que tous les fluides aient été étudiés sous le point de vue de leur histoire générale, et les plus négligés sont ceux qui servent à la formation du sang. L'histoire tout entière du chyle ne se trouve jusqu'à présent que dans les livres de physiologie. Certain de l'intérêt que doivent offrir des recherches propres à faire découvrir les modifications morbides du chyle, dont quel ques-unes doivent, sans doute, révéler l'origine de plusieurs altérations du sang, M. Bouisson a cru rationnel, pour nous servir de son expression, d'aller rechercher leur forme initiale, soit chez l'homme, dans les limites malheureusement étroites de nos moyens d'exploration, soit en empruntant les lumières de la pathologie comparée, qui, sous ce rapport, peut rendre d'éminents services.

Caractères physiques du chyle. — Le chyle, on le sait, est la matière nutritive modifiée, transformée dans le tube digestif et absorbée par les vaisseaux lymphatiques de ce dernier. Parmi les différentes manières que l'auteur décrit pour recueillir le chyle, la plus simple est, après avoir tranché subitement la tête des jeunes animaux, au moment de la digestion, d'aller à la recherche des veines sous-clavière et jugulaire; l'incision de ces vaisseaux, faite avec précaution, conduit à l'embouchure du canal thoracique d'où on voit le chyle s'écouler avec assez d'abondance quand on exerce une pression sur l'abdomen. La couleur du chyle est blanchâtre, opaline et semblable à

(1) Le travail de M. Bouisson a été inséré dans la Gazette médicale de Paris. L'étendue de ce mémoire, et l'intérêt des matières qui y sont traitées, nous ont engagés à reproduire

celle du lait. Cette couleur n'est cependant pas aussi constante qu'on l'a cru et clle varie suivant des conditions sur lesquelles on va avoir à revenir plus tard. Cette coloration blanchâtre opaline est particulièrement évidente quand on observe le chyle au moment où la digestion est en pleine activité, après l'usage des substances animales et surtout des aliments gras, enfin quand on l'extrait du réservoir de Pecquet. Il est clair et transparent quand il est mélangé avec une forte proportion de lymphe, et légèrement rosé vers la fin de son trajet. La saveur du chyle est un peu salée; sensiblement alcaline, happant à la langue et laissant une impression persistante et peu agréable. Cette saveur n'est pas modifiée par toutes les substances sapides qui parviennent dans l'estomac, par l'alcool, par exemple. Elle a semblé quelquefois sucrée. L'odeur propre du chyle, médiocrement prononcée, a quelque analogie avec celle du sang, et elle présente la même particularité que chez ce dernier, lorsqu'on verse de l'acide sulfurique sur du chyle, c'est-à-dire, qu'on obtient alors une odeur qui rappelle celle de l'animal sujet de l'expérience. La consistance du chyle est comparable à celle du sang; il produit la même impression au toucher. Sa pesanteur spécifique est un peu plus considérable que celle de l'eau, à laquelle il est en partie miscible; des particules ténues, graisseuses, paraissent à la surface du liquide. Cette pesanteur spécifique, d'ailleurs variable, suivant la proportion des matériaux composants, est généralement, suivant Marcet, de 1021 à 1022.

dans notre Revue l'analyse très-détaillée qu'en a donnée le Journal des connaissances médico chirurgicales.

Du chyle abandonné à lui-même hors de ses vaisseaux.-Lorsque le chyle est extrait de ses vaisseaux en quantité suffisante et qu'il subit le contact de l'air, deux phénomènes très-apparents ne tardent pas à se manifester,sa coagulation et sa coloration en rouge. 1° Coagulation. Elle a pour résultat la transformation du chyle en une masse solide, molle, tremblotante comme de la gelée, qui adhère aux parois du vase, et qui subit, après quelques instants, une rétraction assez marquée; en même temps la masse coagulée laisse suinter une portion liquide et trouble, d'une nuance blanchâtre et qui persiste à l'état liquide. Ce phénomène de la formation d'un sérum et d'un caillot ne demande quelquefois que peu de minutes à s'opérer au contact de l'air, surtout si la température est basse, si le chyle provient d'une nourriture animale et s'il est recueilli près de la veine sous-clavière. Le caillot, d'abord mou et visqueux, finit par prendre peu à peu une consistance et une élasticité qui approchent de celles du caillot sanguin. Retiré du sérum, il se maintient assez longtemps et sèche sans se putréfier; s'il y est laissé, il se redissout à peu près complétement au bout d'un certain temps. Le sérum est rarement limpide, plus souvent lactescent, opalin, et ne devient clair que lorsqu'il a été traité par l'éther. Sa lactescence paraît due à la présence d'une matière grasse, divisée en particules très-déliées et qui font du chyle une espèce d'émulsion. Au repos, cette matière grasse se rassemble sous forme de pellicule à la partie supérieure du sérum. Elle n'existe pas toujours, et sa formation paraît plus prononcée dans le chyle qui sort des vaisseaux lactés que dans celui du canal thoracique. Le sérum est plus pesant que l'eau; il empèse le papier et le linge. La proportion du sérum et du caillot du chyle n'est pas constante. On observe entre ces deux éléments principaux du chyle la même différence qu'entre les éléments correspondants du sang. D'après Marcet, la proportion du caillot au sérum chez les chiens nourris de substances végétales était de puis 480: 9,520 jusqu'à 780 : 9,290; elle était depuis 740: 9,260 jusqu'à 950 : 9,050 après l'usage de substances animales. I résulte de ces données que l'alimentation animale fournit plus de caillot que l'alimentation végétale, ce qui est en harmonie avec l'expérience hygiénique la plus vulgaire. Il n'en est cependant pas toujours ainsi.

2o Coloration en rouge. Ce phénomène se prononce lorsque le chyle subit le contact de l'air et il indique, comme le précédent, une grande analogic entre ce liquide et le sang. La couleur rouge du chyle se montre lorsque la coagulation est en voie d'accomplissement. C'est la périphérie qui

d'abord se colore de la manière la plus prononcée; puis toute la masse finit par se colorer uniformément. C'est particulièrement dans le caillot que le principe colorant paraît se fixer ou se développer. Il prend la nuance rosée, passe bientôt au rouge, et enfin, dans quelques circonstances, il prend une couleur écarlate. Le caillot chyleux coloré se comporte d'ailleurs comme le caillot sanguin. Dépouillé de sa matière colorante, il ne la reprend pas au contact de l'air.

Nous n'avons pas le loisir de passer ici en revue les explications qui ont été données de la coloration du chyle en rouge, et que M. Bouisson trouve toutes, d'ailleurs, plus ou moins défectueuses. Voici quelle est celle qu'il en donne lui-même. L'hématosine, dont le fer est la base, provient des aliments et fait partie intégrante du chyle dès sa formation; mais elle est à l'état incolore, et la teinte rouge ne se manifeste que graduellement. Celle-ci n'est sensible que lorsque la diminution de la matière grasse permet d'apercevoir la coloration rosée, jusque-là voilée par la prédominance de la teinté laiteuse. Le développement de la coloration se complète plus tard par le mélange du chyle avec le sang et par l'action que l'air exerce sur les globules chyleux à travers les capillaires pulmonaires. Cette action de l'air se montre évidente même à travers les parois du canal thoracique.

Caractères microscopiques du chyle.Pour bien examiner le chyle, il faut chauffer, à une température de 35 degrés environ, le verre qui doit être placé sous le microscope, et délayer le chyle dans une goutte d'eau élevée à la même température. Le chyle que l'on obtient de la partie moyenne du canal thoracique renferme tous les genres de corpuscules que l'on peut y reconnaître. Deux sortes de corpuscules en suspension se découvrent dans une goutte de chyle: les uns sont irréguliers, les autres ont une forme arrondie.

1o Les corpuscules irréguliers sont formés par de la matière grasse; ils prédominent dans le sérum du chyle. Leur forme est indéterminée, leur volume variable; ils sont dépourvus de noyaux. L'ensemble des corpuscules adipeux donne au chyle la teinte opaline qui lui est propre. Leur nombre va en diminuant à mesure que le chyle s'approche de la veine sous-clavière.

2o Les corpuscules réguliers sont arrondis les uns, qui sont très-petits, sont appelés par l'auteur, globulins; les autres, plus développés, sont les globules proprement dits. Les premiers sont clairs, demi-transparents; leur diamètre est environ de 16/10,000 de ligne. Les seconds constituent l'élément organique le plus important du chyle. On les observe exclusivement dans le

chyle du canal thoracique. Lorsque le chyle se coagule, le plus grand nombre de globules est emprisonné dans le caillot. Incolores ou blanchâtres dans les premiers moments de l'extraction du chyle, ils se colorent plus tard en rouge et transmettent leur coloration au caillot. Leur forme, sur laquelle tous les micrographes ne s'entendent pas, est le plus communément considérée comme sphérique. Leur volume s'accroit insensiblement depuis l'origine jusqu'à la fin du canal thoracique. Leur diamètre est, selon Wagner, de 40/10,000 de ligne; Valentin le réduit à 24/10,000. La seule chose bien démontrée, c'est que les globules chyleux les plus développés n'ont pas encore atteint le volume des globules sanguins. Les globules du chyle paraissent en majeure partie formés d'albumine coagulée ou de fibrine, car ils se comportent comme ces dernières substances.

Composition chimique du chyle. D'après MM. Leuret et Lassaigne, le chyle est composé des matières suivantes : 4o une matière brune; 2° une matière grasse jaune; 3° de l'albumine; 4o de la fibrine; 50 de l'extrait de viande ; 6o de la gélatine; 7° de la matière casséeuse; 8o de la ptyaline; 9o de la matière colorante rouge; 10° de la matière colorante jaune; 11° une matière extractive insoluble dans l'alcool et soluble dans l'eau; 12o du sucre de lait; 15o du fer; 14 du soufre; 15° de la soude caustique; 16° divers sels, tels que les hydrochlorates de soude, de potasse et d'ammoniaque, des carbonates de chaux et de soude, du phosphate de chaux et de fer, de l'acétate et du lactate de soude; 47° et enfin de l'eau. La proportion de ces diverses substances ne s'est jamais montrée constamment la même. L'analyse élémentaire du chyle du chien, comparée à celle du cheval, montre qu'il existe la plus grande analogie de composition entre le chyle des animaux carnassiers et celui des herbivores.

Ces données sur les caractères physicochimiques du chyle, tout incomplètes qu'elles sout encore, permettent d'établir des rapprochements utiles à constater entre ce liquide, la lymphe, le sang et le lait, auxquels on pourrait ajouter l'œuf, substances éminemment nutritives et dans lesquelles se résument les sourers du développement organique. Dans toutes on retrouve un principe plus ou moins hydrogéné, huileux, matière grasse dans le chyle et le sang, la crème dans le lait, le jaune dans l'œuf, et un principe azoté; la fibrine et l'albumine dans le chyle, la lymphe et le sang; le caséum dans le lait, l'albumine dans l'œuf.

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Du mode de formation du chyle. - La recherche de l'origine particulière des principaux éléments du chyle montre que si les

aliments fournissent des produits d'une nature ordinairement identique à celle qui leur est propre, cette règle n'est cependant pas constante, et que la vie animale peut produire des composés organiques qui n'étaient pas préalablement formés dans les aliments.

Origine de l'eau. Il s'en faut beaucoup que toute l'eau du chyme soit destinée au chyle; la plus grande partie est absorbée par les veines et parvient dans le sang par l'intermédiaire de la veine porte. Ce fait, dit M. Bouisson, est surtout évident lorsque de l'eau seule est ingérée dans l'estomac; la rapidité de son absorption suffirait déjà pour l'indiquer; mais, en outre, si l'on examine le canal thoracique d'un animal auquel on a fait avaler une grande quantité d'eau, une demi-heure après l'ingestion de ce liquide on trouve le canal à peine rempli par un liquide clair, tandis que la veine porte paraît plus distendue qu'à l'ordinaire et que le sérum du sang que l'on en retire est manifestement plus abondant et fournit moins de résidu sec lorsqu'on en soumet une quantité donnée à l'évaporation. L'eau ne semble pénétrer dans le chyle qu'à la condition d'y introduire de la matière organique; aussi n'est-elle notablement absorbée par les lymphatiques de l'intestin que pendant la digestion.

L'al

Origine des matières azotées. bumine et la fibrine existent dans le chyle comme matériaux constitutifs dominants, tandis qu'on n'y trouve ni caséine ni gélatine. Depuis que les travaux les plus récents en chimie ont démontré l'affinité qui existe entre l'albumine, la fibrine, la caséine, etc., et leur présence dans les aliments végétaux; depuis enfin qu'on a admis, d'après les recherches de M. Mulder, qu'une substance azotée primitive, nommée protéine, représentait une sorte de type chimique susceptible de se convertir en d'autres matières azotées, moyennant une faible variation dans la proportion ou l'arrangement des éléments primitifs, la théorie de la digestion de ces substances et de leur mutation en les substances correspondantes qui existent dans le chyle s'est singulièrement simplifiée. Après avoir été dissoutes ou désagrégées dans l'estomac, elles pénétrent dans l'intestin où on les constate sous forme d'albumine et où commence l'absorption. Une action ehimique coïncide toutefois avec l'acte d'absorption, car le chyme est acide, tandis que le chyle est alcalin. Tout fait présumer que ce changement dans l'état chimique exerce une influence sur la réduction définitive des matières alimentaires azotées en albumine, puisque la soude fournie par la bile et le sue pancréatique et qui donne au chyle la réaction alcaline est un élément normal de l'albumine et maintient sa liquidité.

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