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celle d'Oxford, surnommée Bodléienne du nom de son fon. dateur et propriétaire, Thomas Bodley, qui la légua à l'université d'Oxford. Hyde en a publié un pompeux catalogue en 1674. Elle commença à être publique en 1602, et a été depuis prodigieusement augmentée par un grand nombre de bienfaiteurs. On assure qu'elle l'emporte sur celles de tous les souverains et de toutes les universités de l'Europe, si on en excepte la bibliothèque nationale de France, celle de l'empereur à Vienne, et celle du Vatican.

ARABIE et AFRIQUE (bibliothèques en ). Les arabes d'aujourd'hui ne connaissent nullement les lettres; mais vers le 10e siècle, et surtout sous le règne d'Al-Manzor, aucun peuple ne les cultivait avec plus de succès qu'eux. Après l'ignorance qui régnait en Arabie, avant le temps de Mahomet, le calife Almamon fut le premier qui fit revivre les sciences chez les arabes: il fit traduire en leur langue un grand nombre des livres, qu'il avait forcé Michel III, empereur de Constantinople, de lui laisser choisir dans sa bibliothèque et partout l'empire, après l'avoir vaincu dans une bataille. Le roi Al-Manzor ne fut pas moins assidu à cultiver les lettres ; ce grand prince fonda plusieurs écoles et bibliothèques publiques à Maroc, où les arabes se vantaient d'avoir la première copie du code de Justinien. Erpenius dit que la bibliothèque de Fez est composée de 32 mille volumes, et quelques-uns prétendent que toutes les dècades de Tite-Live y sont, avec les ouvrages de Pappus d'Alexandrie, fameux mathématicien ; ceux d'Hyppocrate, de Galien et de plusieurs autres auteurs dont les écrits ne nous sont pas parvenus ou nous sont parvenus imparfaits. Selon quelques voyageurs, il y a à Gaza une autre belle bibliothèque d'anciens livrés, dans la plupart desquels on voit des figures d'animaux et des chiffres à la manière des égyptiens; ce qui fait présumer que c'est quelque reste de la bibliothèque d'Alexandrie. Il y a une bibliothèque à Damas

où François Rosa de Ravennes trouva la philosophie mystique d'Aristote, en arabe, qu'il publia dans la suite. La Boulaye Legoux dit que les habitans de Sabea ne se servent que de trois livres, qui sont : Le livre d'Adam, celui du Divan et le Koran. Un jésuite assure aussi avoir vu une bibliothèque superbe à Alger. Nous ne parlerons point de la prétendue bibliothèque du monastère de Sainte-Croix, sur le mont Amara en Éthiopie (1). On sait que les éthiopiens ne se soucient guère de littérature profane; ils ne s'appli quent qu'à la littérature sacrée, qui fut d'abord extraite des livres grecs, et ensuite traduite dans leur langue. Ils sont schismatiques et sectateurs d'Eutyches et de Nestorius (2).› BIRMANE (bibliothèque ). Nous allons prendre dans la relation du major Michel Symes, ce qui est relatif à la bibliothèque impériale établie à Ummérapoura, capitale du royaume d'Ava ou empire des birmans. Le bâtiment qui renferme cette bibliothèque est en briques, élevé sur une terrasse et couvert d'une structure très-compliquée. Il est composé d'une chambre carrée qui est entourée d'une gallerie : l'ambassadeur anglais ne put entrer dans la chambre carrée; mais le bibliothécaire lui assura qu'elle ne contenait rien autre chose que ce qu'on voyait dans la gallerie, où plusieurs grands coffres, curieusement ornés de dorures et de jaspe, étaient régulièrement rangés contre le mur. Il y en avait à-peu-près cent. Les livres étaient classés par ordre,

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(1) Voyez le MANUEL BIBLIOGRAPHIQUE, pag. 42 et 43. (2) Eutyches, abbé de Constantinople, soutenait que J. C. n'était purement que Dieu, et qu'il n'avait de l'humanité que l'apparence: il fut condamné par un concile de 448, confirmé par le concile général de Calcédoine en 451. Nestorius, évêque de Constantinople, enseigna en 429 qu'il y avait en J. C. la personne humaine et la personne divine; que la divine unissait les deux natures, non pas hypostatiquement, mais d'une façon morale et mystique; et delà il concluait que Marie était la mère du Christ, et non pas mère de Dieu. Il fut condamné par le concile d'Ephèse en 431

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et le contenu de chaque coffre était écrit en lettres d'or sur le couvercle. Le bibliothécaire en ouvrit deux, et en tira de minces planches d'ivoire qui présentaient une très belle écriture; les marges étaient ornées de fleurs d'or, et artistement travaillées. Il y a aussi plusieurs livres écrits en ancien pali, langue sacrée des birmans. Tout parut à l'ambassadeur dans le plus grand ordre. On dit qu'il y a des livres sur divers sujets, mais plus sur la théologie que sur aucun autre. L'histoire, la musique, la médecine`, la peinture et les romans y tiennent aussi leur place. Les volumes sont bien distribués et numérotés; et si les autres caisses, qui n'ont point été ouvertes à l'ambassadeur, sont remplies avec autant d'ordre que celles qu'on lui montra, il y a apparence que sa majesté birmane a une bibliothèque plus nombreuse qu'aucun potentat, depuis les rives du Danube jusqu'aux frontières de la Chine. C'est de cette bibliothèque que l'on tira deux superbes ouvrages, dont l'empereur fit présent à l'ambassadeur, savoir, un exem plaire du Razawayn, c'est-à-dire, de l'histoire des rois birmans, et un autre du Dhermasath, c'est-à-dire, du code des lois. Chaque ouvrage forme un gros volume supérieure ment écrit, et orné de peintures et de dorures. Sir John Shore, gouverneur général du Bengale, fit présent à l'empereur d'un manuscrit sanscrit, très-bien enluminé et écrit avec une netteté admirable : c'était une copie du BagouatGéeta, renfermé dans un étui d'or. Il y a dans chaque Kioum ou monastère, une bibliothèque ou dépôt de livres conservés ordinairement dans des caisses en laque. Les livres en caractère pali sont quelquefois faits de minces filamens de bam bon, artistement tressés et vernis de manière à former une feuille solide, unie et aussi grande qu'on le veut. Cette feuille est ensuite dorée, et on y trace les lettres sacrées en noir et en beau vernis du Japon. La marge est ornée de guirlandes et de figures en or, sur un fond rouge, verd ou noir.

BOLOGNE (bibliothèques de ). Il y a, dans cette ville, trois célèbres bibliothèques ; celle du monastère Saint-Michel, remarquable par ses livres et par ses tableaux; celle de l'église Saint-Laurent, remarquable par ses manuscrits ; et enfin celle des dominicains, où se voit le Pentateuque, qu'une aveugle crédulité dit être écrit de la main d'Esdras, grand-prêtre des juifs, qui vivait 467 ans avant Jesus-Christ. François Tissard dit, dans sa grammaire hébraïque, qu'il l'a vu plusieurs fois, et qu'il est écrit en très-beau caractère, sur une seule peau qui est fort longue. Hottinger prouve, par de bonnes raisons, que ce manuscrit ne fut jamais d'Esdras.

CHALDÉENS et PHÉNICIENS (bibliothèques des ). On ne peut douter que les chaldéens et les phéniciens n'aient cultivé les sciences et les arts avec le plus grand succès, et qu'ils n'aient eu de savans ouvrages et de nombreuses collections de livres. Quoique les auteurs ne parlent point des bibliothèques de la Chaldée, il est certain qu'il y en existait, et qu'il y avait des savans dans plus d'un genre, surtout en astronomie, comme on en peut juger par la suite des observations de 1900 ans, que Calisthènes envoya à Aristote après la prise de Babylone par Alexandre. Eusèbe (1) rapporte que les phéniciens étaient très-curieux dans leurs collections de livres. On n'a point de détails sur les monumens littéraires de ces deux peuples.

CHINE (bibliothèques de la). Les chinois passent pour avoir cultivé les sciences de temps immémorial; par conséquent ils doivent avoir une infinité de livres et de bibliothèques. Les historiens rapportent qu'environ 200 ans avant Jesus-Christ, un empereur de la Chine, nommé Chingius ou Xius, ordonna que tous les livres du royaume fussent brûlés, à l'exception de ceux qui traitaient de la médecine, de l'agriculture et de la divination, s'imaginant par-là faire

(1) De praep. evangel.

autres,

la

oublier le nom de ceux qui l'avaient précédé, et que postérité ne pourrait plus parler que de lui; ses ordres ne furent pas exécutés avec tant de soin qu'une femme ne pût sauver les ouvrages de Meng-tse, de Confucius et de plusieurs dont elle colla les feuilles contre le mur de sa maison, où elles restèrent jusqu'à la mort du tyran. C'est par cette raison que ces ouvrages passent pour être les plus anciens de la Chine, et surtout ceux de Confucius, pour lesquels ce peuple a une extrême vénération. Ce philosophe laissa, dit-on, neuf livres qui sont, pour ainsi dire', la source de la plupart des ouvrages qui ont paru depuis son temps à la Chine, et qui sont si nombreux qu'un seigneur de ce pays qui s'est fait chrétien, employa (au rapport du père Trigault) quatre jours à brûler ses livres, afin de ne rien garder qui sentit les superstitions chinoises. Spizellus, dans son livre de re litteraria sinensium, dit qu'il y a une bibliothèque sur le mont Lingumen de plus de 30,000 volumes, tous composés par des auteurs chinois, et qu'il n'y en a guère moins dans le temple de Venchung, proche l'école royale.

CHRÉTIENS ( bibliothèques des premiers). Les premiers chrétiens, occupés d'abord uniquement de leur salut, brûlèrent tous les livres qui n'avaient point de rapport à la religion. Ils eurent d'ailleurs trop de difficultés à combattre, pour avoir le temps d'écrire et de se former des bibliothè ques. Ils conservaient seulement, dans leurs églises, les livres de l'ancien et du nouveau Testament, auxquels on joignit, par la suite, les actes des martyrs. Quand un peu plus de repos leur permit de s'adonner aux sciences, il se forma des bibliothèques. Les auteurs parlent avec éloge de celles de saint Jérôme et de George, évêque d'Alexandrie (1). On en voyait une célèbre à Césarée, fondée par

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(1) Les chrétiens ont souvent cité, en leur faveur, plusieurs passages des philosophes et des poëtes payens; il suffit de lire les écrits des

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