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toute leur fraîcheur, et peuvent être, comme je viens de le dire, utiles, soit par rapport à l'histoire et aux costumes, soit par rapport aux arts: à la musique dont elles représentent les instrumens; à l'art militaire, en représentant les machines de guerre, la manière d'attaquer et de défendre les villes; à la marine dont elles figurent les bâtimens et la manoeuvre ; à l'agriculture et aux arts mécaniques dont elles représentent les procédés et les outils, etc. Parmi les bibliothèques les plus fécondes en manuscrits, on remarque la bibliothèque nationale de France (1) et plusieurs autres dont nous faisons mention à l'article BIBLIOTHEQUES; on admirait surtout celle de l'abbaye de St-Germain-des-Prés, avant qu'un malheureux incendie, arrivé en l'an ne l'eut réduite en cendres. L'Italie, l'Allemagne, l'Espagne et l'Angleterre offrent aussi de grandes richesses en ce genre. Pour se familiariser avec les écritures des anciens manuscrits, il faut étudier le nouveau Traité de diplomatique des bénédictins (voyez DIPLOMATIQUE): il est impossible de trouver un ouvrage plus étendu, plus érudit, et qui présente plus de ressources pour se mettre au fait de toute espèce d'écritures en usage en Europe depuis quantité de siècles. La Diplomatique de Mabillon et la Paléographie grecque de Montfaucon sont aussi tres-bonnes à consulter. Quant à la classification des manuscrits dans une bibliothèque, nous pensons que, s'ils ne sont pas très-nombreux, on doit d'abord les diviser par langues; puis ensuite classer les manuscrits de chaque langue par siècles. Mais si le nombre s'en trouvait trop considérable, il nous semble qu'après les avoir divisés par

(1) Avant la révolution elle possédait So,oco manuscrits au moins; et combien n'en a-t-elle pas acquis depuis la révolution, soit par la réunion de beaucoup de dépôts publics et particuliers, soit en recueillant le fruit de nos victoires dans la Belgique, dans l'Allemagne et dans toutes les parties de l'Italie ?

langues, on pourrait, dans chaque langue, les classer par ordre de matières, selon le système bibliographique adopté; puis les ranger dans chaque matière par ordre chronologique. Au reste, quelque soit la classification que l'on adopte, il faut avoir soin de la couronner par un bon catalogue raisonné, qui indique quel est le titre et le sujet du manuscrit, quel est son âge, en quelle langue et en quel caractère il est écrit, etc.

Nous ne voulons point finir cet article sans parler des manuscrits trouvés à Herculanum (1). Pour avoir une juste idée de ces manuscrits, dit l'abbé Barthelemy, il faut concevoir une bande de papier plus ou moins longue, large d'environ un pied. On distribuait sur la longueur de cette bande plusieurs colonnes d'écriture, séparées entre elles, et allant de droite à gauche. On la roulait ensuite, mais de façon qu'en ouvrant le manuscrit, on avait sous les yeux la première

(1) C'est une ancienne ville d'Italie, dans la Campanie, sur la côte de la mer, vis-à-vis du Vésuve. Dion Cassius, qui vivait l'an 230 avant Jesus-Christ, et qui a composé une histoire romaine, dit formellement qu'Herculanum a été abymée par une irruption du Vésuve, en 79. « Une quantité incroyable de cendres, dit-il, emportées par le vent, remplit l'air, la terre et la mer, étouffa les hommes, les troupeaux, les poissons, les oiseaux et engloutit deux villes entières, Herculanum et Pompeia, dans le temps même que le peuple était assis au spectacle. V. D. Cassius, livre LXVI, n° 21. Cependant Florus, qui vivait vers l'an 100, parle encore d'Herculanum..... Les fouilles ont commencé par les ordres du prince d'Elbeuf, Emmanuel de Lorraine, qui épousa, en 1713, la fille du prince de Salsa, à Naples; les fouilles ont commencé, dis-je, vers cette année 1713, non pour découvrir Herculanum, mais pour trouver du marbre de différentes couleurs, qui, étant pulvérisé, fût propre à faire du stuc. Ce n'est qu'en 1736 que dom Carlos, devenu roi d'Espagne, qui avait acquis le terrain appartenant au prince d'Elbeuf, fit faire des fouilles à 80 pieds de profondeur, et l'on ne tarda pas à découvrir une ville entière et mille monumens plus précieux les uns que les autres. David a gravé les antiquités d'Herculanum en 9 vol. in-4.

colonne ou page de l'ouvrage, et que la dernière se trouvait dans l'intérieur du rouleau. Les manuscrits furent trouvés dans la chambre d'un palais qu'on n'avait pas encore achevé de fouiller à l'époque où Barthelemy voyageait en Italie : ils étaient rangés les uns sur les autres dans une armoire en marqueterie, dont on voit encore les fragmens. Lorsqu'on mit la main dessus, tous ceux qui n'avaient point été saisis par la chaleur des cendres, étaient pourris par l'effet de l'humidité, et ils tombèrent comme des toiles d'araignées aussi-tôt qu'ils furent frappés de l'air. Ceux au contraire qui, par l'impression de la chaleur de ces cendres, s'étaient réduits en charbon, étaient les seuls qui se fussent conservés. Ces livres ne sont point en parchemin comme on l'avait d'abord cru en France, ni en papyrus comme on le soupçonnait dans le principe; ils sont écrits sur des feuilles de cannes de jonc, collées les unes à côté des autres, et roulées dans le sens opposé à celui où on lisait, Ils ne sont tous écrits que d'un côté, et disposés, comme nous venons de le dire, par petites colonnes, qui ne sont guères plus hautes que les pages de nos in-12. Ces volumes ou feuilles roulées et converties en charbon, ne ressemblent ordinairement qu'à un bâton brûlé de deux pouces de diamètre, et d'un pied à peu près de longueur. Quand on veut le dérouler ou enlever les couches de ce charbon, il se casse et se réduit en poussière; mais, en y mettant beaucoup de temps et de patience, on est parvenu à lever les lettres les unes après les autres. Nous n'exposerons point ici le procédé employé par le père Antonio Piaggi, religieux somasque, et par son élève Vicenzio Merli, parce que ce n'est qu'un pur objet de curiosité, sur lequel, d'ailleurs, on peut consulter l'Encyclopédie, qui nous fournit une partie de ce que nous disons des manuscrits d'Herculanum. L'écriture est si faiblement marquée sur les feuilles de cendres que l'on déroule, qu'il est très-difficile de la lire au grand jour; mais on y réussit en la mettant à

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honneur aux savans qui concourent à ce précieux travail. Une loi du 15 germinal an 4, a chargé formellement les membres de l'institut de continuer la notice des manuscrits ; et l'on peut dire qu'ils mettent la plus louable activité à remplir le vœu de cette loi.

MARBRES DE PAROS, D'ARUNDEL OU D'OXFORD. Ces marbres renferment la chronique d'Athènes : cette chronique a été gravée 264 ans avant l'ère vulgaire ; elle sert à rectifier les faits de l'ancienne histoire grecque et des temps fabuleux ou héroïques depuis la fondation d'Athènes, où elle commence: elle est gravée en lettres capitales grecques, sur le marbre, et fut trouvée au commencement du 17° siècle, dans l'ile de Paros, l'une des Cyclades. Elle fut transportée en Angleterre par les soins du comte Thomas d'Arundel, dont le petit-fils la déposa dans la bibliothèque de l'académie d'Oxford. Selden la fit imprimer in-4 à Londres, en 1628. Prideaux en a donné une nouvelle édition in-fol. à Oxford, en 1676; et dès lors on en fit usage dans la chronologie; depuis elle a été plusieurs fois réimprimée en Angleterre, et comme il y a plusieurs endroits qui ont été dégradés dans les marbres, des savans se sont occupés à rétablir les lacunes. On croit remarquer dans cette chronique une faute à l'époque XLV, où le règne de Darius semble placé à l'an 517 avaut Jesus-Christ, quoiqu'il soit, dit-on, de l'an 522. Cette 'erreur, si c'en est une, serait pardonnable en ce que l'auteur n'était peut-être pas aussi instruit des faits qui s'étaient passés en Asie, que de ceux qui concernaient la Grèce. Des savans ont prétendu trouver 520 dans la chronique; mais cela n'est point certain (1).

(1) Voyez les Mémoires de l'académie des belles-lettres, tom. XXIII, pag. 53 et suiv.

MARCHAND (Prosper ). Savant distingué, bibliographe instruit et très-versé dans la partie de l'histoire littéraire. On a de lui une Histoire de l'Imprimerie. La Haye, 1740, in-4, dans laquelle on désirerait un peu plus d'ordre; l'érudition, les discussions, les remarques et les citations y sont prodiguées à l'excès, et y mettent de la confusion. Mercier de Saint-Léger a donné, en 1775, un très-bon supplément à cette histoire, ou plutôt l'a débrouillée avec autant de lumières que d'exactitude. Le Dictionnaire historique, ou Mémoires critiques et littéraires de Prosper Marchand, 1758, 2 vol. in fol., est également rempli d'érudition; mais le style n'est pas très-pur, et l'auteur est quelquefois minutieux. Il a encore travaillé à différens journaux littéraires et à d'autres ouvrages dont il n'est qu'éditeur. `Il est mort en 1756, et à légué sa bibliothèque et ses manuscrits à l'université de Leyde.

MARTENS, ou Mertens, ou MARTIN d'Alost (Thierry), en latin Theodoricus Martinus. Ce célèbre imprimeur nacquit à Alost en Flandre, en 1453. Jean de Westphalie l'associa à ses travaux typographiques à Alost, en 1474. Il imprima à Anvers en 1476, et depuis cette époque jusqu'en 1487, où il revint dans sa patrie, on ne connaît aucune de ses éditions. Quelques auteurs prétendent, et cela n'est guère présumable, que, depuis 1474 jusqu'à 1513, Martens eut des presses montées tout à la fois à Alost, à Anvers, à Louvain, où il s'était établi au commencement du 16° siècle, et qu'il les faisait rouler alternativement en passant d'une ville à une autre. Mertens ne fut point professeur à Louvain, comme l'assure Guicciardin, dans sa Descriptio Belgii. Mais il se distingua parmi les gens de lettres, et il fut ami de Barland et d'Erasme. Il a composé quelques ouvrages dont Marchand cite, 1. Hymni in honorem sanctorum ; 2.0 Dialogus de virtutibus; 3. Alia quædam; 4.° Dictionarium hebraïcum,

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