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Mabillon, qui voyageait en Italie, en rapporta près de 4000 volumes imprimés. La mort de de Louvois, arrivée en 1691, produisit quelque changement à l'administration de la bibliothèque du roi. La charge de maître de la librairie avait été ; exercée jusqu'alors sous l'autorité et la direction du sur-intendant des bâtimens ; mais le roi fit un réglement, en juillet 1691, par lequel il ordonna que l'abbé de Louvois jouirait et ferait les fonctions de maître de la librairie, intendant et garde du cabinet, des livres, manuscrits, médailles, etc., et garde de la bibliothèque royale, sous l'autorité de sa majesté seulement. En 1697, le père Bouvet, jésuite missionnaire, apporta de la Chine 49 volumes chinois que l'empereur envoyait en présent au roi. C'est ce petit nombre de volumes qui a donné lieu au peu de littérature chinoise que l'on a cultivée en France; mais il s'est depuis considérablement multiplié. A l'avénement de Louis XIV au trône, sa bibliothèque était de 5000 volumes; à sa mort il s'y en trouva plus de 70,000, sans compter le fond des planches gravées et des estampes. Sous Louis XV, cette bibliothèque s'est encore accrue singulièrement. Parmi les livres du cabinet de Gaston d'Orléans, légués auroi en 1660, il s'était trouvé quelques volumes de plantes et d'animaux que ce prince avait fait peindre en miniature sur des feuilles détachées de vélin, par Nicolas Robert, dont personne n'a égalé le pinceau pour ces sortes de sujets. Ce travail a été continué sous Colbert, et jusqu'en 1728, temps auquel on a cessé d'augmenter ce magnifique recueil: depuis quelques années il a été repris avec beaucoup de succès, et forme aujourd'hui une suite de 2500 feuilles représentant des fleurs, des oiseaux, des animaux et des papillons. La bibliothèque du roi perdit, en 1728, l'abbé de Louvois, et l'abbé Bignon lui succéda ; il se défit alors de sa bibliothèque particulière pour ne s'occuper que de celle du roi, à laquelle il donna une collection assez ample et fort curieuse de livres chinois, tartares et indiens

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qu'il avait. Il fit l'acquisition des manuscrits de M. de lá Marre et de ceux de Baluze, au nombre de plus de mille. En 1721, l'abbé Bignon demanda au régent que l'on plaçât la bibliothèque royale à l'hôtel de Nevers, rue de Richelieu, où avait été la banque du temps du système : sur les ordres du prince, on y transporta, sans délai, tout ce qu'on pût de livres ; mais les différentes difficultés qui se présenterent furent cause qu'on ne put obtenir qu'en 1724 des lettrespatentes par lesquelles sa majesté affecta, à perpétuité, cet hótel au logement de sa bibliothèque. Les vastes appartemens qu'occupe encore aujourd'hui cette bibliothèque, ont été décorés avec beaucoup de magnificence; les livres arrangés avec beaucoup d'ordre et de soins, et le catalogue très-bien fait. Tout cela a été l'ouvrage de l'abbé Sallier, professeur en langue hébraïque, de l'académie des inscriptions et belles-lettres, nommé, en 1726, commis à la garde des livres et manuscrits, ainsi que de Melot, aussi membre de l'académie des belles-lettres. Pendant le cours de l'année 1728, il entra dans la bibliothèque du roi beaucoup de livres imprimés il en vint de Lisbonne, donnés par les comtes · d'Ericeira ; il en vint aussi des foires de Leipsick et de Francfort pour une somme considérable. La plus importante des acquisitions de cette année fut faite par l'abbé Sallier à la vente de la bibliothèque de Colbert; elle consistait en plus de mille volumes. Mais de quelque mérite que puissent être de telles augmentations, elles n'ont pas l'éclat de celles que le ministère se proposait en 1728. L'établissement d'une imprimerie turque à Constantinople avait fait naître, en 1727, à l'abbé Bignon l'idée de s'adresser, pour avoir les livres qui sortiraient de cette imprimerie, à Zaïb Aga, lequel, disait-on, en avait été nommé le directeur, et pour avoir aussi le catalogue des manuscrits grecs et autres qui pourraient étre dans la bibliothèque du grand-seigneur. L'abbé Bignon l'avait connu en 1721., pendant qu'il était à Paris à la suite

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de Mehemet-Effendi, son père, ambassadeur de la Porte. Zaïb Aga promit les livres qui étaient actuellement sous presse; mais il s'excusa sur l'envoi du catalogue, en assurant qu'il n'y avait personne à Constantinople assez habile pour le faire. L'abbé Bignon communiqua cette réponse au comte de Maurepas, qui prenait trop à cœur les intérêts de la bibliothèque du roi pour ne pas saisir avec empressement cette occasion de la servir. Il fut arrêté que la difficulté d'envoyer le catalogue demandé n'étant fondée que sur l'impuissance de trouver des sujets capables de le composer, on enverrait à Constantinople des savans qui, en se chargeant de le faire, pourraient voir et examiner de près cette bibliothèque. L'abbé Sevin et l'abbé Fourmont, tous deux de l'académie des inscriptions et belles-lettres, furent chargés de cette commission. Ils arrivèrent au mois de décembre 1728 à Constantinople; mais ils ne purent obtenir l'entrée de la bibliothèque du grand-seigneur ; ils apprirent seulement, par des gens dignes de foi, qu'elle ne renfermait que des livres turcs et arabes, et nuls manuscrits grecs ou latins, et ils se bornèrent à l'autre objet de leur voyage, qui était de recueillir tout ce qui pouvait rester des monumens de l'antiquité, dans le levant, en manuscrits, en médailles, en inscriptions, etc. L'abbé Fourmont parcourut la Grèce pour y déterrer des inscriptions et des médailles ; l'abbé Sevin fixa son séjour à Constantinople, et, secondé du pouvoir du marquis de Villeneuve, ambassadeur de France, il parvint à rassembler, en moins de deux ans, plus de six cents manuscrits en langue orientale; mais il perdit l'espérance de rien retrouver des ouvrages des anciens grecs dont on déplore la perte il revint en France après avoir établi des correspondances nécessaires pour continuer ce qu'il avait commencé; et, en effet, la bibliothèque du roi a reçu presque tous les ans, depuis son retour, plusieurs envois de manuscrits, soit grecs, soit orientaux. On est redevable au

comte de Maurepas de l'établissement des enfans ou jeunes élèves de langue qu'on instruisait à Constantinople aux dépens du roi ils avaient ordre de copier et de traduire les livres turcs, arabes et persans. Ces copies et ces traductions étaient adressées au ministre qui, après s'en être fait rendre compte, les envoyait à la bibliothèque du roi. La république des lettres ne peut tirer qu'un grand avantage des traductions ainsi jointes aux textes des originaux. L'abbé Bignon, non content des trésors dont la bibliothèque du roi s'enrichissait, prit des mesures pour faire venir des Indes les livres qui pouvaient donner en France plus de connaissances qu'on en a de ces pays éloignés, où les sciences ne laissent pas d'être cultivées. Les directeurs de la compagnie des Indes se prétèrent avec un tel empressement à ses vues que, depuis 1729, il a été fait des envois assez considérables de livres ipdiens pour former, dans la bibliothèque du roi, un recueil en ce genre, peut-être unique en Europe. Dans les années suivantes, cette bibliothèque s'accrut encore par la remise d'un des plus précieux manuscrits qui puisse regarder la monarchie, intitulé: Registre de Philippe-Auguste, qu'avait légué au roi Rouillié du Coudray, conseiller d'état. Elle fit encore d'autres acquisitions considérables, comme celles des manuscrits de S. Martial de Limoges ; de ceux du président de Mesmes; du cabinet d'estampes du marquis de Béringhen; du fameux recueil des manuscrits anciens et modernes de la bibliothèque de Colbert, la plus riche de l'Europe; du cabinet de M. Cangé, etc., etc. (1). Nous n'entrerons point dans d'autres détails sur cette célèbre bibliothèque que l'on nomme maintenant nationale, et qui doit s'être

en

(1) Nous ne parlerons pas ici des monumens précieux en livres, gravures, en tableaux, en statues que la victoire nous a procurés dans les pays conquis; le détail en serait trop long. On va transporter bibliothèque nationale de la ci-devant rue de Richelieu au Louvre.

la

accrue depuis quelque temps avec une grande rapidité : en 1785 on y comptait 60,000 manuscrits, plus de 200,000 VOlumes imprimés, 5000 volumes d'estampes et 2000 planches gravées depuis 1785, notamment depuis la révolution, ce nombre d'ouvrages doit être prodigieusement augmenté. Ceux qui ont le plus contribué à ses progrès, soit par leur puissance, soit par leurs talens, sont les Colbert, les Louvois, les Maurepas, les Bignon, les Sallier, les Melot, les Sevin, les Fourmont, et, en général, tous les savans qui ont eu quelque part soit à l'administration, soit à l'organisation, soit à l'entretien de cet immense et magnifique établisse ment dont la France doit s'enorgueillir.

GRECS (bibliothèques des ). On ne sait rien de positif sur l'histoire de la Grèce avant les guerres de Thèbes et de Troye; il serait donc inutile de chercher des livres en Grèce avant ces époques. Les lacédémoniens n'avaient point de livres ; ils exprimaien tout d'une manière si concise que l'écriture leur paraissait superflue, puisque la mémoire leur suffisait pour se souvenir de tout ce qu'ils avaient besoin de savoir. Les athéniens, au contraire, qui étaient grands parleurs, écrivirent beaucoup ; et dès que les sciences eurent commencé à fleurir à Athènes, la Grèce fut bientôt enrichie d'un grand nombre d'ouvrages de toutes espèces. ValèreMaxine dit que le tyran Pysistrate fut le premier de tous

les

grecs qui s'avisa de faire un recueil des ouvrages des savans, en quoi la politique n'eut peut-être pas peu de part: il voulait, en fondant une bibliothèque pour l'usage du public, gagner l'amitié de ceux que la perte de leur liberté faisait gémir sous son usurpation. Ciceron dit que c'est à Pysistrate que nous avons l'obligation d'avoir rassemblé en un seul volume les ouvrages d'Homère, qui se chantaient auparavant dans toute la Grèce par morceaux détachés et sans aucun ordre. Platon attribue cet honneur à Hipparque, fils de Pysistrate. D'autres prétendent que ce fut Solon,

et

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