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grande partie avait été enlevée par le duc de Betfort. Charles en racheta en Angleterre environ soixante volumes, qui furent apportés au château de Blois, et réunis à ceux qui y étaient déjà en assez grand nombre. Louis XII, fils de Charles, duc d'Orléans, étant parvenu à la couronne, y réunit la bibliothèque de Blois, au milieu de laquelle il avait, pour ainsi dire, été élevé; et c'est peut-être par cette considération qu'il ne voulut pas qu'elle changeât de lieu. Il y fit transporter les livres de ses deux prédécesseurs, Louis XI et Charles VIII; et pendant tout le cours de son règne il s'appliqua à augmenter ce trésor, qui devint encore bien plus considérable lorsqu'il y ajouta la bibliothèque que les Visconti et les Sforce, ducs de Milan, avaient établie à Pavie, et en outre les livres qui avaient appartenu au célèbre Pétrarque. Rien n'est au-dessus des éloges que les écrivains de ce temps-là font de la bibliothèque de Blois : elle était l'admiration, non-seulement de la France, mais encore de l'Italie. François Ier, après l'avoir auginentée, la réunit, en 1544, à celle qu'il avait commencé d'établir au château de Fontainebleau, plusieurs années auparavant. Une augmentation si considérable donna un grand lustre à la biblio thèque de Fontainebleau, qui était déjà, par elle-même, assez riche. François fer avait fait acheter en Italie beaucoup de manuscrits grecs, par Jérome Fondule, homme de lettres en grande réputation dans ce temps-là: il en fit encore acheter depuis par les ambassadeurs à Rome et à Venise. Ces ministres s'acquittèrent de leur commission avec beaucoup de soin et d'intelligence. Cependant ces différentes acquisitions ne formaient pas au-delà de 400 volumes, avec une quarantaine de manuscrits orientaux. On peut juger par là combien les livres étaient peu communs alors. La passion de François Ier pour les manuscrits grecs, lui fit négliger les latins et les ouvrages en langues vulgaires étrangères. A l'égard des livres français qu'il fit mettre dans sa bibliothèque, on en peut faire cinq

classes différentes : ceux qui ont été écrits avant son règne ; ceux qui lui ont été dédiés ; les livres qui ont été faits pour son usage ou qui lui ont été donnés par les auteurs; les livres de Louise de Savoie, sa mère ; et enfin ceux de Marguerite de Valois, sa'sœur, ce qui ne fait qu'à peu près 70 volumes. Jusqu'alors iln'y avaiteu, pour prendre soin de la bibliothèque royale, qu'un simple garde en titre. François Ier créa la charge de bibliothécaire en chef, qu'on appela longtemps, et qui, dans les provisions, s'appelait encore avant la révolution, Maitre de la librairie du roi. Guillaume Budé fut pourvu le premier de cet emploi, et ce choix fit également honneur au prince et à l'homme - de - lettres. Pierre du Chastel ou Chatellain lui succéda : c'était un homme fort versé dans les langues grecque et latine. Il mourut en 1552, et sa place fut remplie, sous Henri II, par Pierre de Montdoré, conseiller au grand conseil,' homme très-savant, surtout dans les mathématiques. La bibliothèque de Fontainebleau paraît n'avoir reçu que de médiocres accroissemens sous les règnes des trois fils de Henri II, à cause, sans doute, des troubles et des divisions que le prétexte de la religion excita alors dans le royaume. Montdoré, ce savant homme, soupçonné et accusé de donner dans les opinions nouvelles en matière de religion, s'enfuit de Paris en 1567, et se retira à Sancerre en Berry, où il mourut de chagrin trois ans après. Jacques Amyot, qui avait été précepteur de Charles IX et des princes ses frères, fut pourvu, après l'évasion de Montdoré, de la charge de maitre de la librairie. Le temps de son exercice ne fut rien moins que favorable aux arts et aux sciences. On ne croit pas que, excepté quelques livres donnés à Henri III, la bibliothèque royale ait été augmentée d'autres livres que de ceux de priviléges. Tout ce que put faire Amyot, ce fut d'y donner entrée aux savans, et de leur communiquer, avec facilité, l'usage des manuscrits dont ils avaient besoin. Il mourut en 1593, et sa charge passa au

président Jacques-Auguste de Thou, si célèbre par l'histoire de son temps qu'il a écrite. Henri IV ne pouvait faire un choix plus honorable aux lettres; mais les commencemens de son règne ne furent pas assez paisibles pour lui permettre de leur rendre le lustre qu'elles avaient perdu pendant les guerres civiles Sa bibliothèque souffrit quelques pertes de la part des factieux. Pour prévenir de plus grandes dissipations, Henri IV, en 1595, fit transporter au collège de Clermont, à Paris, la bibliothèque de Fontainebleau dont aussi bien le commun des savans n'était pas assez à portée de profiter. Les livres furent à peine arrivés à Paris qu'on y joignit le beau manuscrit de la grande bible de Charles-le-Chauve. Cet exemplaire avait été conservé depuis le règne de cet empe reur dans l'abbaye de Saint-Denis. En 1599 on réunit à la bibliothèque royale celle de Catherine de Médicis, composée de 800 manuscrits grecs et latins. Quatre ans après, cette bibliothèque passa du collège de Clermont chez les cordeliers, où elle demeura quelques années en depôt. Le président de Thou mourut en 1617, et François de Thou, son fils aîné, qui n'avait que neuf ans, hérita de la charge de maître de la librairie. Pendant la minorité du jeune bibliothécaire, la direction de la bibliothèque fut confiée à Nicolas Rigault, connu par divers ouvrages estimés. La bibliothèque royale s'enrichit peu sous le règne de Louis XIII; elle ne fit d'acquisitions un peu considérables que les manuscrits de Philippe Hurault, evêque de Chartres, au nombre d'environ 418 volumes et 110 beaux manuscrits syriaques, arabes, turcs et persans, achetés, aussi bien que des caractères syriaques, arabes et persans, avec les matrices toutes frappées, des héritiers de M. de Brèves, qui avait été ambassadeur à Constantinople. Ce ne fut que sous le règne de Louis XIII que la bibliothèque royale fut retirée des cordeliers pour être mise dans une grande maison de la rue de la Harpe appartenant à ces religieux. François de Thou ayant été décapité en

1842, l'illustre Jérôme Bignon lui succéda dans la charge de maître de la librairie. Il obtint, en 1651, pour son fils aîné nommé aussi Jérôme, la survivance de cette charge. Quelques années après, M. Colbert fit donner à son frère Nicolas Colbert la place de garde de la librairie, vacante par la mort de Jacques Dupuy; celui-ci légua sa bibliothèque au roi: Louis XIV l'accepta par lettres-patentes le 16 avril 1657. Hippolyte, comte de Béthune, fit présent au roi, à peu près dans le même temps, d'une collection fort curieuse de manuscrits modernes au nombre de 1923 volumes, dont plus de 950 sont remplis de lettres et de pièces originales sur l'histoire de France. Nous n'entrerons point dans le détail des différentes acquisitions importantes dont la bibliothèque est redevable à Colbert, qui avait une passion extraordinaire pour les livres (1). Ceux qui voudront les connaître dans toute leur étendue, peuvent consulter le Mémoire historique qui est à la tête du catalogue de la bibliothèque du roi, pag. 26 et suivantes. Une des plus précieuses est celle des manuscrits de Brienne; c'est un recueil de pièces concernant les affaires de l'état, qu'Antoine de Loménie, secrétaire d'état, avait rassemblées avec beaucoup de soin, en 340 volumes. Colbert, trouvant que la bibliothèque du roi était devenue trop nombreuse pour rester commodément dans la maison de la rue de la Harpe, la fit transporter, en 1666, dans deux maisons de la rue Vivienne qui lui appartenaient. L'année suivante le cabinet des médailles, dans lequel était le grand recueil du cabinet des estampes de l'abbé de Marolles, et autres raretés, fut retiré du Louvre et réuni à la bibliothèque du roi, dont ils font encore aujourd'hui une des plus brillantes parties. Après la disgrace de Fouquet, sa bibliothèque fut saisie et vendue: le roi en fit acheter un peu plus de 1300 volumes,

(1) Comme on en peut juger par la magnifique bibliothèque qu'il s'est formée pour lui-même.

et

outre le recueil de l'Histoire d'Italie. Comme les livres de privilége étaient doubles, on fit des échanges; c'est par cé moyen qu'on se procura, en 1668, l'acquisition de tous les manuscrits et d'un grand nombre de livres imprimés qui étaient dans la bibliothèque du cardinal Mazarin. Dans le nombre de ces manuscrits, qui était de 2156, il y en avait 102 en langue hébraïque, 343 en arabe, samaritain, persan, turc et autres langues orientales; le reste était en langues grecque, latine, italienne, française, espagnole, etc. Les livres imprimés se montaient à 3678. La bibliothèque du roi s'enrichit encore peu après par l'acquisition que l'on fit à Leyde d'une partie des livres du savant Jacques Golius, par celle de plus de 1200 volumes manuscrits ou imprimés de la bibliothèque de Gilbert Gaumin, doyen des maîtres des requétes, qui s'était particulièrement appliqué à l'étude et à la recherche des livres orientaux. Colbert fit encore demander dans le levant les meilleurs manuscrits en grec, en arabe, en persan, etc. Il établit dans les différentes cours de l'Europe des correspondances, au moyen desquelles ce ministre vigilant procura à la bibliothèque du roi des trésors de toute espèce. En 1670, Louis XIV enrichit cette bibliothè que d'un fond nouveau, c'est-à-dire, des belles estampes qu'il fit graver lui-même. Colbert mourut en 1683. De Louvois, comme sur-intendant des bâtimens, exerça à cette bibliothèque la même autorité que son prédécesseur, et acheta de Bignon là 'charge de maitre de la librairie, à laquelle fut réunie celle de garde de la librairie dont s'étaient démis volontairement les Colbert. Les provisions de ces deux charges réunies furent expédiées en 1684 en faveur de Camille Letellier, qu'on a appelé depuis l'abbé de Louvois. M. de Louvois employa, comme Colbert, nos ministres dans les cours étrangères pour procurer de nouvelles richesses à la bibliothèque ; et en effet, on en reçut, en 1685, 1686 et 1687, pour des sommes considérables. Le père

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